En bleu et contre tous (Kurt Wagner)

Ce matin, le docteur Kalarjan s'était levée tôt pour consulter les dossiers de ses patients. Elle aimait bien arriver à son cabinet avant l'arrivée des patients et même de sa secrétaire pour bien réfléchir sur ses traitements en cours. Dernièrement, un homme qu'elle avait traité pour timidité maladive venait de se lancer dans la politique, et il semblait même bien parti pour la course à la mairie. Elle était très forte dans l'hypnose, mais la répétitivité de ce qu'on lui demandait d'accomplir commençait à l'ennuyer. Tous ces gens, standards, ennuyeux, pur produits de la société actuelle, lui demandaient la même chose : les hypnotiser pour les rendre plus actifs, moins timides. Ils ne cherchaient même pas à affronter leurs problèmes et tenter de les résoudre vraiment, préférant la simplicité d'un lavage de cerveau qui ne durait qu'un temps et qu'ils s'empressaient de renouveler. Bien sûr, la plupart de ces clients (elle les appelait "clients" et non "patients", puisqu'ils ne venaient pas pour être guéris) étaient riches, et elle avait besoin de leur argent pour vivre et financer sa vie de luxe. Mais elle regrettait le temps où elle était simple psychiatre au Cedar Grove Sanitarium. Elle avait là-bas plus d'une centaine de malades plus ou moins gravement atteints par la démence. Elle s'était intéressée à eux, les avait traités avec amour, même les plus coriaces, ceux que les autres médecins se contentaient de droguer et d'isoler pour avoir la paix. Elle en avait guéris plusieurs, en avait aidé d'autres à se sentir mieux, d'autres avaient définitivement sombré dans la folie, mais ce n'était qu'une faible marge. Mais aujourd'hui le Cedar Grove était à l'abandon, et elle était la coqueluche des psychologues.

-Docteur, votre premier rendez-vous est arrivé. nasilla le voix de Camille dans l'interphone.

Hannelore regarda sa montre, il était neuf heures et demie. Son premier rendez-vous, c'était un certain monsieur Wagner. C'était la première fois qu'elle le rencontrait. Elle espérait juste qu'il ne venait pas pour une simple séance de lobotomie.

-Faites-le entrer.

Camille était une excellente employée. Elle était particulièrement douée pour passer des coups de téléphone un peu partout et obtenir ce qu'elle cherchait. En plus de cela, elle était jeune et jolie comme un cœur, ça plaisait beaucoup aux clients. Hannelore c'était occupée d'elle quand, deux ans plus tôt, seulement âgée de 18 ans, elle avait tenté de se suicider. Depuis, elle travaillait au cabinet et suivait en parallèle des études de médecine. Hannelore s'était déjà exercée à l'hypnose sur elle, et elle était d'une loyauté inébranlable envers le docteur.
Enfin la porte s'ouvrit. Hannelore se leva.

-Bonjour, monsieur Wagner. Je vous laisse vous installer à votre aise. Vous pouvez aller sur le divan si vous voulez, à moins que vous ne préfériez faire cette séance en tête à tête devant le bureau.

En psychanalyse, la position du médecin et du patient était très importante. La plupart du temps, on se sentait plus à l'aise quand on était allongé et qu'on n'avait pas à regarder le psychanalyste dans les yeux. mais certains préféraient être assis en face, comme pour un entretien d'embauche.

Cela faisait maintenant à peine plus d'un mois que Kurt avait fait son retour à l'institut. Il n'avait décidé son retour qu'une fois qu'il s'était sentit près à affronter de nouveau la vie de x-man. Mais de toute évidence l'elfe s'était trompé, car jamais encore il ne s'était sentit aussi peu à sa place à l'institut. Le but de ses dernières vacances, qu'il n'avait cessé de prolonger, était justement d'éviter cet état de dépression dans lequel il se sentait sombrer, mais face à l'échec de sa démarche, il s'était enfin décidé à aller voir un psychologue. Ne voulant pas que ses amis et ses élèves soient au courant de son problème, il avait cherché son médecin loin de l'univers mutant, dans lequel il était connu et aurait été bien vite l'objet des rumeurs et des ragots. Kurt avait donc essayé cinq psychanalystes et chacun d'eux avait refusé de l'accueillir au moment où ils l'avaient vu passer la porte de leurs cabinet.

Ce jour là, Diablo essayait le sixième, un certain docteur Kalarjan. C'était là son dernier recours, car si elle le refusait, il renoncerait pour un temps à se faire aider. Il avait entendu parler d'elle dans un article de journal. C'était, d'après l'article, le psychologue en vogue à New-York, spécialisée dans l'hypnose, ce n'était pas ce qui intéressait Wagner, et, suite à quelques recherches, il s'était avéré qu'elle était une ancienne psychiatre réputée. Il ne restait plus qu'a espérer qu'elle accepte de traiter avec un mutant à l'apparence aussi singulière que celle de notre héros.

C'est par la façade que Kurt arriva à l'étage du cabinet du docteur, grimpant le long du mur tel une araignée, suivant les ombres pour n'être vu de personne, avant de se téléporter dans le couloir qui menait à l'appartement où il avait rendez-vous. Ce n'était pas par honte qu'il se cachait, mais par précaution. Il ne craignait pas d'être jugé par ses amis, il redoutait leur trop grande compassion, qu'il savait trop lourde à porter dans son état actuel. Une fois devant la porte, il sonna et entre comme l'indiquait l'inscription sous la sonnette. Chaleureusement accueillit par la secrétaire, qui était des plus jolie, mais un peu jeune au gout du mutant, ce dernier nota un léger trouble chez la jeune femme lorsqu'elle leva les yeux vers lui. Chose naturelle après tout, elle venait devoir entré le diable dans son lieu de travail, vêtu d'un jean et d'un chandail blanc.

-Bonjour mademoiselle, Mr Wagner, j'ai rendez-vous avec le docteur Kalarjan.

La secrétaire bafouilla quelque peu avant de sourire à Kurt, puis de l'annoncer par l'interphone. La voix qui répondit dégageait, malgré l'altération produite par la machine, une certaine force, de l'assurance, ce qui était pour rassurer le mutant.

-Passez une excellente journée fraulein.

Adressant un sourire à la jeune femme, il entra donc dans le cabinet à proprement parler. Ce fut sans un regard pour lui qui le docteur s'adressa à lui, lui offrant de s'installer là où il serait le plus à l'aise. ce fut donc vers le divan qu'il se dirigea, s'asseyant sur le côté, face au fauteuil qui accueillerait la psychologue.

-Bonjour docteur. Marquant une petite pause, il adressa un sourire à la femme, le temps de se mettre un peu plus à son aise. Je.. Il s'agit là de ma première fois, je ne sais pas trop comment ce passe ces choses là. Doit-on échanger ou m'écouterez vous parler pendant toute l'heure que dure la séance ?

A sa façon de se replacer constamment, il n'était pas difficile de deviner que Kurt était des plus mal à l'aise. Il s'apprêtait, après tout, à se livrer à une totale inconnue sur des sujets qui lui étaient intimes, et sur d'autre dont il n'était même pas sur d'avoir le droit de parler.

Hannelore ne sembla pas surprise le moins du monde en voyant l'apparence de son patient. Il faut dire qu'elle avait déjà traité plusieurs mutants dont certains n'avaient pas une tête moins étrange. Elle alluma le magnétophone, prit son calepin et alla s'asseoir derrière le divan. Apparemment, c'était la première fois qu'il suivait une thérapie, n'en avait-il jamais eu besoin ou bien la lui avait-on refusée ?

-Et bien, la plupart du temps j'essaie d'adapter ma thérapie au patient, mais comme je ne vous connais pas encore, nous allons commencer par le commencement. Parlez, essayez de me décrire ce qui vous tourmente et ce qui vous a amené ici. Ensuite je pourrais vous poser certaines questions et selon vos réponses je serais plus à même de vous aider. Alors si vous n'avez plus aucune question, vous pouvez commencer. Cette pièce est insonorisée, tout ce qui sera dit ici restera entre vous et moi. Pour ce qui est du magnétophone, ne vous inquiétez pas. Je fais cela pour mes archives personnelles, mais si ça vous dérange je peux éteindre.

Ainsi donc c'était à lui de commencer à raconter les raisons de sa venue. Et bien il ne fallait jamais décevoir une dame à ce qu'on disait. Kurt prit donc une profonde inspiration, fermant ses yeux d'un jaune unit pour prendre le temps de réfléchir. Il savait qu'il ne se sentait pas bien, ça c'était sûr, mais pour ce qui était de déterminer le pourquoi, ou encore la raison qui l'avait décidé à consulter, c'était une toute autre affaire. Il souffla donc tout l'air qu'il avait dans les poumons, et pris sa décision. Il parlerait et verrait bien où celà le mène.

-Puisqu'il faut y aller... Ces derniers temps je me sent inutile, un peu perdu. Comme si je n'avais plus ma place là où je suis. Comme vous l'avez sûrement remarqué, je suis un mutant. Pour être plus précis je suis un x-man, et ce depuis mon adolescence. Avant cette vie me plaisait, nous sauvions le monde régulièrement, on luttait pour nos idéaux, ça avait du sens. Mais il y a quelques mois j'ai appris des choses sur moi que j'ai encore parfois du mal à croire. Pour y faire face il a fallut que je m'éloigne de l'institut, des gens qui m'entouraient. Ça a pris du temps avant que je me sente capable d'affronter de nouveau ma vie, mais je pensais y être arrivé. Mais voilà, tout à changé, une nouvelle génération à pris le relai, les idées que je défendais de ma vie ont tellement évoluées que je m'y reconnais à peine. Je ne sers plus à rien si ce n'est enseigner le théâtre à de jeunes boutonneux, et croyez moi, l'acné chez les mutants ce n'est pas beau à voir.

Le mutant marqua une petite pause, soupirant en repensant à ce qu'il racontait. Il n'avait jamais été aussi confus qu'a ce moment précis, face à une inconnue, à devoir lui révéler les secrets de son âme, alors qu'il les cachaient à ses plus proches amis.

-Tout ça doit paraître un peu fou, et surtout flou. Si je devais simplifier, je dirais que je fais ma crise de la cinquantaine à trente ans. J'ai l'impression que le monde change trop vite autour de moi, et donc je reste à la traine, perdant mon utilité pour la cause en laquelle je crois. Voyez-vous, comme beaucoup de mutants de ma génération, j'ai commencé ma vie par l'incompréhension de ma propre nature. A l'époque personne ne savait ce qu'était un mutant, nous étions juste des monstres, pour ma part on me voyait comme l'incarnation d'un démon, si ce n'est du diable lui même. Puis est apparut le professeur Xavier, et il m'a expliqué ce que j'étais, puis m'a aider à trouver qui j'étais. Alors je sais que c'est une façon de vivre un peu tordue, risquer sa vie sans arrêt, porter le poids de toute une espèce sur ses épaules, s'habiller en costumes moulants et hideux. Mais il fallait que quelqu'un le fasse, alors on l'a fait. Mais maintenant il y a des dizaines de gens plus jeunes et plus puissants que moi qui sont prêt à lutter pour qu'un jour nous puissions vivre tous en paix, alors quelle est ma place dans tout ça ? Suis-je déjà le vieux mentor qui doit leur enseigner comment être un bon encapé, ou même moins que ça ? Et puis qui suis-je au fond pour leur donner des leçons alors que j'ai été assez dupe pour me faire manipuler un nombre incalculable de fois ?

Un nouveau soupir, encore une fois il était bien moins clair qu'il ne le voulait, mais il semblait qu'il ne puisse pas faire mieux que ça. Alors Kurt leva son regard vers le docteur Kalarjan, esquissant un faible sourire. Puis il ajouta, pour conclure avec une bribe d'humour.

-C'est pas tout les jours que vous devez traiter le complexe du super-héros je suppose.

Hannelore écouta attentivement. Il n'était pas trop farouche, ça allait faciliter les choses. Les mutants avaient toujours des problèmes d'intégration, surtout quand ils avaient une apparence aussi peu humaine.

-C'est pas tout les jours que vous devez traiter le complexe du super-héros je suppose.

Au moins n'était-il pas si déprimé s'il pouvait encore finir sur une note d'humour. Hannelore sourit.

-Le monde bouge à toute vitesse, et nous courrons tous pour le rattraper. Vous êtes loin d'être le seul à trouver que tout évolue trop vite. Parlez-moi un peu de votre vie avant l'institut, si vous voulez bien.

Il était déjà évident que cet homme n'avait pas eu une enfance ordinaire, ne serait-ce qu'à cause de son apparence.

Le sens de l'humour, ça avait toujours été la façon de Kurt de gérer les choses, son rempart à ses côtés les plus sombres. Pas étonnant donc qu'il s'en serve pour caché son trouble, raconter ses états d'âmes à une étrangère n'était pas dans ses habitudes. C'est aussi pourquoi il s'allongea dans le sofa, sur le dos, portant son regard au plafond pour ne pas la regarder comme il le faisait jusque là. Si dire qu'il ne se sentait plus à sa place lui avait été compliqué, raconter son enfance était une chose qu'il ne faisait jamais, et ce avec qui que ce soit. Mais il était décidé à faire quelque chose pour aller mieux, ainsi, il se lança.

-Mon enfance, hein ? Vaste sujet. Je suis un enfant abandonné. Je suis né comme ça vous savez. Beaucoup de mutants qui ont une apparence aussi particulière que la mienne étaient parfaitement normaux avant leur puberté, c'est seulement à l'adolescence qu'ils ont changés. Je ne sais jamais qui a eut le plus de chance à ce sujet, moi ou eux. Toujours est-il que ma mère m'a abandonné à ma naissance. J'ai été recueillit par une voyante dans un cirque. Au vu de mon physique, ça semble un peu cliché, mais c'est ainsi. Et j'ose dire que j'ai eut de la chance d'avoir été trouvé par cette famille. Ma mère adoptive s'appelait Margalie, et elle avait déjà deux enfants, Stefan et Jimaine, parfaitement humains, et magnifiques de surcroit. Pourtant, elle a pris soin de moi, elle m'a accordé autant d'amour qu'a ses propres enfants. J'ai vécu heureux au cirque, j'avais un foyer, et les gens ne faisait pas cas de mon corps. Je n'ai appris que très tard la violence de l'incompréhension. Je suis naturellement très agile, et ça m'a permis de devenir, alors que je n'étais encore qu'un enfant, le trapéziste vedette. Les gens me croyaient déguisé, je pensais qu'ils m'aimaient pour ce que j'étais. C'était une période heureuse, mais vous savez, les cirques en Allemagne, ça ne marchait plus tant que ça. Les gens préféraient aller au parc d'attraction, au cinéma, ou que sais-je encore. Alors le cirque a été racheté par un américain. Quant il a compris pour moi, il a voulut me ramener en Louisiane pour que j'intègre son spectacles de monstres. Alors ma famille a fuit le cirque pour montrer leur désaccord, et moi, lorsque j'ai compris que ce sale type voulait m'enfermer à vie dans une cage, j'ai fuit aussi. La suite est un peu plus..improbable...

Kurt marqua une pause, il en avait besoin, car ce qu'il allait ensuite révéler, lui faisait bien plus mal que toute autre chose dans sa vie. Si au sein des x-men, il avait vécu bien des épreuves, celle qu'il avait traversé avant de les rejoindre avait joué le plus grand rôle dans la construction de l'homme qu'il était devenu par la suite.

-Je n'ai pas réussit à rejoindre ma mère et ses enfants. Alors j'ai erré durant plusieurs mois dans la campagne Bavaroise, j'allais de village en village, je chassais ou volais ma nourriture. Les premiers temps, j'avais bien essayé de vivre normalement, mais j'ai vite dut faire face à la peur et la violence des gens. On m'appelait, pour la seconde fois déjà, monstre, ou démon. Alors je suis devenu une ombre, presque littéralement. J'ai ce don pour disparaitre dans le noir voyez-vous, alors plus personne ne m'a vu durant des mois. Jusqu'à ce que je retrouve mon frère adoptif, Stefan. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais il avait perdut la raison. Il s'était réfugié dans un village où j'étais resté au début de mon exil. Kurt marqua une petite pause, visiblement affecté par ce qu'il allait dire. Il tuait des enfants... Et j'ai..j'ai du l'arrêter. On s'est battu et...c'était un accident. Il est tombé... Quand les villageois nous ont trouvés ils ont immédiatement pensé que j'étais responsable de la mort de leurs enfants. Ils m'ont pourchassés et c'est a ce moment que Charles Xavier est apparut... il m'a sauvé, offert une maison et une nouvelle famille... Il m'a appris à ne pas haïr les gens juste parce qu'ils avaient peur de moi. Il m'a montré comment les aimer et voir en eux ce qu'il y avait de bon.

Voilà un passé bien sombre. Enfin, Hannelore préférait ça aux habituels "J'suis moche, je suis pauvre, j'arrive à rien au boulot, j'ai pas le moraaaaaaal !". Au moins, toutes ces péripéties n'avaient pas suffi à en faire un anti-humains, car nombre de mutants maltraités dès leur plus jeune âge se réfugiaient dans cette voie trop facile. Ce n'était pas la première fois qu'elle entendait parler du professeur Xavier, beaucoup le décrivaient comme un saint homme, certains autres comme un comploteur s'entourant d'une armée de monstres. Elle s'était un peu renseignée sur le bonhomme, et il n'était pas dénué d'intérêt.

-Je comprend à quel point il doit être pénible d'être considéré aussi mal par des gens qu'au final on cherche seulement à aider. Tiens, voilà que je fais des euphémismes...enfin bon. Pourriez-vous me parler un peu des évènements qui vous ont poussé à vous éloigner de l'institut et des gens qui là-bas étaient en quelque sorte...votre famille, si j'ai bien compris.

Et bien pour une première séance c'était costaud. Kurt venait déjà de raconter un des moments les plus difficiles de sa vie et il fallait qu'il enchaine déjà avec ses deux autres traumatismes majeurs qui, eux, n'étaient pas si anciens que ça. Mais comme il a déjà été dit, il était là pour aller mieux, et il était plus que motivé. Il se lança donc dans un nouveau récit. Mais cet fois-ci ça allait être un peu plus compliqué à rendre clair, et l'elfe espérait que la psy le croirait.

-Ça a commencé il y a huit ans, même si je ne savais pas dans quoi je m'engageait à cette époque. La foi a toujours tenu une place importante dans ma vie, c'est, je pense, grâce à Dieu que je n'ai pas cédé à la haine et la colère. Après sept ans ou presque de lutte au côté des x-men, je me suis sentit las de combattre, et j'ai cherché un nouveau moyen d'aider mon prochain, c'est comme ça qu'est né l'idée de faire le séminaire et de devenir prêtre. L'institut possédait un appareil capable de me faire paraître normal, mon apparence ne posait donc pas de problème. Le séminaire c'est bien passé, je l'ai terminé sans problèmes, que ce soit en rapport avec la tentation de la chaire ou les études en elles même. J'effectuais mon année de stage dans une église de Salem Center. C'était il y a un peu moins de deux ans. Je m'entendais très bien avec le père Whiteney, le prêtre qui me supervisait. Il était devenu mon mentor autant que mon ami. Lorsque j'ai voulut révéler ma véritable apparence, il m'accepta tel que j'étais. Avec le recule je me rends compte que c'était trop beau pour être vrai. Ce n'est que peu après avoir enfin été ordonné prêtre que j'ai découvert ce qu'il se passait vraiment. En vérité le père Whiteney était au service d'un groupe anti-mutant qui avait pour projet de renverser l'église Catholique et de me nommer pape. Ils n'auraient alors eut qu'a désactiver mon inducteur d'image, l'appareil dont je vous ai parlé, pour faire voir ma véritable apparence au monde, démontrant que les mutants avaient été créés à l'image du diable et qu'ils avaient commencé à répandre le mal dans les institutions les plus sacrées.

Kurt avait volontairement omit de citer le nom du groupe en question, préférant ne pas impliquer plus que ça le docteur Kalarjan. Après tout rien ne disait que les x-men avaient bel et bien éradiqué la menace que représentait ces gens. Après une courte pause, il soupira et reprit.

-Nous avons vaincu cette organisation, et pour tout le monde l'affaire était classée, mais j'ai perdu sept années de ma vie dans cette histoire, et un peu de ma foi en l'humanité. Je ne crois pas que personne à l'institut n'ai jamais compris à quel point ça m'avait ébranlé, ils étaient surtout content de me voir revenir à temps plein à l'institut... Voilà ce qui a commencé à ébranlé ma vie, et tout aurait put s'arranger si j'avais eut le temps de me reconstruire, mais il n'a fallut que trop peu de mois avant qu'un nouvel événement ne vienne m'atteindre personnellement. Comme je vous l'ai déjà dit, je suis orphelin. Je n'ai connu ni mon père ni ma mère, mais ce que je ne vous ai pas dit c'est qu'au cours de certaines missions pour l'institut, j'ai rencontré une mutante, terroriste, qui se fait appeler Mystique. C'était la première personne que je rencontrait qui avait le même teint de peau que moi, et elle semblait me connaître un peu. Alors je l'ai longtemps soupçonné d'être ma mère, chose qu'elle n'a jamais voulut confirmé ou réfuté au fil des années. Bref, il y a un peu moins d'un an maintenant, il m'est arrivé quelque chose d'étrange, un ami à moi, archéologue, a découvert des peintures très anciennes sur un site de fouilles, sur une île appelée Isla des Demones, à comprendre l'île des démons. Les peintures représentaient des êtres qui me ressemblaient, la même apparence, le même nombre de doigts, la seule différence était qu'ils étaient rouges et non bleus, et elles dataient de plus de milles ans avant notre aire. Nous avons pensés à une coïncidence, une représentation quelconque du diable dans une ancienne civilisation. Ce n'est que quelques semaines plus tard que quelque chose prit possession de mon corps et me ramena sur cette île. Je ne me souvient plus vraiment de ce passage, j'étais totalement inconscient de mes actes. C'est un phénomène courant lorsqu'un télépathe contrôle l'esprit de quelqu'un. Toujours est-il que lorsque je repris connaissance, j'étais dans une autre dimension...

De nouveau, Kurt marqua une pause, levant les yeux pour observer les réactions du docteur. Il aurait compris si la pauvre femme n'avait pas cru sa première histoire, et il était certain qu'elle ne pourrait pas accepter la véracité de celle-ci.

-Le ciel était rouge, l'air sentait le soufre. On se serait cru dans un tableau représentant l'enfer, mais je sais que ce n'était qu'une version alternative et pervertie de notre monde. J'étais entouré de mes amis, mais aussi de centaines, voir de milliers de mutants me ressemblant plus ou moins. On aurait dit une armée de démons. Bien entendu, nous avons vite été fait prisonniers, à six contre mille, nous n'avions aucune chance. Alors que je m'attendais à être torturé, voir tué, le chef de cette armée nous a invité à manger et à discuter. Il me ressemblait, nous étions presque à l'identique, excepté qu'il était rouge. Il nous a alors raconté la raison de ma présence ici, celle de mes amis n'étant qu'un accident. Il s'est présenté comme étant Azazel, et qui connait aussi bien les écrits que moi, sais qu'il s'agit d'un des nombreux noms du diable. C'était un mutant millénaire prétendant être à l'origine de l'image que nous nous faisons de Lucifer. Et il m'avoua être mon père et, me contant ma conception, me confirma que Mystique était ma mère. Il avait pour projet de revenir dans notre dimension, dont il avait été expulsé bien des siècles auparavant. Il n'arrivait à rester dans notre réalité que quelques heures d'affilé tout au plus, et il avait donc besoin d'un lien fort avec des personnes qui y vivait constamment. Il a donc procréé, faisant des enfants partout dans le monde, et il nous a réunis pour créer un portail lui permettant, à lui et à son armée, de déferler sur Terre, pour, et là je le cite, reprendre possession de ce qui lui appartenait de droit, soit le monde entier. Comme souvent quand on est un x-man, ça c'est terminé par une bataille, et nous avons gagné. Mais quand nous sommes revenu à l'institut quelque chose en moi s'était brisé. Car voyez vous, cet homme qui prétendait être mon père, était accompagné d'un mutant qui empêchait quiconque de mentir en sa présence, Azazel compris. Il n'a donc pas put mentir ce qui fait de moi littéralement le fils du diable. C'en a été trop pour moi, je suis partit de l'institut à ce moment là...

Enfin Kurt se tut, levant de nouveau les yeux vers le docteur Kalarjan, attendant sa réaction. Il s'attendait à un tas de questions, ou alors à un déni totale de la part de la femme. Après tout elle venait du monde de la science de l'esprit, et toutes ces histoires de foi et de dimensions parallèles devaient lui paraitre folles. Au mieux il passerait cette nuit dans une chambre capitonnée, vêtu d'un joli pyjama blanc aux manches trop longues.

Hannelore écouta attentivement le récit de Kurt. Aussi tordue soit l'histoire, le docteur était prête à la croire. Après tout, elle vivait dans un monde où des personnes étaient dotées de pouvoirs incroyables, alors un roi des enfers qui voulait jeter le chaos sur le monde, c'était de la petite mire. Et puis, son rôle n'était pas de déterminer si ce que disait le patient était vrai ou pas. Les parents tenaient toujours une grande importance dans la psychologie. Même quand on ne connaissait pas ses parents, leur absence prenait toute la place dans le cœur. Et lorsqu'on les retrouvait, on était souvent très déçu.

-Cet épisode a dû vous pousser à vous poser certaines questions sur vous-même, sur votre passé et votre avenir. Avez-vous trouvé des réponses ?

(Désolée pour le retard et la taille du paragraphe)

A la question du docteur, Kurt ne peut retenir un léger rire. Ce n'était ni moqueur, ni nerveux, mais pour qui connaissait les saintes écritures, ainsi que la filiation du diablotin, alors son avenir était tout tracé. Pourtant les choses étaient bien plus compliquée dans la vie que dans la bible. Il poussa un petit soupir, et accorda un sourire sympathique à la psy. Lui qui pensait être venu dans ce cabinet pour procéder à une profonde introspection, et éventuellement avoir un échange avec miss Kalarjan, il se retrouvait un peu à ressasser les problèmes qu'il connaissait, et pour lesquels il avait déjà trouvé un semblant de solution.

-Comme vous le savez maintenant, la religion tient une place particulière dans ma vie. En fait non, c'est désormais uniquement ma foi qui tient cette place. Mais ça ne change rien au fait que selon mes croyances, et sachant qui est mon géniteur, je suis censé apporter l'apocalypse sur terre. Je suis ce putain d'antéchrist. Désolé pour la vulgarité. C'est compliqué à gérer ce genre d'informations.

L'X-man marqua une pause, très légère, le temps de lâcher un nouveau rire, cette fois un peu nerveux.

-J'ai bien dut trouver mes propres réponses, celles qui m'éviteraient la folie. Alors j'ai fait un choix, simple, j'ai décidé que Mystique et Azazel n'était les créateurs que de mon corps. Mais mon esprit, mon âme, je les doit à Charles Xavier et Margalie Szardos. Ce sont mon père et ma mère. Margalie m'a appris a accepter toute personne, quelque soit son apparence, ses idées, ou même sa haine envers moi. Charles m'a appris à me battre pour mes rêves, à comprendre la haine des autres et l'embrasser pour la changer par mes actes et mon amour. Ce sont là mes véritables parents, des gens d'une grandeur comme le monde en a rarement connut. Et si celle de Charles sera connue à travers l'histoire, je porte chaque jours celle de ma mère, dans l'espoir qu'un jour, à travers moi, le monde ressemble un peu plus à elle.

Timing étrange qu'a parfois la vie, de sa poche sortit une sonnerie brève. Juste quelques "bip bip". Kurt grimaça, en sortant un tout petit appareil, ressemblant vaguement à un bipeur, mais à l'usage plus proche d'un téléphone. La série de bip achevée, il soupira en se levant.

-Vous me voyez réellement désolé docteur, mais il va me falloir vous laisser. Une urgence. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. J'appellerais pour savoir quand est notre prochain rendez-vous.

L'elfe attrapa sa veste, et avant même que celle-ci ne soit sur son dos...

BAMF

...il avait disparut, laissant dans le cabinet un nuage de fumée violette et une odeur de soufre, les deux se dissiperaient bien vite, retournant à leur dimension d'origine, mais ce n'en était pas agréable pour autant.

Spoiler:

Hannelore continua de noter. On sentait une certaine émotion dans les paroles de Kurt, même s'il n'en voulait rien montrer. Certaines blessures n'étaient pas tout à fait guéries. Sinon, sans doute ne serait-il pas allongé sur ce divan.

-Bien. Et pourriez-vous m'en dire plus sur...

Elle fut interrompue par la sonnerie d'une sorte de bippeur.

-Vous me voyez réellement désolé docteur, mais il va me falloir vous laisser. Une urgence. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. J'appellerais pour savoir quand est notre prochain rendez-vous.

Il attrapa sa veste et disparut en un éclair, dans un nuage de fumée violette. Hannelore sursauta à cause de la soudaineté de la chose, mais ne fut pas plus surprise que ça. Après tout, Kurt lui avait parlé de son pouvoir. Se levant de son fauteuil, elle retourna s'asseoir à son bureau et relit un peu ses notes avant de les ranger dans une serviette en carton sur lequel elle tamponna le nom du patient et la date. Puis elle appuya sur le bouton de transmission de l'interphone.

-Alice. Ce soir, vous appellerez monsieur Wagner pour lui demander s'il désire reprendre rendez-vous.
-Mais, il n'est pas encore sorti...
-Je vous expliquerais. Faites entrer le patient suivant.