Solitude nocturne... [Libre][Terminé]

Il faisait nuit, il était très tard ou très tôt en fonction des points de vu. Laïa, ne parvenant pas à dormir avait décidé de sortir prendre l’air. Elle ignorait depuis combien de temps elle était ici mais elle avait toujours l’impression d’être une étrangère, se méfiait des autres mutants, hésitant à les approcher. Elle vivait sur la défensive et passait son temps à rester à l’écart des autres. Elle finissait par se demander pourquoi elle était venue ici. Pour créer des liens ? Apprendre enfin à voler ? Elle n’avait rien réussit de cela.

Plusieurs fois elle avait pensé partir d’ici, partir pour parcourir le monde, aller là où le chemin la conduira. Errer, marcher à l’aveugle. Elle n’avait nulle part où aller, c’était ce qui l’avait poussé à ne pas quitter l’institut en fin de compte. Au moins, elle n’avait pas à fuir, à se cacher aux yeux des humains, de ceux qui s’amusaient à les chasser.

Laïa finit sa promenade dans le bois, là, elle y sera tranquille. Elle s’assit contre un arbre, ses ailes lui donnant un confort appuie pour son dos et les plumes la protégeant du vent qui les fit frémir. D’un noir d’ébène, elles se confondaient avec la nuit hormis le blanc sur le bout des ailes. Le regard gris de la jeune adolescente se leva vers les étoiles. Elle était bien mieux ici que dans le dortoir entourée d’inconnues. Même dans l’ensemble de la demeure, elle avait du mal à s’habituer, elle préférait rester dehors, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, elle n’en avait cure.

Elle ferma les yeux durant un instant, écoutant le chant des oiseaux de nuit, s’endormant presque mais ce fut un bruit non loin d’elle qui la fit sursauter…

Foutu sommeil ! Cela faisait plusieurs heures qu’Adam tentait en vain de mettre la main sur cet imbécile de Morphée mais le petit malin lui échappait systématiquement. Renonçant provisoirement à accompagner ses camarades de chambrée dans leur symphonie en ronflements majeurs, le jeune homme saisit sa guitare et décida d’aller s’aérer, là où il pourrait jouer en toute tranquillité et où personne ne viendrait lui reprocher de faire du bruit.

Il sortit donc du dortoir des garçons et descendit à pas de loup l’escalier principal. Le raz de chaussée semblait désert. Il bifurqua vers la cuisine puis traversa la salle à manger pour sortir par l’une des portes de secours. Longeant les bâtiments, il se dirigea vers les bois situés à l’arrière de l’Institut.

Il contourna la piscine et s’enfonça vers la forêt. C’était une nuit sans lune. Seules les étoiles emplissaient le ciel d’une faible lueur blafard. Adam n’y voyait pas à deux mètres. Il faillit d’ailleurs à plusieurs reprises s’étaler de tout son long, se prenant les pieds dans les racines des arbres qu’il avait beaucoup de difficultés à distinguer.

Au bout d’une dizaine de minutes, il parvint dans une clairière. Logiquement moins sombre que les bois environnants, il avait trouvé l’endroit idéal pour jouer en toute tranquillité. Il s’assit sur la grande pierre plate qui trônait au milieu de l’espace. A croire que cet endroit avait été créé pour cela. Il sortit sa guitare de l’étui et après une longue inspiration, il commença à jouer.

Spoiler:

Il ne se doutait pas que plus loin, dans les bois, quelqu'un d'autre avait choisit de fuir l'ambiance étouffante des bâtiments pour profiter de la nuit et du grand air.

Non, cela n'était pas un bruit effrayant ou indiquant la présence d'un individu non loin, c'était le son d'une douce musique qui arriva aux oreilles de l'adolescente. Elle était restée quelques secondes sans bouger afin d'écouter cela avant de se demander d'où elle provenait. Un mutant avait-il aussi décidé d'échapper au dortoir ? Probablement. Laïa fut quelque peu hésitante au début mais finit par se lever afin de se diriger vers cette musique.

Elle ignorait où cela allait la conduire mais elle s'en moquait, elle avait une grande curiosité de voir ce musicien. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu de musique, ou du moins, qu'elle n'avait pas prit le temps de l'écouter comme il se devait. La musique avait quelque chose d'apaisant, de réconfortant, donnant l'impression de ne pas être seul au monde en fin de compte, un moment de paix de quelques minutes mais réchauffait grandement le cœur, surtout celui de Laïa.

La mutante ailée finit par arriver à la clairière où elle remarqua un jeune homme en son centre, installé sur une pierre. Ne voulant pas se faire remarquer ni l'interrompre, elle resta dans l'ombre des arbres et de la nuit. Elle se sentait mieux si elle se savait "invisible" face aux autres, pouvoir disparaitre rapidement sans se faire repérer ni interpeler.

Elle ne l'avait jamais vu à l'institut...cela était sans doute normal vu qu'elle vivait à l'écart des autres et que sa nature défensive dissuadait ceux qui avait le malheureux de vouloir s'approcher d'elle. Elle savait être aimable, gentille mais cela s'arrêtait là, elle n'allait pas chercher plus loin.

S'approchant un peu plus tout en restant discrète...enfin, en voulant rester discrète, car elle marcha sur un bout de bois qui craqua sous son poids. Trop tard pour reculer.

-Désolée, je ne voulais pas te déranger, fit-elle pour s'excuser.

Alors qu’il abordait le troisième refrain, Adam entendit un craquement provenant de la lisière. Il jeta un coup d’œil derrière son dos. Il lui sembla alors avoir une apparition. Une jeune fille ailée apparut derrière lui. Elle semblait tout droit sortie d’un songe. Ses cheveux blonds tombaient délicatement sur sa peau diaphane. Un ange…Elle avait tout physiquement d’un ange.

-Désolée, je ne voulais pas te déranger, fit-elle pour s'excuser.

Sa voix trahissait une certaine fragilité. Décidément les filles qui habitaient ici n’avaient rien des petites pétasses bourgeoises chics et arrogantes qu’il avait pu connaître à Newton. Il arrêta ses doigts sur un accord de guitare.

« Tu ne me dérange pas…Je n’imaginais juste pas qu’il puisse y avoir quelqu’un d’autre dans un coin aussi reculé de l’Institut à une heure pareille. Je m’appel Adam…Adam Blake. Toi aussi tu es une élève ? »

Instinctivement, il se décala pour lui laisser une place à ses côtés. A une heure aussi tardive, une compagnie ne se refusait pas. La nuit possédait d’autres règles, différentes de celles de la lumière. Tous les rêves y prenaient vie. Adam le savait pour avoir longtemps vécu une double existence lorsqu’il faisait le mur pour aller jouer du rock’n roll dans certains clubs de Newton.

Il leva les yeux au ciel pour profiter du spectacle des étoiles. Qu’allait-il pouvoir dire à cette fille à une heure pareille, lui qui n’était pas, à proprement parlé, un monstre de discussion quand il s’agissait d’être réellement aimable avec les autres. La gentillesse n’était pas sa qualité première. Comme il avait l’habitude de le dire, il gardait sa salive pour ceux qui en valaient la peine. Mais il ne supportait pas non plus d’être en compagnie d’une personne inconnue sans lui adresser la parole.

Aussi décida-t-il de faire la conversation à la jeune fille. Au moins devait-il connaître les motivations qui l’amenaient à se balader aussi tard dans les bois.

« C’est la première fois que je viens ici. Je suis arrivé depuis peu. Et toi ? Ca t’arrive souvent de te promener la nuit dans la forêt ? Tu venais profiter des étoiles ? »

Adam ne pouvait s’empêcher de regarder les ailes de la jeune femme. Cela lui donnait une élégance et une légèreté presque irréelle.

Trop tard, démasquée. Elle n'allait pas faire demi-tour, partir comme une voleuse, cela ne se faisait pas, c'était tout bonnement incorrect. Elle hésitait à s'approcher de lui mais le fit malgré tout, de quelques pas sans pour autant être proche de lui au point de s'assoir sur la pierre. Dévoiler son identité ? Elle plongea son regard dans le sien, voulant avoir une preuve qu'il n'était pas de ceux qui cherchaient querelle et bagarre. Mais non, c'était de la gentillesse qu'elle lisait dans son regard.

-Laïa, fit-elle rapidement comme si cela était une corvée de dire son nom.

Et oui, elle était élève ici, enfin, pour l'instant en tout cas, elle se demandait si elle allait rester.

-Je suis ici depuis peu mais j'évite de me mêler aux autres. Les nuits sont les seuls moments de tranquillité. Les étoiles sont belles, elles apportent des réponses aux questions et j'en avais une ce soir. Vais-je rester ou non ?....

Elle se tu rapidement en voyant son regard sur ses ailes noires au bout blanc. C'était ce genre d'observation qu'elle n'aimait guère, qui la mettait mal à l'aise, lui rappelant ce qu'elle était, cette honte de la nature, ce pour quoi elle avait été contrainte de quitter sa famille, ses amis. Elle tenta de les cacher derrière elle, les repliant mais elles étaient volumineuses et donc difficilement à cacher, c'était comme cacher un éléphant dans une maison. Elle aurait voulu les rétracter afin qu'elles se fondent dans ses omoplates mais aux souvenirs de la douleur, elle ne fit rien.

Laïa finit par détourner son regard de lui, il avait sans doute envie d'être seul, cependant, elle fit :

-Et toi, pourquoi sortir ainsi en pleine nuit ? Ce n'est pas interdit normalement ?

Enfin, elle n'avait rien à dire, elle n'était pas mieux mais elle et les règlements, cela ne faisait pas bon ménage.

Adam esquissa un sourire. La jeune fille était aussi mal à l’aise que lui. Ainsi elle s’appelait Laïa. Cela lui rappelait une chanson d’Eric Clapton ou la princesse dans Star Wars mais cela, il se garda bien de le lui dire.

Alors qu’il s’attendait à une conversation sur des banalités, elle l’amena directement sur des questions existentielles. Adam fut quelque peu pris au dépourvu. Il réfléchit. Si cette jeune fille ne voyait personne et qu’elle lançait cette phrase au premier inconnu rencontré au détour d’un chemin, c’est qu’elle avait vraisemblablement besoin d’en parler. D’habitude, il n’était pas forcément très fort pour ce genre de discussions qui le mettaient relativement mal à l’aise. Mais son monde avait changé. Et il ne pouvait plus fonctionner exclusivement comme il l’avait fait par le passé.

« Pourquoi partir ? Il n’y a personne qui veuille des gens tels que nous en dehors…Les humains ne sont pas prêts…Pas encore…Ici, j’ai l’illusion de croire que l’on pourra être accepté pour ce que nous sommes réellement et non considérés comme des bêtes de foire… »

C’est à ce moment que le jeune homme prit conscience que son regard sur les ailes de son interlocutrice avait dût particulièrement mettre cette dernière mal à l’aise. Il était évident que cela n’avait pas dût être facile. Pour lui, dont la mutation n’était pas visible, la réaction de son entourage avait été particulièrement violente. Il n’osait imaginer ce que cela avait put être pour Laïa. Il chercha un moyen de retomber sur ses pieds. Elle avait sans doute besoin d’être rassurée, d’être acceptée telle qu’elle était. Mais le mieux n’était sans doute pas de lui dire qu’elle était belle ou une autre bêtise romantique dans ce genre. De toute façon, il n’était pas très doué pour cela. C’est vrai qu’elle était jolie. Mais le moment était sans doute mal choisit pour évoquer son charme. Heureusement, elle lui ouvrit une énorme porte de sortie dans laquelle il s’engouffra.

« Je me fiche du règlement. Tout du moins, je le respecte tant qu’il ne m’empêche pas de vivre comme je l’entends. Si j’étais resté dans mon dortoir, j’aurais gêné mes camarades. Alors autant venir jouer les troubadours sous les étoiles. Et comme quoi, le hasard m’a donné raison puisque ça me permet d’être en ta compagnie. A croire que c’est le ciel qui t’envoie…»

C’était un compliment mal déguisé mais Adam s’en moquait. Tout ce qu’il espérait, c’était de pouvoir faire plus ample connaissance avec Laïa et pouvoir simplement l’aider dans la mesure du possible.

Non, personne ne voulait d’eux. Les mutants étaient-ils donc condamnés à se cacher aux yeux du monde ? Cela ne changera jamais et ce n’était pas en restant enfermée dans ce domaine qu’elle fera quelque chose de sa vie, enfin, qu’avait-elle à faire après tout ? Après avoir été rejeté par sa famille, on a du mal à croire que l’on sera accepté ailleurs. Elle le remercia du regard quand il cessa de regarder ses ailes. Cependant, elle avait en profiter pour admirer son regard durant un instant.

Un compliment ? Elle n’était pas habituée à ce genre de chose, même pas du tout à dire vrai. Elle détourna son regard en se sentant légèrement rougir mais elle avait laissé échappé un sourire, un vrai miracle. Et il défiait également le règlement, il était fait pour s’entendre.

-Et bien, si le ciel le veut, peut-être me retrouveras-tu toutes les nuits dans les bois.

C’était rare qu’elle dise ce genre de chose mais elle appréciait bien Adam, cependant, cela ne fit pas diminuer sa nature défensive, elle acceptait seulement sa compagnie, une amitié sans doute naissante mais elle avait beaucoup de mal à faire confiance. Elle décida de s’approcher d’avantage et accepta de s’asseoir à coté finalement.

-C’est vrai, dehors, nous sommes seuls mais –elle tourna son regard gris vers lui– ici aussi. J’ai atterrit ici involontairement bien que, je l’avoue, je cherchais un endroit où me réfugier. Tu sais, quand on n’a personne, se cacher dans un lieu paisible et sécurisé ou fuir importe peu. J’aimerai pouvoir parfois oublier ces différences, de vivre normalement. Pourquoi il faut que cela nous arrive à nous ? On n’a rien demandé. On n’a jamais voulu être cette erreur de la nature. On est chassé de la société, personne ne cherche à savoir qui on est vraiment.

Laïa se tu en comprenant qu’elle avait peut-être été trop loin. Non, elle n’avait admit le fait d’être ainsi.

-Comment tu as atterris ici ? demanda-t-elle d’une voix douce, enfin, si cela n’est pas indiscret.

Un rendez-vous quotidien…Rien que cela…Là, Adam devait bien reconnaître qu’elle avait frappé fort. Elle l’avait surpris et il devait bien se l’avouer, il aimait ça. Un sourire en coin vint éclairer son visage.

« Pourquoi pas ? C’est une manière intéressante de défier l’ordre des choses…C’est une façon originale de ne pas se résoudre à ce que nous sommes et aux règles que l’on nous impose… »

Elle avait dut être profondément blessée par le monde des humains pour réagir de la sorte. La confiance ne semblait pas être un sentiment naturel pour elle. Adam sentait que la peur et la méfiance faisait partie de son quotidien. Elle lui avait dit qu’elle détestait se mêler aux autres élèves. Il se risqua alors à exprimer le fond de sa pensée. Tant qu’à répondre aux questions existentielles de Laïa, autant le faire avec ses convictions personnelles.

« Tu sais, j’ai peur moi aussi…Peur de ne pas contrôler mon pouvoir et de faire du mal aux autres, peur de leur regard et de leurs insultes, peur d’affronter la justice des hommes pour des actes que je n’ai pas désiré…Mais je ne veux pas vivre ma vie en étant esclave de mes pouvoirs. C’est vrai que je ne les ai pas choisit, tout comme toi. Parfois, je le vis comme une malédiction. Mais je ne vais pas passer le reste de mon existence dans la peur et la fuite. Je veux affronter ce que je suis et apprendre à maîtriser mon pouvoir. Ainsi, je pourrais montrer au monde qui je suis réellement et y trouver ma place, me rendre utile…Tu sais, mon rêve est de devenir antiquaire dans une grande ville…Londres, New-York, d’avoir une vie normale, des enfants, un chien… »

Adam commençait à divaguer. Il reprit ses esprits rapidement et se concentra sur ce qu’il exposait auparavant.
« Quoi qu’il en soit, je suis ici pour apprendre à être maître de moi-même et de mon destin. Et pour cela, je dois être capable de me servir de mes pouvoirs ? Et toi ? N’aimerais-tu pas à apprendre à utiliser les ailes magnifiques dont la nature t’as dotées ? »

Il s’arrêta un instant. Il lui avait encore fait un compliment involontaire. Décidément, cela ne lui ressemblait pas. Il faut dire que les beaux yeux gris de la demoiselle ne le laissaient pas de marbre. Il se sentait à l’aise avec elle. Comme si elle avait été une très vieille connaissance.

« Moi aussi j’ai fuit…Si je suis arrivé ici c’est que le professeur Xavier est venu me chercher…J’ai quitté ma maison après avoir utilisé mon pouvoir contre mon père… »

Adam se crispa. Cette image ne cessait de hanter sa tête. Mais il ne voulait pas craquer. Pas comme il l’avait fait devant Diablo. Il respira un grand coup et desserra le poing.

« J’ai vécu plusieurs semaines comme un mendiant à Boston…J’ai fait la manche, volé de la nourriture dans des magasins, volé cette guitare…détroussé le sac à main de petites vieilles…J’ai honte de tout ça mais je n’avais pas d’autres moyens pour survivre… »

Il regarda Laïa avec un sourire gêné. Décidément, c’était devenu une manie pour lui de se confier aux personnes qu’il rencontrait. Mais cela venait sans doute du fait que, pour la première fois de sa vie, il se sentait entouré de gens qui pouvaient comprendre ce qu’il ressentait car ils se ressemblaient. Il regarda Laïa avec un air étrangement sérieux.
« Si personne ici ne veut prendre le temps de s’intéresser à toi, moi je le prendrais. Je sens bien que l’on se ressemble plus qu’il n’y paraît. Je sais que je suis loin d’être le garçon le plus intéressant et le plus agréable de la Terre mais au moins, chacun seras sûre d’avoir une personne sur qui s’appuyer en cas de besoin…Alors…amis ? »

Il lui tendit la paume de la main, grande ouverte, attendant de voir si la jeune fille allait la prendre ou la rejeter. Quel que soit le geste qu’elle ferait, lui avait prit sa décision. Cette rencontre n’était peut-être pas uniquement le fruit du hasard.

Laïa l'écouta parler, le laissant se confier. Elle était peut-être méfiante et rester éloignée des autres mais elle savait écouter. Chacun avait des problèmes qu'il fallait évacuer, des choses à dire et qui soulageaient le cœur de savoir que quelqu'un était le confident de cela, qu'il y avait quelqu'un sur qui compter.

Il n'avait pas eu une vie facile et pouvait comprendre ce qu'il ressentait, l'envie d'avoir le contrôle de sa vie et que les autres aient un autre regard.

-Je suis désolée pour ton père. Personne n'est venue me chercher. Quand mes ailes sont apparues, petites au début, cela passait facilement, par la suite, mes parents me laissaient enfermés dans la maison, je n'avais même pas le droit d'aller dans le jardin. Mes ailes étaient vues comme quelque chose d'affreux. Je peux les rétracter, mes ailes et mes omoplates ne formant qu'un mais c'est...douloureux. j'ai finis par fuir et j'ai atterrit ici parce que des humains me pourchassaient, je suis passée par-dessus le mur.

Être maître de ces pouvoirs, savoir utiliser ses ailes "magnifiques" comme il avait dit ? Encore un compliment, un sourire qu'elle lui donna, cependant, son regard s'humidifia sans qu'elle ne le veuille vraiment. Elle ne savait pas voler et après toutes ces années, elle avait laissé tombé. Elle avait croisé un mutant comme elle une fois et il lui avait dit qu'elle était une honte qu'après autant de tant, elle reste au sol comme un vulgaire humain.

-Je ne sais pas voler, souffla-t-elle, mes parents m'ont bridé, mes ailes n'ont jamais eu d'entraînement, rien. Elles sont restées aussi fragiles que les ailes d'un bébé oiseau.

Elle se retint de dire ce qu'elle pensait, cela n'en valait pas la peine. Oui, il avait raison, ils se ressemblaient. Elle avait eu un regard interrogateur et très méfiant. Elle n'avait jamais eu quelqu'un sur qui compter, à qui faire confiance, cela fut une première pour elle.

Elle hésita grandement mais elle se dit qu'elle pouvait bien prendre ce risque et elle verra bien où cela la mènera, où cela les mènera. Elle accepta et posa sa main dans la sienne.

-Amis mais...pourquoi ferai-tu cela ? Quel genre de pouvoir tu as ?


(Il fait trop chaud ^^, j'ai dû arrêter l'ordinateur, il chauffe vite.)

Aussitôt qu’elle eut posé sa main dans la sienne, Adam eut un flash. Il était devenu sensible en présence de personnes ayant vécus des événements traumatisants. Ses yeux s’emplirent immédiatement d’une lumière verte intense. Cela se produisait à chaque fois. Il la vit poursuivi par un groupe d’humains probablement ivres jusqu’aux grilles de l’Institut. Mais surtout, il la vit maltraitée, brimée dans sa maison familiale, sa fugue et son errance. Jamais Adam n’était remonté aussi loin dans la mémoire de quelqu’un.

Cela n’avait duré que quelques secondes mais lorsqu’il revint au présent, Laïa le regardait inquiète. Hébété, il porta les mains à ses joues pour se rendre compte qu’il pleurait. Les seuls mots qu’il arriva à prononcé furent des excuses.

« Désolé…je…pardonne-moi…Je ne voulais pas lire en toi sans ton autorisation…Mon pouvoir c’est de lire le passé des gens et des objets rien qu’en les touchant…Mais ça ne se déclenche pas aussi brusquement d’habitude…Je…J’ai vu toutes ses choses que tu as endurées…Je…Ils n’avaient pas le droit de te faire ça… »

Adam était choqué, sonné comme s’il venait de prendre un uppercut en plein visage. Il serra son poing libre, sentant la colère monter en lui…Non. Ca ne servait à rien de céder à la rage. Seule la conviction était nécessaire. Les souffrances passées de Laïa renforcèrent sa détermination à l’aider. Reprenant ses esprits, il passa ses mains sur son visage mais il était plus décidé que jamais à l’aider. Il prit à nouveau sa main.

« Il ne faut pas que tu perdes espoir. Tu as survécu à toutes ces épreuves et tu es toujours là. J’espère un jour pouvoir te voir t’élever dans le ciel, au-dessus de tout ces gens qui ne voient pas à quel point tu possèdes un don formidable. Tu peux apprendre à voler. Il n’est jamais trop tard. Il doit bien exister un autre mutant qui possède un don tel que le tien. Ne dis-t-on pas que sous un ciel étoilé, tous les vœux peuvent se réaliser ? Je te soutiendrais et tu me soutiendras. Ce sera notre pacte, notre secret…. Quelque sois les règles, les obstacles, les défis, on les franchira. Ensemble… »

Ce dernier mot résonna dans le silence de la nuit. Deux âmes blessées se faisaient face sans masques et sans préjugés. En toute franchise. Tout du moins, Adam voulait y croire. C’était la première fois qu’il se livrait si entièrement à quelqu’un. Il avait besoin d’une alliée. Il savait qu’il n’arriverait pas à dompter ses fantômes sans le soutient d’une personne de confiance. Mais surtout, la vie et le sort de la jeune fille ne lui étaient pas indifférents. Il ne pouvait pas expliquer comment, mais les faits étaient là. Aussi se contenta-t-il d’attendre sa réponse en espérant ne pas l’avoir effrayé.

(aucun problème, ne t'inquiète pas^^)

Laïa s’était demandée ce qui s’était passé. Il avait, comme changé, surtout son regard, c’était ce qui la frappa le plus ainsi que ces larmes. Quand il lui expliqua la raison de cela, elle retira sa main, presque effrayée par ce pouvoir. Lire dans le passé des gens, il avait donc vu ce qu’elle avait subit de la part de sa famille ? Elle qui n’en parlait à personne, sauf ce soir où elle avait accepté de se dévoiler quelque peu, cela la braqua d’avantage. Elle y avait survécu mais elle portait des marques dans son cœur. Avait-il vu la façon dont son père et son frère avaient réagit ? Elle espérait que non. D’ailleurs, elle avait retiré sa main de manière peut-être plus brusquement que prévue.

Craignant que sa réaction ai été peut-être trop vive, elle tenta de s’excuser, comprenant que son pouvoir ne s’était manifesté volontairement. Il ne semblait pas si bien le contrôler, elle n’allait pas lui en vouloir pour cela, elle n’en avait pas le droit.

-Cela ne doit pas être facile d’avoir un tel pouvoir que l’on ne contrôle pas. Mais je sais que tu peux y arriver. Tout le monde peut parvenir à un résultat avec ces pouvoirs.

Elle disait cela mais si seulement elle se l’appliquait à elle-même. Elle se crispa quelque peu quand il lui prit de nouveau la main, craignant sans doute qu’il voit de nouveau dans son passé. Elle se détendit lentement mais avait l’impression que cela était irréel. C’était bien la première qu’on lui parlait ainsi depuis des années, elle se demandait presque si elle n’était pas en train de se faire avoir. Cependant, elle ne saurait dire pourquoi mais elle sentait qu’il était sincère, cela se ressentait dans sa voix et se lisait dans ses yeux verts.

-Cela fait peut-être trop longtemps que je vis dans la solitude. J’en ai presque oublié ce que les mots confiance et amitié signifient…même l’amour, je l’ai perdu depuis bien longtemps.

Elle avait pensé pouvoir faire confiance à son ancien petit ami mais il n’avait pas été mieux que les autres, et pourtant, il avait dit qu’il l’aimerait quelque soit les épreuves. Elle respira un bon coup, il était peut-être temps d’aller de l’avant. Elle regarda le ciel étoilé avant de remettre son regard sur lui, un léger sourire s’étirant sur ses lèvres.

-Tu sais quoi ? Tu m’as donné une raison de rester ici.

Et elle aussi était sincère. Elle vit bien qu’il avait besoin de quelqu’un et elle aussi. Elle ne se confiait jamais à personne, restant à l’écart, cette nuit avait fait exception. Et puis, après les confidences que chacun d’eux avait fait à l’autre, elle n’avait pas le droit de partir comme une voleuse.

-Peut-être que notre rencontre était écrit. Deux âmes perdues marchant ensemble ont plus de chance d’emprunter le droit chemin que si elles devaient faire route en solitaire. Je t’aiderai, je ferai ce que je pourrai pour cela mais si parfois je suis un peu froide ou distante, ne m’en veux pas. Il me faudra quelque temps pour réapprendre certaines choses.

Finalement, les choses s’étaient mieux passées qu’il ne l’aurait cru. Elle avait d’abord retiré sa main, réflexe naturelle aux vues de ce qu’il lui avait révélé sur ses étranges capacités. Mais elle le comprenait. Adam sentit qu’il avait trouvé là une personne de confiance, une amie.

C’était étrange. C’était une évidence dans ces temps troublés qui avaient vu basculer son existence d’une manière radicale. On pouvait dire que Laïa avait l’art d’enfoncer les portes ouvertes. Cela eut le don de faire sourire Adam. Comme quoi le vieil adage se vérifiait. On était souvent son propre prophète.

« Le truc avec ce pouvoir c’est que je dois encore apprendre à contrôler comment il se déclenche. Ca m’arrive parfois quand je touche les gens pour la première fois…Mais tu as raison, je suis certain que l’on peut y arriver… »

Il l’écouta évoquer la défiance qui était la sienne à l’égard d’autrui.. Perdre confiance dans l’amour, dans l’amitié étaient des choses terrible. Adam savait ce que c’était de se sentir trahit. Et la trahison était une des choses qui le faisait sortir de ses gonds.

« Ceux qui t’ont trahis n’étaient peut-être pas dignes de la confiance que tu leur donnais…Je suis heureux que tu veuilles rester ici. Je crois que tu fais le bon choix. Je te promets qu’un jour, nous sortirons d’ici en personnes libres et fières de ce qu’elles sont et que nous irons courir le vaste monde… En tout cas, c’est ce que je souhaite de toute mon âme… »

Elle promit à son tour de l’aider. Adam n’en attendais pas plus. Quand elle énonça ses petits défauts, Adam eut un sourire complice. Lui-même n’était pas parfait. Il avait tendance bien souvent à porter le masque de l’arrogance et de la provocation.. Il devrait lui aussi faire quelques efforts.

« Ne t’inquiète pas, je suis également loin d’être parfait…Je t’accepte telle que tu es avec tes qualités et te défauts…On doit juste prendre le temps de s’apprivoiser, de mieux se connaître…Tu aimes la littérature ? »

Il avait posé cette question le plus naturellement du monde. Sa référence à la littérature française et plus précisément à la rencontre avec le Renard dans le Petit Prince de Saint Exupéry n’était pas faite au hasard. Il voulait en savoir davantage sur Laïa. Au-delà de la mutante, il voulait en savoir plus sur la jeune fille qu’elle était.

Comprendre comment se déclenchait un pouvoir. Ce n’était pas quelque chose de simple, elle-même n’ayant pas de problème de maîtrise de pouvoir à proprement parler vu qu’elle n’avait qu’une paire d’ailes qu’elle pouvait rétracter. Elle essaya de réfléchir mais ne trouva rien de très concret en réalité. Cependant, elle se risqua de dire ce qu’elle en pensait, au cas où.

-Quand un pouvoir se déclenche, il doit y avoir un moyen de s’en apercevoir avant même qu’il n’agisse. Un sentiment quelconque, une sensation qui apparaît…enfin, je veux dire que lorsqu’un pouvoir commence à vouloir montrer le bout de son nez, on doit le sentir. Si c’est le cas, il faudrait se concentrer dessus afin d’en prendre le contrôle.

D’accord, c’était sans doute plus facile à dire qu’à faire et c’était une hypothèse comme tant d’autres également. Elle n’était pas spécialiste dans ce domaine, loin de là, mais si elle pouvait donner quelques idées, cela était toujours utile. Elle essayait de savoir ce qu’elle ressentait quand elle utilisait son pouvoir de rétractation afin de « ranger » ses ailes mais hormis la douleur, il n’y avait pas grand-chose, ou sinon, cela était sûrement caché par la douleur.

-On trouvera bien, fit-elle dans un sourire, le mieux est l’entraînement, c’est le meilleur des remède.

Il était heureux qu’elle reste ? C’était bien la première qu’on lui disait cela, en fait, tout ce qui s’était passé cette nuit-là était une première, quelque chose d’unique et elle ne voudrait pas le gâcher, non, elle ne le voulait pas. Elle lança un sourire, un sourire franc cette fois, et non un petit léger comme elle l’avait fait. Il devait prendre cela comme un honneur, c’était une chose rare chez elle le sourire aussi franc et sincère, d’ailleurs, cela la surpris presque.

-Courir le monde ? J’aimerai retourner un jour à San Francisco, ou Las Vegas mais ce que je rêve le plus c’est de l’Australie. Les paysages y sont magnifiques, j’aimerai bien voir cela sans être obligé d’ouvrir un livre de géographie.

C’était étrange de se sentir aussi bien avec quelqu’un, elle pouvait parler librement que cela concerne les mutants ou non, de discuter de soi-même et de l’autre, sans préjugé. Adam lui faisait voir autre chose que ce qu’elle avait vécu jusqu’à présent, elle n’avait plus peur de se dévoiler et ce fut avec plaisir qu’elle répondit à sa question.

-J’adore lire. Cela permet de s’évader de ce monde un peu pourri et de pouvoir rêver. Le fantaisy, c’est ce que je préfère. Et le sport aussi, cela défoule. J’ai fais beaucoup d’équitation autrefois.

Laïa avait raison. Un pouvoir devait se maîtriser et les émotions devaient constituer d’excellents indicateurs pour évaluer l’imminence ou pas de leur apparition. Particulièrement dans le cas d’Adam. Il savait que la colère déclenchait son pouvoir destructeur et que souvent, c’était lors du premier contact physique avec une personne qu’il découvrait les éléments forts du passé de cette dernière.

Ils devraient s’entraîner dur tous les deux mais surtout, ils devaient trouver des personnes capables de les guider. Adam savait que le Professeur Xavier possédait des capacités mentales. Il serait donc en mesure de l’aider. Mais pour Laïa, cela s’avérerait bien moins simple. Comment trouver une personne dotée d’ailes ici? Peut-être était-elle la seule dans ce cas...

Le jeune homme se souvint alors d’une phrase prononcée par une de ses camarades au détour d’un couloir alors qu’il s’était perdu dans l’Institut. Il décida de faire part de son idée à son amie.
«Tu sais, nous devrions trouver des personnes compétentes pour nous guider. Il me semble avoir entendu parlé de l’un des X-Men qui se faisait surnommé Angel. Peut-être possède-t-il le même don que toi? En tout cas, ça vaut le coup d’essayer, d’aller le trouver pour lui exposer ton problème. Tu ne crois pas ? »

Et Adam argumenta d’avantage pour appuyer ses propos.
«Les X-Men sont des mutants très expérimentés qui maîtrisent bien leurs pouvoirs. Ils sauront nous aider…Dans le cas contraire, on se débrouillera par nos propres moyens… »

Elle rêvait aussi de voyage. Ils avaient tous les deux des envies d’évasion. Comme si se projeter dans le futur était un dérivatif, un exutoire à la difficulté de leur existence présente.
La littérature était aussi une passion qu’ils semblaient également partager.

« L’Australie…Pourquoi pas…J’aimerais bien aller faire le zouave au milieu des kangourous. Ça m’a toujours tenté de vérifier si j’étais capable de les battre à la boxe…Et puis, ça me donnera l’occasion de leur faire les poches… »

Adam avait l’art de lancer ce genre de petites phrases humoristiques ni vu, ni connu au milieu d’une conversation sérieuse histoire de faire le malin ou d’éviter que son auditoire s’endorme. Il cherchait juste à faire rire Laïa pour le plaisir. Cependant, il lui fit une demande qui, à cours sûre ne manquerait pas de la surprendre. Simple plaisanterie au départ qui devint au fil de la conversation une demande sérieuse.
« J’ai une requête à te faire… Bon c’est assez délicat….Tu dois me promettre de ne pas rigoler…Voilà, je me demandais si, éventuellement, sur un malentendu, tu accepterais de m’apprendre à monter à cheval… »

Adam leva les yeux au ciel avec un grand sourire, se massant le cou. Il se rendait compte que sa demande était quelque peu cavalière. Mais cela ne manquait pas de panache. Il espérait tout du moins ne pas essuyer un refus.

Les X-Men ? Elle en avait entendu parler, elle en avait même sans doute croisé sans vraiment le savoir mais X-Men ou pas, cela ne changeait rien pour elle, elle n’approchait personne et laissait rarement quelqu’un venir vers elle. Elle y réfléchira mais pour l’instant, elle préférait peut-être attendre de se sentir mieux ici. Comme avait dû sans doute remarquer Adam, elle ne faisait confiance à personne, elle avait déjà eu du mal à baisser sa garde avec lui.

-Je pense que je vais peut-être d’abord voir ce que je peux faire par moi-même avant de demander de l’aide à quelqu’un.

Elle n’aimait pas admettre qu’elle avait besoin d’une personne, peut-être trop fière ou tout simplement trop blessée par le passé pour se dire qu’elle pouvait accepter les mains tendues et pouvoir faire confiance.

Boxer avec les kangourous ? Là, c’était sûr, cela la fit bien rire. Elle aimerait bien voir cela, c’était quelque chose à ne pas manquer.

-Je n’ai jamais fais partie des pom-pom-girl, je trouvais cela un peu ridicule mais là, j’avoue que c’est tentant pour encourager les concurrents.

Elle aussi savait faire de l’humour. Il ne fallait pas croire qu’elle ne savait pas rire, au-delà de son masque de froideur et de méfiance, elle savait rire, preuve qu’elle se sentait bien, une facette qu’elle ne montrait pas afin de se protéger. Puis, elle le regarda en se demandant ce qu’il voulait et promit de ne pas rire…enfin, au vue de sa requête, elle se retint de pouffer de rire. Elle avait promit de ne pas se moquer, elle se devait de tenir cette promesse même si cela était bien dur.

-Pourquoi je dirai non ? Cela ne me dérangera pas, au contraire, si cela peut te faire plaisir et puis, cela fait quelque temps déjà et sa me manque beaucoup.

Mais tant pis, elle lâcha finalement un rire, rien de bien méchant, seulement amusé. Elle avait l’impression que cela l’ennuyait, ou du moins, qu’il n’avait peut-être pas su comment s’y prendre pour demander cela. Un léger vent se leva, chantant entre les branches des arbres et faisant danser les plumes de ses ailes. Elle frissonna quelque peu et fit :

-Je t’apprendrai à monter à cheval si tu m’apprends à jouer de la guitare, fit-elle dans un sourire.

Laïa semblait décidée de tenter en premier lieu de se débrouiller seule afin de maîtriser ses ailes. Adam prit alors pleinement conscience du caractère exceptionnel de cette entrevue pour la jeune fille. Elle se laissait difficilement approcher. Même dans son propre intérêt. Elle l’avait pourtant prévenu. Mais le cerveau du jeune homme, d’habitude si prompt aux analyses de situation semblait, en cette nuit noire, fonctionner quelque peu au ralenti. Elle avait sans doute besoin de retrouver confiance en elle avant de pouvoir s’en retourner vers autrui. Mais lui ne voulait pas la laisser seule face à cette entreprise.

« Comme tu le sens. Mais si tu veux bien, j’aimerais être avec toi pour tes essais. Juste histoire de te soutenir moralement… »

Elle ne put s’empêcher d’étouffer un rire lorsqu’il lui demanda de lui apprendre à monter à cheval. Adam ne s’en offusqua pas, même si au fond, sa fierté de mâle était quelque peu égratignée. Il prit alors l’air faussement offusqué, cherchant à se justifier.
« Je n’y peux rien, depuis que je suis gamin, j’ai une trouille bleue des canassons. La seule fois où je suis monté c’était sur une pouliche complètement cinglée. J’avais 7 ans. D’une ruade, elle m’a envoyée dans un arbre…Ils ont dû appeler les pompiers pour me descendre… »

En y repensant, Adam esquissa un sourire. Sur le coup, cet événement l’avait traumatisé. Mais désormais, avec le recul, il revêtait l’aspect comique des souvenirs auxquels on pouvait se vanter d’avoir survécu.

Quand elle lui demanda de lui apprendre à jouer de la guitare, il se contenta d’un signe de la tête en signe d’approbation. Il entendit le son du vent dans les plumes de Laïa. L’un d’elle se détacha pour se poser sur les genoux du jeune homme. Autour d’eux la lumière se faisait plus vive et les oiseaux commençaient à chanter. Il n’y avait plus de doutes : le jour était en train de se lever. Il regarda sa montre. Il était 5 heures. Combien de temps avaient-ils passé ici à discuter, il ne pouvait le dire. Cependant, une amitié semblait être née à l’ombre des bois de l’Institut. Tout du moins restait-il encore à la cultiver.

Adam se leva. Il lui sembla que Laïa frissonnait. Il ôta donc sa veste et la posa sur les épaules de la jeune femme, recouvrant le haut de ses ailes. Puis, prenant sa guitare à la main, il lui dit :

« Que dirais-tu d’un bon petit déjeuner avant d’entamer cette belle journée ? »

Sa nouvelle vie commença réellement en cette matinée.

-Ta présence ne me dérangera pas, au contraire. Et si tu as besoin de moi pour ton pouvoir, je serai également là, fit-elle dans un sourire.

Elle avait hésité à dire la phrase bateau du style "les amis sont fait pour cela" car elle ignorait même le sens de cette phrase. Elle avait été trompée par tant de personne, même si elle sentait qu'Adam était différent, elle n'était pas prête à baisser sa garde si vite mais elle voulait seulement qu'il comprenne que s'il y avait une amitié entre eux, elle ne le repoussera pas.

Laïa le remercia quand il lui passa sa veste. Alors comme cela, il avait peur des chevaux ? Le meilleur remède à cela était de remonter, rien de plus simple, enfin, c'était vrai qu'une peur n'était pas si facile que cela à faire disparaitre. Mais les animaux étaient des êtres compréhensifs, n'ayant pas de préjugés, acceptant les différences. Les mutants étaient mal perçu par les humains mais cela ne l'avait jamais empêché de continuer l'équitation pour autant avant d'arrêter à cause de ses parents. Au contraire, elle se confiait à sa monture, le seul être sachant l'écouter.

Elle sortit de ses pensées voyant qu'elle s'y enfonçait un peu trop et se leva en suivant Adam. Elle devait avouer qu'elle commençait à avoir un creux.

-Tu sais ce que l'on dit ? Il ne faut pas rester sur un échec. Je te ferai remonter et tu verras, tu n'auras plus peur.

Elle en était convaincue en tout cas.