Fuite de la salle des dangers [libre]

Respirer. Voilà le mot qui résumait le mieux l’état psychologique de Samuele. Il se sentait assez perturbé par les évènements. Sa famille lui manquait énormément et il lui fallait du temps pour reprendre le cours de sa vie à l’institut. Les choses avançaient trop vite… il faisait partie d’une équipe, on lui faisait confiance pour ça, pour aider les autres, il en était fier mais se posait beaucoup de trop de questions. Il était comme ça, son cerveau réfléchissait souvent beaucoup trop et cela le fatiguait. C’est pour ça qu’il avait éprouvé le besoin d’aller se promener dans les bois, la lettre de ses parents dans la main pour la lire. Il se promenait en silence, en général il faisait même en sorte de marcher silencieusement et dans ce cas là il essayait de ne pas marcher sur les feuilles mortes au sol même si elles semblaient recouvrir toute la totalité du sol de ce bois. Il se sentait à l’abri, parmi les arbres, en entendant les filets d’air slalomer entre les troncs d’arbres, et en entendant au loin les bruits des autres qui s’amusaient dans le parc. Cela lui donnait l’impression d’être sur une autre planète, seul et il en oubliait son pouvoir, qu’il peinait a faire progresser. Depuis un certain moment il avait réussit à progresser, a ressentir plus de présence autour de lui… mais récemment il stagnait et était obliger de se contenter de la même chose à chaque fois qu’il utilisait son pouvoir. Peut être parce qu’il en faisait trop ? Ou peut être parce qu’il ne pensait plus qu’à ses pouvoir ? Ses pouvoirs agissaient en fonction de son état d’esprit et il était clair qu’à ce moment là il n’était pas au meilleur de sa forme. Il s’assit alors sur une sorte de pierre recouverte de mousse.

Pour une fois il n’avait pas peur de salir ses vêtements, tout d’abord parce qu’il n’était pas habillé de blanc, et cela était une preuve de son esprit assez noir du moment, mais aussi parce que ce n’était pas la question principale. Il voulait relire cette lettre pour se ressourcer et il n’y avait rien de mieux que cet endroit frais et agréable pour faire ce genre de chose. C’est en arrivant au passage ou sa mère lui expliquait sa réaction en apprenant que Samuele était mutant, qu’il se déconcentra et se mit aux aguets. Il ressentait la présence d’une personne... Pour le moment il n’arrivait pas à savoir de qui il s’agissait, mais c’était une jeune personne. Il se leva et remit la lettre dans sa poche en prenant soin de ne pas la froisser, puis s’engouffra encore plus dans le bois. Il avait réussit à déterminer sa position et au moment ou il se sentait le plus proche il se mit à ralentir, pour marcher à nouveau sans faire de bruit. Un des points forts de Samuele était qu’il arrivait à être silencieux et discret au possible. Il restait calme et avait un sang froid incroyable, ce qui lui permettait de passer souvent inaperçu, quand il voulait s’éclipser ou simplement se cacher. Là il s’agissait de se rapprocher de cet enfant. C’est en arrivant derrière une sorte de buisson qu’il vit le mutant en question.

Une petite fille, adossée contre un tronc d’arbre, avec une sorte de calepin à la main. Elle dessinait, pas de souci à se faire donc. Il continuait de la regarder sans trop s’approcher pour ne pas que son pouvoir soit décuplé à cause des effets de son propre pouvoir. Il la regardait en silence, en essayant de deviner ce qu’elle pouvait bien dessiner. Puis dans sa tête il se mit à e poser quelques questions, comme à son habitude :

- Mais qu’est ce qu’elle peut bien faire ici… toute seule ? –

Elle semblait jeune et cela lui paraissait bizarre qu’elle se promène seule dans les bois… attendait-elle quelqu’un ou se sentait-elle mal au point d’avoir besoin de s’isoler ainsi ?

La petite faisait de légers mouvements de tête, preuve qu’elle réfléchissait et qu’elle se posait beaucoup de questions. Apparemment le dessin lui permettait de s’évader, à en croire par la fougue qui animait son coup de crayon. Il était intrigué par la petite fille, car c’était étrange e voir une si jeune personne seul dans les bois, car d’habitude il fallait en avoir peur. Pour ne pas la laisser dans la peur et le doute, il décida de sortir de sa cachette. Il pensa aussitôt qu’il ne connaissait pas ses pouvoirs, même si il avait détecté que ses pouvoirs se rangeaient dans la catégorie des pouvoirs psychiques, et ce n’était pas parce qu’il pouvait la détecter qu’elle pouvait en être capable. Il sortit alors de son buisson pour ne pas qu’elle prenne peur et qu’elle se sente persécutée. Il dévoila sa personne devant la jeune fille, tout en s’approchant d’elle d’un air calme et rassurant. Il est vrai que ses yeux bleus clairs pouvaient intriguer parfois, mais il n’y pensait pas, il était désormais intrigué par cette petite, ce qui lui avait permit d’oublier une bonne partie de ses soucis.

- tout va bien ? Tu n’as pas l’air très en forme… -

Il arriva devant elle et du se pencher pour se mettre à sa hauteur et pour lui inspirer un maximum de confiance. Il reprit ensuite :

- Je ne te veux aucun mal, je suis venu me promener ici pour prendre un peu d’air, mais apparemment je ne suis pas le seul. Qu’est ce qui t’arrive ? –

Question peut être indiscrète, mais l’état et le comportement de la jeune fille ne pouvait prétendre qu’à ce genre de réponse. Il la regardait d’un air innocent, comme pour la mettre à l’aise, conscient que les enfants de cet âge n’agissaient pas forcément comme Samuele pouvait agir. Il essayait aussi de jeter un œil sur ses dessins, histoire de voir à qui il avait à faire, car les dessins étaient le reflet de la personnalité… il mourrait d’envie de lui demander ce que cela représentait, mais il ne voulait pas trop la brusquer.

Psylocke était pourtant habituée à bloquer les liens télépathiques des autres élèves de l'institut, histoire de ne pas etre tout le temps assaillie par les pensées de tout le monde. Elle maitrisait suffisamment son pouvoir pour ça. Pourtant, lorsqu'il s'agissait de Clelia, il arrivait assez fréquemment que sa muraille habituelle ne suffise pas, qu'il lui faille se concentrer davantage pour ériger une barrière plus puissante que ce qui lui était d'ordinaire nécessaire à l'institut. Et une fois de plus, les pensées et les sentiments de la petite fille lui étaient parvenus de façon intempestive, avant qu'elle n'ait le temps de les filtrer davantage.

A l'évidence, l'enfant n'allait pas bien, et Betsy n'aimait pas ça. Sans doute à cause de la similitude de leurs pouvoirs, elle s'était rapidement sentie assez proche de la petite télépathe, bien qu'elle tente en général de garder quelque distance avec les autres membres de l'institut, ou en tout cas, de ne pas vraiment se dévoiler, de ne montrer que ce qu'elle voulait bien montrer. Elle avait dès la première fois soupçonné un fort potentiel chez la petite fille, et si ça avait été flagrant alors qu'elles se trouvaient à quelques mètres dans les dortoirs, ça l'était plus encore à l'heure actuelle. Car l'anglaise s'était à cet instant trouvé dans sa propre chambre, deux étages au-dessus de la salle des dangers quand les premiers tracas avaient filtré vers son esprit. Elle avait suivi la trace psychique de Clelia, parcourant en pensée les couloirs qu'elle avait arpentés pour finir par la localiser dans les bois, et s'y était dirigée, certaine que l'enfant se montrerait assez réticente avec bon nombre d'autres. Même avec elle, ça n'avait pas été tout à fait naturel, à vrai dire.

Comme elle descendait les marches et se dirigeait vers l'extérieur du bâtiment, son esprit sondait la salle des dangers d'où la fillette provenait, et elle y trouva l'empreinte psychique de Malicia, et capta une pensée qui lui fit légèrement froncer les sourcils.

*Reste avec ton équipe,* avait-elle alors transmis par la pensée à sa camarade X-woman, *je m'occupe de ta "fuyarde".*

Et elle avait gagné les bois, où elle n'avait pas tardé à repérer deux présences, bien avant que les silhouettes des deux élèves ne se découpent sur le fond boisé. Clelia avait de la compagnie, elle ne savait pas encore si c'était un bien ou un mal, refusant de sonder davantage l'esprit de la fillette, en partie parce qu'elle le lui avait promis lorsqu'elles avaient fini par passer la nuit dans sa propre chambre, et parce qu'elle craignait que l'enfant ne s'en rende compte et le prenne mal (ce qu'elle n'aurait pas pu lui reprocher).

Malgré tout, certaines pensées de la petite fille filtraient encore, et un léger sourire apparut sur les lèvres de la télépathe comme elle s'approchait des deux enfants qu'ils restaient tous deux à ses yeux, bien que le jeune homme entre davantage dans la catégorie des "adolescents".

*Tu me flattes Clelia, mais ça n'est pas à nous d'en décider tu sais...*

Samuele venait de lui demander ce qui se passait, et elle se tourna vers lui, un sourire engageant sur le visage.

- Clelia risque d'avoir des difficultés à te répondre, à moins que tu ne comprennes le langage des signes...

Il n'y avait nulle moquerie dans sa voix, simplement une volonté de préciser les choses auprès du garçon qui risquait de ne pas comprendre le mutisme de la petite fille, ou de mal l'interpréter. Betsy vint s'agenouiller auprès de cette dernière, griffonnant frénétiquement comme pour extérioriser le mal-être qui l'avait assaillie.

- Si tu veux lui dire quelque chose, je peux traduire.

Elle sourit à chacun des deux élèves, avant de revenir sur la petite fille et de ne plus la quitter du regard.