J'aime pas la pluie. C'est bizarre hein ?

Il pleuvait. En mars. Rien que ça. Il pleuvait et Maiwenn était au beau milieu de Central Park avec une malheureuse veste en stretch. Celle ci, au bout de quinze minutes de marche vers la Confrérie, était aussi humide qu'une éponge sortant tout droit d'une bassine d'eau. Ses cheveux blonds avaient viré au châtain. Ses yeux exprimaient un ressentiment tellement puissant que peu de gens osèrent rester à la fixer plus de deux secondes. Son jean bleu clair au départ était aussi foncé que la fin fond de l'océan. Les poings de Maiwenn tremblaient de rage. Au bout d'une demi heure, elle avait une envie irrépressible de faire exploser quelque chose. De frapper quelqu'un tant elle était en colère. Mais frapper la pluie c'est pas vraiment salutaire pour les nerfs. On tait encore plus trempé. Elle avait couru jusqu'à un arrêt de bus, mais elle le manqua. Là, Maiwenn avait vraiment des envies de meurtres.

Elle avait prit la route à pied tout en pensant qu'il était vraiment plus que temps de passer le permis et de s'acheter une voiture. Le calme avait finit par venir. La pluie l'atteignait physiquement mais elle était au dessus de ce contact. Même l'humidité désagréable de ses vêtements ne lui lançait plus de message d'alerte au sein de son cerveau. Lorsqu'elle aperçu le demi chemin conduisant à l'entrée secrète, elle donna libre cours à sa joie. Elle avait vraiment envie de... Prendre une douche. Ridicule n'est ce pas ? Mais il y a une différence entre l'eau chaude d'une salle de bain plus ou moins sophistiqué et l'eau gelée tombant droit du ciel.

Elle avait posé sa main gelée et trempée contre la machine dissimulée dans le lierre sur un rocher. La porte s'était ouverte et Maiwenn s'était engouffrée dans la Confrérie sans hésiter. Le gardien avait regardé avec des oeil exorbités ses vêtements imbibés d'eau. Elle lui avait jeté un regard disant assez clairement "Tu tiens vraiment à me faire une remarque là dessus alors que je pourrais arracher ta pauvre tête pour moins que ça ?" Il dut comprendre le message car il s’affala derechef sur son siége en mousse. Maiwenn entra dans le Hall. Un sourire mental la prit. Elle avait bien envie de tremper tout le fauteuil, histoire d'énerver le monde entier. Mais une jeune fille blonde était là, (Tess Azkadéllia) elle risquait de parler si on lui demandait qui s'était éponger sur les précieux canapés de la Confrérie. Bref. Maiwenn ouvrit un placard, sortit une couverture et la posa sur un siège de façon à ne pas trop mouiller les coussins. Parfois elle se trouvait vraiment trop gentille. Elle était là, trempée, la tête appuyée sur le mur de pierre, les yeux fermés, la respiration régulière. Le calme en elle était plutôt... instable en ce moment.

Tess était assise dans le fauteuil le plus dur qu'elle n'ait jamais vu. Elle avai beau se tortiller dans tous les sens possibles et imaginable, elle ne parvenait pas à trouver une position plus ou moins confortable. Elle s'assit donc normalement, se promettant d'apporter un coussin la prochaine fois qu'elle viendrait se poser dans le hall. Elle leva les yeux de son livre pour jeter un coup d'oeil mélancolique vers la fenêtre. Il pleuvait des cordes. Elle qui adorait la pluie, elle mourait d'envie de sortir, mais quand elle s'était approchée de la porte le gardien lui avait interdit de sortir ("vous ne voudriez tout de même pas attrapper foird n'est-ce pas?") et l'avait contrainte à attendre qu'il pleuve un peu moins. Tess avait eu beau pester et tenter de l'influencer, l'homme n'avait pas changer d'avis, si bien que Tess en était venue à la conclusion qu'il cachait un casque de protection sous son hideuse casquette, comme Le Fléaut. Elle s'était donc assise avec un bouquin poussiéreux qu'il avait eu la gentillesse de lui prêter. Elle avait achevé le sixième chapitre quand une jeune femme fit son entrée. Nul besoin de pouvoirs de télépathe pour deviner qu'elle était très, très énervée. Aussi Tess décida de ne pas l'aborder, mais elle fit tout de même de faire un tour dans ses pensées, histoire de s'assurer qu'il ne lui arrivait rien de grave. Une fois rassurée, elle retourna à son livre, tout en jetant de temps à autres des regards en coin à l'inconnue.

Maiwenn écoutait la pluie. Une oreille normale ne l'aurait pas entendue. La sienne non plus d'ailleurs si elle ne conduisait pas instinctivement les sons à elle. Clap, clip, clap... Un rythme doux et rassurant. Calme et répétitif. Tout allait bien. Tout appelait à méditer... Sauf que non. Méditer. Rien que ça ! Dés qu'elle pensait un temps soit peu à sa vie c'était Shawn qui apparaissait. Et ce qu'elle lui avait dit... Comment pouvait elle être aussi... Méchante ? Cruelle ? Injuste ? Elle était comme ces bourreaux qui l’avaient martyrisé. Maiwenn donna mentalement libre cour à ses souvenirs. Elle n'avait plus assez de force pour les réprimer.

Une main s'envole vers son visage. Une force suffisante pour lui déboîter le coup. Son corps et soulever par le choc. Elle a mal. Et ça ne fait que commencer. L'homme ricane doucement.

Maiwenn redressa brusquement la tête, les yeux alertes, la respiration heurtée. Ce n'est rien qu'un souvenir... Parmi tant d'autre. Une douleur dans l'agonie... Absolument rien. Rires à l'étage du dessous. Le bonheur... Ou pas.

"Elle me hait. Elle ne m'a jamais aimé... Et pourtant c'est ma mère ! Pourquoi moi et pas les autres enfant ?" Voilà ce que pense la petite gamine blonde le jour de la fête des mères. Elle est seule dans le salon. Sa mère est sortie avec un... client. Maiwenn laisse sa tête reposé contre le canapé et pleure doucement.

Ca c'est déjà plus douloureux. Le manque affectif... Voilà ce que disent les psychologues. Le manque affectif provoquant un trouble psychotique. N’importe quoi. Maiwenn avait toujours aidé les mutants. Elle les avait aimé dés le premiers abord, devinant que leur souffrance était la sienne.

La maîtresse la regarde. Voila plusieurs fois qu'elle à appelé les services sociaux pour cette petite. Toujours pas de réponse. La petite s'éloigne dans sa rue pour retourner chez elle. Déjà des sifflements. Mais Maiwenn ne tremble pas. Elle avance, arrogante. L'institutrice laisse ses larmes de regret couler en voyant un ivrogne foncé sur la gamine pour lui apprendre la "politesse".

Ca ne devrait pas exister. Jamais. Maiwenn le sait. Mais elle a fait souffrir Shawn. Elle a fait souffrir les gens. Elle ne vaut pas mieux que ses hommes. Comment cela a-t-il bien put ce produire ? Souffrir ou faire souffrir, n'y a t il donc pas d'autres choix ?

L'autre jeune fille ne l'intéresse pas. Maiwenn va mal et veut réfléchir... Que l'autre s'intéresse donc à son bouquin au lieu de la dévisager !