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| [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... | |
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Invité Invité
| Sujet: [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... Sam 13 Juin 2009 - 0:09 | |
| Dix mois... Dix longs mois... Dix mois interminables s'étaient écoulés depuis que Fenrir était repartie en Scandinavie. Elle se remémorait bien tout le chemin qu'elle avait parcourue depuis sa fugue. Les images étaient nettes dans son epsirt : Dents-de-Sabre tant son père, député européen anti-mutants, sous les ordres de Magnéto... Sa fuite aux côtés d'Erik, voyant en lui un nouveau père et guide... L'attaque de l'Institut... Le Fléau et les autres, l'abandonnant pour morte... Hank, à son réveil... Il s'était occupé d'elle pendant sa longue inconscience... Elle avait à nouveau idéalisé en lui un père... D'une certaine manière, elle ne s'était pas trompée : Hank Mac Coy avait été comme un père, mais le père de plusieurs enfants alors que Fenrir ne le désirait que pour elle. Elle avait alors compris qu'il ne lui restait plus qu'une chose à faire : accepter la mort de son père biologique et faire son deuil. C'est la raison qui l'avait poussée à quitter l'Institut. Mais à l'époque, imaginait-elle seulement ce qui allait se passer ?
Lorsqu'elle était arrivée devant le cimetière où son père devait être enterré, elle resta comme figée... Mais sa volonté fut plus forte que sa peur : elle s'engagea dans les allées. Arrivant devant la tombe de son père, le caveau était ouvert et vide, et aucune marque n'était inscrite sur la pierre tombale. La colère et la haine s'emparèrent d'elle. Ce fut une longue course poursuite entre elle et le député Cirians. Mais finalement, elle le retrouva chez eux. Il tenta d'expliquer ce qui s'était passé, qu'en réalité, ce n'était pas lui que Dents-de-Sabre avait tué mais un de ses pairs. Il avait fuit et s'était caché pour échapper aux mutants. Cependant, il avait toujours délaissé sa fille pour s'occuper de la politique, et elle avait dû grandir seule, oubliée de sa propre famille... Et lui, il n'avait jamais pu pardonner qu'elle possède des pouvoirs.
"Cesse de geindre, dans peu de temps tout sera terminé !" furent les dernières paroles de Ice Queen pour son père. Oui. Elle l'a tué. Sans gêne,... Sans regret... Désormais, elle vivait sereine, certaines que personne ne pourrait plus l'empêcher de vivre, puisque plus aucun lien ne l'attachait à personne.
En revenant à l'Institut, Fenrir était en paix. Elle pénétra dans le hall, désert à cette heure si tardive de la nuit. Elle était fatigué de son voyage, et avait besoin de repos. Elle le sentait : elle ne parvenait plus à maintenir le niveau minimum de son drain de chaleur, ce qui amplifiait son aura de froid. Une légère couche de givre se déposait sur le sol autour d'elle. "Enfin chez soi..." soupira-t-elle. |
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| Sujet: Re: [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... Dim 14 Juin 2009 - 2:15 | |
| Un cercle de ciel, la nuit, entre les mur d'un dortoir indiscutablement trop rempli à son goût. Une jeune femme est là, immobile, couchée dans un lit. Elle ne bougeait pas d'un centimètre, si l'on passait outre le mouvement lent d'une respiration apaisée qui trahissait cette stagnation despotique et sans laquelle elle aurait pu passer pour défunte. Allongée sur un matelas, droite, les bras posés le long du corps tel un cadavre sur une table d'autopsie, les yeux grands ouverts et tournés vers la fenêtre, elle observait. À travers ce grand vasistas, les étoiles scintillaient et clignotaient comme si elles étaient en vie, accrochée sur le rideaux de velours sombre d'une nuit bien avancée. Préoccupée, était son état du moment. Intellect profond et d’une façon totalement réfractaire, voir contestataire à ce qui l'entoure. Autocritiques et psychanalyses sous-jacentes d'une mentalité qui pourrait facilement passer pour aberrante et anormale. L'amenant sans cesse dans des apophtegmes illusionnantes qu'elle seule pouvait discerner. Morphée ne voulait pas d'elle en cette sombre nuit. Le vent soufflait une longue et sinistre complainte lugubre aux oreilles du Monde. Quelques nuages frileux cachaient l'astre lunaire, dont les rayons transperçaient à peine les feuilles éparses des quelques arbres rachitiques qui ornaient la façade de l'établissement. Et elle s'emmerdait. Le temps semblait passer si lentement, que les secondes devenaient des minutes, les minutes se muaient en heures et les heures se fondaient en éternité. Et lorsque l'ennui nous submerge, l'envie de le rompre devient dictatorial. Mais voilà, faut-il encore avoir la non-flemme d'abolir cette morosité encombrante. Hors, la fainéantise de l'inconnue était trop présente. En ce milieu de nuit, le dynamisme l'avait quittée, la laissant dans sa paresse tout aussi flegmatique que graduelle. Alors, rassemblant le peu de stoïcisme qui lui restait encore, elle eut un mouvement. Rompant cette inertie quasi totale, cette personne se leva. D'une secousse brusque, peut-être trop brutale, puisqu'elle dû se rattraper à un meuble pour ne pas tomber. Un pas lent, presque inexistant. Inaudible, car apathique. Jusqu'à ne plus être qu'une ombre qui fuit lymphatiquement. Un élan, aussi las et épointé soit-il. Sédition fluctuante qui ne trahissait que son envie d'alcool et de liberté. Avidité recherchée d'une sensation de brulure lorsque la boisson glissait le long de son œsophage, alors qu'elle s'en allait en des lieux où elle se sentait libre. Déchaînant alors les flammes des douces aberrations qui se consumaient en elle. Liqueur spirituelle dont elle ne pouvait se passer, gnôle même qui dénaturait son besoin quasi viscéral de se souler la gueule pour oublier, penser à autre chose. Et ce en un emplacement empli d'autonomie. Seule, dont l'affranchissement qu'elle s'offrait l'emplissait d'un gracieux et agréable instant.
Et elle sortit, non sans oublier d'enfiler un training et un tee-shirt. Pas envie de passer par la case salle de bain, puisqu'elle y aurait droit au matin venu. Fallait pas réveiller les autres. Non pas qu'elle fut submergée d'une quelconque commisération à leur égard. Elle ne voulait tout simplement pas les entendre, pas leur parler, pas avoir à rendre des comptes à qui que ce soit. Dépourvue d'une quelconque émotion, elle avançait pataudement. Les mains fourrées dans ses poches, complètement imperméable, imperturbable à ce qui l'entourait. Indifférente, peut-être le traitre mot qui aurait pu la circonscrire en cet instant même. Son visage ne reflétant alors qu'une austérité âprement neutre. Insensibilité à la vie, antipathie envers les autres et aversion d'une réflexion trop spartiate pour pouvoir être déchiffrée. De quoi faire froid dans le dos. Oui, son sourire n'était en général que le pur reflet de la psychose. Oui, son regard n'était souvent que la propre détérioration d'une animosité absolue. Oui, ses gestes et ses actions n'étaient que platonicité et extravagance d'une vie démesurément non voulue. Arpentant les couloirs d'une démarche tout aussi impassible que détachée, elle avançait. Long silence cadavéreux, enivrant l'espace vital dans lequel se trouvait Gabrielle. En apparence tout au moins, il n'y avait pas un bruit pour rompre le tranquillité de cette sombre nuit déjà trop largement entamée. Et pourtant, au fond de la jeune femme, au creux de son cœur et dans les moindres parcelles de son corps, des sons lointain la tiraillaient et se ravivaient, comme des vieux échos de souvenirs lugubres qui se réveillent sourdement et péniblement après un trop long coma artificiellement provoqué par les drogues, l'alcool, la fatigue, l'enfermement et l'ennui. Des souvenirs qu'elle croyait effacés de sa mémoire, des peurs et des dégoûts enfouis. Tout surgissait en elle comme un bouillonnement intérieur qui a mijoté trop longtemps dans l'ombre et qui éclos trop vivement, comme pour rattraper son retard et réclamer de l'attention. Comme si toutes ses émotions qu'elle avait voulus oublier voulaient s'opposer à Gaby, l'affronter et la maudire, pour lui rappeler qu'un volcan n'est jamais qu'endormit. Les pattes toujours plongées dans ses poches, elle avança. La jeune femme ne savait où aller, mais elle s'en foutait. Ses jambes la mèneraient là où elles le voulaient. Au hasard, elle enjamba plusieurs corridors fait de carrelage sombre qui, même dans la nuit, contrastait fortement avec ses Converses blanches. Baignant dans ses pensées tout aussi frugales que puritaine, elle finit par arriver devant un mur. Blanc, grand, tout ce qu'il fallait pour s'y poser tout en ayant une vue dégagée sur ce qui l'entourait. Posant son dos sur le mur et croisant les bras d'un air peu coopératif, Gabrielle se mit à scruter. Petit à petit, ses yeux s'accoutumèrent à la noirceur nocturne. Petit à petit, elle commença à mieux distinguer les détails. Et au fur et à mesure qu'elle patientait, son ouïe s'améliorait, devenant alors assez fine pour déceler le son lointain de quelques pas étouffés. Quelqu'un approchait, elle en était certaine. Alors, se redressant, elle scruta l'horizon, se demandant d'où cette personne allait bien pouvoir arriver.
L'emmerdement et la lassitude jouaient avec elle, la chevauchant, essayant de la noyer dans un abattement croissant pour qu'elle se morfonde dans sa solitude bien heureuse. Beaucoup de personnes n'auraient vu là qu'une neurasthénie absolue, mélancolie abyssale qui emplissait son âme de diverses pensées tout aussi barbares et perverses que dépravées et malsaines. Mais non, Gabrielle ne fonctionnait pas comme ça. Contrariée, voilà l'adjectif qui la qualifiait de juste façon. Entravée, car irritée et agacée. Horripilée de la vie qu'elle menait ici. L'amenant dans des pensées douteuses et rudement impartiales. Dégoût et amertume, répulsion et antipathie d'une existence qu'elle homologuait de débris et de saletés. Souillures viscérales qui trahissaient son âme, l'amenant tout droit dans des chimères et illusions déplorablement désastreuses. Elle se dégoutait elle-même d'en arriver là. L'état de ses pensées était calamiteux, c'était navrant, c'était répréhensible. Piètres et dérisoires concepts d'un intellect pourtant plus élevé que la moyenne. Une intelligence qu'elle discréditait et qu'elle rabaissait, puisqu'elle ne s'en servait point. Jugements et opinions de sois, qui l'amenaient dans des conclusions peu joviales. Abstraction et discernement d'un esprit trop sanguinaire pour pouvoir être analysé comme correct. Profondeur et perspicacité d'une observation sous-jacente de soi-même. Soupir paradoxal, laissant filer un fin cirrus virginal d'entre ses lèvres. Décidément, le printemps avait beau annoncer son arrivée, il ne semblait pas se presser le cul pour approcher. Saison, renouveau, analogie des beautés et de la Nature. Choses futiles et frivoles pour la demoiselle. Comment vaincre l'ennui, alors que tout ce qui nous entourait n'avait aucune valeur à nos yeux ? Fallait-il espérer qu'une chose se révèle authentique pour que cette morosité soit incontestablement abattue ? C'est avec pragmatique que son audition se montra améliorée. Sa vision aussi devenait nette et fortifiée. Les autres sens ne servant à rien, ces quelques futilités se réveillèrent de leur engourdissement graduel. Et fort heureusement, car, grâce à cela, elle put discerner et percevoir les quelques et légers sons de petits pas oppressés sur l'asphalte abimée. Presque imperceptibles, ce brouhaha presque agile et aérien aidèrent son esprit à sortir de ce lymphatisme apathique qui ankylosait et paralysait son âme et sa pseudo spiritualité, aussi basse et peu commune soit-elle.
Que ressentait Gabrielle, en ce moment ? Cette traîtresse et perfide sensation de repos et de calme absolu. Ataraxie complète d'une sérénité tranquillisée. Placidité admirablement bien trouvée, alors que seulement quelques instant naguère, elle se torturait l'esprit pour de si petites choses. De l'incertitude d'être observée mêlée à la conviction de ne plus être seule. Et pourtant, elle s'en fichait. Qu'on l'épie, qu'on l'observe ne changeait rien à son humeur. Accablant, celle-ci en devenait impressionnante. Inquiétant, certes, mais pas intimidante pour tout le monde, ce qui en était fort dommage. La nuisance des grabuges de ces enjambées aussi abrégées que suffoquées lui parvenait maintenant avec considérablement plus de clarté. La justesse des sons atteignait ses tympans d'une limpidité et d'une précision remarquable. Maintenant, il n'y avait plus aucune perplexité. La personne arrivait d'en face, le scepticisme de Gaby s'était envolé, faisant place à une audace magistralement émérite. Les bras toujours entrecroisés et posés sur son thorax, elle épiait. N'aimant pas se faire prendre par surprise, elle s'apprêtait à toute éventualité. Car la possibilité de tomber sur quelqu'un qu'elle n'aimait guère était fort subsistante, étant donné que la jeune femme n'aimait en général personne. Et l'inconnue approcha enfin, silencieuse d'une foulée fluctuante. Quasi aphone, elle avançait en se mouvant discrètement, comme calfeutré dans des orifices personnels qu'elle seule pouvait discerner. Une personne mystérieuse, qui valait peut-être la peine qu'elle s'y arrête quelques secondes pour déchiffrer, décrypter ce qu'elle était réellement. Qui a dit que rien n'était impossible ? |
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| Sujet: Re: [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... Dim 14 Juin 2009 - 16:00 | |
| La fatigue gagnait de plus en plus Fenrir. Mais ce n’était pas qu’une simple fatigue physique, où l’on sent ses membres s’engourdir et ses gestes s’exécuter avec lenteur et lourdeur ; c’était également une fatigue morale et psychique. Les événements qu’elle avait vécu en retournant en Europe se bousculaient encore en sa tête, même si désormais elle était sereine et apaisée. Paradoxe, peut-être, de cette libération de l’âme du fardeau paternel, que de se sentir enfin soulagé d’un poids trop longtemps porté auquel l’on fait l’erreur de s’habituer et qui, une fois envolé, créé un vide et un manque dont on sait bien qu’il ne pourra jamais être comblé à nouveau. Mais le fait était là pour Fenrir, et malgré cela, elle était heureuse de ce qui s’était passé : libérée enfin de son père et se son emprise psychique ne résultant que de sa simple existence et de ses opinions politiques contraires à la nature de sa propre fille, le sentiment de culpabilité d’avoir assassiné son géniteur ne viendrait assurément pas de son vivant. Quoique, à la limite, sur son lit de mort… Mais cette situation ne serait pas pour maintenant !
En revenant à l’Institut Xavier, elle espérait retrouver une certaine « chaleur » fraternelle conséquence de la présence de nombres de mutants de tout âge et toutes origines vivant en communauté, telle une grande famille. Avant son départ, elle n’avait pas su se faire une place parmi ces personnes, encore trop méfiante des temps passés au sein de la Confrérie. Cependant, désormais également libérée de cette étreinte quelque peu paranoïaque, elle s’était même étonnée de ne plus en vouloir à cette trahison commune orchestrée par le Fléau et les autres confrères lors de l’attaque de l’Institut. Par certains côtés même, c’est à eux qu’elle leur devait sa condition actuelle : s’ils ne l’avaient pas laissé pour morte en fuyant comme des lâches, elle n’aurait jamais rencontré Hank McCoy. Et de ce fait, elle n’aurait jamais pu suivre son parcours jusqu’ici. De la reconnaissance ? Non, pas exactement. Son sentiment vis-à-vis de la Confrérie restait du dégoût, mais profondément elle les remerciait de lui avoir permis de devenir ce qu’elle était aujourd’hui : une Ice Queen libérée des fantômes du passé.
Enfin rentrée à l’Institut, elle espérait ainsi pouvoir commencer par prendre du repos. Un long repos salutaire bien mérité à vrai dire. Mais s’attendait-elle, au beau milieu de la nuit, à trouver quelqu’un dans le grand hall ? Sûrement pas ! Certes, elle-même n’avait rien à faire ici à une heure aussi tardive que celle-ci. Mais sa condition actuelle pouvait bien l’excuser pour si peu. Et il devait y avoir eu des changements depuis son absence, de nouveaux élèves et étudiants, peut-être de nouveaux professeurs… Qui sait ? Elle aurait tout le temps d’aller découvrir cela.
Elle s’attarde un peu plus en détail sur la personne ici présente, remarquant que c’était une jeune femme, apparemment de la même tranche d’âge qu’elle. Il fallut quelques secondes à Fenrir pour que ses yeux s’habituent aux profondes ténèbres de l’intérieur du bâtiment. Une fois fait, elle s’avança de quelques pas pour aller saluer sa future interlocutrice. A chacun de ses pas, du givre se répandait autour d’elle, sur le carrelage du sol, et une petit nuage brumeux de vapeur d’eau se formait devant les lèvres de Fenrir lorsqu’elle respirait. La température ambiante chutait autour de son corps, et une ambiance hivernale s’installait à même l’intérieur du couloir.
« Bonsoir. Que fais-tu ici à cette heure tardive ? » se hasarda Ice Queen. Certes, elle avait encore des progrès à faire en matière de communication, mais c’était une manière comme une autre d’engager la conversation. Elle avait parlé sur un ton neutre, une note de curiosité dans la voix, pour ne pas paraître agressive. |
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| Sujet: Re: [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... Lun 15 Juin 2009 - 1:57 | |
| Elle eut un soupir, seule et unique réaction qu'elle réussissait à avoir, tandis que son visage restait inflexible, aucun sentiment ne venait dénaturer son faciès. Il restait imperturbable, dénudé qu'une quelconque émotion. Désespérante, était le mot exact qui lui venait à l'esprit en cet instant pour décrire l'inconnue qui se tenait face à elle. Elle était pitoyable à regarder. Lamentable à écouter. Pathétique, d'autant plus qu'elle causait à du vent. Rencontre affligeante, dans un bâtiment minable, lors d'une nuit des plus déplorables. Extraordinaire, c'était fabuleusement... Miteux. Car oui, voilà ce qui troublait son esprit de jeune femme tourmentée. A croire que la nuit, le niveau de neurones descendait en flèche chez les gens. Elle les trouvait encore plus débiles que d'habitude. Létargisme cellulaire rompu d'une main glissée dans sa poche. Sortant de celle-ci un flacon, cette même liqueur dont elle ne pouvait se passer. Geste qui trahissait son envie d'alcool. Gnole qui réchauffait son âme et qui brûlait son corps. Une petite bouteille de Vodka qui ne tarda pas à s'en voir démunie de son bouchon. Portant le goulot à ses lèvres et laissant le liquide glisser dans sa gorge, réveillant les flots du souvenir. Des flashs de toutes les fois où elle s'était bourrée la gueule, de toutes les fois où le degré présent dans son sang s'était élevé de façon si considérable que le coma s'en était inévitablement suivit. Et une autre main glissée dans la poche arrière de son vieux jean pour en sortir un paquet de cigarettes nommé "Camel", avant de l'ouvrir et s'en extirper un joint qu'elle avait roulé le soir précédant. Glissé entre ses lèvres avant d'y apporter une petite flamme tout droit sortie d'un briquet, afin d'en brûler l'extrémité. Et cette odeur... Ce même remugle d'herbes séchées qui se rependait dans l'air, cette fumée toxique qui se glissait dans ses poumons tel un serpent rampant dans son terrier, avant de s'accrocher à ses bronches. Sensation euphorique de délivrance qui conquérait l'entièreté de son enveloppe charnelle. Impression de bien-être succinct et éphémère qui trahissait son âme et qu'elle ressentait jusque dans l'extrémité de ses doigts.
Long regard empreint de lassitude et d’ennui rivé sur la tuyauterie de chaire protégée par une carapace de froideur féminine. Gabrielle observait la jeune femme qui lui faisait face avec autant d’attention que si elle s’était intéressée au lent mouvement d’un nuage se mouvant péniblement dans un ciel trop vaste pour sa petite personne. Indifférence. Une sensation qui ne l’envahissait que trop souvent et avait ce don de la rendre amorphe et désintéressée du monde. Besoin de renouveau, envie d’être surprise, de rencontrer quelqu’un qui, tout comme elle, ne sache pas jouer la comédie, ou alors au contraire, qui sache s’y faire tellement magnifiquement bien que cette personne en oublie vraiment qui elle est tout au fond d’elle-même, en dessous de son rôle si bien appris et sois absorbé par le personnage qu’elle voulait donner l’impression d’être. Ses confrontations avec les autres étaient toutes les mêmes. Êtres humains entre être humains, mutants entre mutants, quel engouement passionnant n’est ce pas ? Ennuyant et sans but face à face d’êtres noyés dans le faux. Quel intérêt ? Provocations, mauvaises paroles, aversion, haine et lassitude. Rien. Il ne se passait que du vide. Tout était creux. Le vieux théâtre du monde ne passait que les mêmes pièces depuis des siècles. Gaby en connaissait les répliques par cœur et la brève finalité n’était plus surprenante mais pathétiquement trop peu extravagante pour mériter qu’on ne s’y attarde trop longtemps. Alors à quoi bon ? Pourquoi avait-elle à nouveau cédé à cet élan que d’accrocher une personne de plus ce soir là ? Rompre la monotonie, parler à autre chose qu’à elle-même, passer le temps...
Le problème venait sûrement d'elle, mais là n’était pas sa préoccupation ce soir, la jeune femme avait cessé depuis bien trop longtemps d’envisager l’idée de se remettre en question. Elle était une ordure qui s’était échappée du berceau de déchèterie qu’était l’ovule de sa mère pour arriver dans l’enfer du purgatoire. D’un geste brusque et machinal, elle jetât son mégot consumé jusqu’au filtre devant elle. Celui-ci allât s’écraser sur le sol près de la silhouette de la jeune fille en provoquant un dédale de scintillement orangés qui contrastait violemment avec le noir de cette nuit trop sombre. Gabrielle expirât lentement la dernière contrariante et récalcitrante fumée qui avait refusé de rester tapissée au fond de ses poumons invivables avant de poser un regard fatigué sur le ciel noirâtre qui lui rappelait ses alvéoles pulmonaires. Pas d’étoile. Même le ciel avait une carapace. La pollution. Et l'autre... La détaillant rapidement du regard, elle arqua un sourcil quant à son observation. Une allure dépravée pour une mentalité qui en serait probablement, assurément rattachée. Filiforme, elle en devenait déroutante. Loufoque, assurément. Passionnante, certainement pas. Le monde s'arrête-t-il vraiment à cet avilissement lorsque la vie devenait un fardeau et que la mort n'en serait que délivrance ? Les mystères de la vie, aussi pourrie et dégueulasse soit-elle. Agonie latente et taciturne, décadence léthargique d'une subsistance que l'on se forçait à faire avancer, alors que le désir de subsister nous avait abandonné depuis fort bien longtemps. Charogne et corruption. Moisissure et ordure d'une destinée en putréfaction. Altération et décomposition de sois. Dégradation et dépravation de son propre avenir. Fatalité. Et le pâle silence de la nuit fut rompu par la voix jeune, féminine et défensive de l’être qui lui faisait face. « Bonsoir. Que fais-tu ici à cette heure tardive ? » Devait-elle répondre, même si l'idée de gaspiller sa salive pour cet inconnu lui en donnait un arrière goût nauséeux en bouche ? Certainement. Absolument. Assurément.
- Et si on retournait la question, ma Belle. Qu'est-c'que tu fous là ? Sourire cynique d'une âme sadique. Il ne fallait jamais se payer le luxe de se fier aux apparences. Elle pouvait paraitre gentille, certes. Elle pouvait paraitre fragile, oui. Elle pouvait paraitre conne, peut-être. Mais comme ces cons le disaient souvent, il ne faut jamais se fier aux allures et aux aspects. Faux-semblant, simulacre, hypocrisie, simulation, trompe-l'œil... Tous ses mots n'avaient pas été inventés pour faire coquet. Et le temps de cette fausse conversation ; simulacre. De ces regards qui n'en étaient pas ; façade. De ces mots qui paraissaient banals mais qui ne servaient qu'à déstabiliser ; hypocrisie. De ces apparences qui pouvaient être trompeuses ; Faux-semblant. De ces allures dépravées qui ne reflétaient de l'état d'un esprit ; trompe-l'œil... Gabrielle n'avait pas bougé, même pas cillé. Son corps était resté raide, figé et hiératique. Impassible et inerte de cette position stationnaire, elle ne comptait assurément pas bouger. Regard effarant de par sa froideur et l'inexpression qu'il dégageait. Ses cheveux longs, trop longs - qu'elle avait oublié d’attacher - se mirent à virevolter autour d'elle sous une bourrasque de vent infiltrée sous la porte. Chevelure dont la couleur dorée ne faisait qu'ajouter un peu de mystifié à la lune dont les rayons s'honoraient déjà de reflets argentés dans cette nuit concave d'un insondable néant. Abysses mêmes de couardises qui faisaient si peur à beaucoup trop de personnes. Le seul effet que cela avait sur Gaby était de la reposer. Césure méritée, car le temps n'avait certes pas l'intention de s'arrêter pour la laisser souffler. L'ennui avait progressivement décampé, seule une nonchalance parfaitement soumise pouvait à présent se lire sur son visage. Seule constatation qu'elle laissait lire en elle, celle de l'assurance mêlée à l'arrogance bien travaillée qu'elle s'était exercée à composer depuis bien des années déjà. Son regard était insolent, son sourire était méprisant, toute son allure en arrivait à être orgueilleuse. Car oui, elle pensait perpétuellement à elle. Les autres n'avaient pour Gabrielle pas la moindre importance. Et l'attention qu'elle portait à l'inconnue s'en résumait alors à un seul mot : Distraction. Faible étourderie que l'inconnue lui apportait par sa seule présence. Même si celle-ci n'était qu'illusoire, cela arrivait à l'amuser un peu. Fallait bien qu'elle serve à quelque chose, celle-là. Sinon, à quoi bon rester près d'elle ? D'ailleurs, elle attendait quoi ? Qu'elle vienne lui serrer la main en lui ânonnant, telle une pimbêche "Salut, j'm'appelle Gabrielle et toi ?", pour ensuite glousser comme une conne, avec un grand sourire, aussi faux soit-il ? Dans ses rêves, ouais. Rien à perdre, rien à devoir prouver à qui que ce soit, voilà ce qu'étaient les pensées de la demoiselle. |
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| Sujet: Re: [LIBRE] - Rentrer à sa véritable maison... Mar 16 Juin 2009 - 23:44 | |
| Affligeant… Désolant… Désolant et affligeant… Après toutes ses expériences, ses quelques mois au sein de la Confrérie, parmi les “traitres” comme il lui arrivait encore d’y penser, puis ses premières semaines à l’Institut, son actuel “chez soi” désormais et sa véritable demeure, et le long et interminable exil d’un an et qui prenait fin en cette nuit et en cette heure, Fenrir se rendait compte qu’elle ne savait toujours pas y faire : le social n’était vraiment pas sa tasse de thé, et le relationnel laissait à désirer sous bien des aspects. Mais apparemment, au vu de l’indifférence marquée et prononcée de son interlocutrice, elle n’était peut-être pas la seule dans ce cas à ne pas avoir de compétences dans le contact humain. Longtemps avant, elle avait été similaire en prenant l’indifférence comme maitre mot pour ne pas avoir à s’exprimer ouvertement et laisser paraitre ou transparaitre la moindre parcelle de ce que l’on peut qualifier de sentiment et d’émotion. Elle connaissait donc très bien ce genre de comportement, qui cachait la plupart du temps soit un grand malaise intérieur de faire parti d’un monde comme celui-ci ou rien ne peut nous sortir de notre torpeur intérieur, soit d’une simple folie psychique menant alors a quelque paranoïa ou sadisme que se soit, sans pour autant tirer réel plaisir de ces manèges, synonyme d’une longue plainte déchirante caché derrière une façade de marbre souvent trop trouble. Mais cela ne servait à rien d’entrer dans le jeu de la jeune femme en ce moment précis et de manière consciente, bien que souvent la pseudo-lucidité dont on peut faire preuve en ces moments signifie tout bêtement notre envie profonde et sous-jacente de divertir par notre inconscience, notre inconscient justement.
Au moment où le mégot atterrit sur le sol avec un léger nuage de fumée grisâtre, à quelque dizaine de centimètres de ses pieds, Fenrir ne comprit pas vraiment se qui se passait en ces lieux. Quelques étincelles rouges rebondirent autour du filtre resté nu ainsi couché sur le sol, mais il y eut comme un souffle froid et glacial semblable à une once de blizzard qui venait perturber la sérénité qui forçait la nuit à nous être reposante en apparence. Le vent s’engouffrant sous la porte d’entrée du grand hall portait en ses jupes l’humidité nocturne de ces nuits d’été, alors que la terre transpirait en visible la chaleur assommante des rayons solaires et trop intenses reçue lors des journées. Cette eau diffusée parmi le souffle d’air, ces quelques gouttelettes en suspension, ces molécules d’oxyde de dihydrogène perdues dans ce nuage de multiples gaz déjà entremêlés les uns aux autres, Fenrir les appréciait. Elle les aimait ; car souvent, elle regrettait de pas être capable de créer elle-même l’eau ou la glace nécessaire à son pouvoir et pourtant tellement vitale à l’existence de celui-ci*. Le petite brise emporta avec elle et dans ses plis et replis les quelques pulsions incontrôlées (et instinctives ?) du drain de chaleur vers l’interlocutrice de Fenrir. Le mégot encore chaud à cet instant, fut balayé et renvoyé aux pieds de son propriétaire tout en étant recouvert d’une couche de givre blanc ; tout comme le carrelage sombre du couloir qui s’habillait subitement d’une blancheur caractéristique des fins cristaux de glace timidement formés au contact de l’air plus froid que le sol.
Pourquoi son pouvoir se déclenchait-il encore à son insu ? Comme bon nombre d’autre fois ? Cela, Fenrir ne se l’était jamais expliqué car elle n’en avait pas vu de contrainte jusque maintenant. Etait-ce une preuve de perte de contrôle s’installant et s’insinuant petit à petit à mesure que le temps passait ? Bien évidement que non, Fenrir gardait une maitrise totale sur son pouvoir dont elle usait et avait usé, voire abusé et abusait, moult fois au point de plus être capable de les dénombrer. Lorsqu’elle sentait son aura de froid s’étendre, elle considérait cela comme de l’instinct, une espèce de sixième sens pouvant la prévenir d’un quelconque danger ou la protéger d’une quelconque agression à venir. Mais ici, en ce lieu et cet instant, y avait-il attaque à craindre de la part de cette statue sans émotion se trouvant face a elle ? La confusion régnant entre cette inexplicable manifestation de son don et la rationalité du psychisme de Fenrir la mettait mal à l’aise, bien que cet inconfortable position ne fut qu’intérieure et sans répercutions sur son comportement actuel.
En toute lucidité, Fenrir savait sa réflexion paradoxale du fait que jamais son pouvoir ne l’avait trahi, en ce sens ou chaque manifestation intempestive et involontaire lui avait toujours été une aide ou un soutien, qu’importe les situations dans lesquelles elle se trouvait. C’était donc bien qu’il y avait une raison à cela, et elle n’allait pas tarder à le découvrir. Ses sourcils se froncèrent et une léger rictus se posa sur ses lèvres d’albâtre, tandis qu’un teint blafard quelque peu morbide dans cette constante pénombre recouvrait peu a peu son visage. Intérieurement, elle reprit la question pour-elle-même : *Ce que je fais ici ?*. Mais sa réponse fut orale et sèche car elle ne voulait pas non-plus éterniser une conversation qui malgré un demeurant singulier, semblerait finir creuse et dénuée d’intérêt… (Quoique…). Sa voix claire résonna comme un cristal, alors qu’elle formulait oralement la réponse à son interlocutrice : “Je rentre d’exil après avoir tué mon père…” Tant qu’a être sur la défensive de part le fait d’une utilisation non-contrôlée de son pouvoir, Fenrir entrerait dans le jeu de celui-ci : s’il y avait danger, autant permettre à l’éventuel agresseur de connaitre directement les actes dont était capables l’éventuelle agressée. Et qui sait, cela permettrait peut-être de briser la glace ?
* Jusqu’à présent, l’utilisation du pouvoir de drain de chaleur de Ice Queen ne s’est faite que de manière à mettre sous forme solide l’eau liquide ou gazeuse présente dans un corps en contact avec elle ou dans l’atmosphère proche. Mais il n’est pas exclu de pouvoir utiliser le drain à d’autres fins, et personne ne sait réellement ce qui pourrait se passer si Ice Queen se retrouvait en échange proche et direct avec un foyer de combustion comme une flamme ou tout autre source de grande chaleur. Les limites de son pouvoir n’ont pas encore été explorées dans cette direction, et Dieu seul sait ce qui pourrait advenir si Ice Queen emmagasine trop de chaleur… |
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