Rencontre sous les cerisiers en fleurs (PV Amara Aquilla)

Après plusieurs mois d’hiver glacial, le printemps venait enfin montrer le bout de son nez. Les arbres se paraient de fleurs d’un blanc scintillant, le soleil réchauffait de ses rayons les cœurs et les âmes des être vivants perclus de froid par la brise cruelle de la saison froide. Certaines animaux, sorti d’une hibernation de plusieurs mois, ouvraient leurs yeux à la vue paradisiaques qui s’offraient à eux. Tout comme ces derniers, je m’éveillais à la première lueur de l’aube et ne pouvait que sourire à cette vision.

Cinq mois s’étaient déjà écoulés depuis le jour ou j’avais été plongé dans un coma artificiel. Débarrassé de la hantise de mes 3 personnalités, il me semblait que mon sommeil avait été le plus doux et reposants de toute mon existence. Mon esprit n’étant encombré ni par d’étranges visions, ni par des rêves insensé, il s’était tout simplement reposé. Comme si une force invisible avait arrêté le temps, ou comme si la mort m’avait entourée de sont voile de satin immaculé. Que de bon moments avais-je alors passé !

Mais à présent, tout était terminé. Je n’avais plus rien à craindre de Jack, Cyndi ou de Fanya. J’étais seul maître de mes pensées et de mes actes et je découvrais ainsi un nouveau monde ou tout semblait être parfait. Comme à son habitude, l’Institut avait vu bon nombre de mutants partir, remplacé par des plus jeunes qui ne pouvaient encore maîtriser leurs pouvoirs. Chaque jour écoulé me faisait rencontré ne nouvelles têtes et j’étais ravi de partager quelques moments privilégiés en leur compagnie. Mon réveil avait également été l’occasion pour moi de reprendre mon poste de rabbin au sein de ma paroisse. Quel plaisir que de renouer des contacts avec des personnes que je ne croyais plus jamais revoir !

Ce jour, je me trouvais sur la terrasse de l’Institut et travaillais sur mon dernier sermon et jetais quelques regards furtifs autour de moi. Puis, me levant, je me dirigeais en deçà de la barrière et demeurais plongé dans mes pensées lorsque soudainement l’arrivée d’une tierce personne vient m’en tirer.

La renaissance de la mère terre était le signe que nous quittions l'hiver pour nous approcher petit à petit vers les saisons chaudes, celle que je préférais nettement. Je supportais aisément les fortes chaleurs, mais je détestais ce froid hivernal. Il faut dire que je n'avais jamais connu dans ma prime jeunesse de réel hiver. J'étais emmitouflée dans un grand manteau de laine rouge, depuis quelques temps j'étais d'humeur morose. Je me posais de plus en plus de questions sur ma place au sein de l'institut, mais aussi sur le fait de demeurer sur New-York. Si les idéaux de Xavier m'avait retenue jusqu'à présent j'étais de moins en moins sur de mes choix de vie. Après une nuit agitée j'avais fini par me lever avant que l'aurore ne pointe le bout de son nez. J'étais partie faire un petit tour dans le parc histoire de me changer les idées. Cet endroit je le connaissais par coeur, il avait bercé mon adolescence quand j'y étais moi-même élève, certain endroit portait encore les stigmates du dur apprentissage de mon pouvoir dévastateur. Ce rapprochement à la nature me rappeler un peu la forêt amazonienne que j'avais arpenté enfant. J'appréciais aussi le fait d'être éloigné de toute civilisation et de toute cette technologie qui bien souvent me dépassait. La quiétude de la nature plongeait dans le sommeil m'avait un peu apaisé mon trouble, même si je n'avais trouvé aucune réponse. Je n'avais pas fait attention à temps qui s'était comme figé. J'avais pu ainsi admirer le lever du soleil qui avait fini par percer le feuillage encore éparse des arbres. J'avais donc décidé de rejoindre l'institut pour aller prendre mon petit déjeuner. L'institut était à cette heure matinal encore endormie, bien loin du tumulte qui allait régner d'ici peu.
Je décidais de passer par la terrasse, histoire de changer un peu. Je me disais que se serait plus court pour rejoindre la cuisine et ainsi pouvoir profiter d'un bon café. Cette perspective était très alléchante. Je fus surprise de trouver déjà quelqu'un debout. Je ne le connaissais pas personnellement, je reconnus cependant l'homme qui se trouvait là. Je m'avançais donc vers lui. Je ne pouvais pas faire comme si je ne l'avais pas vu. C'était l'occasion de rencontrer un autre X-man que je ne connaissais pas vraiment.

"Bonjour, Monsieur Haller."

Je l'observais timidement, j'étais toujours mal à l'aise quand je ne connaissais pas une personne. Il m'était toujours difficile d'aborder une personne. Visiblement il avait l'air d'être occupé dans des écrits.

"Vous êtes bien matinal ? Est-ce la douceur du printemps qui vous a attiré?"

Je regardais la jeune femme s’approchant de moi avec une certaine réserve. Je reconnus assez facilement la demoiselle pour l’avoir déjà aperçue dans les couloirs de l’Institut sans lui avoir jamais adressé la parole. Il s’agissait d’Amara Aquilla, la X-woman maîtresse de la terre et du feu. La jeune femme semblait quelque peu timide et je pris garde de ne pas la brusquer et étudia ma rhétorique avec grand soin. C’était un exercice que j’avais toujours affectionné et me réjouissais de pouvoir m’y livrer. Il était la preuve que mon esprit dérangé était à présent à sa place et que j’étais de nouveau apte à m’amuser avec lui. Avec un large sourire, je hochais gentiment la tête et salua bienveillant ma nouvelle interlocutrice.

- Bonjour Mademoiselle Aquilla.

Je lui laissais ensuite aborder tranquillement la situation en l’observant simplement du coin de l’œil, mon regard tourner vers l’horizon. Sa question ne m’étonna à vrai dire que très peu. J’imaginais très facilement qu’elle-même appréciait la beauté de se spectacle. Son cœur devait alors se remplir d’allégresse à la pensée du retour des beaux jours et de cette chaleur qui lui était salvatrice.

- Je dirais plutôt qu’il s’agissait de mes devoirs. Vous me trouvez ici en pleine rédaction de mon futur sermon et quelle meilleure inspiration pouvais-je trouver que cette nature enchanteresse s’éveillant à la vie après tant de jours de sommeil. Notre Seigneur crée chaque matin des merveilles afin que ses créatures puissent l’admirer et en retirer tous ses trésors. N’est-ce donc pas notre devoir que de lui rendre grâce ?

Me rendant subitement compte que mes rêveries allaient sans doute trop loin, je retournais mon attention vers Amara, craignant quelque peu de la trouver ennuyée par mon discours. Je lui adressais alors ces quelques mots.

- Vous-même ne semblé par restée insensible à ce superbe paysage ? Le retour des beaux jours de printemps vous réjouissent-ils ?

En attendant sa réponse, je saisis la tasse de thé que j’avais posée sur le rebord de la balustrade et bus une gorgée avant de lui adressé à nouveau un léger sourire.

Je le regardais un instant un peu perdu avant de comprendre. J'avais cru au début qu'il allait sermonner quelqu'un. Un élève qui avait commis une mauvaise action puis je réalisais soudainement qu'il parlait sans nul doute d'un office religieux. Je ne comprenais pas ce principe d'un dieu unique qui aurait été à l'origine de toutes choses. Ce concept était visiblement bien ancré dans cette civilisation. Cette notion me dépassait complètement. Ce que j'avais pu apprendre au fil de temps c'est que l'humanité se battait pour ce dieu unique. Cela me dépassait totalement, quel intérêt à se battre pour le même dieu? Je décidais de me poser un instant pour peut-être approfondir mes connaissances sur ce sujet et pourquoi pas mieux appréhender ce monde. Je pris donc une chaise en face de David, je m'installait très gracieusement. J'esquissais un léger sourire un peu embarrassé parce que j'allais lui dire.

"Heuuu, sans vouloir être désobligeante, c'est votre seigneur ! Pas le mien."

J'espérais ne pas l'avoir offusqué, comme entré en matière c'était des plus maladroit. J'en avais conscience, mais je n'avais pas vraiment trouver d'autre façon de dire les choses. Il m'était totalement impossible de croire en un dieu unique. Je ne pouvais pas renier mes croyances. J'avais été bercée dans une autre religieux qui acceptait la diversité des divinités contrairement à ce que j'avais cru comprendre sur ce dieu mégalo. Ce fameux seigneur n'acceptait pas de partager sa place avec d'autre, ce que je trouvais bien égoïste de sa part.
Pour moi le retour du printemps signifiait que Proserpine venait d'être rendu à sa mère Cérès et que celle-ci dans sa bonté infinie renouvelait le cycle de la vie.

"Il est vrai que Gaia notre mère nature retrouve sa vigueur grâce à la douce clémence de Cérès. Je me réjouis de voir bourgeonner les fleurs et sentir la douce caresse de Sol sur ma peau est un vrai bonheur. Je n'aime pas l'austérité de l'hiver ni même sa rigueur qui ici je dois dire est souvent marqué par de grands froids. Même si avec les années j'ai fini par m'y habituer c'est toujours pour moi un plaisir de savoir que nous retournons vers les saisons chaudes."

J'avais fini par m'accepter ces changements de températures. Le premier hiver que j'avais passé dans cette contré avait été pour moi un véritable supplice. J'avais cru que j'allais mourir de froid. Il faut dire que part la nature de mes dons j'étais habituée à résister à la chaleur et non le contraire.

"J'aime la beauté que nous offre la nature, il est dommageable que l'homme ne vive pas plus en harmonie avec elle. J'ai l'impression que depuis quelques temps, il ne sais plus l'écouter."

J'avais toujours eu un lien privilégié avec Gaia sans doute le fait de pouvoir la ressentir au plus profond de mon être y contribuer grandement.

"Quel style de sermon préparez vous?"

Je me demandais si cela ressemblait au cérémonie organiser par nos grands prêtres ou bien si la chose était totalement différente. J'avais souvent évité d'aborder le sujet, j'avais compris très vite que mes croyances n'étaient pas vraiment au gout du jour.

Je l’observais quelques instants pour trouver la jeune fille perplexe et pensive. Les mots n’étaient sans doute pas les plus appropriés pour une première conversation. Il se trouvait tellement de personnes aujourd’hui qui se détournait de la Foi qui constituait le ciment de notre humanité. La pierre angulaire qui justifiait notre raison d’être et la volonté de faire le bien autour de nous. L’actualité et l’intolérance poussait certain à se détourner de Notre Père et d’une religion monothéiste dénaturée par les nombreuses guerres de religion et les exactions que des fidèles commettaient.

J’avais appris à vivre aux côtés de tellement de personnes différentes à l’Institut. Certains choisissait l’athéisme comme seule religion tout comme mon ami Daniel, d’autres comme Kurt aimait à se plonger dans de profonds moments de prières et rentrer en communion avec un seul dieu. On trouvait également des agnostiques, des animistes, des polythéistes… Cet endroit était un mélange incroyable de croyances et de cultures et tous vivaient dans une harmonie qui ne pouvait que force l’admiration. J’appréciais de partager des points de vue à ce sujet et ma curiosité me poussait à me renseigner abondamment sur les opinions de chacun. Je souris donc à la remarque d’Amara et l’excusa d’un bref mouvement de tête.

- Je comprends parfaitement mademoiselle Aquilla et vous prie de pardonner mes propos. Chacun de nous possède ses propres visions du monde et il m’arrive parfois d’oublier que mes croyances peuvent être différentes de celle de mes interlocuteurs.

J’écoutais alors son discours sur le retour des beaux jours et ne tarda pas à comprendre sa vision de la divinité. Gaïa et Cérès me ramenèrent au souvenir de la religion gréco-romaine qui c’était durant plusieurs siècle opposé aux différentes religions monothéistes commettant contre elles les pires atrocités. Il est curieux d’imaginer que lorsque le Christianisme fut déclaré religion de l’Empire Romain, les mêmes qui persécutaient les juifs et les chrétiens se voyaient à leur tour martyrisé par leurs victimes. Le monde ne connaîtrait-il donc jamais la quiétude de la tolérance ? Poursuivant la pensée d’Amara je tâchais de revenir sur les différentes entités qu’elle avait évoquées.

- Vous croyez donc à l’existence d’un monde régit pas plusieurs divinités ? Ma foi, c’est tout à votre honneur. Vous ne pourriez être plus respectueuses des merveilles terrestres. Tout comme vous venez de me dire, les Hommes ne respectent plus leur nature comme ils le devraient et Cerès fait preuve d’une grande indulgence à leurs égards. La planète a beau être détruites par leurs agissements, cela ne leurs empêche pas de trouver annuellement de superbe récolte. Comment feront-ils le jour où la nature les privera de tels bienfaits ?

L a jeune femme se pencha ensuite sur mes écrits s’interrogeant sur le contenu de mon sermon. Je réfléchis quelques instants afin de lui donner la meilleure des réponses possible. Nous étions à la fin mars et nous allions donc bientôt célébrer la Pessah qui faisait partie de nos célébrations les plus sacrées de notre religion.

- Je me prépare aux festivités de la Pessah, qui célèbre la fin de l’esclavage du peuple Hébreux en Egypte. Il s’agit de l’une de nos festivités annuelle les plus importantes, car c’est à cette occasion que Dieu a fait don au peuple juif du décalogue, les 10 lois divines que chacun d’eux devaient respecter. Les festivités durent 4 jours et compte énormément d’offices religieux, il faut donc que je m’y prépare au plus vite. Existe-il une célébration particulière pour le retour du printemps dans votre religion ?

Je fus un peu surprise par la réponse de David, je ne croyais pas qu'un homme de foi puisse se montrer aussi conciliant. En général j'étais souvent confrontée à l'intolérance, mais surtout à l'incompréhension. Avec le temps j'avais fini par m'y habituer. Je n'avais pas pour autant perdu mes croyances bien au contraire, elles étaient encrées en moi. Je les exprimais peut-être moins dans une certaine mesure. Il m'était cependant très difficile de ne pas y faire allusion dans mes paroles. Puisque les divinités avaient bercé mon quotidien durant toute mon enfance. Je savais que ce n'était pas commun et que beaucoup s'interroger sur de telle parole. Mes anciens camarades de classe avaient fini par croire que c'était un style que je me donnais, ce qui au fond m'arrangeais. Il n'y avait pas vraiment de lieu de culte à New-york, les temples romains n'étaient pas légion. En tout cas David se montrait fort respectueux de la différence d'autrui. Dans cette ville que je trouvais souvent si intolérante, c'était clairement inhabituel. C'était agréable de rencontrer un tel homme. Visiblement ce dernier me donnait l'impression de comprendre ce à quoi je faisais allusion.

"En effet, je suis ce que vous définissez comme une polythéiste si je m'abuse. Disons que ces notions ne me sont pas vraiment familières."

Là d'où je venais cela paraissait tellement improbable de ne pas croire à nos divinités, cela aurait été une aberration. Mais dans ce monde c'était l'inverse. Ces croyances étaient d'après ce que j'avais comprise passé de mode. Je n'avais jamais vu cet aspect sous cet angle. En tout cas il était clair que ce lien spirituel me reliait peut être plus à notre mère Gaïa que ce monde moderne.

"Quand Gaïa reniera ses enfants, alors se sera le chaos. Il n'est pas dit qu'un jour elle ne se révolta pas lassé de ses enfants capricieux. Peut être qu'il faudra en venir à une telle extrémité pour qu'enfin l'humanité prenne conscience à quel point notre planète est fragile et que l'équilibre peut être à jamais brisé."

Je n'étais pas très optimisme sur l'avenir de l'humanité. Depuis que j'étais confrontée à la modernité je voyais partout ce monde s'entredéchirer. Il était toutefois agréable de pouvoir discuter avec quelqu'un qui partager le même avis que moi. Nous avions plusieurs fêtes religieuses, elles rythmaient en général les moments forts de nos vies et marquer les saisons.

"Nous avons effectivement plusieurs fêtes. Elles sont des temps rassemblement pour notre communauté."

Je réfléchis quelques instants par rapport à celle qui serait la plus en adéquation avec ce que nous venions de parler. Il y avait si longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de pratiquer. Il n'y en avait une pourtant qui m'avait marqué, car elle fêtait la renaissance de la terre.

"la fête des ambarvales, qui se déroule souvent le 29 mai. C'est une procession en l'honneur de Cérès pour favoriser la récolte. Elle est très importante, pour nous nous prouvons ainsi notre respect envers Cérès et nous la remercions pour les futurs récoltes."

J'avais des souvenirs très précis de cette célébration. Surtout d'une époque heureuse ou ma mère était encore en vie. Je me revoyais défiler dans ma cyclas.

"Je ne connais pas beaucoup votre religion. J'ai cru comprendre que le peuple hébreux a été beaucoup persécuté. Je crois qu'il est important de célébrer les offices religieux. Vous avez je suppose de l'aide pour organiser cette fête ?"

La réponse d’Amara me fit sourire intérieurement. Je repensais alors à l’éternelle question qui déchirait l’Humanité depuis des millénaires. Il était si étrange que les Hommes puissent posséder des visions si diverses d’un même univers. Que le monde puisse être le fruit d’un seul ou de plusieurs dieux, que nous remettions notre sort entre les mains de divinités ou d’esprits, une grande partie des hommes admettaient l’existence et l’omniprésence d’une force supérieur, d’une monde que nous ne pouvions atteindre qu’à travers la mort et vers lequel nous tendions tout au long de notre vie. Prétendre détenir une vérité quelconque sur la nature de cette force et faire preuve d’intolérance envers d’autres croyances était d’autant plus intolérable que nul ne savait véritablement de quoi il retournait.

Voilà pourquoi je tâchais de conserver un esprit ouvert même envers les croyances que je ne pourrais jamais ni comprendre, ni partager. Malheureusement, il n’existait pas beaucoup de personne partageant un tel point de vue et la Foi hors temps d’Amara avait dû lui réserver bien des critiques de la part de ses connaissances. Malgré tout, la jeune femme ne semblait ne pas tenir de leur avis, maintenant avec conviction les croyances de son peuple. Devant une telle conviction, je ne pouvais me sentir qu’admiratif et curieux d’en connaître plus sur cette mythologie et ses rites que je n’avais fait que survoler durant mes lectures.

J’écoutais alors Amara parler des catastrophes qui pourraient advenir si Gaïa venait à renier ses enfants. Les propos qu’elle tint alors sur les extrémités à dépasser me surpris au plus haut point. Avec un léger sourire, je levais un regard sombre sur elle et déclara dans un soupir.

- S’il est possible que les hommes devront attendre le dernier moment avant de prendre conscience, il faut tout du moins espérer que nous n’arrivions jamais à de telle extrémité. Imaginez ce que deviendrait alors le monde. Il n’aurait plus qu’à disparaître et cela pourrait signer la fin de l’Humanité et de notre très chère Terre. Tant de catastrophes naturelles se sont déjà produites ces dernières années, et tout particulièrement pour les habitants du Japon au début de cette année. Comment interpréter un tel cataclysme ? S’agirait-il d’un avertissement que Gaïa adresserait aux humains ? Je serais assez curieux de connaître votre opinion à ce propos.

Amara me parla ensuite des différentes célébrations que son peuple célébrait, me faisant alors prendre conscience de la richesse de cette culture. Jusqu’à présent je m’étais borné à croire que la mythologie grecque ne vivait que plus que dans les livres. En cet instant, j’aurais tant voulu pouvoir me plonger dans l’esprit de la jeune femme afin de percevoir ne serait-ce que quelques images de ces festivités qui m’étaient totalement inconnue. Bien évidemment, je me refusais bien vite à de telles pratiques, préférant l’interroger en détail ce propos.

- Pourriez-vous m’expliquer plus en détail les différents rites entourant cette fête des ambarvales ? Je vous semblerais sans doute indiscret mais ce monde m’est totalement inconnu et je souhaiterais obtenir le plus de détails possibles.

Mon enthousiasme laissa tout d’un coup place à une étrange amertume. Les exactions commises à l’égard des hébreux, il y en avait eu des centaines. Voilà plus de 4500 ans qu’Abraham avait révélé une nouvelle religion monothéistes, se faisait la proie des railleries et des violences des peuples polythéistes de l’époque. Les Egyptiens, les romains, les grecs et les macédoniens avaient provoqué chez mon peuple des blessures qu’elles soignaient encore.

- Il est vrai Mademoiselle Aquilla que mon peuple n’a pas toujours eu la vie facile. Des périodes d’esclavage, d’exil et de persécution entourent leur histoire dont la plus récente date de 60 ans. Malgré tout nous avons su conserver nos traditions et notre Foi n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Je suis d’accord avec vous, les célébrations religieuses permettent de rassembler notre peuple et c’est pour cette raison que j’aimer m’entourer de volontaires de tout âge et de tout horizon afin de préparer ces journées. Je puis vous assurer que ce n’est pas une mince affaire mais c’est un plaisir pour moi de m’y consacrer pleinement. C’est un moyen pour moi d’exprimer envers Dieu tout l’amour et la gratitude que je lui porte.

J'étais d'accord avec son point de vu, j'espérais aussi la clémence de Gaïa. La déesse mère n'aurait elle pas assez souffert de l'humanité qui la maltraite sans prendre conscience du mal qu'il lui faisait. Faut il qu'elle se rebelle pour qu'enfin l'homme prenne conscience qu'il partageait ce monde avec d'autres créatures et qu'il n'était le seul détenteur de ce monde. Pour moi la fin de l'espèce humaine ne signifiait pas forcément la fin du monde.

"Et bien, ce n'est pas parce que l'humanité disparaît que Gaïa en souffrirait. La terre survivrait sans nous, nous ne sommes pas essentielles à sa continuité. Par contre sans sa protection et sans sa clémence nous ne sommes rien. Regardait les dinosaures ont régné en mettre absolue sur ce monde avant de connaitre une brusque extinction, qui a vu l'émergence d'une nouvelle espèce la notre. Je pense que quand nous disparaîtrons le vide laissé par l'humanité sera comblé par une autre espèce. C'est un cycle infini."

C'était là tout le paradoxe de ma personnalité pouvoir avoir un raisonnement scientifique tout en ayant des croyances d'une ancienne religion. Il faut dire que mon cursus universitaire m'avait aussi ouvert un peu les yeux. Je n'étais totalement inculte.

"Effectivement j'interprète toutes ses catastrophes naturelles comme un appel au secoure de notre mère. Je crois qu'elle essaye de nous avertir de faire attention à elle et aux autres espèce qui cohabite, mais que pour l'instant nous sommes sourd à son appel. Je pense que l'humanité n'est pas prête à admettre qu'il doit faire attention à ce qui l'entoure. Que ses actes ne sont pas sans conséquences et qu'à essayer de remplacer les dieux, elle ne va faire que s'attirer leurs foudres."

J'avais été bercé dans les histoires de dieux par forcément cléments et qui pouvaient se montrer très intransigeant envers l'homme qui voulait les défier. J'avais donc appris des mon plus jeune âge à respecter ses dieux, à les vénérer et à essayer de ne pas les courroucer. Je m'étais bien vite rendu compte qu'ici il n'en était rien. L'homme moderne ne se souciait rien d'autre que de sa petite personne. J'en étais peinée au début, avec le temps j'avais fini par en prendre mon parti.

"Et vous croyez que c'est une punition divine? Est-ce votre dieu qui pourrait vouloir remettre ses enfants dans le droit chemin? Il me semble que par le passé il n'a pas hésité à noyer cette humanité impure."

Je n'étais pas très sur de moi, je n'avais pas d'énorme connaissance biblique et il m'arrivait des fois de tout mélanger. Surtout que d'après ce que j'avais compris toutes les religions avaient plus au moins les mêmes fondements, mais que c'est avec l'arrivée d'un sauveur qu'elle s'était plus au moins séparée.
Je fus surprise que David me demande d'en savoir plus sur la cérémonie religieuse, je n'avais pas l'habitude qu'on me demande comment se pratiquer mon culte. J'eus l'air je pense méduser avant d'avoir un petit sourire un coin et de lui répondre d'une voix assez chaleureuse.

"En amont de la cérémonie la tradition veut que les jeunes filles tissent elle-même leur tenue qu'on appelle une cyclas. En général pendant les mois d'hivers. C'est une robe blanche qui pour l'occasion est souvent terminée par des fils d'or. Tout le village par alors en procession avant le coucher de soleil. Ce jour un animal est sacrifié en l'honneur de Cérès. En généralement c'est un cochon. Les villageois partent en procession autour des champs dont nous souhaitons la fertilité. L'animal sacrifiable doit en faire trois fois le tour, avant que la nuit soit tombée. Une fois cette procession accomplit, on immole l'animal en l'honneur de la déesse. Puis nous dispersons ses cendres dans les champs que nous souhaitons la fertilité. En général la nuit tombe et nous allumons des flambeaux pour regagner le village. Après nous dressons un grand banquet sur l'agora. C'est un moment de partage et d'unions pour le village."

C'était agréable d'évoquer ces festivités. Au combien l'évocation de ses souvenirs étaient doux. Je prenais conscience que j'avais aimé cette période de ma vie, cela me paraissait si lointain maintenant. Il y avait tant d'année qui s'étaient écoulées depuis la dernière cérémonie à laquelle j'avais pu participé.
David était chanceux de pouvoir célébrer avec les siens son culte et pouvoir partager ses croyances.

"Je comprends l'importance de votre célébration. Vous êtes chanceux de pouvoir partager ce moment avec les vôtres. C'est important de pouvoir faire perdurer ses traditions."

Je poussais un peu soupir, l'évocation de tous ses souvenirs me rappelait au combien les miens me manquait et que j'étais bien seul dans ce monde.

"Dans combien de jours auront lieu les festivités? J'espère que je ne vous retarder pas dans la préparation?"

Je me disais qu'il avait peut-être d'autre chat à fouetter que de discuter avec moi et que je lui faisais peut-être perdre un temps très précieux.

Alors que mon ton se voulait mélodramatique, celui de ma jeune interlocutrice était plus serein concernant l’avenir de notre planète. Certes l’Humanité serait certainement condamnée à disparaître mais la Terre elle resterait debout, protégée sous les hospices de Gaïa. Je me plus l’espace d’un instant à imaginer ce que deviendrait le monde sans humains. Verrions-nous alors apparaître une nouvelle espèce aussi ou bien plus évoluée que la notre ? Il est vrai qu’il existait un véritable abîme entre les dinosaures et les Hommes. Du règne des reptiles nous étions passé doucement à celui des mammifères et nous osions aujourd’hui prétendre à l’immortalité de notre gouvernance. Imaginer un monde privé d’humaine me semblait également bien étrange. Avec un sourire je levais mon regard vers la jeune Amara et lui teint alors ces quelques propos.

- Vous croyez donc qu’une disparition de l’espèce humaine serait probable et sans conséquence gravissime pour la Terre ? Voilà qui pourrait rabaisser l’orgueil de certaines personnes qui croient à la supériorité de l’Humanité sous toutes autres formes de vie. Je vous avouerais que dans ma religion ce concept serait un peu étrange. Nous voyions ce monde comme une merveille que notre Dieu a crée pour le plaisir de l’Homme qui est au centre de tout. Imaginer qu’il pourrait la faire disparaître serait totalement contre nature. C’est une bien étrange vision non ? A croire que l’Homme a ne voir le monde qu’à travers son orgueil démesuré. Il paraît impossible de croire que les plantes puissent respirer le même air que lui ou que les animaux, bien que non doté de raison, puissent avoir des sentiments aussi bien tristes que joyeuses. Il faut espérer qu’il découvrira le plaisir de vivre en communion avec la nature et qu’il pourra jouir des bienfaits de cette dernière.

Je réfléchis quelques instants aux derniers propos de la jeune fille. Les foudres des dieux ? J’avais parfois entendu parler de ces mythologies qui prédisaient des sorts tragique à tout humain qui se permettait de défier les autorités divines. D’ailleurs comme Amara le rappelait assez pertinemment nous autres monothéistes n’étions point étranger à cette vison du monde. Elle avait cependant évolué aux cours des millénaires et il n’était pas inutile de le rappeler.

- Vous avez parfaitement raison Amara. Notre Dieu a effectivement eut recours à ce genre de pratique par le passé. Méprisé par une foule d’hébreux infidèles qui ne vivait que dans la luxure et le reniait totalement, il aura pris la disposition de la noyer ne sauvant que Noé et sa famille qui emportèrent dans leur arche un couple de chaque espèce d’animal. Cependant ce dieu vengeur a laissé peu à peu place à un Dieu aimant mais malgré tout juste. Si les anciens craignaient ses foudres nous voulons croire aujourd’hui à son amour infini qui nous guide dans chacun de nos pas. La théorie de la crainte des éléments naturelles à en outre évolué dans le monde chrétien qui a adopté la théorie naturelle, qui voulait que puisque Dieu avait créé les merveilles qui nous entourent par amour pour ses créatures, il ne pouvait être qu’admirer. Malheureusement la majorité des humains semblent avoir oublié le Tout-puissant et avec lui un certain respect pour la nature qui nous entoure.

J’écoutais ensuite avec attentions les propos de la jeune fille me racontant comment ses cultes étaient pratiqué. Il me semblait percevoir derrière son discours tout l’amour et la tendresse qu’elle pouvait porter à son peuple et à ses coutumes. J’appréciais de pouvoir la voir ouvrir son monde à mes yeux envahi d’image de superbes robes, de cortèges sublimes et remplis de symbolisme et de ses champs qui se devait d’être fertiles. Je souris en pensant que ce monde était bien différent du notre. Je me tournais ensuite vers elle pour lui faire part de mes quelques réflexions.

- Vos coutumes semblent bien éloignées des nôtres en plusieurs points. Vous semblez accorder une place privilégiés aux femmes lors de ces célébrations. Nous avons vécu durant plusieurs siècles dans un monde qui n’était pas prêt à leur accorder cette place. Les femmes étaient dévolue au mission de sauvegarde de leur famille et d’éducation de leur enfant puisque c’était là le rôle que Dieu leur avaient accordé. Elle ne pouvait étudier nos livres sacrés la Torrah et le Talmud qui était l’apanage des hommes dont elles étaient séparées durant les célébrations religieuses. Fort heureusement, la société à évoluer et elles peuvent nous rejoindre à travers l’étude de la parole de Dieu. Dans certains courants du judaïsme, comme le courant réformé auquel j’appartiens, elles peuvent également accéder aux statuts de rabbine et délivrer la parole de Dieu au même titre que ces messieurs. Nous ne nous livrons plus à des sacrifices d’animaux, je ne saurais d’ailleurs vous en expliquer la raison. Evolution de la société je présume, mais nous avons tout de même conservé une certaines manières de préparer la viande d’une manière qui nous rapproche de vos sacrifice d’animaux.

Je souris à l’évocation de ces fêtes prestigieuses auxquelles les juifs participaient. Je pensais soudain à la diaspora et à la vie de mon peuple en dehors d’Israël. Le hasard avait voulu que je passe ma vie dans deux des communauté qui comptaient le plus de juifs dans notre siècle et j’étais extrêmement fier de pouvoir en faire mention

- C’est vrai que les juifs ont toujours pu se joindre en communauté durant les célébrations religieuses et ceci malgré le fait qu’ils ne vivent plus sur la même terre. Nous étions des apatrides, destiné à vivre aux côtés d’autres populations car privé de notre Terre Promise. Ils auront subit au cours de leur histoire bien des persécutions de la part des autres peuples et pourtant non rien perdu de leur croyance ni de leurs traditions. Je suis très fier d’appartenir à ce peuple de survivants, à ces élus de Dieu ! Les festivités se dérouleront à la fin de la semaine prochaine. Il est vrai que j’ai beaucoup de travail qui m’attends mais si vous le désirez, je pourrais vous la présenter afin de vous en parler plus longuement.

Je trouvais très plaisant de parler avec David, c'était un homme cultivé et qui avait visiblement mûri ses réflexions depuis plusieurs années. Je trouvais paradoxale sa vision de son tout puissant qui aurait créé ce monde uniquement pour l'homme. J'étais bien placé pour savoir qu'il n'y avait aucune logique scientifique ni même rationnel dans le fait de croire. C'était sans doute cela qu'on appelait la foi. En tout cas il me ravissait de pouvoir parler sans aucun jugement.

"Je pense que Gaïa nous chéri trop pour que du jour au lendemain elle abandonne ses enfants, cependant je pense qu'effectivement nous nous accordons trop d'importance et que notre existence n'est pas indispensable. Après tout j'ai lu quelques part que l'univers détesté le vide, il est possible que la place que nous laisserons serait vite occupée."

Je lui adressais un petit sourire malicieux. Il ne faisait aucun doute pour moi que nous serions rapidement remplacé. Cette idée était amusante dans le fond, je me demandais qu'est ce qui pourrait prendre la place de l'humanité. Ne voyant rien s'imposer comme image, je reportais aussitôt mon attention sur mon interlocuteur. Qui abordait la différence d'un dieu qui s'était apaisé.

"Ou peut être en a eu il marre que l'homme ne comprennent rien. Qui vous dis qu'il n'a pas baissé les bras. A moins que ce soit l'humanité qui soit devenue sourde à ses appels?"

Après tout pourquoi rejeter la faute tout le temps sur ce pauvre être divin qui avait fait des enfants capricieux. Il était possible que les humaines ne sachent plus l'écouter. Tout comme on avait fini par renier mes dieux et il s'était peut-être terrer dans un coin reculé de notre galaxie.
Nous abordions le sujet des femmes. Il était vrai que j'avais été assez choqué de voir que les femmes étaient assez exclus dans ce monde. Beaucoup d'entre elles subissaient des oppressions et avait en sort peu enviable, voir même pire que nos esclaves.

"Le portrait n'est pas si idyllique, mais la femme joue un role important. Si elle est exclue du droit de vote et de la politique en général, elle est la maîtresse de sa demeure. En général c'est les femmes qui font tourner les domaines surtout quand les hommes s'en font en guerre. Les jeunes filles ont la même éducation que les garçons. Je me rends compte à présent que c'est une chance d'avoir évolué dans une telle société qui donne une part importante aux femmes. L'aspect le moins gratifiant et que souvent nous sommes aussi des clefs pour renforcer le pouvoir grâce au mariage. Si avant de venir vivre ici cela ne me choquait pas depuis je dois dire que cette perspective ne m'enchante plus guère. Il n'existe pas vraiment de société parfaite.
Nous résumons le rôle de la femme à ces trois principes, celui d'épouse, de reine et de maîtresse. L'épouse étant la jeune fille convoiter pour le mariage qui apportera une futur alliance, la reine étant la femme d'influence sur son mari qui sera amenée à l'écouter et le conseiller dans ses choix et maîtresse étant le rôle domestique de la femme sur sa maison."

Il est vrai que si j'étais resté il y avait de fortes chances qu'à l'heure actuelle je sois mariée et avec des enfants. Au moins je n'aurais plus à me soucier de la misère de ma vie affective.

"Pourquoi avoir été si longtemps apatride ? Pourquoi ne vous vous êtes pas établi dans un endroit propice ?"

Cette question pouvait sembler bête, mais mon peuple avait fait le choix de quitter Rome et sa corruption pour aller s'installer ailleurs et recréer cette société sans la corruption.

"Oui je serais ravi que vous me parliez plus longuement de cette fête."

Ma religions était ouverte à toute les autres, nous acceptions volontiers les autres dieux et je savais que nous incorporions facilement les rites des autres religions.

J’adressais un sourire au jugement pertinent et juste de mon interlocutrice. Il adorait s’épandre durant des heures sur le domaine de la spiritualité et de la religion. Il s’agissait de son univers, du chemin qu’il avait choisis de suivre aux côtés de son peuple et sous la coupole bienveillante de Dieu. Tel un X-man se devait de se montrer tolérant envers les humains, je demeurais ouvert à toutes les idées sans y porter un jugement ou une quelconque comparaison. L’idée de supériorité était pour moi une aberration et jamais je ne me serais permis de critiquer Amara pour ses croyances polythéistes. Je prenais beaucoup de plaisir à cette discussion. Cette mutante était une jeune femme intelligente à l’esprit aiguisé et ouvert. Je réfléchis quelques instants à ces propos et reprit dans un sourire

- Parfois il me plairait de posséder quelques dons de divination pour voir à quoi le monde de demain ressemblera. Je me demande quelle espèce pourrait remplacer la race humaine dans toutes ses natures, qu’elles soient humaines ou mutantes. Les chimistes ne proclament-ils pas que rien ne détruit, que rien ne se détruit mais qu’au contraire tout se transforme ? Bien que n’étant pas très familier avec ce genre de matière je suis d’accord avec vous. Quelque chose prendra notre place un jour ou un autre. Je m’interroge parfois sur l’avenir de notre planète et sur les années d’existence qui lui restera encore.

Imaginer que Dieu puisse baisser les bras m’amusais beaucoup. Un être aussi parfait que lui ne pouvait nourrir de pareils sentiments. Il se manifestait toujours par l’intermédiaire de miracle ou de religieux prêts à aider leur prochain. Bien que n’étant pas d’accord avec son premier point de vue, Amarra semblait par l’intermédiaire de sa question, mit le doigt sur le véritable problème de l’humanité. Je posais sur elle un regard entendu.

- Je ne crois pas que Dieu n’ait jamais abandonné son peuple, bien au contraire il nous prouve son amour tous les jours par l’intermédiaire de rencontre inattendue, de bonheur partager ou encore des sentiments de fraternité et de solidarité. Mais la plupart des hommes ne voit en eux que le fruit du hasard. Ils ne savent plus se montrer reconnaissants et ignorent ses actes aimant. Ile ne voient que son inaction dans la misère du monde la famine, les guerres sans se rendre compte que c’est eux-mêmes qui les provoquent. Je pense que les hommes vont provoquer eux-mêmes leur propre perte.

Je trouvais que la vision de la femme à travers la culture de la femme semblait idyllique. Au fond elle était assez semblable à celle que nourrissaient les juifs. La femme avait le rôle de tenir le foyer vivant et uni et étaient remerciée pour cela à chaque cérémonie du Shabbat. Cependant les filles ne recevaient pas la même éducation que leurs homologues masculins. C’est une chose que je trouvais tout à fait honorable dans le peuple d’Amara. Cependant je restais choquer par la conduite de nos peuples à travers le mariage. Je ne pouvais m’empêcher de me poser à ce propos toutes sortes de question.

- Il existerait donc des mariages forcés dans votre culture ? Quelle cruelle vision du mariage qui à mon avis ne devrait s’opérer que par un consentement mutuel. Je comprends tout à fait votre réticence à se propos. Mais je serais curieux de savoir de quelle manière se déroule ces unions. Quelles sont vos traditions ? Votre peuple autorise-t-il les divorces ?

Laissant ces quelques questions en suspend, je m’en retournais sur l’histoire de mon peuple. Je me remémorais les théories des sionistes dont nos ennemis s’était emparée pour créée de toute pièce celle du complot international juif

- La chose était particulièrement difficile à réaliser. Nous avons été chassés de nos terres à deux reprises par des envahisseurs étrangers. Nous ne pouvions revenir chez nous et avons été forcé d’émigrer. Une partie de notre peuple est parti s’installer en Europe où il n’a cessé d’être persécuté pas leurs habitants. Les autres ont préféré demeurer au Moyen-Orient où ils ont connu une période de calme tout relatif sous le règne des musulmans. A partir du XIXème siècle le courant du sionisme est né. Ces derniers souhaitaient repartir en croisade pour reconquérir leur terre. Partir vivre dans la Palestine actuelle. Les autres puissances ne leur auront accordé ce privilège qu’après la fin de la deuxième guerre mondiale. Votre peuple n’a-t-il donc jamais connu de pareille persécution de la part des autres cultures ? Comment a-t-il pu survivre aussi longtemps ?

La jeune femme semblait être enjouée par ma proposition, ce qui me fit d’ailleurs grand plaisir. Je réfléchis quelques instants au meilleur moyen d’aborder le sujet et choisis de commencer par le début de son histoire.

- Très bien dans ce cas je me permettrais de vous poser une question au préalable. Savez-vous qui était le prophète Moïse et quelle est son histoire ?

A quoi ressemblerait le monde sans l'humanité. Je ne m'étais jamais posé la question. Tout ce que je savais c'est que j'éprouvais souvent des doutes sur mon rôle de protections envers cette humanité qui était bien souvent ingrate envers notre mère Gaïa. Le monde ne serait il pas mieux sans les hommes. Contrairement à David je n'avais pas vraiment envie de savoir ce que deviendrait notre monde, je n'étais guère optimiste pour le futur. Je préférais vivre sans trop y penser, sans trop ouvrir les yeux au risque de perdre le peu de foi qui me restait envers ce monde moderne. Possible qu'Uranus n'aimait pas le vide. Que penserait Prométhée de voir l'humanité qu'il avait crée ainsi en train de renier ses pères ? En tout cas j'admirais la vision optimiste du rabbin qui avait un moral à toute épreuve et sans doute une grande confiance en son dieu. J'étais d'accord avec lui sur le fait que nous ne savions pas nous contenter de ce que nous avions. Moi même j'étais consciente que je ne faisais pas exception à cette règle.

"Nous ne pouvons malheureusement pas y faire grand-chose. Par Jupiter l'humanité est ingrate."

C'est bien là mon triste constat, mais que pouvais je y faire ? Je luttais déjà de toutes mes forces pour éviter les dérives de mes semblables. Je ne me considérais pas comme une redresseuse de tord, ni une judiciaire. Pour ma part j'espérais contribuer un peu à préserver un peu de cet équilibre si fragile.

"et bien oui les praticiens pratiquent le mariage forcés, disons plutôt le mariage arrangé. C'est un mariage d'intérêt entre deux familles puissantes. En général les futurs jeunes mariés se côtoientdes le plus jeune âges. Ainsi les futurs époux se connaissent. Pour les plébéiens les unions sont plus libre. Ce qui entraîne au sein de notre société deux formes de mariage la confarreatio, l'unions pratiquer plutôt chez les patriciens qui reposent sur un rituel très stricte. Cela donne l'occasion d'une grande fête dictée par la tradition. L'autre la coemptio pour la plèbe est une validation du mariage au bout d'un an de cohabitation entre une femme et un homme si cette dernière n'a pas quitté le domicile plus de trois jours consécutifs. Le divorce existe, mais généralement peut pratiquer par les deux parties."

Je savais que cela pouvait paraître un peu étrange comme type de mariage pourtant c'était pour moi tout à fait normale. Je savais que vu mon rang dans notre société j'aurais connu certainement un mariage arrangé pour augmenter la puissance de ma famille.

"Nos mariages sont souvent célébrés en juin pour avoir la bénédiction de Junon."

Puis soudain ce fut la question de trop. Il était clair que j'avais parlé à coeur ouvert avec David, mais je n'avais pas pensé que j'avais éveillé sa curiosité sur mon peuple. Je me sentis soudain embarrassé. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Cependant j'avais maintenue le secret de mes origines depuis si longtemps que de briser ce silence m'était impossible même avec un collègue X-men. Je baissais le regard. J'aurais provoqué un tremblement de terre rien que pour éviter de devoir répondre à sa question. Je décidais d'éluder.

"Moise..."

Cela me parlait vaguement.

"Et bien je vais être honnête pas grand-chose. J'ai un vague souvenir d'un film et de dix plaies sur l'Égypte."

Mes cours d'histoire à la faculté avait porté dans les premières années sur l'histoire des états unis. Puis rapidement et fort heureusement pour moi je m'étais spécialisé dans la civilisation romaine, une broutille en somme pour ma part. De toute façon je ne voyais pas le rapport entre la fête dont me parler David et ce Moise. J'étais donc tout ouïe d'en apprendre plus.

Que pouvais-je donc ajouter au premier propos d’Amara ? Imaginer changer notre société par quelques paroles bien senties ne suffirait pas à la changer. Les débats étaient ainsi faits que l’on parlait sans même savoir si ce que l’on dirait aurait un quelconque impact sur les auditeurs. Pour toute réponse, je me contentais donc de lui adresser un sourire et de soupirer. Le savoir sur le devenir de l’Humanité ne nous appartenait pas à nous mais aux générations qui nous suivraient. De toute manière, connaître ce genre de secret ne nous aurait pas avancé à grand-chose. Le seul espoir que l’on pouvait nourrir était de ne jamais baisser les bras devant cette réalité et de nous battre afin d’éviter d’autres dérive de l’humanité et la dégradation accélérée de notre monde.

Je laissais donc ce sujet de côté, m’attardant sur les uses et coutumes du peuple d’Amarra. La mariage possédait dans nos deux cultures deux connotations bien différentes les unes des autres. Pour nous juifs, reflétait l’amour que se portaient deux êtres qui s’aimaient sincèrement, prêt-à-porter une confiance et une fidélité sans bornes. Ils garantissaient par cet acte symbolique la continuité de notre peuple, promettant de nous apporter une nouvelle génération qui prendrait un jour leur place sur Terre. La tradition voulait qu’une femme juive donne naissance à une fille et à un garçon mais bien évidemment le sexe de l’enfant n’était pas toujours aussi prévisible. Chez Amara en revanche tout était planifier à l’avance, le choix de la personne qui partagerait votre vie ne vous appartenait pas. J’avais peine à imaginer ce que cela représentait de devoir vivre aux côté d’un conjoint qui ne vous correspondait en rien. Cette situation entraînait-elle plus d’union malheureuse que nos mariages juifs et chrétiens traditionnels ?

- Vos traditions matrimoniales me semblent bien compliquées et codifiées. Nous ne connaissons pas de telles classifications dans nos unions malgré le fait que certaines familles nobles aient parfois organiser quelques mariages de raison, parfois même bien scandaleux entre des hommes âgée et de toutes jeunes fille, dans le but d’asseoir leur situation sociale. Pourriez-vous m’en dire plus sur les célébrations maritales de votre peuple ? J’avoue que je suis assez curieux d’en connaître le déroulement.

La réaction d’Amara vis-à-vis de ma question me fit prendre conscience de la lourdeur des propos que j’avais tenus. D’un geste brusque, je me mordis la lèvre pour me punir de ma propre bêtise. Une conversation ouverte s’était instaurée entre nous, si bien que j’avais oublié les barrières que nous nous devions de conserver. Ne la voyant pas répondre, je pris le temps de me confondre en excuses, espérant ainsi que notre conversation pourrait se poursuivre sur de meilleures bases.

- Je vous demande pardon Amara si j’ai pu vous blesser d’une quelconque façon que se soit. Cela n’était pas mon intention croyez-le bien et j’espère que vous voudriez bien pardonner ma grande sottise.

Comme je le présupposais, le nom de notre prophète n’évoquait pas grand-chose dans l’esprit de la jeune femme. Que cela ne tienne, cela ne rendrait notre conversation que plus passionnante encore. Prenant le temps de la réflexion, je laissais mon regard se perdre dans le vague tout en tâchant de me remémorer au mieux ce que les livres saints nous avaient enseigné.

- Moïse ou Moché est un des prophètes les plus importants que Dieu nous ait envoyé. Il est né dans l’Ancienne Egypte dans une époque ou le peuple hébreu était réduit en esclavage. Comme le nombre d’esclaves augmentait sans cesse, le Pharaon ordonna de tuer tous les nouveaux nés. Pour sauver son fils, la mère de Moïse le dissimula dans une corbeille et laissa le cours du Nil l’emporter jusqu’à ce qu’il fut découvert par la fille de Pharaon qui l’éleva comme son propre fils. Lorsque Moïse atteint l’âge adulte, il apprit qu’il appartenait au peuple de ceux qu’il l’avait servi tant d’année et cette nouvelle le bouleversa. Après avoir tué un garde égyptien ayant battu à mort un vieillard hébreu, il quitta l’Egypte et erra dans le désert. Là-bas Dieu se manifesta à lui, lui priant de retourner dans son pays natal pour sortir le peuple hébreu de l’esclavage. Moïse s’exécuta et vint trouver Pharaon pour le convaincre de laisser son peuple s’en aller, mais ce dernier refusa de l’écouter et Dieu déclencha alors les dix plaies d’Egypte qui amena le peuple égyptien à la famine et à la maladie. La dernière des dix plaies, sans doute la plus cruelle de toutes, tua tous les premiers nés égyptiens reprenant avec elle le fils du Pharaon. Le peuple hébreu fut alors libéré et pu partir en quête de la Terre Promise, un territoire que Dieu avait attribué à son peuple depuis bien longtemps. Moïse se rendit sur le mont Sinaï où il reçut les tables de la loi, dix commandements que le peuple hébreux devait suivre pour vivre en communion avec Dieu et avec leur communauté… la fête de la Pessah’ célèbre la libération du peuple hébreu et le don des tables de la loi.

Il se montra très prévenant quand il s’aperçut de mon trouble. Je voulais le rassurer. J'avais enfouis mon secret depuis tant d'année que moi même m'était emporté en lui parlant de nos traditions sans faire preuve de discernement.

"Ce n'est rien, je vous assure, juste un égarement de ma part."

J'esquissais un doux sourire afin de le rassurer et je décidais de me concentrer uniquement sur nos coutumes.
Je n'avais sans doute pas été assez claire sur certaines de nos traditions. J'avais entendu parlé de ces pratiques, qui s'était déroulé au moyen age surtout en Europe. Il était courant qu'un vieux seigneur épouse une jeune pucelle. Ce n'était pas le cas de mon peuple ou une telle union aurait été scandaleuse.

"Je vous rassure, il n'y a pas d'unions entre un vieillard et une jeune fille. Ce type de mariage n'aurait aucun sens. Le but est avant tout de créer une union harmonieuse et pleine d'une nouvelle descendance. Même si par ces mariages arrangés on renforce aussi sa position et sa fortune au sein de notre communauté."

L'idée que de pauvres jeunes filles furent mariées de force à des vieillards, n'avait rien de réjouissant. Si effectivement nos mariages étaient arrangés, il avait au moins le mérite d'être fait avec des gens d'age assez semblable.
David était avide de connaissance sur mes traditions, j'étais assez prolixe sur ce sujet. Je ne connaissais qu'une vision de ce qui se faisait.

"Avec plaisir, avant le mariage il y a le rituel des fiançailles. C'est une cérémonie très intimes, qui se déroule quelques jours avant la date fixée du mariage. Seul sont conviés l'entourage proche et les témoins à ce cérémonial. Les futurs mariés durant cette cérémonie échange leurs vœux sauf si le temps est orageux, car signe de mauvais présages. Qui pourrait signifier que les dieux s'opposent à cette union. Cette cérémonie constitue un engagement réciproque des fiancés devant leurs témoins et la promesse de se marier. Il arrive que quelques fiançailles soient célébrées des années avant l'âge légal du mariage afin de nouer un lien étroit entre les futurs époux.
Au court de ce rituel le fiancé passe un anneau de fer à l'annulaire gauche de la jeune fille. Cet anneau symbolise l'engagement du cœur de la future fiancée à son futur époux. Puis le jeune homme offre des cadeaux. Les présents sont souvent des bijoux ou des vêtements. La tradition veut que plus les cadeaux sont somptueux plus le mariage sera bénit de bon augure. C'est la preuve que le futur marié pourra prendre grand soin de sa future épouse. Que cette dernière ne manquera de rien.
Puis vient la cérémonie du mariage, qui est dicté par un ensemble de rites très codifié.
La veille, la fiancée s'isole avec un entourage restreint composé uniquement de femme. Cet isolement sert au rituel de purification du corps, la jeune femme se baignant dans une eau claire et d'huile essentielle. Après le bain rituel la mariée coiffe ses cheveux en six tresses ramenées autour de la tête à la manière des vestales. Puis elle enfile la fameuse tunique blanche serrée par la taille par le nœud d'Hercule. En général, c'est le père de la jeune fille qui fait ce nœud, c'est le seul homme autorisé pendant cette retraite. Se sera au marié d'enlever ce nœud, il n'y a que lui qui aura le droit de le défaire une fois la noce célébrée. Ce nœud veut sceller la fin de la vie de la jeune fille laissant place à la future épouse. Le matin du mariage, la mariée s’apprête d'un manteau couleur safran, elle chausse des sandales de la même teinte. Puis elle recouvre sa tête d'un voile orangé flamboyant sur lequel est posée une couronne de fleurs qui ont été tressé par ses soins durant sa retraite.
Puis vient le temps de consulter les dieux, on sacrifie un animal au domicile des parents de la mariée. La mariée rejoint le lieu de la cérémonie. Là son futur époux l'attend pour manger le gâteau d'épeautre, qui est traditionnellement préparé par la mère de ce dernier. Cette dégustation se fait en présence d'un prête que l'on nomme flamen dialis et du Grand Pontife qui consacre le mariage. A la fin de la cérémonie pour célébrer l'unions des jeunes gens, une matrone gardienne de la moralité joint les mains droites des nouveaux époux. Cela signifie l'engagement mutuel à vivre ensemble. Vient ensuite le banquet des noces des futurs époux, ou l'on fait bonne chère. Ce repas dure jusqu'à la tombée du soir. A l'apparition de l'étoile Vesper, on organise un simulacre d'enlèvement de la mariée qui met fin au repas. Tous les convives se mettent en cortège, portant des torches pour guider la mariée jusqu'à son nouveau domicile. Tout ceux -ci accompagné par des joueurs de flute. Sur leur passage leurs amis chantent alternativement un chant d'hyménée qui est interrompu par des exclamations rituelles. Une fois au seuil de la porte de sa future demeure on apporte à la mariée le fuseau et la quenouille, les porteuses sont souvent deux amies de cette dernière. L'époux accueille sa femme devant le domicile, celui-ci lui demande son nom. La femme répond par la formule« Ubi tu Gaius, ego Gaia » puis elle est invitée à entrer. Avant de pénétrer elle décore les montants de la porte, afin de s'approprier le domicile et d'en devenir la maîtresse. Les amis du marié soulèvent l'épouse pour lui faire franchir le seuil, rappelant ainsi l'enlèvement des Sabines. Mais c'est aussi pour éviter tous mauvais présages. Une fois la mariée entrée dans sa nouvelle demeure le cortège se retire, seul reste les parents des deux époux. Le mari guide sa femme dans l'antre principal et il lui présente l'eau et le feu. C'est le symbole de leur futur vie commune et des gardiens de la maison. Il lui remet aussi les clés de la demeure. En retour la jeune femme offre trois pièces de monnaie. L'une à son époux, l'autre aux lares gardiens du foyer, la troisième au dieu du carrefour pour qu'il éloigne tous les futurs maux de son domicile.
Enfin les parents se retirent laissant le nouveau couple, consommer le mariage."

Je rougis un peu en prenant conscience de ma dernière parole. Dire cela à un homme d'église me dérangeais un peu du coup. C'était dans la tradition que les jeunes époux consomme le mariage aussitôt marié.
Je décidais de rebondir un peu par rapport à ce qu'avait évoqué David.

"Je vois c'est un évènement important. Le fait de retrouver la liberté. Je comprends votre attachement à une telle cérémonie. Ces lois guident t'elles encore votre peuple ? Vous parlez de votre terre promise, mais vous l'avez tard. Je suis un peu perdu."

Il y avait quelques choses qui m'échappais. J'avais du louper un épisode. Je me sentais confuse de ne pas trop bien comprendre.
Quoi qu'il en soit je comprenais mieux l'importance de cette fête. C'était pour son peuple l'abolition de l'esclavage. Cependant cela me ramenais à une autre réalité, celle qu'il existait toujours au sein de ma terre natale. Je n'étais pas spécialement fier de ce fait, cependant il n'était pas aussi cruel qu'on pouvait le penser.

Les quelques paroles d’Amarra me rassurèrent énormément. Je fus soulager de pouvoir poursuivre cette conversation fort plaisante avec mon interlocutrice. Mais je ne pouvais oublier l’air maussade qu’elle avait affiché l’espace d’un instant. Vivre loin des siens, au milieu d’une culture totalement différente, devait être une grande souffrance pour elle. Tout comme elle l’avait été pour ses juifs qui, durant la deuxième guerre mondiale, étaient parvenu à s’échapper de leur prison pour se réfugier dans des familles chrétiennes dont ils ne partageaient nullement les croyances. Ils avaient survécu certes, mais à quel prix ? Nos racines sont l’essence même de notre vie, elles si elles nous sont retirées se sont nos fondations mêmes qui s’effondrent. Nous nous sentons solitaire, perdus dans un monde dont les valeurs nous sont totalement inconnues. Nous perdons tout point de repère et si nous n’avons pas la force de nous acclimater à nos nouvelles vies, nous finissons par dépérir. J’admirais véritablement la philosophie et le courage dont faisait preuve la jeune femme.

Nous nous attardâmes ensuite sur la question du mariage dans nos communauté. J’avais été tout d’abord un peu surpris par la vision du mariage du peuple d’Amarra, mais à présent je me sentais rougir de honte à l’idée des mariages que les chrétiens avaient pu célébrer. C’était sans doute un comportement très singulier de ma part, les fondements du mariage dans la vision des chrétiens et des juifs était totalement différentes l’’une de l’autre. Mais je ne pouvais pas oublier que ces phénomènes se produisaient en Europe et je m’étais toujours senti plus européen qu’Israélien. C’était une conduite tout à fait scandaleuse qui avait brisée des milliers de jeunes filles vouées à une union des plus atroces.

- Je trouve votre idée du mariage très juste ; à quoi bon imaginer des mariages impossibles qui ne pourront finir que dans les larmes ? Ils faut avant tout songer à la continuité de la famille et leurs enfants ne peuvent espérer bien s’épanouir que dans une famille équilibrée.

Car oui il ne fallait pas les oublier. Les enfants constituaient la base essentielle de la famille et cela qu’ils soient nés d’un mariage d’amour ou de raison. Imaginer ces jeunes filles tout juste devenue adultes donner naissance à une progéniture grandissant aux côtés de deux parents qui ne partageaient rien me faisait littéralement horreur. Les juifs n’autorisaient pas ce genre d’union et préconisaient au contraire des mariages d’amour ou la création d’une famille et le renouvellement de la génération étaient deux choses très importantes.

Mon interlocutrice me parla ensuite de la cérémonie du mariage qui m’intéressait beaucoup. Les explications d’Amarra démontrait que son peuple possédait une culture riche et au fond bien moins primitive que ce que certains monothéistes prétendaient. La cérémonie des fiançailles, le respect dû à la fiancée, la cérémonie du mariage tous ces éléments ne rendaient ces instants que plus magique. L’espace d’un instant je fermais les yeux et, sans tenter de pénétrer l’esprit de mon interlocutrice, tentait d’imager chacun des détails de la cérémonie qu’elle abordait. Je ne les rouvris que lorsqu’Amarra ait eu finit ses explications. Avec un large sourire, je lui adressais alors ces quelques mots.

- La dimension que vous apporter à cette cérémonie est tout bonnement splendide. Vos dieux semblent vous accompagner à chaque pas franchi, vous devez avoir un respect exemplaire pour eux. Vous accommodez-vous facilement de toutes ces règles ? Ce n’est après tout pas une mince affaire. Vous arrive-t-il de répéter ce cérémonial avant le grand jour ?

Je retournais ensuite à ma religion et me réjouis de constater avec quel intérêt Amarra avait suivi mon discours. Toutes ses questions prouvaient qu’elle avait véritablement envie de la découvrir et m’encourageais à poursuivre.

- Nous considérons que ces lois nous ont été donnée par Dieu en personne, elles nous guident tout au long de notre vie et nous aide à savoir ce que Notre Père attend de nous. Violer ses commandements correspondrait à une faute ou à un péché dont nous devrions nous faire pardonner par Dieu et par nos semblables espérant qu’à notre mort nous pourrons rejoindre Dieu sans que notre âme ne soit souillée. Nous autre juif croyons à cette rédemption, à cette capacité de nous faire pardonner, mais nous devons pour cela avouer nos péchés et faire pénitence. Mais peut-on véritablement espérer qu’un meurtre, un vol ou un adultère puisse nous être pardonné ? C’est une question qui est toujours débattue dans les plus hauts dignitaires religieux. L’éternelle séparation entre l’Enfer et le Paradis. Après la promesse que Dieu avait fait au peuple hébreu, ces derniers la rejoignirent 40 ans après avoir erré dans le désert. Cette errance était la conséquence d’une faute commise par les hébreux qui, ayant perdu toute confiance en Dieu après leur sortie d’Egypte et leur long périple jusqu’au pied du mont Sinaï, s’étaient livré à la vénération de divinités que nous monothéiste appelons « profane ». Cette histoire pourrait rejoindre ce que je vous disais à propos de la pénitence que nous devons observé après avoir commis un péché.

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