Merces letifer. [PV Warren Worthington]

-Madame Queen, Monsieur Bloomberg, je suis ravis d'avoir pu aider dans cette médiation, dis-je en serrant successivement la main de la Speaker du Conseil municipal de New York et celle du Président du borough de Manhattan.

Le quinquagénaire sourit, fort de sa victoire écrasante, et quitta ma suite en réajustant son feutre. Emma Queen ne comptait pas partir aussi calmement....

-Je peux savoir pourquoi t'as cherché à m'entuber ? commença la Speaker alors que je me rasseyais derrière mon bureau, admirant Manhattan sous la lune depuis la grande baie vitrée.
-Je peux savoir pourquoi les chantiers des docks sud vont encore revenir aux italiens ? rétorquais-je froidement en pivotant sur mon siège.

Emma avait acceptée une première rencontre avec moi, un nouveau seigneur de la rue parmi tant d'autres. Elle m'avait demandée de faire casser les piquets de grève devant le Madison Square Garden, j'avais accepté. Elle m'avait demandée de faire "rentrer dans le rang" trois membres du Conseil municipal, encore une fois j'avais accepté. Mais lorsque j'ai enfin demandé un renvoi d’ascenseur concernant un chantier soutenu par un budget de trente millions, elle avait fait mine de chercher dans sa poche avant de sortir son majeur fièrement dressé. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne s'était pas découragée pour autant : voilà qu'elle m’appelait à l'aide concernant une histoire de bornage dont je n'avais rien à faire. C'était l'occasion à saisir pour mettre les choses au clair. Les présidents de borough sont les pantins du maire, favoriser Bloomberg c'était faire du pied à la mairie, au nez et à la barbe d'Emma Queen.

-Je sais ce que tu veux, Emma, continuais-je en jetant un bref coup d’œil à ma montre. Tu veux t'asseoir à la mairie d'ici un ou deux ans. Pour ça il y a trois façons d'y arriver : la bonne façon, la mauvaise façon et ma façon à moi.
Elle voulu rétorquer, je ne lui en ai pas laissé le temps.
-Annule tes budgets, revote le projet de financement et donne moi les chantiers sud. Maintenant, dégage : j’attends du monde.

Comme pour appuyer mes derniers propos, Yamamoto Isoroku s'approcha d'elle, son manteau sur le bras. Toujours sous le choc du revirement de la situation, Emma Queen s'en alla sans rien dire. C'est par le plus grand des hasards que j'avais pu rencontrer un président de borough, un des vizirs du calife, tout était allé si vite. Mais j'étais persuadé qu'après ce coup d'éclat, mon nom commencerait à marquer durablement les esprits de la City.

-Worthington ne devrait pas tarder, dis-je à Yamamoto en regardant encore une fois l’oméga qui était accroché à mon poignet. Préviens la réception : qu'ils se tiennent prêt si nous commandons.

Warren Worthington Président Directeur Général de Worthington Industries. L'un des hommes les plus riches d'Amérique et probablement le plus riche de New York. A mes yeux il était d'abord un homme d'affaire, avant d'être mutant. Il ne fallait ni se fier à ses yeux rêveurs ni à sa jeunesse, au milieu des requins de la finance qui nageaient en eau trouble Warren était un aigle pêcheur ; souvent inattendu, toujours mortel. C'est grâce à des coups de maître digne de Norman Gecko que le jeune homme pouvait se payer -littéralement- une droiture d'esprit plus blanche et éclatante que celle de Mère Térésa. Autrement dit, la partie n'était pas finie, et le jeu restait serré. Soit je réussirais à convaincre Warren Worthington de travailler avec moi, soit avant demain matin ce qui me servait de blanchisserie serait racheté. Inutile de préciser que sans blanchiment j'aurais une masse de liquidités inutilisables.

Mais cette entrevue -probablement plus importante encore qu'un diner avec le Président- n'était pas uniquement une question d'argent. La notoriété du self made man que j'étais en serait touché, en bien ou en mal. Pour le moment le nom de Coffin n'évoquait rien de néfaste pour la justice ou la presse, j'étais pour ainsi dire un inconnu dans le milieu de la finance. Un homme ayant fait son chemin et ayant posés ses valises il y a peu à New York. Officiellement, j'avais du talent, un sens rusé des affaires, sans plus. Évidemment, en coulisse, le cassage de genoux était ma principale marque "d'OPA agressive" quant au trafic de drogue il me permettait ce "sens rusé des affaires". Mais grâce à des hommes comme Norman ou Vladimir je pouvais me vanter d'avoir des relevés de compte d'une blancheur aussi étincelante que ceux de la Worthington Industries.

-Samuel, lançais-je aux hommes de lois penchés sur des dossiers en me levant de mon bureau. On traitera le dossier colombien demain matin. Norman, tu peux rester, on pourrait avoir besoin de toi.

Samuel Goodman me dit au revoir et quitta la suite de l'Astoria. Norman quant à lui replongea son nez dans les dossiers de mes sociétés, revérifiant une énième fois si une coquille ne s'était pas glissé entre deux livres de compte. Pour ma part, j’eus à peine le temps de me passer une main dans les cheveux et de défroisser mon costume que Yamamoto rouvrait la porte sur mon invité.

-Monsieur Worthington, m'exclamais-je en avançant vers le mutant. Ravis que vous ayez accepté de me rencontrer.
Estimant que c'était l'instant de vérité, j'ai tendu la main.

Mr Coffin. Un homme qui commençait à faire parler de lui. Quelques mots à son sujet tout d'abord, un nom qui s'échappait des lèvres, se perdait puis revenait finalement, fidèlement jusqu'à ce que les gens le retiennent. Warren ne savait pas ce que lui voulait cette personne, il savait juste après études qu'il était apparemment honnête; ses comptes étaient vierges de toutes finauderie douteuse dont beaucoup étaient adeptes dans le monde des affaires. Est-ce que l'ange y croyait réellement? Non, enfin, pas un non définitif; après tout c'était possible puisque feu son père si bardé de défauts soit-il avait toujours été droit et que lui même ne se laissait pas berner facilement; restant dans le bon chemin... Sans compter qu'Angel avait aussi rencontré d'autres personnes du même acabit, après tout il ne pouvait pas se vanter d'être le seul dauphin dans l'océan des affaires. Mais disons qu'après l'expérience MuTavie qui devait trouver des remèdes contre certains handicaps ou maladies grâce au gêne X, le jeune homme se méfiait beaucoup. Derrière cette couverture et cette femme quadragénaire d'une détermination inébranlable se cachait une entreprise affreuse financée par son propre argent. Sa PDG en qui il avait confiance s'était faite manipulée malgré elle et c'était morte que Mary avait été retrouvée... Le mutant après avoir fermé ses portes à toute sorte de partenariat les rouvrait aujourd'hui mais de manière discrète, timide et prudente.

Pour cette rencontre que Warren avait accepté, il s'était aménagé un gros temps libre sur son emploi du temps. L'institut Charles Xavier lui prenait pas mal d'heures sur ses journées car c'était sa véritable vocation. Néanmoins en bon héritier il avait été dressé à garder le patrimoine et même à le gonfler; ainsi sa loyauté envers sa famille même si son père était mort sans avoir obtenu son pardon le poussait à continuer. Sans compter que le mutant employait trop de gens pour tout laisser tomber et partir pour l'institut à jamais. Il ne voulait pas que Worthington Industries soit entre de mauvaises mains, et surtout ce milieu était malgré lui et malgré tout le sien. Sans être un requin, Warren était incisif, il donnait facilement pour des associations si celles-ci avaient prouvé leur véritable existence et qu'il avait longuement discuté avec les directeurs. Non pas qu'il manque d'argent, même en commettant folies sur folies il n'en aurait pas assez pour en finir avant de mourir de vieillesse-quoique, vu que son facteur régénérant semblait grandement ralentir le processus...- mais par principes, non, le jeune homme ne distribuait pas sa fortune à n'importe qui.

Mais le plus dur à obtenir de la part de Warren était son nom. Loyal envers les siens, le mutant ne voulait pas entacher cette propriété précieuse et unique bien qu'il l'eût déjà fait clamaient les plus enclins à la violence en étant ce qu'il était: un mutant. En parlant de ça, devait-il rester lui-même ou cacher? Optant pour un entre deux, le jeune homme mit un smoking troué dans le dos pour laisser passer ses ailes, ce serait plus confortable ainsi et il se sentait plus en sécurité avec cette liberté de s'envoler dans la seconde... En revanche il passa un long manteau beige qui descendaient jusqu'à ses pieds; recouvrant ainsi le smoking grisé parfaitement coupé et neuf, adapté à sa morphologie.

Warren hésita entre prendre sa voiture de sport qu'il conduisait seul, un petit bijou pas trop clinquant mais puissant sous ses allures de petite demoiselle ou bien sa voiture avec chauffeur, là encore assez sobre, montrant le caractère modeste du personnage. Il n'empêche que la seconde solution donnerait déjà une image plus "classe" et sérieuse, comme un homme qui vient non pas demande une faveur mais en accorder une (ou non). Il se laissa donc conduire par Mr Smith, un chauffeur bedonnant au crâne dégarni, la cinquantaine mais qui avait la classe et savait parfaitement quel était le "code" qui régissait toute cette haute société. Ce dernier ouvrit la porte à son patron avec un léger sourire lorsque ce dernier l'avait salué avec chaleur, presque indéfinissable et terriblement rare chez lui. S'il s'exécutait de la sorte avec une minutie hors du commun c'était normal, même un homme qu'il haïssait obtiendrait cette attention puisque c'était son boulot mais le sourire prouvait bien que Warren était un chef apprécié.

Râlant légèrement contre les embouteillages qu'il aurait pu éviter en volant, le jeune homme mit un peu de musique puis les informations, il était content d'être parti en avance afin d'arriver à l'heure. Cela aurait été plus facile de venir par les voies du ciel mais atterrir sur le toit de l'entreprise de l'homme à rencontrer ne serait pas forcément une bonne idée. Lorsqu'ils furent enfin arrivés, Warren sortit seul de la voiture, donna ses directives au chauffeur, le remercia bien et marcha jusqu'à l'entrée. Personne ne l'accompagnait car le jeune homme estimait être assez grand pour se débrouiller face à Matthew. Ce n'était pas de l'impolitesse, juste un désir de rester simple. Ce n'était qu'un premier rendez vous et le mutant savait pertinemment qu'il n'avait qu'à appeler un de ses avocats qui accourrait si l'affaire était conclue... Enfin l'affaire, ça c'était le plus gros mystère, que pouvait bien lui réserver ce Mr Coffin? Warren savait à peine pourquoi l'homme l'avait contacté-il devinait à peu près qu'il s'agissait de travailler ensemble et non de lui vendre quelque chose.-, beaucoup auraient refusés sans "raison valable" mais pas Worthington Junior, il savait qu'un silence pouvait cacher une affaire juteuse et que tout ne se disait pas au téléphone-même si c'était honnête, il fallait mieux cacher certaines choses à la concurrence.- ou que l'on ne pouvait pas expliquer-même en le voulait bien- autrement qu'en face de la dite personne.

Une japonaise lui ouvrit ~~[y'a ma moto garée dans le parking, c'est bien ça *sort*]~~ alors qu'un autre homme sortait. Warren salua la femme aussi poliment que si elle avait été une dame du grand monde puis ses yeux d'un bleu intense se posèrent sur le presque quadragénaire qui venait de le saluer. Ce dernier s'était avancé après s'être exclamé avec une certaine "joie". Il lui tendit automatiquement sa main... Probablement se fichait-il que Warren soit un mutant ou bien pensait-il à l'argent de ce dernier ainsi qu'à son carnet d'adresses pour ne pas être dégoûté. Certains n'y parvenaient même pas. Chassant cette question intéressante de son esprit Angel serra la main qui lui était tendu avec courtoisie, il inclina légèrement la tête et salua son aîné avec la même voix chaleureuse que ce dernier. Néanmoins, ses yeux perçants étaient fureteurs, il regardait autour de lui de manière automatique, ne perdant rien du spectacle qui s'offrait à lui.

-Bien le bonjour Monsieur Coffin. De rien... Et maintenant, si vous me disiez pourquoi vous m'avez si gentiment invité?

Direct, incisif tout en restant aimable. Warren était sincèrement intéressé par l'homme, sinon il ne serait pas venu mais il était là pour affaires pas pour discuter gentiment même si tout pouvait se passer dans la bonne humeur, ce qui serait le mieux à prévoir pour les deux partis. Le mutant faisait beaucoup dans l'humanitaire mais pas seulement, c'était aussi un homme d'affaires. Prudent et intéressé il jeta un coup d'oeil autour de lui; évaluant la tenue de l'établissement. Rien que ce fait pouvait lui donner une idée du caractère du personnage: si le ménage n'était pas bien fait par exemple Warren pouvait carrément décider qu'à partir de ce moment c'était fichu. Cependant, ne trouvant rien à redire pour l'instant il attendit docilement qu'on le guide, n'enlevant pas son manteau. En effet, c'était à l'homme de lui signifier s'il le pouvait ou pas car Warren savait que sa mutation gênait parfois et il n'en voulait pas à ces personnes... Ses ailes étaient certes magnifiques mais n'en demeuraient pas moins "anormales" et il essayait de se montrer compréhensif envers ces gens du moment qu'eux même faisaient des efforts. Gêne et dégoût, confusion et intolérance n'étaient pas la même chose.

Effectuant un pas, le mutant regarda de nouveau Yamamoto ~~[mal garée]~~ mais revint bien vite à son hôte pour attendre sa réponse. D'un geste de la main il remit ses cheveux mi long-qui le différenciaient encore un peu plus de la plupart des gens de ce milieu- en place puis laissa retomber sa main contre son manteau. L'autre tenait une petite mallette noire contenant quelques informations essentielles pour toutes affaires, un plume particulièrement joli, unique et fait à sa demande ainsi que son agenda.-

HJ- Le Waldorf-Astoria est un luxueux hôtel de Manhattan, Matthew y a une suite mais l’hôtel ne lui appartient pas. Désolé si je n'ai pas été clair. -HJ

-Pour du travail, je le crains fort, répondis-je en souriant un peu faussement à Worthington. Mais je vous en prie, mettez-vous à l'aise...

Yamamoto débarrassa le jeune homme de son manteau, lui permettant à loisir d'étendre ses ailes, la taille de la suite le permettait et aucune personne présente ici n'était mal à l'aise. Waren Worthington n'était pas le premier mutant avec qui je travaillais, il en était de même pour Yamamoto, quant à Norman il avait assez de professionnalisme pour faire abstraction du phénomène. A vrai dire je n'avais pas choisis Waren au hasard. Jeune, honnête et mutant par dessus le marché, une couverture idéale faisant voler en éclat le moindre soupçon de la justice. A le regarder droit dans les yeux, même accusé de meurtre au premier degré j'étais persuadé que l'ange aurait pu faire basculer n'importe quel jury de son côté.

-Si vous voulez bien me suivre...

La suite comprenait une pièce principale qui était éclairée en pleine journée par une baie vitrée contre laquelle j'avais fait placer mon bureau. Tables basses, fauteuils et canapés composaient le reste du mobilier. J'ai préféré, pour plus de solennité, mener Warren dans la salle à manger située dans une autre partie de la suite, prolongeant la baie vitrée. Il y avait une table excessivement longue entourée de chaises baroques confortablement matelassées. De là, on pouvait encore mieux admirer Park Avenue illuminée dans la nuit, des grattes ciels aux magasins de luxe... Cette vue offrait une sensation de liberté étrange, comme si on se trouvait suspendu au dessus de ces beaux quartiers. C'était assurément le panorama idéal pour faire signer un contrat.

J'ai pris place en bout de table, Yamamoto décala la première chaise à ma droite indiquant implicitement à Warren où se placer -en l'occurrence, la grande baie vitrée lui faisait face. Norman pour sa part, pris place en face du mutant.

-Si vous souhaitez commander quelque chose n'hésitez pas, expliquais-je à l'homme d'affaires. C'est l'histoire d'un simple coup de téléphone.

Je me suis emparé d'un dossier que me tendait Norman, je l'ai fait passé à Warren.

-D'abord il y a Express Investment, commençais-je après avoir posé le dossier sous ses yeux. Entreprise d'import-export au chiffre d'affaire passable et à la capacité d’autofinancement médiocre, je possède 23% de cette entreprise. Ensuite il y a Sky Corp, leader sur le marché aéronautique, fournissant les plus grosses entreprises d'import export. Prenons maintenant les tracés des prochaines lignes aériennes situées en page 5. A ces trois éléments j'ajoute ce facteur : le joint d'étanchéité sur la porte de soute des DC-10.

Comme stipulé dans le dossier, Sky Corp fournissait en appareils toute les entreprises pouvant répondre à ses prix exorbitants, la majorité des concurrents d'Express Investment en faisait partie. Mais ce problème détecté sur la porte de soute avait la fâcheuse tendance d'expulser en plein ciel les marchandises que l'on plaçait dans les avions défectueux. Ce qui avait eu pour résultat une flotte entière d'avion cargo clouée au sol suite à l'enquête menée par le Secrétariat d'Etat aux Transports. Express Investment n'ayant jamais passée de commande à Sky Corp elle pouvait continuer à faire voler ses avions. Mais je pensais aller même plus loin : l'ouverture prochaine de nouveaux couloirs aériens permettrait à Express Investment de prendre la première place sur le marché.

-Pour ça il faut que je devienne actionnaire majoritaire de cette entreprise, dis-je en fixant Warren. Or je n'ai ni les fond suffisants, ni la réputation assez solide pour me permettre un tel coup de bourse. Je ne suis personne dans ce milieu, si je m'accaparait subitement Express Investment on me rachèterait immédiatement. Par contre, si ce rachat est effectué avec les fonds de la Worthington Industries on m'accordera le crédit nécessaire.

L'histoire comportait plusieurs zones d'ombres, notamment concernant les nouvelles lignes. De quoi titiller l'homme droit qu'était Warren, mais surtout de quoi me faire plonger si je m'expliquais mal. Cependant l'occasion était si imprévue, si énorme, j'espérais que l'homme d'affaires qu'était Warren prenne le pas sur le X-Men.

[HJ: non ma faute... désolé!]

Warren suivit l'homme dans la suite luxueuse mais sobre, il avait remarqué que Mr Coffin l'était, cheveux plaqués en arrière, impeccable, physique clairement italien et tenue parfaite mais sans excédent de quincaillerie. [HJ: selon ta fiche, si ce n'est pas bon dis moi] C'était ce qu'aimait Warren. Le mutant avait noté mentalement le nom de cet hôtel que curieusement, il ne connaissait pas vraiment. Enfin curieusement... Au fond pas tant que ça, possédant plusieurs logements-uniquement pour des placements en cas de faillite soudaine ou de catastrophes, pas pour s’enorgueillir.- il n'allait donc pas souvent à l'hôtel. De réputation cet endroit était bien classé, c'était un établissement sérieux et agréable selon beaucoup de critiques. Tant mieux, ils seraient donc tranquilles pour parler et Warren ne doutait pas que l'italien ait tout préparé.

En effet, il fut mené dans une salle donnant sur une immense baie vitrée. L'ange ne put résister à sa contemplation pendant quelques longues secondes, ses yeux d'aigle scrutèrent rêveusement le ciel étoilé comme toujours lorsqu'il se trouvait derrière une vitre; l'envie de s'envoler le submergeait alors, après tout c'était sa nature première. Néanmoins il ne le fit pas -sans blagues xD- et s'assit sagement où Yamamoto qui semblait muette voulait le mettre. Les sièges étaient confortables et Warren était bien content que l'homme le laisse libre de ses mouvements, un bon point pour lui. Lorgnant le dénommé Norman qui s'assit face à lui sans se présenter, le jeune homme se tourna ensuite vers l'italien qui disposa un document face à lui.

Marquant son étonnement face à Norman tout aussi muet que Yamamoto le mutant inclina légèrement la tête pour le saluer puis regarda le dossier. Il écoutait l'homme dans le même temps, réfléchissant aux réponses à donner. Une chose était sûre, c'était très engageant comme affaire, alléchant même mais Warren ne se laisserait plus si facilement embarquer après MuTavie et il allait se faire désirer tant pour s'assurer de la droiture de l'affaire, de celle de Matthew mais aussi par "jeu" car il en était ainsi dans le monde des finances; les grands savaient se faire désirer pour voir si les "petits" avaient la volonté, la détermination et le talent nécessaire à les convaincre. Coffin était plus âgé que Warren mais c'était à lui de faire ses preuves. Malgré la richesse de son paternel Worthington Junior aussi avait dû passer ce cap, cela avait été encore plus dur pour lui justement d'égaler voir de surpasser un homme aussi bon que son géniteur. Il avait fallu en plus rétablir sa réputation vu que même sur son lit de mort, il avait choisi de ne pas pardonner à son père-et le regrettait désormais.- Déjà adolescent le jeune homme s'était retenu de "vivre" pour que ses mauvaises actions éventuelles ne soient pas notées dans un coin de tête des juges. Plutôt que de cacher des pots aux roses, le mutant avait préféré ne pas planter de ces dangereuses plantes piquantes derrière lui. C'était plus difficile mais tellement plus sécuritaire! Pas de traces à cacher, pas de roses qui égratignent ni de pots qui se cassent... Et Mr Coffin devait prouver qu'il était du même acabit car bien que l'affaire soit juteuse, Warren n'avait pas besoin de ça pour que son entreprise vive ou même se développe.

-Et les nouvelles lignes, qu'en est-il?

Demanda immanquablement l'homme d'affaires comme son interlocuteur s'y était attendu. Fronçant légèrement un sourcil, le mutant regarda bien tous les documents, s'attardant sur tous les détails. Il releva ensuite la tête, après un long silence qui en disait long sur sa concentration le jeune homme se rassit plus confortablement dans sa chaise-sans faire négligé pour autant.-

-Pourquoi Worthington Industries? Il y a des intermédiaires... Je veux dire des entreprises assez réputées pour que vous ayez du crédit en vous associant à elles mais pas assez pour refuser une offre aussi intéressante, car elle l'est je le reconnais. Seulement autant vous le dire de suite, je peux me passer de vous pour faire monter Worthington industries, florissante ces temps ci par ailleurs. Le seul chiffre d'affaires ne servira pas à me convaincre, je mets mon nom en jeu et c'est une priorité, ça passe avant l'argent. Je ne sais pas si vous connaissez ma réputation mais je fais tout pour non pas l'entretenir mais la mériter... Alors Monsieur Coffin, pourquoi viser aussi haut des suite et ne pas être allé voir mes concurrents?

Ceux-ci étaient un eu en difficulté, voir beaucoup. Après avoir essayé de l'enfoncer avec le projet MuTavie ils avaient mordu la poussière. Pendant un temps c'était Warren qui avait souffert mais une fois lavé de tous soupçons, preuve à l'appui, démontrant qu'il n'était pas au courant de ce qui se produisait dans les sous sols de cette entreprise rachetée, sa réputation en était sortie encore plus "blanche", plus grande; ce qui ne voulait pas dire que Warren reprendrait ce risque. Certains faisaient même exprès de laisser naître ce genre de projets malsains pour s’octroyer l'honneur de les démanteler quitte à perdre beaucoup d'argent. Pas le X-Man. être honnête était très difficile mais il essayait de continuer dans cette voie même si ça lui compliquait beaucoup la tâche. S'il y avait une chose que Warren avait admiré chez son père c'était bien cela: la droiture, aussi il se faisait un devoir de suivre ce chemin, sa manière sans doute de prouver qu'il avait aimé le défunt malgré leur discorde concernant sa mutation et sa mère.

-Je prendrais bien un café s'il vous plait. Un café au lait...

Warren était très à l'aise, il restait bien entendu poli, courtois mais détendait un peu l'atmosphère en montrant à Mr Coffin qu'il était réceptif à ses offres. Toutefois même s'il n'avait pas mangé, encore jeune Warren n'osait pas commander aux frais de la princesse-enfin du prince présentement.- il préférait se contenter de la sobriété comme toujours. D'ailleurs il se voyait mal manger et discuter, il y avait un temps pour tout. Peut-être un restaurant s'ils concluaient qui sait? Mais pour l'instant ils en étaient très loin! Le mutant avait beau être assez effacé il savait ce qu'il voulait et savait fondre sur sa proie quand il le voulait.

-En fait, je pourrais même vous racheter entièrement sans que vous ne puissiez rien faire. Donc pourquoi "m'embêter" avec un partenaire? Un représentant quand mon entreprise se représente très bien elle même?

Bien entendu, il ne le ferait probablement pas, c'était une situation possible, légale mais Warren n'était pas un rapace-il avait les ailes, les autres les serres.- enfin; tant que l'homme ne se montrait pas ostensiblement dangereux pour Worthington Industries qu'il protégeait bien évidemment; mais pour l'instant Warren cherchait surtout à acculer le demandeur pour voir sa verve, sa détermination ainsi que ses arguments.

Hj-Rien de bien grave, mais Yamamoto est un homme.-Hj

Worthington était prudent, je ne m'attendais pas à autre chose. En vérité, si ça n'avait pas été le cas je n'aurais probablement pas souhaité l'inclure dans l'affaire. Comme n'importe quel chef d'entreprise il protégeait sa réputation, un gage de bonne santé en bourse. Contrairement à mes affaires, il n'avait aucun cadavre dans ses placards. Oui, maquiller des livres de comptes et fausser les relevés était risqué, ça prenait du temps, mais c'était la voix que j'avais choisie, et, tout comme Warren, je ne laissais rien au hasard, passant au crible le moindre détail pouvant soulever des questions. Mais mentir à Warren ce n'était pas comme mentir au fisc, le fisc pouvait percer le mensonge mais ne rien pouvoir prouver, il pouvait aussi choisir de fermer les yeux si j'allongeais une petite somme sur la table. Pas Warren, au moindre mensonge il se refermerait comme une huitre, même s'il n'existait pas la moindre preuve le doute seul suffisait à faire échouer la transaction.

Il voulait savoir comment j'avais appris l'ouverture de ces nouvelles lignes aériennes, il voulait comprendre pourquoi je cherchais à l'appâter, il voulait savoir si j'avais des tripes. Il voulait aussi un café au lait. Claquant des doigts j'ai d'abord accéder à cette dernière demande. Yamamoto quitta alors la pièce, passant un bref coup de fil à la réception, quelques instants plus tard un groom apparaissait dans la salle à manger, déposant la commande du mutant sur la table avant de s'éclipser sans bruit. Ce silence déroutait quelque peu Warren, je le comprenais. Ni Yamamoto, ni Norman ne parlait, mais ni l'un ni l'autre n'avaient leur mot à dire. Si en Amérique les réunions se faisait en groupe où chacun allait de sa petite proposition, pour ma part j'avais adopté le style japonais. Si j'incluais des conseillers en revanche une seule bouche s'exprimait, la mienne, celle de l'oyabun, celle du chef de clan. C'était la preuve d'une hiérarchie respectée et de la bonne santé de mes affaires.

Contrairement à Warren Worthington je n'étais pas un aigle pêcheur, majestueux seigneur des cieux, au plongeon décisif et au coup de bec implacable. Non, j'étais justement dans les eaux troubles, un grand blanc tapis sur les hauts fonds guettant la proie malchanceuse flottant au dessus de moi. Fourbe et non majestueux, je flirtais un bref instant avec le ciel, mais c'était pour mieux retourner dans les abîmes. Warren et moi étions deux espèces prédatrices fondamentalement différentes.

-Restons dans l'aéronautique avec la Redstar airlines, dis-je en faisant glisser devant Warren un second dossier que Norman me fit parvenir. Une centaine de jets moyen courrier, quatre cents pilotes qui font la Floride, le Canada, la côte Est, les Caraïbes -uniquement des villes importantes. Il y a eut un crash l'an dernier, ils ont été suspendus mais on vient de les blanchir et la partie civile ne le sait pas encore. Ce non-lieu va relancer l'affaire avec plus de lignes et de nouveaux avions, et ils n'ont pas beaucoup d'actions en circulation : prenez-les ça va monter d'au moins cinq points.

J'avais véritablement besoin qu'Express Investment soit une entreprise propre, mais contrairement à Warren, ce n'était pas par choix mais plutôt par nécessité. Express Investment devait être ma principale façade pour les années à venir, personne ne devait pouvoir la remettre en cause. Le moindre centime que j'y versais, bien que provenant du crime organisé, était blanc comme neige, les personnes que j'y plaçais n'avait aucun antécédent avec la justice, pas même une contravention. On était en droit de se demander alors ce que souhaitait Warren. Ce n'était pas tant la propreté de l'affaire que l'honnêteté de son partenaire, que le mutant semblait rechercher. Warren Worthington devait probablement être être en contact avec des associés dont la réputation était fortement mise en doute. Mais en aucun cas Worthington Industries ne s'engageait à l'aveugle, l'entreprise savait qui faisait quelle magouille et jusqu'à quel niveau elle pouvait se laisser entrainer. MuTavie n'avait pas été franche, elle avait mentie, voilà pourquoi Worthington Industries avait put être blanchie. L'honnêteté devait être le pivot de cette affaire. Alors j'allais être honnête.

-Je le sais pour la Redstar airlines comme je le sais pour Express Investment, repris-je d'une voix froide et distante. Parce que j'ai des contacts. Ils sont dans des syndicats, à Wall Street, au Conseil municipal... Où vous voulez, mais ils sont là et ils me parlent. Devenir leur amis m'a pris du temps et de l'argent.
Un, nouveau dossier, estampillé « Taxon » glissa sur la table.
-Être droit dans ce milieu est un luxe, Monsieur Worthington, je ne vous l'apprends pas. Quand je suis arrivé à New York je n'avais rien. J'ai fait de Taxon, une agence immobilière en faillite la première sur l'ile de Manhattan. Aujourd'hui ses franchises sont ouvertes de l'Upper East Side jusqu'au Queens.
Si Warren pouvait se venter d'avoir une entreprise propre, c'est avant tout parce que son père l'avait tenue ainsi. Si le jeune mutant avait dû passer derrière le travail d'un PDG véreux à sa succession, sa vision du monde des affaires aurait été bien différente.
-Je connais votre réputation, je connais vos critères, je ne vous proposerais pas des affaires pareilles si ces dernières étaient entachées de la plus minuscule fraude qui soit. Mais si hier j'ai pu avoir dans mon business une conduite que vous jugeriez douteuse, aujourd'hui j'ai l'occasion de me distinguer par la volonté de faire quelque chose de pur : Express Investment en est la preuve.
Arborant toujours le même masque glacial, j'ai poursuivis.
-Vous pouvez me racheter, me laisser retomber dans la fange. Je mettrais du temps, mais je me relèverais. Vous pouvez aussi tout simplement refuser ma proposition de partenariat, je serais donc forcé de faire affaire avec ce qui reste de votre concurrence, dans ces cas là ce sont ceux qui se relèveront.
J'avais très distinctement appuyé sur les derniers mots.
-Vous pouvez aussi me donner un portefeuille de la Warren Industries, me permettant ainsi de jouer « dans la cour des grands ». Alors, ce que je peux faire avec des entreprises comme Express Investment, Redstar ou Taxon, je le ferais à votre échelle.

Mais si les mots pouvait toucher le X-Man, il en fallait un peu plus pour faire pencher le PDG. Pour cette entente Warren devait voir que j'étais près à tout, même à me mettre le couteau sous la gorge. L'avocat à donc sortit l'argument de papier que j'ai fait glissé jusqu'à Warren.

-Je suis prêt à signer une procuration limité permettant à Pierce and Carlson, mon entreprise de courtage, de négocier pour le compte de Worthington Industries. J'opérerais à ma discrétion, chacune de mes transactions portera la mention par procuration spéciale. Ce qui signifie que j'agirais en mon nom et que vous ne saurez rien des opérations que je mènerais. Je sais également que mes transactions seront épluchées par la COB, s'il y a le moindre incident je serais tout seul, la piste s'arrêtera à ma porte.

Là encore, j'avais appuyé sur les derniers mots.

Lucas lui avait parlé des coutume japonaises quand ils étaient allés au restaurant mais assez peu au final et si Yamamoto en était vraisemblablement un, Norman non. Passant outre cette observation le mutant accepta le café, remerciant l'homme d'affaires d'un signe de tête. Il but une gorgée tout en écoutant son interlocuteur. Ce dernier était assez honnête dans le sens où il avouait avoir acheté ces informations. Désormais il voulait se mettre à la page et faire place nette. Le jeune mutant ne demandait qu'à le croire, le côté X-Man du personnage était petit à petit conquis mais pas encore entièrement. Normal, ce serait trop facile sinon... Quant à l'homme d'affaires il en voulait plus et Matthew semblant deviner cela lui donna de la matière.

Ainsi Coffin était vraiment prêt à tout, y comprit à se mettre un couteau sous la gorge. Warren inclina légèrement la tête, l'homme venait de marquer un point mais ce n'était pas tout à fait suffisant.

-C'est donc pour sa réputation que vous avez choisi directement Worthington Industries? D'autres sont reconnues pour être tout aussi bonnes vous savez, juste plus accessibles mais ça vous vous en doutez certainement. J'aimerais plus de précisions, pourquoi exactement mon entreprise et mon nom et pas celui d'un intermédiaire pouvant largement vous apporter du crédit et la "blancheur" voulue? Quant au fait que vous soyez responsable de vos actes c'est le minimum requis de toutes manières. Que vous le proposiez plutôt que je vous le donne comme condition reste un bon point. Néanmoins... J'aime que mes associés, si autonomes soient-ils aient l'habitude de rester transparents sur leurs activités. Je ne dirigerais rien bien entendu mais j'attends des rapports clairs, n’omettant rien. Après tout l'investissement reste mien.

Le jeune homme voulait garder un oeil sur toutes ses entreprises. Si MuTavie était plus ou moins autonome, Warren avait quand même pu avoir quelques informations, trop tard mais quand même... De plus ce n'était pas parce que l'entreprise signait un accord pour que Worthington Industries ne souffre pas de sa mauvaise réputation éventuelle que le X-Man n'exigeait pas pour autant une certaine honnêteté. Il ne pouvait pas fermer les yeux comme ça même si son entreprise était protégée, question de principes. Le mutant but une petite gorgée de café avant de s'installer confortablement dans son siège tout en restant correctement assis. Il regardait la baie vitrée, semblant avoir oublié Norman et Yamamoto à force.

-Et quel bénéfice imaginez vous apporter à mon entreprise monsieur Coffin? Je vous prêterai des fonds sur gage de votre bonne foie, pour un projet certes judicieux mais risqué ainsi que mon nom. Ce n'est pas négligeable, n'est-ce pas?

L'aigle n'avait pas entamé sa descente, il tournoyait lentement au-dessus du squale pour le repérer dans l'eau trouble. Soit son bec claquerait juste à côté de ses flancs pour détruire un parasite rongeant le requin -un des concurrents- et le soulager, soit ce serait l'épine dorsale de la créature qu'il viserait. Dans les deux cas, l'aigle ne raterait pas sa proie... Enfin normalement. Même en étant très doué il avait conscience qu'il pouvait rater. MuTavie en était la preuve, il fallait donc rester prudent, attentif et modeste.

Warren Worthington jouait au PDG frileux, à l'investisseur suspicieux, parce qu'il connaissait mes réactions. Je savais ce qu'il voulait : connaître mes véritables projets, ce qui lui donnerait une supériorité au sein de ce partenariat. Et c'est de cette supériorité, plus que d'une quelconque question d'éthique dont il était question. Si je dévoilais mes projets et que Warren m'envoyait bouler, il serait non seulement capable de me contrer dans un futur proche, mais il pourrait également s’approprier mon concept. Il le savait et moi aussi. Je pouvais tromper à loisir, il y avait tant d'autres opérations du même type que la Redstar qui pouvaient servir d’appâts et d'os à ronger, je pouvais également mentir un domaine dans lequel j’excellais. J'ai préféré faire une chose à laquelle personne autour de cette table ne s’attendait de la part du yuppie aux dents longues que j'étais. J'ai choisis la franchise.

-Il n'y a rien que je déteste plus que perdre, assenais-je d'une voix encore plus froide. Qu'importe mes armes ou mes méthodes, le résultat est là ; j'ai remporté toutes mes batailles jusqu'à ce soir. Les gens comme vous m'utilisent, me payent, pour faire ce que je sais faire le mieux et éviter de se salir les mains.
Sans cesser de fixer Warren j'ai claqué des doigts. Un dossier estampillé "études de marché" atterrit dans ma main.
-Parce que je suis le meilleur je veux travailler avec les meilleurs. Aujourd'hui c'est Warren Industries, ça aurait put être un de vos concurrents. Je juge les chiffres, le travail, pas la tête de gondole.
Le dossier arriva devant Warren, il voulait tout savoir soit, encore fallait-il en avoir les épaules.
-Il y aura de la casse, expliquais-je. Express Investment mettra à la rue ses autres concurrents. Zinc, aluminium, bois, pétrole... Express Investment s'établira en Amérique du Sud, en Afrique ainsi qu'au Moyen Orient. Étant la seule épargnée par le scandale, on renégociera facilement les prix d'achat sur place. Mais Express Investment ne s'arrêtera en si bon chemin. Là où personne ne voulait aller, on ira. J'ai déjà envisagé divers partenariat avec l'Inde mais aussi la Chine, les deux pays les plus peuplée au monde. En un an Express Investment sera incontournable influençant directement le panier de la ménagère. Voilà ce que je veux faire : être le premier sur le marché.

Le seul intermédiaire entre le Tiers Monde et les grosses compagnies des Pays du Nord serait Express Investment. De la feuille de tabac jusqu'à la canette de soda, nos avions transporteraient tout. Concernant tous les petits désagréments inhérent au transport de matières premières, j'avais également ma réponse. Le siège social d'Express Investment serait déplacé en Suisse. Fiscalement plus avantageux, ce pays nous permettrait de souffrir moins de frontières, la propension des États-Unis à la guerre étant un handicap majeur pour développer un marché au Moyen Orient...

-Pour ce qui a trait à votre implication dans ces transactions, disons seulement que "vous" n'existe pas, poursuivis-je comme si de rien était. Un compte d'un million sera ouvert à Pierce and Carlson au nom de Worthington Industries. Ni Express Investment ni Redstar n'apparaîtront. 200 000 dollars seront placés dans des actions passe partout, de façon à dissimuler le reste. On prendra comme homme de paille un habitué des courts, sans trop de risques ; je demanderais une clause de protection au cas où. Si le court chute de moitié on revendra, le reste sera placé en mutuelles exonérées d'impôt : intraçables et rentables.

Concernant ma cagnotte personnelle, j'avais déjà envisagé d'effectuer mes opérations au nom de différents clients, il n'y avait pas mieux pour me couvrir. Les imbéciles en quête d'argent facile ne manquaient pas à Manhattan.

-Monsieur Worthington, casser les prix et lancer des OPA je sais le faire seul. Il ne tient qu'à vous que je le fasse pour la Worthington Industries.

-Sachez que je n'ai jamais payé quelqu'un pour se salir les mains à ma place.

Répliqua tranquillement Warren qui continuait de rester neutre. Gagner oui, mais pas à tout prix. Cependant l'affaire était juteuse et mettre ses concurrents sur la paille n'était pas illégal, ni frauduleux, c'était normal pour un homme d'affaires; il s'agissait donc de faire la part des choses. Cet homme disait précédemment vouloir se blanchir puis parlait de gagner à tout prix, c'était contradictoire mais au moins, il était toujours aussi franc. Joignant ses mains alors qu'il se reculait légèrement, le jeune homme semblait pensif, de ses yeux bleus mi clos rien ne perçait. Finalement, après un très long silence, le temps que le café devienne froid-mais que Warren but quand même.- le mutant se redressa légèrement, il affichait toujours cette mine très calme de jeune premier de la classe qui vient de sortir de ses examens sans être sûr d'avoir réussi mais sans être certain d'avoir raté non plus. En bref un visage juvénile qu'il ne fallait surtout pas sous estimer; pareillement pour ses plumes si douces qui cachaient des os extrêmement solides qui pouvaient briser une mâchoire d'un coup. Son ton était toujours très tranquille, il n'avait rien à perdre lui après tout, juste à renifler la bonne affaire puis faire en sorte de l'obtenir mais en arrondissant les angles pour que le X-Man soit aussi satisfait que le PDG.

-Si l'on travaillait ensemble monsieur Coffin, je vous laisserai pratiquer votre "art"... Cependant, les choses prendraient plus de temps car il n'y aura aucune dissimulation fortuite, aucun coup suspect... Je ne veux pas de mains sales, si les vôtres le sont même si sur le papier ce n'est pas le cas, les miennes le seront et je déteste avoir les mains sales. Pourquoi? C'est simple, j'ai choisi de garder ma conscience; je ne paye donc personne pour le faire à ma place... Car je la garde vraiment, je ne sauvegarde pas juste les apparences.

Warren savait exactement à quel débit prononcer ses phrases, sur quels mots appuyer pour faire passer ses idées, il avait hérité de son père ce talent oratoire.

-Votre affaire? Elle est intéressante; j'aime l'idée de partir en Inde ou en Chine voir les deux. C'est bien de voir loin et d'être novateur, c'est l'une des directions que j'essaye de donner à Worthington'Industries. Vous pourriez donc être l'intermédiaire parfait. De la réputation et des bénéfices pour vous, de l'expansion et du chiffre d'affaires pour moi. Néanmoins... Si je vous laisserai gérer la plus grosse partie, vous laisse faire vos méthodes... J'exige que cela se fasse dans les règles, et que vous ne vous salissiez pas les mains. Suis-je bien clair? Et j'exige non pas un droit d'action mais de regard sur vos comptes, vos méthodes, et le traçage de vos virements. Parce que vous avez été franc je n'ai pas claqué la porte, et parce que votre affaire est intéressante également. Mais il va falloir trouver un terrain d'entente, un juste milieu Monsieur Coffin. Je ne tolère pas fermer les yeux, même si je suis protégé.

Oh il en avait raté des affaires comme ça Warren, des excellentes et ses concurrents avaient pu lui porter des coups durs... Mais il était fier de sa ligne de conduite et finalement la mesquinerie ne payait pas puisqu'il était toujours devant et largement.

-Maintenant je vais vous dire pourquoi vous avez, vous tout intérêt à rejoindre mon entreprise. La réputation de Worthington Industries n'est plus à faire, le portefeuille de contacts non plus; j'ai l'un des tissus sociaux les plus fiables et le répandu, expansif que vous ne verrez jamais mais ça vous le savez probablement. D'ailleurs je dois avoir quelques contacts, rare hélas en Chine et en Inde, un bon point de départ. Je vous offre en contrepartie d'efforts pour rester sur la ligne droite, ce qui sera plus coûteux et difficile un soutien financier bien plus élevé que les autres... Vous aurez quasiment carte blanche sur un très gros budget en échange de la transparence bien entendu. Je ne suis pas avare monsieur Coffin; je suis dur en affaires, plus dur encore pour accepter un partenaire mais une fois que c'est fait, je ne le délaisse jamais. Et bien sûr, je ne camouflerai pas votre nom. Votre succès si s'en est un apparaîtra en premier lieu sous votre signature, pas celle de mon entreprise.

Le mutant prit une nouvelle pause, il parlait avec modération ce qui faisait que son flot de paroles était régulièrement coupé et passait doucement, sans avoir l'air d'un torrent indéchiffrable ou qui fait mal à la tête.

-En revanche je vous préviens de suite, si vous faites un pas de travers je ne vous raterai pas. Je ne me contenterai pas de vous envoyer bouler mais je vous lâcherai du haut de votre gratte-ciel monsieur Coffin.

Jouant sur les mots les ailes puissantes du mutant s'étendirent brusquement -mais non dépourvue d'une certaine grâce- sur leurs 5 mètres d'envergure quand il quitta le dossier de la chaise, restant assis mais bien droit. Un petit sourire vint soudain se loger sur son visage si sévère, creusant une petite fossette sur ses joues alors que ses magnifiques ailes se repliaient sagement et qu'il se rasseyait au fond de son fauteuil.

-Au sens métaphorique du terme bien entendu, mais quand même, je vous garantie que la chute sera dur, après la lumière vous connaîtrez l'obscurité, je ne laisse jamais un traître s'en sortir à si bon compte quand moi je mets un point d'honneur à respecter le contrat que je signe; et ceci sans que l'on est besoin de me quémander l'argent. Monsieur Coffin, si nous faisons affaire, et que cela ne fonctionne pas mais que avez respecté vos engagements, je ne vous laisserai pas tomber et vous aurez de quoi atterrir sur vos pattes. Au lieu de chuter comme ce pauvre Icare, vous planerez et atterrirez doucement sur la berge.

L'affaire n'était pas encore conclue mais il fallait déjà que Warren voit si son potentiel partenaire était d'accord avec ces points avant de gaspiller sa salive et leur temps pour rien. En tout cas il avait bien vendu sa firme, parce que mine de rien le projet l'intéressait et ça l'embêterait que Matthew aille voir ailleurs. Quelque part, le mutant devenait client lui aussi, demandeur en quelque sorte.

Je n'ai pas tressaillis lorsque Warren étendis ses ailes. Contrairement à Yamamoto et à Norman. Le premier avait plongé sa main dans son costume, quand au second il avait fait un bond en arrière, renversant sa chaise et se collant contre la baie vitrée. Lorsque le mutant se rassit, ils ne se rassérénèrent pas pour autant.

-D'abord je crois que tout le monde va se calmer, dis-je en écartant doucement mes bras.

Yamamoto retira sa main de son costume acquiesçant d'un signe de tête, quant à Norman il redressa sa chaise et repris place. Lorsque j'avais décidé d'incorporer des mutants au Groupe Yamamoto était allé seul à Mutant Town, ramener la racaille à nos côtés, à lancer ces chiens défoncés au crack et à Dieu sait quoi d'autre sur nos ennemis. Il réussissait à voir le pire chez les mutants, c'est donc avec l'expérience du fauconnier qu'il avait évalué le danger représenté par le rapace. Norman c'était différent, contrairement à Yamamoto il ne savait rien des mutants, c'était justement cette peur de l'inconnu qui avait provoqué une réaction si viscérale chez lui. Qui pourrait lui en vouloir, il existait tant de ces naïfs, de ces innocents de l'évolution. Des gens comme lui représentaient la clef de voute du problème mutant. Ils pouvaient devenir d'ardents défenseurs de la cause mutante, comme ils pouvaient aussi bien se faire pervertir par cette peur et sombrer dans l’extrême inverse. Des hommes comme moi, ne voyant les mutants que comme un phénomène naturel pareil à la pluie, au vent ou à la foudre étaient encore trop peu nombreux. Pour appuyer mes arguments je pouvais élever la voix et taper du poing sur la table, Warren n'avait fait qu'étendre ses ailes.

Dire à Warren que j'avais toujours travaillé dans la légalité aurait été un mensonge. Ça avait été ma marque de fabrique, le secret de mon succès. Aujourd'hui encore le crime organisé était mon domaine et constituait la majorité de mes revenus. Qui pourrait y résister ? Une masse d'argent comme personne n'en voyait par deux fois dans sa vie tombant chaque mois dans ma poche. J'étais né là dedans, j'avais grandis dans cette noirceur de la société, elle avait fait ma fortune et probablement qu'elle ferait également ma ruine mais c'était ainsi.

-J'aime bien les hommes à principes, Monsieur Worthington, déclarais-je d'une voix acide. Je vais même souvent à leur enterrement.

Je ne m'autorisais guerre souvent ce genre de remarques, surtout envers des personnages de cette importance. Mais l'attitude de Warren avait été particulièrement insultante à mon égard. J'étais un chef, et devant mes homes je ne devais pas montrer la moindre marque de faiblesse. Worthington Industries n'était rien comparé à ma réputation, la meilleure des protections pare balle.

-Cependant, Monsieur Worthington, repris-je d'une voix toujours aussi froide mais moins acerbe. Je consens à accepter vos conditions. Dans mon domaine d'activité je suis le meilleur, je vous le prouverai en m'adaptant à vos méthodes de travail.

J'étais un squale que l'on changeait de territoire. J'obtenais un domaine plus vaste, avec des proies nombreuses et de nouveaux adversaires. Du fait de ma taille ridicule comparée à la leur ils ne me connaissaient pas, ce qui n'était pas réciproque. La meilleure des valeurs sur le marché étant une bonne information, j'avais fait mes devoirs consciencieusement. Un vent nouveau allait souffler sur cette ville, un vent qui ne serait ni italien, ni japonnais ni même américain, un changement qui porterait simplement mon nom.

-Sachez également que vous n'aurez pas à me ménager une porte de sortie, terminais-je. Je suis pareil au dragon Yamata No Orochi, pourvu de plusieurs têtes.

Et comme lui j'étais impitoyable en affaire. Contrairement à tous les traders minables de chez Wall Street je ne me laissais pas balader par la côte et l'indice des valeur. Il n'y avait que les moutons pour la suivre, et les moutons se faisait tondre. Je jouais gros et risqué, mais il y avait retour sur investissement, pas de coup au hasard seulement la certitude.

Yamamoto glissa une main dans son costume, délaissant Norman le mutant posa ses yeux à la vue acérée sur lui, le défiant de sortir ce pistolet ou quoique ce soit d'autres qui pourrait lui nuire. Warren n'appréciait pas cet homme qui n'avait pas parlé et désormais, en silence, sournoisement s'apprêtait à l'attaquer pour une simple provocation. Laquelle n'avait pas été si impressionnante que ça d'ailleurs puisque théoriquement parlant l'ange n'avait fait que mouvoir deux membres qui lui appartenaient comme un humain pouvait lancer son bras en avant dans un signe de prévention ou par simple inadvertance pour accompagner ses propos. Matthew calma le jeu alors que Warren fixait Yamamoto avec insistance et défi, l'air toujours très tranquille mais également ferme.

*Il n'y a pas plus calme que moi voyons*

Songea le mutant qui se fichait bien d'avoir été insultant avec Coffin. C'était le but, après tout il fallait le tester, voir quel était son niveau de défense car le mutant ne souhaitait pas d'un peureux dans son équipe qui ne résiste à aucune pression. Certes le plan de Matthew était excellent mais même en ayant recours à la légalité, cela produirait des remous et beaucoup de pression à laquelle il ne faudrait pas céder.

-Je vous remercie de vous inquiéter pour moi Monsieur Coffin mais je vous rassure, mon enterrement n'est pas pour bientôt. J'ai comment dire... Un système immunitaire très pratique.

Que ce soit en métaphore ou en vrai Warren était en effet blindé. Déjà sa réputation le protégeait, peu oseraient l'attaquer car vu les moyens qui seraient déployés pour le retrouver il irait en prison à coup sûr ou presque. Ensuite il y avait aussi ce ton tranchant, décisif et ce charisme qu'il fallait absolument posséder quand on choisissait la loi si difficile de l'honnêteté comme Warren senior et Warren junior désormais. Quant au plan physique, l'expression s'appliquait aussi mais c'était probablement moins évident pour Matthew. Personne ne connaissait ce pouvoir de régénération sauf ceux qui avaient déjà essayé de le tuer ou ceux de l'institut. Le mutant se prendrait une balle en plein coeur que son système immunitaire dopé au gêne X; son sang pour être plus précis saurait sûrement endiguer le flot de l'hémorragie et parer au plus pressé pour éviter sa mort. Pour le tuer il faudrait s'acharner, dépasser son sang "magique"; en tirant en pleine tête par exemple et qui sait, peut-être plusieurs fois? Allez savoir Warren n'avait jamais essayé et ne préférait pas s'y risquer même si son sang curatif était une bénédiction vu que le liquide rouge circulait partout dans le corps, il accourait donc au moindre souci.

Enfin bon, métaphoriquement parlant en tout cas le jeune homme espérait que le message était passé. Il se leva et alla jusqu'à la baie vitrée, ne prenant pas garde à Norman qui ayant décidé de l'ignorer dès le début ne s'attirerait de lui que l'indifférence. Réfléchissant profondément pendant un long moment, posté devant le ciel nocturne de New York comme s'il allait soudain prendre son élan et le rejoindre. Il finit par soupirer et se retourner. S'il ne concluait pas cette affaire maintenant, vu le ton acide de Matthew, il perdait la main sur le jackpot car son "partenaire" potentiel et "employé" n'aurait pas plus de patience. Warren avait éprouvé ses limites et elles étaient acceptables, la frontière était lointaine, l'homme semblait "malléable": prêt à faire des sacrifices.

-Très bien. Dans ces conditions, je pense que vous ferez un bon partenaire. Je vois que vous êtes courageux et prêt à tout, dans les limites dont nous avons parlé bien entendu.

Il appuya une touche sur son téléphone, laissant le soin à ce dernier de scanner la pile de dossiers pour les envoyer aux avocats.

-Ils vont préparer un contrat; dans deux heures ce sera fait. Qu'en dites-vous? Autant ne pas perdre de temps n'est-ce pas? J'aimerais nous voir au travail dès demain matin.

Homme d'affaires, Warren savait que dormir la nuit et attendre le lendemain ne portait pas vraiment conseil, ça permettait surtout à ses concurrents de se reposer ou de réfléchir. Lui voulait que tout commence dans deux heures, que la course débute et que la mise sur la paille de ses principaux adversaires soit lancé. A cause de ses principes, ses méthodes étaient plus longues à appliquer, il fallait donc être très réactif.

-J'ai donc la chance de compter un "dragon" dans mon équipe; et bien... c'est original et exotique, et je suis sûr que ça va nous être profitables. Dans tout ce zoo qu'est New York, je suppose que vous serez à votre aise avec les moyens dont vous disposerez dans deux heures.

Deux heures de libres seulement, le temps que les avocats tirés du lit fassent le boulot. Warren ne comptait pas lâcher l'affaire avant que tout soit sûr. Il n'était pas fou et assez suspicieux envers le hasard qui joue parfois de bien mauvais tours. Bref mais courtois néanmoins il se tourna vers l'homme et acheva la discussion d'un ton aimable, tout en tendant la main pour saluer Matthew.

-Ceux-ci vous seront faxés signés de ma main, j'attendrai le retour signé par la votre évidemment. Bonsoir. Messieurs.

Il inclina très légèrement la tête, saluant enfin Yamamoto et Norman avant de franchir la porte de la suite et sortir. Le mutant monta ensuite dans sa voiture, réveillant son chauffeur endormi en riant-ce qui contrastait avec son sérieux précédent.- Le véhicule s'en alla ensuite assez vite tout en restant dans les limitations de la route; lorsqu'il fut hors de vu de Matthew, Warren fit arrêter le chauffeur puis l'engin reparti mais sans lui. Déployant ses grandes ailes à la faveur de la lune blanche le mutant s'envola, fermant les yeux tout en respirant l'air frais. Cette envie l'avait parcouru dès qu'il avait vu cette grande baie vitrée. D'ailleurs si Monsieur Coffin était encore sa fenêtre il pourrait peut-être apercevoir cette silhouette aussi gracieuse qu'étrange dans un monde encore très "humain". Warren lui ne remarqua rien et devint bientôt un petit point pour ceux qui regardaient la baie vitrée en cet instant, il se rendit là où lui seul savait. Là où seul un ange pourvu d'ailes le pouvait. Probablement le toit d'un haut monument historique comme il aimait tant le faire étant gamin et un peu plus de nouveau, depuis qu'il avait rencontré Lucas à vrai dire.

*Santé Lucas*

Songea le jeune homme en tirant de sa cachette une bouteille de champagne et un verre. C'était bien l'avocat qui l'avait imaginé avoir des caches sur les toits de New York non? Et surtout du vin! Quelle bonne idée il avait eut pensa Warren debout sur Big Ben qui savourait son champagne pour fêter la bonne affaire qu'il venait de conclure.

-Nous serons juste à temps pour l'ouverture du marché de Tokyo, dis-je en me levant afin de serrer la main que me tendait Warren. Yamamoto, raccompagne donc Monsieur Worthington.

Le japonnais s'exécuta, comme si l'altercation qui s'était déroulée quelques instants auparavant n'avait jamais eu lieu. C'était le cas. Lorsque je donnais un ordre, même s'il était contradictoire avec un événement précédent, il était d'or. Il n'y avait que moi pour décider ce qui était juste ou non. Une méthode de management que je comptais bien apporter dans ma gestion de la Worthington Industries.

Lorsque Yamamoto revint j'avais quitté le salon pour regagner mon bureau. Norman aussi était parti, il s'agissait de toute une paperasserie à mettre en ordre avant de pouvoir jouer avec l'argent de la Worthington.

-Patron, on fait quoi maintenant ? demanda le japonnais en se servant un scotch.
-Contact le Cheik au Riffe : on lance les opérations.

Grâce à la Worthington Industries plus d'un demi million par semaine allait tomber dans les caisses de Pierce & Carlson. Avec une somme pareille j'avais de quoi camoufler n'importe quelle somme, justifier n'importe quel bordereau et rayer n'importe quelle ligne dans mes livres de compte. Mais c'était surtout le moyen de remettre Express Investment à flot, de multiplier ses franchises. La résine de cannabis fraichement séchée atterrirait dans la soute d'un avion affrété du Maroc et le tout serait débarqué en Amérique. Personne n'allait se risquer à ouvrir un colis diplomatique de toute façon... Le cannabis en lui-même n'était qu'un test, une estimation de la solidité de la logistique. Après seulement viendrait l'héroïne, importé directement d'Afghanistan. Enfin, le coup de grâce serait porté en Amérique Latine, moi achetant directement une poudre de première qualité qui allait se répandre comme un brouillard vicieux sur New York.

Contrairement à Warren je ne me contentais pas d'envoyer mes concurrents sur la paille, je voulais les détruire, envoyer un message à tous ceux assez stupide pour se moquer de moi comme l'avait cru possible les familles de New York. Mes contacts en Europe de l'Est seraient par la suite d'une très grande utilité : Amphétamine, méthamphétamine, MDMA... Dans les rues du Bronx au Queens il n'y aurait que ma came pour être commercialisée et consommée. Mes anciens ennemis ne pourraient grappiller aucune miette, à moins de devenir mes chiens. Évidement les chiens de demain étaient encore les lions d'aujourd'hui, des lions nombreux et féroces. A cela aussi j'avais une solution.

-Tu va demander une rencontre avec les italiens, dis-je en pivotant mon fauteuil sur la baie vitrée. Dis-leur que je suis prêt à accepter de négocier. Propose le Lou's Bar comme endroit, un lieu public ça les rassurera. Il faut juste que tu trouves le moyen de planquer des flingues sous la table et dans les toilettes.
J’apercevais la lointaine silhouette d'un oiseau s'élever au dessus des building. Tout comme Warren Worthington j'allais moi aussi prendre mon envol.
-Dis-leur qu'il n'y aura que toi et moi, poursuivis-je les yeux dans le vague. Le fait qu'ils puissent me parler en personne les endormira.
-Vous n'êtes pas obligé de faire ça, Patron. Je peux les faire descendre dans leur propre lit si vous voulez.
-Pour qu'ils soient remplacés par des lieutenants assoiffés de vengeance ? Non, je dois me salir les mains cette fois. Il faut leur faire comprendre qu'aucun sacrifice ne nous effraie.

Un vent nouveau allait souffler sur cette ville.

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