Le début d'une nouvelle ère

Writing the future

Louise a réservé l’une des salles d’entrainement de la Confrérie cet après-midi. Pour pouvoir être seule, pour ne pas être dérangée par des gêneurs intempestifs. Porte verrouillée, elle s’assure la tranquillité et la concentration qu’elle désire et qui lui est nécessaire pour ce qu’elle a à faire. Aujourd’hui, l’heure n’est pas à l’entrainement pour la création d’électricité, talent qui reste désespérément en friche chez elle, à son grand désarroi...Il n’y a rien à faire, elle n’arrive pas à la faire surgir de ses mains...Tout au plus quelques petites étincelles, mais rien de bien vraiment important. C’est frustrant, énervant, surtout qu’elle croise régulièrement l’une des dernières recrues de la Confrérie, le jeune Orion, l’un de ses compagnons du département Opération. Bien sûr, lui n’est pas capable de maitriser ses salves mais il peut les créer, et elles sont puissantes. Et c’est suffisant pour faire baver d’envie Ampère à chaque fois qu’elle l’observe en action.

Mais l’heure n’est pas aux jalousies mais plutôt à l’entrainement. De sa poche, elle sort ses nouvelles « armes ». Dur à dire que les gants qu’elle tient dans la main en sont, mais il s’agit pourtant bel et bien de cela, et d’une technologie très poussée. Évidement, ils ne ressemblent pas à des gants normaux, mais ils sont suffisamment discrets pour qu’on ne puisse pas songer au danger qu’ils représentent. Ils sont en sa possession depuis peu. Concrètement depuis qu’elle a accompagné Fatale dans sa rencontre avec cet homme...Louise ne serait dire exactement ce qu’elle en pense. Belle gueule, air de gamin même, mais qui cache une personnalité hors du commun. Il s’agit du vendeur de drogue, celui qui négocie avec la Confrérie, qui la fournit en Marteau...Sans doute a-t-il plus de talents et d’activités cachés qu’Ampère ne connaît pas, mais nul doute qu’il doit en avoir. Représentant d’un autre, de ce qui semble être une organisation puissante...Louise ne sait pas trop et il n’est pas sûr que ses chefs en sachent beaucoup plus. Quoi qu’il en soit, la Confrérie traite avec cet homme, ce qu’il a à vendre est toujours intéressant et Louise a pour une fois l’occasion d’en profiter. Pour elle qui n’a pas encore gouté le Marteau – à voir comment se comporte Mewen qui semble déjà y penser continuellement, ça donne vraiment peu envie-, elle a enfin trouvé un avantage aux visites de cet homme. Elle baisse les yeux et observe brièvement ses gants, confiante et satisfaite. Elle n’a jamais combattu avec des fouets, ni même avec la moindre arme blanche, et elle donc loin d’être un expert en la matière. Mais cela ne l’inquiète pas. Ses mains ne sont peut-être pas assez rapides pour l'instant mais elle ne demande qu'à s'entrainer. Le reste viendra bientôt, avec le temps. Avec Fatale, avec Mystique, ou avec un autre, peu importe. Mais une chose est sûre. Elle parviendra un jour à les maitriser. Autre chose : ils sont un atout dans sa protection. Elle n’a pas de boucliers, pas d’armure...Pas de défense notable, ces deux armes mortelles sont décidément les bienvenues contre les attaques diverses...Mais chaque chose en son temps. Il faut d'abord commencer par le commencement...




Allez, il est l’heure de commencer sérieusement. Sans perdre plus de temps en réflexions inutiles, Louise enfile les deux gants, puis se campe sur ses jambes, seule au milieu de la grande salle. Elle enclenche le mécanisme d’ouverture des deux merveilles de technologie et aussitôt les deux fouets surgissent, claquant avec force devant elle. Pour la première fois, elle en soupèse le poids, découvre le maniement, observe l’élégance de cette arme qui ondule comme un serpent. Son esprit prend déjà le contrôle de la source d'électricité, une chose de moins de laquelle se soucier. Avec ses pouvoirs, celle-ci est continue.

Elle continue à agiter le fouet, le faisant claquer avec force. Max lui a vanté les possibilités de ces fabuleux gadgets et il faut avouer qu’elles sont alléchantes. Elle leur fait fendre l’air, d’abord lentement, s’habituant aux sensations, puis elle accélère, les faisant tournoyer et claquer avec force, un peu comme Indiana Jones dans son temple ou Catwoman en train de miauler sur les toits. Comparaison certes ridicules mais pas tellement loin de la vérité. Louise traque des animaux sauvages invisibles, des ennemis imaginaires, elle s’amuse à s’inventer une réalité autour d’elle tandis qu’elle prend peu à peu le coup de main. Elle sent la puissance entre ses doigts, la vitesse...Elle frappe de plus en plus fort. Le mur du son est traversé à chaque claquement tellement la résistance avec l’air est minime. Au fil des minutes et des mêmes gestes répétés, Louise commence peu à peu à amadouer les bêtes, ses mouvements deviennent de plus en plus aisés... Elle les fait tournoyer dans de larges cercles, devant elle, puis au dessus de sa tête...Les éclairs qui parcourent le métal illuminent la pièce...Elle trouverait ça presque beau dans d'autres circonstances.

Maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses...Et elle s’amuse à tester ses possibilités...Arme d’attaque, de défense, destructrice et protectrice à la fois, les possibilités de ses nouveaux jouets sont nombreuses. Elle active à distance le programme qu’elle a préparé quelques jours avant et dans un grincement métallique, une série de cibles apparaît. Rien de dangereux, rien de mobile. Il s’agit juste de viser et de faire mouche...Les premiers coups sont hésitants, ils ratent souvent leurs cibles. Les mouvements sont encore timides, vagues, aléatoires, les trajectoires imprécises. Le fouet atterrit un peu n'importe où, s'écrase par terre en laissant de sacrées marques. Qu'importe, le sol a du en voir d'autres, entre les coups du Fléau, les flammes de Pyro ou encore les secousses d'Avalanche, et le reste. Louise, elle, tente encore et encore, réessaye inlassablement, motivée par l'envie farouche de parvenir à son but, la maitrise totale de ses fouets. Avec du temps et des efforts notables, elle s'améliore et prend le coup au fil des minutes qui s'égrènent. Le chemin qui reste à parcourir est encore long, il lui reste encore de sacrés progrès à faire mais elle parvient à obtenir quelques résultats satisfaisants. Finalement, après nombres d’échecs, le fouet parvient à faire tomber la totalité de ses cibles.



Louise sourit, enchantée et réjouie. C’est encore loin d’être parfait mais les débuts sont prometteurs. Motivée, elle poursuit son entrainement et passe à la phase suivante.... En l’occurrence, un objectif mobile. Une sphère robotisée volante qui tourne autour d'elle sans comportement agressif, sans feinte...Elle se contente de voleter dans les airs en trouvant une trajectoire aléatoire. Pour Louise, le but est simple pour l'instant, il s'agit de la toucher. Il suffit de viser, en s'appliquant à donner l'effet nécessaire pour que le bout vienne percuter sa cible. Ça, c'est la théorie. Facile...Le reste l'est nettement moins, surtout quand l'on a pas l'habitude. Et il est clair que la jeune Louise est toute une bleue dans ce domaine et il lui reste encore des chemins à parcourir. Pour elle, la tâche se complique ...

Enfin, elle parvient à la toucher, cette saleté. Du bout de son fouet, en prime. La chance du débutant sans doute. La boule, touchée par l’arme capable de transpercer l’acier, est labourée partiellement, avant de s’écraser sur le sol dans un festival d’étincelles. Bon. Tant pis, il y en a d’autres. Et elles apparaissent une par une face à elle...Ampère les abat l’une après l’autre plus ou moins rapidement et bientôt le sol se retrouve jonché de carcasses métalliques...Elle commence à ressentir la fatigue, autant physique que mentale. Le maniement des armes se révèle plus compliqué que prévu et elle en sue...Dur, dur. Pourtant, ce n’est pas l’heure de se laisser aller, le plus dur reste à venir.

Dans le fond de la pièce, une alcôve s’ouvre soudain dans la paroi, laissant apparaître une espèce de canon qui se tourne vers elle. Aussitôt les projectiles commencent à fuser dans sa direction, sans répit. Au début, ce sont les réflexes qui entrainent Ampère et la font sauter sur le côté pour les éviter. Mais très vite, la vérité s’impose à elle...Ce n’est pas vraiment de cette façon qu’elle va à parvenir à contrôler ses fouets. Elle s’oblige enfin à rester au même endroit et commence à agiter ses armes vers ces cibles. Mais ce n’est pas encore gagné...La fatigue commence à peser lourdement sur ses épaules, autant physique que mentale, et ses gestes sont de plus en plus maladroits...Elle rate une cible, s’écarte pour ne pas la prendre dans la figure, réessaye sur la suivante, échoue lamentablement...Une fois seulement, elle parvient à faire dévier l’une d’entre elles en la frôlant...Pas terrible mais c'est déjà ça de fait...

Soudain, elle n’a pas le temps de s’écarter et l’un des projectiles la percute durement à l’épaule...Sous le choc, elle en tombe lourdement en arrière et s’écroule sur le sol, qui la reçoit peu chaleureusement. Aussitôt les fouets rentrent dans leurs étuis, dociles, tandis que les projectiles fusent. Dépassée, Ampère ne peut plus éviter les coups qui pleuvent et ne peut faire qu’une seule chose. La stopper. Immédiatement, elle braque sa main sans tarder sur la machine et se concentre pour l’arrêter...Le canon se tait sur-le-champ dans un couinement.

Épuisée, Louise se redresse haletante et croise les jambes, les coudes sur ses genoux et la tête dans ses mains. Puis elle frotte énergiquement son visage avant de se relever...Difficilement. Tout son corps lui fait mal, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle jette un regard circulaire...Et admire le champ de bataille qui règne autour d’elle.

Décidément, il lui reste du pain sur la planche...