|
|
| Les tremblements de la plume (PV Hayden) | |
| | Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Mar 2 Mar 2010 - 21:19 | |
| Quelques minutes avant 10h00, un hôpital de New York
Comme j'avais redouté ce jour depuis près d'une semaine, voire peut-être même deux semaines, je ne me souviens à ce jour plus du temps d'intervalle que l'on m'avait accordé avant que cela ne se produise. Tout d'abord, lorsque j'avais aperçu du coin de l'œil l'emblème marquant mon plus terrible des cauchemars, je m'étais assombri à une vitesse presque hallucinante, tant j'avais volontairement oublié ce maudit établissement qui m'avait enfermé pendant presque une année entière à défaut de prétendre avoir encore des examens à passer, des traitements spéciaux à expérimenter et toute la mise en scène qui avait encore pu être inventée ou imaginée. En fait, j'avais encore du mal à compter précisément le temps que j'avais perdu de ma vie à demeurer dans cette énorme bâtisse, prisonnier des blouses blanches et des infortunés en tout genre, victime des gélules et des piqûres à répétition, forcé d'avaler une nourriture des plus infâmes… Tant d'horribles souvenirs dissipés par les bons soins prodigués par Lore et par Lydia, tant de désespoir qui venait de ressurgir en un seul petit dessin… Sévèrement déprimé subitement, je voulus délaisser ce morceau de papier et remettre à plus tard la lecture de ce document, mais cela ne fonctionna que quelques minutes car Lore me rappela très peu de temps après, peut-être seulement cinq minutes ou même encore moins, que j'avais du courrier de la part de l'hôpital, ce qui était bien ma veine qu'elle prononça le moment distinctement, donc finalement j'abandonnais l'idée de remettre cela à plus tard, et je lus l'ensemble du courrier, bien loin de ma bonne humeur habituelle depuis quelques temps. Si de par mon statut d'écrivain j'étais plus ou moins habilité à jongler avec les mots et à créer des phrases parfois sans queue ni tête qui arrivaient même à me perdre personnellement, force était de constater en la présente que j'avais bien du mal à comprendre certaines choses, notamment des termes médicaux qui m'étaient totalement incompréhensibles, de par la langue d'une part et de par le sens d'autre part, et cela m'énervait de plus belle que de ne pouvoir tout saisir, à cause d'une nature perfectionniste irascible. Je ne saurais récrire la lettre car tant de souffrances réveillées m'avaient poussé à jeter la lettre aussitôt que cette affaire fut réglée, mais je me la remémore encore suffisamment pour pouvoir expliquer de quoi il en retournait. Dans cette lettre il était question que je retourne mettre les pieds dans cet endroit maudit, et à la limite du funeste car il avait fini par tuer ma bonne humeur et s'était alors attaqué à mon âme, mais bénie soit la compagnie que j'avais tous les jours, presque à chaque instant de la journée et de la nuit, et qui avait empêcher mon être de se morfondre intégralement et causer ma perte définitive. Les médecins voulaient que je vienne faire une consultation, qui allait très certainement me demander un temps excessivement long car ils avaient remarqué, comme si la disparition de mes cordes vocales ne suffisait pas, une activité cérébrale inférieure à la moyenne, bien que je ne compris pas dans quelle mesure cette information était justifiée. Le jour-J étant finalement arrivé, trop vite certes à mon goût, Lore me proposa tout naturellement de m'accompagner, car elle connaissait la profonde inquiétude que j'avais en pensant à cet endroit, mais je déclinai poliment son offre, je voulais affronter mes démons seuls, à défaut de n'avoir pas pu le faire auparavant. Je lui souhaitai donc une bonne journée, car je n'allais très certainement pas être de retour avant un moment, et partis pour l'hôpital, théâtre de mes enfers.
J'avais pris pour but de faire le chemin en cette matinée à pied, et avais donc calculé mon temps de marche en fonction qui était donc d'environ une heure et je devais par conséquent arriver vers 10h30, mais le fait que je sois désormais seul pour me jeter dans la gueule du loup, mais alors sans doute une loup mutant croisé avec un ours et doté de l'agressivité d'une hyène, commença très vite à me cisailler l'estomac, dont les coupes se faisaient à chaque pas que je faisais un peu plus en avant. Finalement après une petite dizaine de minutes à sentir mon âme trembler plus que mon corps lui-même, ce qui n'était pas peu dire, je fis signe à un taxi qui passait miraculeusement par là pour lui indiquer sur un bout de papier l'hôpital. Le chauffeur, un homme d'une petite trentaine d'année, voulut tenter de discuter un peu avec moi car il avait sensiblement un souci tant sa voix était tendu et sa conduite tremblante, le pauvre il n'avait pas choisi la bonne personne, je ne pouvais pas tenir une seule conversation, au mieux j'écoutais, mais cela s'arrêta là. Un autre bout de papier fut donc donné pour qu'il sache que je ne pouvais pas parler, mais que je pouvais écouter, il me conta un peu ses ennuis domestiques et professionnels, et j'avais bien de la peine pour lui, mais je ne pouvais malheureusement rien faire. Au terme de la course, je sortis mon porte-feuille pour payer, mais il me dit : « Allons mon gars, pour ta bonne compagnie et parce que je suis licencié sous peu, je t'offre la course. » Profondément touché, je détachai encore un morceau de papier et inscrivis : « Alors soit, garde l'argent de la course pour toi seul, et je te souhaite tout le bonheur possible avec tes enfants, ils seront ta plus grande richesse. » Je lui donnai donc l'argent de la course, et nos destins se séparèrent. Ce moment m'avait permis d'échapper à mes propres problèmes au final, et je remerciai intérieurement cet homme qui était au bord du gouffre mais qui pourtant avait une volonté inébranlable pour protéger ses enfants, même si son divorce s'annonçait mal. Mais maintenant, la peur me gagna à nouveau, et j'avançai d'un pas apeuré vers l'entrée de l'hôpital. Le souci étant, puisque j'étais venu en taxi au lieu de venir à pied, j'étais très en avance par rapport à l'heure à laquelle je devais me présenter, et l'idée de devoir attendre mon jugement, qui n'en était pas un mais qui me paraissait comme tel, manqua de me faire faillir. Ne sachant pas trop quoi faire, j'envisageai de me promener dans le parc extérieur mais la froideur de la matinée décida pour moi. Finalement, je décidai d'aller faire un tour dans un des espaces de détente accordés aux patients, je n'avais normalement pas le droit d'y être, mais peut-être allais-je pouvoir y voir une tête que j'avais déjà vue il y a huit mois de cela. Je me souvenais parfaitement de ces espaces, entre les jeux de société, les discussions par intérêts communs, mais surtout les zones de lecture, isolés du bruit. C'était la pièce que je connaissais le mieux, même si je lisais le plus souvent dans ma propre chambre, parfois en lisant avec Lore, ce qui était parfois drôle quand elle me contait des histoires comme lorsque j'étais encore un petit enfant. Devant les salles, je jetai de rapides coups d'œil, mais je ne reconnus personne, déjà que je n'étais pas très physionomiste… Mais je n'osai pas y pénétrer, je ne m'y sentais plus à ma place, cela aurait été comme profiter de la nourriture des sans-abris même si elle avait été destinée à être offrir gratuitement. Mais je me délectai toutefois des souvenirs que tous ces visages souriant malgré leurs infirmités, temporaires ou permanentes, pouvaient me faire songer aux seuls bons moments que j'y avais eu, qui étaient également rares vu ma misanthropie modérée. Mais j'en fus vite tiré lorsque je fus percuté à la cuisse par une force métallique en mouvement. Emportant ma jambe dans un sens, je pus apercevoir qu'un brancard m'avait frappé à cause de l'inattention du personnel sans doute, et j'atterris à genoux, tenant fermement ma cuisse des mains par pur réflexe humain face à la douleur. « Est-ce que vous allez bien ? » était la phrase qui me parvint tout juste après, une voix féminine, et en levant rapidement les yeux je vis qu'il s'agissait d'un médecin, ou d'une infirmière, enfin je ne savais pas trop, et j'acquiesçai seulement par politesse alors que je sentais encore le choc du brancard contre moi. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Mer 3 Mar 2010 - 14:33 | |
| Fatigue quand tu nous tiens, tu ne nous lâches plus.... La veille, Hayden avait passé la soirée dans l’un des bars de New York afin de chanter devant un petit public et de se faire un peu plus d’argent –en plus du boulot d’infirmière. Son passage devant la foule avait été un réel succès, elle avait réussi à capter le regard des autres et à se faire apprécier immédiatement. Du coup, après les reprises de chansons qu’elle avait chanté, on lui avait offert du champagne et tout le bar était en fête. Du coup, les festivités avaient fini tard dans la nuit et se fut sur les coups de 4 heures que la jolie brune rentra chez elle complètement épuisée. Elle était exténuée lorsqu’elle se réveilla à 7h... Elle travaillait aujourd’hui et était en effet de jour cette semaine. Son boulot l’attendait pour 8 heures ce qui n’était pas trop tôt pourtant. Lorsqu’elle décolla du matelas, elle se prit une bonne douche tiède, lui permettant de se réveiller entièrement ; puis elle prit soin de se préparer parfaitement avant d’aller petit-déjeuner.
Par la suite, elle prit toutes ses affaires, et se mit en route vers le parking privé de son immeuble pour monter dans sa voiture et se rendre à l’hôpital. La circulation a cette heure commençait à être dense, heureusement Hayden trouvait toujours le moyen de passer dans les petites ruelles peu connues des newyorkais. Elle arriva à l’heure au boulot, se dirigeant vers ses vestiaires et mettant sa blouse blanche ainsi que tous les accessoires indispensables pour une bonne infirmière. Ensuite, elle se dirigea vers la salle de soins où était disposé sur le mur un panneau en carton avec tous les numéros de chambres des patients ainsi que leurs noms et traitements. Hayden devait faire sa tournée habituelle auprès de ses « clients » et se dirigea vers l’une des armoires afin de prendre les médicaments. A peine sortait-elle de la pièce que l’une des infirmières lui avoua que l’hôpital manquait affreusement de personnel pour s’occuper des personnes qui venaient pour dans les lieux une simple visite médicale etc. Poussant un long soupir, Hayden hocha la tête en guise de « ok », puis prit l’ascenseur pour se rendre au niveau 0.... Elle se dirigea vers la salle des dossiers, saluant le personnel avec un petit sourire poli. Elle se mit à observer les actions qu’elle devrait faire tout à l’heure sur les patients, la plupart concernait des prises de sang. Prenant le calepin avec tous les noms des personnes qu’elle devrait voir, elle sortit de la pièce et se mit en route vers la salle des patients.
En avançant tranquillement, Hayden salua une infirmière qui venait souvent au niveau 1, là où était la jeune femme habituellement. Elle commença à rapidement faire la conversation, ayant quelques minutes devant elle avant d’appeler le premier patient. Pendant que les deux bavardaient simplement de travail, de circulation et de temps Hayden entendit un bruit sourd et tourna automatiquement la tête vers cet étrange son. Elle aperçut alors John, le brancardier, entrain de s’excuser face à un jeune homme. Ce dernier venait de se prendre l’énorme lit dans la jambe ou quelque chose comme ça. Et l’individu restait sur place, du coup, l’infirmière qui se nommait Maire et qui n’avait pas parlé depuis quelques secondes se dirigea vers l’individu.
« Est-ce que vous allez bien ? »
Dit-elle comme si elle avait peur que l’inconnu se soit cassé la jambe ou quelque chose comme ça. Hayden leva les yeux au ciel un instant, Marie semblait faire la cour. Elle reporta son regard sur la scène qui se passait plus loin. Arquant un sourcil, elle se décida à les rejoindre lentement, surtout pour entendre ce que l’homme répondrait à Marie... Après la réponse tant attendue, Hayden se permit de s’imposer dans la conversation.
« Vous avez besoin d’un renseignement ? »
Demanda Hayden d’une voix plus froide que sa collègue. Et oui, elle avait beau faire tout ce qu’elle pouvait pour changer d'attitude devant les patients, aux premiers abords elle restait une femme toujours aussi glaciale. Autant que le pouvoir qu’elle avait hérité d'ailleurs...
« Hayden, tu devrais aller à la salle d’attente ton client ne va pas tarder à arriver. »
Reprit Marie. On aurait dit qu'elle avait peur que sa collègue rate l’homme dont elle devait faire une prise de sang -son patient en l'occurence. La jeune femme tourna la tête vers l'autre infirmière, la regardant très sérieusement.
«J’ai bien une minute. Monsieur Delafœil n’est pas encore arrivé, c’est même toi qui me l’a dit. »
Fit-elle remarquer à l’infirmière d’une plus petite voix, légèrement excédée par le commentaire précédent. Elle savait très bien comment gérer son temps, ce n'est pas cette fille qui allait la faire changer quoique ce soit. La jeune femme reporta ensuite son attention sur le jeune face à elle. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Ven 5 Mar 2010 - 11:34 | |
| Après avoir encaissé suffisamment le choc quelque peu, voire beaucoup, douloureux que ces abrutis de médecins m'avaient donné, et par la suite avoir acquiescé à l'infirmière qui était à moitié responsable de cet incident, je finis par me relever lentement pour éviter les gestes brusques, et c'était presque pitoyable de voir cette fille s'inquiéter autant pour moi. Certes c'était son boulot que de s'occuper de ceux qui étaient blessés, mais cela devenait presque hypocrite en voyant que ça faisait partie du personnel, autant renverser quelqu'un violemment et aller prétendre que c'est dû à la maladresse après, il y avait une excuse certes, et même si dans le cas où il n'y en avait pas la rancœur serait grande, quand il y en avait on ne pouvait pas faire se dissiper la colère face à l'imprudence d'autrui. La première idée qui me traversa l'esprit était qu'il devait très certainement s'agir d'une stagiaire, donc quelqu'un qui stressait pour un rien, n'était jamais sûr de soi etc, mais bon, je n'allais pas lui reprocher tous les maux du monde, je n'étais pas non plus en train de mourir. Et contre toute attente une autre femme vint s'immiscer dans la conversation, se préoccupant à priori de ce qui ne la regardait pas, mais en voyant son uniforme, je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était elle aussi du personnel, il était donc logique qu'elle intervienne à son tour. Cependant ce qui ne collait pas, de mon point de vue seulement car ce n'était pas la première fois que je pouvais remarquer cela, une chose que je désapprouvai du plus profond de moi-même, c'était qu'elle posa une question qui n'avait absolument rien à voir avec la situation présente, et je me demandais même pourquoi elle parlait de renseignement, on n'était tout de même pas à l'entrée et je ne lançai pas des regards partout en digne créature perturbée que j'aurais pu être. Mais pire encore et ce qui manqua d'achever ma première impression qui était presque devenue un lieu commun, c'était son timbre de voix, à la limite du glacial. Je crois bien que l'automate Olimpia du professeur Spalanzani aurait fait figure de pâle réplique à côté de cela. S'ensuivit une discussion entre les deux demoiselles tellement courte qu'on eût pu assimiler cela à un code privé entre les membres de cet hôpital, bien que les mots eux-même ne manquaient pas de sens. Était-ce un moyen de s'envoyer balader dans ce jargon ? Aucune idée, et je n'en avais réellement rien à faire. Je compris deux choses à travers cet échange. L'une était minime, c'est à dire que ceux à qui on prodiguait des soins étaient appelés des clients, et non des patients comme je l'avais si souvent entendu, et ce simple détail ne manqua d'accentuer ma peur et mon profond dégoût pour ces endroit, qui en plus de vous considérer comme des cobayes à porte-monnaies, n'essayait même pas de paraître chaleureux. Mais la seule chose d'utile que je pus soutirer et qui fut utile dans ce blabla était uniquement le prénom, ou le nom je n'étais pas encore spécialement bien habitué aux noms américains, de cette femme aussi froide qu'un produit de grande marque passé au congélateur. Les plus perspicaces comprendront dans cette image l'image que j'avais de cette infirmière répondant au nom de Hayden. Fort joli prénom du point de vue d'un français, je ne savais pas si cela résonnait de la même manière dans la langue anglaise, les choses étaient tellement plus difficiles à saisir en passant d'une langue à l'autre…
Cependant, lorsque la dénommée Hayden continua après après avoir renvoyé verbalement cette autre fille, il y eut un morceau de la phrase que je ne compris pas, cela pouvait m'arriver souvent mais seulement quand la personne en face de moi faisait preuve d'un alcoolisme assuré et qu'il avait déjà bu bon nombre de verres, ou bien le genre de la personne que le tabac avait anéanti en ce qui concernait la voix, ce qui dans mon cas ne manquait pas de passer pour complètement idiot, les gens aimaient se faire souffrir puisque cela permettait soi-disant de se détendre. Pour ma part, ce n'était que ragots et vaines croyances, car le tabac ou la drogue ou l'alcool m'avaient fait bien plus de mal que quoi que ce soit d'autre, et avaient frappé de leur joug suprême mes cordes vocales, enfin indirectement naturellement. Enfin ce que j'en compris, c'est qu'elle attendait quelqu'un, mais je n'en savais pas plus hormis que chacune des deux savait qu'il n'était pas encore arrivé, et que donc cette Hayden avait le temps de discuter quelque peu avec moi, bien que je ne comprenais pas vraiment pourquoi, elle devait sans doute attendre ma question, donnerait ensuite sa réponse et filerait à son travail, me laissant simplement là à mon sort futur qui allait très certainement me faire regretter ma visite. Le problème étant, que je ne savais pas quoi lui dire à cette infirmière, et ma timidité naturelle exacerbée ne me facilitait pas la tâche. Je saisis l'ordinateur fermement fixé en bandoulière et commençai à ouvrir la fermeture éclair mais lorsque je levai les yeux, j'aperçus le symbole accroché un peu partout sur les murs d'hôpitaux qui prohibait l'interdiction des téléphones portables, mais également, et je ne l'avais jamais vu auparavant, l'utilisation des ordinateurs portables… je baissai la tête en soupirant, il allait encore falloir exiger d'autrui la patience, et dans ce monde hospitalier, ce n'était pas ce qui se faisait de mieux. Peut-être ne l'avais-je pas vu auparavant car il n'y avait pas cette restriction. Je fus donc contraint de sortir mon calepin de ma poche, accompagné d'un stylo, et je griffonnai quelque chose à l'attention de mon interlocutrice : « Merci de vous soucier de mon état après cet incident, ça me touche beaucoup… Bon sinon, je ne voudrais pas vous faire perdre mon temps étant donné que vous attendez quelqu'un. Et pour répondre à votre question, non je n'ai pas besoin de renseignement, je suis arrivé en avance donc je flânais quelque peu dans ce lieu maudit. Existe-t-il au monde quelque chose de pire que les visites médicales ? » Je lui donnai le papier afin qu'elle puisse lire ma réponse, et je promenai un regard évasif sur les murs de l'hôpital, toujours aussi blancs, toujours aussi vides. À côté de cela, le gris des cellules ne devait pas être plus déprimant que ceux-là, enfin, dans les deux cas cela devait surtout être une histoire de temps passé dans ce lieu froid et cloîtré. Mais en me retournant de nouveau vers cette femme, je fus frappé, non pas par sa beauté, il suffit d'être émerveillé par les femmes, bien que comme toutes elle avait ses charmes, mais c'est surtout que je pouvais lire sur son visage qu'elle ne comprit pas pourquoi je lui avais donné un morceau de papier plutôt que de lui répondre. J'avais encore oublié ce détail… je pris une autre petit feuille et repris l'écriture : « Ah pardonnez-moi de vous inquiéter de la sorte, mais je ne puis vous répondre oralement… j'ai perdu l'usage de mes cordes vocales alors vous comprendrez que… Mais, attendez. » Je gardai le stylo juste au-dessus de la feuille tandis que je réfléchissais au mot que je n'avais pas compris, et en cherchant à mettre des lettres sur les sons que j'avais perçu, je fus saisi d'effroi : « Vous avez dit attendre un Delafœil ? Eh bien il se trouve que c'est moi, enfin à moins que vous n'attendiez un autre Joanthan Delafœil mais ce serait une coïncidence perturbante que d'avoir deux français du même nom dans le même hôpital aux États-Unis. » Je lui donnai le papier et écrivis en même qu'elle lisait : « Bon, s'il s'agit bien de moi, voulez-vous commencer les test maintenant ou bien avez-vous le temps d'aller boire quelque chose à la cafétéria ? Je n'ai rien bu et je suis un peu stressé… désolé… » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Ven 5 Mar 2010 - 21:52 | |
| Hayden détestait être de mauvais poil dès le matin car le reste de la journée continuerait dans cette optique. Là, la dénommée Marie commençait légèrement à l’énerver ... Déjà, il s’agissait d’une femme surnommée « pot de glue », dès qu’elle voyait quelqu’un qu’elle connaissait, elle ne le lâchait pas avant d’avoir trouvé une autre victime à qui tenir la jambe. Ensuite, elle était tellement émotive, qu’on se demandait réellement ce qu’elle faisait dans ce corps de métier... Car en effet, si on est douillette et très sensible, vaut mieux ne pas se frotter à la médecine notamment quand on doit faire des pansements à des patients qui ont des escarres par exemple. Enfin, Marie était une fille avec deux ou trois neurones, pas plus... Encore une fois, on peut de se demander comment elle a eu ses examens pour en arriver ici. Conclusion, vous l’aurez compris, Hayden ne l’appréciait guère et ça depuis son arrivée à l’hôpital. Surtout lorsqu’elle commençait à lui dire ce qu’elle avait à faire, elle n’acceptait pas ça. C’est pour ça qu’elle lui répondit froidement et ne se préoccupa plus d’elle… Elle avait beau être tolérante, ne pas s’arrêtait à la première impression, il y a des fois où ce n’était pas faisable. Vous me direz, dans le métier d’infirmière, elle est livrée à plein de situations dans lesquelles les personnes sont abominables, incontrôlables. Avec l’expérience, Hayden a su être patiente et ne pas attaquer ses patients à coups de seringue mais bon... Ensuite, Hayden s’adressa au jeune homme qui avait été victime d’un "accident de brancard" à peine quelques minutes auparavant. Elle lui avait juste demandé s’il avait besoin d’informations ou pas, étant donné qu’il n’était pas du personnel. A présent, elle attendait une réponse bonne ou pas. La jeune femme resta à le fixer, lui si silencieux. Juste après avoir compris qu’elle avait à faire à quelqu’un de très introvertie, elle vit l’individu prendre dans son sac un ordinateur, l’ouvrir et commençait à taper sur les touches. Il faisait quoi là au juste ? Un interview ? Du genre un commentaire sur le sujet des infirmières à l’hôpital ? Surtout que ce genre d’appareil était proscris dans ces lieux. Hayden allait lui conseiller d’éteindre son gadget mais l’inconnu le fit par lui-même et sortit cette fois-ci un calepin et un stylo. Hayden commençait à s’impatienter. Alors qu’elle allait lui dire qu’elle devait partir chercher son patient à la salle d’attente, l’homme lui donna le papier sur lequel il venait d'écrire. Curieuse, elle s’approcha et lut ce qu’il avait marqué.. Il faut avouer que c’était la première fois qu’on lui faisait une blague dans le genre. Taper sur un clavier ou écrire sur un papier pour décrire ce qu’il pense… Assez bizarre tout de même. Hayden essaya de ne pas montrer pour autant ce qu’elle pensait mais c’était difficile, elle ne comprenait pas pourquoi il faisait ça… Elle leva les yeux vers le jeune homme pour lui faire comprendre qu’elle avait lu son petit texte.
Les visites médicales ne sont pas si terribles que ça, ne vous inquiétez pas...
Dit-elle un peu plus détendue dès que l’infirmière Marie dégage du couloir. *Enfin, tout dépend avec qui on la passe* Elle profita de la disparition de l’autre pour passer sa main dans ses cheveux bruns. La jeune femme restait naturelle coute que coute. Elle observa l’homme prendre un autre papier et écrire quelque chose… Pendant ce temps là, elle jeta des coups d’œil à droite et à gauche du couloir car elle voyait le personnel lui lançait des regards inquiets. Accompagnée d’un sourire 'rassurant', elle haussa les épaules pour leur faire comprendre qu’elle ne le connaissait pas mais qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Lorsqu’elle reposa ses yeux sur lui, il lui tendait un autre papier. Hayden le prit et le lut dans sa tête. Découverte du genre, son interlocuteur était muet. Tout était plus clair alors, cela expliqué l'ordi, le calepin et le stylo. La jeune femme se sentit bête d’avoir établie plusieurs hypothèses complètement débiles en plus. Après cette révélation, l’homme reprit le papier pour y récrire des phrases. Rentrant dans son jeu, Hayden lut avec attention ce qu’il lui marquait… Et elle eut un léger choc. Il était le premier patient dont elle était chargée aujourd’hui ! Quelle coïncidence !
Vous êtes M. Delafoeil ? Cela tombe bien, je vous cherchais. Vous êtes le premier à passer votre visite médicale.
Dit-elle avec un petit sourire aux lèvres. Au moins, c’était plus la peine d’aller dans la salle d’attente, elle avait déjà son homme… Par la suite, il lui demanda s’il était possible d’aller à la cafétéria pour boire quelque chose qui le déstresserait un peu. Hayden jeta un regard à sa montre, bon, elle avait le temps d’aller avec lui, surtout qu’elle n’était pas censée être dans ce service à l’origine… Autant en profiter ! Cette pensée la fit rire intérieurement, Hayden lui fit un autre sourire un brin amusé.
C’est possible si on y va maintenant alors…
Elle s’avança de quelques mètres puis se retourna pour observer l’individu qui n’avait pas encore pas bougé… Elle lui fit signe de venir vers elle, et pendant ce temps jeta un regard globale du service. Tous les deux se mirent en route vers la cafétéria qui était un étage plus bas. Avant d’y arriver, il fallait évidemment prendre les escaliers ou l’ascenseur. Hayden opta pour la deuxième option. Ils y entrèrent tranquillement, seuls.
Donc comme ça vous êtes français ? De quel coin ?
Demanda la jeune femme d’un ton intéressé, pendant qu’elle se mettait contre le mur. Il faut avouer qu’elle adorait la France, surtout la ville de Paris… Alors dès qu’elle faisait ce genre de rencontres, vite vite des informations !!!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Sam 6 Mar 2010 - 6:24 | |
| J'ignorais totalement la manière avec laquelle elle allait prendre le fait que je sois totalement aphone, donc si elle allait me considérer comme une perte de temps dans un monde où tout doit être fait le plus vite possible à cause du manque de personnel, si elle allait se désintéresser de moi sur-le-champ et me renvoyer ainsi à l'accueil où je devrai me débrouiller seul pour avoir une information, ce qui était certes inutile, j'en étais bien conscient, mais elle, elle ne le savait pas. Mais pire encore je craignais surtout qu'elle n'éprouve que de l'aversion à mon égard, comme si mon handicap majeur, même si encore moindre face aux pauvres corps tétraplégiques ou aux âmes tourmentées, ferait de moi une personne qu'on pourrait qualifier d'inférieure, que je n'étais qu'un patient et que je devais donc m'écraser face aux membres du personnel, ce qui aurait particulièrement irrespectueux. Je la regardais attentivement cependant mais je ne voyais pas le moindre changement dans les traits de son visage, comme si apprendre la nouvelle ne lui faisait absolument rien. Enfin, dans le fond c'était rassurant de voir que je n'avais pas moins de considération, mais c'était également déroutant de constater que l'inverse n'était pas non plus effectif. Puis je crus sentir sa voix s'adoucir légèrement lorsqu'elle reprit la parole, comme si un facteur gênant et même énervant venait de s'estomper à l'instant. J'observais rapidement autour de moi, enfin plutôt autour de cette infirmière visiblement jeune, et je réalisai que celle qui m'était rentrée dedans s'était penchée sur moi n'était plus là, elle avait apparemment écouté au pied de la lettre celle qui demeurait auprès de moi. C'était bien un univers à la fois curieux, fascinant, et terriblement consternant que le monde médical et hospitalier. Et même ses paroles ne parvinrent pas à me rassurer ou à altérer ne serait-ce qu'un tout petit peu mon avis presque déjà tranché sur la question. Et bien qu'elle me dise que ce n'était pas terrible, et surtout de ne pas m'inquiéter, je ne me faisais pas moins de mouron, au mieux on allait me dire que rien ne s'était amélioré et que j'allais donc devoir revenir passer des examens le moins prochain, au pire que ma gorge s'était infectée, que mon cerveau agissait bizarrement, et pourquoi pas une tumeur cérébrale tant qu'à faire ! Puisque j'avais délaissé les bonnes choses quelques temps auparavant, autant m'achever tout de suite et qu'on en finisse, au moins je saurais à quoi m'en tenir, et peut-être que je trouverai même une raison d'accepter la vie que j'ai pour la vivre jusqu'au jour fatidique… Lors d'un moment d'égarement durant l'écriture du dernier message, je l'apercevais regarder souvent de droite à gauche, sans aucune raison apparente, et en tentant de suivre son regard je vis que d'autres médecins ou infirmiers, nous regardaient, et je me mis à me sentir très mal. Déjà que d'ordinaire je n'aimais pas être le centre d'attention de quelques personnes, qu'elles soient trois ou une vingtaine, mais là, j'étais en présence d'une femme d'un âge à peu près similaire au mien bien qu'un peu plus âgée, et uniquement d'une femme, qui devait par ailleurs être connue du reste du personnel, et je pris vraiment peur qu'ils ne crurent que j'avais abordé cette femme dans l'optique de créer un premier contact. Bien sûr, je n'avais absolument aucune raison de m'imaginer un scénario de cette envergure, car les raisons pouvaient en être toute autre, mais c'était une réaction presque naturelle, bien que stupide et irraisonnée, qui s'arrangeait toujours pour me prendre à la gorge quand j'en avais le moins besoin. Et encore heureux que je ne sois pas souvent la victime de rougeurs intempestives ponctuelles en de telles situations et que seul mon esprit en prenait un coup, car si j'avais rougi et qu'elle m'avait vu dans cet état, j'en aurais été affecté au point de ne plus pouvoir rien faire ni dire, et peut-être même aller jusqu'à manquer d'air à force de me contenir de respirer. Quel fiasco !
Cependant le climat devint légèrement plus serein, et pour le coup me redonna quelques forces, et ceci étant dû uniquement par l'apparition inattendue d'un sourire sur le coin de ses lèvres. Bien sûr ce n'était pas un grand sourire hollywoodien qui révélait toutes les dents de la plus grande blancheur et trahissait un jeu de scène, mais au moins celui-ci devait être légèrement plus sincère que celui décrit précédemment. J'eus tout juste le temps d'acquiescer lorsqu'elle voulut s'assurer que j'étais bien la personne qu'elle attendait. Par contre c'était bizarre qu'elle me cherchât, je ne me souvenais pas que la salle d'attente ait été si proche de la salle de divertissement, mais enfin bref, ce n'était pas un détail important. De plus je ne sus absolument pas comment prendre la remarque suivante, j'étais le premier à passer certes, mais cela allait avoir quelle conséquence concrètement ? J'allais être le premier à subir les sautes d'humeur ou à souffrir les premières maladresses tandis que la part agrémentant le tout allait empirer la situation déjà critique ? Ou bien allais-je au contraire avoir un traitement de faveur du fait que j'étais le premier qui allait passer entre les mains je l'espérais habiles et doux, et non raides et maladroits, de cette infirmière ? Tant de questions qui n'auraient de réponses que dans quelques instants, si peu de réponses, et au moins plus de crispations. Cela commençait sérieusement à me monter à la tête que de sentir mon état devenir calme pour un petit moment et de me voir plus inquiet que jamais dans les minutes qui suivent. Finalement je me calmai de nouveau lorsqu'elle accepta d'aller boire quelque chose dans la cafétéria, cela était un signe qu'elle était au moins relativement ouverte vis-à-vis de son travail, en autant que nous n'abusions pas du temps qui nous était accordé, et la première impression que j'avais pu avoir d'elle s'attendrit avec cette acceptation, démontrant que j'avais eu tort de la croire ainsi aussi froide, distante et ne vivant que pour le travail, voire le salaire accompagné. J'allais écrire quelque chose pour la remercier de m'offrir quelques minutes mais lorsque je relevai la tête, elle était déjà quelques mètres plus loin et m'intima de me dépêcher et de la suivre tout de suite. Je la laissai me mener, car bien que cet endroit m'était très familier, elle le connaissait mieux certainement, même si j'ignorais depuis combien de temps elle était ici. Elle nous conduisit vers un ascenseur, pas très grand d'ailleurs, c'était peut-être un ascenseur réservé au personnel que sais-je ? Elle passa devant et s'adossa contre un des murs en engageant la conversation. Pour ma part je restai assez proche d'elle sans l'être de trop, droit comme un pilier tandis que nous étions partis pour la cafétéria. Je griffonnai alors qu'elle s'intéressait à mes origines, ce qui n'était pas pour me déplaire, avec un sourire sur les lèvres, car il était hors de question que j'en ai un d'elle et que je ne lui rende pas, politesse oblige, mais pour le coup elle me paraissait également aimable : « Je viens de Strasbourg, où j'y ai passé toute ma vie, à l'exception de ces quelques derniers mois où je n'ai pas eu d'autre choix que de devoir partir pour New-York. J'aurais aimé rester en France mais bon… le destin en a voulu autrement. » Pour une fois, j'étais content de ne pas avoir de voix, car l'intonation de la voix ne transparaissait pas à l'écrit, et peut-être cela allait m'éviter les questions, bien que je n'en sois pas sûr. Puis j'ajoutai, mais cette fois-ci écrit en français : « Vous êtes déjà allée en France ? Si oui, c'était dans quel coin, dans quelle région ? » J'avais ajouté les deux derniers mots dans le cas où elle aurait plus de difficultés à saisir ce terme qui avait plusieurs sens, mais alors qu'elle finit par la suite de me répondre, l'ascenseur cessa soudainement tout mouvement, et la lumière disparut. Je devins encore plus raide et la lumière du générateur de secours remplaça la précédente, eh bien, c'était malin, voilà que ma peur des hôpitaux allait renaître de ses cendres à cause de cet incident ! J'espérais cependant inconsciemment que cela ne durerait pas longtemps… Je n'étais pas spécialement claustrophobe, mais je n'aimais pas quand cela n'allait pas comme prévu… |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Mer 10 Mar 2010 - 16:48 | |
| Hayden avait accepté pour la première fois de sa vie la proposition d’un patient… Elle n’avait pas dit non, déjà parce qu’elle n’était pas censée être dans ce service à l’origine. Mais aussi parce que son patient n’avait pas l’air dans son assiette, donc faire un examen sur quelqu’un dans cet état n’était jamais très intéressant et surtout pratique... Et puis, refuser n’aurait pas été très professionnel de la part de la demoiselle… La jeune femme emmena donc son nouveau patient vers l’ascenseur pour qu’ils évitent de prendre les escaliers et que ce soit le « bouchon hospitalier ». Car oui, beaucoup de gens du personnel ou qui sont de simples clients détestaient prendre les ascenseurs de peur de rester coincer…Quant à d’autres, ils choisissaient les escaliers pour faire du sport… Enfin, en conclusion, entre escaliers et ascenseur tout le monde y trouvait son compte. Hayden opta pour l’ascenseur réservé au personnel, histoire que les deux ne soient pas dérangés. Elle appuya sur le bouton attendant que les portes s’ouvrent. Pendant une fraction de seconde, la jolie brune hésita à laisser le jeune homme monter en premier… Mais finalement, elle s’engagea et s’adossa contre les parois du lieu. Elle l’observa venir également, constatant que l’ascenseur était particulièrement étroit. Si une troisième personne était montée, les personnes présentes se seraient senties un peu étouffées par les silhouettes des autres –un truc que Hay détestait au plus au point. Mais bon, à l’origine, une infirmière n’était pas censée le prendre avec un patient... Pour faire passer le temps et que la machine les emmène à l’étage 0, Hayden chercha quoi dire. Ayant entendu qu’il était français, elle décida de le questionner dessus, elle qui adorait ce pays. Elle n’avait jamais pu aller mais un jour peut être qu’elle aurait l’opportunité… surtout pour Paris ! Pendant qu’elle songeait, l’individu écrivait sur le papier -ce qui allait certainement être sa réponse. La jeune femme fut soulagée d’apercevoir un sourire venant de son interlocuteur, lui qui semblait si stressé… elle espérait que sa présence ne la dérangeait pas trop. En y réfléchissant, il était soit stressé d’origine, soit c’était l’hôpital qui le rendait comme cela. Encore une fois, s’y on s’intéressait à cette dernière possibilité, on pouvait faire l’hypothèse qu’il avait entendu du mal de ces endroits, ou il avait vécu un mauvais moment ici… Peut être qu’il y avait un rapport avec la perte de la parole ? Hayden releva les yeux vers l’individu, lui qui lui tendait un papier. Elle le lut délicatement, un petit sourire aux lèvres. Converser de cette façon lui faisait penser à une anecdote. Lorsqu’elle était petite, son amoureux de primaire s’était déclaré en lui écrivant comme ça des mots sur un papier, sans doute avait-il la frousse de présenter ses sentiments. Bien sûr, le contexte était actuellement très différent et on ne parlait pas d’amour mais bon. Revenons au sujet. Hayden apprit qu’il venait de Strasbourg, une ville qu’elle connaissait un peu car elle avait réputation d’avoir un splendide marché de noël lorsque l’hiver montrait le bout de son nez. Il expliquait aussi qu’il aurait préféré rester en France, mais qu’il n’avait pas pu... C’était sans doute pour des raisons assez sérieuses.
Le destin est parfois cruel.
Dit-elle doucement en relevant ses yeux vers le jeune homme. En disant, elle avait automatiquement pensé à son cas à elle. Son enfance avait été si douloureuse avec la trahison son père, l’abandon de sa mère, puis enfin la disparition de sa grand-mère. Heureusement, ses blessures la rendaient plus forte et la motivaient à être désormais heureuse. Par la suite, Jonathan lui réécrit sur le papier et dessus Hayden put observer des phrases dans une autre langue que la sienne… Elle plissa légèrement les yeux, reconnaissant du français qu’elle avait rapidement étudié lorsqu’elle étudiait encore… Essayant de déchiffrer les mots, elle mit une bonne minute avant de relever la tête, un grand sourire au coin .
Je ne suis jamais allée en France, mais j’aime beaucoup cette pays, surtout Paris !
Dit-elle à l’adresse du jeune homme, avec l’envie de rire vu l’accent qu’elle avait… Elle avait essayé d’être la plus claire possible dans sa phrase mais bon le français était une langue très compliquée… L’infirmière se recala contre les parois de l’ascenseur, trouvant le temps un peu long. D’habitude, cela était assez rapide… Mais ce qui se passa ensuite lui confirma qu’il y avait un problème. L’ascenseur cessa tout mouvement et la lumière disparut. Sentant son cœur se serrait, elle eut l’impression que le monde lui tombait sur la tête. Heureusement, une lumière de secours remplaça l’ancienne permettant à la brune d’apercevoir son patient. Génial…
Super, nous voilà coincés.
Dit-elle d’un air impassible pendant qu’elle balayait la petite pièce de ses yeux charbonneux.
J’espère que vous n’êtes pas claustrophobe…
Reprit-elle avec une voix sérieuse mais au fond qui voulait plaisanter. Elle s’approcha de la plaquette où se trouvaient tous les boutons. Elle appuya sur celui qui signalait lorsqu’il y avait une panne. Lorsque se fut fait, ils durent attendre que quelqu’un se bouge pour les aider à sortir de là. L’infirmière n’avait pas peur des endroits clos comme ça, mais à force d’attendre elle commençait à se sentir s’étouffer…
Je crois que nous allons attendre un petit moment…
Fit-elle remarquée pour se rassurer un peu… Elle se retrouva face à Jonathan et reprit la parole. Et sinon, vous faites quoi dans la vie ? Enfin, vous n’êtes pas obligé d'y répondre.[/i] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Dim 14 Mar 2010 - 14:07 | |
| La situation dans l'ascenseur commençait déjà à être tendue, et ce bien avant que la panne ne s'immisce en plein milieu. Car lorsque j'avais suivi l'infirmière dans l'ascenseur, celui-ci s'était révélé être particulièrement étroit et si nous n'avions pas encore besoin de nous serrer pour pouvoir y entrer à deux, c'était uniquement parce que nous ne manifestions pas d'embonpoint chacun de notre côté. Sinon cela serait devenu problématique et le contact physique aurait été forcé, ce qui n'aurait en rien arrangé mon état d'esprit déjà fort ressemblant à un balancier, penchant tantôt vers le bien-être et tantôt vers le mal-être. Car de par ma nature d'être extrêmement timide et stressé, le seul fait de me trouver en la présence de cette femme mais surtout d'en souffrir la proximité suffisait à mettre toute mon âme dans une frustration constante. Bien sûr elle n'y était pour rien, et ce serait être ignoble que de la porter pour responsable, mais son identité de femme et mon problème obsessionnel de porter le regard d'autrui au-dessus de mes autres peurs tourmentaient mon âme sans cesse, prêt à me faire éprouver la gêne, la crainte, la terreur. Pourtant parallèlement à cet état de crainte, Hayden provoquait aussi l'effet inverse en même temps. Non pas que je me sentais spécialement bien en sa compagnie, ce n'était pas ça du tout, mais elle n'avait pas l'air de poser un regard critique continuel sur moi, donc j'avais moins peur de faire un pas de travers en quelque sorte, même si je n'étais pas apaisé non plus vu que j'étais fort proche d'elle. Mais en somme ce n'était qu'une facette de moi parmi tant d'autres qui expliquait la dualité contradictoire de l'être humain, entre ce qu'il aime mais ne se donne pas la peine de faire, ce qu'il n'aime pas mais est intrinsèquement, et ainsi de suite. Et pour me calmer un peu plus, peut-être inconsciemment, sa très courte phrase à propos du destin me parut sincère, et vraie à n'en pas douter. Pour moi qui me faisait parler pour la plume du destin, celle qui permet d'altérer le destin de certains au moyen de mon pouvoir, il était certaines choses qui m'échappaient complètement, notamment les effets inverses de celui-ci et les retours de flamme qui étaient très souvent ravageurs sur moi-même. Mais c'était étonnant de voir à quoi mon esprit divague lorsqu'on mentionne seulement le destin, un thème tellement traité en littérature mais qui divaguait sur mon identité de mutant à chaque fois… Je fis un large sourire en la voyant plisser des yeux en essayant de déchiffrer mon écriture alors que la langue employée avait subitement changé. Je n'avais pas eu l'occasion de faire cela très souvent depuis que j'étais arrivé ici, parler en français avec quelqu'un que je ne connaissais absolument pas. Seule Lore partageait cette langue avec moi, je n'avais jamais parlé ainsi avec qui que ce soit d'autre. Si j'avais pu, j'aurais très certainement forcé un peu le rire pour partager quelque humour avec cette femme, mais à défaut de pouvoir émettre le moindre son, je ne pouvais que contraindre mes lèvres à s'élargir en un sourire plus grand, et sincère évidemment. Mais c'était bien loin de la moquerie, au contraire je trouvais – et même encore au jour d'aujourd'hui – cela intéressant les gens qui s'intéressent à la langue française, car nombreux sont ceux à avoir qualifié cette langue de romantique, un point que je ne partageais pas nécessairement mais bon, je n'avais pas le bénéfice du point de vue extérieur. Je détachai une autre feuille et écrivis, en anglais cette fois : « Mais c'est très bien ! Juste une petite erreur de genre mais sinon, votre phrase est correcte ! Bravo ! Et votre accent anglais qui fait du français une sorte de musique haha. Si vous avez l'occasion, je vous souhaite de continuer mais surtout d'avoir la chance d'aller en France. » Je tus mon avis sur la ville de Paris elle-même, moi-même je n'aimais pas les grandes villes, à l'exception de Berlin, pour une raison qui m'échappe.
Quand la lumière disparut et finit par être remplacée par un autre un peu plus tamisée, je sentis mon estomac se nouer, ce n'était pas normal et une tension s'installa, éprouvante, terrifiante, suffocante. J'osais difficilement regarder l'infirmière dans les yeux, mon état de stress devait être particulièrement visible et je ne voulais pas souffrir de son point de vue, et je ne cherchais même pas à savoir si elle, elle se sentait bien ou non. Cependant, à l'ouïe des mots qu'elle prononça sur la situation, elle était loin de paraître apeurée par ce problème technique qui semblait durer une éternité. Quel sang-froid elle pouvait avoir cette femme, c'en était admirable. Mais visuellement, je ne semblait pas du tout frustré, comme si j'étais le maître de mon être et également le maître de cet ascenseur. Toutefois intérieurement j'étais tétanisé, incapable de prendre la moindre décision, dans l'incapacité la plus totale d'ouvrir la bouche. Je ne répondis pas à cette phrase, parce que je ne savais tout simplement pas quoi dire après ça. Puis elle mentionna la claustrophobie, et j'avais peine à définir si cette phrase était purement ironique, et donc presque médisante, ou si c'était une question cachée. En tous les cas, je secouai la tête en signe de négation. Puis elle alla bidouiller je ne sais pas quoi sur le panneau avec tous les boutons. Enfin je sais ce qu'elle a fait, après la scène je savais ce qu'elle faisais, mais pendant ce temps où nous étions encore dedans, c'était comme si tous mes repères s'étaient effondrés à cause de cet état de crise. Puis lorsqu'elle s'exprima de nouveau sa voix traduisait véritablement une maîtrise de soi à l'épreuve de tout. Je repris la feuille dans les mains en douceur et écrivis en reprenant pour le coup la remarque précédente : « Non non je ne suis pas claustrophobe du tout, à part peut-être si je suis dans un cercueil mais bon, ici on a de quoi respirer malgré l'étroitesse. Je n'aime juste pas du tout lorsque tout se dérègle ainsi… Et puis, attendre, nous n'avons pas le choix de toute manière, et puisque vous êtes là, cela devrait bien se passer. Après tout vous êtes d'ici, êtes américaines, et êtes capable de vous exprimer oralement. Donc en cas de problème, vous serez à la hauteur de le résoudre, ce qui n'est pas mon cas. » Je n'avais absolument pas dit ça pour tenter la moindre drague, c'était juste pour rassurer mon interlocutrice que je lui faisais confiance et indirectement que je m'appuyais sur elle plus que sur moi-même. Puis elle se retourna et nos regards se soutinrent, je n'osais même pas imaginer celui que j'avais, il devait être vide peut-être, mais le sien affirmait une résistance à toute épreuve, c'était impressionnant. Soit comme si elle avait déjà fait face à cette situation un bon nombre de fois, ou alors qu'elle n'avait peur que de peu de choses, pour ne pas dire rien. Puis je répondis à sa question : « Mais ça me fait plaisir de vous répondre, puis si personne ne parle, ça va devenir insoutenable… Dans la vie, je ne fais rien, mais alors vraiment rien. Pas d'études, pas de travail, c'est consternant… J'aimerais reprendre mes études mais bon, à défaut d'en avoir les moyens, je ne fais rien. Et vous, vous êtes ici depuis longtemps ? Parce que ce n'est pas que j'ai la prétention de connaître tout le monde ici, mais je ne vous ai jamais vue ici lorsque j'étais encore… un patient sans permission de sortir… » J'avais éprouvé une grande peine à écrire ces derniers mots, tant je n'avais pas su comment exprimer mon mal, et sans vouloir manquer de respect à cette infirmière. Puis en lui donnant la feuille et en écrivant sur une suivante, je continuai : « Puis-je vous demander pour quelle raison vous avez choisi le métier d'infirmière ? Était-ce une vocation, une volonté ferme d'aider son prochain ? Je ne connais personne dans le monde médical, alors vous êtes la première à répondre à cette question haha. Moi je ne sais pas… je ne sais pas dans quelle voie m'orienter, avec mon handicap ça devient difficile… La voie de l'enseignement risque de ne plus m'être accessible, éventuellement la traduction entre français-anglais-allemand… » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Ven 19 Mar 2010 - 20:44 | |
| Malchance. On peut le dire. Déjà qu’elle était arrivée et qu’on l’avait expédié dans des services encore inconnus pour remplacer le manque d’effectif. Et maintenant la voilà coincer avec un patient en plus ! A l’origine, cet ascenseur était juste pour le personnel, elle allait certainement en réentendre parler de cette histoire… Pourtant la compagnie du jeune homme ne la dérangeait pas, il était même plaisant il faut dire. Même s’il ne parlait pas, il était quelqu'un d'actif, et puis il avait une autre façon pour dialoguer ce qui était bien. A présent, les deux devaient attendre qu’un des ouvriers viennent les aider à sortir. Hayden espérait que ça ne durerait pas trop longtemps, elle ne voulait pas se faire tirer les oreilles parce qu’elle avait kidnappé un patient. D’ailleurs en parlant de patient, Hayden n’avait même pas lu complètement le dossier de ce jeune homme… Elle savait ce qu'elle devait lui faire, mais bon. En même temps, elle n’avait pas eu le temps de voir celui-ci, elle avait du enchaîner dès son arrivée… Durant un court instant, Hayden utilisa ses connaissances en Français pour répondre à la question de Jonathan. Verdict, sa phrase avait été correcte hormis une petite faute de genre il parait. La demoiselle lui fit un grand sourire, satisfaite de ce qu’elle avait dit malgré son accent américain prononcé. Par la suite, la jeune femme décida de détendre l’atmosphère en faisant des remarques à son compagnon, ou alors en posant des questions qui le concernent… Elle lui demanda ce qu’il faisait dans la vie. Finalement, l’individu lui avoua par papier qu’il ne faisait rien actuellement, qu’il pensait peut être faire des études -cela signifiait qu'il était assez jeune- mais que dans son cas c’était assez difficile de s’orienter dans une voie... Hayden acquiesça d'un air désolé. Pour avoir travailler avec plusieurs personnes handicapées, elle savait comme c’était dur de s’insérer dans la vie active lorsqu’on avait un poids en plus à porter… Mais tout n’était pas perdu, et puis Jonathan semblait vraiment une personne censée et très intéressante.
" Vous trouverez forcément quelque chose qui vous plaira. L'handicap représente une barrière en plus que les gens comme sans soucis n’ont pas. Mais avec de la détermination, de la confiance et de l'envie, cette barrière sera franchie. Ne baissez pas les bras. "
Lui dit-elle doucement, tout en le contemplant toujours. Elle croyait vraiment à ses paroles, les gens comme ce patient devait s’accrocher, ne pas abandonner même si c’était dur. Malgré tout, la fin des paroles du jeune l’attristait. Elle avait très bien compris ce qu’il voulait dire par « lorsque j’étais un patient sans permission de sortir ». Il avait du être interné pendant un long moment, certainement à cause de la perte de sa voix… Enfin, Hayden suppose cela. Après cette révélation, l’individu lui posa plusieurs questions. Par exemple depuis quand elle travaillait ici, ce qui lui plaisait dans le métier d’infirmière. C’était assez flatteur qu’un patient s’intéresse à ses motivations, s’intéresse à elle tout simplement même si c’était par simple politesse -peut être. La jeune brune réfléchit durant un instant, fixant un point en face d’elle… Puis, elle se retourna vers Jo’ et prit la parole.
" Pour être franche, je suis arrivée il y a deux semaines. J’ai été diplômé il n’y a pas si longtemps que ça et j’ai décidé de changer de secteur en venant travailler à New York en faite… Pour ce qui concerne mon intérêt pour ce métier, j’ai toujours été emballé par les études qui touchent au médicale, j’aime aider autrui. C’est certainement ce que j’ai vécu qui m’a poussé dans cette vocation, je souhaite aider des personnes qui ont besoin de quelqu’un. Je souhaite encourager ces dernières, et surtout pour que ces individus ne se sentent pas seuls. La solitude est un sentiment désastreux…"
Dit-elle en détournant légèrement les yeux lorsqu’elle finit son monologue. Pour elle une vie était unique, il faut en profiter coute que coute. Pour ça, il faut aider les autres à la vivre le plus normalement possible, il faut être solidaire. Lorsqu’elle finit de parler de ça, il y eut quelques secondes de net silence avant qu’un bruit ne « les réveille ». Hayden, fronçant les sourcils, se demanda ce qui se passait mais comprit très vite. On entendit alors une voix rauque dire qu’ils ouvraient la porte. Hayden se retourna face à Jonathan et lui fit un grand sourire, soulagée qu’on s’occupe de aussi vite. Ils sortirent, remercièrent les individus qui s’excusaient de cette petite panne –l’ascenseur avait parait-il déjà connu des problèmes récemment. Jo’ et Hayden étaient désormais au rez-de-chaussée et étaient postés dans le hall.
" Cette fameuse cafétéria avant la petite visite médicale vous intéresse toujours ? Ne vous inquiétez pas, celle-ci va passer très vite. "
Reprit-elle en lui faisant un petit clin d’œil, signe qu’elle essayait de le mettre à l’aise. Ils allèrent dans le fameux lieu et après avoir pris quelque chose s’assirent sur l’une des tables disponibles.
" Pour être franche, je n’ai pas fini de lire votre dossier entièrement, je ne devais pas m'occuper de vous. "
Elle fit une pause. Puis...
" Il n’a aucun moyen que vous récupériez la parole ? "
Dit-elle après avoir croisé délicatement les jambes tout en fixant l’homme.
" Excusez mon manque de tact. Je vous avouerai que je n’ai jamais compris pourquoi la nature était cruelle avec certaines personnes et d’autres non ". |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) Sam 20 Mar 2010 - 19:38 | |
| La première réponse apportée par Hayden, qui se voulait très encourageante, éprouva cependant un effet des plus inverses sur ma personne. Non pas que je pris très mal ce qu'elle venait tout juste de dire, là n'était pas la question, bien au contraire j'avais parfaitement compris son encouragement, et celui qui l'aurait mal pris aurait pu être qualifié du parfait imbécile, mais ce qu'elle disait bien que cela ne manquât pas de sens s'accordait difficilement avec mon être. Car la détermination, cela n'était pas spécialement ce que je faisais de mieux, ma rigueur au travail avait été ébranlé par certaines facilités à obtenir aisément des bonnes notes sans fournir de travail acharné, donc avec les années c'est une mauvaise habitude que l'on prend et il devient difficile de s'en débarrasser. Le courage était loin d'être parmi mes qualités, je n'avais même pas été fichu de faire un choix, il avait fallu que celui-ci vienne de lui-même. Et l'envie, c'était également un élément crucial puisqu'il n'était pas rare que je me sente vide, las, blasé, comme si toute ma vie cessait d'avoir un sens d'une seconde à l'autre. Donc dans tous les cas, il m'était difficile de ne pas baisser les bras, comme elle le disait, mais sur cela je n'en tint mot, il n'était pas question de plomber l'ambiance. D'ailleurs je répondis : « Oui peut-être… enfin sans voix c'est pas évident, ne serait-ce que passer un entretien d'embauche… » Ceci dit, je sentais que j'allais vraiment installer un pesant silence si je décidai de lui laisser répondre à cela et c'est pourquoi j'avais tout de suite changé littéralement de sujet pour m'interroger sur qui elle était elle, et ce qui l'avait bien poussée à choisir la branche médicale, qui pour la plupart fascinait de nombreuses personnes à n'en pas douter, et qui témoigne en même temps d'une énorme quantité de travail au préalable avant de devenir finalement un membre intégré au service médical d'un hôpital. C'était peut-être, je n'en suis pas sûr mais j'en ai une très forte impression, que ce seul détail, celui du nombre d'années d'études à fournir et l'accumulation astronomique de savoir, une raison pour laquelle je n'avais pas insisté sur la maigre volonté que je pouvais avoir face aux études, que je n'avais jamais aimées d'ailleurs, j'en avais fait uniquement parce que sans on parvient difficilement à s'en sortir, et cela s'arrêtait là, mais s'il avait fallu revenir au tout début de mon enfance, même à trois ans, l'âge réglementaire pour entrer à l'école en France, je n'aimais déjà pas y aller alors l'âge n'y aurait rien changé. Elle avoua être arrivée il y a deux semaines, effectivement cela faisait déjà un temps presque considérable depuis que j'avais enfin pu quitter cet hôpital, et elle n'avait sans doute pas encore décroché son diplôme en cette partie de l'année. Je ne savais pas vraiment quel était l'état des systèmes scolaires aux États-Unis, je n'avais même pas songé à chercher la moindre information. Je n'étais là que par la force des choses, en aucun cas par plaisir. Dorénavant j'allais éprouver quelque bonheur à me trouver ici, mais rien qui ne concerne réellement mon avenir. Sa vocation était admirable, car en aucun cas elle ne parla d'argent, mais bien du désir immuable de porter secours à autrui quand celui-ci est dans le besoin. Par chance il restait encore du personnel pour représenter cette volonté d'aider son prochain, pas comme la majorité que j'avais aperçu auparavant et qui m'avait presque traité comme du bétail en m'administrant moult quantité de produits chimiques dont j'ignorais les résultats. Dont le résultat que moi j'attendais, à savoir retrouver l'usage de mes cordes vocales, n'était jamais arrivé, pour mon plus grand malheur. Elle piqua toutefois ma curiosité en mentionnant brièvement son passé, je me demandais bien ce qui avait pu lui arriver, mais je n'avais pas le courage de le lui demander, c'était une question beaucoup trop personnelle et elle n'était que l'infirmière qui allait s'occuper de moi. Je notai juste ce détail dans un coin de ma tête.
Ce qui me frappa cependant, c'était son point de vue sur la solitude, enfin pas tant son point de vue, mais plutôt la manière dont elle l'aborda et l'intonation dans sa voix qui s'était révélée pour le coup un peu moins froide que d'habitude et résonnant comme sous l'effet de quelques notes musicales. Je commençai à griffonner quelque chose sur une nouvelle feuille mais en fait je ne faisais que finir par barrer ce que j'avais écrit, tant je n'arrivais pas à formuler convenablement pour éviter de briser l'intimité de cette charmante femme et loin de moi l'envie de faire cesser l'atmosphère quelque peu détendue et presque apaisante qui s'était installée alors que d'ordinaire elle aurait été des plus chaotiques. Un violent conflit rageait en moi et je n'avais pas d'autre choix que de jouer le rôle de l'arbitre en ma curiosité presque intempestive et mon désir de ne pas causer le moindre tort à cette femme. Car si elle s'était donnée comme passion celle de venir en aide à tous ceux qui étaient dans le besoin, je ne voulais pas, moi, être la source d'un mal quelconque qui priverait temporairement le monde d'une aussi belle âme. Le temps était long alors que je n'arrivais pas à écrire correctement, et plus je reformulais et plus j'écrivais vite, rendant mon écriture absolument illisible ou presque, bien qu'il soit de coutume que chez les médecins l'écriture soit totalement illisible en raison de la vitesse exigée par la prise de notes. Mais elle n'était pas médecin, enfin je ne le pensais pas, bien que je pouvais pas l'affirmer avec certitude, donc je ne savais pas si elle, elle écrivait très vite et de façon illisible. Puis soudain un bruit me fit sursauter, je m'étais habitué au seul son du crayon sur la feuille et à la voix mélodieuse de Hayden que j'en avais presque oublié que des ouvriers techniciens allaient venir nous sortir de là. Et pourtant le sourire que me lança Hayden ne parvint pas tout à fait à me rassurer, car si j'avais bien lu avant de rentrer dans l'ascenseur, il était réservé au personnel, et je n'étais qu'un patient. J'eus un léger rictus sur les lèvres, j'espérais qu'elle n'aurait pas de problème à cause de ça, et je craignais aussi que par conséquent de mauvaises rumeurs circulent sur elle… et moi. Paranoïa quand tu t'empares d'une pauvre âme déjà tourmentée… Mais heureusement eux ne dirent rien. Quand elle me demanda si le petit tour à la cafétéria était encore d'actualité, j'acquiesçai en souriant, content quelque part qu'elle n'ait pas fait abstraction de ce moment à cause du temps perdu dans l'ascenseur. Finalement, elle se révélait tout de même un peu plus aimable qu'elle n'en avait donné l'air à l'étage supérieur. C'était à notre avantage tous les deux de toute manière, moins je serai stressé, et plus facilement elle pourrait faire les tests, et plus ça irait vite, et moins je me stresserai. Naturellement l'autre sens était également imaginable, à savoir que plus je stresserais et plus elle aurait du mal à me calmer et ainsi de suite. Elle me précéda dans la cafétéria, pour ma part je ne pris qu'un chocolat en espérant que ce ne soit pas le même genre que ceux qui étaient dans les distributeurs automatiques mais bon, je n'avais guère le choix de toute manière. Lorsque nous fûmes assis à une table, elle confia qu'elle n'était normalement pas en charge de ma visite médicale, cela me surprit tout de même. Un air totalement interrogateur fixé dans les sourcils, je demandai : « Mais, je ne comprends pas, ce n'est pas à vous de me faire la visite médicale alors ? » Je lui donnai la feuille et écrivis directement sur une autre : « Et, dans ce que vous avez lu sur mon dossier… il y a des détails que vous aimeriez que je détaille ou non ? » Je n'étais pas ce qu'il y avait de plus heureux en entendant parler de moi comme étant un dossier, mais je n'allais pas la blâmer la pauvre, elle ne faisait que son travail après tout, et ce dossier était le seul moyen qu'elle m'avait de le connaître plus ou moins. La question qui suivit me refit quelque peu sombrer dans une sorte de mélancolie en mémoire des jours heureux si on peut le dire ainsi, cela remontait donc très certainement à après mes retrouvailles avec Éloïse et avant que mon pouvoir ne se développe. Ce moment-là était bien, et la suite… j'avais provoqué toutes les tragédies qui avaient pris la relève. Jusqu'à aujourd'hui, où cela semblait s'être calmé, bien que je n'avais pas la moindre nouvelle de mes parents, ni du reste de ma famille. Et cela restait une grande tragédie jamais achevée pour le moment. Si seulement j'avais pu revenir à Strasbourg pour prendre des nouvelles, mais je n'avais pas les moyens du tout de faire l'aller-retour… Et sa remarque sur la nature témoignait d'une certaine forme d'innocence, à quoi je répondis : « Vous savez, docteure Hayden, lorsque l'on joue avec la vie, celle-ci finit toujours par vous le rendre. De même si on joue avec la mort, tôt ou tard elle se montrera plus maline que vous. » Je tournai le chocolat dans la tasse de façon évasive, ma nature de mutant était un vrai fardeau… puis je repris : « Si vous saviez comme je vous envie d'exercer cette profession, une si belle profession, mais je pense que venir en aide aux gens, tous ceux à qui j'aimerais sauvé la vie, c'est au-dessus de mes forces même si elles ne sont pas normales. » Je fus frappé par ce que je venais d'écrire. Je rayai la fin de la phrase pour reprendre en modifiant la fin « Si vous saviez comme je vous envie d'exercer cette profession, une si belle profession, mais je pense que venir en aide aux gens, tous ceux à qui j'aimerais sauvé la vie, c'est au-dessus de mes forces même si elles ne sont pas normales. même si elles sont prévues pour ça. » Puis je tendis la feuille, et réalisai encore plus avec horreur que l'habitude des cours m'avait fait juste rayer d'un seul trait, et non pas par un gribouillage… j'espérais qu'elle ne ferait pas le lien… |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Les tremblements de la plume (PV Hayden) | |
| |
| | | | Les tremblements de la plume (PV Hayden) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|