L'enlèvement du mécontentement [PV Maiwenn + Clarice]

Y a des jours comme ça où on a vraiment envie de tout balancer par la fenêtre. Ou dans la tête du premier abruti qui vient, c'est bien aussi, ça soulage, et en plus c'est gratuit. Mais quand on a rien ou presque à balancer, ça devient moins intéressant, et puis bon, balancer tout ce qu'il y a à la confrérie ça ne vaut pas le coup. Même s'il y a un paquet d'abrutis qui s'imaginent que parce qu'ils sont à la confrérie ils sont invincibles, il y en a quand même certains parmi eux qui pourraient me causer de véritables problèmes que je ne souhaite pas vraiment, même en échange d'une somme colossale. On peut s'arranger au pire. Mais à la limite en dehors de l'établissement ça aurait pu être le cas, mais à l'intérieur je risquais bien trop gros, à commencer par ma vie. Mais cela ne changeait rien au fait que j'étais toujours en colère, et ce pour diverses raisons sans doute, que je ne parvenais toutefois pas à cerner. Mais bon j'imagine que c'est normal pour tous ceux qui ont un tempérament et un sang assez chaud et qui laissent facilement place à la colère puis à la violence.
Cependant je pouvais tout de même émettre quelques hypothèses sur la raison de cet état. Je crois bien que ma vie d'antan me manquait un peu. Pas celle passée en prison non, mais plutôt celle lorsque j'étudiais de plus près les économies parallèles, le crime organisé, et toutes ces bonnes choses. La question qui vient spontanément serait donc : pourquoi alors que je fais partie de la confrérie, à savoir une organisation terroriste ? Eh bien il faut bien avouer que si on ne prend pas beaucoup d'initiatives, les missions ne viennent pas en grand nombre. De plus je n'avais toujours pas rencontré la moindre personne qui soit susceptible de donner n'importe quelle mission. Ils étaient tous morts ou quoi ? Oui la vie d'antan me manquait un peu, aller attaquer telle ou telle chose, faire du marchandage d'armement, blanchir l'argent, que de bons souvenirs. Et puis si tôt qu'on avait fini une tâche on en recevait une presque aussitôt, au moins on était actif. Là en revanche… Enfin bon, je crois que je commence même à regretter d'avoir fait tomber les têtes dirigeantes, j'aurais peut-être dû simplement prendre la place. Enfin c'était trop tard maintenant, fallait passer à autre chose.

Et quand on dit passer à autre chose, c'était à soi de faire en sorte que ça change, des autres on ne reçoit pas grand chose. Au mieux ils servent seulement à atteindre un objectif, mais ça ne va guère plus loin. Puis si je voulais retrouver ma gloire de jadis, il fallait que je m'y prenne maintenant sans tarder, et c'est pourquoi je suis sorti des locaux pour me promener un peu. Naturellement pas comme ces idiots qui marchent sans savoir où aller, dans le simple but de traîner leurs pattes par-ci par-là. Moi je savais pertinemment ce que j'avais à faire, mais la seule chose qui fit que cela prit du temps, c'est que je ne trouvais pas ce que je cherchais. Que des choses sans intérêt qui n'avaient aucune valeur et qui ne permettraient pas de devenir riche. Au contraire je suis même sûr que j'aurais réussi à m'endetter avec ces conneries. Et quel est le but de la vie sinon de faire son propre bonheur sur tous les plans ? Et le plan financier est la base la plus stable, personne n'a jamais été heureux par la seule force d'un amour. Surtout que c'est là un beau mensonge pour cacher qu'on ne veut pas vivre seul. Mais c'est leur problème de croire à ces insanités, après tout l'homme a été créé pour être soit stupide soit intelligent, et beaucoup ont fait le mauvais choix.

Mais je finis par être intrigué par quelque chose. Une silhouette plutôt fine avec une tête blonde. Et vu la façon de marcher qu'elle pouvait bien avoir, cela lui donnait des airs assez hautains. Et en général, cette attitude est le signe de quelqu'un plutôt aisé se croyant au-dessus des autres. Fort bien, on peut dire que la chance a fini par arriver. Je m'étais arrêté et m'étais adossé à un mur, ne lui adressant que de très brefs regards de loin pour m'assurer de ne pas avoir fait le mauvais choix. Puis elle passa de l'autre côté de la rue, mais je ne la regardai pas, il paraît qu'on peut ressentir l'impression d'être suivi ou espionné, allez savoir si c'est vrai cette histoire. De plus elle n'avait pas l'air très vieille, à la limite même de la sortie de l'adolescence, ce qui allait encore plus me conforter dans le choix de celle-ci et pas une autre plus âgée, complètement paumée. Si elle pouvait me permettre d'atteindre mon objectif, eh bien tant mieux cela m'irait à ravir, sinon ben… non il faut pas qu'il y ait de sinon.
Je la laissais avancer encore, pour mettre un peu de distance avant de passer à l'action. Il y avait du monde dans la rue, mais c'était pas un problème pour moi ça, j'en avais l'habitude. J'attendis encore quelques temps, sans la perdre de vue ceci dit, et je m'élançais vers elle. En courant, je claquais systématiquement des doigts pour faire apparaître un double, qui à leur tour claquèrent des doigts et ainsi de suite, jusqu'à ce que nous soyons une foule très dense et compacte. Forcément cela fit du bruit, et les gens s'écartaient alors que nous nous approchions rapidement, et enfin nous arrivâmes à la hauteur de la petite blonde. Les premiers passèrent devant sans lui prêter attention, mais lorsque j'arrivai à son niveau, je sortis un sac et lui recouvris le visage avant de l'emmener, à l'aide d'un de mes doubles, un peu plus loin à l'écart. Elle allait désormais être ma prisonnière et je finirai par en demander une rançon, de quoi renflouer un peu mes réserves d'argent qui avaient énormément baissé récemment. On avait dû découvrir un de mes comptes j'imagine. Ou peut-être qu'ils en avaient juste bloqué l'accès, allez savoir. J'avais donc là une chance de me refaire. Malheureusement, on ne peut pas dire que tout allait se passer exactement comme je l'avais attendu, et c'était pas encore cette fois-là que j'allais pouvoir profiter…

Jouer à la proie. C’était détestable.

Voilà ce que ressentait Short depuis quelques heures déjà. Certes elle avait de son propre chef prit la décision de le faire. Mais il n’empêche qu’elle ne tenait déjà pas en place à l’idée d’être enfermée. Pour comprendre pourquoi elle ruminait tout en marchant d’un pas assuré dans les rues les moins fréquentés de New York à une heure que l’on dirait pas franchement appropriée pour les dames, il faut savoir que quelques jour plus tôt, la Syrène avait conclu un marché avec un humain, mafieux jusqu’au bout de ongles afin d’obtenir (en toute illégalité, cela s’entend) des molécules instables. La Confrérie venait d’arriver au bout de son stock, et comme certains costumes avaient récemment disparut durant des missions, il fallait urgemment se mettre en quête. Maiwenn avait donc trouvé ce trafiquant et négocier avec lui pour un prix très raisonnable la quantité suffisante pour quatre combinaisons différentes. Mais après avoir conclu leur arrangement, alors qu’elle était à deux doigts de partir, elle entendit le mafieux ne l’ayant pas raccompagné personnellement discuter avec son collaborateur qui avait assisté à l’échange.

-…mais bien sur que non je ne vais pas lui passer les molécules pour 30 000 dollars ! Tu as vraiment cru que j’avais perdu le sens des affaires à ce point là ? C’est moi qui t’ai formé espèce de fils de p*te !

- Pas la peine de grimper ou plafond Durhams, je me renseignais c’est tout.

- Eh bah renseignes-toi autrement petit m*rdeux ! J’ai un arrangement avec le BAN, mouaaaaah !

-Tu dois vouloir dire le BAM…

-…TAIS TOI QUAND JE TE CAUSE ESPECE DE PETIT INSOLENT !

-…

- Je disais donc. J’ai arrangement avec le BAM. Je leur amène la Syrène sur un plateau d’argent à condition qu’ils me paient ça prime. Une petite somme rondelette qui couvrira bien mes frais d’engagement de mercenaires… Oh et ma retraite aux caraïbes aussi !

- Et ils sont bons tes gars ? Parce que si elle coûte si cher c’est peut être parce que c’est un sacré morceau.

- Mes gars ? Mais te fais pas de bile pour ça voyons ! C’est du mutos de premier choix ! Ce soir à 10 heures elle vient chercher ce qu’elle a payé, mais elle se fait cueillir et on l’escorte à sa prison où elle croupira jusqu’à la fin de ses jours ! Le rendez-vous avec le BAM est à Totenhead Square j’aimerais que tu viennes ça pourrait être instructif...

La suite de l’échange, Maiwenn ne l’avait pas écouté. Elle savait ce qu’elle voulait, et comment l’obtenir. Ce qui l’irritait c’était de devoir éliminer un fournisseur potentiel. C’était si difficile de trouver des molécules instables. La Confrérie allait encore devoir faire un raid sur un laboratoire et faire couler de l’encre… Mais bon ne mettons pas la charrue avant les bœufs. En attendant elle devait s’occuper de Durhams. Et pour ça il fallait trouver Durhams. Ou se laisser trouver.

En l’occurrence elle avait choisi la seconde option. Elle n’opposera pas de résistance pendant la capture. Puis dés qu’elle entendrait Durhams rappliquer pour la conduire au BAM elle ferait alors la partie la plus salissante du métier de terroriste. Elle n’avait pas peur des mercenaires de Durhams, ceux-ci pour le prix qu’ils semblaient demandé ne devait guère être qualifiée. Et puis depuis quelques temps, la Syrène n’avait pas été mise ne déroute. Sa confiance en elle en devenait presque insupportable. Elle ne doutait pas qu’elle ne ferait qu’une bouchée de ces mutants. Pas un instant elle n’envisagea que son plan infaillible n’échoue. Elle informa donc brièvement son supérieur hiérarchique de la non coopération de Durhams et sa future mort mais ne demanda pas d’aide. Ce n’était même pas une mission, juste du travail de nettoyage.

Elle marchait donc dans la rue d’un pas vif et alerte. Elle se dirigeait vers le point de rencontre et attendait l’embuscade avec une impatience presque malsaine. Diable, elle commençait à réellement aimer ça et ne plus le faire par nécessité, pour la cause.

Elle entendit de loin le bruit de la cavalcade, comme un troupeau qui la chargeait. Les gens se poussaient, hurlaient, horrifiés. La Syrène ne se retourna même pas. Elle resta amorphe lorsque le premier mercenaire la frôla, fronça les sourcils lorsque d’autres la dépassèrent. A quoi jouaient-ils tous autant qu’ils étaient ? Et puis (enfin) l’un deux agit et lui… passa un sac sur la tête. Sous le coup de la surprise (ils ne la prenaient réellement pas au sérieux en la traitant comme une humaine, c’était déconcertant !) elle faillit manquer à sa résolution et se débattre mais elle n’en fit rien. Maiwenn sentit qu’on l’entraînait à l’écart, l’oreille aux aguets elle attendit. Quelque chose la perturba. Tous les rythmes cardiaques étaient proprement identiques. La même respiration. La même cadence de pas. Elle avait l’impression d’être prise dans un écho perpétuel. Mais il s’agissait pourtant bel et bien de plusieurs individus. Elle ne comprenait pas.

Elle commençait à se demander si elle s’était fait kidnapper par les bons ravisseurs. Elle commença à remuer. Elle plissa le front et étendit le champ d’action et son ouïe. C’est alors qu’elle entendit distinctement plusieurs personnes parler.

- Ben alors elle est où ?

- Je ne sais pas elle devait passer par là à cette heure là.

- C’est le patron qui va être content.

-En même temps je suis heureux qu’elle ne soit pas venue, se frotter à cette fille ne me disait rien. Je l’ai vu passer à la télé Noël dernier et…

Elle n’avait pas besoin de plus. Bon sang ! Elle s’était fait enlever par le mauvais ravisseur ! Elle devait se dépêcher si elle ne voulait pas que son plan tourne au vinaigre. L’inconnu, ou plus les inconnu, n’avaient pas prit la peine de l’attacher, ils la retenaient juste sans trop serrer la prise. Effectivement s’ils pensaient avoir affaire à une simple humaine, ça se comprenait. Mais là… Ils allaient passer une très mauvaise soirée.

Maiwenn flanqua un coup de pied arrière dans l’entrejambe de celui qui immobilisait ses bras dans son dos et profita de cette liberté nouvelle pour asséner à celui qu’elle entendit venir pour la maitriser un violent uppercut au menton ( voir ici). Aussi tôt elle retira le sac et étudia la situation. Malgré la pénombre, elle constata avec stupeur que ce qu’elle avait en face d’elle… n’était qu’une seule et même personne dédoublée en plusieurs lui. Surprise elle resta pantoise un instant puis se reprit et prit une position de défense. Elle n’allait pas tarder à crier. Elle concentra son énergie et ouvrit la bouche inspirant une dernière fois avant de lancer un hurlement qui déchirerait non seulement leur tympans mais auraient aussi de graves conséquences par conduction sur leurs organes internes quand…

Quand on sait que des mutants traînent librement dans les rues, il faut s'attendre à en rencontrer un peu partout. Mais quand on en rencontre par mégarde, dans le genre de ceux qui veulent ruiner vos plans, alors là, vraiment, c'est insupportable. Bon d'accord j'aime quand c'est un peu pimenté, mais il y a des limites à pas dépasser ! Et comme dit précédemment, il y a des jours où rien ne se passe comme prévu, ne serait-ce que dans les plus petits détails. Tout aurai pu vraiment bien se passer, ou en tous cas presque, mais non ! Même dans les choses les plus simples il fallait que je tombe sur une blondasse qui refusait de se laisser faire ! Non mais vraiment, il est où l'esprit traditionnel de la femme qui doit faire bonne figure ? Depuis les années 60 c'est bien un mal qui ronge notre société ! Ouais je sais vous allez me dire que je l'ai pas connu cette période où elles savaient encore se tenir tranquille, tout en restant désagréables évidemment, mais tout de même, c'est une époque que je regrette. On pouvait au moins se reposer sans entendre des cris hystériques à tout bout de champ, et pour le coup, je crois que les cris, j'allais en avoir ma claque.
Enfin bref, revenons donc à la situation, sinon on va encore avoir droit à des explciations plus ennuyantes les unes que les autres. Pas la peine de faire comme cet abruti du BAM. J’avais presque cru que ça allait marcher vu que la fille ne disait rien, toutefois, lorsqu’elle s’est mise à agir, je l’avais bien dans le… enfin je vais pas vous faire un dessin. Oui j’avoue que je m’attendais peut-être un peu à un peu de résistance, je crois que les gens aiment pas décoller du sol sans être prévenu, ça doit être ça, mais pas vraiment à la suite. Si je pouvais me douter que certaines étaient capable, sous l’effet de panique ou de j’sais pas quoi, de se montrer réticentes, rien ne m’avait prédit qu’elle irait jusqu’à savoir vraiment se battre, enfin, mettons cela sous le compte de l’effet de surprise. « Le pauvre » aurais-je pu penser si j’avais eu une once de compassion, mais ce n’était pas le cas donc rien ne sert de s’apitoyer sur son sort. Ce qui est peut-être utile de préciser, en revanche, c’est que moi aussi je l’ai senti passer, et les autres aussi je crois. Oui se dédoubler peut aussi avoir des effets indésirables, comme brûler une forêt, ça fait moins d’arbres à découper et c’est regrettable. Mais bon, par le nombre d’entraînement que j’ai faits, j’ai appris à ne rien montrer de la douleur, même si je n’aimais pas vraiment quand ça arrive.

Le deuxième ne tarda pas à s’en prendre un bon coup non plus, moins violent ceci dit, mais tout de même assez pour lui décrocher la mâchoire, enfin, je crois. Enfin, ce n’est pas ça qui allait nous arrêter, enfin m’arrêter. Puisque forcément, se manger un coup, à moins d’être mortel ou de me plonger dans l’inconscient, ne faisait que créer au moins un autre double, ce qui remplaçait ceux qui tombaient parfois. Étant placé bien en face d’elle, je commençais à perdre patience, car elle en avait envoyé deux au tapis, et je n’avais pas non plus vraiment envie d’attendre qu’elle se fatigue avant d’agir. Puis je l’ai vue ouvrir la bouche, et vraisemblablement prendre son inspiration. Elle allait crier cette malade ou quoi ? C’était hors de question ! Elle n’espérait quand même pas appeler de l’aide en hurlant alors qu’elle venait de me frapper deux fois ! Je ne lui laissai pas le temps de faire quoi que ce soit que je me jetais sur elle pour la frapper à l’estomac, au moins cela lui couperait la respiration à cette blondasse. C’est un coup bas, c’est peu de le dire, on est d’accord, mais ce genre de règles de prend pas avec moi. Il n’y a qu’un gagnant et qu’un perdant dans un duel, les règlements c’est seulement pour protéger les faibles, or les faibles n’ont aucun droit de gagner, c’est ainsi, point.
Mais je n’allais pas m’arrêter là, oh non. Pendant qu’elle semblait suffoquer, je l’attrapai par le col et la soulevait bien haut tandis que d’autres lui maintenaient fermement chacun de ses membres. Une erreur avait été faite, pas deux. Je la fixai droit dans les yeux, je crois qu’elle avait le même regard que moi au fond, celui d’une bête agressive prête à tuer, mais passons. Je l’approchais de moi suffisamment près pour sentir l’infecte odeur qui se dégageait de son parfum, enfin si on peut appeler ça un parfum, c’est pas gagné ça d’ailleurs. En plus, pourquoi a-t-on inventé le parfum si ce n’est pour cacher son odeur naturelle abominable ? Je la regardai un long moment sans dire un mot, mais je perdis vite patience avant de lui cracher ceci au visage : « Bon la blondasse, j’espère que tu as compris maintenant que ton poids plume seul face à nous n’est rien, et que si tu ne veux pas que je brise le reste de tes os en morceaux, tu vas devoir te montrer gentille. Sinon quoi je ne pourrai pas arrêter mes hommes, ou moi-même, et c’est pas un sale quart d’heure que tu vas passer, mais ça durera bien plus longtemps que ça. T’as pigé la gonzesse ou faut que je te montre une démonstration pour que ça rentre dans ton crâne très certainement dépourvu de matière grise ? »

Pour en finir avec sa rébellion, je l’attrapai enfin par le cou et commençai à serrer légèrement, au cas où l’envie lui prendrait encore de vouloir hurler à quelqu’un son état de femme faible en danger. Même si dans le fond je n’avais pas vraiment peur, j’avais pas trop envie de devoir affronter plusieurs personnes en même temps. Quoi que, en fait, je m’en fiche, je peux bien le faire aussi c’est pas un problème. Du coup je desserrai légèrement, mais alors très légèrement, mon étreinte autour de sa pomme d’Adam pour lui laisser au moins de quoi répondre, même d’une voix très faible s’il le faut. J’avais pas trop dans l’idée de la lui écraser non plus, mais il faut savoir changer de plans en fonction de la situation, n’est-ce pas ?

Spoiler:

…quand elle reçut un violent coup dans l’estomac. Un de ceux qui pourrait vous amener bêtement à vous mordre la langue quand vous êtes dans la même position à savoir prêt à hurler un grand coup. Maiwenn accusa le coup mais pendant qu’elle essayait de reprendre son souffle, roulant des yeux pas possibles elle vit quelque chose d’assez stupéfiant. Les deux doubles qu’elle avait frappé s’étaient automatiquement dédoublés. Enfin, c’est l’impression qu’elle avait. Avant de pouvoir dire quoique ce soit ou même formuler une pensée cohérente elle se sentit soulevé du sol par une main puissante, sans doute l’un des clones. Sa jambe allait partir dans un réflexe ultime aller taquiner l’entrejambe de l’importun ravisseur quand elle fut elle aussi maintenue ainsi que le reste de ses membres.

Maiwenn tenta de prendre une goulée d’air pour pouvoir crier de nouveau et se défendre quand elle fut une nouvelle fois stoppée net par la pression de plus en plus forte sur sa gorge. Mais il allait la tuer l’autre ahuri ! Se débattant à peu près aussi efficacement qu’un gamin de cinq ans l’aurait fait entre le griffes de Dent de Sabre, elle écoutait à peine ce que l’autre lui disait. Des menaces, encore des menaces… Inconscient ! Le flot d’injures qui accourait dans l’esprit de la Syrène ralentissait sa réflexion sur les moyens de se sortir maintenant. Elle allait lui faire éclater la cervelle pour avoir oser interférer comme ça !

Elle tenta une nouvelle fois de se dégager et l’étreinte sur sa gorge se referma d’un coup sec, agrandissant ses yeux sous le choc. Elle n’arrivait plus à respirer. La colère laissa place à la panique et pendant quelque secondes ou elle étouffait elle regarda avec une haine sans borne ce regard vicieux et satisfait qu’avait l’autre mutant en la regardant suffoquer. Finalement ses doigts s’écartèrent et elle pu de nouveau inhaler en petite quantité. Crier n’était même plus une option. Elle pensa fugacement qu’elle aurait du utiliser le son de la voix de son ravisseur pour l’attaquer. Mais sur le coup, trop occupée à tenter de respirer il fallait bien reconnaître qu’elle n’y avait pas pensé. Son plan parfait avait été totalement foutu en l’air par le « hasard ». C’était la première fois que ce mélange de probabilités et de chance (ou de malchance) parvenait à compromettre ses plans à ce point. Il faut dire que le hasard est une chose sur laquelle il est pour le moins hasardeux de miser. C’est un véritable luxe pour ceux qui risquent leur peau tous les jours, qui ne peuvent pas sortir à visage découvert sans que quelqu’un compose le numéro de la police et du BAM. Maiwenn ne comptait que rarement sur le hasard. Mais là il n’était pas question de s’en servir comme « facteur chance ». Là il était question de ne pas avoir étudié les failles de son plan génial.

Bon. Il ne faisait rien. Il l’a laissait respirer à grand peine mais il attendait quoi au juste ? « Un sale quart d’heure » peut vouloir dire de multiples choses. Mais le quart d’heure était bien entamé et la Syrène n’avait pas la nuit. Elle ne se débattait plus, toute fois elle gardait l’oreille aux aguets du moindre son, de la moindre possibilité pour s’extirper de cette situation délicate. Quand elle trouva son visage resta de marbre, son ravisseur (ou au moins un de ses doubles) devait surement l’avoir à l’œil maintenant qu’elle avait démontré qu’elle était relativement capable de se défendre. Mais il n’avait encore rien vu. Et rien entendu.

Une sirène d’ambulance. Rien de plus, rien de moins. Elle n’en demandait pas tant. Trop faible pour faire du mal au mutant, pas assez modulable pour l’hypnotiser. Juste assez pour attirer du monde. Le cri qu’elle parvint à formuler avec la sirène de manière humaine était tout particulièrement adressé aux deux abrutis qui auraient du être les vrais ravisseurs. En tant que mutants ils avaient de meilleures chances pour ce qu’elle préparait. Les bons samaritains ne courent pas les rues à Mutant Town mais il y avait des chances que des curieux arrivent. Surtout sachant qu’ils étaient à sa recherche à l’origine.

Bingo.

Les deux abrutis mirent quelques minutes avant d’arriver pour le moins discrètement. L’un deux semblait être un hybride buffle (la Syrène n’était pas très sure, de là ou elle se tenait elle n’avait pas une vision optimale) et l’autre n’avait pas de pouvoir apparent. Comme elle l’avait constaté plus tôt, les deux mercenaires du dimanche étaient assez primaires, ils virent leur gagne pain du mois (Maiwenn) entre les mains d’un autre mutant (l’autre mutant), firent l’équation, voyant leur contrat brutalement rompu faute d’avoir ramené la cible l’équation mentale fut rapide. L’homme buffle chargea pendant que le second agitait les mains, l’air de se concentrer intensément.

Maiwenn eut un bref instant d’hésitation, était ce vraiment la meilleure solution. La pression raffermie de la main de l’autre ahuri sur sa gorge lui fit penser que oui. Oui, plus vite il la lâcherait plus vite elle pourrait régler ses petites affaires. Restait à savoir si les deux mutants qui étaient sensés la capturer feraient l’affaire pour distraire l’importun kidnappeur.

HRP:

Que des geignardes ! J'avais énormément manqué de prudence je crois, et j'allais peut-être le regretter. Je m'étais pourtant assuré auparavant de faire les choses correctement, mais on dirait bien que j'avais sous-estimé un peu trop les capacités de cette effrontée. Oui je croyais avoir serré suffisamment sa gorge pour ne pas lui permettre de crier quoi que ce soit, ou de tenter une vaine tentative démesurée, mais en fait, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il s'était passé. J'avais eu l'impression d'entendre vainement une plainte s'échappant au loin, mais pourtant je ne l'avais même pas vu bouger les lèvres, ni même esquisser le moindre geste. Oui, un bruit perceptible ressemblant à une voix issue des plus impénétrables secrets. Mais laissons là ces divagations idiotes et reconcentrons nous donc sur la blonde. Après tout, vous ne voulez savoir que ce qui lui est arrivé, vous vous foutez du reste. Je sais que vous voulez savoir si elle a été bien été vendue en esclavage à quelques types quel qu'ils soient dans un pays lointain, si elle avait bien tous ses membres au moment de la transaction, ou d'autres détails de ce genre.
J'aimerais pouvoir vous dire qu'il ne reste plus rien d'elle. Mais malheureusement ce n'est pas le cas, vous pourriez même essayer d'aller la chercher si vous le voulez. Reste juste qu'elle risque de ne pas vraiment être d'accord mais c'est votre problème. Bref je reprends donc. Oubliant cette mystérieuse complainte je plaçai à nouveau toute mon attention sur elle, et si ses yeux pouvaient me tuer alors je serais déjà mort je crois. Pour m'assurer que le bruit ne recommence pas, allez savoir pourquoi j'assimilais cette fille au bruit, je resserrais encore un peu mon étreinte, au point de sentir son pouls tarauder contre mes doigts, voire même s'accélérer un peu. Je n'affichais rien, pas un sourire, pas une lueur de contentement dans l'œil, seul un visage froid répondait silencieusement à cette figure hostile. Et pendant quelques instants, on pouvait presque entendre le vent s'engouffrer dans les ruelles. Tous mes autres doubles étaient au garde-à-vous, prêts à intervenir au moindre signe de ma part, ou de la sienne. Un léger signe de tête. C'est ce qu'ils reçurent de moi avant de commencer à s'absorber entre eux, du moins mes doubles qui avaient eux-même engendré d'autres doubles, jusqu'à dire réduire de moitié le nombre de personnes ici, soit de vingt à dix, ce qui n'était déjà pas si mal si l'on y réfléchit bien.

Mais la situation ne tarda pas à se dégrader de plus belle, car très vite deux nouveaux arrivants firent leur entrée, et ils n'étaient pas visiblement ravis de me voir. Naturellement, je ne pouvais pas très bien voir, trop occupés que j'étais à surveiller la captive, aussi je me fiais seulement à ce que je pouvais entendre. Mais ça tourna très vite au vinaigre, et un goût presque amer de défaite se fit sentir lorsque j'aperçus un homme, ou un animal, ou un peu des deux, foncer dans le tas en envoyant promener mes doubles, et s'approcher à pleine puissance vers moi. Je n'avais pas le choix, il fallait que je m'écarte d'ici et au plus vite si je ne voulais pas finir en carpette. Et toute manœuvre pour entraîner la blonde avec moi était impossible, je risquais soit de manquer de temps, soit de lui briser la nuque en essayant. Je devais donc leur accorder cette manche et je lâchai la jeune femme pour m'écarter. Naturellement, ce n'était que partie remise, et ils allaient bientôt comprendre à qui ils avaient à faire. J'espérais seulement qu'ils en avaient aussi après cette fille et que ce n'était tout simplement pas des toutous de Xavier venus libérer une de leurs parvenues. Enfin c'était la solution la plus probable, sinon je ne vois pas pourquoi ils m'auraient ainsi attaqué.
Le groupe se divisa donc en deux, un groupe de cinq, moi y compris, nous chargeant de l'animal et les cinq derniers s'occupant de l'autre que je n'avais pas eu le temps d'apercevoir encore. Un des doubles de mon groupe semblait vouloir jouer au héros en s'attaquant seul face à ce colosse, et c'est donc sans surprise que je le vis se faire balancer pour heurter un mur et en tomber raide inconscient. Apparemment, il n'avait pas que l'apparence d'un buffle, il en avait aussi toute la constitution physique, il allait falloir être prudent. Il semblait avoir un point faible toutefois, c'était son impatience, il ne restait plus qu'à l'exploiter correctement. Sa technique semblait d'ailleurs très basique, foncer dans le tas, ou faire voler ceux qui l'attaquent à grands coups de bras, ou de patte, je ne sais pas trop. Il avait l'air du genre à causer après avoir bastonné, aussi cela restait relativement calme en terme de parole.
L'autre groupe quant à lui n'agissait pas de la même manière. Si j'en crois ce que me disent les souvenirs du double que j'ai réabsorbé, apparemment, celui-ci gesticulait un peu dans tous les sens, en nous sommant d'abandonner immédiatement. Le discours n'est pas très clair, et j'ai du mal à percevoir les mots, mais c'était quelque chose qui devait ressembler à : « Vous la lâchez maintenant ! Elle est à nous ! » Inutile de dire que toute tentative d'entente était vaine. Contrairement à l'autre masse, il ne bougeait pas, si ce n'est ses mains. Les doubles ne bougeaient pas, ne sachant pas tellement ce qu'il faisait, lorsque l'attaque survint après que l'un des miens ait ajouté : « C'est ça et c'est vous qui allez empocher le pognon peut-être ? » Ou peut-être n'avait-il pas fini sa phrase, je sais pas. Soudain un de mes doubles en frappa violemment un autre et cela tourna très vite à un bagarre et pourtant, celui qui a agressé le premier n'avait vraiment pas l'air de le vouloir, mais agissait tout de même en ce sens. Très vite on comprit ce qu'il en était, visiblement, ce mutant avait le pouvoir de faire plier les corps des autres sous sa volonté, qu'ils soient conscients ou non.

Mais en réalité, ce n'était pas vraiment ces deux abrutis qui étaient le vrai centre de mon attention, mais j'avais beau chercher, je ne voyais pas spécialement ce qu'ils étaient venus faire ici. Vu leur comportement, ils n'avaient en aucun cas l'air de faire partie de la meute inoffensive du crâne d'œuf, vu qu'ils étaient loin de représenter une menace pacifique. De plus leur manière de s'être approprié la blonde piquait tout de même ma curiosité, mais je crois que j'avais autre chose à faire pour le moment plutôt que de me soucier du sort d'une gamine. Et par là je veux surtout dire qu'ils se battaient jusqu'à essayer de m'anéantir totalement, et très probablement jusqu'à faire disparaître mon corps, encore que… avant d'avoir la capacité de réflexion, il faut être équipé, et beaucoup ont délaissé cette option. Non le véritable problème qui se posait à moi était, tandis que je pouvais laisser mes doubles se charger des deux abrutis, que je pouvais apercevoir de temps à autre cette fille qui ne cherchait même pas à s'enfuir, alors que tout être ayant un minimum de jugeote en aurait profité pour s'enfuir face à un spectacle qui les dépasse. Mais même ceux dépourvus d'intelligence s'enfuiraient, donc il me manquait une pièce au puzzle, voire même le jeu presque complet d'ailleurs. Je profitai donc des dédoublements parfois multiples de mes doubles pour la surveiller de loin, mais sans doute était-ce déjà trop tard…

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