Un petit tour, d'un coup d'un seul (libre)

Invité

Le téléphone se mit à sonner bruyamment, renvoyant Angela à un niveau de conscience suffisant pour qu'elle puisse décrocher. Celle-ci, les yeux à demi clos, chercha à tâtons le combiné. Il n'était pas bon d'être réveiller si prématurément.

"Allô...
-Salut Angela ! J'espère que je ne te réveille pas.
-Oh, si peu.
-Okay, tant mieux. Tes vacances en Californie se déroule bien ?
-A merveille. Et toi Angela, ton séjour au Texas ?
-On ne peut mieux. C'est Angela qui a eu des problèmes à Seattle, elle a du mal à s'adapter au climat.
-Tu penses qu'on devrait l'a faire changer avec Angela ?
-Et bien, il est clair qu'Hawaï pourrait lui faire du bien. Mais il y a encore Angela sinon, qui se plaint de la pointe de la Floride, car elle ne supporte plus de voir tout ces puits de pétrole dans l'océan.
-Ça peut se comprendre.
-Oui m'enfin, ce n'est pas elle qui subit le stress de la frontière mexicaine.
-C'est si terrible que çà ?
-Oh on s'habitue."

Le tour de l'État-continent le plus attractif de la planète ne se fait généralement pas en un jour. Physiquement c'est impossible. Toutefois, avec un peu de volonté, et quelques atouts bien pratiques, on peut y parvenir. (À ne surtout pas confondre avec des pratiques sportives qui font de la taille des jambes un facteur de réussite, et qui dans le cas d'Angela nécessiterait l'utilisation fortuite d'un concept appelé power tripe, ici, on tatonne dans l'invraisemblable, le vrai. Tiens, j'ai réussit à parler de vrai invraisemblable, quel puissance.)

Angela avait beau tenté de se rendormir, son double l'avait réveillé, et laissé dans un état de demi-sommeil, une sorte de coma latent irréversible. Elle appuya sur l'interrupteur de la lampe de chevet, rehaussa son oreiller et s'adossa après s'être emparé d'un bouquin.

Elle jeta un coup d'œil à son réveil, qui indiquait 3h. Seulement. Angela n'a pas l'habitude de veiller tard, et ce même dans une ville qui ne s'endort qu'au lever du soleil. Elle se demandait ce que pouvaient bien faire en cet instant ses doubles éparpillés aux États Unis.

Quelle étrange sensation que l'on éprouve lorsque l'on se sent divisé, que l'on a l'impression que nos membres sont à des milliers de km. Elle pourrait être en train de surfer sur les 6200km du fleuve Missouri au Mississipi que ça n'y changerait rien. Le fait même d'être divisé entraîne des perspectives inimaginables: la lutte contre soi-même. Je ne vous cache pas que ça peut tomber au baccalauréat de philosophie, soit dit en passant.

Pour agir à l'encontre de soi-même, il faut être divisé. Mais sans en être capable physiquement, nous devons généralement se reposer sur des théories bien moins crédibles, tel qu'une division inhérente à l'âme humaine ou héritée de notre culture, de notre histoire. Le temps est aussi un moyen de se diviser, il ouvre la possibilité d'être un autre, et par conséquent de lutter contre son passé. Mais cette lutte contre son passé est en réalité une lutte pour soi même. Et pour qu'une lutte soit qualifié de contre soi même, l'intérêt philosophique pousserait à être aliéné à autrui, à une autre volonté.

Tout ça pour dire que c'est très désagréable. Mais peut-être pas autant que l'effet néfaste du décalage horaire sur des individus non respectueux du sommeil dans sa globalité.

» le gaz comme un coup de marteau (libre)