Homme sweet (and rich) homme [Pv M&Ms]

Sur le chemin jusqu’à la demeure de Matthew, Autumn n’avait pas beaucoup conversé avec son ancien garde du corps, se contentant de petites banalités sans importance. La pluie, le beau temps et les recettes de muffins…Rien de bien intéressant donc. Fallait dire aussi qu’une certaine gêne s’était installée, du moins du côté d’Autumn, laquelle avait l’impression que son compagnon pouvait lire à travers elle comme un livre ouvert. Elle ne savait pas très bien ce qu’elle laissait paraitre. D’habitude, elle parvenait parfaitement à jouer la comédie mais les circonstances étaient différentes et elle sentait qu’elle n’était plus vraiment maitresse de la situation. Et que forcément Matthew s’en rendait compte. Malheureusement, la réciproque n’était pas vraie, car comme à son habitude l'homme conservait son air flegmatique et mystérieux, et la jeune femme aurait payé cher pour pouvoir lire ses pensées à cet instant précis.

A priori, l’homme n’était pas totalement neutre. Il lui avait présenté des excuses pour son comportement déplacé, et il était passé du tout au rien. De l’avoir quasiment plantée et ignorée à soudain vouloir la conduire chez lui. Prise de court, Autumn n’avait pas vraiment eu la possibilité de protester ou de commenter quoi que ce soit et elle s’était contentée de suivre l’homme. Perdue la plupart du temps dans ses pensées à se demander ce qu’elle faisait là. Elle songeait à leur rencontre, à l'épisode désastreux de la carte bancaire auquel elle n'avait pas tout compris, et enfin à l’homme lui même et à…chez lui. Bon sang, il l’amenait chez lui…C’était peu dire. Et ça suffisait pour mettre Autumn dans tous ses états. Déjà, la perspective de considérer que M&Ms pouvait avoir un chez soi lui était totalement déplacée et incongrue. Pour le reste du monde, cela aurait été parfaitement normal bien sûr mais pour Ovide, qui ne l’avait connu que comme résident dans sa propre maison, elle arrivait mal à s’imaginer le mutant habitant quelque part d’une certaine façon.

Ce fut donc dans cet esprit de confusion totale qu'elle parvint jusqu'à chez lui, suivant Matthew qui la guidait calmement. L'aspect extérieur de l'immeuble semblait luxueux mais elle ne s'y arrêta pas outre mesure. S'il se payait des t-shirts hors de prix, ce n'était pas vraiment étrange qu'il vive dans un quartier de luxe...D'ailleurs ici, les loyers devaient atteindre des sommes faramineuses, souvent à la mesure de l'égo de leurs propriétaires. Restait à savoir si Matthew appartenait à cette caste. Quoique, elle n'espérait pas, elle aurait réellement été déçue d'une telle attitude et beaucoup de ses illusions se seraient brisées...Comme par exemple cette image de James Bond, droit, mystérieux et captivant qu'elle avait de lui...Elle espérait simplement qu'il ait une vie aisée mais qu'il soit resté simple. C'était peut-être beaucoup demandé mais on pouvait toujours rêver.

Dans l'ascenseur, qui semblait avoir la taille de sa chambre, elle se colla contre l'une des parois, de façon à être éloignée le plus possible de lui. Rien à faire, elle n'arrivait pas à échapper au malaise qui s'était emparée d'elle. L'homme lui avait toujours fait de l'effet, avec son sex-appeal à faire fondre un paquet de poissons surgelés…Bref, elle se sentait, petite, misérable et pourtant inexorablement attirée. Le cœur à cent à l’heure, à se demander ce qui allait se passer ensuite. Quand un homme vous invitait chez lui, que fallait-il en penser ? Vivait-il seul au moins? A cette pensée, elle sentait déjà le rouge lui monter au visage et effrayée à l'idée qu'il puisse s'en apercevoir, elle actionna aussitôt son pouvoir, rendant à ses joues et à ses pommettes leur couleur d'origine. Ni vu ni connu, cet aspect là de son don était parfois bien pratique. Une fois sûre de ne rien laisser paraitre mais toujours gênée, elle évita soigneusement son regard, laissant promener le sien le long des parois de l'ascenseur.

« Ah ouais, la tapisserie avec les motifs dorés, ça fait...heu...classe. »

Quelle phrase banale et parfaitement stupide pour meubler le silence. Autant lui parler du cours actuel de la bourse, ça aurait sans doute fait le même effet...Elle ne rajouta rien et décida de la boucler jusqu'à chez lui, pour éviter de ressortir de pareilles bourdes. Autant dire que le temps lui parut long avant qu'ils ne parviennent enfin à destination. Et elle se sentit soulagée lorsqu'enfin elle se retrouva devant la porte de sa demeure. Elle le laissa ouvrir puis franchit doucement le seuil lorsque galamment –ou par habitude, allez savoir- il l’invita à entrer la première.

« Merci. »

L’entrée était à l’image de l’ascenseur et de tout le reste, surdimensionné. En disposant correctement ses meubles, Autumn aurait même pu prétendre y vivre dedans et elle s’en serait bien contentée. Sans compter que la valeur du mobilier de cette seule pièce semblait être supérieure à celle de tous ses biens réunis. Mais ce déploiement de richesses ne fut rien à côté de ce qu’elle découvrit quand elle pénétra dans le salon. Allez savoir ce qui l’impressionna le plus, si la surface immense de la salle, si le luxe que transpirait chacun des meuble ou encore la baie vitrée avec la vue imprenable sur New York, mais elle s’immobilisa et l’espace de quelques instants, elle resta plantée comme une idiote. Bouche bée, les yeux se baladant de droite à gauche sans qu’elle puisse réellement les contrôler, elle regardait les moindres détails. L’ensemble était niquel, parfaitement rangé et propre…Tellement impersonnel. On aurait presque dit un appartement pilote, de ceux qui ne servaient qu’aux visites, nettoyé chaque jour jusqu’à le faire briller comme un sou neuf pour le faire miroiter aux yeux des acheteurs.

Et face à cela, la première pensée...stupide bien sûr, qui traversa l'esprit d'Autumn fut simplement:

« Euh…Faut que je me déchausse, c’est ça? »

Encouragée par les paroles de Matthew, Autumn revenait peu à peu sur terre. Sa phrase avait été vraiment stupide mais sur le moment, elle n’avait rien trouvé de mieux à dire…Se sentant stupide, elle eut un petit sourire d’excuse et décida finalement de garder ses chaussures, histoire de ne pas en rajouter une couche. Ce fut à cet instant que le chat choisit pour faire son apparition et en le voyant, Autumn leva un sourcil dubitatif. Alors, un appartement de luxe, un bon job visiblement, un chat et quoi d’autre ? Une femme au bridge et dans un gala de charité, et trois gosses en pension dans des lycées et collèges hors de prix ? En deux ans, il pouvait s'en passer des choses et apparemment Matthew semblait avoir réussi. Son instinct lui indiquait qu'il y avait de fortes chances que tout ceci ne soit pas très légal...Sans doute l'habitude avec les anciennes activités de son père qui l'empêchaient de penser autrement, et puis surtout le fait que son train de vie semblait exceptionnel, ce que n'importe quelle personne avisée aurait trouvé cela suspect. Quoique allez savoir, il avait peut-être eu un grand héritage qui était tombé d'un seul coup? Ou encore la loterie et une chance peu commune?

Bref, peu importait. Certes elle se posait des questions mais la chose la plus simple à faire, c'était peut-être tout simplement lui demander directement. Matthew ne lui facilitait pas les choses mais elle avait envie de connaitre le fin mot de l'histoire. En attendant...Faire comme chez elle ? C’était bien joli mais encore fallait-il qu’elle arrive à se sentir chez elle dans un tel endroit. Finalement, après avoir pesé le pour et le contre, elle décida de se poser sur le canapé. Le matou s’approcha d’elle pour découvrir qui était la nouvelle et elle tendit simplement la main pour le caresser. La bête peu farouche eut l’air d’apprécier et elle se mit à se frotter langoureusement contre sa jambe en ronronnant pour quémander plus de caresses.

Indifférent à tout ce spectacle, Matthew avait déjà relancé la conversation. Ce qu’elle avait fait pendant les deux dernières années…Heu, rien de spécial, par exemple ?

« Eh bien, je suis toujours à l’université. Mêmes études et ça marche plutôt bien. J’ai quitté la maison de mes parents pour me prendre un petit appart’ et j’ai trouvé grâce à un prof de ma fac un emploi dans le Metropolitan…Enfin, disons que ça reste dans le cadre de mes études mais je touche quand même un salaire. »

Ou comment résumer vingt-quatre mois de sa vie. Elle ne s'épancha pas sur ses sorties d'archéologie, ni le reste. Elle n'avait pas vraiment changé à vrai dire. Juste pris deux ans de plus et gagné une certaine maturité, voilà tout.

« Enfin, je suis encore un peu la fille bloquée derrière son ordi mais je me soigne. Et vous ? Vous avez l’air d’avoir bien réussi, c’est très joli chez vous et la vue est…magnifique»

Elle avait bien d’autres questions à poser mais Matthew lui paraissait distant. Une question lui brûlait les lèvres. Qu'en était-il de sa vie privée?

«Et vous êtes mar…Enfin je veux dire, vous vivez seul ?. »

« Bien.»

Youhou, quel enthousiasme déchainé et quel engouement débridé...Il fallait faire attention, une telle exubérance, ça vous prenait parfois par surprise. Ou pas. Comme à son habitude, Matthew avait l’air de se soucier de sa vie comme de sa première chemise, mais cette fois-ci, Autumn ne releva pas l’affront. Peu à peu, les bonnes vieilles habitudes lui revenaient, brisant en elle ce sentiment de confusion, d'orgueil blessé et d'abattement qui colorait ses joues en dépit de ses efforts pour ne rien laisser paraitre. La prétendue indifférence du mutant ne la choquait plus, elle avait à présent l’impression d'avoir fait un bond de deux ans en arrière. Revenant aux mois passés sous le même toit, où ils avaient dû apprendre à vivre ensemble. Et à communiquer, d'une certaine façon. Quand elle parlait, lui se contentait d’un vague "oui", "non"…Parfois même un simple "mmmh" prononcé avec un tel je m'en foutisme absolu, qu'on en avait parfois envie de se taper la tête contre les murs. Ou de le taper tout court. Néanmoins, la jeune femme avait appris à faire avec et un curieux jeu -ou du moins, ça pouvait y ressembler- s'était même installé entre les deux...Autumn n'était pas une habituée des grands discours ni des relations sociales mais en compagnie du grand blond, elle se découvrait pipelette finie, lui parlant de tout et de rien, de ses études, de ses stupides jeux d'ordinateur, de ses délires de jeune femme tout juste sortie de l'adolescence, de ses goûts... Lui répondait peu. Ou pas. Mais inexplicablement, cette discussion inégale avait tourné à une certaine complémentarité. Cela leur suffisait, ils se supportaient et un lien s'était, sans le vouloir, créé. Sans doute bien plus fort qu'aucun des deux ne pouvait s'imaginer...

Lorsque l'homme revint s'asseoir non loin d'elle, elle planta son regard dans le sien, s'y perdant quelques instants. Il n'avait pas vraiment changé, le même que dans ses souvenirs. L'image même de l'homme séduisant, celui qui habitait les fantasmes inavoués et les rêves d'une jeune fille. La mâchoire carrée, les yeux d'un bleu limpide, le genre inaccessible, le look d'une star hollywoodienne...Il n'en fallait pas beaucoup pour débrider l'imagination fertile d'une demoiselle pour qui le monde masculin restait encore bien en friche. Même très...A cette époque, entre son manque de sociabilité et la vie particulière que lui faisait mener son père, Autumn n'avait pas eu l'occasion de fréquenter qui que ce soit. Allez flirter avec un garçon quand un garde du corps d'un mètre 95, tout blond et tout en muscle vous suivait comme une ombre...Bref, ce n'était qu'après son indépendance qu'elle avait réussi à avoir un semblant de vie normale. Des hommes étaient enfin entrés dans sa vie, tous de brèves passades d'un soir ou de quelques jours...Mais elle était loin d'avoir rencontré le grand amour.

Matthew non plus apparemment, d'après ce qu'il en disait. Et quand il prononça les mots tant attendus, elle sentit malgré elle sa respiration reprendre un rythme normal. Il n'avait personne, il était toujours libre. Ça ne l'avançait pas plus que ça, ça ne le mettait pas à ses pieds, mais c'était déjà un début. Encore "bloquée" sur cette information de taille, elle se contenta de hausser les épaules lorsque le mutant voulut s'informer sur son père.

« Heu...Il va bien. Et oui, il s'est mis à la retraite, ce qui est pas plus mal. Maintenant, il s'est retiré dans un quartier tranquille avec ma mère. Il jardine, il bouquine...J'ai l'impression qu'il s'emmerde un peu des fois mais je suppose qu'on décroche pas comme ça, après avoir passé tant de temps dans ce monde...»

Son père...Quelle idée saugrenue, comme si c'était important! Inutile d'en rajouter plus d'ailleurs, pour elle, cela n'avait pas vraiment de vraiment très pertinent. Et elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas non plus ce qui intéressait tellement Matthew dans toute cette histoire.

« Et donc...»

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus. La sonnette d'entrée venait de retentir, coupant net la jeune mutante dans son élan. Elle haussa les sourcils et n'ajouta rien, laissant Matthew s'occuper de ce qui semblait être une visite inespérée...Ovide, elle n'était pas vraiment ravie de cette soudaine intrusion. Qui était l'abruti fini qui venait gâcher ses retrouvailles avec celui qui avait été le plus proche à un véritable amour platonique dans sa vie. Celui qu'elle retrouvait à présent qu'elle était devenue enfin une femme?

*****

Elle avait de longs cheveux roux qui tombaient en cascade sur ses épaules, une tignasse à jalouser atrocement. Elle avait un joli minois sous son chapeau et une silhouette menue à faire pâlir d'envie nombre de femmes. Elle, encore, avait une voix féminine, presque aguicheuse et parlait à Matthew comme si elle le connaissait bien. Elle s'invitait chez lui sans vergogne, passant allégrement le pas de la porte comme une habituée...Elle, enfin, minaudait comme une idiote, elle lui faisait ouvertement du charme, n'importe quelle femme s'en serait rendue compte...Autumn s'en rendait compte.

Il lui avait dit qu'il n'avait personne dans sa vie. C'était quoi ce bordel? Une...amie? Une quoi??

A l'arrivée de la femme, Autumn se leva comme une automate, l'air crispé. Un peu trop brusquement, ce qui fit fuir le chat qui était resté près d'elle...Elle n'y porta pas la moindre attention. Dans sa poitrine, son cœur venait de s'emballer aussi vite qu'une férue de shopping face à la nouvelle collection automne de Kiabi. Sa pression artérielle venait d'exploser à la manière d'un geyser...tout cela à cause de la rouquine...

Au prix d'un effort phénoménal, elle parvint pourtant à se détendre, grava une expression de neutralité sur son visage et y imprima un simple sourire exempt d'une quelconque amabilité pour la nouvelle venue. Un bref salut et un signe de tête, c'était amplement suffisant. Puis elle se tourna vers Matthew et prit une voix calme.

« Je ne savais pas que tu attendais de la visite...Je peux m'en aller si tu veux...»

Décidément, c'était VDM collectif aujourd'hui...

Le ton sec et sans appel de Matthew fut comme un coup de fouet pour Autumn qui resta paralysée sur place. Prends ça déjà dans la tronche Martine, tu bougeras quand je te dirai de bouger. Aucune doute, la relation entre Matthew et Autumn venait de prendre une tournure à laquelle la jeune femme ne s’était pas attendue et surtout à laquelle elle n’était pas habituée. Après tout, elle avait toujours été l’employeur et lui l’employé; et même s’il dépendait directement des ordres de son père, elle avait eu une certaine autorité sur le grand blond..Elle décidait de ce qu'ils faisaient, où ils allaient, et lui se contentait de la suivre, questionnant rarement ses choix sauf s'il jugeait qu'ils la mettaient dans un danger quelconque. A présent en revanche, elle était chez lui, en tant que simple invitée et face à sa présence et son attitude imposantes, elle ne pouvait rien faire d'autre que se taire et obéir. Un simple hochement de tête presque imperceptible et rien de plus...Elle resta là, plantée comme un meuble parmi d'autres, attendant la suite. Dans sa tête, de la confusion devant cette situation inattendue, mais aussi un certain soulagement. Une collègue de travail alors, pas une poulette avec qui passer un moment intime. Quoique, une collègue de travail qui passait chez vous, ça pouvait sembler plutôt bizarre mais soit. De toute façon, ignorant des activités de Matthew, elle était bien peine de porter le moindre jugement. Et elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce que son ancien garde du corps avait en commun avec cette fille qui, à part sa beauté, n'avait vraiment rien l'air d'avoir pour elle...

Quoi qu'il en soit, les deux femmes en avaient un de point commun. Et c'était le manque de délicatesse de Matt' à leur égard. Encore que, argument sans doute inutile, l'homme devait se comporter ainsi avec le reste de la planète. En tout cas, la sœur de Ron Weasley venait de se prendre un sacré vent...Bien fait pour sa tronche, pensait l'étudiante, qu'elle dégage ailleurs et qu'elle ne marche pas sur mes platebandes.

La demoiselle, quant à elle, n'avait pas non plus l'air d'apprécier de se faire traiter comme un vieux chiffon. De collègue de travail, elle venait de passer à simple messagère, chose qui ne semblait l'enchanter guère. Sa réaction ne fut que la confirmation de la colère qui se grava sur son visage. Une poignée de secondes avant qu'elle ne décide s'attaquer à la jeune archéologue. Mais...Une factrice qui la traitait de bonne, elle se foutait de la gueule de qui, celle là? Autumn était certes naïve mais elle ne l'était pas suffisamment pour permettre à qui que ce soit de lui marcher sur les pieds. Après tout, elle avait élevée dans un monde dur et sans pitié, et elle était la fille d'un chef haut placé...Et même si physiquement, elle ne payait pas de mine, elle avait tout de même son caractère. Personne ne s'était jamais risqué à l'attaquer ainsi et ce n'était pas la première rouquine bien roulée venue qui allait lui faire de l'ombre. Attention, ça sentait le crêpage de chignon en règle...Casse toi, conn****, c'est mon mec (platonique), j'l'ai vu la première!!!

Cependant, elle n'eut pas le temps de répliquer, la jeune femme tournait déjà les talons. Vexée.

"J'espère que vous n'êtes pas trop prude, les amis de Monsieur sont bruyant et assez peu vêtus..mais vous ne risquerez rien..ca c'est sur"

...

Il y eut un instant de flottement, un de ces silences lourd de conséquences, quelques secondes pendant lesquelles le cerveau d'Ovide enregistra à grand peine les informations qu'elle venait d'assimiler. Alors oui, elle avait bien compris l'allusion et le sens caché de tout cela...Mais...

Elle se tourna vers Matthew, le visage fermé, hésitant entre un air consterné et un grand éclat de rire.

« Pitié, dites moi que cette bonne femme est seulement vexée de se prendre un vent... »

Autumn avait raté un épisode, ou deux. La rouquine réagissait beaucoup trop mal pour une simple prise de tête entre deux collègues, Matthew avait l'air de bien la connaitre...Une relation qui allait au delà de ce qu'on aurait pu qualifier de simple relation professionnelle. Et dans l'esprit de la jeune femme, des soupçons se dessinaient, des hypothèses se formaient. Bien sûr, ce n'était que des suppositions mais elle se voyait mal demander à Matthew..."Et donc toi et cette...hum, charmante demoiselle, vous avez quel type de relation exactement?" Elle se contenta de se taire, laissant le silence se prolonger. Impossible de lire sur le visage de Matthew où les émotions semblaient ricocher comme une pierre plate lancée sur l'eau. L'homme était hermétique à montrer tout sentiment...A se demander s'il en avait réellement. Pourtant, avec le temps, Autumn avait finit par entrevoir une certaine humanité chez lui. Les moments avaient été rares et éphémères, parfois tellement subtils qu'elle en était arrivée à douter de ses réelles intentions, mais à force de le côtoyer, la jeune femme avait fini par s'en convaincre: Matthew Meyers était seulement une façade, l'homme dissimulé sous le masque était sans doute un autre.

Elle cherchait quelque chose à dire pour trancher le silence et rendre enfin rendre un semblant de civilité à la pièce. Enchainer après le départ précipité de la dénommé Caitlyn n'était pas chose aisée et Autumn dut se racler la gorge pour trouver de quoi combler la suite. Évidemment, elle n'avait pas cru que Matthew puisse être tel que la jeune femme l'avait décrit -quoique, à un moment donné, ça tombait presque sous le sens mais passons...- et avait préféré mettre ça sur le compte de la vengeance soudaine d'une femme délaissée. Le venin d'une demoiselle en colère, ça valait bien toutes les injures du monde et à ce petit jeu, Caitlyn avait prouvé un certain entrainement...

« Eh bien, vous avez des collègues très sympathiques...Vous en avez encore d'autres, des comme ça? »

Son ton claqua dans l'air un peu trop brusquement, le commentaire trop vif, plus qu'elle ne l"aurait voulu. La jeune femme aurait voulu ne pas aborder le sujet mais elle était vexée également. Sans doute moins que la rousse qui venait de prendre un sacré vent, mais elle avait pris cher aussi. Caitlyn ne l'avait pas loupée, Matthew l'avait défendue certes, mais à sa manière...C'était plus que suffisant pour réveiller en elle un certain agacement.

« Et sinon, vous travaillez dans quoi au juste? »

Des employeurs qui payaient cash leurs salariés, c'était quand même suspect. A vrai dire, Autumn n'imaginait pas un travail courant de ce genre...Pas de bulletin de salaire, un paquet de fric dans une grande enveloppe, une collègue toute émoustillée confondant messagerie et galipettes dans le lit, ça tenait plus du roman policier que de la réalité de tous les jours. Et là dessus, à propos d'argent suspect, de pots de vins et d'autres, la demoiselle en connaissait un rayon...Alors quoi, Matt' continuait lui aussi dde tremper dans les affaires louches? Cela ne l'étonnait pas, il avait déjà travaillé pour son père, il aurait été étonnant qu'il se sorte de ce monde...

Elle le scrutait du regard, refusant de baisser les yeux devant lui. Dans ses yeux, pourtant, aucun sentence, aucun reproche. Elle ne le jugeait pas, elle voulait seulement savoir...

Mais elle avait sans doute trop espérer de l'homme. Son visage se ferma encore plus.

« Autumn, je crois qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi maintenant. »

Hein? Alors il l'amenait chez elle et maintenant il lui demandait de repartir. Elle ne comprenait plus rien et elle tenta de protester mais rien ne semblait ébranler la forteresse Meyers. Finalement, ayant compris qu'elle ne tirerait rien plus rien de lui, elle se décida à lui obéir et partir. Peut-être avait-elle trop espéré de leurs retrouvailles? Peut-elle s'était-elle trompée sur l'homme?

« Je peux te raccompagner si tu veux. »
« Non merci, je vais rentrer à pied, j'ai l'habitude.

Les minutes suivantes furent silencieuses, teintées d'une certaine gène. Matthew semblait complétement inaccessible, Autumn légèrement déboussolée, incapable de comprendre ce qui avait pu se passer. Ça avait très certainement un rapport à la rousse mais elle n'arrivait pas à cerner le pourquoi du comment. Il la raccompagna à la porte et alors qu'elle prenait enfin congé, elle marqua une pause et se tourna vers l'homme.

« Eh, M&Ms !

Elle attendit qu’il se retourne et quand elle croisa son regard, elle eut un petit sourire.

« Ça m’a fait plaisir de vous revoir.

La réciproque n'était pas certaine mais elle s'en fichait. Puis tranquillement, elle tourna les talons et s'éloigna.

Certaine qu'elle ne risquait pas de le revoir de sitôt...

T.H.E E.N.D