Fuite et arrivée au hasard [Libre]

La nuit commençait à tomber sur le parc de la ville où Laïa se promenait tranquillement. Il était désert hormis les animaux nocturnes qui sortaient et les dernières personnes le quittant. La jeune fille portait un vieux jean avec une veste devenant trop petite et ses baskets étaient plus boueuses que blanches et rouges. Son regard gris était perdu dans le vague, plongée dans ses pensées, elle ne fit pas trop attention à ce qui l’entourait jusqu’à ce qu’elle entende un pleur de petite fille et le miaulement d’un chat.

Laïa tourna son regard vers un arbre et s’approcha de la fillette.

-Il est tard pour se promener dans le parc, cela n’est pas prudent tu sais.

La petite fille leva son regard embrumé de larme vers Laïa où son sourire lui donna confiance.

-Mon chat est monté dans l’arbre et il ne redescend plus.

Ah, elle comprit d’où venait ce miaulement alors. Laïa réagit rapidement et grimpa sur l’arbre sous le regard réjoui de la fillette qui comprit qu’elle allait récupérer son chat. Cependant, une fois arrivée en haut, elle se retrouva coincée.

« Mince, comment je vais redescendre ? »

Elle regarda aux alentours, personne hormis la fillette. Si elle sautait, elle risquait de briser la nuque si elle retombait mal. Laïa risqua alors de faire sortir ses ailes, elle grimaça sous la douleur, les sentir, sortir de ses omoplates en se déployant et s’agrandissant pour avoir une grandeur de trois mètres, totalement noirs à l’extérieur pour s’éclaircir jusqu’à un blanc de neige vers l’intérieur. Elle ne savait peut-être pas voler mais elle pouvait s’en servir comme « parachute ». Laïa sauta et ses ailes déployées ralentissent la chute jusqu’au sol où elle posa ses pieds sans problème, cependant, la fillette semblait bien effrayée. Elle récupéra son chat malgré tout et se mit à crier.

-Non, chut. Tais-toi, je ne te ferai aucun mal.

Mais pour passer inaperçu, c’était raté. Elle entendait déjà des voix se diriger par ici. Laïa n’attendit pas et partit en courant, fuyant.

Elle ignora combien de temps elle avait couru ainsi pour échapper à ceux qui l’avaient suivis bien loin. Elle avait emprunté des ruelles pour se cacher, elle aurait pu rétracter ses ailes mais elle avait encore la douleur vivace dans ses omoplates, elle avait été contrainte de les laisser à l’air. Finalement, elle se retrouva bloquée devant un mur, un haut mur et elle ignorait où elle était, tellement concentrée à fuir qu’elle n’avait pas fais attention où ses pas la menait.

Laïa grimpa sur le mur en s’aidant des branches des arbres. Elle vit alors une immense propriété, une espèce de manoir derrière ses arbres, ce petit bois. Elle sursauta en entendant des chiens derrière elle, ils avaient sûrement repéré sa trace. Ces hommes tenaient donc vraiment à l’attraper ? Sûrement que oui apparemment. Cependant, dans la panique, elle perdit l’équilibre et tomba de l’autre coté du mur. Elle sentit une de ses ailes s’accrocher à une branche et un filet de sang coula le long des plumes. Laïa ne dit rien, ne voulant pas que ses poursuivants l’entendent mais il semblerait qu’ils s’éloignaient peu à peu.

Elle s’assit contre le mur, regardant son aile qui avait une belle entaille mais cela ne semblait pas bien grave, cependant, la douleur était bien là. Laïa se remit soudainement sur ses gardes en entendant quelqu’un arriver dans les parages, elle se demandait dans quel pétrin elle s’était encore mise, et tout cela pour avoir essayée de réconforter une petite fille. Elle sentit son cœur s’accélérer et la panique l’envahit, les humains étaient tous cruels envers ceux qui étaient différents d’eux.

[Merci ]


Laïa sursauta en voyant quelqu’un approcher, elle recula de plus belle quand sa voix froide résonna. Une femme…mutante ? Elle ne saurait le dire. La femme rousse était plus âgée qu’elle mais elle semblait sur ses gardes, normal, Laïa était une mutante et si son interlocuteur était un humain, elle savait ce qui risquait de se passer, cependant, elle ne pouvait plus fuir. Ce qu’elle faisait ici ? Elle aimerait déjà savoir ce qu’était cet « ici » mais cela serait peut-être déplacé de le demander si elle se trouvait sur une propriété privée.

Elle fut hésitante, elle ne faisait confiance à personne, ayant été trahis par sa propre famille, elle ne pouvait faire autrement. Laïa détourna son regard gris, se sentant mal à l’aise face aux yeux de la femme qui la fixaient.

-Je…j’ai été poursuivis par des humains. Je vous en pris, ne me dénoncez pas. Je sais que je n’aurai pas dû pénétrer ici, je ne vous causerez pas d’ennuis, je cherchai seulement un endroit où me réfigier.

Si seulement elle savait voler, elle aurait pu vite déguerpir, elle n’aurait même pas eu besoin de fuir ainsi devant ce groupe de poursuivant. Elle regarda autour d’elle, elle trouvait étrange qu’il n’y ait pas de vigile pour surveiller ce grand domaine, à moins qu’elle ait eu de la chance de ne pas tomber sur eux. Repasser par le mur ? Non, elle aurait vite fait d’être arrêté par la femme rousse.

Cependant, elle se risqua à demander :

-Où je suis ? Vous êtes…une humaine ou une mutante ?

Question peut-être trop franche mais si la réponse était mauvaise, elle se préparait à fuir, même si elle n’avait que peu d’espoir de s’échapper, peu importait, elle ne voulait pas se retrouver en présence d’humains même…amicale envers les mutants, cependant, ce mot là semblait bien vague. Aucun humain ne se liait d’amitié avec un être différent de lui.

Laïa fut…ébahi en voyant ce qu’elle pouvait faire. Il s’agissait donc bien d’une mutante, cela la rassura grandement mais son sourire ne se fit pas voir, sa confiance resta enfouit en elle, refusant de se montrer. Elle restait sur la défensive, méfiante envers tout même…envers les « siens ». Elle avait été déçue par bien des choses, sa famille, ses amis, pour être ensuite rejeté par les humains alors qu’elle avait été tout comme eux autrefois, c’était fou comme les hommes pouvaient être à ce point égoïstes et cruels.

L’institut des surdoués ? Oui, elle en avait entendu parler mais n’avait jamais vraiment eu le courage de venir. Peut-être que le destin avait mené ses pas ici…non, elle ne croyait pas au destin. Elle aurait pu se sentir en sécurité ici finalement mais elle recula quand la femme lui demanda de montrer son aile mais le mur et les arbres l’empêchèrent de reculer d’avantage quand elle s’approcha d’elle.

Sa voix était blessante, oui, elle se sentait blessée de la façon dont elle lui parlait et elle répliqua :

-Non, je n’ai plus de famille et alors ? Je me contente très bien de la rue et de la solitude.

Sur ce coup là, elle mentit un peu sur sa dernière phrase mais elle ne voulait pas se faire rabaisser mais elle vivait trop dans la crainte et la méfiance, elle ne connaissait plus le mot confiance.

-Et mon aile va très bien.

Têtue comme elle était, elle voulu le prouver en battant des ailes mais celle qui était blessée, la gauche, avait quelque soucis. Finalement, Laïa abandonna, pourquoi se mettre à dos un domaine fait pour les mutants ? Et surtout, se mettre à dos ceux qui y logeaient ? Elle pouvait bien faire un effort.

-Je m’appelle Laïa, finit-elle par dire mais sa voix restait malgré tout froide et méfiante.

[Désolée du retard mais mon ordi a eu une panne et j'ai pas pu prévenir.]


Laïa vit bien qu'elle ne la croyait pas, il fallait dire qu'il était connu que la solitude n'était jamais recherchée, cependant, pour ce qu'elle était, cela était plus facile afin de se cacher du regard des autres. Elle regarda l'institut qu'elle voyait entre les arbres non loin. Il y avait plein de mutants, sûrement eux-aussi rejeté par leur famille, leurs amis et qu'ils n'avaient plus personne. Pourquoi certains mutants arrivaient-ils mieux à s'en sortir en pleine société alors que d'autres, ils devaient se réfugier ? Cela devait dépendre de leur pouvoir, de leur aptitude à le cacher aux autres, cela facilitait bien les choses.

Elle avait remarqué que cela devait être le caractère de la mutante d'être ainsi et elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle-même était parfois...un peu brutale par moment. Cependant, à sa dernière remarque, elle fut tentée de répliquer "je ne vous oblige pas à vous occuper de moi", mais elle se retint, si elle décidait de rester ici, il valait mieux ne pas se faire d'ennemi dès son arrivée.

La jeune mutante finit par suivre la rousse...elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas son nom.

-Comment vous vous appelez ? Vous êtes ici depuis longtemps ?

Histoire de lancer un peu la conversation. Laïa voulu faciliter la tache de son semblable à pouvoir en rétractant ses ailes mais en se souvenant de la douleur dans les omoplates que cela procurait, elle y renonça. De plus, ici, elle n'avait pas besoin de cacher ses ailes, cela lui faisait un poids en moins à supporter. Laïa avait quelque peu fait tomber sa méfiance mais restait malgré tout sur ses gardes, elle avait tellement eu d'ennuis avant qu'elle préférait être trop prudente que pas assez.

-Est-ce qu'il y a des humains ici ?

Elle avait dit cela presque par crainte, si cela était le cas, elle sentait qu'elle risquait de ne pas rester bien longtemps en ce lieu qui semblait pourtant si paisible pour ceux qui étaient "différents" et "anormaux".

[ Pas de problème xP. J'ai cru que tu m'avais oublié ^^]

Pour finir, sa cadette se décida enfin à la suivre. Kazumi rejeta ses longs cheveux roux une fois encore, pour libérer sa vue. Elle prit une longue inspiration, appréciant le gout de l’air nocturne. Mais Laïa coupa court à ce silence en lui posant plusieurs questions à propos d’elle et de l’institut. Kazumi ne répondit pas tout de suite, considérant la dague qu’elle tenait encore en main. Tout en marchant, elle fit revenir la dague à son état normal, avant d’en ranger les corps simple dans son petit étui qui était attaché à sa cuisse. Puis elle remit correctement son long manteau de cuir avant de répondre de sa voix posée :

« Kazumi Stone, mais ici on m’appelle Philosopher… »

Depuis combien de temps elle était ici ? Deux bon mois tout au plus… Cela faisait longtemps qu’elle avait perdus la notion du temps à force d’aller par le monde, on se perds… Elle refit brusquement surface de son puits de pensée avant de lâcher :

« Il y a peu de temps… Enfin je crois. »

Elles arrivèrent enfin sur l’escalier de marbre menant au Hall et la rousse s’arrêta avant de faire face à sa cadette, posant son regard soleil sur elle.

« Non… Aucun humain n’est admis en ces murs. C’est le seul endroit ou tu pourras vivre sans leurs menaces. Ici tout le monde se comprends et se protège… Une sorte de famille… Cet institut a été fondé et est dirigé par le professeur Charles Xavier, mutant de son état. »

La rousse s'arrêta, attendant les éventuelles questions de la blonde aurait à lui poser. Elle n'avait pas l'intention de déballer l'histoire de cet endroit, si la blonde n'était pas intéressée. Le temps est précieux...

[Non, je ne t'ai pas oublié, lol]

Laïa resta un peu en retrait, ne voulant pas trop s’approcher. La méfiance, tout simplement, et cela s’accentua au fur et à mesure qu’elles approchèrent du bâtiment, comme si, par instinct, elle voulait fuir, fuir ses semblables et…ce refuge qui, finalement, ne pouvait être signe que les mutants n’avaient pas leur place en ce monde. S’ils avaient eu une place sur cette terre, dans cette société, jamais ils ne seraient traqués de la sorte jusqu’au point de se réfugier dans un tel lieu…un lieu qui avait l’air assez agréable à vivre.

Un surnom ? Elle savait que certains mutants utilisaient des surnoms, sûrement pour protéger leur identité s’ils étaient intégrés dans la société des humains. Pour elle, c’était juste Laïa, rien de plus, elle s’en contentait.

-Je déteste les professeurs, souffla-t-elle juste pour elle mais su que sa pensée avait été un peu trop forte.

Elle n’avait jamais aimé les professeurs, l’école et cela avait augmenté depuis qu’elle était mutante, anormale, pas comme les autres.

-Aucun humain ? Un havre de paix pour les mutants en quelque sorte. Combien de temps peut-on rester ici ? Je veux dire, je ne pense pas que l’on ai envie d’en ressortir en sachant ce qui nous attends dehors. Et puis…c’est seulement pour se cacher de la cruauté de ce monde. Pourquoi on existe si on est autant rejeté, si on est obligé de se cacher ? On n’est rien, on n’a aucun avenir.

Des pensées qu’elle avait toujours gardé en elle, il était peut-être temps de les sortir finalement. Sentant bien qu’elle avait été trop pessimiste, elle baissa la tête mais ne démentit pas ses paroles.