|
|
| Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] | |
| | Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Mer 25 Aoû 2010 - 21:38 | |
| Le bar était ce soir rempli de monde, rempli d'une vie citadine qui trouvait son exutoire dans ces soirées que l'on peut passer, autour d'une bière ou de quelque autre alcool avec ses amis voire des connaissances, ou plongé dans les yeux d'un autre être humain que l'on voudrait voir devenir plus. Le brouhaha était à la fois doux et omniprésent, alors que les conversations s'entrelaçaient, se coupaient et s'associaient, emplissant le bar de mouvement, de bruit et somme toute de vie. Les gens, bêtement assis, une boisson à la main, commentaient leur semaine, leur journée, leur patron, leur amant, bref tout ce qui construit une vie comme on peut en voir mille. Pourtant, Léo trouvait un charme à ce brouhaha plein de banalités à la fois générales et si uniques en leur genre. Il aimait profondément les bars comme celui-ci: de petits bars, coquets plus que magnifiques et bien plus intimistes que ces endroits qu'il pouvait fréquenter il y a longtemps, à une époque ou il y travaillait. Ce genre d'endroit lui rappelait l'Odyssée, une certaine forme de folie, ses jeunes années, et les airs endiablés qu'il pouvait jouer sans relâche des jours entiers.
Il respira l'air et sourit, de toutes ses dents, retrouvant sa maison une fois de plus. Se levant au milieu de la foule anonyme, il fit un autre grand sourire au barman, qui le lui rendit, avant de monter les petites marches du petit podium qui trônait, discret, dans un coin de la pièce. Petite estrade de bois surmontée par un piano, un tabouret, et de temps en temps, quand le temps et l'instant se trouvait propice, un pianiste. Léo s'avança, attirant ça et là quelques regards furtifs et quelques questions. Qui il était, cela n'avait pas d'importance. Il n'était qu'un pianiste, se préparant à jouer quelque air d'ambiance. On l'aurait vite oublié. Sauf qu'il n'était pas n'importe qui. Il repoussa des mains son long manteau brun comme on repousse une queue de pie, et repoussa par là même ce sentiment qu'il avait en s'asseyant, affublé d'une queue de pie, devant un public de mélomane. Il était ici dans son temple, son chez-lui. Il n'avait pas a avoir le trac aujourd'hui. Le conservatoire était bien loin derrière.
Puis les accords tranchèrent l'air du bar alors que les doigts de Léo se posèrent sur l'ivoire fragile et fatigué. Noir et Blanc. Blanc et Noir. Jazz et Java. Armstrong. De vieux airs lui remontèrent en tête et il sourit. Main non, pas aujourd'hui. Aujourd'hui il jouerait sans chichis. Et les accords fusèrent. D'abord lentement, comme une douce envolée lyrique qui coupa le bruit en deux. Certaines têtes se tournèrent, intriguées, vers ce mystérieux pianiste qui venait de commencer son morceau. Mais le brouhaha persista, lourd et indétrônable. Les yeux de Léo se rivèrent sur le clavier, sur ses doigts, sur les touches lentement pressées.
- Spoiler:
L'air perça enfin le bruit comme on vainc un Goliath, lentement, alors que la mélodie monta, douce et rythmée, entrainante comme un vieil air de jazz des années vingt. Et puis il monta encore, emplissant bientôt la pièce, faisant taire les voix qui se changèrent en regards intrigués, en silences attentifs. La prohibition refit surface. Soudain, tous les hommes furent affublés d'un fedora et les femmes d'une robe et d'un porte cigarette. Soudain, le bruit des sirènes dans la rue pourchassant al capone. Le bar était devenu un lieu clandestin, dangereux et pourtant si amusant. Et l'air monta encore, les notes s'enchainèrent en une danse incongrue, laissant derrière tout le reste de la réalité. Tout ne fut plus qu'une symphonie jazzy, lancinante de force, entrainant les tapements de pieds, les claquements de doigts de façon presque subliminale.
Et puis le pianiste, affublé d'un grand sourire, voguant sur son clavier comme un beau diable au rythme endiablé de la mélodie, aux mains rapides et précises, douces et furieuses à la fois. Ce pianiste, bientôt, entra en état de transe. Le regard de Léo se figea. Il oublia tout, tout son passé, tout son futur, tout le bar environnant pour ne plus voir que son piano. Ce petit piano coquet, un peu vieux, un peu fatigué, presque bien accordé, qui retrouvait une seconde jeunesse aux doigts de Léo. Celui-ci, petit à petit, ferma toutes ses perceptions du bar et perdit tout sens de la durée. Il oublia qui il était. Aujourd'hui, là, maintenant, il n'était que le pianiste.
Puis il ferma son ouïe. Beethoven était sourd. La musique devint une danse, une danse de ses doigts sur le clavier, a droite, à gauche, au fil d'un son qui n'était plus pour lui que ce qu'il imaginait. Dans sa tête, même s'il ne pouvait rien entendre, il ressentait la note comme s'il la connaissait par cœur. Il les avait jouées mille fois, ces notes.
Puis il ferma sa vue. Ray Charles était aveugle. La musique ne fut plus qu'une sensation sur ses doigts, une pression, puis une vibration qui emplissait tout son corps à chaque coup sur une corde du piano. Désormais, il n'avait plus aucune certitude de ce qu'il jouait, mais au fond de lui, il savait parfaitement ce qu'il faisait. Il savait jouer, sans même voir, sans même écouter. Et tant que sa vie durerait, il jouerait.
Du côté du bar, le silence était d'or, désormais seulement percé par la mélodie qui emplissait l'air, faisait vibrer les meubles et les cœurs à la ronde en une danse jazzy. Emmenés dans un temps paradoxal de liberté et d'interdit, de désir de vivre et de prohibition, les auditeurs captivés écoutèrent en silence le maitre jouer son air de joie délirante. L'air changeait de temps en temps, gardant pour seule souvenir de ses notes précédentes ce rythme rapide et joyeux, démontrant toute la capacité du pianiste.
Alors, après une durée indéterminée, qui pour Léo aurait pu être d'une minute comme de dix heures, la mélodie se calma doucement. Lentement, alors que les accords perdaient de leur ardeur, que les doigts prenaient un rythme de croisière plus paisible, Léo rouvrit ses yeux. Il vit sur les touches des appendices qu'il identifia comme les siens. La mélodie soudain se finit. Quelques instants plus tard, les sens de Flow reprirent le dessus. Et soudain, il fut assailli par le bruit. Pas le brouhaha valdinguant des banalités uniques, non, mais des applaudissements. Et encore une fois, il sourit. Il était à sa place ici.
Et puis, sentant sa gorge sèche, il descendit de son podium sous les applaudissements, remerciant chaque auditeur d'un regard, et si dirigea vers le bar, se sentant pousser des ailes, comme à chaque fois qu'il montait sur scène. Encore à vif, il savait qu'il lui fallait quelques instants avant de sortir du Flow, et il lui fallait une boisson avant de reprendre. Il empoigna un verre négligeamment posé sur le bar avec un clin d'oeil au barman. Puis, se rapellant un vieil ami, il leva son verre, comme pour un toast. "A toi, le vieux"
Dernière édition par Léo Borderouge le Jeu 26 Aoû 2010 - 17:25, édité 1 fois |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Jeu 26 Aoû 2010 - 7:30 | |
| Il y revenait comme à chaque fois que ses pensées débordaient. Lourd de responsabilités qu'il s'imposait comme une façon de fuir les problèmes que sa "résurrection" au monde avait inévitablement engendrée. La musique était son premier Amour, de ceux à qui on est fidèle jusqu'à la tombe et son goût particulier faisait que finalement cette passion vieillotte n'était plus guère gouté que par quelques élitistes à l'heure où tout s'électroniquait ou s'électrifiait comme une guitare. Autre temps, autres moeurs, c'était l'adage. Hopes n'avais paradoxalement jamais été aussi seul que depuis quelques temps, la route qu'il voulait suivre devenait sinueuse et accidentée au point que parfois des dilemmes se posaient à lui. L'un d'eux était aussi simple qu'un titre des Clash : partir ou rester ? L'institut était sa demeure, l'idéal de Xavier son idéal mais il se heurtait violemment à sa façon de voir les choses. L'age avait fait de Daniel un homme sans candeur où parfois quelques bribes de folies trainaient en ectoplasmes perdus. Sa naïveté et son optimisme avait été martelé durement sur l'enclume de l'Histoire. Comment concilier ce qu'il avait vécu avec ce que d'autres vivaient dans ce siècle où il n'était qu'un anachronisme ? Le Siècle se baptisait lorsqu'il brulait ses derniers feux Le 19eme était celui des Illusions, le 20eme celui de la violence. Le Professeur en avait suivit la logique comme ceux qui l'avait véritablement subit. Ses yeux rieurs d'enfants s'étaient éteint dans les massacres des guerres et les perditions de la rage de vivre des années 30. Le reste ne fut qu'une longue agonie faites de rencontres et de blessures. Comme il s'en était ouvert à la belle Amara dernièrement : personne ne le connaissait et cette impression d'être un album photo anonyme lui collait à la peau comme un vêtement trop lourd. Ce soir, il s'accordait une pause prenant un sentier transversal à la route laborieuse et éprouvante qu'il suivait. Il voulait convoquer les mânes d'une époque enterrée et qu'on sublimait bien plus qu'on ne la connaissait véritablement. Il y avait cependant autre chose que Daniel Hopes, ne pouvait maitriser : sort, destin, fatalité...on la nomme par de multiple noms, nous dirons seulement qu'il est fréquent que des chemins aussi sinueux soit-ils finissent par se croiser inévitablement. Dans un univers où Hopes aimait à se dire que les gens "consommables" étaient des météores, il arrivait que deux comètes se côtoient. - Spoiler:
Il y avait surtout une grande curiosité à l'origine de sa démarche ce soir dans ce bar dont il était un habitué et où il venait défouler ses doigts : il venait pour "l'autre". Pat Galer, le patron du bar qu'il finissait par connaitre dans ses grandes lignes, à force de discussion de comptoir, lui avait touché deux mots du phénomène. Pat riait en disant que la foudre frappait réellement à deux endroits parfois et que le génie musical s'était penché sur son estaminet par deux fois à présent en lui offrant un autre virtuose du clavier et gonflant au passage son chiffre d'affaire. Curiosité piquée au vif, Hopes augmentait la fréquence de ses passages pour entrapercevoir cet autre. Il n'avait pas eu de chance jusqu'ici, ne récoltant dans ce jeu de cache cache frustrant mais amusant à la fois, que la rumeur de l'ombre du pianiste, mais jamais sa carcasse. Rien, jusqu'à ce soir. Il n'entendit que l'agonie du récital mais son oreille tiqua. Il s'accouda au comptoir échangeant un regard complice avec Pat. Dos au Zinc il s'absorba dans sa contemplation de la transe de la folie musicale qui peignait si joliment son visage. Chose peu commune ! Il VIVAIT l'instant devenant le porte parole d'une folie musicale, il était possédé par sa musique comme ses fous chantant qui deviennent des légendes. Peu à peu un sourire se dessina sur le visage du Professeur. Il était bon...très bon..peut être aussi bon que lui. Mais ce n'était pas le plus important. Il y avait véritablement le style d'une époque, d'un chemin de pensé. L'époque du club 51 et de la folie d'une décennie de frénésie de vie. Français..forcément...il avait étudié là bas, personne n'aurait pu acquérir ce toucher exceptionnel sans s'être enivré de l'époque et des lieux. Sur les dernières notes, Hopes n'était plus à New York, il déambulait dans le Club 51 avec Nestor et Henry ses camarades de perditions avec quelques brunes, rousses ou blondes au bras à la recherche de la prochaine extase à s'accorder et retentissent du cri des "beaux seigneurs" de l'époque, les princes de l'ivresse et de la décadence : "Qu'on brule la vie ! ". Hopes se prit à applaudir la fin du récital avec les convives et se retournant vers le comptoir, il prit son verre avant de lâcher à Pat avec un sourire soudain plus jeune. Il est exceptionnel...Vous allez jouer Daniel ?On sentait déjà l'excitation du moment à venir dans les yeux du tenancier. Non. Il a gagné la salle et le piano ce soir à la suite de son combat, on ne s'invite pas sans permission, c'est la règle des Clubs...du moins..c'était.Alors que le pianiste était proche d'eux. Hopes s'empara de son verre de Whisky et s'éloigna à l'extrémité du comptoir, se retirant dans l'anonymat. Il le détailla depuis sa retraite pour fixer en sa mémoire son image et porta le liquide ambré aux lèvres. "A toi, le vieux" Hopes ne put s'en empêcher, comme un réflexe sans doute reste de l'emprise de la frénésie que la musique du pianiste avait pu provoquer chez lui. Il leva de loin son verre sans s'adresser à lui en particulier et toasta avant de le vider d'un trait. Qu'on brule la vie* ...* En français. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Jeu 26 Aoû 2010 - 17:19 | |
| On a toujours un double. Un esprit qui se penche sur votre épaule, tiré du passé ou du futur, qui vous regarde d'un oeil critique. On a toujours un modèle, une certaine idée de soi, que l'on veut atteindre ou qu'on a laissé filé derrière soi, dans les méandres du passé. Pour Léo, cet esprit malin se cachait au détour d'une symphonie, dans les interstices entre les touches du piano, habillé d'une queue de pie, bien rasé, au visage jeune et séduisant, plein de candeur et d'espoir. Un jeune homme fringuant, au physique avantageux, talentueux. Et autrefois promis à un bel avenir.
Pourtant, quand ce jeune concertiste surgissait de la brume mystique d'une mémoire qui n'oubliait que rarement, c'était un regard curieux qu'il portait sur son alter-égo, ce jeune homme mal rasé, bien plus vieux qu'il ne devrait l'être, au génie intime, sans orgueil, au cicatrices vives et marquantes. C'était son fardeau, celui d'avoir connu la gloire et la vie avant de connaitre la sagesse. Il savait maintenant que son passé, s'il le chérissait, n'était qu'une époque glorieuse d'exutoire constant. Son moi présent n'en avait plus besoin. Alors il fit un sourire à ce vieil esprit du passé alors qu'il reposa son rêve.
On a toujours un double. Il y avait aussi l'autre. Le Pianiste mystérieux dont Pat lui avait vanté parfois les mérites, avec qui il partageait ce piano qui trônait négligemment, sans ostentation, dans la pièce. Il ne l'avait jamais vu, mais ses actions avaient un véritable écho qui intriguait Léo. Mais jusqu'à ce jour, sa curiosité était tombée dans une impasse au final d'un cache-cache hasardeux. Lorsqu'il posa son verre, il chassa de son esprit l'image de ce fantôme aux doigts agiles pour se pencher sur ceux qui avaient été son public ce soir. Le brouhaha des voix multiples, les échos du banal avaient repris naturellement, et les gens retrouvaient la réalité après ce moment étrange qu'un musicien peut créer.
Il les observa, chacun, un a un, visage par visage, essayant avec un sourire d'imaginer leur vie, leur nom, leur métier, leurs hobbys. Alors qu'il passait d'une jeune étudiante aimant les poneys et les longues ballades sur la plage à un fils de banquier portant probablement le costume de papa et un nom du genre Steven, il croisa dans un coin du bar, un peu excentré, un visage familier.
Un visage aux traits pas si uniques que ça, mais à l'allure familière dans l'esprit de Léo. Un visage sur lequel il n'arrivait pas à mettre un nom, mais auquel il associait une odeur de vieux livre et de photo fatiguée. Pour Léo, ce n'était sans doute qu'une ressemblance furtive et incongrue, mais il s'amusa a tenter de se souvenir de qui ce visage pouvait bien avoir pris la forme dans son esprit. Il se savait capable d'une bonne mémoire, mais s'attendait à quelque vague ressemblance qui, telle une madeleine de Proust, aurait titillé ses souvenirs. Et puis il réalisa. Le nom lui revint soudain en mémoire. Un nom que tous les Jazzmen français connaissaient parfaitement. Quelques photos anciennes sur des livres fatigués lui revinrent en mémoire et il sourit de toutes ses dents alors qu'il s'approcha de cet illustre inconnu, sosie incongru. Il se posa sur le comptoir avec agilité, attirant l'attention de l'homme en commandant.
" Pat? Tu m'en remets un? Monsieur, croyez vous en l'ironie cosmique? Pensez vous qu'il existe des coïncidences cocasses? Moi j'y crois, et c'est pourquoi je vous demande: jouez vous du piano à vos heures perdues?"
Léo lui offrit un grand sourire, radieux qu'il était par l'intervention divine qui lui avait apporté un tel spectateur, un sosie qui dépassait l'ordre des possibles. On a toujours un double. Et cet homme était celui de Daniel Bourdieux. En rencontrant cet homme, il se sentait comme en face d'une légende du Jazz. Il ne pouvait l'ignorer, et se devait au moins de célébrer l'incroyable potentiel humoristique de cette coïncidence avec un toast bien porté. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Jeu 26 Aoû 2010 - 20:50 | |
| Inévitablement, ils s'attiraient. Daniel l'aurait parié sans hésiter une seule seconde, il l'avait vu se mouvoir avant qu'il en esquisse le mouvement, juste parce que ca devait être inscrit dans la curiosité qu'il voyait se refléter dans son regard. La soirait, il le savait à présent, allait être riche d'enseignements et de surprises.
" Pat? Tu m'en remets un? Monsieur, croyez vous en l'ironie cosmique? Pensez vous qu'il existe des coïncidences cocasses? Moi j'y crois, et c'est pourquoi je vous demande: jouez vous du piano à vos heures perdues?"
C'est d'abord la voix qui l'intéressa, un phrasé lent et appliqué : ce n'était pas une langue naturelle , loin de là. La pointe d'accent qu'il y discerna ne faisait aucun doute, Enora lui en rabattait les oreilles chaque jour. C'est pourquoi il opta pour une attaque en règle, on arrive à cerner un étranger que lorsqu'on arrive à le surprendre et à le faire sortir d'un langage alibi de convenance. C'est pourquoi il choisit de répondre en Français puisque cela devait être la langue qu'on devinait tapis derrière le far de la langue d'emprunt.
Les coïncidences ne sont que des produits subjectifs issues de nos expériences, il est rare de les partager. Je crois au destin, pas au hasard. Effectivement, il m'arrive encore de jouer lorsque j'ai du temps libre et je tiens à vous féliciter pour votre remarquable interprétation, je n'avais rien entendu d'aussi bon depuis....fort longtemps. Vous avez appris à jouer en France ? Votre musique est imbibée de cette odeur absinthe qu'on humait dans les rues de Montmartre ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Jeu 26 Aoû 2010 - 22:36 | |
| Léo fut pris au dépourvu par le français fluide de celui qu'il croyait n'être autre qu'un simple agent lambda de la banalité cosmique. Ces sonorités qu'il n'avait pas parlées depuis longtemps, ou de façon sporadique et maladroite, lui razpellèrent un autre temps. Son souire, auparavant radieux, se teinta de surprise et d'une pointe d'ironie. Il jaugea son interlocuteur en silence pendant un instant, exagérant la surprise dans son regard. Puis il empoigna le verre que lui tendit le barman. Léo se savait engagé dans une sorte de joute verbale avant même de l'avoir réellement voulu, face à cet étrange personnage qu'il reconnut comme versé dans les arts musicaux au vu de son étrange remarque sur Montmartre. Il devinait dans ses propos une étrange nostalgie d'un temps qu'il n'avait surement pu connaitre. Le parallèle avec son illustre sosie, Daniel Bourdieux, n'en devenait petit à petit que plus flagrante et plus vivante. L'esprit de Léo se sentit perdu devant cette rencontre qui devenait de plus en plus réelle. Mais il savait bien au fond de lui qu'une telle chose était impossible. Un Daniel Bourdieux aurait eu peut-être une centaine d'années, à ce jour. Et l'homme n'avait pas une telle longévité derrière lui. Il se perdit un instant dans les yeux de l'inconnu. Il ne partageait que trop rarement sa passion, maintenant que la mode n'était plus au piano dans sa vie. Et il sentait au fond de lui que cet homme était nimbé d'une étrange aura qui n'était pas sans l'attirer.
Le sourire amer de Léo fut suivi par une gorgée de son verre. Puis il reprit, d'une voix qu'il se surprit a être étrangement claire, dans sa langue maternelle a présent bien peu utilisée. Le français n'était plus pour lui dans sa vie de tout les jours qu'un accessoire, dont il n'avait jamais vraiment besoin. Ici, il l'utilisait simplement pour répondre à ce qu'il reconnut comme un compatriote au vu de la beauté de la langue qu'exhibait son partenaire de comptoir. Généralement, Léo surprennait les gens. Cette fois, un gens parmi tant d'autre venait de le surprendre en l'enmenant sur un tel territoire. Il le laissa donc tout simplement mener la danse.
" Le destin n'est qu'une illusion. Le futur n'est qu'une conséquence du passé, pas celle d'une volonté suprême. Et Monsieur, l'absinthe ne coule plus depuis longtemps sur les rues de Montmartre. Ce genre de musique n'a survécu que grâce à de vieux loups de mer du jazz dans de petits bars nostalgiques et des jeunes pianistes comme je l'étais autrefois qui sont au bon endroit au bon moment. Et vous ne me semblez pas assez décrépit pour pouvoir en parler tel que vous le faites. Qui vous a transmis ce gout d'ancien?"
Il prit une nouvelle gorgée. Il ne se présenterait pas de suite, préférant laisser son interlocuteur dans le vague. Léo ne se présentait que très rarement. Pour beaucoup, il était un pianiste, un excentrique ou un simple type croisé dans la rue. Aujourd'hui, il voulait simplement voir si il allait avoir l'envie de dire son nom dans une telle circonstance. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Sam 28 Aoû 2010 - 7:21 | |
| Belle réplique, bel esprit. Le trait amusant flatta l'âme du professeur et il lui concéda volontiers un sourire. Il était bien à l'image de sa musique, claire et précis et surtout aussi rapide qu'imaginatif. Pendant une longue minute, Daniel hésita sur une longue joute verbale en devenir, de celles qu'il appréciait particulièrement mais qui se finissaient la plus part du temps en diatribes un peu assassines. Ce chemin qui flattait sa vanité intellectuelle lui plaisait car malgré l'age le pauvre Hopes oubliait parfois humilité et sagesse : personne n'est parfait. Son hésitation prit fin, il se décida à jouer un jeu moins vertigineux, moins dangereux à ses yeux, celui là du badinage conversationnel où peut-être parfois, la surprise pouvait poindre.
Le futur est ce que nous en faisons, vous parlez au passé de ce que vous "étiez"...vous non plus vous ne me paraissez pas décrépit. Il y a le langage de complaisante et l'oeil plus avertit alors moi je vous le dis, vous avez du talent et ce n'est pas une phrase lancée pour meubler les airs. Pourquoi n'avez vous pas persévéré ? Le piano lorsqu'on en a enfin apprivoisé la musique, est un art complexe mais plongé dans les ténèbres d'une époque sans joie et glacée par la technologie. Il n'y a pas de gout d'ancien, il y a juste à savoir "écouter son ame", l'exposer la faire voler en éclats de rires ou de larmes et la diffuser à toute une salle ! L'absinthe ne coule plus à Montmartre mais le cœur bat toujours, tant que certains comme nous..enfin je veux dire comme vous, savent faire "vivre" la musique et avec elle réinventer le monde pour le colorer d'un milliard d'émotions !
Daniel secoua la tête en souriant puis porta son verre aux lèvres.
Paris... Les routes tremblaient de chance mais nous y ramenaient toujours.. Quand j'ai entendu Art Tatum depuis l'autre rive..là bas..aux USA, j'ai su que j'étais dans le vrai depuis que mes doigts cherchaient sur le clavier et depuis cette brève rencontre prélude à notre art...c'est là que ca a prit de l'ampleur, on l'avait tous sur les lèvres mais il fallait qu'il explose, le piano jazz ! De toute façon cette frénésie de vie ne demandait que ca, alors j'ai laissé les autres parler puisque moi je n'avais plus rien à dire. Quel grand bonhomme... Il jouait remarquablement bien, il ne regardait jamais le clavier, ce qui était assez étonnant finalement quand on ignorait qu'il était quasiment aveugle..et son rire..quelle prestance, lorsqu'il était dans une pièce, on ne voyait que lui. Lorsqu'il est mort en 56..j'ai pleurer comme un gosse...
Conscient qu'il digressait sur des choses d'un autre temps et que son interlocuteur ne pouvait comprendre, il cessa et ferma sa parenthèse du souvenir, jouant avec son verre tout en concluant.
Nous ne sommes que des "interprètes" ..seule la musique, monsieur, perdure à jamais. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Dim 29 Aoû 2010 - 19:54 | |
| Avec un sourire amer, Léo leva sa main droite. Son regard, comme celui-sans doute, de l'inconnu, se posa sur les nombreuses fines cicatrices indélébiles qui l'entouraient comme une pousse de lierre agressif. Il se souvint de cet instant maudit, de cette ruelle. Et puis de tout ce qui avait changé dans sa vie, du début à la fin. Aujourd'hui, il aimait sa nouvelle vie autant qu'il avait aimé l'ancienne. Il avait changé. Pourtant...
"Des choses se sont passées. Des choses qui m'ont fait me mettre en perspective, qui m'ont fait douter. Qui m'ont fait renaitre, en un sens. Mais ces cicatrices ne sont qu'apparentes. Mes mains n'ont jamais quitté le clavier du piano. Même si aujourd'hui, il est vrai, ce n'est plus le même piano, ni le même public. Moi, le pianiste, je n'ai pas perduré comme beaucoup l'entendent. Ma carrière s'est bien abruptement finie. Mais la Musique, celle qui reste, est restée, perchée sur mon épaule, à me susurrer des mots doux. Je n'ai jamais abandonné. Simplement.... je ne suis plus seulement un pianiste. En tout cas j'aime à le croire."
Il regarda son interlocuteur, et après sa diatribe sur Paris, sur Art Tatum, sur un passé révolu n'appartenant pour quelqu'un comme Léo qu'a l'Histoire de la musique avec un grand H, il ressentait en ce mystérieux anonyme une certitude trop grande pour un homme de son age. Le doute était en lui, même s'il ne laissait rien transparaitre, et lentement il se transformait en certitude inavouable. Mais s'il savait que ce n'était pas possible, il se savait lui-même capable de choses impossibles. Peut-être que, il se pourrait bien, un champ de possibles s'étala dans son esprit. Comme il disait souvent, avec des si, on pourrait couper la forêt amazonienne, mais son imagination s'emballait parfois de telle façon sans qu'il puisse l'arrêter. Et puis après tout, pourquoi pas?
En riant, il se rappela la chanson et il se calma. Il arrêta soudain de réfléchir, ayant trouvé la meilleure des solutions. Comme lui disait sa mère il y a longtemps, quand il aidait à ranger la maison: si tu ne sais pas, demande au lieu de deviner. Il prit la parole, et chantonna sa phrase sur un air célèbre dans son pays, écorchant un mot pour éclaircir son propos.
"Mais monsieur, vous me parlez d'un temps que les moins de soixante dix ans ne peuvent pas connaitre. Montmartre en ce temps là accrochait ses lilas jusque sous nos fenêtres. Enfin, il parait. Et pourtant vous m'en parlez. Surgissez vous si souvent des affres du temps, tel un fantôme mélomane, pour venir discuter avec d'autres pianistes? Êtes vous vraiment celui que vous me semblez être, monsieur Daniel Bourdieux? Car recevoir un compliment de votre visage est déjà flatteur, mais en recevoir un de votre personne le serait encore plus... "
Il dit cela sur un ton plaisantin, léger presque, alors qu'il reprenait une gorgée à son verre. Pourtant, il resta étrangement impassible. Il ne doutait pas que l'homme, s'il n'était qu'un sosie, était sans aucun doute très au courant de sa ressemblance avec l'illustre pianiste et prendrait la phrase pour une simple plaisanterie. Si en revanche la phrase se révélait faire mouche, il tâcha d'apparaitre le plus neutre possible malgré son excitation intérieure. Et de deux choses l'une: soit l'homme était Daniel Bourdieux, et Léo en doutait tout de même un peu, soit il n'était pas, et Léo en doutait tout de même beaucoup. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Dim 29 Aoû 2010 - 21:00 | |
| Pendant un court instant le visage de Hopes se figea. A aucun moment, il n'aurait pu imaginer ce soir que les choses tourneraient de cette façon. Trouver quelqu'un capable de se souvenir de cet autre lui était une chose aussi impensable à ses yeux que son état de mutant pouvait l'être aux yeux d'autres personnes. Que faire alors ? Botter en touche était préférable car ce qui appartenait au passé devait le demeurer. C'était dans l'ordre des choses. Mais son orgueil était flatté, indiscutablement. Il n'avait jamais cherché la renommée et si celle si éclairait encore l'esprit de quelques connaisseurs, c'était véritablement un miracle assez étrange mais bien agréable. C'était comme si, soudain, on l'exhumait depuis les tourmentes de l'oublie et qu'on lui rendait un peu de son histoire, de son passé. Daniel esquissa un sourire entendu.
Quelle culture...votre érudition me laisse pantois, vous êtes aller chercher un nom dont peu de personnes sur cette terre se souviennent. Ce pianiste n'a jamais enregistré un disque et c'est une légende par Oui-dire. Sa carrière fut bien éphémère..certains disaient que les excès en tout genre l'on épuisé avant l'age. Il s'est éteint en 1937 parait-il. Son corps repose auprès de ceux de sa famille, tués dans un bombardement d'un village de la somme en 1917. On l'appelait "Le diable Des Bas Fonds" car il refusait de jouer ailleurs que dans des clubs de "perdition" comme la petite bourgeoisie le disait à l'époque... Je vous assure que je ne suis pas un fantôme...Bourdieux devrait avoir 116 ans si il était encore en vie, 117 le 18 novembre.
Daniel se maudit intérieurement. Son visage se crispa une demi seconde. Erreur de débutant, la date de naissance de Bourdieux n'avait jamais ete communiquée. Tout occupé à détourner les soupçons du virtuose Il s'était trop couvert. Si cette homme était si érudit, c'était à présent peine perdu de le cacher plus longtemps. Il s'agrippa à son verre attendant la suite. Oh et puis après tout. Qui pour croire aux chimères d'une rencontre impossible. Aléa jacta est. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Dim 29 Aoû 2010 - 21:58 | |
| Léo avait pris les rênes de la conversation et il le savait. Même si cela n'avait duré que quelques secondes, il avait senti, imperceptiblement, une gène, une crispation d'une demi-seconde. Son petit sourire en coin se transforma en grand sourire amical alors que ses yeux se plissèrent sur ce lui qui ne fit qu'alimenter sa théorie incongrue par une précision d'horloger quand a certains détails d'une vie pourtant si lointaine et si peu connue. Alors, il reprit la parole, à la fois tout à fait maitre de soi, en apparence, et jubilant intérieurement. D'un ton très joyeux pour Léo, il reprit.
"Et bien voyez vous monsieur, voici ce que j'ai à dire sur l'impossible."
Il but d'un trait le peu qui restait dans son verre et le posa sur le comptoir précautionneusement. Puis il scruta un instant la pièce avec un air à la fois détendu et attentif. Ce petit truc qui n'en était pas un. Celui qui avait si longtemps fait fuser le mystère dans les soirées. Ce petit tour de magie qu'il était le seul à pouvoir reproduire, et qui durant un temps trahissait son génie. Maintenant, il ne trahissait plus que sa condition de Mutant, du moins dans son esprit. Il laissa échapper un petit rire avant de commencer son spectacle d'anormalité, emmenant son interlocuteur dans la foire au Mutant du coin. Il sortit son portable de sa poche et le posa sur le comptoir. Puis, levant les deux bras, il fit constater a Hopes qu'il ne portait aucune montre. Puis il prit la parole.
"Vous voyez l'heure sur cette pendule, juste là? Elle retarde d'une minute et vingt-six secondes. La montre digitale de ce monsieur, juste derrière vous, en revanche, avance de vingt huit secondes. Même mon propre portable est décalé, que diable, puisqu'il affiche maintenant douze secondes de trop. Enfin bref, tout ça pour dire que cela fait exactement dix-huit secondes que je parle, en tout cas du mot "vous" au mot "exactement". J'en sais beaucoup sur le temps, monsieur. Et sur ce qui est impossible et ce qui ne l'est pas. Hélas, maintenant que j'ai eu l'occasion de me heurter à bon nombre de gens qui m'ont fait reconsidérer ces notions, je vous dirais que le fait que vous ayez 110 ou 150 ans ne m'impressionnerait pas tant que ça. "
Étrangement, et il le savait pertinemment, tous les temps qu'il avait donnés se recoupaient si l'on comparait les trois points de référence qu'il avait donné. Il comptait les secondes. Invariablement, sans pouvoir le contrôler. Son cerveau était juste branché sur l'heure, sablier régulier, témoin du temps qui passe. Il se savait Mutant, et il savait que leur présence au monde remettait beaucoup de choses en question. Et si sa simple personne n'avait pas suffi a briser tous ces présupposés, il avait depuis quelque temps rencontré des gens qui auraient fait pleurer des physiciens avec une grande facilité. Lui-même était très amusé lorsqu'il se disait capable de rendre fou un psychiatre ou de lobotomiser un neurologue. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Dim 29 Aoû 2010 - 22:32 | |
| Une forme de chronopathie ?
Improbable, il l'aurait sentit. Alors il pouvait réellement avoir conscience du temps qui s'écoule et en tirer un tour de magie un peu appuyé d'un cabotinage amusant. Assez amusant pour que Hopes décide de reprendre l'avantage en lui donnant une simple leçon de relativité. Il laissa échapper un leger rire assez bref et son regard se fit perçant. L'instant d'après il lança son champ de distorsion temporel figeant dans un temps ralentit a l'extrême toute chose dans un périmètre cette fois ci assez large. Sans attendre, il posa la main sur celle de son interlocuteur et commença le rappel. Une surprise de taille attendait le professeur à e moment car à peine eu t-il prononcé deux mots de sa litanie que Léo revenait consciemment dans son temps figé (NDLA : un effet logique en extrapolant, me semble t-il de a manifestation du Flow : hyper concentration). Daniel eut un mouvement de recul intrigué. Jamais le rappel n'avait été si rapide. Seule Ashe pouvait enorgueillir d'avoir mis moins d'une minute là où il en fallait 3 en moyenne. avec ce jeune homme : moins de 10 secondes. Incroyable !
Daniel posa sa tête dans la paume de sa main accoudé au comptoir dans un monde devenu immobile et silencieux à l'extrême. Souriant avec maice alors que le jeune homme ouvrait les yeux sr un univers impossible.
Alors ? Que vous dit votre chronomètre à présent ?
NRLA : le temps ne s'écoule quasi plus dans ce monde en stase, quelque chose comme 15 minutes ressenties pour une seconde "réelle". En toute logique, ton pouvoir de comptage est en phase avec le temps figé : ca doit faire un choc ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Lun 30 Aoû 2010 - 0:12 | |
| Léo explosa littéralement en un feu d'artifice de joie et de satisfaction alors qu'il jeta des regards frénétiques à droite et à gauche, comme un enfant en face d'un nouveau jouet. Tout dans son attitude changea pour refléter l'immense victoire qu'il venait de remporter contre l'univers, contre les probabilités. Son exubérance sur mua en un franc rire. Dans sa tête, oui, son chronomètre interne était en train de péter un boulon sous le paradoxe qui venait de se créer. D'un côté, il pouvait toujours compter de façon mécanique, dénombrant les secondes comme à l'habitude, mais d'un autre, il s'affolait de constater que ce qu'il comptait n'était pas la réalité temporelle. En gros, Flow souffrait d'un certain mal de tête. Mais il n'en avait, à cet instant précis, strictement rien a faire alors que le bonheur lui irriguait les veines.
Il fit un grand mouvement du poing en lançant triomphalement au ciel un cri de réussite: "YES! Aha, tu parles qu'on a besoin de détecteurs de Mutants! Lâchez moi dans un bar et pwoof! En un clin d'œil! Et en plus c'est un jazzman des années trente! Le cosmos m'aime, bon dieu! "
D'un geste souple, toujours affublé de son grand sourire joyeux, il empoigna une bouteille de whisky négligemment posée sur le comptoir par un barman maintenant figé dans le temps. Il lui adressa un regard curieux, passa la main devant ses yeux de façon multiple et répétée, puis posa la question fatale:
"Si je lui mets une pichenette maintenant, qu'est-ce qui se passe?"
Dans le doute, il le fit quand même. Mais pas trop fort. Toute la personne de Léo s'en trouva en un instant transfigurée alors qu'il rit une nouvelle fois de bon coeur. De ce pianiste un peu amer au langage soutenu avait émergé une énergumène emplie de joie de vivre et de farfelutisme devant un spectacle aussi atypique. Le temps s'était figé. Sauf pour lui, et pour l'autre, ce mystérieux inconnu. Il était dans ce bar rempli d'un monde vivant, et pourtant seul dans le temps. Avec une bouteille de Whisky qu'il n'aurait sans doute pas à payer. Le moment était à lui. Plus de conversation a mener quelque part, plus de gros secret caché, juste un moment de folie entre deux marginaux.
"Je crois monsieur qu'il va nous falloir fêter cette rencontre en bonne et due forme! Mon verre, votre verre, le temps figé, et deux pianistes, jazzmen, mutants qui se rencontrent par hasard dans un bar. Voila ce dont je parlais tout à l'heure. L'ironie cosmique dans toute sa splendeur. L'univers ne peut pas tourner si rond que ça, quand de telles choses arrivent. Non! l'univers roule au narrativium, la substance qui contrôle le dramatique, les coïncidences, les qui-pro-quo. Et je pense que le type qui écrit le scénario du monde doit avoir une sacrée dose d'humour et de sens du drama. Buvons au cosmos, au jazz, et au temps, celui qui pour moi est absolument invariable et pour vous relativement relatif."
D'un geste, il se versa le sien, de verre. Puis il tendit la bouteille à l'autre. Qu'il ne savait toujours pas comment appeler.
"Au fait, comment dois-je vous appeler? Daniel? Mr Bourdieux? Boubou? Je me doute bien que vous devez maintenant avoir un autre nom, alors faites m'en profiter, je vous en prie. Quand à moi, je me nomme Léo. Léo Borderouge. " |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
Age du perso : 116 Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Mer 8 Sep 2010 - 21:17 | |
| Daniel se laissa aller à un léger sourire en attrapant la bouteille et le surveilla du regard comme quelque bête curieuse dont exubérance provoquait la curiosité, l'amusement et il faut bien l'admettre, un vif intérêt. Il émergeait de lui un flot de paroles porté par une véritable truculence. Cette fureur de vie, il ne l'avait pas quelques instants auparavant comme si cette petite expérience venait de lui donner quelque ressource dont il n'avait pas lui même encore idée quelques instants auparavant. Au réveil dans le temps figé, les gens habituellement était tellement surpris qu'il en devenait comme cloitré, n'osant aller de l'avant sans doute de peur que soudain le charme se brise et que le temps reprenne tous ses droits. Léo n'était pas comme les autres, cette expérience le ravissait comme un enfant ouvrant ses cadeaux au pied du Sapin. Il devenait donc un compagnon de soirée atypique au yeux du vieux professeur qui le couvant du regard observait avec malice son tour de cabrioles. Il se versa un verre et a son tour le leva avec un sourire soudain plus jeune.
"Qu'on Brule la vie Compère !"*
"Au fait, comment dois-je vous appeler? Daniel? Mr Bourdieux? Boubou? Je me doute bien que vous devez maintenant avoir un autre nom, alors faites m'en profiter, je vous en prie. Quand à moi, je me nomme Léo. Léo Borderouge. "
Bourdieux est mort et enterré depuis des lustres, jeune homme et c'est ainsi qu'il doit rester. Je n'aime pas attirer l'attention sur moi, je préfère l'anonymat des bars comme celui ci lorsque le démon de la musique me reprend. Ici je suis Monsieur Hopes, Daniel Hopes. C'est amusant...tout celà ..vous y adhéré comme si il s'agissait d'un jeu, les évènements étranges n'ont ils pas d'emprise sur vous Léo où êtes vous de ceux qui ne vivent plus que dans les extases du présent ?
Daniel s'accouda au comptoir et jeta sur lui un regard interrogateur. Cette rencontre prenait une tournure étrange et iréelle, n'ayant franchement lieux nul part dans le temps figé. Un moment qui finalement, ne trouvait une logique que pour ceux qui savent en ignorer la complainte.
(HJ : désolé de la brièveté, j'ai peu de mal avec Hopes en ce moment T___T) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] Mar 21 Sep 2010 - 7:11 | |
| [Toutes mes excuses pour ce délai proprement scandaleux! Mon déménagement ne s'est pas déroulé comme je le pensais, et mon internet à problémé un peu trop longtemps à mon gout :/. Toutes mes confuses, donc]
Cet instant présent, il le savait, il s’en délectait, comme chaque expérience nouvelle qui se présentait à lui. Son regard courait de droite à gauche, cherchant vainement à constater un mouvement qui lui aurait rappelé le passage du temps qu’ils avaient laissé derrière eux. Mais rien, pas un mouvement dans l’assistance alors qu’il ne buvait son verre comme si de rien n’était. Le silence lui prenait les oreilles comme un bruit assourdissant. Un monde de calme absolu, ou même le bruit ne va pas assez vite pour transparaitre. Un super endroit pour une sieste du feu de dieu. Les yeux de Léo se teintèrent soudain, à l’entende des paroles de Daniel, d’une pointe de surprise amusée qui illumina son regard de nouvelles étoiles. Non, effectivement, Léo n’était plus guère surpris par les facéties incroyables de ses compères mutants, depuis les quelques temps ou ses pas l’avaient mené sur le seuil de l’institut. Ses yeux avaient par trop de fois étés écarquillés devant de tels spectacles pour qu’il reste tétanisé une nouvelle fois devant cette prouesse temporelle. Pourtant, s’il acceptait intrinsèquement l’impossible et l’incongru et ne se gênait plus de manières prudentes, il restait émerveillé de chaque incartade à l’ordre des possibles devant un nouveau jouet. Pourquoi lui en était capable en particulier, a l’inverse de nombre de ses collègues de malchance génétique, il l’ignorait.
"J’accepte ce que je vois parce que je sais que pour nous autres, l’impossible est un concept sans cesse bafoué. Et si je suis effectivement de ceux qui se plongent dans les délices du présent, comme cette excellente boisson, cette excellente ambiance ou encore le fait de pouvoir boire gratis, je ne suis pas si étrange… Vous avez oublié, Monsieur Hopes, ce qui fait que j’ai des étoiles dans les yeux. Vous êtes beaucoup comme vous, qui ne voient leur don que comme une malédiction, ou qui ont tout simplement oublié. Mais Bordel, Hopes, vous faites des miracles ! Vous arrêtez le temps ! Je ne crois pas que vous réalisiez encore combien c’est magique de me tenir ici, le monde en suspens, grâce à un de vos claquements de doigts. Vous êtes maitre de l’ultime limite, du seul impératif qui lie tous les hommes aux lames-aiguilles de la montre, qui les pend au pendule de l’horloge, qui les noie dans le sable du pendule. Cela doit être dur, cela dit. Mais c’est un tour de magie qui déchire !"
Il entama son verre avec un sourire encore renouvelé par sa tirade. Il se rendait d’autant plus compte de l’étendue du don de Bourdieu que le sien était superficiel et bancal par comparaison, et pourtant il était quelque par content d’une telle humilité, de n’être qu’un mutant subsidiaire, pas dangereux pour les autres et presque pas pour lui-même ; Son lui naturel suffisait à se mettre suffisamment en danger pour que ses pouvoirs de mutant n’aient pas besoin de le faire. Pourtant, ce Hopes qui vivait depuis plus de 100 ans ne devait surement pas trouver cela aussi drôle, et qu’il le comprenait… Alors il leva une nouvelle fois son verre au temps et à ses maitres, et il le but goulument.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] | |
| |
| | | | Jazz From Paris In a New York Bar [PV Ghinzu] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|