Finale Furioso [Suite et Fin] [LIBRE A PRESENT]

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[[On va quand même finir la scène, non ?...Allez, ramènes-toi]]

Avant même que Roween eut ouvert la bouche, Lénore savait déjà dans quelle direction le discours de sa camarade allait aller. Elle avait tout fait pour faire comprendre à Roween qu’elle était désolée, qu’elle n’avait pas fait exprès et qu’elle regrettait sincèrement ce qui était arrivé, mais soit Roween ne pouvait, soit elle ne VOULAIT pas comprendre. C’était sans espoir et pourtant…plus Lénore se faisait jeter, plus elle voulait redoubler d’effort pour convaincre sa seule amie qu’elle regrettait et qu’elle voulait tout arranger.
Peine perdue. Roween l’envoya balader une fois de plus et, pour bien lui faire comprendre que la conservation était terminée, elle passa à côté de Lénore – lui envoyant un coup d’épaule au passage – et s’éloigna en direction des chambres.

Lénore resta sur place, luttant contre les larmes qui commençait à lui monter aux yeux. Elle avait encore tout faux…Roween ne croyait pas que tout ce qui c’était passé n’était qu’un accident regrettable, mais que Lénore avait vu ce qu’elle avait vu, et qu’elle voulait tout faire pour lui venir en aide et affronter ses démons. Les amis, c’était fait pour ça, non ?
…Si…, se dit Lénore en se mordant les lèvres. Elle ne serait pas une vraie amie si elle ne rattrapait pas immédiatement Roween afin de la confronter avec ses problèmes. Peut-être accepterait-elle enfin de se faire aider.

Sans réfléchir une seconde de plus, Lénore se mit à courir. En quelque pas, elle avait rattrapé sa camarade à la hauteur des escaliers et l’attrapa par le bras. Heureusement, cette fois, elle avait pensé à mettre ses gants.
« Attends, cette fois, je ne te laisserai pas partir ! Tu…tu ne comprends pas…tu as tué un humain ! Il faut en parler, il faut que tu ailles voir le professeur…s’il te plait, Roween, il pourra t’aider. »
Lénore savait que Roween n’aimerait pas entendre parler de ce que sa camarade avait vu dans ses souvenirs, mais Lénore ne pouvait pas faire autrement que d’en parler. Elle voulait sincèrement aider son amie, mais c’était également pour soulager sa propre conscience qu’il lui fallait en parler. Le fait d’avoir été parler à Xavier lui avait déjà permis de se débarrasser d’une bonne partie du poids qui la rendait malade, mais maintenant, c’était à Roween de faire le premier pas et d’assumer.

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Une bonne chose de faite. Maintenant, Roween avait faim, et elle comptait planter là la blondinette et aller se faire un bon petit dîner bien copieux, avant d’aller faire la fête à l’extérieur. Elle trouverait bien une nouvelle petite âme pour l’accompagner et vivre à sa manière. Vider le frigo de la cuisine, puis aller danser – un très bon début de soirée se profilait à l’horizon.
Pourtant, dans l’immédiat, quelque chose stoppa ses plans: quelque chose venait de la retenir par le bras. Se retournant d’un bloc, Roween constata avec surprise que c’était Lénore. Eh bien…la petite blonde avait finalement plus de caractère qu’elle ne l’aurait pensé. En d’autres circonstances, Roween s’en serait amusée, mais maintenant, cela avait le chic de la contrarier.

« Attends, cette fois, je ne te laisserai pas partir ! Tu…tu ne comprends pas…tu as tué un humain ! Il faut en parler, il faut que tu ailles voir le professeur…s’il te plait, Roween, il pourra t’aider. »

Roween leva un sourcil et s’arrêta à seulement quelques mètres des escaliers qui descendaient vers les salles communes et la cuisine. Elle regardait le visage décomposé, presque paniqué de sa camarade. Alors comme ça, la blondinette voulait l’aider ? Entre colère et amusement, Roween s’arrêta finalement à la seconde option et afficha son célèbre sourire carnassier et plein de dents.
„Non, c’est TOI qui ne comprend pas…“, murmura Roween en baissant d’un ton, „ça m’est égal. “

D’une secousse, Roween se libéra de l’étreinte de sa camarade et se dirigea droit vers l’escalier. Un peu plus, elle se serait mise à siffloter.

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Ca lui était égal…Lénore mit quelques seconds à comprendre le sens des mots que Roween venait de lui lancer à la figure. Ce n’était pas possible…cela ne pouvait pas lui être égal, pas après ce qu’elle avait subit et fait subir à d’autres personnes. Cette fille avait au mieux un tragique accident, au pire un meurtre sur la conscience, et cela ne pouvait pas lui passer dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard.
Et pourtant…Si Roween trichait, elle le faisait avec un talent si certain que Lénore sentait son sang se glacer. Etais-ce possible ? Pouvait-elle simplement ignorer les faits et faire comme si rien ne c’était passé ? Pour Lénore, une telle attitude était inconcevable, et pourtant…

Encore sous le choc, Lénore regarda celle qui avait presque été une amie s’éloigner d’elle. La jeune fille sentait que cela avait été sa dernière chance de s’accrocher à Roween et de lui faire changer d’avis. Elle avait échoué. Lénore en aurait pleuré mais, dans un premier temps, elle devait maintenant en tirer les conséquences nécessaires. Depuis qu’elle était ici, c’était bien la première fois que la jeune mutante prenait une initiative de la sorte, mais entre temps, elle s’en sentait capable. Il lui fallait aider cette fille, et cela même contre son gré. D’ailleurs, Lénore faisait également ce qui lui dictait sa conscience, car même si Roween semblait supporter avec facilité ce qu’elle avait fait, Lénore ne parvenait pas à en assumer l’écho avec sons, impressions et couleurs que son pouvoir lui avait imposé. Il fallait qu’elle se débarrasse de ces images et de la culpabilité qui en résultait, et il y avait qu’un seul chemin pour y arriver.

"Alors je sais ce que j’ai à faire. » Lénore avait pensé à haute voix, serra les points et se mis en marche, sans prendre le temps de trop y réfléchir, afin de ne pas revenir sur sa décision. Il fallait agir, et agir vite, et cela pour le bien de tous. D’un pas décidé qui n’était habituellement pas le sien, Lénore dépassa Roween et pris la direction du bureau du directeur.

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Pour Roween, le sujet était clos. Il lui en avait déjà couté suffisamment de devoir revivre tout ça sans devoir encore en parler. D’ailleurs, elle n’avait pas envie d’en parler avec qui que ce soit et oui, elle enmerdait tout ces biens pensants qui se prenaient pour Freud qui lui demandaient d’aller s’allonger sur un divan pour parler de ses problèmes. Actuellement, le plus gros problème de Roween était cette petite blonde qui la collait et qui semblait bien décidée à ne pas lâcher prise. Dans d’autres circonstances, Roween aurait pu se féliciter de l’influence qu’elle avait visiblement exercé sur Lénore qui, grâce à elle, avait appris à ouvrir la bouche de temps à autre et à communiquer avec le grand méchant monde extérieur, ainsi qu’avec ses représentants. Pourtant, pour l’instant, Roween aurait préféré que la blondinette la ferme et lui foute enfin la paix. Elle pensait d’ailleurs y être parvenue lorsqu’elle entendit des pas précipité derrière elle, ainsi que le léger murmure qu’était la voix de Lénore.
« Alors je sais ce que j’ai à faire. »
Lénore passa devant elle, plus vite que Roween l’avait imaginé, ce qui ne lui plaisait pas du tout. La blondasse avait quelque chose derrière la tête, et cela, Roween ne savait. Elle irait sans doute pleurnicher chez le directeur, et cela allait lui créer beaucoup, beaucoup de gros problèmes.
…Et justement, des problèmes, Roween n’en voulait pas. Soudain, Roween fut prise de panique. Il faisait absolument empêcher Lénore d’aller voir le vieux, coute que coute. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à courir, rattrapa Lénore en haut du grand escalier et l’attrapa par les épaules pour la retourner.
« Tu ne vas pas faire ça, il n’en est pas question ! Je t’interdis de détruire ce que j’ai ici, tu m’entends ? » Surprise par la véhémence avec laquelle elle venait de défendre sa nouvelle vie à l’institut (alors que, quelques mois avant, elle n’avait rien voulu savoir de cette grande baraque pourrie), Roween lâcha sa camarade. Avait-elle réussi à l’impressionner suffisamment pour la faire changer d’avis ?

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Lénore n’avait aucune idées des conséquences que tout cela allait entraîner, mais elle était persuadée d’avoir pris la bonne décision. Elle avait déjà parlé au professeur Xavier et elle avait rencontré un homme étonnamment calme et compréhensif. Il pourrait aider Roween, et cela même contre son gré. Le professeur Xavier était la dernière chance que Lénore voyait pour sauver sa camarade d’elle-même.

Des pas rapides raisonnèrent soudain derrière elle et, alors que Lénore était sur le point de descendre les escaliers, des mains se refermèrent autour de ses épaules comme un étau et la forcèrent à se retourner. Roween l’avait rejoint et, pour la première fois depuis sa vision, Lénore cru voir dans son regard de sa camarade un éclat de pure panique. « Tu ne vas pas faire ça, il n’en est pas question ! Je t’interdis de détruire ce que j’ai ici, tu m’entends ? »
Lénore ouvrit la bouche pour répondre, mais le ton de Roween lui avait soudainement glacé le sang. Cette fille lui faisait peur, très peur. Lénore sentait qu’il fallait mettre un maximum de distance entre elle-même et Roween, et cela tant que sa camarade ne serait pas calmée. Cherchant à ne pas céder à la panique, Lénore chercha à se libérer de l’étreinte de Roween, et fut surprise lorsque l’autre la lâcha si soudainement qu’elle en perdit l’équilibre. Entrainée par son élan, Lénore se sentit partir en arrière. Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. La jeune fille écarquilla les yeux lorsqu’elle réalisa qu’elle allait tomber. Elle supplia Roween du regard, elle qui se trouvait toujours juste en face et qui aurait pu lui venir en aide rien qu’en tendant le bras. Elle crut déceler dans le regard de la brunette un instant d’hésitation. Et pourtant, Roween ne bougea pas.

Soudain, le temps repris son cours. Lénore poussa un petit cri et tendit la main vers sa camarade, tentant de s’accrocher à elle. Ses doits se refermaient autour du collier de Roween, dont la chaine céda et resta dans la main de Lénore, qui partit en arrière. Le premier contact du corps de Lénore avec les marches se fit dans un bruit sec d’une branche que l’on casse. La jeune fille roula sur toute la longueur des marches, avait d’atterrir lourdement aux pieds des escaliers. Couchée sur le dos, sa jambe gauche formant un angle bizarre par rapport à son corps, Lénore était couchée dans un halo rouge autour de sa tête qui s’agrandissait à vue d’œil.

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Roween était parée à toute réponse de la part de cette détestable petite blondinette, et elle se savait toujours la plus forte. Pourtant, Lénore ne répondit rien et se contenta de la regarder d’un air étrange. Ce n’est qu’une seconde plus tard, lorsque Roween la vit chanceler, qu’elle comprit que la petite blonde était en train de perdre l’équilibre. Durant un instant, le temps s’était arrêté: les deux filles se regardaient en haut des marches, tendis qu’apparut sur le visage pâle de Lénore un air de surprise, puis un éclat de panique dans ses yeux lorsqu’elle réalisa qu’elle allait tomber. Son regard se fit suppliant, tandis que Roween ne bougea pas. Oh, elle avait bien songé à tendre le bras et attraper cette file par les épaules, l’empêchant de tomber, mais quelque chose l’empêchait de le faire.

Roween resta donc immobile une seconde de trop, le temps de voir la blondinette partir en arrière, heurter les marches avec un bruit sourd et dégringoler les escaliers. Roween sursauta lorsqu’elle entendit Lénore heurter le sol en dessous. Elle n’avait toujours pas bougé d’un pouce, tendis qu’un frisson glaçé lui parcouru l’échine.
Lentement, elle se remit à bouger, tandis qu’un bourdonnement sourd raisonnait dans ses oreilles. Roween descendit une marche, puis une autre, avant de pouvoir jeter un premier regard sur Lénore, étendue au pied des escaliers. Rowe remarqua immédiatement l’angle contrenature que formait la jambe gauche par rapport au reste du corps de Lénore, mais c’était surtout le sang qui commençait à colorer les cheveux blonds, presque blancs de la fille qui la fit trembler.

Terrifiée par ce qui venait de se passer, Roween se mit à dévaler les marches…et s’arrêta net seulement quelques marches avant d’atteindre Lénore.

Mais qu’est-ce que tu attends, va l’aider!, raisonna une voix dans sa tête qui lui rappelait celle de Lénore. Pourtant Roween ne bougea pas, car une seconde pensée, toujours sous forme de petite voix, venait de lui traverser l’esprit : Et après ? Qui croira à l’accident ? – Personne, personne ne va y croire!
Soudain, Roween en était persuadée: personne ne croirait à l’accident, surtout pas si les profs se décidaient à fouiner dans son passé et découvraient un premier cadavre dans son placard…au propre comme au figuré. Et après, qu’allaient-ils lui faire ? – Roween préférait ne pas rester là pour le savoir. D’une seconde à l’autre, la petite vie bien peinarde qu’elle s’était faite ici venait de basculer. Si Lénore vivait encore, elle la dénoncerait, et même si elle était morte, Roween se doutait que certains de ces maudits mutants possédaient les compétences nécessaires pour retrouver la responsable…

Lentement, sans tourner le dos à Lénore, qui semblait encore plus pâle au milieu d’une mare de sang grandissante, Roween remonta les marches, une à une, dans la crainte de revoir cette fille se relever, tel un esprit vengeur, et de pointer vers elle un doigt accusateur. Ce n’est qu’en haut des escaliers qu’elle se retourna et se mit à courir…

--> Dortoir des filles

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Avant même que Lénore ouvrit les yeux, elle sentait que quelque chose clochait. Alors qu’elle était encore entrain de se demander ce que cela pouvait être, une douleur aigüe lui traversa tout le corps, comme si des centaines de mains l’avait rouée de coups toutes en même temps. La jeune fille décida d’ouvrir prudemment les yeux et, au premier moment, la lumière lui fit mal. Ou était-elle et que faisait-elle là ? En clignant deux ou trois fois, elle espérait mettre plus de clarté dans sa vision comme dans on esprit, mais rien y fit. Bien que certaines ombres commençaient lentement à apparaître, sa tête était sur le point d’exploser. Que lui était-il arrivé ? – Lénore en n’avait aucune idée. Tout de qu’elle savait, c’est qu’elle avait mal et qu’elle était couchée sur une surface dure et froide. La jeune fille cligna des yeux une fois de plus et bougea prudemment la main droite, qui lui répondit par un nouvel éclat de douleur. Autour d’elle, il n’y avait aucun bruit. Elle semblait être seule. Lénore voulut appeler, mais tout ce qu’elle parvint à produire sur le moment était un murmure étouffé. Quelque chose n’allait pas, elle en était certaine…il lui fallait bouger, voir ce qui se passait et tenter de remédier à sa fâcheuse situation.
En serrant les dents, Lénore ramena à elle son bras droit, qui semblait vouloir se détacher de son corps tant qu’il lui faisait mal, puis fit de même pour le gauche. Rassemblant ce qui lui restait de forces, elle s’appuya sur ses mains pour soulever lentement le haut de son corps. Peut-être que les centenaires devaient ressentir ça lorsqu’ils bougeaient…des centenaires qui avaient passés sous une moissonneuse-batteuse avant de se relever, plutôt. Le monde, toujours étrangement flou autour d’elle, se mit à tanguer dangereusement, si bien que Lénore happait l’air à grande bouffées pour ne pas succomber à un haut-le-cœur. Lorsqu’elle baissa les yeux sur ses mains gantées, Lénore s’aperçut qu’elles étaient tâchées par un liquide poisseux, ainsi que ses vêtements. Oh non…voila qu’elle avait réussi à se salir…sa mère n’allait pas être contente du tout lorsqu’elle verrait ça. En tournant la tête, Lénore aperçu une rambarde à laquelle elle pouvait s’accrocher. Quitter ce sol froid était sa priorité. Elle referma donc sa main autour de la rambarde et chercha à se remettre debout. La première jambe suivit sans résistance, mais lorsque la seconde aurait du suivre, Lénore poussa un cri d’agonie : quelque chose n’allait pas, mais alors pas du tout avec sa jambe droite ! Elle ne parvenait pas à la bouger et, lorsqu’elle chercha à poser son pied, il lui semblait que quelque chose ne jouait pas au niveau de son genou…cet angle…n’était pas normal. Lénore s’accrocha à la rambarde à deux mains et chercha à rester debout, tout en regardant autour d’elle afin de trouver une quelconque explication à sa situation actuelle. Quelque chose de chaud et de poisseux lui parcourait le visage et, lorsque Lénore chercha à s’en débarrasser en y passant la main, elle se rendit compte qu’elle en avait partout et qu’une bonne partie de ses cheveux était collé à son crâne. Il y en avait beaucoup, même à ses pieds.
Le souffle court, Lénore cherchait du regard un endroit où aller et remarqua enfin que, loin, très loin, il semblait y avoir de la lumière. Peut-être qu’elle y trouverait enfin un endroit plus confortable et une explication à toutes les questions diffuses qu’elle se posait en ce moment. Bien qu’elle ne voulu pas lâcher la rambarde, si solide à ses yeux, Lénore savait qu’elle n’avait pas d’autre choix. Elle traina sa jambe valide en avant et fit une espèce de petit bon disgracieux qui failli lui faire perdre l’équilibre. Lorsque son autre pied toucha le sol, Lénore crut qu’elle allait vomir, tant ce simple mouvement lui faisait mal. Trois pas, juste trois pas la séparaient d’une grosse masse sombre qui devait être un mur. Lénore serra les dents et se traina jusqu’à l’atteindre. La lumière semblait reculer loin, très loin au bout d’un couloir sans fin. Lénore en aurait pleuré. Elle se retourna pour voir si, par hasard, il n’y aurait pas une autre alternative plus proche, mais ce qu’elle vit failli la faire courir malgré sa jambe douloureuse : loin d’elle mais pas trop, de l’autre côté de cette immense salle dont Lénore ne pouvait que deviner les extrémités, elle vit une créature lui faire face. Elle devait avoir environ sa taille et regardait par-dessus son épaule. La vision de Lénore était trop floue pour distinguer les traits d’un visage de cette apparition, aussi en conclut-elle que la créature n’en possédait pas. Lénore n’avait encore jamais vu un spectre, mais elle se douta immédiatement que cette chose en était un : la créature était blanche, habillée de vêtement dont on ne pouvait que deviner la couleur sous une masse de sang noirâtre. De cheveux sales qui étaient encore blonds par endroit tombaient de tout les cotés comme des barbelés et les mains de la créature n’étaient pas invisibles dans la pénombre. Au moment où Lénore bougea, la créature esquissa elle aussi un mouvement. La chose la suivait…elle était derrière elle, et elle la suivait. Morte de peur, Lénore décida de vendre chèrement sa peau. Peut-être allait-elle être sauvée si elle parvenait à atteindre la source de lumière suffisamment vite. Elle fit encore quelque pas, s’aidant un maximum du mur, et se retourna. La créature s’était également retournée et la regardait sans broncher. Lénore eut l’impression que la distance entre elle et l’autre avait augmenté, mais comment en être sûre ? Il fallait la semer, et il fallait faire vite. Les yeux à demi clos, Lénore avança et tendis une main suppliante vers la source de lumière au bout du couloir…

[HJ: j'ai trouvé l'arrivée de mon perso assez "drôle" vu le thème. En plus comme il est professeur... Si ça gêne je m'en vais ]

Warren marchait dans le couloir, rien d'exceptionnel me direz-vous... Tout le monde marche à un moment où à un autre dans sa vie: que ce soit sans but ou avec un objectif en tête, tout le monde passait dans un endroit, laissant parfois sa trace où se faisant rapidement oublier. Warren était l'un deux, discret, le pas souple plus personne ne s'étonnait de le voir déambuler ici, en ce qui concernait ceux qui le connaissaient toutefois, pour les autres son apparence angélique ne manquait jamais de surprendre. Profitant de rayons du soleil agréablement chauds il avait étendu ses ailes à la manière d'une créature étrangère à ce monde qui vient à peine d'atterrir, l'astre de lumière déposait sur ses plumes une source de chaleur tendre qui se laissait gentiment prendre au piège de son duvet et lui chauffait agréablement les ailes. Il était plutôt de bonne humeur, enfin dans l'ambiance de l'école avec un simple jean et un tee-shirt, le X-Men était ravi de quitter enfin le smoking, c'était classe certes mais pas très utile ici. Le jeune homme parcourut une série de couloirs, se perdant toujours un peu malgré de longues années passées ici, il trouvait que cet endroit ressemblait à une mini ville avec ses corridors pareils à des ruelles, et ses classes semblables à des bureaux, tout comme les dortoirs étaient d'agréables petites maisons modestes. L'Ange aimait cette idée de communauté en retrait quoiqu'ouverte aux autres quand même, c'était une petite vie tranquille où l'on pouvait espérer se voiler la face quelques temps et ne plus penser à la violence du dehors.

Malheureusement comme partout, l'institut renfermait aussi ses cicatrices et ses souffrances, bien des larmes avaient coulés sur les sols des couloirs, les siennes pour commencer, celles de camarades, de collègues puis d'élèves. Il avait grandi, cessant de vieillir à 25 ans mais l'école elle, évoluait! A un endroit le jeune homme remarqua une petite fissure qui n'existait pas à son époque où tout était encore flambant neuf. Quant aux gens qu'abritait cet endroit, Warren savait que beaucoup trainaient une bien triste histoire, souvent une cassure brisait leur âme... Le rejet de leurs proches, des difficultés à s'intégrer ou bien d'autres contes vrais de chiots égarés également, il songeait à tout cela, perdant un peu de sa joie lorsqu'il vit la silhouette vaciller. La lumière particulièrement présente dans ce couloir illuminait la jeune fille qui tombait, tendant un bras vers l'invisible. C'était étrange mais pourquoi se poser des questions? Ici rien ne surprenait le jeune professeur qui ne pensait qu'à l'aider de toutes manières. S'approchant de l'inconnue, Warren la rattrapa, se laissant glisser au sol avec elle pour ne pas lui faire de mal en lui imposant de rester debout. N'ayant pas le choix, le jeune homme attrapa une boucle de sa propre ceinture et se l'enfonça dans le poignet, laissant ainsi s'écouler un peu de sang qui se mêla à celui de l'inconnue... Il ne connaissait pas l'étendue de ses blessures mais une jambe paraissait en sale état, quant au mental n'en parlons même pas. Lorsque les deux sources rouges se mêlèrent, l'ange espéra que son sang guérirait l'inconnue ou résorberait au moins ses blessures [HJ: pour ne pas te jouer et te laisser décider]. Son sang curatif aussi bien pour lui que pour les autres ne lui avait jusque là jamais fait défaut mais sait-on jamais.

-ça va aller

Murmura-t-il d'une voix rassurante, car le tout était d'abord de former un cocon protecteur autour de la victime. L'une de ses ailes retomba comme un manteau, encore tiédit par les rayons du soleil sur la jeune femme, essayant aussi bien de protéger son corps du froid éventuel que de lui faire ressentir que quelqu'un était là pour la soutenir. Quant à savoir ce qui se passait, soit elle le lui dirait d'elle-même, soit il attendrait qu'elle aille un peu mieux pour s'en enquérir.

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[[Non, non, pas de soucis, c'est volontiers - *Fais de la place* - voila What a Face

]]

Lénore espérait encore qu’elle allait se réveiller et que tout cela n’était qu’un très, très mauvais rêve…ou, à la rigueur, qu’elle se trouvait dans les souvenirs d’une personne qui avait connu une très, mais alors très mauvaise période dans sa vie. Dans un cas comme un autre, elle allait finir pas émerger. Pourtant, malgré toutes ses tentatives pour se réveiller ou, à la rigueur, de rompre le contact avec celui ou celle qui l’emprisonnait dans ce mauvais souvenir, rien y fit. Lénore était toujours là, dans le noir, ne sachant toujours pas comment elle y était arrivée. En ce moment, tout ce résumait à la douleur qui lui lacérait le corps et cette chose qui la guettait depuis l’autre bout de la salle. Elle devait arriver près de cette source de lumière avant de se faire happer, coute que coute, car rien que la pensée de devoir rester ici une minute de plus lui faisait peur.

Le monde autour d’elle tanguait toujours dangereusement, tandis que la matière poisseuse qui ressemblait furieusement à du sang menaçait encore d’obstruer sa vision. Puis quelque chose la bloqua. Un tapis replié, un objet laissé négligemment par terre, peu importe…toujours est-il que Lénore, portée par sa seule jambe valide, perdit l’équilibre et tomba en avant, les mains tendu vers quelque chose à quoi elle aurait pu s’accrocher…mais qui n’y était pas.

C’est seulement au moment que Lénore aurait logiquement du toucher terre qu’elle se rendit compte que sa chute avait été freinée et que son poids ne pesait plus sur ses jambes douloureuses. Quelqu’un – ou quelque chose – l’avait retenue. Le sol s’approcha beaucoup plus doucement, alors que Lénore sentant toujours que quelqu’un la tenait. Etais-ce l’horrible créature qu’elle avait cru voir de l’autre côté de la pièce ? Du coin de l’œil, la jeune fille aperçue quelque chose qui la faisait penser à des plumes…des plumes blanches, comme celles d’un cygne…un cygne dont les mains puissantes avait retenu sa chute. Or, quelque chose clochait, car, aux dernières nouvelles, les cygnes n’avaient pas de mains…
Lénore tenta de tourner la tête. Sa vision était toujours un peu floue, mais la pâle lumière lui suffisait pour distinguer une silhouette humaine…avec de grandes ailes blanches dans le dos. Au premier moment, Lénore eut peur, mais une seconde seulement. Le fanatisme religieux de sa mère avait au moins une conséquence positive : Lénore savait reconnaître un ange quand elle en voyait un, et elle n’avait donc plus aucune raison d’avoir peur. Si cet ange était là, c’est qu’elle allait sans doute mourir. A sa grande surprise, la jeune fille prit la nouvelle plutôt sereinement. Au moins, cette douleur allait cesser une fois pour toutes.

Une des mains la lâcha et sortit du champ de vision de la jeune fille, tandis qu’une voix rassurante lui murmurait que ça allait aller. Lénore y croyait, mais elle se demandait combien de temps cela allait encore prendre. Quelque chose de chaud toucha soudainement son bras. La jeune fille eut l’impression que cette chaleur s’infiltra dans son corps et parcouru ses veines de la tête aux pieds. Les zones les plus douloureuses se mirent à piquer, comme si on y avait versé de l’alcool. Quelque chose se passait également dans sa jambe et, avec un soudain bruit de branche cassée, l’angle anormal de sa jambe droite disparu. La douleur explosa une nouvelle fois tandis qu’une force inconnue avait forcé les os de sa jambe de revenir en place et de se recoller, si bien que Lénore poussa un cri et s’accrocha de toutes ses forces à ce qu’elle avait sous les mains, soit l’avant-bras de l’ange.

Quelque chose de blanc et de duveteux se posa tout autour d’elle. Des ailes…non, elle n’avait pas rêvé. C’était bel et bien un ange descendu du ciel. Par contre, Lénore n’avait jamais imaginé à qu’elle point cela ferait mal. La jeune fille baissa les yeux sur sa jambe : l’angle étrange avait disparu et le sang avait cessé de couler le long de son visage. Un picotement étrange parcourait encore certaines parties douloureuses de son corps, mais la douleur était maintenant sourde, comme après un solide coup qui annonçait un bleu. Sa tête lui tournait toujours, mais lentement, les idées de Lénore devenaient un peu plus claires. En levant lentement la tête, elle reconnu enfin l’endroit où elle se trouvait : l’Institut…près du hall…pas loin du grand escalier. Comment était-elle arrivée là ? Lénore cherchait dans ses souvenirs diffus : elle était montée…et elle avait croisé quelqu’un…oui et…Roween…

Lénore regarda l’ange qui la tenait toujours, sans pouvoir vraiment croire à ce qu’elle venait de se rappeler :
« Elle m’a poussée » , murmura-t-elle avant retomber inerte dans les bras de celui qu'elle prenait toujours pour un messager du Paradis.

Warren la laissa s'accrocher à son avant bras, il se doutait vu l'angle bizarre de la jambe que la remise en place ne se ferait pas sans douleur. Les doigts de la jeune fille laissèrent des marques rouges sur la peau d'Angel qui en grimaça de douleur en sentant les ongles s'enfoncer dans sa chair, mais tout ceci disparut très vite, alors que les plaies de l'élève se refermaient. Avec un frisson le jeune homme ne put s'empêcher de penser que c'était une chance que ce soit lui qui ait été présent; son don de guérison avait probablement sauvé la pauvrette... Vu le halo de sang qui s'étendait autour d'elle, pas besoin d'être devin pour comprendre avec du recul que ses blessures étaient plutôt graves. Alors qu'il l'ait sauvé au final, rien n'était moins sûr mais la définition en était certainement proche. Les yeux bleus de l'ange se posèrent dans ceux de sa "patiente", il essayait de la rassurer en la laissant s'habituer petit à petit à la vision qu'il offrait. Dans un premier temps, nombre de victimes le prenaient pour un être divin et cela n'avait rien d'étonnant vu son apparence. Pour le moment, inutile de la contrarier ou de la contredire si c'était le cas pour la gamine, ça la rassurerait probablement. Le temps s'écoula sans que Warren n'en eut réellement conscience. Inquiet il prit le pouls de la jeune fille et commença à se relever pour l'emmener à l'infirmerie mais alors qu'il exerçait la pression nécessaire dans ses jambes pour se soulever, lui et la victime, cette dernière parla...

La communication ne s'établissait pas toujours de prime abord, même si le temps avait parut long à Warren, il arrivait que ce soit bien pire avant que la victime ne cherche à s'exprimer. Au vu de ses dires, il commença à comprendre que ce n'était peut-être pas un accident... Où alors un accident dû à une dispute et jonché de culpabilité, aussi bien pour celui qui s'était enfui que pour celle allongée à terre. L'ange ne connaissait pas la situation mais que ce soit une bagarre où une simple chute, ils étaient deux dans cette histoire et l'un des protagonistes manquait. Soit c'était la peur qui l'avait fait fuir, soit la colère encore présente, peut-être désormais que la personne pleurait, rongée par l'amertume et le regret dans sa chambre, sans doute aussi que la jeune fille dans ses bras s'en voulait... Comment savoir? Angel le présumait à cause de toutes ses expériences vécues mais il ne pouvait en jurer, ce dont il était sûr en revanche c'était que l'élève essayait de communiquer et que cela pouvait grandement lui faciliter la tâche. Toutefois il s'agissait d'y aller en douceur et de ne point la forcer, peut-être même de la freiner un peu.

-Ne parle pas trop, tes plaies sont guéries mais tu es encore en état de choc.

Il s'aperçut cependant qu'elle était tombée inerte! Warren rouvrit sa plaie et versa encore deux gouttes de sang sur la peau de la jeune fille, espérant la ranimer. [HJ: je considère qu'il suppose y parvenir... Pour faire une suite, donc comme tu veux, soit elle l'entend, soit elle reste évanouie Si il y a un problème dit-le moi et je change.] Attendant un certain temps, le jeune homme espérant qu'elle se soit réveillée ou tout du moins puisse l'entendre... Il pensa au moment où il fallait la faire redescendre à terre était délicat à choisir, mais Warren ne pouvait pas éternellement jouer le rôle de l'ange qu'il n'était pas. S'assurant que Lénore était plus ou moins calme, le X-Men reprit la parole avec douceur pour ne pas la choquer ou l'effrayer, il s'agissait de jouer son véritable rôle: celui du professeur rassurant, de l'adulte responsable.

-Je suis Warren-Il avait donné son prénom pour que la victime se sente soutenue par quelqu'un de proche, de plus le "monsieur" était d'une futilité absolue. Autant aller au plus simple- professeur ici, tu peux le raconter ce qui s'est passé si tu le souhaites, si tu t'en sens la force, je t'écoute... Ou sinon je peux t'emmener à l'infirmerie pour que tu te reposes... C'est à toi de décider.

La seule phrase de l'inconnue semblait la désigner comme quelqu'un de volontaire au caractère fort, autant lui lâcher la bride et la laisser décider. Se redressant en faisant bien attention de ne pas trop la bouger, le jeune homme reprit une dernière fois la parole de sa voix rassurante et profonde

-Comment t'appelles-tu?

Le B.A.B.A pour avoir au moins un commencement... Pour la suite, mieux valait attendre de voir si la jeune fille allait parler ou tenter de se remettre debout voir essayer d'autres alternatives.

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