rencontres hasardeuses (Iris + libre)

Lisbeth sortait de sa convalescence, ses blessures n’étaient qu’un mauvais souvenir, mais celui de son agression était encore bien vivace. Elle avait passé quelques jours cloîtrées dans les murs de l’Institut, dans son dortoir. Cherchant sans relâche sur le net la moindre information sur ses agresseurs, oubliant de manger et de dormir. Après s’être effondrée d’épuisement, elle avait décidé de reprendre pieds dans la vraie vie. Elle prit une longue douche bouillante, et armée d’un sandwich gagna le parc. Elle cligna des yeux sous l’agression du soleil. La journée était plutôt douce, pas mal d’élèves en avaient profiter pour se réunir en petit groupe et profiter du beau temps.

Elle marchait le long d’un sentier, ses pensées de vengeances lui occupant sans répit l'esprit. Elle dériva un long moment sans but précis, mordant dans son encas qui ne fut bientôt qu’un souvenir. C'est un impact qui la ramena sur terre, elle venait de bousculer par inadvertance un autre élève, et ragea contre son inattention, elle ne devrait même pas se permettre de se relâcher, la dernière fois elle avait faillit le payer chèrement et la leçon avait été apprise. En prenant la parole elle se rendit compte qu'elle n'avait adressé de mots à personne depuis qu'elle avait quitter l'infirmerie, si ce n'était quelques marmonnements à ses colocataires.


-Désolée. Je ne faisais pas attention.

Lisbeth baissa les yeux vers une jeune mutante, plus jeune qu’elle apparemment. Elle semblait confuse, bafouillait, et paraissait atrocement gêné, rejetant l’entière faute de la collision sur elle-même. Elle se demanda un instant si elle avait parut fâché, ou même vaguement contrarie pour provoquer une telle gêne. Elle paraissait peut être trop stoïque, ça devait être pour cette raison que les autres élèves semblaient l’éviter. Elle n’était pas d’un caractère sociable, et jetait la plupart du temps un regard noir lorsqu’un élève approchait pour juste tenter de faire la conversation. Elle se sentait agressée, menacée, et c’était pire depuis qu’elle avait été attaquée. Lisbeth aurait bien tenté de sourire pour la rassurer mais son visage n’était pas habitué à cette gymnastique, elle se contenta donc de hocher la tête et d’ajouter d’un ton neutre :


"Disons qu’on est toute les deux responsable, ça évitera d’avoir à chercher un coupable. Ne t’inquiète pas tu ne m’as pas fait mal. "

Elle prit sur elle-même, et décida de poursuivre un peu cette ébauche de conversation. Devenir sociable, s’ouvrir aux autres ou tout du moins ne pas les rejeter. C’était son chemin de croix, elle s’était donnée ce but. Arrêter de toujours paraître imperméable à tout, mais ses longues années de quasi solitude, de méfiance, et même de haine des adultes avaient battit en elle une infranchissable muraille. Mais elle devait se rendre à l’évidence, elle était presque adulte, et dans cet Institut, personne ne semblait vouloir l’utiliser pour quoi que se soit, on ne lui demandait rien, et même comble du bonheur on la laissait en paix, elle n’avait pas encore eut à subir d’interrogatoires sur son passé. Elle poussa un petit soupire pour se donner du courage, et reprit la parole :

"Ca fait longtemps que tu es là ? Je ne t’ai jamais vu."


Cela faisait quelques temps qu’elle n’avait pas consulté les fichiers élèves, elle ignorait tout des nouveaux arrivants, elle nota mentalement de s’y mettre dès ce soir.

Lisbeth écouta la jeune fille balbutiée une réponse plutôt hésitante. Elle devait être d’une nature timide, l’entretien serait donc sans aucun doute vite clôt, la question sur son nom réveilla sa méfiance. Elle était si habituée à donner l’identité d’Anna Caroll, qu’elle avait un mal fou à révéler son vrai prénom, comme si par se simple acte on lui arrachait une partie d’elle-même. Pourtant, la jeune fille face à elle semblait bien innocente, incapable de lui causer le moindre mal.

-Je suis Lisbeth Salander… Et toi... qui nous observes avec tant d’attention ? Veux tu décliner ton identité ?

D’un geste rapide elle tourna la tête et braqua ses yeux inexpressifs dans ceux d’un jeune homme avachis sur un banc, qui semblait fort intéressé par la suite des événements. Pensait-il assister à du grand spectacle ? Sa réputation devait avoir vite fait le tour de cette micro société. Ce qui n’empêchait de trouver particulièrement agaçant le fait d’être dévisagée comme une bête de foire. Elle n’avait jamais tué personne, du moins pas sans raison. Bien sur elle avait son arme sur elle, mais après avoir frôler de si près la mort plusieurs fois, elle ne pouvait pas rester simplement à attendre faire comme si sa vie était un long fleuve tranquille, alors que dès qu’elle baissait sa garde, une soirée seulement, ses ennemis en profitait pour tomber leur masque et lui faire payer son imprudence.