Un autre bourbon.. Heu.. Ho zut.. [PV ALICE]

Depuis un certain temps déjà, Alice avait pris l’habitude de fréquenter les bars. Ce n’était pas vraiment une très bonne habitude vous avez raison, surtout à son âge. Et qu’est-ce qu’elle faisait dans ces bars presque tous les samedis soir ? Pour dire vrai, pas grand-chose. Elle cherchait avant tout à faire des rencontres. Surement parce que les élèves de l’Institut ne lui accordaient pas l’importance qu’elle aurait voulu avoir. Bien évidemment, il n’y avait rien d’écris et donc il se pouvait qu’elle ne rencontre personne de bien intéressant ce soir.

Elle aurait dû avoir peur. Vraiment pourquoi n’était-elle pas plus prudente ? Peut-être parce qu’elle faisait confiance aux grandes personnes comme lui avait appris ses parents. Mais se doutaient-ils que leur fille allait être aussi imprudente et qu’elle se mettrait à trainer dans les bars alors qu’elle n’était même pas majeure ? Non. Bref, la jeune fille était tout de même venue. Elle était entrée dans un bar qu’elle n’avait encore jamais visité. Un lieu plutôt atypique où pas mal d’hommes « mûrs » étaient déjà soûls. C’était notamment le cas d’un homme à l’allure quelque peu militaire. Il avait le crâne rasé et il devait approcher de la quarantaine.

Pourquoi est-ce qu’il avait retenu son attention ? Aller savoir… Alice était assez bizarre de toute façon. Elle avait choisi ce type-là parmi tant d’autre parce que justement, il n’avait pas grand-chose de particulier. Habillé tout en noir, on ne pouvait pas dire qu’il faisait tout pour attirer l’attention. De toute façon, elle n’avait pas peur puisqu’elle se baladait toujours avec le désert eagle qu’une vieille rencontre lui avait donné. Elle s’approchait alors doucement du comptoir où il s’était endormi, vérifiant au passage qu’il dormait bien. L’alcool avait fait des ravages apparemment. Elle déposait une main sur son avant-bras puis elle s’asseyait à côté de lui.

Le barman l’a regardé, surement surpris de voir une enfant dans un tel lieu. Il ne devait pas non plus comprendre pourquoi cette jeune demoiselle avait posé sa main sur le bras de cet homme inconnu. Alice ne put s’empêcher de lancer un timide « je le connais » pour que le barman retourne à ses occupations. Bien sûr qu’elle mentait, elle ne le connaissait pas mais après tout, ça ne le regardait pas. Puis, elle déposait sa tête sur son bras droit, gardant toujours sa main gauche où elle était auparavant. Fermant les yeux pour trouver le sommeil, elle se demandait ce dont cet ivrogne pouvait bien rêver. La plupart du temps, les hommes alcoolisaient rêvés de choses absurdes qui n’avaient pas de sens pour elle et qui ne devait pas en avoir plus pour eux d’ailleurs.

Mais c’était tout le contraire ici. Elle venait d’arriver dans un rêve qui ressemblait bien trop à la réalité… parce qu’il s’agissait d’un souvenir. Ce type qu’elle croyait être un ivrogne n’était rien de tel. Il s’appelait Gabriel et vue ce qui se passé dans le rêve, il avait tué des hommes qui avaient tenté de le tuer. Ce n’était pas sa faute après tout et elle n’allait pas se garder de lui dire !

« Vous savez Gabriel… ce n’était pas votre faute. Ce sont eux qui vous ont attaqué. Ils l’ont bien mérité. Soit vous y passiez, soit c’était eux… »

Elle se trouvait à côté de lui mais elle, elle préférait ne pas regarder la scène. Elle avait très bien compris ce qu’il s’était déroulé. Préférant détourner le regard pour l’observer et puis surtout pour décrypter sa réaction à venir. Cela devait faire bizarre de se retrouver avec une gamine dans son rêve…

« Ils ? »

Mais de qui parlait-il ? Des humains ? Des antis mutants ? Les deux surement puisque parfois ils ne faisaient qu’un. S’il parlait seulement des humains, s’était injuste pour ce qui ne feraient pas de mal aux mutants, pour ceux qui ont appris à vivre avec eux. Par contre, Alice était du même avis que lui sur les antis mutants. Ils méritaient la mort après ce qu’il faisait subir aux mutants. Il était normal qu’elle pense ça, elle était mutante après tout. Et puis, ce qu’elle avait vécu avec sa tante, qui était une anti mutante, ne lui permettait pas d’être objective.

Elle souriait, pas que la scène de violence l’amuse ou que son souvenir lui rappelle quelque chose de plaisant, bien au contraire mais s’était l’incompréhension de Gabriel qui la faisait réagir ainsi. Il croyait qu’elle était son inconscient. C’était plutôt flatteur : il la prenait pour une part de lui. En tout cas, il ne semblait pas comprendre pourquoi elle était là. Alice aurait pu lui affirmer qu’elle était vraiment son inconscient, joué avec lui sur ce point. Mais non… Elle préférait lui dire la vérité. Après tout, il ne s’agissait que d’un rêve. Ici, il ne lui ferait pas de mal. C’était elle qui contrôlait la situation, elle avait les cartes en mains.

« Non je ne suis pas votre inconscient très cher Gabriel même si ça aurait été amusant. Pour que l’on soit sur le même pied d’égalité je vais me présenter : je m’appelle Alice et je suis une mutante comme vous. »

Alice trouvait que l’environnement était trop pesant alors elle décidait de changer. Si elle continuait à voir cette scène de violence extrême, elle allait peut-être changer de regard sur Gabriel… Après les avoir tués pourquoi s’acharner ? Surement pour être sûr qu’il ne revienne jamais le hanter. C’était raté s’ils le pourchassaient dans ses rêves. Visiblement ça ne dérangeait pas Gabriel de devoir les re-tuer à chaque fois qu’ils apparaissaient… Bref, elle décidait de les faire disparaître pour ce soir. Un parc se dessinait autour d’eux. Un décor classique mais qui lui convenait plus. Au moins ici, ils étaient au calme.

Il avait parlé de ses employeurs. C’est vrai, dans quel type d’emploi pouvait travailler un homme comme lui. Alice l’aurait bien vu dans l’armée mais ce ne devait pas être ça… Et personne ne l’avait arrêté pour ses meurtres ? Il n’avait pas été soupçonné ? Il ne devait donc pas avoir fait de prison. Elle hésitait un peu à lui poser des questions pour ne pas le brusquer. Surtout que le genre de questions qu’elle voulait poser n’était pas des plus joyeuses… Tant pis, si elle ne disait rien, ils allaient franchement s’ennuyer à la longue.

« Vous n’avez pas été recherché pour ces meurtres ? Pas que ça me dérange que vous les ayez tués mais… ça n’a pas dérangé vos employeurs de savoir cela ? S’ils le savent bien sûr. »

La théorie d’Alice était donc la bonne : si on lui avait demandé il l’aurait tué. C’était assez prévisible mais Alice n’appréciait pas trop cette réponse. Il pourrait atteindre à sa vie dans une prochaine rencontre et ça elle le comprenait de mieux en mieux. Ce n’était surement pas le premier mutant qui aurait pu la tuer mais il était le premier à lui avouer. Après tout c’était si facile de tuer les gens quand on possède un pouvoir offensif. Malheureusement ce n’était pas le cas d’Alice. Face à des hommes comme lui elle ne pourrait absolument rien faire à part peut-être s’enfuir. Mais est-ce vraiment nécessaire de s’enfuir face à un type qui tue aussi facilement et efficacement que lui ? Alors comme ça il tuait tout type de personne… sans doute avec aucun regret. Un métier comme un autre me diriez-vous. Oui mais pas pour Alice. Elle ne se voyait pas tuer quelqu’un même si on lui demandait. Si vraiment elle utilisait son desert eagle un jour ce sera pour sauver sa vie et rien de plus.

Oh et puis cet abruti l’agaçait. S’il n’avait plus fois en l’humanité il n’avait qu’à se tuer et laisser en vie les pauvres gens qui n’avaient rien demandé. Sachant qu’il tuait sans vraiment réfléchir elle se garderait bien de lui dire. Même s’ils étaient dans un rêve, au réveil il pourrait très bien se venger des paroles déplacées qu’elle lui aurait lancé. Il l’aurait bien arrangé s’il avait tué sa tante ou même sa sœur. Ca pouvait paraître cruel de vouloir la mort de certains membres de sa famille mais elle avait ses raisons. Elles ne s’étaient pas dérangées pour lui mener la vie dure pendant cinq ans. Et malheureusement la tante -une anti-mutant- avait découvert que sa nièce était une mutante. Déjà qu’elle ne l’aimait pas avant cette découverte ça n’avait fait qu’empirer les choses. Elle fixait Gabriel en se demandant si lui aussi il avait eu des problèmes avec sa famille lorsqu’ils l’avaient découvert. Alice croyait que tous les mutants avaient eu des problèmes à ce sujet mais peut-être que ce n’était pas le cas pour lui.

Il évoquait justement le fait qu’il pourrait être réveillé par le barman. Si c’était exact il fallait mieux qu’elle se réveille avant lui pour partir du bar le plus vite possible. Il est vrai qu’elle commençait à avoir peur. Peur qu’il ne s’énerve en apprenant par mégarde qu’elle faisait partie du camp adverse : celui des x-men. Enfin en y réfléchissant il y avait peu de chance que ça arrive mais on était jamais assez prudent. De toute façon elle avait l’habitude de s’éclipser rapidement quand elle sentait l’inconnu se réveiller. Elle était bien plus à l’aise en rêve et elle partait du fait que l’inconnu serait un peu démuni pour le manipuler. Rien de bien méchant mais quand même. Gabriel accepterait-il d’être manipulé en rêve par une gamine de vingt en sa cadette ? Surement pas. Qui apprécierait de se faire manipuler même dans un rêve ?

« En effet, Gabriel vous dormez sur le bar… Après pour ce qui est du reste je n’en ai aucune idée. Le barman semblait même surpris de me voir vous approchez… Vous le connaissez ? »

La question était stupide c’est vrai mais elle ne voulait plus aborder de sujet qui pourrait le « fâcher » et donc risquer sa vie. Il fallait juste qu’il ne sente pas cette crainte. Elle souriait et fini par lui tourner le dos, observant le paysage qu’elle avait créé de tête. Il ressemblait assez bien au parc dans lequel elle se rendait souvent pour lire. Un parc où le calme régnait en maitre. On se serrait presque cru dans une bibliothèque tellement le bruit était interdit en ce lieu. Peu de gens venez ici. Il était assez éloigné du cœur de New York. Un quartier résidentiel où les enfants jouaient dans leur jardin sans peur de rencontrer de mauvaises personnes. Un de ces quartiers qu’Alice habitait lors de son enfant. La seule chose qui changeait c’était le lieu. A La Nouvelle-Orléans les maisons ne sont pas toutes identiques et la couleur aiguille les rues. Il est même fréquent de trouver des maisons de toutes les couleurs dans ce genre de quartier. Sans réfléchir Alice laissait échapper :

« Vous connaissez La Nouvelle-Orléans ? J’ai beaucoup aimé le style de vie là-bas quand j’y demeurais encore. Dommage que j’ai dû me retrouver dans une ville si animée que New York. »

Se laissait aller aux confidences étaient peut-être une erreur mais ce n’était pas avec seulement son prénom et le lieu où elle résidait avant qu’il la retrouverait. Enfin, elle espérait.

Le ton de la discussion avait bien changé depuis le début de leur « rencontre ». Il avait dû comprendre qu’elle se méfiait de lui. Alice réalisait enfin qu’il était un grand danger et que s’il se revoyait une autre fois, il pouvait lui faire du mal. C’était une mauvaise idée de venir dans ce bar ce soir-là. Elle venait de faire une mauvaise rencontre. Jamais encore elle ne s’était retrouvée aussi proche d’un ennemi. Il fallait bien avouer que cet homme était un confrériste et donc un potentiel ennemi. Bien qu’elle se fiche pas mal du camp dans lequel elle était, ce ne devait peut-être pas être son cas.

Il avait « travaillé » à La Nouvelle-Orléans… Il avait donc sali le sol qui l’avait vu naître. Bien que ce ne soit pas le seul meurtrier qu’ait connu cette ville, elle lui en voulait. Gabriel avait donc tué un être humain surement innocent dans un lieu qui lui était si cher. La jeune mutante se raidit légèrement en serrant les poings. Elle faisait des efforts pour essayer de lui paraître sympathique alors que lui n’y mettait même pas un peu du sien. Il fallait croire qu’elle n’était vraiment pas faite pour s’entendre avec un homme comme lui. Elle ne disait plus rien, tentant de retrouver son calme et surtout ses esprits.

Alice l’écoutait lui demander comment fonctionner son pouvoir. Mais qu’est-ce qu’il avait tous à lui demander ça ? C’était pourtant facile ! Elle entrait dans l’esprit des personnes endormies comme le ferait un simple télépathe en pleine journée. Après, elle avait plusieurs moyens de le faire : soit elle laissait son pouvoir choisir au hasard le rêve à explorer ou bien elle touchait la personne en qui elle voulait se retrouver. La deuxième méthode était plus risquée mais c’était la première fois qu’elle se sentait en danger dans une telle situation. La plupart du temps elle était en position de force par rapport au rêveur. Se retournant pour lui faire face elle arborait un masque de neutralité, desserrant ses extrémités.

Gabriel pouvait lui faire du mal à son réveil s’il le souhaitait alors que les autres « victimes » qu’elle avait choisies auparavant lui sembler si vulnérables. Il était le premier qui avait réussi à lui faire peur dans un songe, lieu dans lequel elle était si alaise habituellement. Alice ne savait pas si elle devait répondre à sa demande et donc faire comme si de rien n’était ou si elle ferait mieux de fuir tout de suite tant qu’il était encore temps. Peut-être qu’il serait trop tard ensuite… Tant pis ! Elle fuirait plus tard. Il était maintenant temps de répondre pour ne pas éveiller les soupçons, si ce n’était pas déjà fait.

« Je ne sais pas vraiment comment vous expliquez. Je peux soit laisser mon pouvoir me mener dans l’esprit de celui qu’il a choisi au hasard ou je peux forcer les choses en touchant un être endormi. C’est sûr que c’est plus risqué mais au moins je me trouve dans l’esprit de celui que j’ai choisi. »

Elle essayait alors de se souvenir pourquoi elle avait choisi d’entrer dans la tête d’un homme qui aurait pu être son père. Il n’avait rien de bien particulier qui aurait pu l’intéresser. En apparence s’était juste un type normal comme elle aurait pu en trouver dans tous les bars du quartier. Ce qui était sûr pour l’avenir s’était qu’elle ne reviendrait plus dans ce bar et que, même si elle s’ennuyait à mourir à l’institut, elle ne jouerait plus à ce jeu dangereux. Espérons juste que son avenir ne soit pas compromis après cette rencontre improbable. Il ne la tuera quand même pas parce qu’elle était entrée dans son rêve, si ?

Alice sentait qu’il se passait quelque chose de bizarre. On tentait de les réveiller tous les deux. Le danger était bien plus grand s’il se réveillait avant elle, même si logiquement ce n’était pas possible. C’était surement le gérant du bar qui avait décidé que s’était le moment de fermer ses portes. Pourtant, il n’était pas si tard que ça si elle se souvenait bien. Elle ouvrait les yeux avant Gabriel, essayant de retrouvait ses esprits au plus vite en apercevant la femme qui l’avait secoué. Cette dernière semblait fatiguée avec des cernes qui lui creusaient méchamment le visage. Un peu de sommeil ne lui ferait pas de mal…

La demoiselle quittait rapidement son siège pour s’éloigner du confrériste. Elle ne disparaitra pas bien que s’était ce qu’elle aurait dû faire. Restant un peu à l’écart, elle attendait qu’il se réveille totalement. Le gérant rageait contre tout le monde comme si cette soirée était la pire de sa vie. En effet ce n’était peut-être pas la plus agréable mais il avait surement connu pire. Lorsqu’on est gérant d’un bar les accidents font partis du quotidien. Alice remarquait qu’il était plus tard que prévu en lisant l’heure sur sa montre. Tant pis, elle rentrera en toute hâte à l’institut en recevant les sermons de rigueur après les adieux qu’elle fera à Gabriel.