Coucher de Soleil sur Signal Hill... (Libre)

La soirée était froide... L'air pinçait les joues et la mer exhalait une petite odeur aigrelette d'iode et de vie marine. Une odeur que Katara appréciait plus que tout. Elle tranchait bizarrement avec la pastille rose du soleil couchant qui faisait ressembler l'océan à une immense pâtisserie toute couverte de sucre rose. Les pieds serrés dans ses bottes en peau retournée, Katara enfonça son cou dans son immense pull de grosse laine blanche. Ses cheveux négligemment noués laissaient filer quelques mèches qui ondulaient gracieusement au gré de la bise.

Adossée à un des vieux canons de Signal Hill, Katara rêvait. Elle repensait à la journée érintante mais fructueuse qu'elle avait passé auprès du professeur Jellyns. Elle avait plongé deux fois aujourd'hui pour étudier la micro-faune sous marine de ce coin d'océan glacé. Sa détermination et son professionnalisme lui avaient valu un des rares sourires que ce sec petit bout d'homme était encore capable de donner.

- Vous irez loin dans la vie si vous continuez comme ça mademoiselle Sakari, lui avait-il dit en hochant un doigt docte.

Katara avait remercié d'un sourire. A présent épuisée et sentant le froid passer l'épaisse couche de ses vêtements, elle décida qu'il était temps de rentrer à la cité universitaire. Shayla, Lou-Ann, Judy et Connie devaient l'attendre pour une soirée qu'elles s'était promis de passé en pyjama à dévorer tout ce qui leur tombait sous la main sucré ou salé en regardant un de ces films romantiques d'autant plus tristes qu'ils finissent mal. C'était étrange mais les cinq colocataires cultivaient le même goût pour les séances de larmes devant un amour impossible. Elles avaient l'impression de se laver la tête et le coeur de cette manière.

Katara se releva, s'assura que les clefs de sa voiture étaient toujours bien dans la poche de son jeans puis jeta un dernier regard autour d'elle. Elle aimait beaucoup signal Hill car c'était un endroit très calme, emprunt d'histoire, un lieu rare au Canada. Elle venit souvent penser, étudier ou rêvasser, le dos appuyé contre un des vieux canons qui quatre siècles plus tôt avaient délogé les français de Sint John's et assurer toute larégion aux mains des anglais.

Marchant d'un pas lent mais régulier, Katara entreprit de descendre la colline et de rejoindre la petite jeep que ses parents lui avaient offert lors de son entrée à la Memorial University de Sint John's. Soudain, elle eut la désagréable impression de ne plus être seule. Désagréable car à cette heure, il était rare de voir encore quelqu'un sur signal Hill. Avisant qu'il y avait autour d'elle de nombreux endroits où quelqu'un pourrait se cacher, Katara, scrutta les ténèbres grandissants. Puis, d'une voix qu'elle se voulait asurée, elle demanda :

- Il y a quelqu'un?

Un frisson glacé parcourut l'échine de Katara. Un frisson d'instinct primitif, de peur animale. Sentant la chaire de poule lui passer sur le corps, elle fit volte-face pour sentir son coeur manquer un battement. Approchant lentement, presque cérémonieuseent, une longue cape flottant au vent, une vision de l'enfer lévitait au dessus du sol. Sa peau rouge comme la braise et son sourire mauvais achevèrent de convaincre Katara qu'elle se trouvait en face du diable. Sa voix désagréablement menaçante à souhait se fit entendre :

- Bien le bonsoir jeune fille. Il est tard pour rester seule. Sache que je ne suis pas "quelqu'un". Je suis Exodus et je serais la dernière personne que tu aura vue avant de mourir, là, toute seule, dans le froid.

A ces mots, la panique qui montait en Katara explosa comme une bulle de savon. Toute son âme tendait à s'enfuir loin de cet être abjecte qui prétendait s'appeler Exodus mais son corps pétrifié de peur ne suivait pas. Avant même qu'elle puisse saisir la dure réalité du mot "mourir", Exodus revenait sur sa parole. Avec un air faussement navré, il ajouta :

- Je pense m'être précipité. J'aurais deux choses à savoir. Connait tu un certain Jefferson Bucket ? Je lis dans ton esprit que non, mais j'ai été assez confronté aux X-men pour savoir que les pièges existent...

"Je lis dans ton esprit"? Le cerveau de Katara se mit à réfléchir à toute vitesse. Il lisait dans les esprit, il volait,... Il ne pouvait être qu'un mutant. Et un mutant hostile de surcroît. Elle n'avait pas intérêt à se déclarer mutante elle aussi. Ni d'ailleurs de prétendre connaître le Jefferson en question, ce qui était d'ailleurs la vérité. Elle bredouilla :

- Je... Je ne connais personne de ce nom. Vous... vous avez du faire erreur sur la personne. Je vous souhaite le bonsoir.

Et de se retourner pour essayer de se diriger le plus naturellement du monde vers sa voiture dont elle serrait déjà les clefs au fond de sa poche. Un mutant ennemi des X-men. C'était bien sa chance. Ceux-là en général sont rarment des enfants de coeur. De tout son coeur elle pria pour qu'il la laisse tranquille mais elle en doutait beaucoup. Ne lui avait-il pas prois sa mort? Katara espérait qu'il ne s'agissait qu'un coup de bluff pour la rendre plus loquace mais son sourire sadique n'annonçait rien de bon. Ensuite, il l'avait informée d'un nom qui semblait beaucoup lui déplaire et enfin, il n'avait énoncé qu'une de ses demandes de précision...

Mais à peine avait elle fait deux pas qu'une puissante onde de choc frola son corps pour venir exploser un arbre visiblement centenaire qui flamba allègrement. Les prunelles remplies de haine de son agresseur se remplirent d'une lueur joyeuse et mauvaise à la fois. Visiblement, il prenait un plaisir certain à voir le feu. Soulevée de terre par l'explosion, Katara était retombée à quelques dizaines de centimètres de l'endroit où elle se trouvait. Prise de panique, elle recula le dos contre une grosse pierre, une main posée sur son coeur qui battait à tout rompre.

- Laissez-moi tranquille! ,hurla-t-elle d'une voix suraigüe. Je n'ai rien demandé à personne! Je ne vous ai rien fait! Allez-vous en! Allez-vous en!

Mais Exodus n'avait cure de ses suppliques.

- Ensuite... J'aimerais tester quelque chose...

Et tendant le bras vers le large, il cripa son visage dans un rictus de concentration. Tournant le visage vers la mer Katara vit ue gigantesque vague gonflée d'écume et de blocs de glace dérivant du pôle se rapprocher à une vitesse fulgurante. Elle dépassait largement la colline de Signal Hill maintenant et allait s'écraser sur elle d'une seconde à l'autre. Le choc pourrait être fatal. Mais une petite lueur d'espoir germa au fond du coeur de Katara. Il lui ammenait la seule chose qui pourrait la défendre contre cette brute épaisse : l'eau. Avisant la curieuse vorme en L renversé de son roché, elle fit volteface et s'abbrita sous le renfoncement du rocher auquel elle se cramponna.

Le choc fut rude mais elle tint bon, presque soulagée d'entrer en contact avec cet élément qui lui était si bénéfique. Comme chaque fois qu'elle se baignait, elle sentait l'eau entourer amoureusement l'ensemble de son corps comme une bulle protectrice, une couche agréable de douceur d'envir trois centimètres d'épaisseur. Se souvenant alors de ses courses aquatiques dans le lac de son village lorsqu'elle était petite, elle décida d'utiliser la grande vague pour échapper à Exodus. Se lançant sur le flot glacé qui dévalait la colline en direction de la ville, elle glissa à une vitesse fulgurante vers le pied de la coline, comme si son corps cerné d'eau était un bobsleigh sur la piste de glace que représentait la vague.

Priant de toute son âme qu'Exodus ne puisse pas lire ses pensées à distance, elle avisa la rue touristique gorgée de restaurants qui bordait le site historique de Signal Hill. C'était quitte ou double. Ou bien elle mettait la ville entière en danger ou bien la proximité des gens, de la police et qui sait, peut-être d'autes mutants dissuaderait Exodus de la poursuivre. Elle en était la de ses pensées quand la vague atteignit la ligne de voitures parquées devant les nombreux restaurants. Quelques personnes téméraires, sous des chauffages à gaz était sur les terrasses. Avec un cri d'effroi qui déclencha une panique générale dans toute la rue, les badaud se précipitèrent dans les restaurant pour éviter de prendre la déferlente en pleine face. Les voitures s'immobilisèrent au milieu de la rue, tournées en biai.

Lorsque l'eau chargée de boue et de brins d'herbes eut frappé les façades et commença à s'écouler par les bouches d'égouts, Katara en profita pour se glisser à l'abri, sous une voiture parquée. Le souffle court et haletant, elle s'appliqua à faire le vide dans son esprit. Elle ne devait penser à rien ainsi, Exodus ne pourrait pas la trouver. Elle pena à l'eau. L'eau et uniquement l'eau qui s'écoulait maintenant doucemant autour d'elle.

Katara assista à la scène avec horreur. Loin de se sentir impressionné ou même concerné par la présence des autres personnes, Exodus était descendu au milieu de la ville presque aussi vite qu'elle. N'ayant aucune pitié pour les pauvres gens qui n'avaient pour seul défaut de se trouver là au mauvais moment, il s'en prit sauvagement à eux, ce qui fit naître au coeur de Katara un profond sentiment de culpabilité. Elle étouffa un cri sous son poing. Une profonde douleur, aigüe et fulgurante lui traversait l'esprit en faisant rugir un "Silence" qui ne pouvait provenir que d'Exodus.

Katara n'avait tout de même pas assez d'altruisme pour faire passer la vie des autres avant la sienne. Son instinct de petit animal traqué cherchait frénétiquement un moyen de s'échapper. bizarrement, les flaques d'eau autour d'elle crépitaient comme si de la pluie tombait dessus alors qu'aucune goutte d'eau ne tombait du ciel.

Avec effroi, Katara se rendit compte qu'Exodus avait très bien compris où elle se trouvait. Toutes les voitures de la rue, y compris celles de police arrivées en trombe quittaient le sl pour aller exploser dans la façade d'une maison proche. Furetant de son regard partout pour trouver un moyen de s'éloigner de ce monstre, Katara vit l'eau autour d'elle faire des vagues insistantes vers la bouche d'égoût qui se trouvait à sa portée. D'un geste, elle fit s'enrouler une vague d'eau boueuse autour de son bras et de sa tentacule aquatique souleva la plaque d'égoût pour se ménager une sortie. Il fallait qu'elle s'éloigne de la ville pour épargner aux habitants de Sint John's la colère d'Exodus. Après tout, tous les égoûts donnent sur la mer. Et la mer était par chance très très proche.

Un hoquet de surprise apeurée ramena Katara à la dure réalité lorsque la voiture sous laquelle elle était dissimulée s'envola dans les airs pour rester suspendue au dessus de sa tête. L'eau autour d'elle crépitait plus que jamais. Exodus, dans tout le panache de son pouvoir, flottait dans les airs, un air impérieux sur le visage.

- Petite, tu ne peux pas m'échapper. Par contre tu peux sauver ta vie. Prouve-moi que tu n'es pas si faible que tu le montres et je te laisserai peut-être en vie. Si je voulais te tuer tu serais déjà trois pieds sous terre...

Puis par trois fois, il relâcha la voiture qui vint se stopper à quelques centimètres de la tête de Katara. Chacun de ces mouvements terrifiants fut ponctué d'une syllabe.

- Que... Décide... Tu ?

Prise de panique Katara hurla. Alors l'eau qui l'entoura jaillit avec une force prodigieuse en direction de la voiture. l'effet avait été aussi puissant qu'instantané. Le véhicule fut projeté dans les airs loin de la jeune fille. Exodus, 'évita d'un ample mouvement du corps.

Le souffle court, la colère monta aux lèvres de Katara. La colère du combat inévitable, celle de la proie acculée qui a tout fait pour se sauver mais qui n'y est pas arriver.

- Espèce de grosse ordure écarlate! Jamais je ne te laisserai porter la main sur moi, tu entends?

Et d'un geste rageur, elle lui envoya une gerbe d'eau sans grand danger mais qui suffit à faire diversion. S'engouffrant dans les égoûts ouverts, elle renouvela l'exercice de surf, se propulsant le plus vite que sa peur le pouvait en direction de la mer qu'elle voyait comme un havre de paix. Débouchant à l'air libre comme un boulet de canon, elle fit dans les eaux tumultueuses un plongeon spectaculaire. Après quelques secondes passées en apesenteur entre deux eaux, elle remonta à la surface dont les vagues se calmaient autour d'elle. Exténuée, elle ferma les yeux et fit la planche quelques secondes pour reprendre son souffle.

Lorsque Katara rouvrit les yeux, ce fut pour replonger dans son cauchemar éveillée. Exodus lévitait à nouveau à quelques mètres d'elle. Avec un muvement de surprise, Katara perdit on équilibre et replongea dans les flots pour tenter de se protéger. Mais à peine quelques centimètres d'eau avaient-ils recouvert le corps de Katara, une force indépendante de sa volonté l'arracha aux flots pour la redresser dans la même position que son ennemi. La panique s'empara de son corps au fur et à mesure que l'eau s'écoulait de son corps. Suspendue à quelques centimètres au dessus des flots, elle ne pouvait pas les toucher. Seuls les deux malheureux litres d'eau imprégant ses vêtements humides pouvaient lui servir mais à quoi. De plus, elle était épuisée. Que pouvait-elle faire face à un mutant sans vergogne au mieux de sa forme et de sa puissance.

- Je veux que tu voie la mort en face petite gourde!

Mais avant que Katara ait pu lui répondre quoi que ce soit, il exerça sur son cou et sur son torse une pression qui devint vite atrocement insupportable. La gorge et la poitrine compressée de Katara ne lui permettaient ni de parler de ni même de respirer convenablement. Alors des larmes de rage, de douleur et de désespoir coulère le long de ses joues. Elle pria de toute son âme pour que la douleur lui fasse perdre connaissance. Pourtant son esprit ne cessait de crier dans sa tête "Je ne veux pas mourir! Je ne veux pas mourir!" Comme si la douleur ne suffisait pas, Exodus continua sa lithanie geignarde du mauvais gagnant.

- Pourquoi fuir ? Affronte moi petite catin, n'ai pas peur de la mort, tout le monde y passe. Quelle sont tes dernières volontés ?

L'affronter? Quel couard. Comment pouvait-elle l'affronter avec l'équivalent d'une bouteille d'eau minérale à sa disposition et une poitrine compressée comme une carcasse de voiture dans une casse? Elle n'eut pour lui qu'un regard rempli de dédain et brouillé de larmes.

- Prends ton temps, mes ressources énergétiques sont loin d'être entamées...

Que cherchait-il au juste? S'immaginait-il qu'elle pouvait telle la déesse des flots lui envoyer un tsunami sur le coin de la figure rien qu'en claquant des doigts? Oh, comme l'inconscience serait douce après cette douleur atroce.

Au moment où sa connaissance allait flancher, Katara vit arriver dans le dos d'Exodus, un petit point doré dans le soleil couchant. Elle pensa avoir affaire à cette clèbre lumière vers laquelle plusieurs personnes dans le coma prétendent avoir marché. Elle ferma les yeux et étira ses lèvres dans un léger sourire lorsque l'écume de la mer vint rafraîchir son visage rougi par l'effort. Puis ce fut le choc. Avec un "ouf!" de surprise et de douleur, Katara eut l'impression qu'un rugbyman venait de la plaquer au niveau du ventre. Elle se rendit alors compte qu'elle volait à une vitesse prodigieuse. Elle pensa sa dernière heure arrivée. Exodus avait sûrement décidé de la fracasser sur les rochers de la falaise. Elle attendit le choc, les cheveux cinglant la brise marine. Mais au lieu du choc terriblement redouté qui ferait craqué chaque os de son corps, Katara sentit la vitesse diminuer. Ses bras se posèrent alors sur ce qui semblait être un dos humain. Révulsée d'horreur à l'idée qu'Exodus ait pu la toucher, elle tenta de se débattre mais ne réussit qu'à bouger faiblement ses bras qui rencontrèrent la dernière chose qu'elles auraient pu immaginer : la douceur du duvet. Ouvrant avec peine ses yeux enflés, Katara vit alors une magnifique paire d'ailes rousses qui battaient vigoureusement l'air du large. Alors, cette histoire de paradis et d'anges était la vraie? Une voix grave et imposante, peut-être celle du grand Esprit se fit entendre :

- Pense dans une autre langue!!!

Pensant avoir offenser ses ancêtres, Katara se mit à réfléchir dans la langue de ses pères, l'Inuit. Elle demanda pardon au grand Esprit de ne pas l'avoir honoré depuis si longtemps. Triste d'être morte et soulagée de ne plus sentir la douleur, Katara se sentit glisser de l'épaule de l'ange sur laquelle elle avait été jetée comme un sac de patates dans ses deux bras secs mais vigoureux qui la callèrent sur son torse avec une infinie douceur. Avec un soupir d'aise, Katara laissa aller sa tête sur le bras noueux et chaud, délicieusement protecteur de son ange. Soudain, elle entendit une voix venir de cette cage thoracique qu'elle croyait muette, la mêm que celle qu'elle avait cru être celle du Grand Esprit.

- Laissez-là!, cria-t-elle simplement.

Katara sut alors qu'elle n'était pas morte, que cet homme n'était ni le Grand Esprit ni un ange mais son sauveur. Affolée par la perspective qu'il tente de s'opposer à Exodus, elle rassembla ses forces pour supplier d'une voix rauque :

- Non! Non! Ne lui parlez pas! Ne le regardez pas! Emmenez-moi loin de lui, je vous en prie! C'est un démon! Il veut ma mort! Sauvez-moi, je vous en supplie!

Et sur cette dernière parole affolée, Katara perdit enfin connaissance.

[H.J : Je ne reprendrai connaissance que lorsque Icare m'aura mse à l'abri d'Exodus ^^ Bonne fin de RP à vous deux!]