Finale Furioso [PV Roween]

PP: Pour une seule parole de vous


Suite à son passage dans le bureau du Professeur Xavier, Lénore allait mieux. Elle avait recommencé à dormir la nuit, sans se retourner encore et encore dans son lit et sans passer les dernières heures avant l’aube à la salle de bain, les yeux dans ceux de son reflet, se demandant si son secret commençait déjà à se voir sur son visage. En sortant du bureau de Professeur, elle avait pleuré, tout comme une bonne partie de la soirée qui avait suivi. Dès ce moment, les choses avaient été beaucoup plus simples et sa vie ne tournait plus exclusivement autour du secret qu’elle gardait.
Bref, Lénore était soulagée…

Elle n’avait pas revu Roween depuis presque une semaine et, d’ailleurs, Lénore faisait tout pour l’éviter. Connaissant suffisamment bien sa camarade, elle allait prendre son petit-déjeuner très tôt, évitant ainsi de croiser le regard de la lève-tard Roween. En soirée, Lénore se calfeutrait dans la bibliothèque ou dans son dortoir, afin d’éviter de se casser le nez sur Roween dans les couloirs.

Jusqu’à présent, la tactique de Lénore avait eu du succès, et l’institut était suffisamment grand pour éviter une personne que l’on ne désirait pas voir. Pourtant, Lénore gardait les yeux ouvert, lisait les annonces sur le tableau et écoutait les discussions des autres élèves, afin de savoir si Roween avait été convoquée. Les premiers jours, Lénore avait été sans cesse sous tension, persuadée de voir débarquer une Roween furieuse qui allait lui demander des comptes. Puis, au fil des jours, elle s’était calmée.
Le professeur avait tenu parole…

Venant de: salle de détente


L’ennui avec les techniques soi-disant infaillibles, c’est que, justement, il y au toujours une faille à laquelle on ne pensait pas. Après tout, un gros glaçon avait suffi à couler le Titanic et un simple couloir pouvait être le théâtre d’une rencontre que l’on aurait aimé éviter.

Roween sortait de la salle de détente, toujours impressionnée par les dimensions que pouvait prendre la connerie humaine – ou mutante, c’était selon – et était bien décidée à oublier tout cela en allant vider le frigo en cuisine qu’elle parcouru le rez-de-chaussée.

Roween marchait vite, bien décidée à s’épargner les mauvaises rencontres sur le chemin et en réduisant le plus rapidement possible la distance entre elle et la bouffe. Une fois qu’elle se serait régalée, Roween songeait à réintégrer sa penderie, qui était devenu sa cachette préférée, puis d’envoyer son spectre faire quelques folies à l’extérieur. Pourtant, maintenant que Lénore n’était plus là et que Tarzan c’était montré trop couard pour suivre, ce n’était plus aussi drôle. Sans le naïf de service, les sorties perdaient sensiblement de leur piment. Tant pis. Que Lénore aille jouer à la poupée et que Tarzan face compter ses muscles par le dénommé Nicolas, puisqu’ils avaient l’air de si bien s’entendre !

Prenant trois marches à la fois, Roween monta le large escalier qui la menait au premier étage et dans les chambres des élèves. Elle allait s’engager dans le couloir lorsqu’elle buta contre une autre élève. Roween grogna et était sur le point d’envoyer une vanne bien sentie à cet enmerdeur, lorsqu’elle vit de qui il s’agissait: un teint pâle, presque translucide, de longs cheveux blonds, presque blancs, un faux air de luciole déchue.
"Tiens donc", minauda Roween en affichant un sourire carnassier, "mais c’est Lénore ! Alors, toujours entrain de raser les couloirs à la recherche de petits secrets ?"

Plus que quelques pas séparaient Lénore des premières chambres d’élèves. Plus qu’un virage, deux tableaux et la porte de la salle de bain à passer et elle aurait atteint sa chambre. A cette heure, elle serait surement seule, car ses camarades préféraient prendre du bon temps dans la salle de détente durant les heures de libre. Lénore savait donc qu’elle serait tranquille et, après qu’elle aurait fait les quelques devoirs qui lui restaient, elle pourrait aller se calfeutrer dans les sièges confortables de la bibliothèque. D’ailleurs, depuis qu’elle était arrivée à l’Institut, ses notes s’étaient sensiblement améliorées. Apprendre au milieu de ceux qui étaient ses semblables l’aidait énormément.

Passant l’angle du couloir, Lénore buta dans quelqu’un. Heureusement pour elle, ses gants évitèrent le contact direct, si bien que la jeune fille allait déjà s’excuser et poursuivre son chemin, lorsqu’elle reconnu Roween. Lénore resta tétanisée sur place alors qu’elle savait bien que, tôt ou tard, l’inévitable se produirait. Pourtant, elle aurait préféré plutôt tard que tôt.

"Tiens donc", dit Roween en affichant un sourire à faire geler un désert entier. "Mais c’est Lénore ! Alors, toujours entrain de raser les couloirs à la recherche de petits secrets ?"
Lénore serra ses livres de toutes ses forces. Elle ne s’était pas attenue à cela.
« N…non », articula-t-elle péniblement, sentant toute la difficulté qu’elle avait eu au début à s’exprimer devant Roween revenir d’un seul coup. « Arrêtes…tu sais bien que…que c’est faux. Que…que je ne cherche pas à faire ça… »

Maintenant, la voila qui se justifiait. Lénore aurait aimé partir en courant, en laissant Roween derrière elle, mais quelque chose l’en empêchait. Elle était effrayée, peut-être même tétanisée à l’idée de devoir faire face à Roween da manière si inattendue, mais il y avait autre chose. Pour la toute première fois, Lénore ressentit un sentiment qu’elle ne connaissait pas jusque là: elle se sentait piquée au vif par l’accusation de sa camarade, qui prétendait toujours et encore qu’elle, Lénore, faisait exprès de fouiner dans le passé des gens.
Peut-être que, après tout, l’Institut lui avait fait plus de bien qu’elle ne l’avait cru jusqu’à maintenant, car Lénore n’était, pour la première fois, pas prête à se laisser faire. Cette accusation était fausse, et, quoi qu’en dise Roween, en n’était pas prête en démordre afin d’avoir la paix.
« Je…je…je ne le contrôle pas, tu le sais…alors…alors arrêtes de dire ça. »

Plus Roween regardait la blondinette, plus celle-ci semblait rétrécir. Avec une autre personne, Roween aurait pu s’inquiéter des conséquences de ce qui c’était passé, mais pas avec la petite Lénore. Elle n’oserait jamais entreprendre quoi que ce soit contre elle, et cela, Roween le savait pertinemment. Elle allait poursuivre son chemin lorsque Lénore parvint enfin à répondre.
« N…non. Arrêtes…tu sais bien que…que c’est faux. Que…que je ne cherche pas à faire ça… Je…je…je ne le contrôle pas, tu le sais…alors…alors arrêtes de dire ça.»

„Ah, vraiment?“ Le ton de Roween aurait sans doute permis de casse de la glace. „Tu aurais du essayer un peu mieux que ça, alors“. Au fond, Roween se doutait bien que Lénore lui avait dit la vérité, car elle avait connu la blondinette effacée et hésitante, à la merci de son pouvoir. Tout cela, Roween le savait…mais elle s’en foutait éperdument.
„Maintenant, pousses-toi, je n’ai plus rien à te dire. “

Donnant à Lénore un coup d’épaule au passage, Roween passa à côté d’elle et continua à longer le couloir en direction des chambres. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec cette blondinette ridicule, dont le pouvoir ne lui obéissait pas et pourrissait la vie à tous les gens qu’elle rencontrait.