Arrivés en pleine nuit (Pv Piotr)

- On va aller chez moi, tu verras, tout te paraîtra plus simple une fois là-bas.

Alors quoi ? Tout serait vraiment différent ? Est-ce qu’elle pourrait, de nouveau, vivre des plaisirs simples ? Ça serait vraiment extraordinaire pour une fille qui voyait un peu le mal partout ! Bah, disons les choses clairement, Rory n’arrivait pas a vivre convenablement tant son esprit était torturé parce qu’elle avait pu vivre. Alors, oui, s’il pouvait lui montrer un monde ou ses problèmes lui sembleraient bien plus dérisoire, elle irait, en fermant les yeux, en lui tenant la main et en lui offrant toute la confiance qu’elle pourrait mettre entre ses immenses bras de colosse.
Il lui ouvrit la porte, gentiment, il la suivait de près, Piotr était a ses côtés. Elle s’accrocha a son bras musclé, baissant le regard en écoutant simplement la pluie tombait, formant un voile trouble face a ses yeux. Ce bruit l’endormait un peu, légèrement assommant peut être. Elle aimait beaucoup ça. Piotr appela un taxi, qui ne tarda pas a s’arrêter. L’homme ouvrit la portière arrière et invita Rory à s’y asseoir. Elle s’exécuta, entrant dans le véhicule en s’installant sur la banquette arrière en croisant les jambes. Piotr se joignit a elle très rapidement et le taxi se mit en route lorsque Piotr lui demanda l’Institut Charles Xavier.
L’Institut Charles Xavier. Elle en avait déjà entendu parler. Ou ? Ça, elle ne s’en souvenait plus du tout. Mais ça ne lui était pas inconnu. Alors c’était là, l’endroit ou il habitait ? Soit, ça devait être un lieu très bien. Piotr était placé juste a côté d’elle. Elle ne tarda pas a poser sa tête sur son épaule et a fermer doucement les yeux, bercer par le son du moteur et la pluie battante, ainsi que par le petit air de musique, un vieux blues, qui était lancé par la radio allumé du taxi.
Rory ne rêva pas, cette fois ci. Il n’y avait qu’un noir troublant, qui n’était meublé d’aucune image. Et Piotr ? Que faisait-il là ? Est-ce qu’elle le dérangeait ? Déjà qu’elle lui en avait « demandé » beaucoup jusqu’à présent, et qu’il lui proposait un endroit ou elle pourrait vivre mieux. Il était d’une générosité et d’une bonté hors norme, ce qui était très rare de nos jours, mais vraiment agréable. Elle était simplement bien, là. C’était rare. Et puis, son sommeil était calme, contrairement a d’habitude.

Le paysage défilait derrière les fenêtres. La pluie tombait toujours mais se calma un peu lorsqu’ils sortirent enfin du centre de New York. Très vite, le bitume laissa place a d’immenses arbres et énormément de verdure. Il n’y avait que cette route, au centre, qui les menait droit vers un endroit qui était encore inconnu pour Rory. Elle avait hâte, sans le dire, car découvrir cet univers l’enchantait tout de même un peu. Elle angoissait tout de même un peu, ce pourquoi, elle préféra rester endormie et sommeiller encore un peu sur cette épaule qui était a sa disposition.
Et puis quoi ? Si elle acceptait encore de suivre Piotr, serait-il là pour elle, encore ? Ils pourraient encore se parler ? Échanger ensemble, comme aujourd’hui, même si la situation était compliquée ? Elle ne savait pas vraiment, et elle appréhendait l’avenir. Voilà maintenant deux fois qu’elle avait hésité a remuer les lèvres et a dire a Piotr qu’elle renoncer a le suivre plus loin. Qu’elle s’arrêterait là, qu’elle n’irait pas plus loin que ce taxi. Mais qu’aurait-elle prétexté ? Un manque de courage flagrant ? La peur ? Un peu des deux ? Non, elle devait juste avancer, ça ne lui ferait pas de mal. Ça ne pouvait pas être pire.

- On est arrivé.

Souffla le chauffeur en se retournant. Rory ouvrit les yeux, doucement, observant alors un immense portail en fer qui trônait là. Il y avait, derrière, plongé dans la pénombre, un grand jardin verdoyant, ainsi qu’un bâtiment imposant ou l’on pouvait apercevoir quelques fenêtres qui laissaient passé de la lumière. Quelques silhouettes aussi. A cette heure, c’était surprenant. Mais tout le monde ne dormait pas.
Rory tendit un billet de vingt dollar au chauffeur pour payer sa course. Piotr et elle sortirent de la voiture, tandis que le véhicule repartie comme il était venu. Ils étaient maintenant tout les deux, devant ce portail, et Rory avait froid.

- C’est ici, l’institut Charles Xavier ? On dirait un château. Tu es sure que je ne dérangerais personne, là ?

Elle attendit la réponse du colosse d’acier, et ensuite, le portail s’ouvrit. Ils avancèrent jusqu’à la porte d’entrée qui était encore ouverte. Ils ne fermaient jamais ? C’était quoi ? Une sorte de moulin ? Quoiqu’il en soit, Piotr et elle-même se retrouvèrent dans un hall, boisé et éclairé.

L’institut était un endroit qui semblait bien agréable. Il y avait quelques élèves dans les couloirs, dont deux jumeaux qui tentaient un je-ne-sais-quoi avec leurs pouvoirs. Rory ne s’y attarda pas trop, constatant simplement qu’elle n’était donc pas la seule a ne pas bien maitriser son pouvoir. Le garçon qui tentait de faire apparaître des lianes sur son bras manqua de se crever un œil avec l’une d’entre elle. Rory eut un mouvement de recul en voyant ça, d’abord inquiète, elle fut rassurée en voyant qu’il n’avait rien de grave. La jeune fille fit un sourire, toujours main dans la main avec Piotr.

- Et bien voilà, c'est ici. C'est ta nouvelle maison si tu le souhaite.

Rory regardait tout autour d’elle. Ses cheveux dégoulinants s’égouttaient sur le parquet ciré, tandis qu’elle se demandait si oui ou non, elle allait rester ici. Ses doutes étaient toujours présent, mais elle avait très envie de tenter l’expérience.
C’est alors que lorsqu’elle se retourna, elle aperçut un homme imposant et fort viril devant elle. Grand, les cheveux coiffés étrangement, une barbe naissante et un air de rebelle indomptable, Rory fut étonné de voir que les années 80 n’étaient pas encore terminées. Bon aller, un peu d’humour ne fait jamais de mal. Quoiqu’il en soit, Rory tenta de faire un sourire qui se voulait aimable, mais elle ne put que rester stoïque face à lui. Il était impressionnant, le monsieur. Et peut être un peu trop farouche.
Une conversation s’engagea entre les deux hommes présents ici. A côté de l’imposante carrure de Piotr, Rory faisait vraiment pâle figure. Elle tenta de regarder ailleurs, essayant de cacher son malaise, mais très vite, elle reprit le cours de la conversation, tandis que le dénommé Logan lui faisait un compliment. Charmante. Ouais si on veut. Elle sourit après lorsque Piotr lui dit qu’il était le mouton noir de l’institut. Ce Logan, il ne ressemblait pas vraiment à un mouton.
C’est a la fin de cette brève conversation que le loup noir de l’institut Xavier (ça fait classe naon ?) reparti surveiller ses chers élèves.

- Viens, on va te trouver une chambre.

Rory, qui n’avait pas lâché le colosse d’acier depuis tout a l’heure se trouva alors embarqué a l’étage, vers les chambres des élèves de cet institut. Que faire ? Voilà qu’ils arrivèrent tout les deux a l’étage, arpentant les longs couloirs couleurs bois lorsque d’un coup, Rory s’arrêta net.

- Piotr, attends.

L’homme ne put qu’obtempérer. Rory tenait toujours sa main et l’inciter a s’arrêter de toute façon. Elle baissait les yeux, un peu confuse. C’est vrai qu’il avait l’air heureux de l’accueillir ici, de lui offrir un logis et tout cela. Ce n’est pas qu’elle ne pouvait pas…

- écoute. Je veux rejoindre l’institut, parce que je sais que grâce a vous, je pourrais apprendre a maitriser mon pouvoir, à faire des progrès et a mettre mes capacités au service des autres. Comme toi. J'aimerai beaucoup être comme toi Piotr : Aussi humble, et dire naturellement, un soir "bah j'ai juste empêché un cambriolage", comme si c'était normal.La jeune fille marqua une pause, fixant le colosse dans les yeux, avant de reprendre : Mais je ne peux pas vivre ici. J’ai déjà un appartement et une indépendance que j’ai durement gagnée et je ne peux pas tout quitter comme ça pour un beau garçon qui m’aurait sauvé la vie dans une ruelle sombre un soir. Tu as déjà fait beaucoup pour moi, peut être un peu trop d’ailleurs, je ne pense pas en mériter autant, mais maintenant que c'est fait.. Tu as été d’une patience incroyable et je t’en remercie vraiment beaucoup, très peu aurait accepté de me tenir la main aussi longtemps. Mais, je ne veux pas vivre ici, j'ai des choses a regler avant, des problèmes importants et avec ces problèmes, je ne peux pas m'engager pleinement avec d'autres personnes. ça m'empeche d'avancer...

Rory avait un peu peur de le décevoir dans ce qu’elle disait. Mais elle voulait retrouver son violeur, même si cela lui prendrait du temps. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait lorsqu'elle l'aurait retrouvé, mais Rory avait besoin de savoir qui est-ce que c'était que cet homme, et pourquoi...

- Enfin. J’espère que tu comprends. Je souhaite apprendre avec toi, je ne peux pas m’imposer comme ça…

Là, surtout, elle cherchait ses mots pour qu’il ne le prenne pas mal. Elle espérait vraiment qu’il ne le prendrait pas mal. Après tout… Pourquoi le prendrait-il mal ? Non, il n’avait aucune raison de lui en vouloir. Mais n’empêche que ça la stressait.

Rory se trouvait absolument pitoyable. Comment osait elle répondre de la sorte a cet homme, refuser la main que lui tendait Piotr, pour… pas grand chose en faite ? C’est vrai que Piotr avait été d’une patience exemplaire avec Rory et d’une générosité sans égale, mais la jeune mutante n’était pas sur de mériter autant d’affection de la part de ce grand garçon au cœur d’or. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait le tenir en estime, actuellement ! Oui, vraiment, elle trouvait que c’était une personne extraordinaire et des comme lui, il n’en existait pas beaucoup malheureusement.
Il lui proposa quand même une chambre, pour voir si un jour elle tenait a rester ici, un week end par exemple, ou pendant ses vacances peut être. Alors là, elle aurait un endroit ou passer la nuit quand elle le voudrait. C’est vrai que là, elle n’avait aucune raison de refuser, mais plus têtu qu’elle, il n’y avait pas, et même si elle avait cette chambre a disposition, elle était sur de ne pas s’en servir de si tôt !
Enfin, là n’était pas le problème. En tout cas, Piotr ouvrit une chambre, observa a l’intérieur et constata rapidement qu’elle était vide, pour ajouter ensuite qu’elle serait réservé pour elle et spécialement pour elle. Ô joie ! N’empêche que Rory fit un petit sourire, remerciant Piotr a mi-voix.

- Pour ce qui est de tes problèmes, si tu le souhaite, ils peuvent devenir les miens aussi. Je serais toujours là pour t'aider…
- De… quoi ?

Alors là, on pouvait dire que ça lui en bouchait un coin. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se mettre a rougir. Rory serra un peu plus les mains de Piotr, droite comme un piquet, fixant le garçon avec un sourire ravie et une mine à la fois septique et effrayer. Toujours là ? Mais… Pouvait-elle vraiment lui confier ses secrets ?
En tout cas, Rory fut encore plus prise au dépourvu lorsqu’il s’approcha d’elle et qu’il déposa sur sa joue un baiser. C’était doux et tendre. Comme elle les aimait. Elle se sentait partir, défaillir. Disons clairement que ce qui allait se produire après ne serait plus, mais alors plus du tout, de son ressort ou de son conscient. Impulsive comme elle était, il venait se promener sur un terrain très dangereux. Elle ne savait vraiment pas se tenir.

Quoiqu’il en était, elle se rapprocha de lui, mit une main sur son épaule, une autre derrière la nuque de l’homme et sans qu’il n’est put dire quoique ce soit d’autre, qu’il n’est ajouté quelque chose, elle se mit sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres et y déposer un autre baiser. Plus tendre encore. Voilà, c’était un juste retour des choses. Mais pas forcément une très bonne idée. Enfin, ça, elle s’en fichait un peu a présent, vu que le mal était carrément fait.
Elle se sépara de lui après quelques secondes, s’écartant un peu de lui avec le rouge qui lui montait et lui brulait les joues. De honte certainement.

- Je suis désolée. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je n’aurais pas dut !

C’est là qu’on avait l’impression qu’elle venait juste de réaliser ce qui venait de ce passé.

- Je... J'aurais pas du faire ça je crois… Je ne tiens pas a ce que ça change quoique ce soit entre-nous. J’ai juste fait ça parce que… Enfin… Parce que j’en avais envie ! Et que tu le méritais ! Non mais que j’embrasse les garçons comme ça, ne te méprends pas ! Je veux dire… J’avais envie de faire ça… pour te remercier, naturellement de tout ce que tu avais fait pour moi tout a l'heure, pour m'avoir sauver la vie et tout. Normal quoi. Mais ne te dis pas que je fais ça tout le temps ! Ce n’est pas du tout, du tout le cas ! Vraiment je… j'en avais envie, mais je crois que c'était pas très bien de faire ça. Pour quoi est-ce que je dois passer là? Vraiment.. Je...

Elle marqua une pause, reprenant son souffle. Elle s’embrouillait.

- Je ferais mieux de me taire et de rester tranquille. Je suis désolée, ajouta-t-elle, pénaude.

- Oui, elle est au-dessus, pourquoi ? Tu veux la voir ?

Question stupide. Bien sur qu’elle voulait la voir. Le mieux aurait été de lui demander s’il voulait la lui montrer, non ? Ça n’avait pas tellement l’air de le déranger, vu qu’ils ne tardèrent pas à monter les marches, encore une fois, pour atterrir dans la chambre de Piotr. C’était une chambre comme les autres, un peu plus personnalisé peut être. Il y avait des croquis, des tubes de peintures et des pinceaux par endroit, ce qui donnait à la pièce une touche de charme. Il aimait l’art ? Ça, c’était étonnant. Piotr ne donnait pas l’air d’un garçon avec la fibre artistique, comme quoi, les apparences sont bien trompeuses. Car, en effet, il avait du talent, et ça, on ne pouvait pas dire le contraire. Rory adorait le dessin. Non pas qu’elle dessinait bien, elle se débrouillait. Partageait-il aussi une passion pour la photographie ? Ça serait trop beau, ça !

- Voilà, désolé pour le désordre mais j'ai pas eu le temps de tout ranger.

Rory se retourna vers lui pour lui faire un sourire. Se passant la main dans les cheveux, elle remit sa longue crinière blonde derrière son épaule avant de faire un sourire amusé a Piotr.

- Si savais comme je suis desordonnée, tu ne t’excuserais même pas !

Et c’était bien vrai, parce que Rory était une infâme bordélique. Elle avait une raison bien nettoyé, des fois rangée de fond en comble, mais régulièrement, elle se laissait aller a quelques extras, comme : laisser trainer des vêtements au sol, renverser quelques cendriers ou des bâtonnets d’encens pas a leurs place. Enfin, mieux valait qu’elle s’arrange pour être prévenu avant de laisser venir quelqu’un chez elle, puisque régulièrement, on pouvait admirer ses exploits de la veille lorsqu’elle avait un aventurier chez elle. Elle en avait un peu honte d’ailleurs. Mais bon, elle se rassurait : elle savait être maniaque lorsqu’il le fallait.
Elle s’approcha du lit, touchant alors d’une main les draps de ce dernier avant… de s’y lancer tomber comme une masse. Le matelas était comme il fallait, encore un peu, et elle s’y endormirait. Mais bon. Elle préféra quand même se relever, repartir vers Piotr et l’attirer a elle pour l’amener, lui aussi sur son lit. Bien quoi ? C’était toujours mieux d’être avec quelqu’un non ? Ah, je vous vois venir avec votre esprit retord ! Mais non, pas le premier soir ! Bande de pervers !

- Cela fait longtemps que tu es… un artiste ? J’aime beaucoup ce que tu fais, c’est très beau.

Et elle était honnête, ça lui plaisait énormément. Et Rory avait un esprit très critique lorsqu’il s’agissait d’œuvres, de peintures, de sculptures ou de photographies. Elle était d’ailleurs très critique avec ses propres photos, c’était peu dire !
Enfin, elle préféra surtout embrasser de nouveau Piotr. Un baiser volé. Rory lui fit un sourire de gamine avant de s’allonger sur le ventre, de croiser les bras et d’y poser sa tête entre pour prendre un peu de repos. Ses yeux fixaient son homme. Bah oui, parce que c’était SON homme ! Haha, ça vous en bouche un coin, hein ? 8D Pardon, je délire.
Rory le regardait avec un regard doux et enfantin, limite en avait elle oublié sa triste soirée. Mais ses souvenirs lui restaient quand même en mémoire, comme si parfois, elle entendait encore le bruit sourd qu’avait provoqué la bar de fer contre sa tempe, lorsqu’il l’avait frappé. Et puis, ce souffle rauque, aussi, qui la hantait. Elle en pâlit. Un peu.

- Comment on en est arrivé là ?

Elle aussi avait du mal a faire le lien entre tous les événements.