Fin de journée banale... Ou pas... } PV David

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Spoiler:

19h00, heure de fermeture de la bibliothécaire. Comme à son habitude Sarah restait toujours une bonne demi-heure en plus. Pour ranger quelques livres oubliés par ci par là... Vérifier qu'il ne restait plus personne dans les salles de lecture. Veiller à bien éteindre les ordinateurs... Bref, des petites choses que la jeune femme avait prit l'habitude de faire avant de quitter son lieu de travail. Mine de rien vérifier tout cela prenait du temps. Il était maintenant aux alentours de 19h30, et Sarah alla dans le local réservé aux employés. Ici, elle récupéra son sac à main, ainsi que son manteau. On avait beau être en plein mois de Mai, le temps était digne d'un mois de Février... Et encore ! Elle était bien généreuse.

Un dernier regard circulaire dans la salle principale. Tout avait l'air en ordre. Elle pouvait donc quitter tranquillement les lieux. Elle prit bien le soin de fermer à double tour la porte de la bibliothèque où elle travaillait depuis deux ans maintenant. Sarah appuya sur la poignée, celle-ci n'ouvrait pas la porte. Parfait. Elle plaça le trousseau de clefs dans son sac à main, et le referma pour le placer sur son épaule droite. Au-dessus de sa tête un ciel morose planait. Menaçant de déverser de la pluie sur la tête des habitants à tout moment... Miss Spellman espérait sincèrement que ce ne serait pas le cas. Elle n'avait pas de parapluie sur elle. Et attraper un rhume maintenant... Non merci !

Sarah se mit à descendre la rue, pour se diriger chez elle... Enfin chez elle... C'est vite dit. En réalité c'était un peu plus compliqué que cela. Cette grande villa, le propriétaire c'était son boss : Justin. Celui-ci l'hébergeait tout simplement. Mais avec les années, la jeune femme s'était bien habituée à l'endroit, le considérant comme son petit chez elle. Bien évidemment son compte en banque lui permettait d'être à son tour propriétaire d'un appartement bien confortable... Mais l'idée n'avait fait que lui effleurer l'esprit. Elle n'en n'avait pas envie. Où elle était actuellement, cela lui convenait très bien. En plus c'était pratique, parce que l'habitation n'était pas très éloignée de son lieu de travail. Si bien que la belle pouvait s'y rendre aisément à pieds.

La jolie brune marchait sur le trottoir, quand elle sentit quelques gouttes tomber contre son visage. Oh... Mauvais signe... Effectivement, pas le temps de dire "ouf" qu'une averse monumentale s'abbat sur la ville. Ah c'est bien sa veine ça. Pas de parapluie... Bon ok, sa peau absorbait l'eau plus vite qu'une peau normalement humaine, mais ce n'était pas une raison. Ses vêtements eux gardaient bien l'eau... Ce qui pouvait donc lui faire chopper un petit rhume bien ennuyant, comme n'importe quel humain. Comme se rapprocher d'une femme plante ne la rendait pas forcément meilleure qu'un humain. Pour le moment la priorité était donc de foncer dans un endroit au sec. La villa était encore un peu éloignée. Tout en se pressant, sur ses talons hauts, Sarah recherchait les batîments qui l'entouraient. Juste en face, elle vit un bar ouvert. Chance ! Elle traversa donc la rue, en se faufilant un chemin à travers les nombreuses voitures qui circulaient sans s'occuper d'elle. Une, vint la frôler... Sur le coup, la jeune femme avait eu une belle frayeur. Mais elle finit par arriver en un seul morceau sur le trottoir d'en face.

Elle poussa en toute hâte la porte, qui déclencha la petite cloche. Indiquant donc qu'une nouvelle personne venait d'entrer... Du regard, Sarah chercha une table libre et bien placée de préférence. Au fond de la salle, près d'une fenêtre... Une table pour deux personnes libre. Cela ferait son bonheur. La jeune femme s'y dirigea et prit place. Une fois installée, le serveur ne tarda pas à venir prendre sa commande.

" Un chocolat chaud, s'il vous plait..."

Commande retenue. Sarah pouvait prendre ses aises, en attendant sa consommation. Instinct de bibliothécaire ou non, Miss Sellman disposait toujours d'un livre dans son sac à main. Vu que le temps n'avait pas l'air de se calmer, elle sortit celui qu'elle était en train de lire actuellement. De par ses origines françaises, la belle aimait de temps à autre lire un livre français. Aujourd'hui c'est ce qu'elle avait : Au bonheur des dames de Zola. Cet auteur français, restait son préféré. Elle avait déjà lu cette oeuvre, mais elle ne se lassait décidément pas de la relire. Juste avant qu'elle ne se plonge dans sa lecture, le serveur arriva avec sa commande. Sarah le paya aussitôt, comme ça c'était fait. La belle put à présent continuer de lire son roman, confortablement installée, au sec.

Il y avait juste un détail qu'elle n'avait pas remarqué... Il y avait un manteau accroché contre le dossier de la chaise en face d'elle. Ce manteau devait bien avoir un propriétaire. En effet, on a rarement vu de manteau se balladait tout seul... Le propriétaire allait certainement revenir d'une minute à l'autre... Quelle serait sa réaction en voyant que Sarah occupait la place en face ?...

Déjà deux heures s’étaient écoulées depuis que David Haller avait pris place à une table du très beau café de « green dreams ». Le jeune homme avait toujours apprécié ce petit café, trônant fièrement au bout de la célèbre avenue de Soho. Le patron savait préparer le meilleur cappucino du monde et chaque détail de ce décor idyllique était pensé et réalisé avec soin par sa femme. Le nom du café lui avait été attribué en hommage au paysage si particulier qui vous était offert une fois la porte franchie. En effet, riche de sa formation de fleuriste, la copropriétaire des lieux aimait à exposer fièrement ses dernières compositions aux yeux de tous les clients. Excentriques, sans jamais être grossiers, les fleurs et les plantes se succédaient dans une mélodie des plus attrayantes. Chaque mois voyait arriver ses nouvelles couleurs et chaque saison ses nouvelles espèces.

David appréciait véritablement cet endroit et aimait y passer la plupart de son temps libre. Nul n’en n’aurait su dire la raison exacte. Etait-il touché par le doux parfum floral qui venait gentiment effleuré vos narines aux moments le plus inopportun ? Appréciait-il la sympathie des propriétaires du café ? Ou goûtait-il à la sérénité qui régnait en maîtresse sur les lieux ? Le jeune homme lui-même ne semblait guère apte à répondre à cette question. Il l’aimait tout simplement… comme l’on aime une bonne tasse de cappucino lorsque le ciel fait planer sur nous d’inquiétants nuages noirs.

Le jeune homme semblait ne pas se préoccuper de l’horloge qui continuait inlassablement sa course, ni même aux gouttes de pluies qui frappaient violemment les vitres de son repère. Blotti dans son petit paradis, il lisait avec avidité les pages d’un passionnant roman qu’il venait à peine de se fournir… Son titre était « Sonderkommando » et son auteur un juif rescapé du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau qui parlait de son travail avec une troublante réalité. Faisans fit de ses états d’âme et des profonds traumatismes qui le hantait depuis plus de 60 ans, il avait désiré s’ouvrir avec simplicité au lecteur en lui contant sincèrement l’enfer des chambres à gaz.

Le comportement de l’italien Shlomo Venezia, n’était pas s’en rappeler au jeune juif celui d’un autre survivant des camps de la mort. Depuis quelques années déjà, David Haller, était parti en quête de connaissance sur le drame de la Shoah en allant à la rencontre de ceux qui avaient fait l’Histoire et qui marquaient d’un tatouage indélébile les souffrances de tout un peuple. Au détour d’un chemin particulièrement chaotique, il fit la connaissance de nombreuses victimes qui d’une simple phrase ou d’un simple geste écrivait un témoignage bouleversant à la mémoire de ceux qui les avaient quitté trop tôt et si injustement. Parmi tous ces êtres exceptionnels qu’il avait rencontrés, il en était un qui restait désormais gravé à jamais dans la mémoire et dans le cœur du jeune homme qui gardait pour lui une véritable admiration. Au fur et à mesure de leurs nombreuses rencontres, ce rescapé s’était livré sans pudeur et sans retenue aux nombreuses questions que le jeune homme se posait sur son passé. Il avait transmis au jeune homme ses valeurs de fierté des origines, d’amour et de dévotion sans bornes à sa communauté. Les leçons qui lui avait enseignée demeuraient à jamais dans l’esprit de David et l’aidait à cheminer sur la voie du rabbinat qu’il avait choisi de suivre.

C’était dans tout cet amour profond qui l’avait soudainement poussé à se lever pour rejoindre une vieille femme assise à deux tables de lui. Petite vieille somme toute très adorable, Madame Weiss avait elle aussi connu l’enfer des camps de concentration. Mariée à l’époque à un jeune avocat juif et mère d’un petit garçon, elle avait vu s’envoler toute sa famille durant la guerre. Remariée depuis les années 60, la disparition de son conjoint avait entraîné chez la vieille femme un véritable traumatisme. Attristé par le décès qui l’avait touchée, David s’était approché d’elle afin de réconforter sa fidèle paroissienne. Il lui avait quelques minutes pour sécher les larmes de la pauvre infortunée.

La scène qui suivit fut des plus amusantes. Désireux de ne pas la laisser seule, il avait proposée de la rejoindre à sa table. La réponse qu’elle lui donna le fit brusquement sursauter.

- Oh mais vous êtes avec votre amie Rabbi Haller ? Dans ce cas je ne voudrais surtout pas vous déranger !

Quelle pouvait bien être cette mystérieuse amie imaginaire dont elle venait de parler ? Se tournant en direction de sa table, quelle ne fut pas sa surprise de voir assis, sur la chaise initialement vide, une jeune femme perdue dans la lecture d’un roman. Intrigué par cette étrange invitée, il salua la petite vieille et se dirigea vers la belle brunette. Un simple raclement se gorge suffit à lui faire part de sa présence et il lui demanda avec sa verve naturelle

- Je ne m’étais guère attendu à partager ma table en votre compagnie Mademoielle. Puis-je connaître la raison de votre présence ?

C ette question si joliment tournée, poussa cette chère Fanya à exprimer le fond, qu'elle estimait réelle, de la pensée de David

*Non mais elle se prend pour qui celle-la? Je te jure il existe des gens vraiment culoté dans ce monde*

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- Je ne m’étais guère attendu à partager ma table en votre compagnie Mademoielle. Puis-je connaître la raison de votre présence ?

Ce fut ainsi, que Sarah s'interrompit dans sa lecture. Une voix masculine venait de s'adresser à elle, glissant une petite question. La jeune femme ne savait pas qui lui parlait, mais cette personne l'agaçait déjà... Elle passa sa langue sur ses lèvres, prit précautionneusement son marque page qu'elle laissa là où elle venait de s'arrêter malgré elle. Le tout sans un regard en direction de son interlocuteur. Une Sarah agacée, ce n'est jamais bon signe pour la personne qui se trouve en face d'elle. La jolie brune tourna lentement la tête vers le jeune homme. Ses yeux habituellement marrons, commençaient à virer au vert émeraude, mais pas complètement. Etrange couleur qu'ils avaient actuellement donc...

" La raison de ma présence ? Vraiment ? Je pense être dans un lieu public. Il est donc tout à fait légitime que je m'installe à une table. Non ? "

Evidemment sa question était rhétorique, elle n'attendait pas de réponse. Elle venait de dire ces quelques phrases avec un ton calme, posé en détachant bien chaque syllabe. Ce qui devait sûrement faire ressortir son petit accent français... Bien qu'un peu sur les nerfs, Sarah faisait preuve d'un calme qui l'étonnait... Si cette scène s'était passée, il y a quelques années, le pauvre garçon se serait rapidement prit la main de la demoiselle dans la figure avant d'avoir pu dire "ouf". Mais ce soir non, elle ne le ferait pas. Du moins, pas pour le moment. Ses sautes d'humeur ne lui facilitaient pas la vie, ce pourquoi elle s'était légèrement calmée depuis quelques années.

De ses yeux perçants elle fixait sans ciller le jeune homme. La phytokinésiste ne l'étudia pas en détail. Ce qui la frappa en premier chez lui, ce fut ses yeux bleus.Il est vrai que les hommes aux yeux bleus, elle aimait bien. A fortiori lorsque c'est un brun aux yeux bleus. Bon, point positif elle avait en face d'elle un tableau pas désagréable à regarder.

La jeune femme détourna au bout de quelques minutes son regard, pour le porter rapidement tout autour d'elle. Au loin, une vieille dame seule regardait en la direction de la table où elle se trouvait, un air interrogateur au visage. Une envie soudaine de lui demander ce qui n'allait pas prit la jolie brune. Mais non, restons polie et ne faisons rien de regrettable pour la suite des événements. Cependant, un détail attira rapidement l'attention de la belle. Comme un bout de tissu qui montrait le bout de son nez, sur la chaise d'en face. Sarah détourna complètement son regard pour pouvoir ainsi mieux observer ce détail. Depuis quand était-ce ici ? Un manteau ? Oui... Voilà qui expliquait la venue de ce type. En fait il était ici depuis plus longtemps que Sarah. Il devait penser que Sarah se tapait bien gentiment l'incruste... S'il pensait cela, il avait plus que bien régi en tous les cas. Un peu confuse du tout, la jeune femme se mordilla la lèvre inférieure. Il n'y avait pas trente six mille solutions qui se présentaient à elle à présent : chercher une autre table. Et s'excuser aussi, accessoirement...

" Hum... Je vais donc vous laisser votre table, monsieur. Excusez-moi... En réalité, je ne savais pas qu'il y avait déjà quelqu'un à cette table. Sinon je ne me serai jamais permit de venir m'installer ici. Je vais donc aller voir où je peux m'installer... "

Joignant le geste à la parole, elle se leva de sa chaise. D'une main elle rangea son livre dans son sac à main, qu'elle laissa ouvert. De l'autre main elle posa son manteau contre son avant bras.

" Encore désolée du dérangement... "

Elle voulut esquisser quelques pas, pour se diriger vers une autre table, mais le jeune homme était toujours devant elle. Vu la façon dont la salle était disposée, elle ne pouvait pas tellement sortir... La jolie brune eut donc quelques instants d'hésitations, quant à l'attitude à adopter...

" Hum... Excusez-moi... "

Espérant ainsi qu'il se pousserait, la jeune femme commença à se glisser entre "leur" table, et celle d'à côté. Il n'y avait pas tellement de places, si bien qu'elle frôla le jeune homme en voulant passer. Gênée de cette situation, son teint ne se rosit pas, comme le ferait un visage normal. Non, Sarah, elle, palissait encore un peu plus... Se rendant compte du changement, non brutal, de couleur de son visage la belle pinça les lèvres. Bon, elle allait y aller, ou elle attendait le déluge ? Parce que malgré elle, même en voulant s'en aller de cette table, son regard ne se détachait pas de la silhouette du jeune homme.

A peine David avait-il eut le temps de poser cette question qu’il le regrettait déjà amèrement. Par habitude, le jeune homme mesurait et soupesait chacun de ses propos afin de ne pas commettre d’impair. Mais cette fois-ci David, victime de son étonnement et de sa grande curiosité, avait lancé cette rhétorique de manière tout à fait spontanée espérant obtenir une réponse de cette curieuse inconnue. Avait-il donc fait preuve d’une si grande impolitesse pour que la jeune fille puisse s’en sentir si offensée ? A voir la conduite qu’elle avait soudainement adoptée, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. La curieuse sensation de mal être que David ressentait ne cessait de grandir à chacun des gestes de la jeune femme. L’étrange sérénité dont elle faisait preuve dans ses mouvements inquiétait d’autant plus le jeune homme qu’il devait assister impuissant à cette scène dont il était l’un des acteurs principaux.

Les situations conflictuelles créaient bien souvent chez le jeune homme un sentiment de peur exacerbé qui finissait d’ordinaire très mal. Et cette fois-ci n’y fit pas exception. En effet Fanya, profitant de l’angoisse grandissante de son hôte, s’empara une fois encore de son esprit et c’est elle qui avec sa fougue et sa confiance exacerbée s’apprêtait à faire face à cette bien curieuse adversaire. Soudainement, lorsque la jeune femme se dressa devant elle, Fanya perdit tout simplement ses moyens devant le visage qui lui faisait volte-face. Ses yeux d’un marron foncé qui prenait peu à peu une couleur vert émeraude l’impressionnait énormément. Etait-il possible que la jeune femme qui se tenait devant elle n’était rien d’autre qu’une de ses sœurs mutante ? Fanya n’eut pas eu le temps s’interroger à ce sujet que déjà la mutante lui adressait bon nombres de reproches. Pour qui se prenait donc cette jeune arriviste ? Fanya, qui ne pouvait supporter plus longtemps cette insubordination lui lança vivement.

- Pardonnez mo mon impertinence Mademoiselle, mais peut être ce détail vous aura-t-il échappé. J’occupais cette table bien avant votre arrivée, et ne m’attendait nullement à y voir un autre client assis durant le bref instant où je me suis absentée

La remarque pertinente que Fanya venait lui adresser semblait l’avoir un tant soit peu déstabilisée. Après avoir jeté un bref coup d’œil en direction de la table de David, la jeune inconnue semblait soudain se rendre compte d’un détail des plus étonnants. Un grand manteau noir était posé sur le dossier de sa chaise voisine, ce qui semblait lui indiquer que la place qu’elle convoitait n’était pas totalement libre. Et c’est ainsi que le visage de l’effrontée prit soudainement une couleur blanche. Voyant cela, Fanya ne puis s’empêcher de lui jeter un regard des plus malicieux avant de rassurer son hôte sur la situation.

*Et voilà David comment on résout un tel problème. La prochaine fois j’espère pouvoir te voir arriver à lui tenir tête tout seul. Elle a l’air d’une sacrée dure à cuire. Surtout ne me déçois pas !*

Cette réflexion des plus menaçante fut suivit par un mal de tête puissant qui déstabilisa le jeune homme et le poussa à s’accouder à la table durant quelques minutes. Il lui fallut beaucoup de concentration avant de maîtriser cette migraine et de reprendre ses esprits. Il jeta ensuite un regard apeuré en direction de Sarah. Pourvu que cette crise ne le fasse pas passer pour fou ou pire, ne révèle à son interlocutrice sa nature mutante. Il fallait à tout prix empêcher cela, David ne voulait pas être rejeté du seul café où il se sentait réellement bien. C’est sans doute cette inquiétude qui le poussa à agir de manière si détachée. Comme si rien ne s’était passé, il adressa un sourire à l’Inconnue empli de sollicitude et tentait de retenir la belle étrangère qui venait de se frayer un chemin entre leurs deux tables.

- Je vous en prie Mademoiselle, c’est moi qui suis confus. Je n’aurais certes pas dû faire preuve d’un tel mépris à votre égard. Cette question n’avait pour but que vous témoigner de ma grande curiosité et je vous demande pardon si j’ai pu vous blessée d’une quelconque manière que se soit… Cela dit je ne rechigne pas à la compagnie et si vous souhaitez vous joindre à moi ce sera avec grand plaisir que je vous offrirais un café pour me faire pardonner ma grande impolitesse.

Tout en laissant à la jeune femme le loisir de répondre il ne put s’empêcher de regarder la couleur de ses yeux. Ayant depuis longtemps repris leur couleur naturelle, la sérénité retrouvée de la jeune femme rassura énormément le mutant qui n’avait guère l’envie de se livrer à une démonstration de ses pouvoirs en public. Que dire de tout ça ? L’un et l’autre n’avait sans doute été victime que d’un coup de folie passagère. Peut être était-il temps pour eux d’oublier cette insignifiante querelle et signer leur réconciliation devant une grande tasse de café réconfortant.

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Allons bon ! Voilà qu'il ne se sentait pas bien. Que lui arrivait-il ? Sarah n'en n'avait pas la moindre idée. En continuant de le regarder, elle remarqua que le jeune homme eut un mouvement de fatigue soudain... Et finit par s'accouder à la table qu'ils partageaient jusqu'à présent. Que faire ? D'un côté l'idée de le laisser ici, abandonné à son sort tentait bien la jolie brune... Mais d'un autre côté, elle avait bien envie de lui apporter son aide. Etrange cette deuxième idée. Cela ne ressemblait pas à son caractère habituel. Pour toute réponse, elle ne bougea pas de place. Ainsi elle ne l'aidait pas, mais en même temps elle ne le laissait pas complètement seul. L'envie quand même de s'inquiéter de son état fut plus forte. Sarah le considéra quelques secondes, avant de se lancer :

« Tout va bien ? »

Evidemment que non. Mais elle faisait comme tout le monde. On demande à une personne si elle va bien, alors que l'on se doute de la réponse qui va être donnée. Mais on demande quand même. Bien le propre de l'être humain ça... Le regard apeuré qu'il lui lança, la conforta dans l'idée qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez lui. Quoi ? Ca c'était une bonne question... Décidément ce jeune homme était rempli de mystère aux yeux de Sarah. Cachait-il quelque chose ? Ou était-il pris d'une crise quelconque, qu'il tentait vainement de calmer ? La jolie brune n'aura sans doute jamais de réponse à toutes ces questions. Mais qu'à cela tienne. Vu que la belle n'était pas d'un caractère particulièrement curieux, elle pouvait s'en passer. De plus, pour être franche, la vie des autres elle n'en n'a strictement rien à faire. Sa vie est déjà assez compliquée à organiser comme cela... Elle ne va pas aller s'encombrer de la vie des autres en prime. Il ne manquerait plus que cela...

Le changement rapide de comportement de David désorienta quelque peu la jolie brune. Waw... Impressionnant. Dire qu'il y a à peine quelques secondes il avait un air apeuré au visage ; maintenant il possédait un air on ne peut plus serein. Sa voix se faisait calme et posée... Comme si les dernières minutes qu'ils venaient de vivre n'avaient jamais existées. Incroyable... Pour être capable de changer aussi rapidement de comportement, il fallait forcément cacher quelque chose de louche... Par exemple, ce genre de retournement de situation, Sarah en était parfaitement capable. Et quand on sait la double vie qu'elle mène, on comprend bien qu'elle cache quelque chose de louche pour pouvoir changer aussi promptement. Voilà qu'il s'excusait... Etrange, vraiment...

« Non, mais... Il n'y a pas de problèmes. Je me suis emportée, je n'aurai pas du. Je ne pense pas que ce soit à vous de vous excuser. Je pense bien avoir ma part de responsabilité dans cette histoire. Je n'ai pas pris les précautions nécessaires avant de prendre la liberté de prendre place à votre table... »

Incroyable... Sarah qui s'excusait. Et bien on aura tout vu aujourd'hui... Mais quand on y réfléchit, elle était loin d'être innocente dans l'histoire. La jolie brune venait de prendre le recul nécessaire, chose rare chez la belle...

« Et bien votre proposition est très alléchante... Je pense que je vais accepter... »

Bon, et bien maintenant tu fais demi tour ma petite Sarah, et tu t'assoies d'où tu viens...

Le malaise de David n’avait duré que quelques minutes. Désorienté et fatigué, il avait perçu les quelques mots de Jane sans pouvoir y apporter de réponse. Sa tête était particulièrement lourde et le monde tournoyant autour de lui requerra une grande concentration avant de terminer sa course folle. Ce n’était pas la première fois que ce surprenant phénomène s’était produit. Les personnalités de David lui jouaient bien souvent des tours plus que pendables. C’était dans leur nature et le jeune homme ne pouvait que l’accepter, après tout il était fort probable qu’il ne puisse jamais se séparer de cette désagréable cohabitation. Mais devant des inconnus qui ne savaient guère qui était Légion, cela pouvait recéler de la démence. Pensait-elle qu’il était véritablement fou ? David écarta bien vite cette hypothèse pour rassurer la jeune femme inquiète de son état de santé.

- Oui rassurez-vous Mademoiselle je vais bien. Merci de vous en inquiétez. Ce n’était qu’une migraine passagère probablement due à ma surcharge de travail de ces derniers temps.

David sourit à la remarque qu’il venait de lui adresser. La jeune inconnue ne lui avait jamais demandé de justifier son mal être. Pourquoi s’était-il donc cru obliger de lui fournir une excuse des plus houleuses ? Toutefois, il espéra que cette explication éviterait à Sarah de se poser bien des questions sur lui. Cette démarche avait-elle porté ces fruits ? David ne tarderait sans doute pas à le savoir, il était inutile de s’attarder plus longuement sur le sujet.

Malgré le caractère désagréable de l’intervention de Fanya, celle-ci avait été salvatrice. Le ton belliqueux de cette brève conversation s’était enfin adoucit et la tournure des évènements s’était annoncée de bon augure. Sarah s’excusa de sa remarque et David balaya très vite de son esprit leur petite dispute. Il lui tendit donc sa chaise dans un sourire et lui proposa de s’asseoir.

- Très bien Madenoiselle, nous pouvons donc nous considérer comme quittes. Je vous en prie asseyez-vous !

A la suite de sa proposition, David rejoignit joyeusement sa place. D’un geste, il remisa le livre qui trônait encore sur la table dans son sac. Il ne fallait pas que d’aussi sombres sujets viennent entachés le début de leur conversation. Il porta ensuite une brève attention au titre du livre de Sarah. Apparemment celle-ci, tout comme son voisin, possédait une passion pour la littérature française. Parfait ! Voilà au moins un point qu’il partageait tout deux en commun. Il sourit dons à l’adresse de sa voisine et lui demanda.

- « Au bonheur des dames de Emil Zola… » Vous appréciez donc la plume acide de cet auteur incontournable de la littérature française et les frasques étonnantes de la famille des Rougon-Macquart ?

Les paroles on ne peut plus ennuyeuses de David ne se révélèrent pas du tout du goût de Cyndi. La jeune adolescente n’était pas à proprement parler un fanatique de lecture et le sens que cette conversation prenait ne lui plaisait guère. Toutefois elle n’avait pas d’autres choix que de l’écouter déblatérer à ce propos et se contenta donc de déclarer.

*Pitié David épargnes-nous cet ennuyeux sujet de conversation… Tu es assis en face d’une très jolie femme prête à boire tes paroles et toi tu lui parles de littérature ? Décidemment, je ne te comprendrais jamais.*

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