Faux espoir [pv Adam][Terminé]

Invité

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Citation :: Début du flash-back

Cela faisait combien de temps qu’elle était partit de chez elle ? Elle avait quinze ans au moment de sa fugue, un peu plus ? Elle avait un peu perdu la notion du temps durant son exile. Cependant, après tout ce temps, elle avait parfois eu des envies de retourner voir son ancienne demeure, ce qui avait été sa maison durant douze ans, jusqu’au moment où elle était devenue « anormale » comme avait dit son père.

Ce jour-là, elle avait prit sur elle pour rétracter ses ailes et sortit de l’institut afin de remettre les pieds dans son quartier. Il faisait peut-être beau mais elle avait une légère veste sur elle, son pouvoir de rétractation laissait deux fines traces rouges dans son dos. Respirant un bon coup, elle s’avança dans le quartier, traversant le petit parc avant d’arriver devant son ancienne demeure, toujours aussi belle, rien n’avait changé mais elle savait d’avance qu’elle n’y avait plus sa place et que sa chambre devait être changée en bureau ou salle de jeux.

Il n’y avait personne ? Elle s’avança malgré tout jusqu’au moment où on l’interpella. Son frère venait de sortir du jardin, il ne semblait pas ravi de la revoir. Pas étonnant, ils étaient tous contre les mutants, la considérant comme un monstre et elle était partit du jour au lendemain sans plus aucune nouvelle.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ferai mieux de dégager avant que les parents ne reviennent ainsi que ma belle-famille.

Belle-famille ?

-Tu vas te marier ?

Elle aurait dû être heureuse pour lui, c’était ce genre de nouvelle qui rendait les gens remplis de joie mais elle ne le fut pas, surtout quand le regard noir de son frère la fusilla. Elle n’avait pas le droit d’être ici, il l’avait nettement fait comprendre et il ne voulait rien de sa part pour son mariage, pas même des fleurs.

-Le seul cadeau que tu peux me faire s’est de disparaître de notre vie. Tu ne fais plus partie de cette famille depuis longtemps.

Ce fut le cœur lourd qu’elle s’était résignée à s’en aller. Elle aurait presque pu renoncer à retourner à l’institut mais elle avait une promesse à tenir, elle n’avait pas le droit de laisser tomber Adam.

Fin du flash-back

Cela faisait près d’une heure qu’elle avait erré dans la forêt de l’institut avant d’aller glisser un mot sous la porte du dortoir d’Adam lui demandant de la rejoindre dans la forêt dès qu’il le pourra, elle attendra autant qu’il le faudra. De toute façon, le seul endroit où elle voulait être, c’était la forêt, elle n’y bougera pas pendant un long moment alors même s’il a le mot le lendemain, elle n’aura sans doute pas bougé.

Elle avait juste voulu revoir sa famille, elle s’était qu’avec ce départ, cette absence, les choses auraient changées, peut-être qu’ils auraient pu discuter sans préjugé mais la réaction de son frère en avait dit long. Elle avait tout simplement espéré que les choses soient différentes. Assise contre un arbre, ses ailes retombaient autour d’elle, abattue tout comme elle et son aile blessée s’appuyait contre elle. Elle s’était retenue de pleurer mais elle finit par craquer.

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Il avait trouvé le mot au retour d’une balade qu’il avait effectué à Boston. Une demande de Laïa lui demandant de la rejoindre dans la forêt dès qu’il le pourrait. Quelque chose clochait. Ce n’était pas son écriture habituelle. Elle semblait plus tendue, plus resserrée.

Adam traversa la maison comme une tornade. Il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il ne pouvait l’expliquer de manière objective mais il le sentait. Il se précipita, traversant le parc en courant. Il espérait seulement qu’il ne lui était rien arrivé de fâcheux et qu’elle le retrouverait au même endroit que d’habitude.

Le jeune homme se pressa vers la clairière à la pierre plate. C’était là qu’il l’avait rencontré la première fois. La nuit commençait à tomber sur l’Institut et ses alentours.

Dès qu’il la vit, il sut qu’il avait vu juste. Il s’approcha et l’entendit distinctement pleurer. Elle était là, assise contre un arbre mort, se cachant sous ses ailes. Adam s’agenouilla face à elle et sans réfléchir, il passa ses bras autour des épaules de son amie. Son cœur saignait de la voir ainsi même s’il en ignorait les raisons.

Dans un murmure calme et rassurant, il chercha à connaître les raisons de toute cette peine. C’était la première fois qu’il la voyait pleurer.

« Raconte-moi tout…Je suis là…Ca va aller…Qu’est-ce qui fait pleurer le plus bel ange déchu de la création ? »

Adam ne savait pas quoi dire d’autre. Il espérait juste qu’elle ne le repousserait pas. Sa peine semblait être immense.

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Laïa n’avait pas remarqué Adam arriver, elle ne s’aperçu de sa présence que lorsque ses bras l’entourèrent. Elle releva la tête vers lui. C’était la première fois qu’elle pleurait depuis qu’elle était ici, la première fois qu’elle pleurait devant quelqu’un surtout mais elle s’en moquait en cet instant. Sa voix était douce et rassurante. Elle fit une chose qui l’étonna elle-même, écartant ses ailes, elle se jeta dans les bras d’Adam. Avoir quelqu’un comme lui était apaisant et réconfortant.

Elle se laissa pleurer sur son épaule, restant ainsi durant quelque instant. Cela faisait du bien d’avoir quelqu’un sur qui compter, elle se sentait pourtant si seule.

-J’ai été stupide. J’ai voulu…retourner chez moi. Je m’étais dis qu’ils avaient dû changer mais…

Sa voix mourut dans sa gorge. Comment des gens maudissant les mutants et la traitant comme un monstre durant des années avaient-ils pu changer en deux ans ? Cela était impensable. Quelle idée elle avait d’y aller ! Elle avait seulement espéré, un faible espoir mais un espoir pourtant présent.

-C’était ma famille. Mon frère va se marier et il m’a dit que…que tout ce qu’il voulait, c’était que je disparaisse. Je n’ai jamais rien fais de mal, je n’ai jamais rien demandé à personne. Je n’ai jamais voulu devenir ce que je suis. Je n’ai plus personne.

Elle se retrouvait seule. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire maintenant ? Dans un monde où elle avait l’impression d’être une étrangère. Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Elle remerciait le ciel d’avoir pu trouver cette institut pour s’y réfugier mais elle ne pourra pas lui rendre ce qu’elle avait perdu.

-Je ne suis pas un ange déchu, je suis seulement une erreur de la nature, murmura-t-elle.

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A ces mots, Adam serra Laïa contre lui. La voir dans cet état le révoltait. D’autant plus qu’il en connaissait désormais la raison et que cette dernière était absolument terrible pour la jeune femme.

« Je t’interdis de dire ça, tu m’entends ! Tu n’es pas une erreur de la nature. Ou alors c’est que la nature est une connasse ! L’être humain n’est pas une finalité de l’évolution. Tout comme nous, ils n’en sont qu’un maillon. S’ils ont la vanité de penser qu’ils valent mieux que nous, alors, en réalité, ils sont méprisables…Que ce soit ta famille ou les autres…Tu es ce que tu es et ni toi, ni moi, ni aucune personne sur cette planète ne pourras y changer quelque chose… Soit ils t’acceptent ainsi, soit ils dégagent ! »

Les mots avaient été particulièrement durs. Adam tenta de se calmer. Mais il était clair, dans son esprit que la famille de Laïa était à ranger dans la case « bande de gros cons aux idées préconçues » où ils pourraient rejoindre en bonne place les pimbêches de Newton High et autres individus pour qui l’apparence constituait la vérité d’un être.

Le jeune homme passa sa main dans les cheveux de son amie, posant son menton contre le sommet de son crâne. C’était la première fois qu’il était aussi près d’elle. Et s’en était presque déroutant pour lui. Mais il poursuivit son discours, cherchant à trouver des mots plus justes et plus apaisés que les premiers.

« Tu n’as rien fait de mal…Tu es juste différente et les hommes ont peur de ce qui est différent…Là où ils voient un monstre, moi je vois une jeune femme talentueuse et avec un caractère bien trempé…Une adorable emmerdeuse capable de faire tourner en bourrique les gens trop bien pensant… »

Il avait dit cette dernière phrase avec beaucoup d’affection. Mais il savait qu’elle avait raison. Les gens changeaient rarement. Elle avait eu beaucoup de courage pour oser retourner voir sa famille. Lui-même n’en aurait pas été capable.

« Ce n’est pas stupide de croire et d’espérer…C’est tout ce qu’il nous reste alors nous ne devons pas renoncer…Si ta famille ne veut plus de toi, alors tu dois en reconstruire une que tu auras choisit et qui t’accepteras telle que tu es et pas telle qu’ils voudraient que tu sois… Et puis, c’est vache de dire que tu n’as plus personne. Et moi ? Je compte pour des prunes ? »

Adam continua à entourer Laïa de ses bras. Comme s’il cherchait à la cacher du monde qui les entourait pour mieux la protéger.

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Laïa resta contre lui, écoutant ses paroles, dures ou non, elle n’en avait cure, comme si cela entrait dans une oreille pour ressortir par l’autre. Pourquoi la nature avait-elle créé des mutants si ceux-ci n’étaient pas acceptés ? Normalement, tout ce qui venait d’elle était admit et pouvait vivre. Là, cela était l’inverse, les mutants n’avaient pas le droit à la vie si on devait écouter certains. Cela en était désespérant.

Différente ? Tout le problème était là. Elle ne voulait pas de ses ailes, elle voudrait parfois pouvoir s’en débarrasser et retrouver une vie normale. Elle se crispa, ses ailes tremblantes dans un frisson. Elle avait peut-être trop espéré, n’ayant pas voulu voir qu’il risquait d’y avoir une mauvaise surprise, elle avait rêvé de cet espoir jusqu’au bout pour finir par tomber de bien haut.

Non, il ne comptait pas pour des prunes, loin de là. Ce contact aurait pu la déranger, pourtant, ce fut le contraire, elle s’accrocha à lui comme si elle craignait qu’il l’abandonne lui aussi.

-Tu es la raison pour laquelle je suis restée, souffla-t-elle.

Et elle disait vrai, sinon, jamais elle ne serait revenue, elle serait même sans doute partit depuis longtemps. Elle laissa sa main passer dans ses cheveux, ce qui eu le don de faire frémir ses ailes comme les jeunes branches d’un arbre sous le vent. Elle finit par se calmer lentement, elle se sentait bien ainsi.

-Merci d’être là.

Laïa se dégagea quelque peu afin de pouvoir regarder Adam et sécher ses larmes. Elle avait faiblit alors qu’elle ne voulait pas de cela.

-Je ne voulais pas te vexer. Tu ne comptes pas pour des prunes, au contraire, tu comptes beaucoup pour moi. La preuve en est que c’est toi que j’ai appelé et, regarde-moi…en larmes alors que je fais tout pour tenter de dissimuler mes faiblesses. Tu es le seul qui peut me voir telle que je suis, qui connais autant de choses sur moi, alors ne dis pas que tu ne comptes pas à mes yeux.

Elle avait plongé son regard gris dans le sien, voulant montrer à quel point elle était sincère.

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Ce regard plongeant dans le sien. Adam senti son âme se troubler. Son cœur battait plus fort. Etait-ce la colère lié à ce qu’il venait d’arriver à Laïa ? L’énervement et la conviction dans les paroles qu’il venait de dire ? Ou alors, autre chose…Non, elle était une amie, juste une amie. Sa meilleure amie…Celle à qui il confiait tout, ses doutes, ses espoirs, ses rêves. Pour la première fois, elle le regardait dans les yeux. Et, alors qu’à l’habitude, c’était le regard de Laïa qui fuyait celui d’Adam, pour la première fois, c’est lui qui baissa les yeux.

Les mots de la jeune femme résonnaient en lui, imprégnaient son sang et son esprit. Il y avait longtemps qu’il se retranchait derrière son masque d’ironie, d’assurance et de phrases bien senties. Même avec Laïa, il n’avait jamais totalement prit le risque de se montrer faible volontairement. Il considérait qu’il devait être le rocher sur lequel elle pourrait se reconstruire. Mais là, devant ce regard, des fissures apparaissaient dans la roche. Il crut un instant flancher mais il se reprit aussitôt. Elle n’avait pas besoin d’une pleurnicheuse mais d’un ami fort, capable de la rassurer et de la soutenir.

« Je serais toujours là pour toi tant que tu auras besoin de moi. Je te l’ai promis la première fois que nous nous sommes rencontrés. Tu sais que ça ne me vexe pas. J’essaie de prendre les choses avec un peu de dérision pour dédramatiser cette terrible situation. Tu es importante pour moi… »

A cet instant, Adam eut l’impression de perdre le contrôle des événements. Il sentait confusément que quelque chose était en train de changer en lui et cela, il ne le maîtrisait pas. Ce léger tremblement qui l’agitait, ce cœur qui battait la chamade et cette envie de rester ainsi serré contre elle…Etait-il en train de tomber…amoureux ? Non, c’était impossible, insensé, irrationnel. Pas de Laïa…

Adam avait toujours considéré l’amour comme un sentiment éphémère. Celui de deux êtres qui se croisent, s’aiment et se quittent. Il faut dire que les relations de ses parents, froides et sans tendresse ainsi que la conception lycéenne des sentiments ne lui avaient pas vraiment montré le bon exemple. Il ne voulait pas que cela advienne avec sa meilleure amie. C’était une règle qu’il avait apprise au lycée : « ne jamais tomber amoureux de sa meilleure amie… ». Cela brisait l’amitié à jamais. Et cela, il n’était pas prêt à l’accepter. Elle était la seule personne qui comptait vraiment à ses yeux. Il releva néanmoins son regard vers Laïa, tentant de se calmer, de se convaincre qu’il était juste sur le coup de l’émotion. Il l’avait toujours trouvé jolie. Et là, il suffisait qu’elle se mette à pleurer et à se serrer contre lui pour qu’il fonde lui aussi comme neige au soleil. Il fallait penser à autre chose. Continuer la conversation. Cela allait se calmer et tout allait rentrer dans l’ordre.

« Que comptes-tu faire maintenant ? »

La question restait en l’air mais elle s’adressait autant à son amie qu’à lui-même.

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Cela en était presque perturbant ces regards l’un dans l’autre, elle n’avait pas très bien comprit ce qui s’était passé pour être aussi captivée par son regard. Elle avait sentit qu’elle avait finit par s’attacher à lui, peut-être trop vite, l’étonnant grandement. Jamais elle n’aurait cru cela possible mais le fait était que les différences n’existaient pas quand elle était avec lui. Ce qui importait était ce qu’ils étaient au fond d’eux et pas ce qu’il y avait à l’extérieur ou ce qui faisait les différences, cette barrière qui divisait le monde s’effondrait en sa présence. Peut-être était-ce pour cela qu’elle acceptait de se montrer telle qu’elle était, avec ses forces et ses faiblesses.

S’il n’avait pas baissé son regard, Laïa l’aurait fait elle-même. Elle venait de réapprendre le sens de l’amitié…que de l’amitié ? Un tel attachement lui fit peur soudainement mais elle savait que leur relation avait fait un bon en avant, c’était la première fois qu’ils étaient aussi proches l’un de l’autre. Une confiance qui grimpait de niveau, cela ne pouvait d’être qu’un bon point mais elle avait tellement été déçue par le passé qu’elle avait peur de souffrir de nouveau. Pourtant, il était sans doute trop tard désormais, elle tenait trop à lui, elle ne pouvait pas le nier.

Ce qu’elle allait faire maintenant ? Elle l’ignorait elle-même.

-Euh…je n’en ai aucune idée. Rester ici, je n’ai nulle part d’autre où aller. Apprendre à voler, à avoir confiance en moi ainsi qu’aux autres et je verrai par la suite ce qui se passera.

Elle se tu un instant avant de reprendre.

-Et, tu es là. C’est ensemble qu’on doit faire ce chemin et on verra bien où cela nous mènera. Tu m’as donné envie de me battre même si parfois j’ai plutôt tendance à vouloir abandonner. Je ne remercierai jamais assez cette nuit d’avoir fait en sorte que nos chemins se croisent.

Avant cela, tout ce qui lui passait par l’esprit était de passer par-dessus le mur de l’institut et de partir, depuis…elle se disait que cela aurait été bien stupide de sa part. Même si le soir elle était parfois mélancolique, le simple fait de penser à Adam lui redonnait le sourire mais cela, elle ne l’avouera jamais.

-Il va faire nuit, on rentre ou on reste là ? Je n’ai pas très faim ce soir.

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Les choses semblaient s’apaiser en lui. Sans doute les premières paroles de Laïa y étaient pour quelque chose. Elle pensait à son avenir, à la façon dont elle allait dominer sa mutation. Ils semblaient néanmoins incapables de se détacher l’un de l’autre. Adam remarqua son aile toujours blessée. Décidemment, elle était têtue comme une mule. Mais cela tombait plutôt bien. Lui aussi était plutôt obstiné dans son genre.

« Tu as pensée à faire examiner ton aile ? Je sais que je suis pénible avec ça mais tu dois prendre soin de ton don. Le chérir même si c’est difficile. Sinon, comment feras-tu pour me faire voler avec toi un de ces jours ? J’en serais extrêmement déçu… »

Cela pouvait s’apparenter à une forme de chantage sentimental. Pour appuyer ses dires, il lui fit les yeux du chat botté qu’il avait vu dans un film d’animation ayant remporté un énorme succès. Il voulait voir à nouveau un sourire illuminer son visage. Il n’aimait pas la voir pleurer. Il sortit alors un paquet de mouchoirs de la poche arrière de son jean et s’armant de patience, il sécha ses joues humidifiées par les larmes.

Les mots qu’elle prononça par la suite le replongèrent dans le tumulte. Faire le chemin ensemble…Mais ensemble comment ? C’était la première fois qu’il se posait cette question. Pourtant, cette idée, cette phrase n’était pas une nouveauté. Cependant, il en cernait désormais un nouveau sens, qui jusqu’à présent ne lui avait pas sauté aux yeux. C’était comme si on lui avait ôté les œillères.

Avait-elle comprit qu’il était troublé ? Etait-ce un appel du pied ? Adam recommença à se poser mille et une questions. Son cerveau était en ébullition. Voir où cela allait les mener. Il l’imaginait déjà en robe blanche, ses grandes ailes déployées. Puis, une ribambelle d’enfants courant autour d’elle…Se calmer. Tout de suite. Se sortir tout cela de l’esprit. Prendre une douche froide ou se mettre la tête dans un bac d’eau glacée. Faire retomber son état de confusion. Il croyait devenir fou. Le cœur qui domine l’esprit…Il comprenait mieux désormais cette parole du vieux bibliothécaire. Et là, le cerveau était hors service, kaput…

Il fallait qu’il se reprenne, ne rien laisser transparaître. Botter en touche s’il le pouvait. En espérant juste pouvoir faire le point un peu plus tard, au calme pour savoir où il en était. Comprendre ce qu’il lui arrivait. Mais pour l’instant, elle avait besoin de se changer les idées.

« Tu te souviens que je te dois toujours un verre ? Ca te dirait d’y aller ce soir ? Ca te permettrait de voir autre chose…Et puis, comme me l’a expliqué un excellent professeur d’équitation, quand on tombe de cheval, il faut toujours remonter tout de suite après… »

Ce petit verre allait sans doute faire du bien à Laïa mais il fallait admettre que lui aussi en avait bien besoin.

Invité

Elle non plus ne savait pas vraiment dans quel sens il fallait prendre ses paroles. Ensemble mais comment ? En tant qu’amis, elle préférait rester basée sur cela, ne pas trop penser à plus ou à laisser ses pensées dériver vers des choses impensables, ou peut-être que la peur dressait des barrières et qu’elle ne voulait pas voir au-delà.

L’aile blessée, il était tenace dis donc mais elle était très têtue dans son genre. En repensant à ce qui s’était passé, elle baissa un peu la tête mais elle devait se ressaisir. Respirant un bon coup…non, elle n’avait pas fait examiner son aile. Elle ne voulait pas le lui avouer mais d’un autre coté, cela aurait été un pur mensonge. Elle avait arrangé les plumes de travers mais l’aile droite se crispait sous la douleur et avait tendance à tirer vers le bas, n’arrivant pas à avoir la force de rester en position naturelle, bien repliée vers le haut comme sa jumelle.

Elle ne pu pas résister aux yeux du chat botté, si bien qu’elle finit par laisser un léger sourire illuminer son visage. Laïa eu cependant un mouvement de recul quand il voulu sécher ses joues mais elle se laissa faire.

-Non, je ne l’ai pas fais examiner. C’est le gros os de l’aile qui a prit le coup le plus dur dans la chute. Une foulure ou une légère fracture, je ne sais pas trop.

Mais elle était un peu enflée. Laïa tenta de la déployer, tremblante, elle évita de trop la faire bouger. Elle finit par la laisser retomber lentement sur elle, sans trop forcer dessus. Elle avait pensé qu’en les laissant rétracté en elle, la douleur ne se ferait pas sentir mais faisant partit intégrante d’elle, elle avait l’impression que c’était son omoplate qui était blessé et cela était encore plus désagréable.

-Sauf si tu as des bases en véto ou en médecine, il faudrait peut-être laisser faire le temps, cela s’arrangera…je pense. Si ce n’est qu’une petite foulure, cela passera sûrement.

Mais si cela était une petite fracture, elle ne savait pas comment cela risquait d’évoluer. Sa phrase était lourde de sens, elle acceptait qu’il puisse y toucher, un peu réticente mais elle savait qu’elle n’avait pas trop le choix. Sans compter qu’elle savait qu’Adam ne lâchera sans doute pas l’affaire.

-C’est d’accord pour le verre, fit-elle dans un sourire, cela nous fera du bien. J’espère que tu vas mieux après ce qui s’est passé avec ton pouvoir.

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Sans toucher la jeune fille, Adam regarda son aile. Il n’était ni médecin, ni fils de médecin. Mais par contre, il s’y connaissait en animaux et plus particulièrement en oiseaux.

« J’avais une tante…Elle était véto dans le Colorado…C’était une célibataire endurcie, une aventurière…Quand j’étais gamin, vers 11 ou 12 ans, j’étais passionné par les grands rapaces…Pendant ses vacances, elle était bénévole dans une association de préservation du patrimoine naturel local. Je l’ai vu soigner un bon nombre d’aigles lorsque mon père m’envoyait passer du temps chez elle pour me calmer un peu… »

Adam se tut pour observer avec un peu plus d’attention. Ce n’était pas une fracture. Mais Laïa avait raison, c’était osseux. Elle s’était luxé l’aile…Le jeune homme fit une grimace. Il n’y avait qu’un seul moyen de régler cela : remettre en contact les deux surfaces articulaires comme on pouvait le faire avec une rotule ou une épaule. Mais cela risquait de lui faire un mal de chien.

« Ton aile est déboitée, ma belle…Il va falloir la remettre en place sinon, tu risques une déformation articulaire, de te couper la circulation ou encore l’afflux nerveux. Ca pourrait t’empêcher d’utiliser ton aile pour le reste de ta vie… »

Il n’en revenait pas de se souvenir d’autant de détails liés à son enfance. Comme s’il pouvait replonger dans sa propre mémoire pour revivre ces instants. Il sortit son portefeuille.

« Je sais que cela risque d’être douloureux, mais il va falloir le faire…Je me souviens avoir vu ma tante procéder sur des aigles royaux…Il va falloir que tu me fasses confiance…Je ne te cache pas que ça risque d’être douloureux… Tu peux mordre là dedans si tu veux…»

Il la regarda dans le fond des yeux. Allait-elle le laisser faire ? Il lui tendit le portefeuille en lui murmurant.

« Après, c’est promis, je t’emmène à New-York en moto pour aller découvrir un peu ce bar dont les autres parlent tant… »

Adam attendait son autorisation avant de tenter quoi que ce soit.

Invité

Bien qu’elle fut intéressée par son enfance, son regard l’inquiéta. Déboîtée ? Elle aurait presque préférée avoir une fracture, quoi que, en y réfléchissant bien, elle aurait dû être plus prudente dans cet arbre, elle n’aurait jamais chuté. Elle savait qu’elle n’avait pas trop le choix que d’accepter. Si elle refusait, elle risquait de ne plus pouvoir se servir de son aile. D’accord, elle disait souvent qu’elle n’avait jamais voulu cette mutation mais…elle avait un rêve malgré tout au fond d’elle.

Elle leva son regard vers Adam, un regard pas très rassuré, pas pour le fait qu’il allait toucher à son aile, mais plus pour ce qu’il allait faire pour remettre cela en place. Son frère avait eu une épaule de déboîtée une fois, accident de sport, elle se souvient de sa réaction quand le médecin avait remit cela en ordre, la solution était rapide et efficace mais elle souvenait encore de son cri.

-Je n’ai pas trop le choix de toute façon. J’ai confiance en toi Adam, je sais qu’elle est entre de bonnes mains.

Il y avait peu de temps, jamais elle n’aurait permit de remettre son aile entre les mains de quelqu’un. Cependant, elle avait une certaine réticence, ayant un léger recul malgré tout, depuis ce que lui avait fait son frère et ses copains il y avait quelques années, Adam était le premier à toucher de nouveau ses ailes et ses plumes d'un noir d'ébène aussi douce que la soie. Elle ne prit pas le portefeuille.

-Non, cela va aller. Tu risques de ne pas le retrouver en entier. Je préfère encore lâcher un bon cri que d’avoir un truc dans la bouche.

Elle respira un bon coup, laissant faire Adam. Il fallait qu’elle pense à autre chose mais quoi ? Il avait dit « je t’emmène à New-York en moto » ? Elle allait penser à cela alors, c’était un sujet comme un autre pour se détendre, non ?

-En moto ? Je ne savais pas que tu savais conduire les motos, j’ai hâte de voir cela.

Elle avait parlé plus rapidement que d’habitude, voulant cacher la légère pointe de peur qu’elle avait. Plus vite cela sera finit, mieux elle se portera.

Invité

Adam caressa l’aile de Laïa. C’était une sensation étrange. Une douceur presque irréelle. Il ferma les yeux pour tenter de se souvenir avec exactitude des conditions dans lesquelles sa tante était parvenue à remettre l’aile de l’aigle royal. Il se concentra et joignant les mains, il chercha à se provoquer un flash. Il devait revenir dans son propre passé, pouvoir voir exactement les gestes qu’elle avait effectués.

Il prit une inspiration lente et régulière, se mettant dans une forme d’état de transe. Soudain, ses yeux s’illuminèrent et une fraction de secondes, il fut projeté 7 ans en arrière. Il se revit dans le désert du Colorado auprès de la sœur de sa mère. Cet aigle blessé qui ne pouvait plus voler…Les gestes…Aussitôt, il revint au présent. Il savait. Il savait ce qu’il devait faire.

Délicatement, il posa sa main sur l’omoplate de son amie. Il lui sourit puis dans un geste sec, il étira l’aile pour l’emboiter dans sa cavité articulaire d’origine. Laïa poussa un cri terrible, déchirant la nuit de la forêt. On avait dû l’entendre jusqu’à l’Institut. Adam la serra à nouveau contre lui, cherchant à l’apaiser.

« Voilà…C’est fini…doucement… »

Il la berça comme si elle avait été une enfant. Il était clair qu’il n’oublierait pas ce cri de douleur d’aussi tôt.

« Reprends un peu ton souffle…Nous avons le temps…Par contre, il te faudra laisser ton aile au repos au moins pendant une semaine je pense…Et à mon avis, on devrait aller dans une pharmacie trouver des antidouleurs…On en profitera d’être à New-York. »

Elle lui avait fait une remarque sur la moto. Il eut un sourire un peu gêné. C’est vrai qu’il n’en avait pas parlé avant mais bon, elle l’aurait trouvé stupide de ne pas avoir peur à moto et d’être un pétochard fini à cheval.

« Cela fait parti des choses que j’ai apprit à l’insu de mes parent, pendant que j’étais au lycée… C’était à ça que me servait mon argent de poche…J’ai passé le permis l’an dernier…En plus, en me baladant dans l’Institut, j’ai découvert qu’une belle Harley attendait sagement qu’on veuille bien la sortir… »

Invité

Laïa frissonna quand les mains de son ami se posèrent sur son aile, alors qu’elle aurait cru le repousser car elle n’aurait pas su lui faire assez confiance, elle ne fit rien et le laissait faire. Il était doux dans ses gestes et elle se détendit quelque peu mais les battements de son cœur s’étaient accélérés en attendant le moment crucial. Son regard s’était posé sur un oiseau dans un arbre en face mais il s’envola rapidement quand elle lâcha un cri de douleur.

De nouveau, elle se retrouva dans ses bras. Elle ferma les yeux afin de se calmer, de respirer un bon coup pour en oublier la douleur procurée qui se dissipait lentement. Elle resta contre lui jusqu’à ce qu’elle se soit apaisée et l’écouta parler de la moto. Il n’allait quand même pas piquer celle de quelqu’un quand même ? Mais apparemment, il semblerait bien que si.

-Merci pour ce que tu as fais, fit-elle dans un sourire, mais tu sais, pour le repos, il n’y a pas de soucis à se faire, je ne vole pas.

Alors cela était sûr, elle n’allait pas trop forcer sur son aile et elle fera plus attention la prochaine fois. Elle jeta un coup d’œil sur son aile qu’elle déploya, il fallait avouer que cela était bien mieux ainsi même si elle avait encore une légère douleur, elle préféra donc ne pas trop l’agiter même si elle avait envie de la dégourdir un peu.

Des anti-douleurs ? Cela n’était pas la peine d’aller dans une pharmacie puisqu’il y en avait dans l’infirmerie de l’institut. Laïa mit sa main dans sa poche pour en sortir une boite.

-Je l’ai prise dans l’infirmerie. Cela me permettait de tenir. Mais cela va aller beaucoup maintenant, je ne pense pas en avoir encore besoin durant longtemps.

Elle remit la boite dans la poche et fit :

-Comment te remercier ? En acceptant de monter en moto avec toi ? fit-elle en souriant, désolée, se rattrapant-elle, j’ai été stupide l’autre jour de te repousser ainsi. Cela aurait pu être réglé depuis longtemps.

Mais en plus du mauvais souvenir, cela aurait été de montrer sa faiblesse devant quelqu’un, en public.

-Tu n’avais pas à t’en vouloir, j’aurai pu te répondre autrement, je n’ai pas été très agréable avec toi. Je suis désolée. On va la faire cette balade en moto, termina-t-elle dans un sourire.

Invité

Adam sourit tranquillement à son amie. Décidément, Laïa ne ratait pas une occasion de se montrer anticonformiste. Ainsi, elle avait subtilisé des antidouleurs dans l’armoire de l’infirmerie. Il devait se l’avouer, il aurait procédé exactement de la même manière. Mais cela ne l’empêcha pas de la taquiner.

« Alors comme cela mademoiselle vole dans l’infirmerie de l’Institut ? Hé bien c’est du propre miss Connel !!! Attendez un peu que je vous dénonce au professeur Xavier !!! »

Adam utilisait toujours l’ironie quand il s’agissait du non respect des conventions. Au moins, ils avaient cela en commun de vouloir vivre selon leurs propres règles.

Ce n’était pas tout mais New-York n’allait pas les attendre éternellement. Le jeune homme décida donc d’accélérer les choses.

« Bon, je te propose de conclure l’affaire de la manière suivante : On se retrouve dans 45 minutes devant le garage de l’Institut. Ca nous laisse le temps de prendre une douche, de s’habiller correctement et éventuellement de se faire une beauté…Tu comprends, le temps que je mette un peu de rimmel, j’en ai au moins pour 20 bonnes minutes… »

Et paf…Encore une blague ! Mais derrière cette dernière, Adam avait une toute autre pensée. Il s’imaginait que Laïa voudrait rétracter ses ailes pour sortir et que cela lui demanderais un certain temps vu que c’était une épreuve douloureuse pour elle. Il l’aida à se relever avant de lui lancer dans un sourire.

« Bon, on est parti ? »

Invité

La dénoncer ? Il n’osera pas, elle le mit au défi de faire cela mais elle savait qu’il aimait prendre le ton de la plaisanterie, elle en avait prit l’habitude maintenant. Laïa voulait vivre selon ses propres lois et puis, cette institut était une maison pour tout ceux qui vivant alors prendre quelque chose chez soi, cela n’était pas du vol...enfin, elle ne partit pas dans ce genre d’argumentation.

Elle se releva avec son aide et fit :

-Je vais faire un effort de tenue vestimentaire pour ce soir et je te paris que je serai prête avant toi.

Bien sûr, elle savait que cela ne sera pas le cas, le temps qu’elle prenne sa douche, se change, se coiffe et qu’elle cache ses ailes…elle sourit en se demandant ce qu’elle allait mettre pour sortir. Elle avait embarqué des affaires quand elle avait fugué mais elle avait grandit depuis. Cependant, cela ne lui avait pas empêché de voler quelques fois, elle était très douée pour cela mais il valait mieux être dans la rue avec des vêtements plutôt correct qu’avec des trous et trop petits. Elle trouvera bien quelque chose…encore un jean, s’était tout ce qu’elle avait de toute façon.

-On est partit. A tout à l’heure.

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