Un long voyage pour un cadeau spécial [Pv Ghinzu]

""Si tu crois que le meurtre ou achever un ennemi te rendra meilleur et imposera la paix c'est que tu ne vaut pas mieux qu'eux.""

Le demi sourire de Daniel s'effaça laissant place d'abord à une expression de douleur puis d'une tristesse profonde mais contenue. Ainsi, c'était comme ca qu'elle le voyait depuis son intransigeance bornée ? Ses actions ne seraient réduite qu'à cette vision des choses ? Il y avait tant à dire sur cette simple constatation blessante, tant à démontrer devant l'accusation blessante. Si ca n'avait pas été Amara, il aurait vidé son verre et serait parti le soir même la laissant à son jugement de valeur manichéen dans un monde de méchants très méchants et de gentils forcément très gentils. Combien étaient mort déjà à se mettre la tête dans le sable dans la crainte d'avoir un jour à se salir les mains et faire ce qui devait être fait ? Combien d'utopistes dont les rêves ne valaient pas plus que des mots dans le vent comme SDN, comme ONU, comme Peace and Love ?

Une pensée sombre l'anima, une douce ironie pleine de douleur : Amara l'avait accueillit parmi les X Men, serait-elle celle qui précipiterait son départ ? Oui c'était possible.
Si les X Men pensait tous comme elle, il n'avait plus rien à faire là bas.
En tout cas il comprenait mieux à présent pourquoi Xavier faisait des plans derrière les plans et masquait même à ses proches, une partie de la réalité de ses pensées concernant la nécessite de certaines actions..
En tout cas si les propos se voulaient blessant, ils avaient largement remplis leur rôle, Daniel n'oublierait pas ce qui venait de se dire ce soir là et une partie de la sensibilité qu'il cherchait à laisser s'exprimer au contact d'Amara venait de s'évanouir dans la nature.
Elle ne le connaissait pas et pire, ne cherchait pas à le connaitre se bornant à juger plutôt qu'à comprendre.

Me rendre meilleur...non. Faire ce qui doit être fait, oui. Et même si des gens qui furent mes amis finissent par devenir mes juges puis mes bourreaux, je crois que c'est ca, se sacrifier pour un idéal mais je n'attends pas à ce qu'on me comprenne.
Amara, ce n'est pas un monde en noir et blanc, c'est un monde en gris et j'en suis le premier navré.

le rythme de la voix était serein mais plein de désillusion, comme si il ne s'adressait plus vraiment à elle, non pas par désintérêt juste car il était conscient de ce qui venait d'être réduit en miettes par quelque phrases.

"Vas-tu te venger de Louis?"

Son expression ne cilla pas comme si le sujet ne le touchait plus. Son sourire avait de toute façon définitivement disparu.

Non.
Que connaissais tu de Louis ?
Rien ou si peu.
C'etait quelqu'un que je considérai comme mon propre fils, avec ses errances et ses qualités.
Louis était malade, il souffrait d'un dédoublement de la personnalité et abritait en son âme sa sœur jumelle que les circonstances ont rendu instable et haineuse envers les hommes, elle me voyait comme celui qui l'éloignait de son frère, comme une menace.
Celle qui m'a frappé ce soir là, c'était elle qui pour la première fois avait réussit à prendre possession du corps de son frère. Il était venu à moi comme un fils vient à son père, perdu et implorant et je n'ai pas su trouver les mots pour répondre à une seule question, un seul besoin : une immense volonté qu'on l'aime. Un besoin d'amour irrépressible.
J'étais trop aveugle pour le comprendre et je l'ai repoussé dans ses derniers retranchements. Margareth s'est éveillée alors que lui s'effondrait.
J'ai su après coup que c'est lui qui avait appelé les secours.
Je n'ai eu que ce que je mérite, tout était ma faute.
Si quelqu'un avait besoin d'être vengé pour mon aveuglement imbécile, c'était Louis.

Il soupira et vida son verre avant de le poser dans un bruit mat sur la table.

C'est à mon tour...malheureusement, je n'ai plus aucune question à te poser Amara, désolé pour ce jeu stupide.
A toi de voir si ma présence est encore requise où si d'autres questions te traversent l'esprit, au cas contraire, je trouverai bien à m'occuper dans ma chambre, je consulterai la presse locale

Son expression était toujours grave, mais le ton de sa voix neutre trahissait bien entendu une contradiction entre la tristesse que reflétait son regard et ses dires pleins d'une politesse somme toute protocolaire.

Visiblement mes mots avaient fait mal. Je ne voulais pas le blesser, mais il voulait la vérité il venait de l'avoir. A croire qu'il n'était pas prêt à l'entendre, du moins dans ma bouche. Il me parlait de faire un sale boulot et de sacrifice. J'étais bien placé pour le savoir, trop bien placé. Que croyait il ? Il jouait au martyre, alors qu'il ne s'impliquait dans la cause que depuis quelques temps. Sa leçon me sauta au visage comme une gifle, surtout son attitude qui me fit le plus souffrir. Certes je venais de bouder, mais pour une tout autre raison. C'était facile pour lui, il n'avait pas de contrainte, pas de loi et pourtant celle que je voulais lui dictée pour la bonne cause, il s'y refusait obstinément. Cette soirée était un sacré fiasco et pourtant je voulais lui faire comprendre mon choix, du moins avant qu'il ne décide de partir. Qu'il le face en toute connaissance de cause.

"Se sacrifier, se sacrifier, que crois tu que j'ai fais depuis toutes ses années Daniel. Pendant que toi, tu as pu vivre ta vie, ton existence, j'ai sacrifié ma vie pour une cause qui me parait juste. Je ne m'en plains pas et je te suis reconnaissante d'avoir décidé de bouleverser ta vie, mais ne me parle pas de sacrifice comme si j'étais une gamine sans en comprendre le sens. Je ne suis pas une idéaliste bête et méchante, je suis sans nul doute la mieux placée pour savoir que VOTRE monde est cruel."

Il était temps pour moi de lui faire comprendre ce que pouvait être l'ultime sacrifice à mes yeux. Ce que j'avais pu vivre, vu qu'il pensait je jouais les idéalistes par pur plaisir, rien que pour lui faire mal. Je trouvais son égo mal placé à cet instant, tout comme il me paraissait maintenant ridicule d'avoir eu cette réaction puéril quand j'avais appris qu'il avait été fouillé dans mon passé. J'en prenais pleinement mesure à l'instant. Cependant je me devais d'être honnête même si je le froissais définitivement.

"Tu veux du sacrifices, tu veux du martyre. Voici une jolie histoire. Il y a fort longtemps une jeune fille a perdu sa mère alors qu'elle n'avait que 12 ans, tué par une mutante qui avait la folie des grandeurs. Cette jeune fille perdue une part de ses illusions ce jour là et a vu du jour au lendemain sa vie bouleversée par cette perte, comme tu peux l'imaginer. Pire encore son père décida pour la préserver et craignant pour sa vie, de l'envoyer loin de lui. Pendant son exil qui dura une année sans nouvelles de ses proches, cette jeune fit la connaissance de mutants. Par un concours de circonstances notre jeune demoiselle tomba aux mains de cette méchante mutante qui décida de la sacrifier dans les flammes d'un volcan."

Ma voix se fit de plus en plus tremblant, je perdais petit à petit de ma superbe assurance. Même l'ironie de mon ton ne me permettait pas d'avoir suffisamment de distance dans mes dires. Ce qui était de plus en plus douloureux, je sentais mon cœur se serrait petit à petit dans ma poitrine.

"Fort heureusement Vulcain dans sa clémence décida de la protéger et lui donna ses dons ce qui lui permit de survivre. Elle échappa à son triste sort et réussi même à mettre en déroute notre méchante mutante. Le destin décida que notre adolescente devait quitter sa patrie pour apprendre à maitriser ses nouveaux pouvoirs, car ils étaient trop dangereux pour qu'elle puisse rester vivre bien gentiment chez elle. Ce fut avec un déchirement, mais pour le bien de la communauté qu'elle accepta, cela paraissait juste."

Je me mordis les lèvres, je pris une grande et profonde respiration pour pouvoir continuer.

"Elle débarqua dans un monde inconnu, on lui imposa de nouvelles règles. Tant bien que mal, mais elle les accepta, elle n'avait guère le choix.
Le temps a passé la jeune fille a grandi et un beau jour elle croisa la femme mutante qui avait été à l'origine de son malheur, l'assassin de sa mère. Notre héroïne décida de se venger et de débarrasser ainsi le monde de ce fléau vivant, ce qui à ses yeux étaient une bonne chose. Elle mit au point un traquenard qui fonctionna bien et cette maudite sorcière faillit bien disparaitre pour toujours. Sauf que Xavier, notre cher et tendre ami s'y opposa formellement. Il mit au pied du mur notre justicière. Soit elle exerçait sa vengeance, même s'il est de notoriété connu que cette mutante était un monstre , mais dans ce cas elle devait dire adieu à l'institut et tout ce qui avait fait sa vie depuis des années, Soit elle laissait vivre cette sorcière aux prix de ses convictions, mais pour le bien de l'idéal de l'institut et ceux de Xavier."

Soudain des larmes se mirent à couler le long de mes joues. Daniel venait s'en le vouloir me repousser mes derniers retranchements.

"C'est une jolie histoire n'est-ce pas ! Alors, oui j'ai fais le choix de la laisser vivre, oui j'ai accepté ce dilemme, qui m'a brisé le cœur, même si au plus profond de moi il n'est pas un jour ou je peux maudire ma décision, mais pour l'exemple des futurs générations pour respecter l'idéal qu'on m'avait demandé de suivre et par respect pour celui qui m'a accueillit depuis des années j'ai renoncé à tuer l'assassin de ma mère. Je me suis résolu à vivre avec et je puis te dire que ce n'est pas toujours facile. Alors oui le monde est gris, une fille ne devrait pas perdre sa mère à cause d'une mutante, ni personne d'autre.
Mais ne m'enlève pas le peu d'illusion qui me reste car sinon pourquoi je me bats? Est-ce que tu crois que c'est un sacrifice suffisant à tes yeux? Est-ce que tu peux comprendre que je puisse réprouver ce qu'on ne m'a pas autorisé à faire? Tu peux comprendre que l'idée même que Xavier te l'autorise me révolte puisqu'il me l'a refusé et pourtant crois-moi cela aurait été une menace de moins sur terre? Ou bien est-ce trop te demandé?"

Ma voix était chancelante, mes larmes coulaient à flot. Dans la mesure ou il avait exprimé le souhait de ne plus vraiment passé du temps avec moi je ne voulais pas le retenir. Il savait maintenant ce que j'éprouvais et pourquoi je tenais temps à mes illusions. Je me levais.

"Franchement, dis moi pourquoi je ne balayerais pas votre monde, il est si corrompu et tellement vil. Si je n'ai plus d'espoir de croire que les futurs générations de mutants veulent vivre dans un idéal de paix, pourquoi je ne détruirais pas ce monde qui est nuisible et qui vous brise votre jeunesse! Pourquoi je continuerais à me battre pour vous si vous pensez vraiment que seul la violence peut résoudre vos fléaux? Je peux exaucer vos prières et sur les champs de bataille semer désolation sur nos ennemis les voir réduire à néant ! Est-ce vraiment cela que tu souhaites Daniel ?"

Je me sentais totalement abattu, une part de moins aurait tellement voulu ne plus penser à cela, ne pas avouer mon fardeau de cette façon à Daniel. Il était trop tard, je me sentais tellement désespéré, comme si on venait de m'enlever tout espoir d'un monde meilleur.

"Je sais, je suis dur, pourtant si je te dis cela c'est parce que j'éprouve beaucoup d'affection pour toi et que je me dois d'être honnête. Maintenant tu sais ce que je ressens, libre à toi de rester ou pas, je ne veux pas te contraindre à rester, cela n'aurais pas de sens !"

Voila j'avais vidé mon sac, sans doute d'une façon très maladroite à n'en pas douté, mais je n'avais pas vraiment l'habitude de parler à cœur ouvert. Je n'avais pas comme lui eu toutes ses années pour me poser des questions. J'avais depuis si longtemps essayer de garder la tête haute sans jamais dire ce que je ressentais, qu'il fallait bien que cela sorte. Mes larmes coulaient toujours, il y avait si longtemps que je ne les avaient pas senti sur ma peau. En général la colère prenait le dessus et mon pouvoir se manifestait pour assécher ce torrent. Ce soir pas de colère, juste un cœur qui souffrait en fait d'avoir été si incomprise.
Du revers de la main j'essuyais mes grands yeux bleus qui étaient embrumés par la tristesse. Du coup mon maquillage ne résista pas et le contour de mes yeux se noircit.

Daniel la regardait conter son histoire, la mine sévère et avec une expression de marbre comme si les mots ne le touchait pas. Le masque de rigidité se fendait enfin, il touchait la jeune fille et la voyait derrière son armure et cela, pour la première fois. Cette fêlure mise à jour dans toute la douleur et la désespérance était bien plus prenante qu'une colère, bien plus vraie qu'un aveu.
Et même si il n'approuvait pas cette rancœur qu'elle sentait à son encontre entre les mots, et même si il ne se sentait pas assez dans son tord pour formuler une ébauche d'excuse, il la comprenait.
Il y avait tant à répondre mais il n'en fit rien, elle ne le connaissait pas et il pensait à présent qu'en cet instant elle n'était pas prête d'essayer de faire l'effort de le comprendre, lui.
Sa douleur trop contenue l'avait dévorée depuis tant de temps et il connaissait par cœur le chemin de cet état d'âme. Il s'y était perdu lui aussi dans une vengeance jamais assouvie suite à la perte de sa famille, cela, elle l'ignorait.
Lorsque tout fut dit, il hésita longuement avant de se lever puis ils se firent face de longues minutes.
Même à travers ses larmes et le visage dégrafé par la tristesse, elle gardait cette beauté sublime.
Il soupira comme si si un lourd poids venait de lui tomber sur les épaule et lentement s'avança vers elle en écartant les bras.
Il la prit dans ses bras avec toute la tendresse dont il était capable.
Sa joue se colla contre la sienne, inondée de larmes.
Il l'enlaça comme si il voulait la protéger de toute chose et lui murmura avec une douceur un peu triste.

A dix ans mon père m'a dit.."un Homme, un vrai, a besoin de croire en quelque chose." J'ai cherché dans le visage éteint des statues des églises et je n'y ai rien trouvé, j'ai cherché dans les idées des hommes qu'il fallait défendre et je n'y ai rien vue d'autre que folies et amertume, j'ai cherché dans les bras des femmes, je n'y ai trouvé que plus de solitude encore. J'en arrive à un age ou j'ai besoin de croire ou alors je disparaitrais. Jamais je ne t'enlèverais cet espoir qui t'anime, jamais. C'est pourquoi je ne deviendrai pas des vôtres, je ne salirai pas l'ordre des X Men par ma présence. Parce que VOUS êtes les héros dont le monde de Xavier à besoin, je me contenterai de vous regarder de loin parce que je ne pourrai pas te mentir, pas à toi.
Mon choix est fait.
Pour vous, je resterai l'Intendant et rien d'autre.
Tu ne vis pas dans des illusions , ma belle, tu as raison de croire et c'est de là que tu tires une telle force que j'admire.

Tu sais..
Je crois que nous devrions dorénavant, éviter de partager nos opinions sur nos idéaux, ces discussions nous font un mal terrible, je déteste véritablement lorsqu'on en arrive à se déchirer pour ca. Je ne suis pas venu ici pour perdre quelqu'un que j'aime.
Au lieu d'être des mutants...ne pourrions nous pas simplement être Amara et Daniel ?

Ca fait déjà deux fois qu'une simple divergence d'opinion nous mène dans des extrémités quasi destructrices, tu as un caractère aussi intransigeant que le mien, Amara, il faudrait qu'on finisse par s'accepter comme nous sommes plutot que de nous heurter l'un à l'autre. J'aurai tellement envie de t'expliquer des choses que j'ai vécues, partager des souffrances ou des joies..je ne sais pas comment m'y prendre avec toi par peur de toujours faire un faux pas que tu ne me pardonnes pas. Au delà de cette souffrance, c'est la première fois que je ne te vois pas avec cette carapace et sur la défensive, c'est la première fois que je te vois vraiment, bon sang comme tu as tord de me cacher cela, tu es magnifique !

Te voir te battre sur un champ de bataille, petite idiote, ca me fiche une peur bleue...c'est la dernière chose que je voudrai malgré tous mes beaux discours?. Es tu aveugle au point de ne même pas voir à quel point je tiens à toi ?
Pourquoi serais-je là, sinon ?
J'aurai aimé être parfait pour toi...je ne le suis pas, je suis désolé, c'est ainsi.

J'avais vidé mon sac, mes nerfs m'avaient lâché. J'en étais assez perturbée, limite sonnée comme après un match de boxe. Il y avait si longtemps que j'avais ressenti de telles émotions et d'être dans un tel état de faiblesse, que je ne savais plus trop comment réagir. La dernière fois que j'avais eu une telle crise, j'avais pris la fuite, au moins cela m'avait servi de leçon je savais que cette solution ne faisait que repousser l'échéance et ne réglait en rien le problème.
Contrairement à ce que j'avais cru, alors que je pensais l'avoir perdu d'une certaine manière Daniel se montra plus proche que jamais. Quand il me tendit ses bras je me blondis contre lui, sanglotante encore. Cependant sa voix, ces mots finirent par avoir raison de mes larmes. Je me rendais compte que dans cette histoire je ne pensais qu'à moi.
Je reniflais un peu et je me dégageais légèrement de son étreinte pour aller farfouiller dans mon sac à main pour prendre un mouchoir. J'essuyais mon nez et je posais mon regard dans ses yeux. Sa présence avait tari le flot de larmes.

"Et toi en quoi crois tu? Je ne veux pas que tu disparaisses, surtout par ma faute ou par preuve d'égoïsme de ma part."

A cette pensée qu'il pouvait s'il n'en avait pas de but disparaitre m'horrifia, je me re-blottit contre lui, le serrant contre moi comme si le fait de le tenir dans mes bras allaient l'empêcher de s'évaporer, lui l'homme qui traversait le temps, lui qui me paraissait éternel. C'était si bon d'être enfin comprise, même si cela s'était fait dans la douleur.

"Merci, merci, merci..." Dis-je dans un murmure.

Ces mots justes, ces mots me touchaient plus que tout. En même temps j'étais consciente d'avoir un caractère aussi embrasé que mes pouvoirs. Avec le temps j'avais fini par m'endurcir n'étant jamais à place nul part.

"Je crois qu'on ne se se comprenait pas, nous avons chacun nos fardeaux. Tu n'es pas fautif, Daniel ! Tu ne pouvais pas savoir que chaque fois que tu me parlais de débarrasser notre monde d'immondice en les éradiquant que cela me poignardait le cœur puisque ce choix me fut refusé et que j'étais dans la tourmente de mes démons passé. J'aurais du t'en parler, mais cela me ramène à des souvenirs tellement douloureux que j'essaye au plus profonde de moi de les enfouir et de garder ma ligne de conduite pour ne pas basculer dans la folie."

J'avais vu ce que j'étais capable de faire quand ma colère prenait le pas sur mon esprit, quand je perdais le contrôle, il ne restait plus rien qu'un champ de ruine après mon passage. C'était l'utopie de vivre dans un monde meilleur qui faisait que j'étais encore encré dans ce mode moderne, histoire d'essayer d'apporter ma pierre à cet édifice.

"Par Jupiter, je ne te veux pas parfait, je veux que tu sois toi et même s'il est dur de me faire entendre raison, essayes, même si la terre doit trembler. Je ne suis pas l'incarnation de Vulcain pour rien."

Après tout mon pouvoir était lié à ma nature profonde, comme le volcan en sommeil qui pouvait entrer en éruption à tout moment ravageant tout sur son passage jusqu'à ce que la clémence soit retrouvée laissant une terre fertile. Malgré ses compliments je me sentais complétement défiguré, aussi bien par la tristesse que par les larmes qui avaient rougi mes yeux.

"Tu me trouves belle, j'ai surtout ruiné mon maquillage."

Je fis un léger sourire, je me trouvais dans un état épouvantable, avec mon mascara qui avait coulé. Je ne me sentais pas comme une héroïne, je n'étais pas comme Jean ou Cyclope. Non je me sentais plus vulnérable, toujours sur la corde raide qui pourrait me faire basculer.

"Pourtant, je ne me berce pas d'illusion tu sais, je sais bien que je suis au cœur d'une bataille. Que le combat est inévitable, mais oublions cela pour ce soir."

Trop d'émotion en si peu de temps, j'avais envie de prendre l'air. Je me sentais oppressé par ce lieu.

"Allons faire un tour sur la plage, allons admirer les étoiles se refléter dans l'océan et ne pensons qu'à nous l'espace d'un instant."

J'attrapais mon sac et la bouteille qui était sur la table, après tout cela aussi pouvait m'aider à retrouver une autre forme de réconfort. Je mis ma main dans celle de Daniel et je le tirais vers la sortie.

Elle acceptait l'étreinte, elle acceptait enfin d'être parfois faible montrant au grand jour une beauté nouvelle.
On ne prend réellement la mesure de la force de caractère de quelqu'un que lorsqu'on le voit faillir une fois, alors seulement on comprend que ce qu'on prenait pour de l'inné, n'est que de l'acquit.

"Et toi en quoi crois tu? Je ne veux pas que tu disparaisses, surtout par ma faute ou par preuve d'égoïsme de ma part."

Il esquissa un sourire entendu tout en essuyant du pouce une lare qui perlait sur la joue de la belle.

Moi je crois en ceux que j'aime, je leur confierai ma vie sans hésiter et si parfois, j'ai pris la décision de disparaitre, c'est surtout pour leur éviter de souffrir par la suite.

C'était une façon de voir la chose, la fuite, il connaissait par cœur. C'était cependant une vision bien égoïste et il en avait parfaitement conscience, il préférait poser un voile de pudeur sur cette faiblesse.

"Tu me trouves belle, j'ai surtout ruiné mon maquillage."


Il faudra bien un jour que tu te mettes dans la tête que tu n'as pas besoin d'artifices pour que ta beauté coupe le souffle à tous les hommes, même défaite par les larmes, tu conserves un charme fou et je ne suis pas un vil flatteur..

La proposition ravis Hopes, il adorait ces promenades sur les plages à la faveur de la nuit. Même si il avait une aversion violente pour ce qui se trouvait sur l'eau, le spectacle des lumières tremblantes sur les eaux agitées ou le bruit de ressac était des éléments apaisant lorsqu'il avait le vague à l'âme.
Il se laissa entrainer en riant presque de l'empressement de la jeune femme.
D'un geste il fit comprendre à la réceptionniste imperturbable qu'ils reviendraient plus tard.

Amara semblait connaitre les lieux par cœur, l'air était chaud et la nuit agitée mais ils ne leur fallut pas longtemps pour arriver sur la plage, toujours main dans la main.
Daniel ôta ses chaussures afin de sentir le contact du sable sous ses pieds, sensation infantile d'une nostalgie rafraichissante.
Instinctivement, il lui enserra la taille tendit qu'ils marchaient le long des flots.

Lorsque j'étais enfant, je rêvais de la mer mais nous étions pauvres et habitions bien trop loin des côtes...il m'a fallu attendre la fin de la Grande Guerre en 1919 pour la voir pour la première fois. La Mer du Nord, un océan gris et pluvieux, très loin de nos cartes postales de rêve et pourtant...j'étais fasciné. Je suis resté plusieurs heures assis dans le sable sale à attendre des réponses que les flots ne m'ont jamais amenés. Je m'en souviens comme si c'était hier.

Quitter le bar était pour moi un soulagement, l'air pur me fit un bien fou. L'instant d'avant je me sentais oppressé et incapable de gérer le flot d'émotion qui m'avait envahi. Je m'étais senti si désemparer, si vulnérable. J'avais beaucoup de mal à faire face à ce trouble qui avait envahi tout mon être. Fort heureusement pour moi j'avais gardé le contrôle de mon pouvoir, car je savais qu'il m'arrivait encore de temps en temps de laisser ma nature profonde prendre le dessus. Ce qui pouvait être un véritable désastre surtout dans mes accès de colères. Ne plus être maitre de moi n'était pas pour m'enchanter, je m'étais senti poussé dans mes derniers retranchement.
Dehors, je reprenais mes esprits peu à peu. Je tenais la main de Daniel et je le conduisais vers l'océan. Je décidais de l'emmener à l'écart de la civilisation. J'avais besoin de me couper de ce monde l'espace de quelques minutes pour me ressourcer. Je sentis une brise légère sur la joue qui me parut comme une douce caresse. Le fait de changer d'environnement n'était pas une mauvaise idée. J'écoutais avec intérêt le récit de Daniel. Mon regard se tourna, vers l'océan noir qui dans cette nuit paraissait infini, indissociable au ciel. Je trouvais cette vue si magnifique, si apaisante. Nous avancions tranquillement sur cette plage. Nous éloignant petit à petit des lumières de la ville. Après un petit moment sans rien dire, je décidais de m'asseoir dans le sable pour profiter de ce paysage que je trouvais sublime. J'avais envie de me laisser bercer par le son des vagues et j'oubliais les tensions que j'avais eu avec Daniel.

Je regardais Daniel et j'esquissais un timide sourire. Puis je réalisais que je devais avoir les yeux noirci pas mon maquillage. J'ouvris donc me sac et en sortit un miroir, n'ayant pas assez de lumière j'ouvris ma main et je fis apparaitre une flamme qui se mit à léviter. Je farfouillais dans mon sac et je sortis une lingette démaquillante et je passais de la lotion sur mes yeux pour enlever le maquillage qui avait assombrit mon regard. Une fois fait j'enlevais l'attache que j'avais dans les cheveux pour enlever mon chignon, je secouais la tête pour enlever ma coiffure. J'avais besoin de ses petits gestes pour me sentir bien, même si cela pouvait paraitre futile. J'ouvris à nouveau la main et je fis disparaitre la boule de feu.
Je reportais à présent mon attention sur Daniel.

"Excuse-moi, j'avais besoin de me refaire une légère beauté."

Je lui souris de nouveau. Cet endroit était agréable. Je lui fis signe de s'asseoir à mes coté en tapotant le sable. Machinalement je pris du sable dans ma main droite, je laissais filé les grains entre mes doigts.

"Tu n'as pas trop froid? "

Je pouvais aisément remédier à cela s'il en avait besoin.

"J'aime cette tranquillité loin de cette agitation de la ville. C'est amusant je fuis la technologie et pourtant comme tu me l'as fait remarqué je me cache derrière des artifices. Daniel pourquoi as tu traversé l'océan pour venir aux Amériques?"

Après tout il avait vu temps de pays pourquoi avoir décidé de quitter son Europe natale pour ce nouveau continent.