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 Argamane Delacroix ~ Crimson

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MessageSujet: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeDim 26 Sep 2010 - 22:35

CARTE
D'IDENTITE


Argamane Delacroix ~ Crimson Redlustargamane
© Mina-Ligeia
    NOM : Delacroix

    PRENOM : Argamane

    ALIAS ET SURNOM : Crimson, connue aussi par les clients réguliers de son bar sous le surnom plutôt affectueux de LadyCat

    AGE : un peu moins de 30 ans apparents, 74 en réalité

    DATE DE NAISSANCE : 24 Octobre 1936 à Varsovie

    M ETIER: officiellement propriétaire d'un lounge bar proposant quelques numéros d'effeuillage et autres représentations musicales, elle fut également une brillante espionne pour le compte d'une organisation européenne proche des idéaux confréristes

    NATIONALITE : elle en a souvent changé sur le papier; actuellement elle se présente comme étant française. Elle est polonaise d'origine juive (son prénom actuel est hébreux).

    GENRE : F

    CLAN : Neutre




Pouvoirs :


  • Description : le système digestif d'Argamane a souffert d'un grave dérèglement lorsque sa mutation s'est déclenchée. Il n'est plus capable de digérer les éléments solides (qui lui causent des crises de vomissement voire un risque d'étouffement), et les aliments sont insuffisants et/ou mal assimilés dans le cas de substances trop épaisses (le genre soupe grossièrement passée par exemple). Son organisme s'est adapté pour ne pas mourir de malnutrition et a dû se modifier pour optimiser ses chances de survie, aussi est-il devenu capable de déstructurer les molécules des liquides qu'elle ingère ou qui lui sont injectés, pour les recomposer sous forme de nutriments et autres ressources nécessaires à sa survie. Les composants inutiles ou toxiques sont phagocytés. De ce fait, elle est parfaitement immunisée aux maladies et produits toxiques en tous genres. Depuis maintenant quelques dizaines d'années, ce processus a évolué jusqu'à accélérer ce qu'on appellera la restauration cellulaire : Argamane ne vieillit plus qu'à un rythme extrêmement ralenti, et son apparence physique ne se flétrira pas pour révéler son véritable âge si ses ressources viennent à manquer (de lourds cernes apparaissent vite, sa peau blêmit, sa longue chevelure perd son éclat et son volume, ses lèvres se dessèchent progressivement, elle devient de moins en moins capable de se mouvoir et seuls de bons réflexes de "chasse"motivés par l'instinct de survie subsistent - sauf en cas de manque très avancé -, étant donné que plus sa faim grandit, moins elle peut en faire abstraction). Toutefois, elle succombera à la malnutrition bien plus vite qu'un humain normal.
    Notons tout de même, à ce propos, que ceci ne lui donne pas la possibilité de se régénérer en se nourrissant, ni de rajeunir que ce soit d'aspect ou en substance. Physiquement, elle est aussi vulnérable qu'une femme ayant sa morphologie, et boire ou s'injecter quoi que ce soit n'aura pas pour effet de refermer une plaie comme on le constaterait dans le cas d'un pouvoir de régénération "classique". Il s'agit seulement d'une altération du vieillissement naturel, autrement dit son corps ne s' "autodétruit" pour ainsi dire plus avec l'âge.

    Mais cette génération de nutriments à partir de substances diverses n'est pas garantie comme étant suffisante, car les recycler génère pas mal de pertes, et le gain est parfois vraiment minime selon les ingrédients.
    Étant donné qu'il n'est pas aisé pour la mutante de dénicher un cocktail sur mesure ou même des substances liquides hyper-nutritives adaptées à ses besoin, le meilleur moyen de se nourrir reste le sang gorgé de sucres, vitamines, acides gras et autres composants, celui des individus venant de se nourrir eux-mêmes (une fois la digestion effectuée et avant l'oxydation et la transformation de tout cela par le corps de la victime). Le sang de toute personne se sustentant régulièrement et normalement contient généralement tout ce qu'il lui faut. C'est en outre la "nourriture" qu'elle affectionne le plus, pour différentes raisons qui ne sont pas toujours le fait de son corps réclamant naturellement la meilleure source de nutrition qui soit. Argamane est un peu fétichiste, ce qui ne fait qu'accentuer cet attirance.

    L'évolution suivante de son pouvoir tend à faire d'elle un réel prédateur armé naturellement pour se pourvoir en sang. Pour l'instant, elle ne peut que constater la modification de certains détails : ses dents sont généralement plus effilées sans que cette particularité soit spectaculaire, en revanche on remarque bien ses canines supérieures qui font à peu près une fois et demie la longueur habituelle des canines humaines, et sont plus fines que celles des gens normaux; ses canines inférieures sont également un peu plus fines et développées. L'ensemble de sa dentition est beaucoup plus résistant que la moyenne, et sa kératine (ongles et cheveux) s'est également grandement renforcée). Il est fort possible que cette mutation la fasse progresser de manière continue vers une forme prédatrice dont on ne peut prévoir si elle consistera en une sophistication de ses caractéristiques actuelles, ou en un simple retour à une apparence de plus en plus animale. Argamane croit qu'en maintenant un mode de vie citadin, voire mondain, elle pourra forcer cette évolution à s'orienter vers la première possibilité, pour conserver une apparence humaine, mais de plus en plus raffinée grâce au développement de ses sens et d'une certaine capacité à se mouvoir avec plus d'adresse, emprunte d'une élégance féline qu'elle cultive de toute façon. L'autre probabilité l'effraie : elle refuse de s'imaginer difforme et enlaidie par une régression vers les origines bestiales de l'humanité.

  • Niveaux de maîtrise: son pouvoir de transformation des substances liquides ingérées ou injectées (qui la nourrit et préserve sa jeunesse) est une adaptation nécessaire de son organisme, face à la débilitation initiale causée par la mutation. Il est passif et elle n'a donc pas besoin de le maîtriser, la seule influence émotionnelle y ayant trait étant le désir du sang humain auquel elle a pris goût : lorsqu'elle a un besoin très intense de se nourrir, cette attirance égale à celle d'une personne affamée envisageant un bon gros steak au fumet entêtant peut compromettre sa discrétion. Sa très lente évolution physique est également passive.

  • Lien entre les Pouvoirs: son second pouvoir (modification progressive de ses attributs physiques) découle de son besoin de se nourrir sur autrui, besoin qui lui-même est lié aux élans biologiques qui la poussent à se nourrir de ce qu'il y a de mieux et de plus facile à obtenir, car elle rencontre de grandes difficultés à trouver des substances de synthèse suffisamment riches pour remplacer le sang gorgé des nutriments conservés à la digestion. Cela fait de toute façon bien des années qu'elle privilégie ce dernier en matière de consommation. Elle peut se nourrir grâce à d'autres liquides, bien sûr, mais cela reviendrait plus ou moins à choisir entre un régime omnivore normal et peu contraignant en matière d'approvisionnement, et un régime végétalien présentant des carences.



Description Physique :


  • Apparence :
    Selon les critères qui privilégient une minceur parfois excessive, on peut facilement dire que Crimson a un corps de rêve, bien qu'à contrario, ceux qui aiment les rondeurs risquent d'être un peu déçus. Il serait exagéré de dire qu'elle est squelettique car le peu de kilos dont elle dispose sont répartis aux bons endroits, même si 58kg pour 1m76, c'est peu. Son physique tout en finesse reste néanmoins agréable à regarder tant la grâce de tous ses mouvements est devenue naturelle : elle joue de toutes les expositions et de toutes les matières avec virtuosité, et question tenue vestimentaire, elle peut tout se permettre – surtout depuis qu'elle s'est offerte une chirurgie plastique pour gagner un peu de poitrine.
    Évidemment, il est assez difficile de la regarder droit dans les yeux tant elle sait jouer de son décolleté gracieux, de son fessier très joliment rebondi, ou de ses longues jambes au croisé/décroisé imbattable qui aurait recalé Sharon Stone au rang de boudin du temps de Basic Instinct. Ses lèvres bien définies sont toujours maquillées avec précision pour en accentuer la forme délicieuse, et même si son nez est un peu long, il est fin sans être pointu, ce qui lui laisse un profil agréable avec une noblesse indéniable qui rejoint son port habituellement majestueux. En femme très élégante et bien de son temps en dépit de son âge réel avancé, elle sait exactement comment attirer le regard, mais n'est pas non plus du genre à se contenter de peu. Elle claque une grande partie de son argent dans une garde-robe hors de prix, et a un faible pour les cosmétiques.
    La dame a la peau plutôt pâle, bien que sa carnation soit légèrement hâlée, prenant plutôt une teinte miel que rose. Le velouté de sa peau est rare : elle l'entretient beaucoup et prend plaisir à le mettre en valeur, au point qu'à l'œil on ne peut que trouver son grain d'une perfection forcément désirable. Ses yeux, d'une forme légèrement arrondie et toujours soulignés de noir, ont une drôle de couleur brun-rouge; sombres mais très vifs ils captent tout et ne laissent pas indifférent, animés qu'ils sont en toute occasion d'une étincelle qui témoigne de l'adresse de l'esprit qui les gouverne – car même si elle préfère bavarder de choses futiles plutôt que de se préoccuper de savoir si son QI dépasse celui d'Einstein ou se rapproche de celui d'une huître, Crimson est loin d'être stupide.
    C'est une femme souriante qui présente évidemment très bien, et généralement, mises à part toutes les habitudes paranoïaques d'aujourd'hui qui font qu'on ne fait réellement confiance à personne (ou si peu), elle génère une bonne impression de par son expression cordiale, voire enjouée, qui invite à la décontraction et au dialogue. Elle paraît alors plus simple qu'on ne pourrait le penser au premier abord, n'étant pas le genre à prendre de grands airs devant autrui, et a un visage, un corps même, très expressif : elle communique énormément par le geste et la façon dont elle sourit, regarde, incline la tête, hausse ou fronce les sourcils... On la connaît pour être « une femme charmante, au contact facile », avec qui il est agréable de passer du temps.

  • Signes Particuliers : un serpent lové autour d'une rose, tatoués dans son dos au creux de ses épaules. Ses canines sont aussi un signe distinctif que l'on peut prendre pour des prothèses (comme en portent certains marginaux), même s'il n'en est rien.



Caractère :

  • Mental :
    Matérialiste, oui, elle l'est évidemment. Argamane n'aime pas l'idée de manquer d'argent même si elle reste prudente et assure ses arrières plutôt que de vraiment tenter sa chance en bourse ou de risquer des pertes inutiles de quelque manière que ce soit. En attendant, tant qu'elle est certaine d'en avoir, elle ne se prive pas de se faire plaisir et d'en faire profiter les quelques personnes qu'il est bon de caresser dans le sens du poil de temps en temps, sous forme de soirées privées à ses frais, de petits cadeaux pour les occasions spéciales, etc. Vu le compte en banque, on est forcément content d'être son ami(e). Elle est, toutefois, caractérisée par une grande classe et n'a pas un comportement puant de snobinarde malapprise. Elle ne fait certes pas grand chose par pure bonté, mais au moins, elle ne la ramène pas. Elle ne voit pas tellement le monde fait sur le modèle riches contre pauvres puisque, pour elle qui n'est pas partie de grand chose (après tout, son enfance privilégiée n'a aucun rapport avec ce qu'elle est aujourd'hui), tout le monde est capable de se faire de l'argent d'une manière ou d'une autre, aucune raison valable donc pour mépriser qui que ce soit en raison de sa situation financière. En revanche elle a du mal à supporter les personnes qui se laissent facilement abattre, c'est une femme qui aime la combattivité et qui possède elle-même un caractère fort : on ne lui marchera pas sur les pieds si elle ne l'entend pas de cette oreille, c'est un fait. Crimson choisit ceux à qui elle fait des révérences, et pas l'inverse, car elle estime avoir gagné sa place parmi ceux qui dirigent même si elle n'est pas du genre à vouloir la toute première place – elle laisse ça à ceux que ça intéresse d'être constamment menacés par des jaloux.
    Dans une sphère plus privée, elle est une femme à qui on peut faire confiance, mais qu'il est risqué d'aimer. Joueuse, elle n'hésite pas à se conduire de la manière qu'il faut pour que son monde marche à l'allure qu'elle souhaite, et sans forcément voiler ses desseins elle peut aller loin pour obtenir ce qui lui plaît. Redoutable au jeu de la séduction, elle lâche pourtant le morceau assez facilement quand elle ne voit pas venir de réponse favorable, même si cela reste relativement rare. Elle a une préférence pour les hommes les plus charismatiques (chefs de file, souvent), parce qu'elle a le sentiment que ce sont les plus fidèles à eux-même, aux dépends s'il le faut de ceux qui les entravent, même par amour, et se reconnaît bien dans ce genre de personnes. Elle est donc plutôt individualiste, mais pas solitaire pour autant : elle aime vivre parmi les autres, s'entourer, et se fiche un peu de savoir si les affinités qu'on affirme sont vraies ou non tant qu'on n'essaye pas de la duper. En tout cas, cela fait longtemps qu'elle ne s'est pas attachée profondément à quelqu'un, et les seules personnes pour qui elle a un peu d'affection véritable aujourd'hui sont ses employés, choisis avec soin, et ses meilleurs clients (autrement dit, les plus anciens).
    Si elle ne voit pas le monde divisé entre riches et moins riches, elle ne le voit pas plus sous l'angle mutants contre non mutants. De toute façon, elle-même considérée comme mutante, elle voit tellement peu l'intérêt de son pseudo-pouvoir dans une optique d'opposition de causes (l'immunité aux maladies et l'anti-vieillissement ne profitent finalement qu'à elle) qu'elle se perçoit davantage comme une humaine tout ce qu'il y a de plus simple et n'a donc pas spécialement d'a priori négatifs sur les personnes dépourvues de gêne mutant, même ceux qui voudraient la voir mise en cage ou tuée sous prétexte qu'elle est différente. Elle a souvent pour réponse à cela qu'il y a des cons partout, et n'aime pas trop s'embêter de tous les bavardages socio-poilitiques habituels sur le sujet, qui selon ses dires « pataugent dans leur fange plus qu'autre chose ». Un de ses principes est qu'il y a un intérêt à trouver en chaque être humain, mutant ou non, la seule différence entre tous c'est que celui de certains est d'une brièveté édifiante. Charles Xavier ? Magneto ? Des hommes politiques comme les autres. Qu'ils viennent donc prendre un verre et profiter des plaisirs qu'elle dispense pour leurs sens chaque nuit; si tout le monde s'oubliait en eux, toutes ces questions éreintantes seraient muettes devant une beauté universelle. Alors certes, elle a pris part au combat il y a longtemps en lésant la partie humaine du tableau, mais elle n'y a jamais vraiment cru. Ce qu'elle voulait surtout, c'était ne plus être seule. Aujourd'hui, elle ne l'est plus; aussi : elle se contente de sourire à l'aimable visage de Xavier sur son écran plasma avec l'envie de lui parler de trucs de vieux, ou de rêvasser sur la manière dont elle habillerait Magneto s'il faisait partie de ses intimes, histoire qu'il échappe un jour à cet infâme déguisement de super méchant qui botte les popotins des super gentils X-Men (aux préoccupations esthétiques manifestement tout aussi pauvres). Et de soupirer en pensant à tout cela, avant de porter un toast à Lynette, la petite dernière des strip-teaseuses du Blood Orchid.



Avatar : Alyz
Personnage Marvel ? : Oui [] Non [x]
Double/Triple Compte? : Oui [x] Non []
Si oui, Qui ? : Ashe Lovelace
Pseudo : Mina-Ligeia
Votre Age : bientôt 8 ans et demi (c'est pas beau d'vieillir)...
Comment avez vous connu le Forum ? : Goûûût-goooole.


Mdp : Vu par Amp Surge


Dernière édition par Crimson le Mer 22 Déc 2010 - 20:25, édité 10 fois
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeLun 20 Déc 2010 - 16:47

Histoire :

  • Talents Particuliers : en dehors des talents qu'on lui suppose dans la sphère privée en raison de son secteur d'activité, et de ceux, bien notables, dont elle fait preuve à chaque instant dans les relations sociales ainsi que dans l'esthétique, Argamane est une musicienne et une chanteuse douée, évoluant principalement dans un registre mélangeant jazz, blues et courants plus récents comme le trip-hop. Elle en fait parfois la démonstration au "Blood Orchid" (voir possessions).
    La dame paraît donc bien sous tous rapports, elle mène une vie de gérante d'établissement public tout à fait normale, mais de sa vie d'avant elle n'a rien perdu. Ancienne membre d'une organisation européenne terroriste similaire à la Confrérie (bien que beaucoup plus modeste en nombre d'adhérents), il lui a fallu développer son don à jouer des rôles à des fins profitables. Pour des raisons de polyvalence exigée par le nombre restreint de membres dans le groupe, elle a appris à allier à ces talents de manipulatrice et d'actrice des compétences plus physiques favorisant l'infiltration discrète, son gabarit s'y prêtant bien. Elle est douée pour tuer par surprise, encore plus pour ne pas se faire voir ni entendre, et sait comment se tirer d'un mauvais pas par la fuite.
    Autre particularité qui lui vient de sa longue vie et de ses nombreux voyages en Europe : elle parle le polonais, l'allemand et le français comme les natifs, peut tenir n'importe quelle conversation en anglais (plutôt britannique, certaines spécificités de l'anglais américain lui échappent encore un peu), elle parle relativement bien l'italien pour avoir vécu quelques années dans ce pays, et à titre anecdotique elle connaît quelques bases du russe, ainsi qu'un petit bagage de vocabulaire usuel en suédois et finnois. On note dans sa façon de parler un léger accent qui ressemble à la fois à celui des francophones et à celui des germanophones.

  • Possessions : la belle possède donc en premier lieu un bar plutôt haut de gamme, le "Blood Orchid", situé à SoHo, où elle emploie une dizaine de femmes afin de proposer avec elles des numéros de strip-tease. L'établissement, pour le goût dans lequel il est tenu et agencé, ainsi que pour la qualité du service, est vite devenu une des adresses incontournables de SoHo et rapporte donc pas mal d'argent. La maîtresse des lieux a également acquis au fil du temps la propriété de cinq appartements situés dans les étages supérieurs du bar. Pour sa part, elle vit dans un autre immeuble, dans Spring Street. Son appartement y est vaste et aménagé avec beaucoup d'élégance. Sa garde robe témoigne du même soin et du même penchant pour les très belles choses. Entre autres choses que l'argent permet de s'offrir sans qu'on en ait l'utilité, elle a craqué pour une Audi R8 noire.
    Inutile donc de souligner que ses revenus sont importants, cependant ils n'atteignent pas non plus la fortune d'un magnat des affaires. Une grande partie de cet argent se trouve sur un compte au Liechtenstein et date de bien avant la naissance du "Blood Orchid". Côté européen elle a par ailleurs conservé un appartement à Paris dans un vieil immeuble du 11ème arrondissement.

  • Biographie :

    Vous me demandiez tout à l'heure si j'étais mûre pour quelques confidences. Je crois qu'il est temps, vous semblez à votre aise... mais si je traîne trop, je n'aurai pas le temps de tout vous raconter. Et je dois vous avouer que le besoin s'en fait parfois ressentir, comme ce soir...


    Stanislava

    Volutes cendrés dans une chambre rouge.
    Lumière en demi-ton, musique étouffée dont on ne sent que les basses en de légères pulsations.



    Cette femme brune que vous avez devant vous est à l'origine une petite enfant juive, dont les parents ont préféré perturber le sort en la donnant à des amis qui ne portaient pas l'étoile jaune. C'était l'an 1938, elle avait deux ans et on la renomma Stanislava... Peut-être auraient-ils dû garder l'enfant avec eux, l'emmener dans leur bras avec la Mort plutôt que de relancer les dés.
    J'ai vécu à Varsovie, puis à Prague, dans un milieu envié et haï. Mes parents adoptifs n'étaient pas des carpettes polonaises du IIIème Reich, mais il était difficile de ne pas collaborer dans les actes, à l'époque. J'étais une gosse de riches qui passait parfois dans les bras des officiers teutons, j'apprenais à parler polonais et allemand en même temps. Le grand appartement où j'ai appris le mot « maison » était meublé de chêne, d'acajou, tapissé de photographies et de miroirs, et pavé d'étoiles – les reflets des lustres de cristal sur le parquet ciré.
    Ma mère était une femme très élégante à qui on offrait parfois des foulards ou d'autres présents venant de Paris, pour lui plaire et être toujours en bon termes avec mon père. Elle disait rêver de voir un jour cette capitale lumineuse; en réalité, elle voulait surtout quitter la Pologne. Quand elle n'y tint plus, elle m'emmena avec elle.
    Mon père resta au pays, il avait un rôle à tenir, et de l'argent à gagner. Ma mère acheta finalement un appartement dans un immeuble haut de gamme non loin de Montmartre, et c'est là que je vécus jusqu'en 1944.
    Ma vie parisienne marque aussi le plus grand tournant de ma vie, et le printemps 1943 reste à jamais gravé dans ma mémoire comme le sceau d'un poison qui embrasa mes gènes. Une fois de plus, j'ai trompé la Faucheuse, mais tout mon corps porte encore aujourd'hui la trace de sa lame, car elle a bien failli m'emporter. Je suis d'un faible gabarit, mes paupières sont légèrement foncées, ma voix est grave et éraillée. C'est le résultat du travail de la faux sur moi. Pendant plusieurs mois on m'a dite malade, et je l'étais à un point que l'on n'imaginait pas encore.
    J'ai commencé par me sentir mal après tous mes repas solides, je digérais très mal et en souffrais beaucoup. Les semaines passaient, les médicaments étaient sans effets, je commençais à vomir les aliments qui demandaient d'être mastiqués de plus en plus systématiquement. On me mit aux bouillons et je n'allai plus à l'école. Mon père était arrivé de Pologne à mon chevet, ma mère et lui étaient aux petits soins avec moi, je suivais des cours à domicile, mais je ne parvins bientôt même plus à sortir de mon lit.
    Savez-vous qu'à l'époque, dans certaines provinces, on donnait à boire aux enfants faibles un peu de sang de porc ? C'est ce qu'on fit pour moi, sur les conseils de la bonne concierge qui s'inquiétait beaucoup de moi. Cette femme était en quelque sorte ma nourrice, elle s'était occupée de moi quand ma mère était indisponible. J'étais sa « petite princesse du froid », elle avait été ma meilleure professeure de français tandis que je l'aidais à mieux parler l'allemand qu'elle n'utilisait qu'à contrecœur sans que je sache pourquoi. Et ce fut donc elle qui me soigna, mieux que tous les médecins que j'avais vus jusque là. Le goût du sang était immonde, mais je buvais pour elle, et pour mes pauvres parents qui désespéraient de me voir guérir au lieu de vomir encore et toujours quand mon corps ne supportait presque plus de n'être qu'un tas d'os délicats, de peau plus douce que la soie et d'innocence fauchée. Alors je pris lentement goût au breuvage.

    Au fil des années, mon corps se transforma. De l'intolérance totale des débuts, il ne resta plus que l'habitude de n'ingérer que des bouillons auxquels on ajoutait quelques compléments solubles qui rendaient la pitance presque imbuvable, et celle de boire chaque jour trois tasses de sang d'animal. Deux ans après les premiers signes de ce changement radical, je fus suffisamment robuste pour retourner à l'école, à la très grande stupéfaction de mon médecin traitant de ce temps-là qui m'avait crue condamnée.
    J'étais toujours une brillante élève, et avais une culture littéraire qui dépassait souvent de loin celle de mes camarades, lesquels avaient eu le temps de lier des amitiés pendant que je tentais de m'évader de mon lit quasi mortuaire au moyen des livres. J'étais donc une bizarrerie aux yeux des autres. Ma croissance avait tardé bien qu'elle se relançât alors, je faisais toujours une tête de moins que les autres au minimum et bien évidemment je pesais moitié moins lourd que la plupart, à demi dépourvue que j'étais de muscles et de graisse. Je n'étais pas jolie, les formes de mon corps étaient par trop inégales : j'étais osseuse et trop sèche pour ma taille alors que j'étais déjà très petite. On se moquait donc constamment de l'intello moche qui ne demandait qu'à rattraper le temps perdu en essayant de se rapprocher du tableau comme des autres élèves. Et quand je divulguai mon secret, qui n'en était pas un puisque je n'y voyais plus le mal, c'en fut fini de mes chances pour me socialiser. Je n'étais même plus l'intello moche, j'étais le vampire, et c'était mille fois pire.
    J'ai changé d'école mais partout, mon régime particulier allié à mon physique étrange, bien que de moins en moins ingrat, me disqualifiaient dans la course aux affinités. Je passais donc tout mon temps chez moi, je ne sortais pas : je n'en avais pas envie. Dans l'espoir de grossir un peu, je buvais de plus en plus de sang (chose normalement risquée pour quelqu'un de normalement constitué), que j'additionnais de saindoux et de sucre en évitant de rendre le mélange trop liquoreux de peur de ne plus pouvoir le digérer. Je voulais prendre des formes et je me fis inscrire à des cours de danse et de gymnastique pour être plus musclée et plus gracieuse. Ma boulimie d'activité me poussa vers les arts et en particuliers la musique, qui éclipsa bientôt le dessin, dans lequel j'étais moins douée. Mon don pour l'apprentissage des langues venait de ma bonne compréhension de leurs logiques respectives, certes, mais aussi de ma très bonne oreille et de mon acuité pour leur musicalité. J'ai une très bonne mémoire auditive qui m'aida à maîtriser la solfège puis le violoncelle et surtout, le piano. Mes professeurs n'avaient de cesse de vouloir réveiller ma voix endormie par tous les mauvais traitements dus à ma « maladie » et à l'absence de communication. Une vraie révélation pour moi : malgré mes difficultés à l'assouplir, elle prenait des accents veloutés et libérait des notes harmonieuses aux tons graves, capables de souffler le chaud et le froid sur une partition.



    Quelques temps avant que les Américains n'entrent dans Paris en 1944, mes parents ont décidé de vendre une grande partie de leurs biens. J'en connaissais la raison : le luxe dans lequel nous vivions, comparé au niveau de vie de bien des gens, nous attirerait la haine du peuple libéré. J'appris au cours de cette période que mes parents ne gardaient que la moitié de l'argent récupéré sur ces ventes – bien chiches au demeurant, je n'ose imaginer le prix que nous aurions pu tirer de toutes ces merveilles aujourd'hui. Le reste s'évaporait dans la nature pour une raison qui m'échappait complètement, et même la part qui nous revenait, jamais je n'en voyais la couleur. Mais j'étais bien trop jeune pour me soucier réellement de tout ça.
    La vérité c'est que mes parents savaient qu'ils seraient jugés comme des collabos, et que le fait d'avoir aidé des juifs en Pologne, des gens comme ceux qui vivaient dans nos combles sans que je l'aie jamais soupçonné, ne pèserait pas lourd dans la balance : nous avions vécu en faisant des courbettes, en acceptant des présents, en offrant en retour, en parlant comme il le fallait de l'utopie hitlérienne débarrassée des Untermensch. Nous avions comme tous les gens dits respectables un portrait du Führer qui trônait au bout de la table où nous prenions nos repas, accroché au mur où mon père avait encadré cette missive à laquelle je n'avais jamais réellement prêté attention, et qui louait ce chef d'entreprise, frappée du sceau du Reich, signée par Adolf Hitler lui-même.
    Alors, comme leur argent leur serait enlevé avant qu'on ne les juge, mes parents préféraient le mettre en sûreté chez un homme de confiance et donner le reste aux juifs sans papiers qui vivaient ça et là dans des planques, espérant qu'ils auraient une chance d'en avoir l'utilité un jour.

    C'est à cette même époque que j'ai appris d'où je venais vraiment.
    Mes parents adoptifs me racontèrent qui étaient mes véritables parents, un luthier et une violoncelliste, qu'ils avaient aidés jusqu'à la construction du ghetto, et tout le reste. J'avais tant de mal à croire que ma vie s'était bâtie sur un mensonge, que je faisais partie d'un monde qui n'était pas le mien et qu'il était certain que tout retour en arrière était impossible, que je m'enfermai dans ma chambre pendant plusieurs jours avec autorité, du haut de mes huit ans. Ni l'un ni l'autre ne trouva les mots pour me sortir de là. Il n'y en avait pas.
    Chaque matin, chaque midi, chaque soir, on m'apportait de la nourriture que je laissais devant ma porte. J'étais déjà entrée dans une chrysalide, et j'absorbais avec lenteur que ce monde n'était fait que de mensonges. Mensonges contre ceux qui dirigent, mensonge aux autres, mensonges à soi. Mensonges. Seul le corps de nouveau meurtri par la faim que je voyais dans le miroir était vrai, au fond. Il était monstrueux et sans fard : c'était le mien. Je ne sais pas si j'avais conscience de tout ça en me regardant dans la glace, mais c'est l'impression que j'ai en y repensant aujourd'hui. Je ne formulais certainement pas ma pensée de cette manière, mais je sentais les choses ainsi.
    La preuve en est que j'ai réussi à attendre que la faim menace ma vie. J'avais envie de disparaître, il fallait que Stanislava s'efface pour faire place à une nouvelle personne, et c'est quand je m'y résolus que je sortis de ma chambre, son tombeau, en pleine nuit. J'allai dans la salle de bains, où je vis un fantôme blême et hideux s'emparer du rasoir de « papa » près du miroir. La lame dans ma main était destinée à déchirer le cocon de soie qui m'entourait.
    Alors, sans un bruit, je me glissai dans la chambre de mes parents, et dans leur lourd sommeil, je leur tranchai la gorge, chacun leur tour, dans des gerbes d'étincelles vermillonnes.

    Je m'abreuvai à leurs sources et découvris la saveur de leur nectar, ces deux coupes de vies qui avaient sauvé celle du monstre déployant ses ailes écarlates à cette heure précise.
    Qu'est-ce qui peut bien se passer dans la tête d'une enfant pour qu'elle commette un geste aussi atroce, vous demanderez-vous ? Sans doute resterez-vous sur votre faim quant à cette interrogation. Je dirai simplement que c'était la guerre, histoire de vous donner une réponse là où je n'en ai pas vraiment. La faim me tiraillait, j'ai vu du sang, je l'ai bu, que voulez-vous que je vous dise...
    J'ai ensuite abandonné mes vêtements trempés du fluide rouge, je crois me souvenir que j'ai pris un bain. J'ai mis d'autres vêtements, mes plus laids et vieillis car je m'attendais à me salir dans la rue, comme toujours, et puis je suis partie en emportant avec moi toutes mes économies, celles de mes parents dont je connaissais la cachette et des bijoux posés sur la coiffeuse de ma mère que je me mis aux doigts, aux poignets et au cou. Je ne sais pas trop pourquoi, en ce qui concerne le dernier moment, il me reste un goût amer de honte; oui... je me suis sentie honteuse de ce que j'avais fait et j'ai pris le rasoir avec moi, comme pour cacher ma faute en m'en allant avec elle.

    Je ne sais pas ce qui m'a orientée par la suite. J'étais aussi perdue qu'une gamine trop sensible, et devenue complètement folle peut l'être en pareil moment. Peut-être que je voulais simplement partir, voir autre chose du monde, peut-être que j'avais envie de retourner à Varsovie comme si c'était la clé de tous mes soucis : mes faux parents, ma maladie, ma solitude.
    Mes pas m'ont menée jusqu'au bord de la Seine, où, ce matin-là, il y avait plusieurs péniches et autres bateaux en partance pour l'aval du fleuve. Il y avait aussi un groupe de soldats sur la berge, et quand je suis allée demander à un bateleur s'il pouvait m'emmener sur les eaux, ils vinrent à nous. Bizarrement, je n'eus pas peur, j'avais été élevée au contact des allemands et ils ne représentaient pas le Mal pour moi.
    Au début ils parlèrent avec le bateleur en lui demandant si j'étais de sa famille, ce genre de choses, histoire de savoir si ce n'était pas lui qui m'avait soufflé d'approcher. Je mentis en disant que je voulais aller voir ma grand-mère et que je voulais y aller en bateau pour voir comment c'était.
    Sur quoi un jeune homme du groupe de soldats s'interposa en disant qu'il pouvait m'accompagner pour ma sécurité puisque de toute façon, il allait dans cette direction et qu'une petite virée sur la Seine n'allait pas lui faire de mal, surtout s'il s'agissait de jouer les gardes du corps pour une enfant.
    Il me demanda mon nom, je lui répondis que je m'appelais Cécile, et ni une ni deux nous partîmes avec le propriétaire du bateau en partance qui s'impatientait sans laisser le temps à ceux restés sur la berge de protester plus avant. Ils ne devaient pas en avoir grand chose à faire, en définitive.



    Cécile

    Elle écrase sa première cigarette, puis s'avance d'un pas félin vers son auditeur,
    afin de caresser doucement son bras engourdi.
    Elle retourne ensuite s'appuyer sur le minibar en position presque assise,
    se servant un verre de son cru favori.



    On peut penser ce qu'on voudra du fait qu'un jeune soldat ayant plus du double de mon âge m'accompagne dans mon périple, seul, manifestement sans autre motivation que ma compagnie. Moi-même n'ai ressenti que peu de plaisir à l'avoir dans mon giron les premiers temps. Il fallut que nous passions beaucoup de temps à converser ensemble pour que j'apprenne à lui faire confiance.
    Pas plus soldat que je ne l'étais, il s'agissait en fait d'un vagabond répondant au nom de Thomas. Depuis des années il se débrouillait seul au gré des vents et des rencontres qu'ils apportaient. C'est avec lui que je fis la plus grande partie de mon voyage, profitant de l'aide qu'il m'apportait gratuitement. Je ne sus jamais vraiment pourquoi il avait choisi de poursuivre sa route avec moi, je n'ai pu que lui attribuer les mêmes raisons que moi. Il aurait tout aussi bien pu me quitter à l'une de nos escales, mais il n'en fit rien. Même après toutes ses années, je ne suis pas parvenue à trouver d'autre explication que celle-ci : la solitude le rongeait, et le destin avait décidé que c'était là le moment opportun pour la dissiper de manière définitive.
    Je fus plus ou moins forcée de lui avouer ma tare, mais il s'en accommoda très bien. Lui aussi, plus tard, m'avoua ne pas être « normal ». En vérité, je n'en fis l'expérience que longtemps après, sa différence à lui était bien plus spectaculaire que la mienne : c'était un aérokynésiste accompli.
    Il se transforma en frère pour moi, toujours attentif à mes besoins, à mes mots, à mes maux. Pour la première fois de ma vie, je rencontrais quelqu'un avec qui la question de la confiance, du réalisme au sein d'une relation n'avait pas cours, tout était d'une évidence limpide. Je pense encore que nous nous étions trouvés, tout simplement. Malgré les huit ans qui nous séparaient, Thomas était mon âme jumelle, j'étais la sienne, et il en était ainsi comme si nous nous étions toujours tenu la main.
    Nous parcourûmes des kilomètres ensemble. Jamais je ne les ai comptés. J'étais si jeune... Il fit tout pour moi et je m'efforçai d'en faire autant du haut de ma presque décennie, même si ce n'était pas toujours aisé ni pour l'un ni pour l'autre de survivre seuls dans cette France d'après guerre qui s'occupait principalement de compter ses morts et de se reconstruire dans la douleur. Nous vivions chichement, et plus d'une fois je manquai de rester sur le bord de la route; c'est avec lui que je réalisai la folie qu'avait été mon départ démuni. La transition entre ma vie de princesse et celle de fille des chemins ne fut pas des plus aisées, et je lui dois entièrement de m'y être adaptée. Thomas se priva mille fois pour moi, mais jamais je ne bus de sang tant que je fus sous son aile. Notre vie n'était effectivement pas de tout repos, mais mes aptitudes en chant alliées à ses talents de violoniste que je découvris au fil de l'aventure nous permirent de subsister.

    C'est avec lui également que je travaillai réellement pour la première fois de ma vie. Nous avions fini par remonter à Paris, qui nous manquait à tous deux, car c'était décidément là que tout se passait. Nous posâmes nos maigres bagages dans un vieux cabaret qui avait connu des jours plus glorieux, où l'on nous engagea d'abord pour nous occuper des tâches ingrates. Mais nous étions logés, nourris et n'avions pas à nous plaindre de mauvais traitements. C'était l'automne 1948 et j'avais douze ans, âge à partir duquel mon physique se modifia pour accroître sa grâce et sa beauté de façon exponentielle – n'y voyez pas de vanité, je fis un peu plus tard la fierté de mes « patrons » lorsqu'il s'agissait de proposer aux hommes ce qu'ils veulent voir.
    Bien que l'établissement ne soit plus tout à fait le genre d'endroits à la mode, il se portait bien et accueillait pas mal de monde chaque soir. C'est au milieu de la petite troupe que j'appris à peu près tout ce qui constitue ma vie aujourd'hui : l'art de danser, de séduire, de faire rêver. Les danseuses m'adoraient, j'étais comme leur poupée, elles me déguisaient en demoiselle de la haute avec différentes étoffes et, mon âge avançant, m'apprenaient leur métier. Cette vie de bohème me convenait tant que j'avais le sentiment d'avoir toujours fait partie de ce microcosme qui s'évertuait à vivre dans la bonne humeur et l'activité constantes malgré les coups durs. De petite blanchisseuse qui retouchait les accrocs dans les coulisses je devins, petit à petit, la nouvelle recrue qui prenait petit à petit de l'importance. J'avais beau n'avoir que quatorze ans la première fois que je montai sur les planches, je ne tardai pas à me faire remarquer.
    Thomas, quant à lui, avait pris place dans la salle également. Il était tour à tour serveur et musicien... et ne voyait pas d'un bon œil mon ascension dans ce milieu. Difficile de ne pas deviner qu'il n'était question que de jalousie. J'attirais peu à peu une attention grandissante de la part des hommes alors que lui restait cantonné dans l'ombre, en particulier dans la mienne lorsqu'il faisait vibrer les cordes de son violon et tissait les notes sur lesquelles s'écrivait ma voix à l'encre noire de notre fusion qui se délitait. Je ne soupçonnais rien de cela, ou plutôt, je le sentais mais l'occultais de mille et une choses que le quotidien m'apportait, si bien que je ne vis pas le vent venir lorsqu'il décida de partir de nouveau, sans moi cette fois-ci.
    Cette décision se heurta brutalement à mon incompréhension. Je me sentis abandonnée et cette sensation fut pire encore que la violente prise de conscience qu'avait été la révélation de mes origines. Nous nous séparâmes sur un affrontement qui me resta tellement en travers de la gorge que j'en devins différente dans ma façon de vivre et de penser. Mes sautes d'humeur et cette évolution dans mon comportement firent mon malheur et celui de ma nouvelle famille, je n'avais plus le cœur à travailler, je n'en faisais qu'à ma tête et sombrai petit à petit dans l'ombre. C'est une nuit de décembre 1952 qui opéra un nouveau changement dans ma vie.

    Cette nuit-là je quittai le cabaret après une forte querelle dans laquelle j'étais seule contre tous, mais comme c'est souvent le cas, je ne me jugeais nullement en tort. J'étais donc à la rue, avec pour seuls effets personnels quelques vêtements que j'avais acquis pour mon seul usage, d'autres babioles inutiles et très peu d'argent; en somme : rien qui me permît de vivre dans l'indépendance. Aussi ne mis-je pas longtemps à me voir dépérir. C'est à cette époque que j'intégrai totalement l'idée qu'il était plus facile, plus économe et plus avantageux de me nourrir de sang. J'en réclamai d'abord dans les boucheries, puis, finalement, tournai cette constatation en fierté : je n'étais pas née pour vivre comme le commun, si je devais choisir entre combattre ma nature pour suivre le troupeau qui me rejetait et l'accepter totalement jusqu'à y trouver du plaisir, la délibération n'était pas ardue à tenir.
    Dans les rues mal famées de Paris, on murmura alors qu'une jeune fille seule, et apparemment fort jolie, était prête à offrir son corps contre un don de sang et un prix bien plus modeste que la plupart des prostituées. L'aspect mystique de la chose attira la curiosité de quelques esprits déviants, en nombre réduit certes, mais cela me suffit pour survivre. Tout s'arrêta cependant lorsque le propriétaire de la minable chambre de bonne que je louais fut informé de mes activités d'une manière que j'ignore. Je ne peux pas vraiment dire que je le regrettai particulièrement, après tout ce n'est jamais de toute gaieté de cœur qu'une adolescente en arrive à se vendre, mais c'était ma dernière source de revenus et de survie, et dans mon cas cela n'était pas rien.
    Jamais je n'avais cessé de penser à Thomas. Je songeais parfois aux directions qu'il avait pu prendre, aux routes qu'il avait pu emprunter, aux endroits qu'il avait pu voir, aussi seul que moi et, je l'espérais cruellement, aussi malheureux que je l'étais d'avoir brisé l'unité qui était la nôtre. Il me manquait plus que jamais en cet instant charnière qui décida de la suite de ma vie. Je ne sais si c'était un appel conjoint de nos âmes liées, mais c'est également à ce moment que nous fîmes le chemin contraire, et qu'au lieu de nous éloigner plus l'un de l'autre, nous finîmes par nous retrouver.

    Certains de mes clients, je l'avais remarqué, avaient une particularité physique plus ou moins ténue, qui me laissait souvent penser qu'ils étaient, comme moi, des personnes à part. J'avais eu le loisir de discuter brièvement avec l'un d'eux, qui m'avait dévoilé faire partie d'un organisme assez obscur – dont il n'avait d'ailleurs pas dit grand chose au delà du fait qu'il réunissait des « gens comme nous ». Le fait que je sois considérée moi aussi comme différente m'avait amenée à rencontrer quelques unes de ces personnes, qui voyaient en moi la simple fille de joie suffisamment semblable à eux pour leur garantir la discrétion autant que la dispense de mes bons soins. C'est grâce à cela que je réussis à trouver un nouveau toit, l'un de ces hommes étant un visiteur régulier et m'ayant donné un moyen de le contacter au cas où l'idée me viendrait de me joindre à eux.
    Thomas était un membre actif et influant de ce groupe. Il avait fait du chemin depuis que nous nous étions séparés, et avait sa place parmi les conseillers des têtes pensantes de ce qu'on peut bien qualifier d'hydre. Cette importance s'accompagnait d'une conscience nouvelle de sa personne qu'il avait acquise sans doute un peu trop vite, et son assurance s'apparentait souvent à de la suffisance à mes yeux – et pourtant, Dieu sait combien je l'admirais. C'est un lien étrange qui se tissa entre nous dans la continuité du précédent : il n'est pas inexact de le comparer à une relation sadomasochiste de maître à esclave. Celui qui était mon presque frère s'était métamorphosé en un claquement de doigt en un véritable mentor qui n'hésitait pas à porter un regard dominateur et directif sur ma vie, autant publique que privée. Nous avons quelquefois partagé des moments d'une intimité plus engagée que ce dont nous avions eu coutume jadis, et là encore il se comportait avec moi comme le dominant, et moi la dominée. Il serait trop complexe de décrire la façon dont j'ai aimé ce rapport de force alors qu'aujourd'hui mes affinités sont bien plus tournées vers l'inverse, aussi ne m'y pencherai-je pas plus avant.


    Crimson

    Savourant les notes fluctuantes des premières gorgées,
    elle saisit son paquet de cigarettes et s'y sert,
    en extrayant une longue baguette d'une finesse qui n'a d'égale que celle de son corps.
    Elle l'allume avec une lenteur experte, posant un regard en coin sur l'homme en face d'elle.



    Mon intégration dans ce qu'ils appelaient l'Ordre Nouveau – un nom bien plat, je vous l'accorde – se fit sans difficulté, et tout s'enchaîna très vite, bien que pas nécessairement grâce à Thomas qui fut sans conteste le plus exigeant de tous avec moi. Sans attaches autres que lui, et sans identité publique depuis que j'avais été mise à la porte de notre maison, j'étais une recrue parfaite, d'autant plus que ma jeunesse faisait de moi un élément malléable et obéissant. L'année 1952 marqua donc mon entrée dans le mouvement contestataire qui regroupait les mutants contre les autorités qui, de plus en plus, considéraient notre existence comme un désagrément. On m'entraîna durement et sans compassion pour ma fragilité physique, mais je ne m'en plaignis jamais. J'étais fière d'enfin trouver un endroit où me rendre réellement utile, un endroit où la fougue de ma jeunesse trouvait une voie exutoire et idéaliste. L'Ordre fit de moi une autre personne, j'étais douée pour mentir, jouer un rôle, séduire, et ma fonction d'appât évolua au fil du temps jusqu'à faire de moi une véritable espionne, ce que je demeurai jusqu'à ce que mon allégeance ne soit plus attendue. Je ne puis dire le nombre d'heures que je passai dans des planques, sous-sols et autres entrepôts à m'entraîner pour me renforcer, m'assouplir, apprendre à me cacher, à me battre, à améliorer toutes les compétences que j'avais à mettre au profit de la cause. J'y perdis souvent la notion du temps.
    Pour l'Ordre ne travaillaient pas que des mutants, pourtant. Des humains poussés au service par des moyens de pression divers exerçaient aussi leurs talents un peu en retrait de la clique, et nous autres, membres à part entière, nous les rencontrions rarement. C'est donc un total hasard, ou, pour ceux qui n'y croient pas, un coup du destin d'une ironie folle qui fit se croiser ma voie avec celle de Sylvain Delacroix.

    J'étais attablée dans un des rares cabarets qui subsistaient à l'époque où la tendance était toute autre, un endroit charmant dans un quartier artiste de la capitale française où l'on servait d'excellents vins. Je commençais à peine à gagner ma vie, et faisais preuve de la démesure dans la dépense qu'on peut parfois lorsque l'argent excède les besoins d'une simple subsistance comme c'avait été le cas précédemment. Seule, j'exhalais le souffle de mon porte cigarette très « années trente », mes cheveux coupés au carré rappelant un peu le style de Louise Brooks, ma robe de garçonne défiant gentiment les codes vestimentaires en ces temps-là. J'ai vu un homme s'approcher, me demander très doucement avec un air d'un autre temps si je me vexerais qu'il m'offre un verre... Je ne sais trop ce qui me plut tant chez lui à cet instant précis, son visage si jeune contrastant un peu avec le reste de sa plastique enviable peut-être, ou la douce candeur de ses yeux, mais rétrospectivement, je vois renaître dans mon sourire l'adolescente normale aux préoccupations légères que je n'étais jamais parvenue à être vraiment. C'était en avril 1956. En septembre, il me demanda en mariage. Et aussi soudain, puéril, idiot, inconscient que cela puisse paraître (entre autres qualificatifs tous plus vrais les uns que les autres), je lui ai définitivement dit oui en décembre.

    Inutile de m'étendre sur la façon dont Thomas prit tout cela, puisque là encore, il y aurait pléthore d'aspects trop subtils et trop ennuyeux à développer. Toujours est-il qu'il ne s'opposa en rien à notre union, qu'il fut un témoin et un convive modèle, et bien qu'il m'ait prise à part le soir des noces d'une façon que je ne détaillerai pas, sinon pour dire que ce fut l'étrange ensemble du meilleur et du pire souvenir qu'il me reste de ce jour-là, rien ne pouvait laisser présager ce qu'il entreprit par la suite.

    Je vécus particulièrement heureuse en compagnie de Sylvain. La crème des hommes. Moi qui étais engraissée à la violence pure chaque jour dont accouchaient mes nuits, je n'aurais pu espérer meilleur refuge que celui qu'il m'offrait par sa simple présence, sa sollicitude, son amour inconditionnel et sa bonté inimaginable pour lesquels ma condition de mutante parasite n'était rien de plus qu'une innocente digue déjà forcée. Sylvain aurait tout donné pour moi. Je n'étais pas la seule à le savoir.
    Petit à petit je fus intelligemment amenée à le faire souffrir pour mon compte, et indirectement celui de Thomas. Il officiait comme chimiste dans un laboratoire pharmaceutique et on me souffla d'en profiter pour lui demander de travailler sur un substitut palliant mon besoin de sang régulier. Ce n'était pas sans risques pour lui, et nombre de fois il partagea avec moi ses craintes de nous mettre en danger tous les deux. Pourtant, mon insistance toujours douce et d'autant plus persuasive que les membres de l'Ordre me laissaient de moins en moins me sustenter selon mes besoins fit son effet et il se lança finalement dans une entreprise réellement dangereuse pour son emploi, pour le laboratoire dans son entier, pour sa vie, mais pas pour moi. J'étais tenue de ne rien lui révéler de mes activités et me savais protégée par ce statut particulier qui exigeait de moi que j'esquive les aveux continuellement par tous les moyens dont j'étais passée maîtresse dans l'usage. Aussi était-il le seul à s'exposer, et rien n'était plus certain que sa fidélité : jamais il ne dénoncerait un quelconque lien entre son trafic et moi. Il rivalisait d'astuce pour pouvoir œuvrer sur tous les fronts, et je peux le dire sans craindre l'exagération : je l'ai tué ainsi, en l'épuisant, parce qu'il avait une vie normale à faire paraître, son travail secret pour l'ordre à fournir, parce qu'il devait mener à bien ses recherches incessantes à mon adresse à un rythme toujours plus pressant à mesure que je m'affaiblissais par le manque, et parce que c'est lui-même qui finit par me nourrir de sa pauvre personne vidée de sa fringante jeunesse tant il était horrifié parfois de me voir dépérir.

    Une nuit il rentra, me trouvant blême et amorphe sur le sofa de notre salon, éreintée par la faim, l'absence de sommeil qu'on me forçait à accumuler, et les efforts incessants du travail qu'on me donnait – à l'époque, vu ma condition physique (qu'ils entretenaient sciemment), cela se limitait à une claustration sur des apports extérieurs rendue inhumaine par leur intransigeance et leurs précautions avisées pour éviter que je ne me jette tout simplement sur eux pour les égorger et épuiser leur fluide vital sans autre forme de procès.
    Je me souviens avoir ouvert les yeux en l'entendant refermer la porte, je me souviens avoir entendu le murmure infâme de ses sanglots contenus. Encore une fois il passait la porte aux heures précédent l'aube en me rapportant une réponse négative quant à ses avancées. Il n'en pouvait plus de me voir comme ça, je le savais. Moi non plus je ne le supportais plus. Nous savions tous les deux que je vivais mes dernières heures si rien n'était fait.
    Mon pauvre mari avait pris l'habitude de se nourrir avant de me rejoindre... Alors il est venu vers moi avec une lame de rasoir, il s'est ouvert les veines du poignet et il a plaqué la plaie contre ma bouche sans cérémonie. J'ai dégluti je ne sais combien de fois, manquant presque de m'étouffer parfois avec tout ce sang qui déferlait dans ma gorge comme une onde salvatrice, avec l'impression de revenir à la vie comme quelqu'un qui a failli se noyer et reprend péniblement son souffle dans la douleur. Ma vitalité revenant à mesure que la sienne décroissait, c'est finalement moi qui me penchai sur lui, effondré sur le sol.
    Nous savions que ça finirait ainsi.
    Je l'ai traîné jusque dans la salle de bains et j'ai fini le travail en sectionnant d'autres endroits, en recueillant ce que je ne pouvais pas boire tout de suite.
    J'ai pleuré pendant des heures et quand je me calmais, je buvais encore.

    Il faut apprendre à être une grande fille.
    J'ai tout nettoyé de fond en comble et je me suis débarrassée de ses restes le lendemain, un matin de mai 1960.



    Ma vie, après ça, s'est écoulée relativement paisiblement. Il faut dire que je n'ai pas beaucoup d'attachement pour les choses de ce monde depuis que je sais jusqu'où je suis capable d'aller. Je serais tentée de ne pas plonger dans les détails de ce que fut l'existence lors de cette décennie, mais il faut tout de même que je vous explique pourquoi je ne suis plus une activiste au nom de la cause pro-mutante.
    Pour être franche, je n'ai pas vécu différemment de mes premières habitudes au sein de l'Ordre après la mort de Sylvain. Au fond de moi, je savais que j'avais été conduite à le faire et que j'étais sous influence. Je l'avais toujours été depuis que j'avais retrouvé Thomas. Mais, pour reprendre un cliché, disons que l'amour a ses raisons que la raison ignore. C'est également pour une raison qui m'est inconnue que j'ai décidé, une nuit en plein briefing, que je raccrochais.
    Pour un motif tout aussi obscur j'ai lâché le morceau à Thomas tout de suite après la réunion, et alors que je commençais à me maudire de cent façons pour avoir osé ne pas réfléchir davantage avant de faire preuve d'une telle imbécillité – reprenant mes esprits, sûrement –, il m'a regardée dans le yeux et m'a dit sur le ton de la conversation : « Moi aussi ».
    Je ne saurais pas expliquer ce revirement. J'ai passé vingt ans à me repasser le film de cet échange sans jamais en comprendre le fond, car il pourrait y avoir mille interprétations à en faire et je ne suis même pas convaincue qu'une seule trouve un jour le chemin de la vérité. Toujours est-il que cette même nuit, nous avons tué nos frères et sœurs d'engagement les uns après les autres tout pendant que nous étions tous censés suivre le plan prévu dans deux endroits différents (la base, et les zones d'action autour et dans les locaux du Ministère de la Défense... et oui). Notre contre-stratégie était aussi instinctive que brillante, pour tout dire je ne sais même pas comment nous sommes parvenus à nos fins aussi facilement avec aussi peu, voire pas de préparation.
    Thomas me demanda de le rejoindre à notre QG après que je l'aie informé que ma part était faite. J'ai obéi, comme toujours, même si cette fois j'avais bien plus la place d'égale. Lorsque j'arrivai sur place, j'entendis d'abord les pleurs et les supplications d'Anne-Marie, une de nos collègues. C'est comme un fantôme que j'assistai à sa torture, longue et plus noire que je ne saurais l'exprimer aujourd'hui devant vous. Nous l'avons forcée à profaner de diverses manières le cadavre d'un « ex-collègue » pour lequel nous savions qu'elle avait quelque inclination, ceux d'autres aussi, des visages qui ne représentaient plus rien pour Thomas et moi mais qui étaient certainement pour elle aussi chers qu'une famille, la plus précieuse de toutes : celle qu'elle s'était choisie. Mon mentor a profité une dernière fois de sa faiblesse de femme plus meurtrie en quelques heures qu'elle n'aurait su l'être en plusieurs années, attirant mon attention sur cette lueur d'espoir qui surgissait dans son regard de victime quand elle crut qu'après tant de sévices on allait la laisser partir la vie sauve, et puis il la tua elle aussi.

    Nous étions des professionnels, désormais. Nous savions comment effacer tout ça sans laisser de traces, et c'est bien évidemment ce que nous avons fait.



    J'ai cheminé pendant encore une dizaine d'années en compagnie de Thomas. Nous avons enterré cette période de notre vie petit à petit, et aussi curieux que cela puisse paraître, nous avons presque retrouvé la complicité que nous cultivions près de trente ans auparavant. Le monde nous a complètement oubliés, comme c'était le cas en ce temps-là, et jamais personne ne s'est inquiété de savoir ce qu'étaient devenus les orphelins, les parias, les anonymes qui composaient avant notre organisation. D'ailleurs, nous-même n'y fîmes plus jamais allusion, jusqu'à voiler cette partie de notre mémoire.
    Je croyais, alors que nous parcourions les routes d'Europe en nous installant ici ou là quand l'envie nous en prenait, que Thomas avait fait un trait dessus comme je l'avais fait moi-même. J'ai sincèrement pensé que tout cela n'avait en fait jamais existé lorsqu'il eut encore le culot de me passer la bague au doigt à soixante-deux ans devant le maire d'une petite bourgade toscane. C'était un mariage aux yeux de la loi mais pour nous, c'était surtout une manière d'avoir plus facilement une situation bien en règle, il faut l'avouer... Ni lui ni moi nous n'étions amoureux, du moins pas en ce sens. C'était aussi, peut-être même surtout, le symbole de quelque chose qui ne s'était jamais éteint, en dépit de tout ce qui nous avait pervertis. Nous n'étions rien d'autre que deux êtres assoiffés de vivre par la mort qui leur collait à la peau, nous l'avions toujours été, et nous le serions jusqu'à ce qu'elle nous sépare finalement. Ce qui advint en 1989 : nous vivions alors en Allemagne de l'Ouest, et Thomas eut tout juste le temps de vivre la chute du Mur avant d'expirer. Bien peu de temps avant, il m'avait confié qu'il ne regrettait rien de ce que nous avions fait par le passé, parce que tout cela il l'avait fait avec moi, et que j'avais été sa seule raison de poursuivre son long et pénible voyage depuis qu'il m'avait croisée un matin sur les bord de la Seine, après que deux soldats allemands l'aient alpagué alors qu'il fixait le fleuve en se demandant si oui ou non, ces gros brodequins trop grands pour lui parviendraient à le maintenir au fond.

    Il est mort en serrant ma main dans la sienne comme s'il voulait m'emporter avec lui.


    Argamane

    La fin de l'histoire approche, et c'est avec un long soupir teinté de mélancolie
    qu'elle s'apprête à donner le mot de la fin.



    Thomas était trop physiquement âgé pour avoir un emploi, ce qui n'avait pas été mon cas et malgré nos changements de domicile relativement fréquents, aussi avais-je un peu d'argent encore après son décès. Je choisis d'ouvrir un piano-bar en récupérant son piano droit sur lequel nous jouions ensemble parfois. La bicoque ne valait rien à l'origine, et ce fut un nombre incalculable d'efforts pour en tirer quelque chose. Je n'étais pas seule et heureusement, l'idée plut beaucoup. Tellement que nous n'attirâmes pas que des amateurs du genre... Un soir je fus contactée pour débuter une carrière de chanteuse professionnelle, et je ne me fis pas proposer l'aubaine deux fois.
    Ce fut le début d'une quinzaine d'années pendant laquelle je voyageai entre l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, la France, l'Italie, l'Espagne, le Royaume Uni et les pays scandinaves pour proposer mon piano-voix sur des airs de jazz et, plus tard, une musique plus composite, blues, folk, autre, avec l'aide de différents instrumentistes et dans diverses petites salles de concert, pas mal de bars, quelques festivals de moindre ampleur. En parallèle j'ai ouvert mon propre café-concert à Lille où je me suis établie quelques temps, puis de nouveau à Paris où la concurrence était plus rude et où j'ai du imposer un style un peu plus élitiste pour obtenir une clientèle régulière fonctionnant sur le mode du bouche-à-oreille. A vrai dire certaines prestations qu'on y trouve encore ne sont pas à mettre à la portée de tous les regards... ni de toutes les bourses. Et je ne parle pas que d'effeuillage, les sous-sols parisiens sont connus pour les sombres délices qu'ils laissent fantasmer.

    C'est début 2008 que j'ai ouvert le Blood Orchid à New-York. Des envies de grandeur, certainement un reste de rêve américain, je crois que c'est cela qui m'y a poussée. J'ai la chance d'avoir de bons revenus même si j'ai rompu mon contrat avec celui qui s'occupait de me vendre aux organisateurs de concerts depuis un certain temps déjà. SoHo me paraissait être le quartier idéal pour ça, et j'ai eu du flair, les affaires marchent bien.
    Pour le moment je mène donc une existence relativement paisible, mais qui sait, peut-être que demain, mon passé me rattrapera, ou peut-être que ce jour n'arrivera jamais. Inch'Allah, comme ils disent.
    Je vais devoir vous laisser, il y a foule ce soir ! La petite dernière ne s'en sortira jamais toute seule au bar...

    Sur ce, elle écrase le mégot de sa Vogue, et termine d'un trait son verre carmin.
    S'approchant de nouveau, elle presse un morceau de coton sur l'intérieur du coude de celui qui a servi de public à son récit, et retire l'aiguille raccordée au tube qui nourrissait la poche en sang.
    Lui gît dans son lit dans la plus parfaite reproduction de scène post-coïtale, sa respiration est calme.
    Le GHB a cela de pratique qu'il ne se souviendra de rien de tout cela au réveil, croyant à une bonne cuite...





Dernière édition par Crimson le Mer 22 Déc 2010 - 20:14, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 7:31

Rédaction terminée ! =^_^= Merci beaucoup à ceux qui auront le courage de tout lire. ♥
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Kurt Wagner
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 8:45

re-bienvenue et de rien pour la lecture.

Je ne vais pas m'amuser à faire la fiche de modération classique, je finirai par me lasser d'écrire Ok.
La seule remarque que j'ai à faire concerne l'apparence. Si elle fait 1m76 et 53 kg elle est à la limite de l'anorexie, et je suis à peu près certain qu'elle n'a nu décolleté ni fesses rebondies.
Ceci étant dit, nous sommes dans un univers fictif et ça ne me choquerais pas que tu ne veuille pas changer ce point.

Passons au pavé dans la marre. La biographie n'est ni faite ni à faire !! Refais moi tout ça immédiatement !!

Plaisanterie mise à part, wow. Y a un côté chroniques des vampires d'Anne Rice dans ta rédaction, c'est marrant à lire. Contrairement à ce que tu disais, je ne trouve pas que le début soit si mauvais ^^ .

Bref. Félicitation, pour moi c'est un graaaand oui.
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 14:53

Quant Kurt Wagner modère, il est rapide comme l'éclair ! *_______* J'pensais pas avoir de réponse sur la fiche aujourd'hui ! lol

Merci beaucoup beaucoup beaucoup pour ton commentaire sur la biographie (pas la blague, par contre, j'ai vraiment eu peur tu sais xD), comparer ce que j'écris à quelque chose qui se rapprocherait de loin à du Rice c'est un énoooorme compliment (presque aussi gros que le charisme de Gros Zuzu et la classe que je t'attribue maintenant parce que je suis une grosse lèche-bottes). ♥♥♥

Bref, concernant le rapport taille-poids, en fait j'en doutais beaucoup moi aussi, mais je suis allée tout bêtement voir ça sur un site de calcul d'IMC, il fallait que je reste dans la maigreur, j'ai pris la limite haute. J'vais rajouter un ou deux kilos pour la forme quand même (parce qu'au fond j'suis d'accord, c'est pas lourd, fallait juste que j'aie pas l'air trop ridicule à lui refiler un physique à la Bellucci alors que sa mutation flirte avec l'anorexie forcée). :p
Mais par contre le décolleté je plaide l'innocence : les Troy et McNamara sont des magiciens. huhu



Encore merci mille fois pour ta rapidité d'intervention (pinpon) et tes compliments, je corrige ça en attendant que quelqu'un d'autre vienne me trucider. =^_^=

Edit : Mh, oui, j'm'étais trompée en plus. Elle vient de gagner 5kg en 5 minutes.
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Fatale
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 19:08

Bonsoir, ta modération est entre les mains d'une femme fatale. Une nouvelle victime, oups je veux dire une nouvelle modération.


NOM : ok

PRENOM :ok

ALIAS ET SURNOM : ok

AGE : ok

DATE DE NAISSANCE : ok

METIER: ok

NATIONALITE : juste à titre d'information ça véritable nationalité de départ

GENRE : ok

CLAN : ok
Pouvoirs :

Description : je voudrais juste savoir ce qui se passe si elle n'arrive plus à se nourrir correctement ? ( tu le détailles dans ton histoire, mais pas dans la partie pouvoir) Est-ce que le vieillissement reprend du coup ?


Niveaux de maîtrise: ok
Lien entre les Pouvoirs: ok


Description Physique :

Apparence :
ok
Signes Particuliers :ok

Caractère :
Mental : ok

Talents Particuliers: rajoute aussi les langues qu'elle parle car je crois qu'elle en maitrise pas mal.
Possessions : ok


Dans la partie Stanislava tu marque qu'une petite virée sur la seine et pas scéne je suppose !

dans la partie Cécile tu passe de Sébastien à thomas? Il y a une coquille de prénom je pense


Bonne histoire, bonne fiche, je chipote juste pour le principe ^^ Faut je justifie mon salaire mdr
Apporte moi les minis modifications et se sera un grand Oui pour moi.







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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 20:23

Ouh, la belle Rosario griffue ! *_*

Alors alors...

Nationalité d'origine ajoutée.

Comme demandé j'ai un peu étoffé la description du don pour préciser ce qu'il se passe en cas d'approvisionnement en nourriture insuffisant (la partie en italique, donc) :
    Argamane ne vieillit plus qu'à un rythme extrêmement ralenti, et son apparence physique ne se flétrira pas pour révéler son véritable âge si ses ressources viennent à manquer (de lourds cernes apparaissent vite, sa peau blêmit, sa longue chevelure perd son éclat et son volume, ses lèvres se dessèchent progressivement, elle devient de moins en moins capable de se mouvoir et seuls de bons réflexes de "chasse"motivés par l'instinct de survie subsistent - sauf en cas de manque avancé -, étant donné que plus sa faim grandit, moins elle peut en faire abstraction). Toutefois, elle succombera à la malnutrition bien plus vite qu'un humain normal.
Si c'est insuffisant je reprendrai. ^^

Concernant les langues j'ai rajouté un dernier paragraphe dans les talents et compétences.
    Autre particularité qui lui vient de sa longue vie et de ses nombreux voyages en Europe : elle parle le polonais, l'allemand et le français comme les natifs, peut tenir n'importe quelle conversation en anglais (plutôt britannique, certaines spécificités de l'anglais américain lui échappent encore un peu), elle parle relativement bien l'italien pour avoir vécu quelques années dans ce pays, et à titre anecdotique elle connaît quelques bases du russe, ainsi qu'un petit bagage de vocabulaire usuel en suédois et finnois. On note dans sa façon de parler un léger accent qui ressemble à la fois à celui des francophones et à celui des germanophones.


Et dans la bio, arf, c'est du gros nawak xD C'était bien la Seine et non la scène (à croire que cette dernière me manque huhu) et pour Sébastien... On s'demande pourquoi j'avais écrit ce prénom en parlant d'un presque frère... ("private" joke, désolée - l'intéressé se reconnaîtra). Razz


Voilà ! Un grand merci à toi aussi Fatale, vu le pavé vous devriez presque demander une prime de Noël... lol

* n'en revient toujours pas de l'assiduité des nouveaux modos... *_* ça fait rêver et culpabiliser en même temps *
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 20:54

Pour moi c'est tout good, lire un bon pavé est toujours un plaisir ^^
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Kurkaru
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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitimeMer 22 Déc 2010 - 21:05

Argamane Delacroix ~ Crimson Welc210
Félicitations, nouvelle neutre delta, les portes de X-men rpg te sont enfin ouvertes!

Avant de commencer à jouer, n'oublie pas d'aller te recenser sur la liste des avatars , la liste des pseudos et la liste des pouvoirs.

S'il s'agit d'un double compte, pense aussi à poster sur la liste des multi comptes.

S'il s'agit d'un personnage marvel, n'oublie pas de te signaler sur cette liste.

Enfin, si tu veux qu'un joueur joue quelqu'un que tu as évoqué dans ta fiche, merci de remplir le formulaire que l'on trouve ici. N'oublie pas de mettre le lien vers la fiche de ton personnage dans ton profil, et si le cœur t'en dis, tu peux aller rédiger une fiche de relation ici.

D'avance merci et surtout, bon rp parmi nous!

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MessageSujet: Re: Argamane Delacroix ~ Crimson   Argamane Delacroix ~ Crimson Icon_minitime

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