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 Chroniques Uchroniques ~

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James Tucker
Agent du B.A.M. Alpha
James Tucker


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Autre(s) identité(s) : Lémure - L'Obscur - le Sans Visage - Lyle T. Anderson - El Gringo - Dimitry Lyov

Pouvoirs : Obténébration ~ Ombrage ~ Conscience ~ Réfraction

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Date d'inscription : 15/11/2009

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MessageSujet: Chroniques Uchroniques ~   Chroniques Uchroniques ~ Icon_minitimeLun 10 Jan 2011 - 21:41



          Chroniques Uchroniques ~ Gasparulliel11
            « Je suis l'esclave de la mort...



    * En Russe dans le texte.

    ~ La pluie, glaçante jusqu'à l'os, tombait en fines gouttes légères sur le bitume trempé du trottoir, réfléchissant les quelques rares lumières artificielles de réverbères épars, dans ce quartier résidentiel New Yorkais, à l'apparence aussi sinistre et froide que la vue d'un nourrisson mort-né jeté dans une rivière. Dans un silence de plomb, lourd comme toute la misère du monde, rien ne bougeait. Pas un souffle de vent pour venir troubler ces branches nues et agiter ces feuilles mortes, pas le seul murmure grondant du moteur d'une voiture pour venir fendre cette atmosphère assourdissante. Non, pas âme qui vive aux alentours, pas un signe qui puisse contredire cette impression de fin du monde, rien qui n'ose ne serait-ce que faire un seul bruit, un seul geste, un seul regard.

    Et moi, j'attends. Tapis dans l'ombre, je suis là. J'écoute, j'observe. Tapis dans l'ombre, je rôde. Je suis patient, je sais attendre des heures, sans bouger, sans respirer, sans boire ni manger, car mon corps n'est plus qu'un spectre, à l'image de la folie de cet ennui sidéral qui me guette et me menace dans mon objectif mais qui ne m'atteint pourtant pas, car voilà bien longtemps, alors, que je me suis laissé aller aux affres de l'inexistence et supporter le poids du temps qui passe est une contrainte dont je me suis affranchi. Je pourrais rester là des jours, des semaines, des mois, que cela n'aurait aucune espèce d'importance à mes yeux. Je me demande même si je n'en viendrais pas à m'oublier moi-même, et à devenir une ombre, pour l'éternité. La mort d'un mort, quelle ironie du sort. Mais pour l'heure, j'attends quelque chose. Cet instant propice, où je m'éveillerai de ma torpeur, et qui me verra m'animer, pour de nouveau prendre part à cette mascarade, simulacre de vie. Tapis dans l'ombre, je rôde. Tapis dans l'ombre, je suis là, juste sous vos yeux, offert à votre inattention et à votre insouciante inconscience. Je suis là, mais vous ne me voyez pas.

    Enfin, le signe que j'attends survient. Je quitte alors l'ombre nette et découpée de l'arbre dans laquelle je m'étais fondu et je me dirige jusque vers cette petite fenêtre chichement éclairée sur le bâtiment d'en face, au premier étage, en prenant bien garde de rester indétectable. Il est l'heure. L'heure de régler certains petits détails, avec certaines petites personnes, pour s'assurer que quelques un de mes intérêts ne soient pas bêtement et inutilement mis en danger. A vrai dire, ce sont les intérêts de Sinistre, pas les miens, donc dans l'absolu je m'en contre fiche royalement. Mais le fait est que si mon boss ne trouve pas son compte dans toute cette histoire, en plus de ne pas avoir mon fric je risque de me faire placer en cuve comme cette pauvre infortunée de Salander. Mais cette fois-ci il y a quand même quelque chose qui me concerne et que je dois vérifier, personnellement, et qui déterminera la manière dont tout ceci se terminera ce soir.

    Glissant furtivement le long de la façade du bâtiment, éviter les caméras de surveillance est un jeu d'enfant, et j'ai la nuit comme couverture pour me protéger. Parvenant jusqu'à l'ouverture chichement éclairée, j'observe avec froideur et indifférence la vitre qui est renforcée de barreaux métalliques. Aussi bien pour éviter les évasions que les suicides. Ne soyez pas étonnés, ce genre de chose arrive plus fréquemment qu'on ne le croit, unique solution de pauvres désespérés. Je ricane intérieurement, quelques morceaux de métal et une plaque de verre. Dérisoire, ce n'est pas ça qui va m'arrêter. A vrai dire, pas grand chose ne le peut. Je traverse la matière transparente avec autant de facilité que si elle n'avait pas existé et je jette un coup d'œil à l'intérieur, si tant est soit peu qu'une ombre puisse faire ça. Il n'y a personne dans ce couloir à l'aspect médical, un peu vieillot et très stricte, éclairé seulement par les veilleuses de nuit. Le gardien a fait sa ronde de mi-nuit, il ne repassera donc pas avant demain matin, ce qui sera largement suffisant pour ce que j'ai à faire. Je pénètre alors à l'intérieur, me glissant sur le mur avant d'aller m'étaler au plafond, là où les caméras ne me filmeront jamais. C'est toujours la même chose, toujours trop facile, tellement ennuyeux. Les humains ne représentent aucun challenge intéressant, ils sont totalement dépassés par les mutations et, quand je vois toutes les possibilités qui me sont offertes, je comprends qu'ils puissent nous craindre, nous les mutants. Et à raison.

    Rôdant sans me précipiter, je me love de coin en coin, me mouvant comme une espèce de serpent en chasse, aussi traître et imprévisible que ce dernier. J'évite facilement le peu de personnes de l'équipe de nuit et je trouve ce que je cherche sans trop de difficultés : l'endroit où sont stockés les dossiers des mises en détention provisoires. Le seul obstacle qui se dresse entre moi et mon objectif est cet agent de police de garde qui boit un café à son bureau, feuilletant un magasine. J'attends. Je suis patient. Je sais ce que j'ai à faire, et j'ai toute la nuit pour. Il faut vingt cinq minutes à l'agent de police avant d'être appelé pour une affaire quelconque hors de la pièce et devoir quitter son bureau. Il me faut vingt cinq secondes pour trouver le nom que je cherche et dématérialiser le petit tas de feuilles pour l'assimiler en moi. Puis, me glissant sous la porte, je me retire dans un placard à balais avant de feuilleter rapidement le dossier.

    Boris Vlavilov, 42 ans, russe, naturalisé américain, médecin légiste en chef de la morgue, située deux quartiers plus loin, depuis cinq bonnes années maintenant. Marié à une américaine, deux enfants, casier judiciaire vierge. Enfin, "vierge", jusqu'à cette semaine du moins. Voilà le point qui m'intéressait. Je passe outre les détails administratifs et me rends directement au chef d'accusation et aux preuves. Trafic de personnes et prélèvement d'organes humains, c'était, entre autres, ce qui lui était reproché. Hm, ils n'avaient pas fait leur boulot à moitié. Certes. Mais peu m'importait son sort, ce n'était qu'un vulgaire pion. Un pion qu'il était aisé de sacrifier et d'écraser impitoyablement, le laissant mourir dans l'asphyxie d'une ignorance la plus totale. Un instrument, voilà tout. Je fais face aux visions peu ragoûtantes des preuves photos avec une froide indifférence et un manque d'empathie total. Ce ne sont que des organes à l'air libre, rien d'autres, il y a pire. Soit. Nulle trace de ce que je cherche là-dedans. Par contre, une mention attire mon attention. Une demande de transfert au Bureau des Affaires Mutantes ? Oh voyez-vous cela. Et pour quelle raison ? Boris n'a jamais été mutant, du moins pas à ma connaissance, et je doute fortement que cela soit possible. Je lu quelques notes supplémentaires avant de faire disparaître le dossier dans ce corps informe et insaisissable qu'était le mien. Ce n'était qu'un pauvre rapport de police, et j'avais là l'occasion d'aller m'abreuver d'informations directement à la source, alors je n'allais pas m'en priver.

    Alors, forcément, quand vous vous croyez seul dans une pièce et que, l'instant d'après, un type tout droit sorti de nulle part vous adresse la parole, vous pouvez tout faire sauf le prendre bien. Boris Vlavilov, ce même boucher en puissance qui aimait les corps de ses cadavres réfrigérés plus que sa femme et ses enfants, comme s'ils étaient toute sa vie, ce qui était un peu vrai dans un certain sens, se tenait devant moi. Il dormait, ce con, allongé sur la paillasse froide de la cellule de détention comme le légume qu'il était devenu au fil des ans. Imbécile. Mais au final, cela m'arrange. J'ai une idée. Je sors sans bruit d'une de mes poches ce qui semble être en apparence une simple clé USB mais qui est en réalité ce que Med appelle un lobotomiseur chimique. Un mécanisme enfantin permet d'actionner le spray contenu à l'intérieur et d'en pulvériser le contenu sur quelqu'un. Avec ça, dans quelques minutes il sera beaucoup plus loquace. Je lui envoie une dose sur le visage, et il finit par me remarquer, moi, silhouette mal définie dans l'ombre du seul rayon de lumière jaune, pâle et triste, qui provenait du contrebas de la rue par l'espèce d'ouverture vitrée qui faisait office de fenêtre. Il eut un mouvement réflexe de recul paniqué et s'éloigna de moi dans le coin opposé de la petite pièce exigüe, d'à peine six mètres carrés. Inspirant et expirant bêtement, comme un cochon trop gros et puant qui suffoque la transpiration sous l'effort en essayant de monter sur sa partenaire sexuelle, il hésitait entre crier et se taire. On pouvait clairement voir dans ses yeux l'angoisse que lui procurait cette visite non autorisée. Et pour cause, il avait des raisons de me craindre. Finalement, il eut la force, inespérée, de répondre à mon interrogation silencieuse, chose remarquable au vu de son courage dont la grandeur n'avait d'égal que le flot de crasse et de merde qui parcourait les égouts de la ville sous nos pieds.

      _ Qui... Qui êtes vous ? Vous n'avez pas le droit d'être là ! »


    Il couine presque, cherchant furtivement du regard la porte de la cellule, verrouillée, dans l'espoir sans doute inespéré du quelconque passage d'un agent de la NYPD. Mais non. Il n'y aura rien, ni personne, pour venir nous déranger.

      _ Bonsoir, Boris.* »


    Je m'avance alors d'un pas, lentement, dans le rayon de lumière, afin d'être reconnaissable. Le subit contraste de mon visage dans ce jeu de pâle clarté me fait paraître bien plus imposant à ses yeux que je ne le suis réellement, et il ressort alors de l'ombre comme un masque blanc et malade. Je le regarde fixement, droit dans les yeux, de ce que Caitlyn qualifierait de "regard de psychopathe prêt à égorger une victime". Mais je suis calme, je l'ai toujours été. Le silence nous envahit et nous isole du monde extérieur comme l'on aurait fermé la porte d'une pièce insonorisée, signant par là même son arrêt de mort. Les secondes s'écoulent, s'étirent, s'égrènent lentement tandis que Boris semble attendre soit de se réveiller, soit que je ne lui saute dessus, couteau entre les dents. Finalement, mon regard se fit moins dur, mais plus hypocrite, presque condescendant. Afin de briser l'immobilisme de la pièce, je consentis à faire quelques pas lents, tournant en rond, mais sans me précipiter. J'affiche un léger sourire, celui-là même de ceux qui savent ce qu'il va se passer, mais qui prennent un malin plaisir à faire traîner les choses en longueur, interminablement. Il a peur, je le vois, je le sens, car chaque pas que je fais dans le noir ressemble à celui d'un prédateur en chasse, dont la fluidité du mouvement ne permet pas de déterminer quel moment il va choisir pour frapper d'un coup mortel, rapide et vif comme l'éclair.

      _ C'est dans une situation bien délicate que je te retrouve là Vlavilov, je me trompe ?* »


    M'ayant reconnu, il ne répond pas tout de suite. Un fin voile brillant de sueur commence à recouvrir son front malgré la température relativement fraîche du soir. Sa respiration se fait moins saccadée, maintenant qu'il sait à qui il a affaire, mais il n'en est pas plus rassuré pour autant. Il reste sur ses gardes. Ce petit bonhomme bedonnant, d'habitude jovial et boute en train, qui est bien pathétique désormais. Vous savez, il ne m'a jamais réellement fait confiance. Il se méfie de moi, je le sais. Les seuls liens qui nous relient, ce sont ces paquets de billets verts qui font sa faiblesse, à lui comme à tant d'autres, et la promesse d'horreurs sans noms s'il ne reste pas discret sur la nature de nos échanges.

    Il pue. Il pue la peur et la lâcheté.

      _ Comment êtes-vous arrivé là ? Qu'est-ce que vous me voulez ? Je n'ai rien à vous dire, alors vous feriez mieux de partir avant qu'on ne vous trouve.* »


    Sa petite voix, sifflante et précipité, me balance toutes ces absurdités sordides aussi vite qu'il le peut, tout d'un bloc, comme s'il ne cherchait qu'à combler le silence meurtrier et malsain qui nous séparerait sinon. Un instant, une lueur d'hésitation brille dans son regard et, pour une fois, il semble faire preuve de plus d'intelligence dont il n'est habituellement capable, envisageant un possible but à cet entretien inattendu. Il déglutit, et son visage se fit plus dur, déterminé.

      _ Je vous préviens... Si vous essayez de me tuer... Je n'ai qu'à hurler et vous ne sortirez pas d'ici.* »


    Pris d'une convulsion abdominale, je manque de lâcher un rire sonore et absurde, tant le grotesque de sa phrase me tue. Je me retiens cependant, et me contente d'afficher un large sourire à peine voilé par les mystères de la nuit. Il est faible, il est ignorant, alors je lui pardonne son inconscience.

      _ Oh crois-moi Vlavilov, si j'avais voulu te tuer, ce serait déjà fait depuis looongtemps.* »


    J'insiste bien sur le dernier mot et je m'accroupis devant lui pour me mettre à sa hauteur. Il essaie de fuir mon regard, mais il sait qu'il ne le peut pas. Caitlyn me l'a déjà répété plusieurs fois : "Bordel, si tu raccroches dans les Maraudeurs, recycle toi en acteur de film pour jouer le grand méchant qui meurt comme une merde à la fin, tu m'fais flipper du con !".

      _ Et puis, voyons Boris, entre nous, nous sommes de bons amis n'est-ce pas ? Il n'y a jamais eu de mésententes lors de nos petites affaires, alors je ne vois pas pourquoi ça devrait commencer aujourd'hui.* »


    Je sors deux petites photos presque de nulle part, les lui affichant clairement dans la lumière. Ses pupilles s'étrécissent alors dans le noir et je vois bien qu'il est pris au piège. Ses deux petites filles et son amour pour elles... Encore une faiblesse inutile de ce monde. Je lui explique donc clairement ce qu'il en est d'une voix presque inaudible et où je prends bien soin de détacher chacun de mes mots. J'ai perdu tout sourire.

      _ Si tu cries, je te jure que tu ne verras pas l'aube se lever, mais que tu entendras pourtant leurs hurlements. De l'au-delà, où d'où que tu sois...* »


    Il déglutit, encore. Il navigue dans des eaux troubles, infestées de requins, et il le sait.

      _ Qu'est-ce que vous voulez ?* »


    Je souris de nouveau et me redresse. Voilà, ce n'est pourtant pas difficile. Reprenant mes allez-retours devant lui d'un pas silencieux et lent, presque léger, j'observe la pièce d'un air détaché, presque absent. Sa misère me laisse indifférent et les affres dans lesquels il a plongé totalement froid comme le marbre. Je vois bien qu'il n'est pas tranquille, les cernes qui habitent sous ses yeux en témoignent. Mais cela ne me concerne pas. Comme le reste, à vrai dire. Et je repartirai de cette pièce sans l'ombre d'une pensée pour lui, ou quelque forme d'empathie que ce soit.

      _ Écoute Vlavilov, je vais aller droit au but. Tu sais des choses dont tu ne devrais même pas soupçonner l'existence, et je ne parle pas que de nos affaires, et tu es maintenant aux mains des forces de l'ordre. Et bientôt du B.A.M. qui plus est. Normalement, tu aurais dû être assassiné. Mais, parce que tu es de la Famille, et que tu possèdes quelques "amis" apparemment qui tiennent à toi, j'ai décidé de faire un effort et de te proposer un marché qui nous ira à tout les deux. Tu me dis tout ce sur quoi ils t'ont interrogés, tout ce qu'ils savent, et, si tu es coopératif, alors je te fais sortir d'ici immédiatement, de la même manière dont moi je suis entré. Une voiture nous attend en bas, dans la rue, et c'est ton passeport pour quitter le pays. Elle t'emmènera directement voir tu-sais-qui qui se chargera de toi ensuite. Tu as le choix. La liberté en Russie, ou la prison en Amérique. Alors, que choisis tu ?* »


    J'avais parlé avec le plus grand calme et d'un ton tout à fait posé et neutre. Un Tyrannosaure aurait pu se dresser en face de moi et rugir de toutes ses forces à quelques centimètres de mon visage que je ne me serais pas départis une seule seconde de ce flegme caractéristique. Nerveux, Boris Vlavilov entrevoyait toutefois la possibilité que je lui offrais là. Entre une vie nouvelle, sous surveillance constante du B.A.M., et la crainte toujours présente qu'un jour il finisse quand même la gorge tranchée dans le caniveau, et la liberté complète dans la patrie mère sans le joug de la Justice, il y avait largement de quoi réfléchir.

      _ Qu'est-ce qui me dit que vous tiendrez parole ou que je peux vous faire confiance ? Et ma famille ? Ils pourront me rejoindre ?* »


    Je ricane intérieurement, laissant apparaître un léger sourire empli de fausses promesses à la commissure de mes lèvres, disparaissant en même temps de nouveau dans la pénombre de la pièce d'un pas en arrière. La réponse est limpide, et extrêmement simple. Dans le ton de ma voix, on sent une espièglerie qui tranche radicalement avec la tension de la situation, en total décalage, et qui se révèle par là même des plus dérangeantes. Le fait est que je ne mens pas, car il y a vraiment une voiture qui l'attend dehors. Monsieur avait quelques connaissances dont les intérêts - à court terme du moins - étaient de le récupérer pour qu'au moins il ne parle pas. Tout dépendait simplement de Vlavilov.

      _ Mais rien, Boris. Absolument rien. Tu n'as que ma parole et ce qu'elle vaut. Alors voilà les conditions de notre marché. Quant au reste, tu règleras les détails par toi-même avec tu-sais-qui, ce n'est pas à moi de répondre sur ce point.* »


    La vérité, c'est que l'arrestation de Vlavilov - en plus d'autres personnes de moindre importance - avait fait pas mal de bruit au sein du milieu. La solution envisagée avait été le meurtre afin d'éviter qu'il ne divulgue des informations précieuses, au mépris total de ce pauvre Boris. Voyant là un danger potentiel pour les intérêts de Sinistre, j'ai pris l'initiative de proposer l'emploi d'un mutant capable de le sortir rapidement et efficacement de cette merde. Bien sûr, ce n'était autre que moi-même, mais ça ils n'avaient pas à le savoir n'est-ce pas. Ainsi, d'une pierre deux coups. Non seulement je pouvais récupérer les informations que je cherchais de la bouche de Vlavilov - à savoir si oui ou non il avait parlé jusque présent et si oui dans quelle mesure, ce qui risquait fortement de compromettre sa survie dans un cas - mais en plus j'empochais le fric en me faisant passer pour mon propre contact si le médecin légiste n'avait rien balancé. Ce dernier sembla hésiter sur ses chances de survie et il en déduisit qu'à très court terme, il ne valait mieux pas me contrarier, ce qui était préférable. Il baisse alors les yeux, vaincu et contrit. Il semble pensif, beaucoup plus calme que tout à l'heure, presque comme si tout ceci était normal. Je regarde ma montre. En effet, le lobotomiseur de Med à eu le temps de faire effet. Il ne reste plus qu'à le tester.

      _ Très bien. Qu'est-ce que vous voulez savoir ?* »


    Souriant et levant un sourcil, j'arrête mes vas et viens pour me placer en face de lui. Un mètre seulement nous sépare. Les mains dans les poches, je l'observe avec attention. J'observe son visage, la manière dont il se tient. Il ne peut pas espérer tirer profit du peu de visibilité de la pièce pour cacher un malaise, car la nuit, pour moi, elle n'existe plus depuis des années. Une question, simple et stupide, pour endormir sa méfiance déjà très affaiblie par le spray dont je l'ai aspergé. Il sait parfaitement qu'il joue sa vie, car la trahison n'est pas admise au sein du milieu, et pourtant, il semble aussi serein que moi face à la mort.

      _ Quand est-ce que tu t'es fait arrêter ?* »


      _ Il y a trois jours.* »


      _ Où ça ?* »


      _ Près de la frontière du Mexique.* »


      _ Qu'est-ce que tu faisais là-bas ?* »


      _ Je fuyais.* »


      _ Pourquoi ?* »


      _ Je savais qu'ils m'avaient repéré.* »


    Je soupire légèrement. Ça pour baisser la volonté, il n'y a pas de doute, c'est visible. Ses réponses étaient mécaniques, avec un débit de parole absolument constant. Le problème qui se pose maintenant, c'est que j'ai un légume en face de moi. Si je ne lui pose pas les bonnes questions, je ne risque pas d'avoir les bonnes réponses. Le spray de Med portait bien son nom de lobotomiseur.

      _ Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?* »


      _ Ils savaient pour le trafic d'organes.* »


      _ Mais encore ?* »


      _ Qu'ils avaient arrêté d'autre types impliqués dans toute cette merde.* »


      _ Et puis ?* »


      _ Ils ont essayé de me faire dénoncer les autres. Ils m'ont demandé des noms.* »


      _ Et puis ?* »


    Vlavilov voulait dire quelque chose mais il semble hésiter, comme bloqué. Il essaye de résister, mais je serai loin de le laisser faire. Ce genre de chose n'est jamais agréable, le faire avec un légume encore moins. Je peux être patient, mais je devine que la suite n'allait pas me plaire. Alors j'allais broyer son esprit un peu plus dans la peur afin de le forcer à cracher le morceau. Sans aucun signe avant coureur et sans aucun bruit, mon bras fuse soudainement de l'obscurité pour venir attraper violemment Boris par la gorge et le plaquer avec violence et fracas contre le mur, lui arrachant un petit cri apeuré. Au travers de mon gant de cuir, je sens mes doigts crispés et ma main serrée écraser son œsophage, le poussant chaque seconde un peu plus vers l'impossibilité totale de respirer. J'affiche un rictus de haine sur mon visage. Un bruit léger se fait entendre quelque part dans le couloir. Je ne bouge plus, laissant le calme et le silence retomber sur les lieux, empoignant toujours mon cher et tendre par la gorge - qui s'efforce de respirer assez d'air - avec autant de violence. Il s'agrippe à mon bras, tentant vainement de le repousser. J'ai presque envie de le tuer, là, maintenant, tout de suite. Un besoin irrépressible de sentir sa chair s'ouvrir sous mes coups de lame, une pulsion meurtrière que je réfrène pourtant en respirant profondément. Tout ceci n'est pas encore terminé, je dois rester calme.

    Je le lâche et il peut reprendre une respiration normale. Il me regarde avec de la terreur dans les yeux. Je crois que je lui fais peur. Pourtant je suis redevenu aussi calme et stoïque qu'une statue, et seuls les battements de mon cœur qui se calment attestent de la soudaine montée qui vient de me prendre. L'atmosphère que je dégage est emplie de froideur et de sinistre, et seuls brillent mes yeux dans le noir. D'un ton calme et plein de la promesse d'une violence latente, je lui repose la question.

      _ Je ne te ferais aucun mal, si tu me donnes toutes les informations.* »


      _ J'en ai donné. Je les ai tous donné ! J'ai tout balancé ! Ils m'ont promis qu'ils me protègeraient !* »


    Il tremble le pauvre petit. Normal, il sait qu'il vient de signer son arrêt de mort si ceux qu'il a balancés le retrouvent. Mais il n'a pas pu résister à la drogue. Tant pis pour lui. Mais tout ceci ne m'intéresse pas, il faut que j'accélère les choses.

      _ Dis moi... Tu es un mutant ?* »


    L'absurdité de ma question, ou bien le brusque changement de sujet, le déstabilise.

      _ Quoi ? Je... Non... Non, non je ne suis pas un mutant, je n'ai jamais été...* »


      _ Alors pourquoi le Bureau des Affaires Mutantes a-t-il demandé à ce que tu sois transféré chez eux ? Et ne me mens pas.* »


    Un autre blocage, visiblement. Ça ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose : qu'il avait peur de me donner cette réponse. Je peux le tuer n'importe quand, il le sait, je le sais. Mais, si sa vie ne vaut déjà plus grand chose aux yeux de certains, la seule chose qu'il puisse faire maintenant c'est épargner celles de sa femme et ses deux filles. Je lui remontre les deux photos, le message est clair.

      _ ... Ils ont posé des questions... Sur... Ils savent pour Bakerstreet.* »


    A chaque fois que je fais quelque chose d'illégal, j'efface toujours mes traces au maximum, je brouille les pistes, je passe par des intermédiaires, etc... Certains me reprochent un excès de zèle ou me traitent de parano. La vérité, c'est qu'ils ne se rendent pas compte à quel point l'incompétence sans bornes de crétins de la pire espèce risque de tous nous mener droit dans le mur. Encore un parfait exemple devant moi. Je reste calme, parce si je cède maintenant, il va me manquer des informations. Vlavilov est sur le point de se pisser dessus, mais la peur et la drogue ont raison de sa volonté bien malgré lui.

      _ Qu'est-ce qu'ils savent ?* »


      _ Ils... Ils m'ont posé des questions sur vous... Et aussi... Ils savent... Pour la fille. La morte... Je crois qu'ils vous cherchent...* »


    Les pupilles de mes yeux s'étrécissent tandis que la fin de sa phrase se noie dans le silence. Je le regarde sans le voir et je déglutis. Je crois que je vais faire une bêtise, il faut que je me calme. Caitlyn. Elle est sensée être morte aux yeux du monde grâce aux bons soins de ce type. Et voilà maintenant qu'elle sortait de sa tombe, grâce à la connerie de ce type. Je ne dis plus rien, me contentant de me faire plus invisible encore dans ces ombres qui sont miennes. Je sers mon poing pour essayer d'évacuer la froide colère qui me prend au cœur. Il continue de me parler, mais je ne l'écoute plus. Si le B.A.M. découvre le contenu de l'entrepôt de Bakerstreet, c'est Sinistre qui va en souffrir. Et si Sinistre en souffre, c'est sur nos gueules que ça va très probablement retomber, avec toute la délicatesse d'un piano lâché du troisième étage. Et alors franchement ? Je m'en carre comme de la vie du dernier petit misérable crétin né sur cette terre. Sinistre peut crever que ça ne me fait ni chaud ni froid. Ce n'est pas comme si je tenais à lui ou ses idéaux n'est-ce pas. Mais Caitlyn... Bordel... Ce type vient de faire foirer la meilleure couverture au monde qu'on puisse donner à un vivant : une tombe.

      _ Euh... Vous m'écoutez toujours ? Je crois que le type du Bureau des Affaires Mutantes qui est venu s'appelait l'agent Hop...* »


    Il n'a pas le temps de terminer sa phrase. C'est à peine si j'enregistre. Sa voix dans mes oreilles est comme un supplice lancinant qu'il faut que je fasse taire. Par la violence, par la haine et par l'assouvissement de cette putain de pulsion qui me plombe l'esprit depuis tout à l'heure. C'en est comme un murmure dans le crâne qui m'ordonne de le buter sur le champ. J'en tremble presque, et rien que d'imaginer la perspective de lui lacérer les yeux dans un élan incontrôlé de rage suffit à libérer un flot salvateur d'adrénaline dans mes veines. Il me regarde, la bouche ouverte sur le vide, tandis que son mot ne parvient pas à sortir malgré tous ses efforts. Je retire la pointe de métal que je viens de lui enfoncer dans le thorax. Il reste immobile, tourné vers moi, et seuls ses yeux arrivent à me faire face. Je lis dans son regard l'incompréhension, la douleur, et la peur. Oui, une terreur sans nom qui m'emplit de vie, et je la bois et l'alimente comme si c'était la seule chose vitale à ma survie en ce bas monde. Le poison fait son effet, et déjà il suffoque, les poumons paralysés comme le reste du corps. Il va mourir vite et sans crier. Mais je lui promets silencieusement que sa fin n'en sera pas pour autant moins douloureuse. Par à coups donnés avec une violence injustifiée, je le scarifie au visage, au torse, aux jambes et dans le dos. Partout où m'est exposée sa chaire vulnérable je lui enfonce mes quinze centimètre d'acier trempé, parfois jusqu'à l'os. Je lui ouvre les muscles au sens propre, inversant les rôles pour la dernière autopsie de sa vie. J'ai besoin de cette sensation, la chair qui résiste, ces spasmes saccadés, et cette lueur de folie dans ses yeux, reflet de mon propre visage dans son regard. Je ne le tue pas sur le champ, je le regarde mourir jusqu'au dernier instant, et je me repais littéralement de ses râles de souffrance étouffés. Cette débauche d'animosité animale excessive me rend fou de haine et de plaisir à la fois, et la sauvagerie à proprement parler jouissive du moment croît crescendo comme un hurlement jusqu'à ce qu'il rende finalement son dernier souffle dans une ultime contraction orgasmique, que son corps s'affaisse, et que je me retrouve de nouveau seul dans le silence de la nuit, à genoux au dessus de lui, haletant et épuisé, alors que je retombe dans le froid et l'inconscience de cette vie misérable après avoir eu ce sentiment unique de vivre de nouveau.

    Je reprends mon calme peu à peu, tandis que le sang qui bat dans mes temps au rythme des battements de mon cœur, aussi fort que le marteau d'Héphaistos dans les Forges cyclopéennes des dieux de l'Olympe, semble reprendre une vitesse normale, comme apaisé par le tribu de douleur et de sang que je réclamais. Je retire la lame d'acier de quinze centimètres pour la porter à la lumière jaune et pâle du seul rayon de réverbère qui pénètre la pièce. Elle est maculée de sang qui tombe allègrement en petites gouttes sur le sol. L'éclat de lumière est comme un phare dans la nuit, et ce liquide chaud à l'odeur cuivré est plus enivrant que toutes les drogues. Je porte lentement le plat de la lame jusque mes lèvres avant d'en lécher le fluide vital tout en commençant à disparaître dans la nuit. Le corps inerte et sans vie du docteur Vlavilov repose pitoyablement sur le sol dans une mare de sang qui ne cesse de s'étaler, comme un porc mort égorgé dans sa fange misérable. Un frisson de chaleur me parcours l'échine tandis que ma langue goûte une dernière fois au métal froid. Je suis l'esclave de la mort et de la folie, de la violence et de la haine.


    Et j'aime ça. »
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James Tucker
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James Tucker


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MessageSujet: Re: Chroniques Uchroniques ~   Chroniques Uchroniques ~ Icon_minitimeMer 25 Mai 2011 - 0:59



          Chroniques Uchroniques ~ Gaspardulliel344cstarre
            « La lourde pesanteur des chaînes...



    « L'homme, condamné à l'esclavage, est esclave par destin et non par nature. »
      [Vassili Grossman]




    * En Russe dans le texte.

    ~ La vie est comme une immense machine absurde aux dimensions cyclopéennes, avec ses rouages, ses mécanismes, son fonctionnement et, surtout, ses incohérences. C'est cette espèce de force métaphysique qui nous entraîne et nous charrie comme de vulgaires débris pris dans le tumulte du courant d'une rivière boueuse. C'est cette espèce de tempête au loin qui gronde, à la colère sous-jacente, dont on sait qu'elle approche de plus en plus et qui sera apocalyptique, que l'on fuit sans cesse mais à laquelle, pourtant, il nous est impossible d'échapper, inexorablement. C'est cette espèce de tourbillon incessant, cette force qui nous porte sur les chemins du temps depuis la création du monde, cette puissance qui nous exalte, qui nous brise, qui nous fait nous sentir en vie et qui nous tue à la fois. Certains appellent ça Dieu, d'autres le Hasard ou bien encore tout simplement le Destin ou la Fatalité. Toujours est-il que, malgré tous les efforts et moyens déployés, personne ne pourra y réchapper. Tôt ou tard, un jour ou l'autre, cette folie que l'on s'escrime à retarder vous rattrapera. Au détour d'une rue, d'un choix, d'une découverte. Elle s'emparera de vous, broiera vos os, tranchera dans votre chair comme mille lames de rasoirs, et jouera avec les affres de votre âme comme une danse macabre avec la mort, vous renvoyant ainsi toute la futilité de l'existence à la pleine lumière de votre lucidité. Des gens saigneront par votre faute et ce sang tombera dans vos mains. Votre sang, et celui des autres. Mais, une chose est certaine. Une fois cette folie derrière vous, si vous avez su l'affronter, si vous avez su les briser, alors, vous serez libre.

    ...........

    Je m'appelle Dimitry Lyov, j'ai 21 ans et je suis un Maraudeur.

    Ne vous en faites pas, je sais ce que vous ressentez au fond de vous. Cette espèce de répulsion instinctive et primordiale vis à vis de ce que cela implique. Cette aura malsaine dont vous m'entourez maintenant que vous le savez. Cette méfiance, ce rejet, cette presque-peur sans fondements véritables autres que celui de vos préjugés, qui ne pourra plus donner naissance tôt ou tard qu'à une haine dont l'ampleur démesurée n'aura d'égale que la rapidité avec laquelle vous venez de me juger. J'aurai pu remplacer Maraudeur par violeur ou pédophile que cela aurait provoqué chez vous la même réaction conditionnée. Ne le niez pas, je l'ai vu dans vos yeux. Cet éclat fugitif, cette lueur de violence et de sauvagerie, aussi intense qu'éphémère. Ce sentiment qui s'empare de votre cœur l'espace d'un instant, vous tord les tripes et vous dégoûte. C'est clair. Clair comme de l'eau de roche. Je le sais parce que je ressens la même chose. Mais pas envers les Maraudeurs ou envers vous même, non, certes pas, mais envers cette certitude absolue qui vous a étreint l'âme l'espace d'une fraction de seconde, juste avant que vous ne repreniez une façade hypocrite et plus adaptée à la situation. Allez-y, formulez-la, cette certitude. Vous pensez que je suis un salopard de première parce que je fais parti des Maraudeurs. Vous pensez que je mérite la mort parce que je travaille pour un criminel nazi reconnu pour son eugénisme radical, ses expériences génétiques gerbantes et totalement hors de l'entendement humain et son manque total d'empathie, de pitié ou de compassion. Oui, vous pensez que je mériterais de finir cette vie misérable dans les pires souffrances possiblement imaginables et, à vrai dire, vous êtes déjà en train de vous dire que, pour les individus comme moi, la violation de tous les droits instaurés des hommes en ce monde est un bien maigre sacrifice en regard du bénéfice que tirerait cette société à m'éliminer de manière aussi radicale que possible. Radicale, mais surtout, cruelle, car ma mort seule ne saurait vous satisfaire. Vous voulez me voir souffrir comme jamais un homme n'a souffert auparavant. Pourquoi ? Parce que je suis un salopard, et que vous êtes humain.

    Je suis encore jeune, mais pourtant, j'ai déjà commis plus de crimes que la plupart d'entre vous n'en causeront jamais en une vie toute entière. Oui, parfaitement. J'ai tué des gens sans remords, en traître, dans leur sommeil, de dos et sans aucune autre forme de courage que celle qui consiste à émerger de leur propre ombre pour mettre un terme définitif à leurs vies. Vous pouvez trouver cela affligeant et pathétique, et je vous répondrais qu'en général, les gens intelligents ne sont pas courageux et que les gens courageux ne sont pas intelligents. Je ne suis pas lâche, non, je ne suis simplement pas stupide. J'ai tué des gens pour leurs différences, pour leurs valeurs, leurs idéologies, leurs codes génétiques, ou tout simplement parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Et cela je ne l'ai pas fait parce que je crois en quelque chose de bien ou de mal, en un but particulier ou dans l'espoir de changer les choses. Non, je l'ai fait parce qu'on me l'a demandé. Sans aucune autre motivation absurde que celle de l'argent, du pouvoir et de la puissance. Je l'ai fait pour moi. En un sens, croyez-le ou non, mais cette absence totale d'adhésion aux idéologies que l'on me fait faire avancer, de par mes actions, me rend moins dégueulasse que celui qui tue parce qu'il croit. Moi, je m'en fiche, tout simplement.

    Vous voulez savoir si j'ai honte ? Si j'éprouve du remord ? Si un monstre inhumain tel que moi - car c'est, assurément, ce que je suis après tout - peut ne serait-ce qu'éprouver quelque chose ? Je ne vais pas vous dire que j'en suis fier, comme je ne vais pas non plus vous dire que je regrette. Je l'ai fait, tout simplement, et s'appesantir plus avant sur les raisons de ce choix est purement futile. Ne cherchez pas ce qui n'existe pas. Si vous vous attendiez à trouver en moi une espèce de parangon du mal en ce monde, me délectant de la souffrance des autres parce que, après tout, je suis profondément mauvais, que j'aime ça et que je n'ai rien d'autre de plus utile ou intelligent à faire de mes journées, alors vous pouvez passer votre chemin, car vous vous enfoncez le doigt dans l'œil jusqu'à un niveau profondément indécent. Je vais vous faire part d'une chose. Une chose que les gens ont, en général, du mal à comprendre et à assimiler. Je ne crois ni en Sinistre, ni en ses idéaux, ni en ses actions. Cela peut paraître surprenant d'un point de vue extérieur, mais il n'en est point. Je n'adhère pas à ses idées et, plus encore, je n'adhère pas à une idéologie qui se permet de s'imposer aux autres comme étant la seule vraie force de ce monde qu'il soit bonne de suivre. Je vous l'ai dit, je ne crois pas en une quelconque cause de ce monde, alors s'il vous plaît, ne venez pas tenter de me conquérir avec vos valeurs, vos illusions, vos espoirs et vos mensonges. Vous pensez que je vaux moins qu'un membre des X-Men humainement parlant ? Qu'ils sont le modèle de tout un chacun et que leur grandeur d'âme sera notre salut à tous dans la folie de ce monde ? C'est justement ce genre d'aliénations que je tente d'éviter de par ma relative neutralité. Je n'ai pas l'orgueil de me battre au nom des autres, pour imposer à presque tous une idéologie commune et forcée, et je n'ai pas non plus la vanité de me prétendre détenir la bonne solution aux maux de cette terre, tout en prenant position d'un seul côté pour dénigrer l'autre. Non, je ne suis ni noir, ni blanc. Je ne me voile pas la face, je me bats pour moi, et moi seul. Ça peut vous paraître égoïste, mais au moins je ne suis pas de ceux qui plongent ce monde dans la guerre pour obtenir la paix au nom des "grandes choses". La misère, la haine et la violence ne cesseront jamais tant que nous existerons, alors je ne fais que tirer mon épingle du jeu, avec les cartes dont je dispose, en évitant de me battre pour de stupides utopies ou des valeurs qui auront disparu le siècle prochain. Et en soit, vous ne pouvez pas me le reprocher non ? Car après tout, vous faites pareil vous aussi, tous autant que vous êtes, et à votre manière avec vos propres cartes. Alors, posez vous plutôt la question dans ce sens : est-ce qu'un membre des X-Men vaudrait vraiment mieux que moi ? Si vous ne me connaissez pas, alors ne me jugez pas.

    Mais, trêve de bavardages. Je ne suis pas ici pour perdre du temps en considérations futiles et inutiles. Non, je suis ici car je suis les yeux et les oreilles de Sinistre. Je suis celui qui espionne tous vos secrets, je suis l'ombre dans la nuit. La vôtre, et celle de tous les autres. Et ce soir encore, je suis de sortie. Vous me pensiez inhumain ? Alors venez avec moi.

    Venez, et je vous montrerai.

    ...........

    « L'évolution est un processus imparfait et souvent violent. Au cours du quel la morale se perd. Si bien que la question du bien et du mal se réduit à un simple choix. Survivre, ou périr. »
      [Heroes - Épisode 6]




    ~ Plongé dans le noir, à l'abri des regards indiscrets, loin, très loin de la lumière de l'astre du jour, caché aux yeux de tous et privé de Sa miséricordieuse lumière, il est des choses tapies dans l'ignorance dont l'existence même n'est qu'une vague et éphémère possibilité dans l'esprit de la pire des ordures de ce monde. Des choses qu'il vaut mieux ne pas tirer des ombres où elles demeurent si l'on ne veut pas subir toute l'horreur de la vérité. Croyez moi, l'ignorant est un imbécile heureux, et la puissance du sentiment d'angoisse glacé qui vous étreint le cœur une fois que vous savez n'a d'égal que votre totale et parfaite impuissance. Vous ne pouvez rien faire pour empêcher ça, juste vivre avec, en essayant d'oublier.

    La nuit. Pluvieuse, froide, inquiétante. Dans l'une des ruelles secondaires du quartier du Bronx, au pied d'un immeuble de taille moyenne, coincé entre une teinturerie fermée depuis longtemps et une petite épicerie miteuse, se tient l'enseigne d'une boucherie - charcuterie. Pâle et grinçante, couinant d'un cri sinistre en réponse à la brise fétide du vent, elle présente à la face du monde le sourire béat et idiot de la tête de cochon qui fait son emblème. Ironique, oui je sais. Celui qui a choisi la couverture de cet endroit possède un humour pour le moins particulier. Alors bien évidemment, à première vue, il ne s'agit là que d'une banale devanture de commerce comme il en existe des dizaines et dizaines d'autres dans cet endroit du quartier, certes discret, mais qui ne donne pas très envie de venir s'y installer. Une petite camionnette aux couleurs et à l'effigie de la boutique est stationnée quatre mètres plus loin sur le trottoir. D'un blanc sale et d'un rouge passé, en apparence aussi reluisante que la crasse qui règne aux alentours de la boucherie, elle passe son temps à faire des allers et retours en divers endroits, charriant carcasses et abats à la vue et au su de tous dans un compartiment frigorifique dont le respect des normes d'hygiène est pour le moins douteux. Seulement, ce que peu savent c'est que les dépouilles transportées ne sont, parfois, pas qu'animales, et l'écho sordide et dérangeant du spectre de la mort résonne en ces lieux, invisible, incertain, mais pourtant bel et bien présent, là, quelque part, grouillant comme un asticot frétillant dans la graisse sous la peau d'une chaire purulente et nécrosée. Les secrets qui résident en ces lieux sont aussi insaisissables qu'une ombre dans la nuit. Ça tombe bien, moi aussi.

    A l'intérieur du bâtiment, une fois passé les faux semblants et la banalité affligeante du comptoir du commerçant, on trouve, pour celui qui sait observer et écouter, la porte ouverte de cet abîme béant. Par delà la chambre froide et ses corps suspendus dans l'immobile frigidité d'une atmosphère glacée, un passage dissimulée à la vue permet de plonger plus profondément dans les entrailles de la terre. L'endroit où il mène n'est mentionné sur aucune carte car, officiellement, il n'existe pas. Officieusement, non plus.

    C'est là que je me trouve, tapis dans les ombres d'une pièce qui n'a pas d'autres issues que cette porte au blindage renforcée, du même acabit que celles utilisées pour les coffres forts des banques. Un détail, pourtant, fait toute la différence. Le but ici n'est pas tant d'empêcher quelqu'un d'y entrer, mais surtout d'empêcher quelqu'un d'en sortir. "Le couloir de la mort", voilà comment ils aiment à l'appeler. Ils ? Ce sont ces trois hommes en poste devant ladite porte, dans une petite antichambre mal éclairée, au confort sommaire mais suffisant. Ils sont juste là pour surveiller et s'assurer que rien de fâcheux ne vienne perturber la tranquillité des lieux, tant de l'extérieur que de l'intérieur. C'est un boulot potentiellement dangereux, mais plutôt facile et, avec un peu de chance, ils seront payés sans efforts. Malgré leurs airs décontractés et inattentifs, il ne faut pas s'y fier. Cette assurance dans leur façon de marcher, cet éclat d'alerte latent dans l'œil et les habitudes typiques de mercenaires, facilement reconnaissables quand on les connaît. Ce sont des tueurs. Des tueurs avec autant de morale qu'un violeur peut avoir de considération pour ses infortunées victimes, et la seule chose qu'ils servent, c'est la religion de l'argent. Ils sont cinq au total, avec un changement toutes les huit heures. Trois équipes donc. Je n'ai pas encore toutes leurs identités, mais cela n'est qu'une question de temps et aucun d'entre eux ne s'est jamais douté de la présence permanente d'une sixième personne, à savoir, moi. Ombre parmi les ombres, je suis l'empreinte fantomatique qui suit chacun de leurs pas, dansant dans la pâle lumière et me traînant au sol comme un linceul de ténèbres. Je suis là, derrière eux, suivant chacun de leurs mouvements avec fidélité. Je suis là, sous leurs yeux, et ils n'ont qu'à baisser la tête pour me voir et me parler. Je suis là, presque sur eux, et il me suffirait d'une seule pensée pour les égorger.

    J'écoute, j'observe, et je retiens. L'idée qu'un ennemi puisse être aussi proche ne leur effleure même pas l'esprit. Ils sont stupides, en quelques sorte, car c'est cette certitude qui les perdra. Je suis l'épée de Damoclès au dessus de leurs têtes, l'imprévu qui peut tout faire changer. Il suffit d'un mot de Sinistre, et c'en est fini de leurs vies. Mais non. Je n'agis pas, je n'interviens pas. Je laisse faire les choses sans interférer car, actuellement, la situation est plus profitable ainsi. Peu importe au détriment de qui. Je ne suis que les yeux et les oreilles, et c'est à un autre que revient le rôle de la voix et du bras armé. Les heures défilent, passant lentement, au rythme envoûtant et régulier du tic tac de l'horloge fixée au mur. Ils passent la plupart de leur temps à émettre des blagues crasses et grossières, à jouer aux cartes, à regarder la télévision, ou bien tout simplement à démonter leurs armes pour les nettoyer machinalement. Ils savent que si le secret est respecté, ils n'auront pas besoin de s'en servir. Ce qui se passe ici rapporte beaucoup trop pour que la mafia prenne le moindre risque. Et, pendant tout ce temps là, la massive porte d'acier renforcé reste fermée au monde. Imposante, froide, impersonnelle, elle détonne considérablement au milieu de la petite antichambre sommaire. Sous son œil, sa lourde pesanteur semble surveiller les moindres faits et gestes qui s'offrent à elle. Dernier rempart se dressant à la face du monde avant le secret qu'elle protège, il ne sait pas quand elle s'ouvrira de nouveau. Malgré même ses facilités d'espionnage et les savoirs de Sinistre, il a eu du mal à trouver enfin les informations nécessaires à la localisation de ce lieu. Mais avec de la patience, un bon réseau, une âme humaine corruptible et un peu d'argent et de moyen, il est facile d'arriver, tôt ou tard, à ses fins. Et cet endroit n'y fait pas exception.

    ***********

    « Il n'y a pas de justice dans le fait de vivre ou de mourir. »
      [Inconnu]




    ~ Au loin, plongé dans l'abîme derrière ces portes, un son flou et éphémère se fait entendre. Ténu au début, puis de plus en plus fort, il se répète avec la régularité incisive d'un métronome d'acier. Une lumière diffuse émerge alors des ténèbres de la nuit à mesure qu'avance cet écho sonore. Le bruit des talons sur le sol dur et froid de ces couloirs d'un blanc maladif et impersonnel annonce la venue de celle que ceux qui la connaissent surnomment "Le Diable", en juste hommage au monstre d'impitoyabilité qu'elle est.

    Spoiler:

    Toute vêtue de blanc, Elle Fitzgerald s'avance d'un pas ferme et assuré. Sa visite est réglée comme une horloge car les affaires sont les affaires, et du temps perdu, c'est du profit en moins. Un bandeau aussi immaculé que le reste de sa tenue sur l’œil droit, elle a beau être borgne, elle n'en n'est pas pour autant aveugle, et son regard en est d'autant plus affûté et perspicace. Escortée par deux des mercenaires de l'entrée, elle amène aussi avec elle son propre larbin, un jeune mutant à la peau verte qui la suit d'un pas rapide et maladroit, prenant garde à tout ce qui l'entoure, comme s'il s'attendait à voir surgir n'importe quoi de n'importe où. Méfiant et obéissant, attentif au moindre signe de sa maîtresse, il baisse la tête et ne parle que lorsqu'on lui pose une question.

    Spoiler:

    C'est son larbin, sa chose, son petit souffre douleur. Mais, malheureusement, la nature l'a doté d'un don plutôt rare et recherché par certaines personnes, faisant de lui un atout précieux pour qui sait exploiter sa loyauté. Sa loyauté, ou sa naïveté, en l'occurrence.

    La lumière blanche et agressive des néons ouvre le chemin devant ces visages froids et marqués, à mesure qu'ils s'avancent dans cette interminable allée. A intervalles réguliers, une porte blanche fait face à ce vide sonore, ne laissant entrevoir qu'une étroite fenêtre de verre blindé, sombre et opaque, entrevue misérable de la folie qui règne derrière chacun de ces panneaux de métal. Sans fin, les portes s'enchaînent et, sans fin, le silence règne. Les unes après les autres, elle défilent, tels des prisonniers alignés le long du mur, incarnations même de toute la dureté et la cruauté de ces lieux. S'arrêtant alors presque brusquement, Elle Fitzgerald se tourne vers l'une d'entre elles. Identiques à toutes les autres, rien ne permet de la différencier de ses sœurs. Plongeant les mains dans son décolleté, "Le Diable" en ressort alors une clé électronique, accrochée au bout d'une chaîne en or, qu'elle introduit dans la serrure. Après un léger déclic magnétique le panneau de métal blindé finit par frémir, imperceptiblement, avant de pivoter lentement sur ses gonds, dans un silence parfait. L'abîme s'ouvre alors sur le monde, et un souffle glacial vient caresser la nuque du jeune mutant à la peau verte.

      _ Son état ? »


    Sa voix, féminine, tranche avec son aspect strict et presque militaire.

      _ Critique. Chaque jour c'est la même chose. C'est une vraie loque, madame. »


    C'est le plus petit des deux mercenaires qui répond. Peut-être un des moins costauds, en apparence, mais certainement l'un des plus rusés. Ses yeux, dorés, étincellent fadement dans la lumière sans couleurs qui les entoure.

      _ Il a du potentiel, mais personne n'est intéressé. On dirait qu'il va mourir dans la minute qui suit, alors ça ne donne pas très envie. »


    Minuscule, froide, austère et presque vide, la pièce est insalubre et nocive, aussi bien pour le corps que pour l'esprit. Un unique rayon de lumière venant du couloir frappe le secret de cette salle, en laissant toujours la plus grande partie dans l'ignorance, gardant le reste dans le flou. Seul un simple trou, destiné aux besoins les plus vitaux, vient rompre la monotonie de ces lieux, quand bien même il n'est parfois même pas utilisé. Un trou, et cette silhouette sombre qui se détache difficilement le long du mur. Une silhouette voutée et maigrichonne, retranchée dans le coin opposé à la porte, laissant échapper, ici et là, quelques mots incompréhensibles dans la douceur d'un murmure invisible. Son torse, ses bras et ses jambes sont intégralement recouverts de bandages. Parfois immaculés, plus souvent ensanglantés. Il ne faut qu'un ridicule instant de réflexion à Elle Fitzgerald pour prendre sa décision, au seuil de la porte, les mains jointes devant elles et reposant sur le pommeau d'une canne épée rouge.

      _ Il rapportera plus sur le long terme. Nous le garderons. »


    Au son de cette voix, les muscles de ce qui semble être un humain se crispent sensiblement dans le noir. Semblant gémir un instant, l'odeur de la peur inonde alors complètement ses narines et occulte totalement les relents de déjections et de sang séché qui subsistent, indissociables de l'endroit. Mais il ne hurle pas, car il sait que s'il attente au confort sonore de miss Fitzgerald, son agonie n'en sera que plus dure encore.

      _ Et faite venir le healeur, il en aura besoin. »


    La voix sèche et ferme, elle tourne les talons, suivie dans la seconde d'un petit mutant tremblant à la peau verte, tandis que les ombres des deux mercenaires s'allongent dans la pièce à mesure qu'ils s'avancent vers le pauvre malheureux. Lorsque le fardeau qu'ils traînent passe devant Dimitry, celui-ci aperçoit alors clairement la lueur de folie qui brille dans l'éclat éteint de ses yeux.

    La lueur de folie, et l'étoile miroitante du reflet des néons, s'agitant à la surface des diamants qui poussent sur sa peau écorchée.

    ***********

    « Le Monde est une prison où il n'y a ni espoir, ni saveur, ni odeur. Une prison, pour ton esprit. »
      [Morphéus – Matrix]




    ~ Aiguilles et diverses tenailles résonnent encore du supplice de la chair quand on le ramène enfin dans cette cellule exécrée. La table maculée de sang, il a fallu parfois arracher les objets de cette convoitise malsaine par des manières barbares et bien peu délicates. Pour le corps, comme pour l'esprit. Ici, le monde extérieur n'existe pas. Ici, l'esprit est la seule clef qui permet l'évasion. La réalité, on ne peut plus y revenir. La réalité, on ne veut plus y revenir. L'aliénation reste le seul salut, et la mort toujours une fausse promesse d'espoir, qui leur est refusée à chaque fois. Prostré dans sa cellule, aveugle dans le noir, il ne voit de toutes façons déjà plus ce qui l'entoure. Son esprit s'égare dans les limbes d'un monde irréel, pour oublier les élans lancinants de son corps meurtri. C'est le seul repos qui lui est accordé, et c'est le seul repos qu'on ne peut lui enlever. Fondu dans l'indiscernable amas de noir de la pièce, là où personne ne voudrait être, j'observe ce mutant dormir et je réfléchis aux différents mécanismes régissant ce trafic de mutants qui s'étale sous mes yeux. Si l'enfer est sur terre, il se trouve assurément ici. M'imaginant à la place de l'infortuné, un imperceptible frisson parcours mon échine. Cette réalité est dure mais c'est la réalité des hommes. Un instant, une pensée me traverse l'esprit. Je pourrais le tuer. Le tuer, et lui offrir ainsi un soulagement qui n'était même plus attendu. Ce serait sans doute le choix le plus humain. Mais le plus problématique, car ils sauraient alors que quelque chose cloche. Un sentiment de compassion et de désolation anime mon cœur l'espace d'un instant. Je pourrais aussi le libérer, et personne, alors, ne le saurait jamais. Personne. Mais...

      _ Mais, dans ce cas, pourquoi tu ne le fais pas ? »


    Me retournant violemment, masse d'ombre dans la masse d'ombre, j'en aurait presque eu une attaque si j'avais eu un corps à ce moment là. L'enfant à la peau verte est là, me fixant de son regard innocent aux yeux constamment mélancoliques. Ne perdant pas un seul instant, je me déploies tout autour de lui dans la demi seconde qui suit, percevant ma cible par tous les angles à la fois. Quatre lames d'acier sortent alors sans un bruit de cet amas difforme de ténèbres que je suis et fusent sans mise en garde en direction de la gorge du jeune mutant.

    L'instant d'après, je suis crispé sur le sol, le corps rematérialisé de force et l'esprit noyé dans une douleur incompréhensible mais, surtout, insoutenable. Le souffle coupé, je ne peux rien faire, si ce n'est subir ces spasmes insupportables qui me font m'agiter au rythme d'une respiration saccadée. L'angoisse monte soudainement en moi tandis que l'adrénaline dope mon organisme pour le rendre plus performant. Impossible, cependant, de me saisir d'une arme, impossible de prendre la moindre drogue de combat attachée à mon avant bras et, pire encore, impossible de me retransformer en ombre. Ce dernier point est sans doute le plus terrifiant de tous, le plus angoissant. La pupille étrécie, l'œil exorbité, le petit enfant à la peau verte se met alors à changer de forme et, à la place, se tient désormais un individu aux goûts vestimentaires visiblement plus que suspects. Une lueur de malice grave dans le regard, un sourire chaleureux mais froid au coin des lèvres, je comprends alors trop tard que j'agissais sous le regard attentif de cet individu depuis peut-être le début de ma mission.

    Spoiler:

      _ Monsieur Lyov. Ravi de vous rencontrer, je suis Mister Joy. Nous avons beaucoup de choses à nous dire vous savez. »


    Se rapprochant d'un pas égal et prédateur, il se penche alors sur moi, impuissant, afin de se saisir du matériel de combat que j'utilise habituellement, venant confronter mon regard haineux sans coup férir.

      _ Mais avant, il va vous falloir sortir d'ici. Et, croyez-moi, vos petits tours de passe-passe habituels ne suffiront pas à vous sortir de ce mauvais pas. Vous voulez sortir ? Nous verrons jusqu'où vous êtes près à aller, monsieur Lyov. Pour votre vie, et votre salut. »


    S'accroupissant à ma hauteur, il plonge ses yeux clairs dans les miens, révoltés, empli de promesses pleines de douleurs et de souffrances, et me chuchote presque tendrement à l'oreille.

      _ Vous comprenez que ce n'est que lorsqu'on est privé de quelque chose qu'on s'aperçoit de sa réelle valeur... Dites moi, Monsieur Lyov, est-ce que vous la sentez, maintenant ?... »


    Pris au piège. Pris au piège dans un endroit où Sinistre trouve ses équivalents humains en terme d'éthique avec une seule idée en tête, une seule volonté : sortir d'ici le plus vite possible. Enfermé, et peut-être condamné.

      _ ...La lourde pesanteur des chaînes de la liberté ? » »
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