La ligne blanche... [PV : Kjerstin Håtjärnen]

Sujet: La ligne blanche... [PV : Kjerstin Håtjärnen] Mer 18 Jan 2012 - 21:39

Lundi 9 Janvier – 14 : 45 P.M.

Après avoir quitté le siège de Latham & Watkins dans la Toyota Prius noire de Kjerstin, Amy et l’avocate, cette dernière au volant, avaient commencées à circuler dans les rues de New York. Elles partaient vers l’Institution Charles Xavier, au 1407 Graymalkin lane, dans l’Etat de New York. Si l’avocate conduisait à la même allure qu’Evangeline, il faudrait aux deux femmes près d’une heure pour atteindre l’Institut. Cela laissait tout le temps à Amy de cogiter sur ce qu’elle avait découvert précédemment.

De ce qu’elle avait retenue des instants précédents, c’était principalement que Kjerstin Håtjärnen avait un pouvoir incontrôlable qui la rendait violente et capable de tuer ; et qu’après coup, elle ne montrait pas le moindre remord. L’avocate était quelqu’un de particulier, de contradictoire même : elle avait la volonté d’aider Amy, cela se voyait. Cependant, elle était un tantinet paranoïaque, assez inquiétante, manipulatrice et très maline. Nephilim se savait à peu près au même niveau que l’autre mutante au niveau compréhension de l’autre, bien qu’elle devait admettre que sans sa capacité à lire sur les visages, elle serait rapidement tombée dans le panneau. Il fallait à Girasole toutes ses capacités pour rivaliser avec Kjerstin, sans savoir si celle-ci était à son maximum ou s’échauffait simplement.

Toujours était-il que Nephilim avait une heure pour parvenir à déterminer qui était réellement Kjerstin. L’autre devant garder une partie de sa concentration sur la route, la tâche lui serait probablement plus aisée.

Avant même que dix minutes de silence se soient écoulées dans l’habitacle de la voiture, Amy reprit la parole.

- Alors, madame…

Håtjärnen, c’est bien cela ? Cela vient d’Europe du Nord, non ? Vous êtes d’où, Danemark, Norvège, Suède ou Finlande ?

Amy allait avoir besoin d’en savoir un maximum sur Kjerstin, notamment parce que si l’avocate acceptait de se livrer plus facilement, Nephilim pourrait orienter les questions pour découvrir ce qu’elle voulait. Tournant son visage de manière à observer celui de Kjerstin, pour saisir au mieux ses expressions comme ses micro-expressions faciales. Elle ne devrait pas en rater une, car elle aurait probablement de la difficulté à amener discrètement l’avocate sur les sujets sensibles. L’avocate était intelligente, surement un critère requit par sa profession, mais pas que.

Nephilim savait que Kjerstin ne soufrait d’aucun symptôme qui aurait pu compromettre l’analyse faciale. La balle était dans son camp, bien qu’il lui faudrait en jouer avec une grande habilité pour tromper l’avocate, si cela était possible. En dernier recours, elle y irait franco, comme elle l’avait déjà fait dans le bureau. Chaque parti ignorait l’étendue des capacités de l’autre, bien qu’il soit évident pour Nephilim qu’elle était en infériorité : Kjerstin pouvait se battre et tuer, tandis qu’Amy en était parfaitement incapable. Cependant, elle pouvait tenter de bluffer.

Elle ne pensait pas être une suffisamment bonne menteuse pour berner une avocate, mais elle pouvait toujours essayer. Avec un peu de chance, Kjerstin se prêterait à son jeu, tandis qu’avec beaucoup de chance, l’avocate comprendrait où Amy voulait en venir, et pourquoi elle le ferait. Nephilim voulait avant tout être sure qu’elle ne faisait pas courir de grands dangers à sa nouvelle maison.

La brune n'avait en effet pas vraiment une conduite "sportive" ou quoi que ce soit d'autre, mais elle avait plus que sous-estimé le trajet nécessaire pour aller jusqu'à l'institut Xavier à vrai dire... Il lui faudrait facilement une heure pour s'y rendre, ce qui rendait le fait d'être de retour pour 16h30 inenvisageable. A peine eut-elle appris l'adresse et pris la route, elle mit en route son téléphone, passa l'oreillette, et sembla appeler le bureau.

- Oui... Ici Kjerstin... J'avais dit que je serais revenue pour l'entretien de 16h30 avec... Oui c'est ça... Dites à Frank que j'ai un peu sous-estimé le temps que cela prendrait... Voilà, il faudrait lui faire passer... Il est sur le disque dur réseau... C'est ça, dans ce dossier-là... Pouvez-vous l'imprimer et lui passer ? Parfait... Vous sauvez la situation, merci. conclut-elle finalement avec un léger sourire, avant de raccrocher.

Un bref silence s'installa alors, pendant que l'avocate conduisait, plus ou moins concentrée sur la circulation New-Yorkaise. Elle n'était pas vraiment le genre à conduire souvent, préférant la marche en règle générale, et devait donc maintenanir une certaine attention pour pouvoir piloter la voiture convenablement. De fait une partie de son esprit était occupé en permanence, et cela, clairement, allait influencer ses réponses. Elle le savait d'ailleurs, et espérait que peu de questions lui seraient posées... Mais elle n'y échappa en tout cas pas, pour le coup.

- Alors, madame… Håtjärnen, c’est bien cela ? Cela vient d’Europe du Nord, non ? Vous êtes d’où, Danemark, Norvège, Suède ou Finlande ?

Kya aimait bien les jeux. En général. C'était une activité peu susceptible de déclencher une crise entraînant la mise en route de son pouvoir, permettant de faire les choses comme elle le souhaitait de diverses manières. Un instant où elle n'avait plus vraiment besoin de contrôler l'ensemble de ses émotions de manière complexe. Oh, ce n'était pas une grande pratiquante, le travail prenant malgré tout le plus clair de son temps, il fallait bien le dire. Mais quand Amy posa la question d'où elle venait, Kjerstin trouva immédiatement une réponse parfaite :

- Je viens du nord de Tamriel, mon père était le Jarl de Whiterun.

Les américains -pas tous mais une partie- n'avaient que des notions très vagues de la géographie Européenne, et la brune doutait que l'étudiante connaisse ce jeu-là. C'était une réponse idéale, à la fois amusante, déroutante, et totalement fausse, qui, avec un peu de chance, suffirait amplement à la jeune femme qui l'accompagnait.
Et ce fut pourtant à ce moment précis que la nordique se rendit compte des conséquences du fait de conduire et parler en même temps : l'étudiante n'était pas américaine, mais italienne et connaissait donc forcément mieux la géographie européenne que l'américain moyen. De plus elle était dans un institut au niveau d'éducation très élevé... Et finalement, le fait qu'Amy connaisse le Danemark, la Norvège, la Suède, et la Finlande, indiquait qu'elle ne se ferait pas avoir par ce stratégème.

Une brève, courte, de ces "micro-expressions" passa sur son visage, de dépit, alors qu'elle réalisait donc son erreur. Manque d'attention... Pas assez réfléchi avant de répondre. C'était soit une focalisation totale sur la route, soit une focalisation totale sur ce qu'elle répondrait à l'étudiante, mais pas les deux. Vu qu'elle allait arriver sur la voie rapide qui ne demandait pas une concentration extrême, il suffisait d'aller tout droit sans trop s'approcher de la voiture devant, elle décida donc de transférer son attention de la voiture vers la conversation en cours.

Kjestin commença par une réplique dont elle détruit la véracité de par son activité faciale : lèvres remontées, comme attirées vers l’œil, du côté gauche, le côté émotionnel, tendis que la tête se pencha légèrement en arrière. Mépris ; pas envers Amy cependant, mais envers la stupidité de sa réponse.

Ainsi, même sans avoir eut connaissances des différentes villes des pays scandinaves, autres que les capitales, Nephilim sut que l’avocate lui avait mentie. Avec un petit rire, l’italienne se tourna vers son téléphone. Ouvrant le moteur de recherche internet, elle se rendit sur Wikipédia.it, tapant « Tamriel ».

- Ainsi donc, vous venez du continent principal d’une planète imaginaire d’un jeu vidéo ? Beauté de l’Aurore, c’est un nom sympa, mais il faudra trouver mieux que cela pour me tromper.

Amy avait dit cela d’un ton léger, qui ne trahissait pas le fait qu’elle s’inquiétait. Pas tant de la réponse de Kjerstin, qui était imaginative et aurait put berner Nephilim si elle n’avait eut ce précieux don de lire les visages. Non, c’était le fait que l’avocate ne veuille pas s’ouvrir simplement sur ses origines qui présageait une discussion des plus inutiles. Que l’intérêt d’Amy n’ait pas échappé à Kjerstin n’était pas surprenant, mais le fait qu’elle soit autant sur la défense allait complètement bloquer l’analyse de Nephilim.

- Vous avez de beaux mécanismes de défense, je suis cependant un détecteur de mensonges ambulants. Si vous ne souhaitez pas que l’on discute, le trajet risque d’être pesant.

C’était compréhensible que Kjerstin ne souhaitât pas parler d’elle, car après tout Amy était une étrangère ; mais des questions innocentes comme l’origine, cela aurait surement put passer avec quelqu’un de lambda. Manque de bol, une avocate devait savoir s’y prendre, car aucune question ne devait paraitre anodine à ses yeux. Nephilim aurait bien aimée savoir quelles pensées agitait l’autre en ce moment ; croyait-elle que la pseudo-étudiante la testait, tentant une analyse psychologique pour déterminer si elle était ou non un danger ? Ou penchait-elle pour une simple curiosité ? Une tentative de rapprochement par établissement d’une relation de confiance ? C’était un peu de tout cela à la fois, selon Amy. Toujours était-il que les choses n’avanceraient pas avec le silence.

- Sinon, vous vous plaisez aux Etats-Unis ?

Moi j’ai pas encore eut le temps de visité, je suis pas sortie de l’Institut sauf quant j’y suis aller la première fois depuis l’aéroport et quant j’ai due venir vous voir. De plus, en raison de l’étendue de l’état fédéral, je sais pas si j’en aurais jamais fait un jour le tour. Tant de paysages différents, de l’Alaska à la Californie… Sa doit être une expérience formidable que de traverser les U.S.A. entier, non ?

Nephilim n’attendait pas véritablement de réponse sincère de la part de Kjerstin, mais avait recommencée à fixer l’avocate au détriment du décor. Indifférente à la route comme au reste du monde, seul les traits faciaux qu’elle observait avaient de l’importance. Elle n’avait pas oubliée qu’elle jouait à un jeu pouvant s’avérer dangereux ; d’un autre côté, elle préférait savoir si Kjerstin était dangereuse avant l’arrivée à l’Institut, quitte à devoir y laisser des plumes. Si elle survivait, elle guérirait, sauf probablement en cas d’amputation.

Elle avait fait le choix d’aider Kjerstin, mais cela ne serait pas au détriment de la sécurité des autres élèves. Ce n’était pas du courage, c’était une acceptation de ses responsabilités. Amy se savait courageuse mais pas téméraire, jolie formule signifiant qu’elle n’était pas dénuée de courage, mais n’avait pas la témérité de se mettre dans des situations qui en requérait. Hors, elle avait l’impression de fonctionner à l’inverse face à Kjerstin ; il lui fallait de la témérité pour pousser plus avant vers l’avocate, tandis qu’elle savait que si cela devenait dangereux, elle prendrait ses jambes à son cou.

Clairement, avant même de savoir qu'il s'agissait d'un jeu et de rien d'autre, la jeune avait deviné que la brune avait sorti cela de nulle part. Il était évident qu'il serait difficile de lui cacher grand chose, ce qui la mit dans une situation inconfortable ; même si encore une fois elle avait développé un art de rester impassible, elle eut encore ces petites expressions furtives, montrant cet inconfort. Quand Amy déclara qu'il faudrait mieux que ça pour la tromper, Kya fronça juste les sourcils, haussant une épaule l'air de rien.

- Ça se trouve, mon pouvoir c'est d'invoquer des dragons qui sait... conclut-elle cette partie de la conversation avec une autre référence au même jeu.

Toutefois la jeune Amy semblait quelque peu insistante, et continuait à poser des questions. Elle ne voulait pas que le voyage soit pesant... Alors que pourtant ces questions rendaient le voyage pesant pour l'avocate il fallait bien le dire, pas tellement parce qu'elle n'aimait pas parler, mais à cause de l'effort que parler lui demandait. C'était d'ailleurs une des raisons de son rythme de vie : le fait de travailler sur des affaires d'importance modeste dans son cabinet -sauf à de rares occasions- lui permettait de travailler plus ou moins en solo la majeure partie du temps.
Et maintenant qu'elle y réfléchissait, la majeure partie de son style de vie tournait autour de cela : éviter autant que possible les contacts qui ne seraient pas utiles et demanderaient un effort non-nécessaire de sa part pour contrôler au mot près chaque aspect de la conversation.

Mais dans le cas présent... il fallait se rendre à l'évidence, elle ne pourrait clairement pas y couper et l'étudiante n'arrêterait pas de poser des questions tant qu'elle ne serait pas satisfaite. C'est ainsi qu'avec un ressentiment un peu plus marqué, les sourcils légèrement froncés et quelques légers mouvements inhabituels, comme le fait qu'elle passe sa langue sur ses dents avant de répondre, ou deux petits tapotements de l'index sur le volant, qu'elle se décida à répondre à la dernière question en date de miss de Lauro, sur les Etats-Unis.

- Je n'ai pas tellement visité les Etats-Unis dans l'ensemble... Je n'ai vu que quelques villes. Boston, Chicago, Seattle, et San Francisco. En général pour affaires, auquel cas je n'ai pas véritablement profité des lieux, mais une fois ou deux pour du tourisme ou des vacances, même si c'est rare... La seule chose qu'on apprend en visitant les USA c'est que les régions sont aussi radicalement différentes dans leurs micro-cultures locales qu'elles sont semblables sur des points plus globaux. C'est paradoxal... On SAIT qu'on est dans un Etat totalement différent, mais on SAIT aussi qu'on est bel et bien aux Etats-Unis d'Amérique. En Europe -que j'ai un peu plus visitée- ce genre de différence survient entre les pays et non d'une région à l'autre au sein d'un même pays. Même les façons de parler... Les accents de New York et de San Francisco sont presque aussi différents de ceux qu'on peut entendre à Londres et à Dublin.

Et clairement ce genre de détail culturel intéressait énormément la brune, qui était d'ailleurs friande de ce genre d'expériences : débarquer dans un pays, s'imprégner du mode de vie local, en apprendre la langue si possible... Jusqu'ici évidemment elle n'avait jamais eu l'occasion de le faire aussi longtemps qu'elle l'aurait voulu vu que jusqu'ici, elle avait été en Europe avec ses parents donc pendant deux semaines au plus, et ensuite, elle était restée au sein des USA notamment pour des raisons professionnelles, sans avoir trop l'occasion de prendre des vacances. Mais si elle avait une occasion d'apprendre le Russe, l'Arabe, le Japonais, le Mandarin, ou encore le Swahili avant d'aller vivre sur place un an, elle n'hésiterais que très brièvement.

Elle semblait en tout cas nettement plus détendue que quelques secondes à peine auparavant, souriant même tout en parlant.

- Un aspect intéressant d'ailleurs, qui illustre bien ça, c'est la culture culinaire... On retrouve d'un état à l'autre des "plats" et nourritures communes, mais pourtant, d'un état à l'autre toujours, et ce même dans des enseignes multinationales, certaines spécialités locales qui sont inconnues à peine 100 Km plus loin sont servies un peu partout et les trouver est monnaie cour...

Elle s'interrompit alors d'un coup, en pleine phrase, alors qu'elle fronça les sourcils de façon très visible cette fois-ci. Clairement, elle parlait trop et se laissait aller, ce qui en soit n'était jamais vraiment une très bonne chose jusqu'ici.

- Enfin, je n'ai pas encore énormément voyagé, moins que je le voudrais, conclut-elle alors sobrement, d'un ton assez monocorde.

Kjerstin répliqua qu’elle était peut-être capable d’invoquer des dragons. Amy n’y croyait pas, créer des êtres organiques d’une telle puissance ne devait être possible à part pour des niveaux Oméga manipulant la réalité même ; des sortes de dieux. Cependant, aux vues de la régénération de l’avocate, il n’était pas exclus qu’elle puisse se métamorphoser en quelque chose qui s’apparenta à un Wyrm. De plus, cela expliquait également les pertes de contrôle… bof, il était peut probable que l’avocate puisse se transformer en dragon dans sa voiture, par manque de place principalement. Puis la destruction d’un véhicule sur le freeway et l’apparition d’une créature mythologique européenne et médiévale risquait plus que tout d’attirer l’attention sur Kjerstin, chose qu’elle paraissait vouloir éviter à tout prix.

Kjerstin était visiblement agacée par Amy, ce qui plaçait cette dernière dans la même position inconfortable, car elle n’aimait pas brusquer les gens ; cependant, son entêtement dans la tâche qu’elle s’était fixée prenait le pas sur sa douceur habituelle ; il le fallait bien.

L’avocate n’avait visitée que quelques grandes villes : Boston, Chicago, Seattle et San Francisco ; soit la partie Sud et Ouest de la Mégalopolis Américaine, la frontière canadienne de l’état de Washington et la Californie. Manquait plus que Miami est elle aurait visité les quatre coins des Etats-Unis, littéralement. La remarque géoculturelle évoquée par Kjerstin fit sourire Nephilim, qui ne put s’empêcher de faire une remarque pour elle-même : en même tant, les états fédérés des USA étaient pour la plupart aussi grand – voire plus – que les pays d’Europe.

Kjerstin commença à sourire, se détendant à mesure qu’elle parlait ; chose qui contenta Amy. L’avocate ne devait pas parler souvent, son travail semblant prendre pas mal de place dans sa psyché comme dans sa vie. Cela lui permettrait d’avancer sans ressasser, ce qui était plutôt une bonne chose. Cependant, Kjerstin s’interrompit bien rapidement, surtout au goût de Nephilim. L’avocate conclue qu’elle n’avait pas énormément voyagée, moins qu’elle ne le voulait en tout cas.

- Oky,

Vous ne parlez pas beaucoup, en dehors de votre office s’entend, n’est-ce pas ? Avez-vous remarquez la joie que vous aviez à parler librement ? Les yeux se plissent, laissant apparaitre des rides, les joues montent et les muscles des lèvres se dirigent vers les yeux, c’est de la joie.

Finalement, cela n’avait pas si mal commencé, puisque Kjerstin s’était montrée coopérative au-delà des espérances d’Amy : elle n’avait pas continué sur ses magnifiques mécanismes de défenses, qui étaient aussi exotiques que perfectionnés. Si Nephilim parvenait à mettre en confiance l’avocate, et que cette dernière se détendait plus et laissait parler ses émotions, peut-être pourraient-elles aller de la simple relation professionnelle vers une relation amicale. Peut-être l’italienne était optimiste avec cette idée, étant elle-même sous l’influence du cercle vertueux de la joie, laquelle entrainait l’optimisme, mais elle espérait vraiment que Kjerstin ne resta pas aussi seule comme elle semblait l’être actuellement.

Il ne fallait cependant pas s’arrêter en si bon chemin, mais Amy n’ayant obtenue de réponses à sa première question, à savoir les origines de Kjerstin, elle ne pouvait pas non-plus creuser de ce côté-là. Et cela aurait été selon elle une erreur de poser à nouveau cette question, car cela aurait ramenée Kjerstin à sa méfiance précédente. Non, à part si l’avocate décidait de lui en faire part, Amy ne saurait pas d’où elle venait ; du moins, pas aujourd’hui.

- Je vois que vous vous intéressez à la culture culinaire. Vous aimez cuisiner, manger, etc. ? C’est ainsi que vous occupez votre temps libre, ou bien pratiquez-vous d’autres activités ?

Trouver des points communs était l’un des moyens les plus sure de permettre à une conversation de continuer, cependant Amy n’avait de grande connaissance dans la cuisine et la culture culinaire. Le fait qu’elle-même ne se nourrissait que lorsqu’elle n’avait pas l’occasion de pratiquer sa photosynthèse la limitait sérieusement dans le domaine des arts de la table. Elle espérait que Kjerstin avait cependant d’autres centres d’intérêts, qu’elle lui ferait partager et qu’elles pourraient partager.

Amy se mit à expliquer à Kjerstin ses propres expressions faciales, et que c'était de la joie. La brune afficha un air des plus perplexes, vu qu'il s'agissait plutôt d'enthousiasme, et elle n'appréciait que très modérément le tour que prenait cette conversation, ce qui n'était pas très difficile à déterminer ou "capter". Ne répondant rien d'autre que "hmf" avec un haussement d'épaules sceptique, elle reprit la route vers l'Institut, n'ajoutant donc absolument rien. Clairement, elle n'avait pas la moindre envie de continuer sur ce type de ton ou de sujet. La joie était tout aussi susceptible de provoquer un déclenchement involontaire de son pouvoir que la colère, de manière détournée, elle n'était donc pas du genre à la rechercher plus que ça, ou à en discuter longuement. Elle recherchait à la place des formes de satisfactions intellectuelles, qu'il s'agisse de culture, de nourriture, de jeux, ou encore de victoires au tribunal.

Malgré ce message relativement visible, la jeune étudiante décida visiblement de reprendre sur autre chose. Cette fois-ci elle parlait de cuisine, justement... Observant Amy du coin du regard, la brune semblait chercher à mieux comprendre où elle voulait en venir, analysant sa façon de parler et son expression générale...
Tout ça ne lui plaisait pas trop, elle décida donc de répondre de la façon la plus sobre et minimaliste possible.

- C'est un intérêt comme un autre... Mais difficile de rester minimaliste, pour quelqu'un dont la vie consiste à convaincre et parler. Les cuisines locales sont souvent représentatives de l'histoire d'une région ou d'une population, je me demande d'ailleurs pourquoi on ne met pas l'accent un petit peu plus dessus en cours d'histoire car c'est étonamment riche en enseignements.

Il fallait bien le dire, le fait que n'importe quelle émotion un petit peu trop forte puisse provoquer un pétage de plomb meurtrier et sanguinaire limitait fortement les loisirs que pouvait avoir Kjerstin, mais elle devait pourtant malgré tout s'occuper l'esprit, comme tout le monde. Elle avait donc appris à apprécier des loisirs que certains considèreraient comme moins actifs ou intéressants, mais qui pour sa part la satisfaisaient amplement, souvent se basant sur de l'apprentissage.

Depuis quelques mois, elle avalait des ouvrages d'histoire assez pointus, sur des régions et populations précises, à des périodes très particulières, s'intéressant à la compréhension de ces cultures et la fondation de celles-ci. Autant dire que la plupart des gens se satisferaient de sortir et boire de l'alcool, mais autant dire que n'importe quel alcool pouvait rapidement provoquer un désastre épouvantable ; elle devait du coup décliner toute forme d'invitation.
Ce n'était pas tellement qu'elle avait une envie folle d'aller sortir avec des amis ou collègues dans un pub, au fond elle avait quelque part adapté sa personnalité aux impératifs créés par son pouvoir, mais le fait de maîtriser celui-ci, grâce à l'Institut par exemple, serait clairement un gros avantage pour elle de tous les points de vue et lui permettrait de faire plus de choses sans crainte d'une catastrophe totale.

La brune dut toutefois se rendre à l'évidence : la jeune étudiante de l'Institut ne s'arrêterait pas là, et continuerait inlassablement à multiplier les questions, il valait donc mieux reprendre au moins un contrôle partiel de la conversation. C'est ainsi qu'elle enchaîna, demandant :

- Malgré cela la bouffe de New York n'est pas la plus riche ou variée que j'ai pu trouver, même si les produits sont faciles à avoir pour certains en tout cas. Ca ne vous manque pas, la cuisine de chez vous ?

Dire qu’Amy ennuyait Kjerstin avec ses questions aurait probablement tenu de l’euphémisme, cela la jeune italienne en était consciente ; cependant, elle n’allait pas s’arrêter pour autant. L’avocate était perplexe, et le montrait sciemment, face aux expressions faciales. Ce manque d’intérêt dénotait plutôt clairement qu’elle n’escomptait poursuivre sur cette discussion. La cuisine n’était qu’un intérêt comme un autre, car pour Kjerstin, c’était le fait qu’elles soient représentatives de l’histoire d’un groupe qui était le plus intéressant ; enfin, c’est ce qu’en comprit Amy. Cela devait être vrai, songea-t-elle en regardant la diversité de plat que l’on trouvait dans le monde, ainsi que la diversité présentée par les populations humaines. Cependant, malgré la diversité de population que l’on trouvait à New York, Kjerstin déclara connaitre régions où se trouvaient plus de richesse et de variété. Par pure curiosité, sachant que l’avocate n’avait pas tant voyagée, selon ses propres dires, Nephilim se demanda quel était l’endroit sous-entendu. La question de l’avocate fit prendre à Amy des yeux ronds, cette dernière devant réfléchir un instant avant de répondre.

- En fait, je mange pas beaucoup,

La plupart du temps, mon organisme est autotrophe, bien que je doive tout de même absorber de l’eau, pour les sels minéraux. Mes connaissances en cuisine comme en nourriture sont donc très limitées ; je sais faire que les pâtes.

Ponctuant sa phrase par un petit sourire faussement gêné, Nephilim regarda la route. Elle se demandait combien de temps Kjerstin accepterait-elle de continuer ce petit jeu, dont elle avait visiblement suffisance. Amy n’aurait su dire si la question de l’avocate avait pour but de poursuivre la conversation, de détourner cette dernière d’elle-même ou de tenter de reprendre l’initiative. Toujours était-il que cela permettait à l’italienne de la poursuivre, car l’autre femme avait laissé paraitre un autre de ses centres d’intérêts, bien que détourner. La cuisine ne l’intéressait pas pour elle-même, mais pour la représentation qu’elle donnait d’une région ou d’une population.

- Vous aimez l’histoire ?

Je ne suis pas qualifiée en histoire, mais il me reste des restes de ma scolarité. Pi je sais bien plus de truck en histoire qu’en cuisine. Pour lier les deux sujets, pensez-vous que la mondialisation, ainsi que l’homogénéisation culturelle qu’elle entraine, pourrait conduire à la disparition de certains plats traditionnels ?

Question d’apparence toute à fait innocente, mais ayant encore de grandes implications : la mondialisation, avec l’idée de monde et de masse qui s’y rattachait, ferait peut-être réagir Kjerstin, ce qui renseignerait Amy sur la pensée de l’avocate concernant les masses ; se sentait-elle mal-à-l’aise en présence d’un grand nombre d’autres personnes, comme Nephilim ? De même, peut-être y aurait-il une réaction émotionnelle à l’évocation de la disparition de la culture, bien que se fut moins probable. Se concentrant pour ne louper aucunes des expressions qui pourraient apparaitre sur le visage de Kjerstin, Amy plissa les yeux, ce qui n’était pas des plus discret.

Elle semblait véritablement concentrée, ce qui était effectivement le cas, mais était également déstabilisant pour la plupart des gens. Peu appréciaient d’être regardé ainsi, épier pour être exacte, et Amy doutait que Kjerstin soit de ceux-là. Même si l’avocate avait eut toute sa concentration sur la route, elle aurait remarqué dans le coin de son champ de vision la manière dont Nephilim la regardait. Cela pouvait se montrer agressant, oppressant, même si Amy n’avait rien d’intimidant dans l’apparence. De plus, cette manifestation voyante de son intérêt pour la réponse trahissait de l’importance de celle-ci, et Kjerstin n’allait pas manquer de choisir ses paroles. Tant pis, si les mots pouvaient mentir, les visages ne le pouvaient pas.

Un organisme autotrophe... Autant dire que cela intrigua Kjerstin, c'était nettement visible. Cette histoire de n'absorber que de l'eau de temps en temps... C'était à priori assez pratique, la brune inclinant la tête avec un air pensif, mais elle finit par faire de nouveau cet air perplexe... Les plaisirs de la table qui disparaissaient, cela ne lui plarait pas tellement dans l'ensemble : c'était clairement quelque chose qui lui plaisait (pas qu'un peu d'ailleurs), et qui au fond lui était nécessaire. Son pouvoir consommait d'importantes quantités d'énergie, vu que son métabolisme accélérait... Il pompait aussi plus d'énergie, c'était la cause principale de la très grande consomption de nourriture par l'avocate goinfre.

Le régime était en général fait de petit déjeuner copieux (oeufs, bacon s'il y en a, saucisses s'il y en a, un fruit, des céréales, des tartines, parfois un peu plus), un grignotage assez brutal en milieu de matinée (un bon sandwich souvent), déjeuner (entrée, GROS plat, dessert, biscuits, café), un grignotage encore en milieu d'après-midi, dîner (copieux aussi) et quelque chose avant d'aller dormir. Sans ce régime gargantuesque, elle se retrouvait rapidement à avoir faim voire à manquer quelque peu d'énergie... Du coup, une simple photosynthèse n'était pas vraiment susceptible de lui fournir une énergie suffisante.

- Oh, je vois... répondit-elle du coup. Dommage. Après, la plupart des étudiants ne mange que des pâtes de toutes façons... Il faut bien payer le crédit et le crédit pour rembourser le crédit, plus la couverture du crédit du crédit qui sert à couvrir le crédit... conclut-elle avec un air quelque peu sarcastique, ne semblant pas une grande adepte du mode de vie à crédit.

Par contre, la question sur l'homogénéisation culturelle tira une expression de surprise assez marquée à Kya, qui ne s'attendait clairement pas à ce genre de question. Elle avait l'air que quelqu'un aurait en entendant un enfant de sept ans parler de politique intérieure, ou un zèbre discuter de finances internationales. Elle savait que les élèves de l'institut Xavier avaient un certain niveau d'éducation, mais de là à s'intéresser à ce type de sujets... néanmoins cette expression disparut finalement après quelques secondes et un coup d'oeil à la pasasagère...

Kya se doutait bien qu'elle était une des rares personnes au monde à avoir le moindre intérêt pour ce genre de problématique, il s'agissait donc très probablement d'une tentative d'Amy de la faire parler, ni plus ni moins. Elle décida donc de faire quelque chose qu'elle adorait, surtout au tribunal pour ridiculiser son adversaire : répondre complètement à côté de la plaque, d'une façon qui a le moins de sens possible.

- Le problème de l'homogénéisation des plats traditionnels est que les goûts disparaissent, avec la culture. On mélange les cultures, avec des OGM souvent, ce qui automatiquement, créé des champs à la fois de blé et de céréales, ce qui n'a rien à voir, car les céréales doivent rapporter le blé et non l'inverse, on ne plante pas de billets pour obtenir de l'oseille. De fait, si l'on mixe les ingrédients, on n'obtient qu'une bouillie sans goût, à l'image d'un concert de Céline Dion à Las Vegas. La solution est la séparation de l'église et de l'agriculture traditionnelle folklorique des pays du sud, cela permettrait de créer une base solide pour faire des plats, plats sur lesquels poser du tajine et des omelettes. Mais cela ne pourra se faire que par un vote populaire durant un grand évènement culinaire international où seront invités les acteurs du milieu, comme par exemple Trey Parker, il est plutôt du centre lui.

Un mélange aussi délicat et incohérent de cuisine, de politique, de religion, de culture, et de grand n'importe quoi aussi peu compréhensible que la brune a pu faire. Et le tout déclaré avec le plus grand sérieux imaginable. C'est grâce à sa capacité à subitement improviser quelque chose sans queue ni tête qu'elle avait pu gagner des affaires complexes, et convaincre le jury à la fois en faisant paraître les arguments adverses comme absurdes, et en se rendant sympathique auprès des jurés.
Bien entendu Kya se doutait bien que l'étudiante ne s'arrêterait pas là, mais avec un peu de chance, elle aurait du mal à rebondit sur un tel enchevêtrement de concepts sans queue ni tête...

Kjerstin était intéressée par le pouvoir d’Amy, bien que perplexe, trouvant cependant dommage que l’italienne ne se nourrisse pas. Enchaînant sur une remarque nutritionnelle à propos des pâtes, l’avocate utilisa l’ironie pour désigner le mode de vie de l’américain moyen. Amy avait eut quelques échos de ses subprimes, ses prêts toxiques, qui avaient déclenchés la crise de 2008 et dont le monde peinait à reprendre son économie depuis. N’ayant eut pratiquement aucun cours d’économie, elle n’en savait cependant pas grand-chose. L’expression de surprise face à sa question suivante fut très drôle pour Nephilim, qui ne put s’empêcher de lâcher un rire franc et joyeux.

La réponse que l’avocate laissa cependant Amy des plus perplexes, un air amusé sur le visage.

- Et vous dites cela avec un tel sérieux que sans le son, sa passerait nickel,

Non sérieux : vous devriez faire du théâtre, je suis sure que vous feriez merveille. Cependant, comme évitement, ce n’est pas très subtile. Vous ferez mieux la prochaine fois.

Un peu plus subtile que ce qu’avait prétendu Amy, en réalité, la jeune adulte en était bien consciente : avoir tout tourné en dérision avait permit à Kjerstin de ne pas faire face à ses impressions, et les objectifs de Nephilim avaient été compromis par l’inexpressivité qui en avait résulté. Kof, l’italienne n’avait pas dit son dernier mot. Cependant, elle devait bien avouer que la réplique de l’avocate l’avait laissée le postérieur dans les orties. Encore que cette fuite pouvait également signifier un malaise face à l’un des sujets évoqués ; et Amy ne pensait pas que cela soit la disparition de certaines cultures.

- J’en conclus donc que vous préférez vous réfugier dans la dérision que faire face au monde réel,

Vous aimez l’humour, faute de vous intéresser à la diversité mondiale ? C’était bien un trait d’humour, ce que vous venez d’accomplir, non ?

Elle s’en sortait bien, à son avis du moins. Nephilim devait malgré tout reconnaitre que malgré sa dernière embardée, Kjerstin jouait plutôt bien le jeu. Ni agressive ni passive, sa conversation était plutôt égale. L’avocate avait une méfiance compréhensible aux vues de son métier et des dangers de son don, puisque lorsqu’elle perdait le contrôle, elle pouvait tuer des gens. Mais Amy pouvait, et savait, se montrer plus entêtée qu’une mule. Elle continuerait ses questions jusqu’à ce qu’elle est obtenue ce qu’elle voulait : la certitude que Kjerstin n’était pas un danger pour l’Institut et ses pensionnaires. L’humour de l’avocate pourrait être un très bon indicateur.

Fallait-il encore qu’elle réponde sincèrement à la question. Amy n’avait aucune idée des capacités d’improvisations de Kjerstin, mais aux vues de son métier, il était probable qu’elle soit plus que capable dans ce domaine. Nephilim espérait que cela ne continuerait pas sur cette voie, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures, mais ne parvenait pas encore à prévoir les agissements de l’avocate. Surtout depuis la tirade qu’elle venait de lâcher, et qui contrastait incroyablement avec le personnage que la conductrice affichait.

Amy savait que la partie n’était pas finie, et que leur petit bras de fer de malignité allait continuer encore un petit moment. Si sa continuait de déraper comme à l’instant, elle devrait peut-être se montrer moins subtile ou plus directe. Mais avant de foncer dans le tas comme une furie, Nephilim allait continuer sa partie d’échec psychologique.

Pas très subtil... En effet, ça ne l'était pas, mais au fond, ce n'était pas vraiment le but. L'avocate n'était étrangement pas du genre subtil dans certains cas. Là où elle était subtile, c'était pour créer des plans douteux visant à obtenir ce qu'elle voulait. Au fond, elle voulait rencontrer quelqu'un de l'Institut Xavier et elle était en train d'y aller, quelque part ça lui réussissait... Mais il y avait bel et bien des situations où ses plans pas nets et construits avec soin n'avaient de toutes façons pas de vraie efficacité. Dans le cas présent, la brune se doutait bien que de par le talent d'Amy pour lire sur les visages, faire dans le subtil ne donnerait rien du tout.

De fait, elle ne comptait pas vraiment faire mieux la prochaine fois ! Et d'ailleurs, quand l'étudiante lui signala qu'elle ferait mieux la prochaine fois, cela laissa un petit sourire amusé, un air irradiant d'ironie s'affichant sur son visage. Elle ne cherchait clairement plus à cacher ses expressions vu que cela n'avait pas vraiment d'effet.

- Mieux... Nous verrons ça. répondit-elle du coup avec un ton étonamment neutre, vu son expression.

Ceci dit, même si la brune se doutait que sa réponse aussi peu cohérente que possible -elle en avait pris un certain soin- poserait des problèmes à Amy pour continuer la conversation, elle ne pensait pas que celle-ci serait alors déviée sur une forme d'étude psychologique et sur le fait de faire face ou non au monde réel. Pour le coup, le monde réel, l'avocate en avait déjà eu quelques tranches, et sa façon de dévier avait plus à voir avec le fait qu'elle ne voulait pas répondre à la question plus qu'autre chose. Elle soupira du coup, levant les yeux au ciel avec un air quelque peu blasé.

Clairement elle ne s'en sortirait pas aussi facilement, de cette histoire... Maintenant la voilà drôle malgré elle.

- L'humour est une chose trop sérieuse pour la confier à des rigolos, comme disait je ne sais plus trop qui... lâcha-t-elle du coup avec un ton blasé.

Après, elle était quelque peu mal à l'aise et ça se voyait, ne voyant du coup pas vraiment quoi répondre... Qui n'aime pas l'humour au fond, c'était quoi, cette question ? Clairement, pour Kya, quelqu'un sans humour avait un niveau d'intelligence réduit et méritait d'être victime dudit humour : il ne servait qu'à être sujet de moqueries. D'ailleurs, ça aussi c'était une de ses armes au tribunal, surtout face à des jurés : en général dans un jury, au moins les deux tiers a un peu d'humour, donc lorsqu'elle se retrouvait face à un avocat aussi drôle que le journal télévisé du 11 septembre 2001, elle n'hésitait pas à se payer un peu sa tête. Encore une fois, cela le décrédibilisait, et lui attirait de la sympathie.

- Quelqu'un qui ne prend pas la vie avec humour a une vie pourrie de toutes façons. Et étonamment, les plus psychorigides sont aussi et souvent les plus puissants, quelle ironie... Pour ma part en tout cas, je ne confierais pas le moindre pouvoir à quelqu'un qui n'a pas d'humour, ceux qui en ont le moins sont souvent les plus dangereux et irresponsables... Pas surprenant que la situation soit aussi compliquée et tordue.

Kjerstin sembla amusée par la réplique d’Amy ; un sourire amusé et un air proche du mépris se dessinaient sur le visage de l’avocate, alors qu’elle conseillait d’attendre pour voir, d’une voix incroyablement neutre par rapport à son visage. Amy était admirative : elle n’avait encore jamais rencontrée de personne se maîtrisant aussi bien ; c’était comme si tout était faux, un trucage, et sans ses capacités d’observations, Amy n’aurait été rassurée de côtoyer une telle personne : une telle maîtrise de soi était rare, et devait permettre à Kjerstin de manipuler les autres avec habilité. N’avait-elle pas essayé de la manipuler lors de leur rencontre ?

L’avocate finit par soupirer, levant les yeux au ciel. L’italienne ne put s’empêcher de sourire face à la phrase de Kjerstin, une magnifique citation dont Amy connaissait l’originale.

- La plaisanterie est une chose sérieuse ; c’est un Churchill qui l’a dit, mais je ne sais plus lequel. Enfin, je crois.

Nephilim remarqua que Kjerstin était mal à l’aise, ce qui fit douter l’italienne ; y était-elle allé un peu fort ? Elle n’avait pas de suite remarqué qu’elle avait dévoilé son jeu avec sa remarque sur l’humour de l’avocate. Le fait de se savoir évaluée allait renfermer encore plus cette dernière, ce qui ne faciliterait pas la tâche d’Amy. De plus, mettre mal à l’aise Kjerstin était désagréable pour Nephilim, car bien que cela soit plutôt habituel lorsqu’elle analysait quelqu’un, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir agressante, d’une certaine façon, envers ladite personne. Ayant horreur de la violence, cette conclusion la mit également mal-à-l’aise.

La réponse de Kjerstin la détendit un peu, lui offrant un nouvel objet d’analyse qui lui fit oublier le malaise. Visiblement, l’avocate aimait l’humour, le considérait comme indispensable.

- L’humour est une chose merveilleuse,

L’humour permet de facilité les relations entre les personnes et apporte de la joie. Voulez-vous que l’on continue sur cette lancée, ça peut être un bon sujet ; suffisamment léger. Avec votre métier, vous ne devez pas rigoler souvent. Avez-vous des amis avec qui plaisanter ou des DVD de spectacles comiques ou de comédies ? Ca fait du bien de rire, c’est même bon pour le cœur.

Amy ne savait pas si ce sujet allait fonctionner, surtout si Kjerstin souhaitait effectivement continuer sur la voie de ses improvisations sans queue ni tête. Elle espérait simplement parvenir à trouver un sujet sur lequel l’avocate serait explicite, et où elles pourraient discuter. Dans le pire des cas, peut-être faudrait-il repartir sur la cuisine ?

Voilà maintenant qu'Amy se mettait à lui faire un cours sur le fait que c'est bon de rire, et le coeur, et autres... Clairement, la mine un peu sceptique de Kjerstin se transforma en air complètement dépité, du genre "mais qu'est-ce-qu'elle me raconte là ?".

- Si la niaiserie était cotée en bourse, vous seriez milliardaire avec votre dernière phrase... répondit-elle alors avec un léger soupir, non pas d'agacement, juste un autre signe de ce dépit décidément très visible.

D'un autre côté, il était vrai que peu de ses collègues étaient du genre "marrants". Mais dans un sens, ce n'étaient pas vraiment eux qui avaient le "pouvoir". Ceux qui avaient du pouvoir politique et économique étaient les hauts associés du cabinet qui étonnamment prenaient la vie avec une certaine forme de dérision même en cas d'échec. C'était un des facteurs qui avait fait qu'au final, malgré le fait qu'en tant que simple collaboratrice elle côtoie peu ces haut-placés du domaine juridique, elle n'était pas hostile au fait de travailler dans ce cabinet d'avocats particulier.
Et surtout il y avait d'autres éléments qui l'avaient maintenue dans le milieu, entre autres son attitude tout à fait particulière et à double tranchant, autant pour elle que pour ses propres clients d'ailleurs.

- Après c'est vrai que la plupart des gens avec qui je travaille ne sont pas vraiment de l'étoffe de bozo le clown... Mais vous seriez surprise des résultats que j'ai pu obtenir en tournant certaines choses en dérision face à un jury populaire. En général, quelqu'un qui ne croit pas totalement en la cause qu'il défend laissera toujours une ouverture à son adversaire pour se payer sa tête... Une formule mal choisie, un peu hypocrite, le jury le voit, ça... Et si je m'en sers, le jury éclate de rire et vote en ma faveur.

Puisque la jeune étudiante voulait en savoir plus, elle serait servie du coup. Avec de la chance, cela épargnerait à l'avocate de devoir s'étendre plus.

- Mon absence quasi-totale de principe moraux m'immunise contre ce problème. Vu que je ne fais que ce qui m'apporte un intérêt personnel, je ne laisse pas d'ouverture de ce genre, comme le font ceux qui ne sont pas convaincus par ce qu'ils font. C'est comme ça que j'ai pu reporter à 2014 la prochaine audience pour un procès pour erreur médicale, d'ici là les métastases du patient atteint l'auront tué. Les juges n'acceptent jamais de report dans ce type de cas, sauf s'il n'y a aucune faille dans le raisonnement que l'on présente. De la même façon, quand on représente une compagnie qui vend des armes à feu qui ne servent ni à la défense ni à la chasse -et sont donc faites pour tuer d'autres personnes- il est très facile pour les avocats de la partie adverse de ridiculiser vos arguments.

C'était d'ailleurs une de ses plus grandes victoires, une de celles qui lui ont permis de garder son poste malgré sa tendance notable à la déviance dans certaines de ses argumentations : difficile de convaincre un jury de se prononcer en faveur du vendeur d'armes super riche, et contre les familles en pleurs.

- Un mauvais avocat partira sur du "mais c'est pour se défendre d'un agresseur", par exemple. Blague. Depuis quand une arme automatique tirant en rafales avec 30 coups dans le chargeur sert à se "défendre" ? Pour ça y'a le pepper spray, le taser ou des armes incapacitantes, si vous êtes paranoïaque. Non, c'est simplement qu'en Amérique, on aime se tirer dessus. On anime les infos. On créé du commerce. Une fusillade de gangs entraîne des dizaines de flash info : on nourrit la publicité, les chaînes, les journalistes, plusieurs dizaines d'emplois. Ensuite ça entraîne des interviews, encore du travail. Ca anime les discussions, ça donne des choses à dire aux politiques même en période de calme plat.

Continuant avec un air relativement négligent, comme si elle parlait des résultats du football :

- De la même façon, ce sont des gangs qui s’entre-tuent. Ils ont des sentiments d'appartenance à un groupe, des sentiments de rivalité, souvent créés par la pauvreté ambiante. S'il n'y avait pas de crise économique il n'y aurait pas de gangs, alors, quoi, on va aussi attaquer toutes les banques ? J'ai d'ailleurs amplement dit que je serais pour, les jurés ont bien aimé. Le fait est qu'au fond il vaut mieux qu'ils se tuent sur le coup avec des mitraillettes plutôt que de s'éventrer et s'écharper avec des armes de fortune et des couteaux, car crever d'un coup de couteau, c'est long, douloureux, et dégueulasse. Et à coups de poing, je ne vous en parle même pas -et je m'y connais- donc au fond, il vaut limite mieux qu'ils y aillent à l'artillerie. Sans ça ils se débrouilleraient autrement : c'est le climat social et économique qui créé la violence, les armes disponibles ne font que modifier les règles des affrontements malheureusement.

Elle finit par sourire un peu, regardant Amy comme pour mesurer sa réaction face à ce très étrange plaidoyer aussi immoral qu'abominablement et froidement logique.

- Voilà donc comment une transparence totale, une froideur effarante, et un peu d'humour, peuvent faire adopter des causes inhumaines à des jurés populaires. Vous voyez, au fond, c'est un métier plutôt marrant !

Kjerstin commença par répliquer pour mettre en évidence la naïveté d’Amy, adoptant un air dépité. Après un bref instant de réflexion, l’avocate enchaina par le fait qu’en général, ses collègues n’avaient pas le sens de l’humour. Cependant, elle présenta cette qualité comme une arme, ce qui devait réellement être le cas dans un tribunal, convint l’italienne.

La suite du discours heurta Nephilim, Kjerstin partant sur un plaidoyer concernant la vertu de l’immoralité. Après un instant de surprise, Amy ne put empêcher son menton de se contracter avec une intensité croissante, sa lèvre supérieure de se relever et la base de son nez de se replier pour former des rides : une expression de dégout.

L’avocate poursuivait sur sa victoire contre une personne victime d’une erreur médicale, qui grâce à son habileté mourrait avant l’audience de son procès, un exploit dans le sens où les êtres humains n’acceptaient normalement jamais de différer un plaignant pour qu’il meure. Du point de vue d’Amy, c’était du meurtre, et une expression fugace de peur passa sur ses traits : Kjerstin était parfaitement consciente d’avoir condamné un homme, et s’en moquait totalement. Poursuivant sur sa victoire pour une compagnie de vente d’armes, glorifiant ce commerce de la mort, rationnalisant les effets des escarmouches pour leur donner un côté positif, dont l’économie et la santé faisaient parti.

Amy détourna le regard de la dégénérée qui se trouvait à côté d’elle ; la conclusion de cette dernière quant à l’amusement de son métier la dégoûtant encore plus. Le portant droit sur la route, elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir sur l’argumentation de Kjerstin, pour y trouver une faille qui prouverait que cela avait été dit sciemment pour la faire taire ; ou au moins que l’avocate ne croyait pas réellement à ce qu’elle disait. Il n’y avait eut aucun signe de mensonge sur son visage, et même de la fierté lorsqu’elle avait parlée des affaires immorales qu’elle avait gagné. Il n’était pas la peine de revenir sur les sujets clos qu’étaient l’assassinat du patient et la vente d’armes de guerre, c’était à la pensée et au raisonnement de Kjerstin qu’il fallait s’attaquer.

Croisant les bras, serrant les points, sourcils froncés et lèvres pincées, Amy tourna son regard vers l’extérieur de la voiture, à l’opposé de la conductrice. Kjerstin choisissait uniquement de voir ce qu’elle voulait dans son inhumanité ; elle voyait la vente d’armes comme un moyen pour groupe non désirable de se purger entre eux, à équipement égal, mais n’y voyait pas le massacre d’innocents qui pouvait y avoir. En un sens, cela pouvait amener soit à de l’inconscience, volontaire ou non, de la part de Kjerstin, qui refusait de voir le mal qu’elle engendrait, soit à une indifférence envers celui-ci qui signifiait que pour la sécurité de tous, ce monstre devait mieux être enfermé. Les américains avaient stigmatisé les psychopathes comme des monstres, mais les véritables dangers étaient les gens dénués de sens moral, des égoïstes aux fanatiques. Peut-être Kjerstin considérait-elle les humains comme inférieur, cela se voyait chez de nombreux mutants, et n’avait donc de cas de conscience à les laisser mourir plus qu’elle n’en aurait eut à abattre des animaux.

Bien qu’il fallut plusieurs minutes à Nephilim pour reprendre la parole, le ton de sa voix était étonnamment calme, la colère contrebalançant le dégoût. Tournant un visage aussi neutre que possible vers l’avocate, l’italienne s’apprêtait à saisir les expressions faciales qu’aurait cette dernière à ses prochaines paroles. Surprise, dégoût, tristesse ou peur montreraient que Kjerstin n’était pas ce qu’elle voulait montrer, tandis que le mépris et la joie confirmerait ce schéma de pensée.

- Pourquoi avoir rajouté « Malheureusement » ? C’est vrai, si l’on écoute votre… logique, ce devrait plutôt être « heureusement », car les humains peuvent ensuite se mutiler plus facilement, avec plus de rapidité tout en vous rapportant plus d’argent. Pourquoi vouloir contrôler votre don ? Cela ne va pas avec cette logique, vous ne trouver pas ? Pourquoi vous retenir de massacrer cette espèce… animale ?

Vous voulez éviter de vous exposer, hein ? Condamner à mort d’autres dans un tribunal ne vous gène pas, alors pourquoi ne pas cesser de vous mentir à vous-même et y aller franco ? Cela vous donne de l’importance, n’est-ce pas ? Manipuler les uns pour condamner les autres, c’est grisant. Puis l’innocence, pourquoi s’en inquiéter ; c’est vrai, ceux que vous laissez à leur désespérance ne s’en prendront jamais à vous, puisqu’ils ne sont qu’un numéro dans un dossier. Plutôt courant chez les tueurs en série, de déshumaniser leurs victimes : après tout, c’est leur faute, elles n’avaient pas qu’à correspondre à leurs critères de sélection. Non que je ne vous place dans cette catégorie là, vous êtes bien trop intelligente. C’est par la loi que vous le faites. Juste une chose, n’avez-vous jamais pensé aux honnêtes gens qui sont morts de part vos choix ; plutôt que de s’entretuer, les dangers armés par vos clients peuvent s’en prendre à des personnes normales. Qu’en est-il de la douleur, de la peur et de la mort ? Et si le sort de l’Humanité vous indiffère, qu’en est-il de votre propre espèce ? Ne croyez-vous pas qu’ils sont parmi les premiers à souffrir de l’intolérance sur laquelle vous avez choisit de fermer les yeux ? Vous vivez la tête basse parce que vous avez peur des monstres que vous avez créé. Votre don mutant n’est pas celui de créer des dragons, mais votre métier est de leur permettre de poursuivre leurs œuvres. Alors pourquoi vous limiter au civil ; c’est vrai, si mon dossier ne vous ouvrait pas un accès à l’Institut, il aurait probablement été plus intéressant de libérer un meurtrier : plus de bénéfice pour vous, entre la récidive et la médiatisation, vos gains d’argents auraient augmenté. Je ne m’attends pas à ce que mes paroles vous atteignent, j’aimerai juste savoir si vous prenez du plaisir lorsque vous voyez le visage désolé d’un être dont vous avez ruiné l’existence ; et si vous avez jamais regardé l’un d’entre eux mourir. Quelle satisfaction de savoir que c’est en parti grâce à soit que cela a été possible.

Amy avait envie de vomir, mais avait réussit à garder le contrôle de ses pensées et si elle s’était emportée, elle n’avait pas l’impression d’avoir dit trop de stupidité. Parler avec le cœur face à quelqu’un qui en était dénué ne fonctionnait pas, elle en était consciente. Mais si Kjerstin était véritablement le monstre qu’elle laissait entendre, Nephilim faisait une grave erreur à la laisser pénétrer dans l’Institut.

Kjerstin afficha un air assez surpris lorsqu'Amy se mit à répondre, longuement, et visiblement relativement neutre malgré le fait que son discours soit assez passionné dans le fond. La brune l'écouta donc simplement, avec un air assez à la fois patient, et concerné. Clairement, elle avait été influencée par l'Institut... Elle avait immédiatement interprété son discours dans une logique anti-humains et pro-mutants, ce qui en soit était logique. Pour Kya, elle avait eu le cerveau bourré par les professeurs de l'Institut, et cela la rendit même quelque peu méfiante face à ses prochaines rencontres : il semblait évident qu'ils tenteraient de dieu sait quoi... La convaincre, ou recruter, ou allez savoir.

Malgré tout, elle s'empressa de remettre les choses dans leur contexte :

- Je crains qu'il n'y ait comme une légère confusion... démarra-t-elle alors d'un ton assez calme, fronçant toutefois les sourcils. Pour les humains et mutants, c'est une des dernières de mes préoccupations. S'il existait une échelle du rien à foutre d'une cause, elle exploserait quand il s'agit de cette "opposition" entre humains et mutants. Si je dois agir contre quelqu'un dans un tribunal, si c'est un humain ou un mutant je m'en contrefiche royalement. D'ailleurs, si une "guerre" comme disent certains devait avoir lieu, les gagnants ne seraient sûrement pas les mutants en plus... L'humanité a toujours montré la supériorité écrasante de la technologie sur l'évolution naturelle. La technologie évolue plus vite que le code génétique, et si une "vraie" guerre devait avoir lieu, les humains auraient rapidement trouvé une arme anti-mutants incontrable. La technologie évolue plus vite... Cet avantage ne pourra être retiré aux humains non-mutants, qui sont d'ailleurs souvent plus intelligents que les mutants. Car on n'y réfléchit pas, mais il n'y a pas de mérite à être mutant. Aucun. Par contre, il y a du mérite à avoir des idées nouvelles, à mettre en avant son intelligence, sa créativité, pour faire avancer la technologie, que ce soit une arme ou autre chose. Beaucoup de mutants sont débiles à un niveau tel qu'on devrait les envoyer sur une colonie minière sur la lune. Au moins leurs "précieux" gènes auraient une utilité...

Au moins, cela clarifiait la position de l'avocat sur le conflit humain-mutants : elle s'en moquait éperdumment, et voyait les humains gagnants en cas de crise. Visiblement le mépris de Kya n'était donc pas envers les non-mutants, mais envers les imbéciles. Il s'agissait plus d'une forme d'élitisme intellectuel assez prononcé : elle ne supportait pas les imbéciles. Et quelque part cela allait bien avec sa nature manipulatrice ; étant plus maline que la moyenne, elle avait une grande facilité à manipuler tout le monde, ce qui en soit confirmait son impression de supériorité dans ce domaine.

- Pour ce qui est après de défendre tous ces gens-là, au détriment d'autres... Déjà je n'exécute personne. Le type aux métastases poursuit en justice l'hôpital, et gagner ne le sauvera pas, je m'arrange juste pour qu'il meure -de son cancer- avant le procès. Au moins, il fera autre chose que de glander dans des salles d'audience à verser des larmes, il restera avec sa famille... C'est dommage d'avoir le cancer, mais ce n'est la faute de personne au fond. Enfin, si, mais pour ça il devrait poursuivre toutes les compagnies qui rendent la nourriture toxique avec des produits chimiques douteux... Quant aux familles anti-armes, ils veulent rejeter la responsabilité sur quelqu'un parce que les flics ont foiré comme des imbéciles et n'ont pas pu arrêter les vrais coupables... Pour le reste, le fait que je n'aie aucune implication émotionnelle dans la moindre de mes affaires ou même dans le moindre aspect de ma vie personnelle ne vient pas d'une volonté de "faire la guerre", au contraire je cherche à éviter toute violence. Cela provient de mon pouvoir à l'origine : si je laissais quelque émotion que ce soit ne serait-ce que remonter ce serait prendre le risque de le déclencher et de tuer 200 personnes en plein tribunal.

Ce qui d'ailleurs, la ramena à la raison de sa présence dans cette voiture et en direction de l'institut.

- C'est pour ça que je cherche à rencontrer l'institut. Un moyen de désactiver à volonté mon pouvoir me permettrait de moins avoir ce genre de problèmes.

Face aux accusations d’Amy, Kjerstin s’empressa de rectifier le tir sur certain de ses dires. Elle se moquait éperdument du conflit humano-mutant, pensant que de toute façon, en cas de guerre, ce serait l’homo-sapiens qui en sortirait vainqueur. Nephilim aurait bien répliquée que cela était faux, car il existait d’ores et déjà des mutants capables d’oblitérer l’humanité sur des centaines de kilomètres, mais cela n’aurait pas fait avancer les choses. Comme pour la guerre froide avec les bombes à hydrogène, la seule chose qui empêchait les deux blocks qui divisaient actuellement le monde de s’entre-tuer à grande échelle étaient le fait que l’un comme l’autre aurait subies des pertes effroyables, et n’avait aucune véritable idée de ses chances de victoire.

Visiblement, ce n’était pas l’espèce qui déterminait la valeur chez l’avocate, mais le coefficient intellectuel. Après une remarque très stalinienne sur l’utilité des imbéciles, il semblait clair à Amy qu’en plus d’être intelligente, Kjerstin était misanthrope.

Par la suite, l’avocate donna un autre point de vue que celui énoncé précédemment ; cette fois, c’était plus humain. Le fait que l’homme mourut avant son procès devenait une bonne chose, lui laissant le temps de profiter de sa famille. Pour les pacifistes, c’était l’incapacité des forces de l’ordre à maintenir ce dernier qui posait problème. En même tant, quant les gangs sont mieux armés que les policiers… songea Amy, bien qu’elle n’en dit rien.

Les dernières révélations de Kjerstin eurent probablement l’effet escompté, puisqu’elles détendirent Nephilim en lui révélant la base du problème émotionnel de l’avocate : son don. Elle était pacifiste, point commun entre les deux mutantes, cependant les émotions pouvaient déclencher le don et entrainer de fâcheuses conséquences.

- Et pourquoi n’avoir pas commencé par là, plutôt que de vous déshumaniser de la sorte ?

Maintenant, c’était l’italienne qui avait l’impression d’avoir été en tord, d’avoir agressée Kjerstin et de l’avoir stigmatisée, ce qui la faisait se sentir plutôt mal-à-l’aise ; pour d’autres raisons cependant, et meilleures, que la dernière fois. S’excuser aurait cependant été reconnaitre ce tord, et aurait très probablement bousillé l’effort fait par Kjerstin pour se confier.

- Vous ne cherchez pas véritablement un moyen d’inhiber médicalement votre don ; ce qu’il vous faut, c’est parvenir à le contrôler. Cela fait parti des cours donnés à l’Institut, bien que vous m’ayez déjà dit n’avoir nullement l’intention de vous y éterniser. La grande majorité des pouvoirs sont liés aux émotions, et sont par conséquent contrôlable. J’ai une amie qui est un véritable soleil ; c’est plutôt dérangeant dans la vie de tous les jours, mais le fait qu’elle l’accepte et apprenne à le domestiquer lui permet de le contrôler. Je ne connais pas votre pouvoir, mais d’après ce que j’en ai comprit, vous avez deux problèmes : une difficulté à contrôler son déclenchement et une incapacité à vous contrôler une fois ce dernier actif. En gros, lorsque vous perdez le contrôle, vous devenez une grosse créature ultraviolente style Hulk. Ne faudrait-il pas, plutôt que de faire des évitements par rapport à vos émotions, après à les côtoyer pour diminuer leur influence sur l’activation du don ? Car plus vous vous en isolerez, plus vous serez vulnérables face à elles lorsque vos défenses lâcheront. Retarder l’inévitable ne sert à rien, vous me suivez ?

Probablement par naïveté, à vouloir voir le monde gentil et bienséant, Amy avait relâchée sa garde après les explications de Kjerstin. Son envie de l’aider de même que sa confiance en l’avocate avaient crues face à la révélation du problème de fond. Pour Nephilim, Kjerstin était redevenue une personne qui avait besoin d’aide, « normale », bien qu’avec une morale un peu plus large. Cependant, un point restait en tête de la jeune fille : Kjerstin était manipulatrice, et si elle avait eut l’air sincère l’instant présent, cela ne signifierait pas qu’elle changerait de nouveau de comportement en une seconde. Elle l’avait déjà fait.

Kjerstin haussa les épaules, souriant un peu aux derniers mots d'Amy, mais pas un sourire bienveillant, ni malveillant d'ailleurs, plutôt celui de la personne qui réfléchit au passé et semble un peu nostalgique... Car dans les faits c'était bien ça, elle se rappelait de l'époque maintenant lointaine où elle pensait aussi pouvoir contrôler le pouvoir, et non les émotions... Mais malheureusement son pouvoir ne fonctionnait pas aussi facilement que ça. Ceci dit, elle n'avait pour le coup pas de mépris particulier ou d'air hautain quand elle répondit, car Amy ne pouvait pas deviner ces éléments pourtant primordiaux.

- Toute la difficulté est en fait que le pouvoir est directement relié à la moindre forme d'émotion. Une très légère émotion entraîne son activation, mais le souci du pouvoir est qu'il s'auto-alimente... Un peu comme une voiture qui descendrait une pente, même si au départ elle va à une très faible vitesse, elle va finir par accélérer jusqu'à devenir incontrôlable. La seule chose à faire pour l'arrêter est de freiner, et c'est ce type de frein que je cherche. Mais à peine il commence à se déclencher, vous pouvez être certaine que ça finira en massacre... Comme une étincelle par temps sec peut faire démarrer un feu de forêt détruisant des milliers d'hectares de bois.

Elle laisse une brève pause, haussant les épaules. Visiblement, ce constat ne l'affectait pas plus que ça, ça faisait longtemps qu'elle s'était résignée à cet état de faits et avait adapté sa façon de penser et son mode de vie en conséquence.

- A vrai dire la seule émotion qui n'a jamais provoqué une activation involontaire est l'amusement, c'est pour ça que j'ai tendance à prendre les choses avec le sourire en général, même les plus sinistre ou immorales. Mais le vrai problème est que le pouvoir tire toute son efficacité du fait qu'il s'auto-alimente et augmente tout seul en puissance par sa propre action. Plus l'émotion ou la douleur physique est importante, plus je deviens invulnérable, développe une force absurde, et surtout, deviens incontrôlable. Le souci est qu'une émotion légère démarre le pouvoir, pouvoir qui augmente de lui-même l'émotion ou la douleur ressentie, qui augmentent encore le pouvoir, qui etc... La différence avec Hulk est que c'est quand il s'énerve, dans mon cas c'est quasiment n'importe quoi qui peut tout faire démarrer.

Kya n'était pas vraiment certaine que cela rassurerait Amy, car au fond n'importe quoi pouvait causer ce genre de catastrophe qui entraînait en général au moins un mort : soit elle, soit un de ses opposants ou un des présents qui passent par là... Mais avec de la chance cela donnerait un peu plus d'informations à la jeune étrangère sur les intentions de Kjerstin : ni éliminer les humains, ni éliminer l'Institut, juste récupérer un moyen de "freiner" en cas de dérapage qui pourrait avoir des conséquences néfastes.

Tout le souci d'une solution médicale serait, selon l'avocate qui n'était donc pas une érudite dans le domaine, de trouver le bon cocktail hormonal et de calmants pour réduire à néant son pouvoir sans pour autant la "flinguer" au passage et la faire tomber de fatigue sur place, comme cela arriverait avec un calmant traditionnel comme de la morphine, ou de la codéine. Elle avait tenté, cela avait effectivement amoindri la vitesse d'activation de son pouvoir, mais n'avait rien empêché, au final l'activation s'est faite malgré tout. Avec de la chance elle pourrait combiner les résultats de ses propres recherches et essais, avec l'expérience des personnes de l'Institut...

- Après, si cela peut vous rassurer en tout cas, je n'ai aucune intention hostile envers qui que ce soit. Comme je l'ai dit, j'apprécie que l'on me fiche la paix, et je fiche la paix aux autres en retour. Je n'aime juste pas les imbéciles. Sans eux, et leurs machinations politiques, économiques, leurs gué-guerres humains-mutants, et autres, on aurait déjà des expéditions en route pour étudier l'océan d'Europe, le satellite de Jupiter, et on serait probablement sur des pistes pour développer le déplacement dans le subespace pour des exploration interstellaires. Je pense d'ailleurs qu'à cause de ça, je serai morte depuis longtemps le jour où l'on ira en orbite lointaine d'un Pulsar pour l'étudier, mais enfin... conclut-elle avec un soupir blasé.

Malgré son haussement d’épaule, Kerstin ne put s’empêcher de sourire, bien que légèrement, face aux encouragements d’Amy ; n’étant ni méprisant ni dédaigneux, Nephilim y vit une bonne chose, et en fut contente. Elles allaient enfin avancer.

Expliquant mieux son pouvoir, l’avocate déclara que ce n’était pas l’activation du pouvoir qui posait problème, mais le fait qu’il s’autoalimente. Si Nephilim avait bien comprit, les émotions n’étaient que des déclencheurs, entrainant un cercle autosuffisant du pouvoir. L’illustration avec un véhicule qui dévalait une pente fit comprendre à l’italienne l’ampleur du problème : même si l’on freinait, la voiture continuait durant un certain moment, et si l’on tentait de contrôler, on pouvait déraper et se retrouver à faire des tonneaux. Peu enviable.

Selon Kjerstin, seule l’amusement n’avait jamais enclenché ce mode « Berserk ».

- L’amusement ?

Ce ne serait pas plutôt la joie : la joie est l’émotion dont l’amusement dépend.

Cela expliquait au moins la dérision et l’humour noir dont pouvait faire preuve l’avocate ; elle palliait les autres émotions par la seule qui était relativement sure. Car une fois le cercle enclenché, le don de Kjerstin amplifiait l’émotion, s’améliorant en conséquence. Donc même la plus petite émotion pouvait aboutir à un massacre ; pas étonnant que l’avocate tente de devenir sociopathe. Et Nephilim qui l’avait fait tourner en bourrique depuis qu’elles étaient parties !

Amy nota dans un coin de sa tête qu’elle devait penser à remercier Dieu pour n’avoir pas atteint le centre émotionnel que la conductrice, sans quoi même son facteur guérisseur n’aurait put la tirer d’affaire. Bien que la situation se tendit pour l’italienne, elle n’allait pas en démordre, bien que cela représenta un danger pour sa sécurité ; mieux valait sa sécurité personnelle que celle de l’Institut. Espérant que l’on pouvait effectivement mettre un frein à ce don de Berserk, Amy ne pouvait s’empêcher de douter. La mutation n’était pas une maladie, mais ce n’était pas un remède qui était recherché ; le terme importait peu, toujours était-il que Nephilim doutait que la science puisse prendre le pas sur la nature. En effet, c’était cette dernière qui avait créée science comme homme, et il lui semblait peut probable que Dieu, dans sa création, eut autorisé à ce que l’on décide pour Lui. Mais cela s’était déjà vu, alors il y avait encore de l’espoir.

Kjerstin s’élança ensuite sur le sujet qui jusqu’à lors avait beaucoup préoccupé Amy ; l’honnêteté affichée par l’avocate finie de rassurer l’élève concernant son sens moral. Kjerstin était, pas pacifique, mais plutôt ours, ce qui revenait au même concernant la violence : elle n’aimait pas cela. Par contre, l’avocate insista bien sur le fait que les idiots étaient ses ennemis déclarés : elle leur collait les malheurs du monde sur le dos.

- Euh… c’est pas faux,

Pour en revenir à votre don, Kjerstin – je peux vous appeler ainsi, ou je dois me limiter Mme… Håtjärnen ? Bref, pour en revenir au sujet principal : comment cela se passe, lorsque vous perdez le contrôle. Est-ce un trou de mémoire, ou êtes-vous toujours consciente, sans pouvoir contrôler vos actions ?

Amy savait pertinemment qu’elle n’avait aucune expérience dans le domaine du contrôle des dons, les siens n’ayant nuls besoins d’être contrôlés, et que ses conseils ne serviraient probablement à rien. Si elle parvenait cependant à trouver un lien entre la psychologie de Kjerstin et son pouvoir, peut-être un contrôle était-il envisageable. Et tout cela alors qu’elle n’avait eut pour professeur de psycho que des livres… c’était comme jouer à la roulette russe avec un chargeur au trois quarts plein. Car pour trouver un lien entre la psyché de l’avocate et son don, il allait falloir connaitre son histoire, et raconter son passé ne laissait généralement pas les gens indifférents.

- Si c’est pas indiscret, à quel âge et dans quelles conditions s’est manifester votre mutation ; et qu’en pensez-vous ?

Ours était en effet un bon terme : elle fichait la paix à tout le monde, tant que personne ne venait s'amuser à la titiller dans sa caverne, en ignorant les grognements menaçants. Par contre, le fait que la jeune étudiante remette encore en avant cette histoire de joie arracha encore un soupir de dépit avec des yeux au ciel à la brune, qui n'était certes pas allergique à la gentillesse, mais ce n'était en tout cas pas sa tasse de thé. Rien de ce qu'elle ne faisait était gratuit. Elle était gentille ou méchante si cela lui rapportait quelque chose, dans le cas contraire elle se contentait généralement de rester neutre ou d'intervenir le strict minimum. Moins elle s'impliquait, moins elle prenait le risque de mettre la main dans un engrenage qui pourrait l'emporter et l'avaler...

Visiblement en tout cas, Amy ne semblait pas aussi intéressée par l'astronomie que ne l'était Kya. Dans un sens, elle demeurait persuadée d'être une des seules personnes non-scientifiques et non-astronomes à s'y intéresser... Elle n'eut toutefois pas le temps de s'étendre sur ces pensées, vu que sa cliente repartit sur encore plus de questions, sur son pouvoir, et plus encore sur le déclenchement initial de celui-ci. Pour la première fois la brune eut un léger rictus d'énervement, certes vite disparu, mais clairement elle ne comptait pas en dire un seul mot.

- C'est complexe, et pour ses premières manifestations, comme tout le monde. répondit-elle avec un ton du genre à geler instantanément une cascade entière.

Clairement il devenait impératif de partir sur autre chose sans trop de rapport, elle improvisa donc quasi-instantanément pour rebondir et se retrouver sur autre chose :

- Et vous donc, pourquoi être venue spécifiquement à l'Institut Xavier ? Il n'y a pas d'équivalents en Europe ?

Et étonamment, elle avait un tel manque d'intérêt pour ce genre d'institutions qu'elle n'avait effectivement aucune idée de si l'institut Xavier était le seul dans son genre ou non. Il ne lui aurait pas paru aberrant ou surprenant qu'il y ait d'autres endroits de ce type sur le vieux continent, même si elle doutait toutefois de l'existence d'un lieu de ce genre dans des endroits et pays moins ouverts... S'il y avait des écoles de ce type autre part qu'aux Etats-Unis, ce serait probablement dans un pays soit relativement neutre et riche de type paradis fiscal, comme la Suisse ou le Lichtenstein, soit dans un pays un peu plus avancé socialement parlant, probablement un pays nordique donc comme le Danemark par exemple.

Et la question qui se posait chez elle, subitement, la rendant curieuse, était de savoir pourquoi ses parents ne l'auraient pas envoyée dans un lieu de ce type si cela avait pu l'aider : même si elle n'avait jamais eu de vraie confirmation, sa mère savait pertinemment que Kya était responsable de "l'incident" qui avait eu lieu au musée, et de fait, elle aurait probablement du se renseigner plus avant à ce sujet. La question était donc : pourquoi ?
La brune finit par secouer légèrement la tête, laissant de côté tout ça, et revenant à la route. Avec de la chance elle n'aurait pas à continuer trop longtemps cette partie de ping-pong, évitant les questions pour en renvoyer d'autres.

Kjerstin eut une expression de colère à la mention de l’apparition de son don, et bien que l’émotion fut vite partie, Amy espéra n’avoir pas atteint le seuil de déclenchement du pouvoir de l’avocate. Même avec un facteur guérisseur, Nephilim estimait ses chances de survie face à un Berserker sur le freeway à zéro.

- Pas toujours,

Chez certains, cela se contente d’apparaitre, tandis que d’autres, bien qu’extrêmement rare, naissent déjà doté de leurs pouvoirs. Je fais partie de la première catégorie.

Nephilim ne rajouta pas un mot, cependant ; l’expression de colère en disait long sur ce que Kjerstin pensait de son pouvoir, ainsi que de la première fois qu’il était apparu. Il valait mieux clore le sujet, sous peine de finir entre quatre murs pour l’une et quatre planches pour l’autre.

La question de l’avocate tomba à point nommé, et Amy s’empressa d’y répondre avec honnêteté.

- Charles Xavier est non seulement le directeur de l’Institut pour jeunes surdoués qui porte son nom, mais également un professeur en psychologie, chimie et physique. Le fait que son Institution soit non-seulement une école pour mutants, parfaitement équipée pour ses pensionnaires, mais dispose également d’un enseignement supérieur varié et d’une équipe pédagogique et, il faut bien l’avouer, de protection, de qualité. Il n’existe, enfin à ma connaissance, aucun autre établissement de ce type sur Terre. C’est une amie qui me l’a conseillée, du fait de ma mutation. J’y resterai, même si notre affaire me conduit à aller étudier, partiellement ou pas, dans une autre université. Il n’y a de toute façon que là-bas qu’il y a des cours pour apprendre à contrôler ses pouvoirs.

Nephilim s’interrompit lorsqu’elle vie Kjerstin secouer la tête, comme pour chasser une mauvaise pensée, et se concentrer de nouveau sur la route.

Etait-il possible qu’à la simple évocation du don de l’avocate, la colère qui en avait résulté ait enclenché l’activation ? Amy eut une micro-expression de peur : sourcils se relevant et se rapprochant, paupières supérieure relevée alors que les inférieures sont tendues, lèvres tirées à l’horizontale vers l’extérieur du visage, bouche légèrement ouverte pour permettre l’inspiration. Bien qu’elle fut très courte, cette expression fut plutôt remarquable.

- Vous voulez que l’on s’arrête ? Si vous commencez à avoir du mal, cela ne me gène pas de faire une pause ; je ne voudrai pas déclencher de crise.

Cela allait être plutôt délicat à gérer si évoquer son passé ou l’utilisation de son don risquait de déclencher une activation, songea Amy. Pendant un instant, elle se demanda lequel de ses professeurs pourraient le mieux aider l’avocate. Pour l’étude biologique, c’était Mr McCoy, considéré comme l’un des experts mondiaux sur les mutations et l’évolution biologique de l’être humain, qui semblait tout indiqué. Cependant, vu que Kjerstin pouvait s’avérer dangereuse, la présence de plusieurs X-men, ou du fusil paralysant de Forge, pourraient être malheureusement nécessaire. Cependant, Amy n’avait pas encore de lien avec plusieurs professeurs, seulement Forge et Jubilee, respectivement Math et Sport.

Cela allait s’avérer coton ; trouver un professeur, un X-man, pour lui demander d’aider une avocate venue ici avec une fausse excuse et pouvant potentiellement se transformer en une brute incontrôlable, voilà qui promettait d’être des plus épiques.

Nephilim n’aimait ni avoir des problèmes ni causer des problèmes, et il lui semblait qu’aujourd’hui, elle était partie pour faire un Strike.

Les informations qu'Amy donnait sur l'Institut Xavier étaient intéressantes. Elle savait bien qu'il s'agissait d'une sorte d'institut spécial pour surdoués et mutants -même si Kya voyait mal le lien entre les deux, il y avait des mutants parfaitement imbéciles- mais ne pensais pas que c'était une organisation aussi complexe. Dans l'ensemble, elle s'attendait plus à une sorte de centre où les mutants pouvaient vivre, avoir quelques cours, et ça s'arrêtait là : elle ne s'était jamais vraiment plus documentée que ça sur cet endroit. Tout le problème serait d'éviter de se faire "aggripper" par une quelconque cause bienfaitrice qu'ils voudraient qu'elle défense avec eux, ou dieu sait quel alignement, ce qui aurait tendance non pas à l'énerver mais plutôt à l'exaspérer profondément.

Visiblement en tout cas, l'enseignement était visiblement de qualité et pas centré exclusivement autour des mutations... Alors que Nephilim citait donc tout ça, la brune eut un petit haussement de sourcil et un sourire amusé en coin... Peut-être qu'un établissement aussi pointu aurait besoin de conseils juridiques à l'occasion ? Une occasion intéressante de se faire de l'argent et d'avoir un client assez spécial... Mais son enthousiasme ne fut que temporaire : il était improbable que son bureau souhaite trop s'impliquer avec une institution mutante de ce type, sans compter que quelque part, si elle les défendait ou conseillait de ce côté-là, d'autres groupes mutants pourraient la considérer comme étant alignée avec eux. Mauvais plan.

Amy sembla soudainement préoccupée par l'état de l'avocate, semblant se demander si son petit énervement passager serait suffisant à déclencher une catastrophe. Il fallait bien avouer que Kya avait amplement exagéré les conditions de déclenchement d'une crise de rage incontrôlable, probablement pour éviter les questions d'ailleurs. Elle s'empressa donc de répondre avec un ton se voulant rassurant, et qui quelque part l'était... Mais en écoutant bien le ton de la voix, quelqu'un se fin pouvait sentir que ce ton rassurant était volontairement exagéré. Sincère, mais exagéré.

- Non ne vous en faites pas, il en faut malgré tout un peu plus que des questions indiscrètes pour m'énerver à ce point. Si c'était le cas je vous laisse imaginer les catastrophes qui seraient déclenchées chaque fois que l'avocat de la partie adverse vient m'asticoter ! Et c'est très très courant comme procédé d'ailleurs.

Une fois cela dit, elle revint à l'Institut Xavier, toujours intéressée par ce qu'elle pourrait y trouver. Clairement, c'était vraiment une école, et non une simple couverture... Enfin, c'était SÛREMENT une couverture, mais pas seulement. Ce n'était pas comme la pizzeria italienne qui vend 10 pizzas par mois, et sert de couverture pour du blanchiment d'argent de prostitution... C'était véritablement une école fonctionnelle avec des enseignements visiblement un peu poussés, qui faisait aussi office de QG Mutant. Elle n'était du coup plus très sûre de ce qu'elle pourrait trouver là-bas...

- Mais, l'Institut a des médecins spécialisés, ce genre de chose ? demanda-t-elle alors, l'air assez préoccupée par la réponse.

Kjerstin eut un sourire unilatéral à l’évocation de l’enseignement apporté à l’Institut. Le mépris était l’expression faciale la plus simple à reconnaitre, les lèvres remontant d’un seul côté, généralement le gauche car côté émotionnel, ainsi que, parfois, la tête se penchait légèrement vers l’arrière, lorsqu’il était suffisant pour déclencher un sentiment de supériorité. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’est ce qu’il venait faire là. Probablement l’avocate s’était-elle attendue à un centre d’entrainement comme les pires rumeurs le promulguaient, ou alors à une simple école de facade.

Lorsque l’avocate reprit la parole, se fut cependant pour rassurer Nephilim concernant l’enclenchement de son don. Il était vrai que cela aurait déclenché de nombreuses catastrophes en pleine audience, puisque les avocats se tiraient dans les pattes à ce que Kjerstin en disait. Cela allait donc, puisqu’Amy devait être moins agaçante que ses adversaires habituels.

Toujours était-il que l’avocate ne perdit pas la main, enchainant avec de nouvelles questions sur l’Institut. Amy, ayant été apeurée, n’avait pas répliquée par de nouvelles demandes. Cependant, si répondre à Kjerstin permettait de gagner sa confiance, même modérément, cela faciliterait les choses par la suite. L’avocate était visiblement méfiante à en devenir légèrement paranoïaque, ainsi établir une relation d’égalité permettrait à la suite d’être plus posée.

- Pas vraiment ; notre infirmière est médecin, et nous avons surement d’autres résidents ayant des compétences semblables, mais il ne me semble pas que nous ayons de chercheurs ou de médecins « spécialisés ».. Il y a le professeur en biologie que j’ai déjà cité, Hank McCoy, qui est reconnu mondialement comme un expert en génétique et en biochimie. Après, la médecine et ses pratiquants m’ont toujours laissés indifférents, puisque je dispose d’un Facteur Guérisseur. En un mois, je ne me suis jamais rendue dans l’infirmerie. Je suis désolée de ne pouvoir vous renseigner plus sur le sujet.

Amy n’avait même pas rencontrée la totalité de l’équipe pédagogique de l’Institut, et ne les connaissaient pas tous même de noms. Elle était arrivée trop récemment pour pouvoir en expliquer les tenants et les aboutissants, et serait malheureusement plutôt inutile dans la présentation de l’Institution Xavier. Enfin, cela lui éviterait également de dire des idioties ou de se montrer indiscrète sur quelques sujets sensibles que ce soit.

- Ne vous en faites pas, cependant : une fois sur place, on trouvera quelqu’un capable de vous aider. Le personnel est des plus compétant, bien qu’entre nous, certain soient relativement hors norme : en même tant, dans une école comme l’Institut, la norme est un concept très surfait.

Amy ne pensait à personne en particulière lorsqu’elle disait cela, c’était plus un trait d’humour pour s’attirer la sympathie de Kjerstin. En même temps, comme la plupart des gens, elle avait tendance à remarquer plus facilement les personnes spéciales que les personnes quelconques ; ce qui expliquait qu’elle eut retenu le nom et la matière du Fauve, dont elle parlait depuis tout à l’heure : un professeur bleu peluche dont l’apparence bestiale contrastait avec son intelligence hors du commun. Nephilim aurait bien voulut le rencontrer.

En tout cas, si l’avocate s’attendait à un centre d’entraînement pour mutants, elle allait avoir une sacrée désillusion. C'était une école, avec certes un cours spécialement adaptés aux pouvoirs de chaque élève, mais il ne s'agissait pas de produire des soldats ou des guerriers.

- Oui, non par "spécialisés" je voulais dire, qui ont l'habitude de voir des problèmes assez inhabituels que des médecins à la formation traditionnelle ne sauraient pas régler. corrigea Kya.

En tout cas Amy avait un "facteur guérisseur" ? Elle n'avait jamais entendu parler de ça, même si elle se doutait plus ou moins de ce que ça voulait dire, il s'agissait probablement de la même chose que ses capacités de régénération, ou au moins quelque chose de similaire. La brune se demandait toutefois à quelle vitesse la régénération de l'étudiante agissait, affichant un air assez curieux. Ses propres capacités de régénération hors-combat étaient certes légèrement supérieures à la normale, mais pas de manière significative. Un généraliste trouverait juste qu'elle cicatrise très vite et bien, mais sans trop sortir de la norme humaine. C'était véritablement le déclenchement actif de son pouvoir qui lui procurait, là en revanche, une capacité à guérir et à supporter les blessures quasi-absurde. Kjerstin se doutait néanmoins du fait qu'une blessure fatale, infligée en une seule fois, pourrait la tuer, mais n'avait jusqu'ici pas eu la malchance de tomber sur ce type de problème.

Le fait était en tout cas qu'ils avaient au moins un biologiste reconnu mondialement dans le domaine, peut-être aurait-il la possibilité de régler le souci, ou au moins, contribuer à le faire... Elle avait juste besoin de connaissances médicales, de quelqu'un qui sache quels produits ou quelles hormones peuvent inhiber une rage incontrôlable, cela devait bien exister au fond... Sinon les cas les plus graves des hôpitaux psychiatriques seraient ingérables d'ailleurs. Mais quel mélange lui fallait-il, là restait toute la question.
Vu qu'en tout cas elle avait des informations sur l'Institut, la brune n'interrompit pas le flot, encourageant son interlocutrice à continuer plus avant :

- Expert en génétique et en biochimie vous dites ? C'est plus ou moins le genre de chose qui pourrait aider en effet. Mais vous avez rencontré pas mal de monde, j'imagine, en un mois, non ? enchaîna-t-elle, du coup.

Tant qu'à faire, Kya aurait apprécié avoir un aperçu global des possibles interlocuteurs qu'elle aurait : mieux valait savoir à qui l'on s'adresse pour éviter des problèmes ou maladresses déplacées. Elle se rendait compte qu'elle ignorait beaucoup de choses sur cet institut, où, comme le soulignait Amy, pas mal de personnes "hors normes" se trouvaient. Et clairement, vu l'interrogatoire que lui faisait subir l'étudiante, il y avait une certaine méfiance, que l'avocate comprenait d'ailleurs. Elle savait, elle, qu'elle ne représentait aucun danger si personne ne la provoquait, mais elle était seule à le savoir, ça.

- L'idée c'est surtout de savoir s'il y a quelqu'un qui pourrait être du genre à chercher la bagarre avant la discussion, que je limite autant que possible la communication du coup. J'ai déjà croisé des mutants d'une sorte de clan suprématiste bizarre, et ils ont tendance à taper d'abord discuter ensuite disons... Ça a assez mal fini en général, j'aimerais du coup limiter ce genre de chose autant que possible.

- Madame… Håtjärnen,

l’Institut dispose surement de meilleurs moyens de s’occuper des mutants que la totalité des hôpitaux du continent combinés.

Cela avait été dit avec une relative pudeur, Amy se trouvant sotte, et étant désolée de l’être, par sa méprise concernant la spécialisation évoquée par Kjerstin, et sans aucune agressivité.

L’avocate sembla plutôt contente de la présence du Fauve et de ses compétences, et Nephilim espéra qu’elles parviendraient à le trouver. S’il n’était pas à l’Institut, il y aurait sans doute d’autre X-men capables de leur venir en aide, mais ils n’auraient probablement pas autant de connaissance dans le domaine que Mr McCoy. Amy eut un sourire gêné lorsque Kjerstin supposa qu’elle avait rencontrée du monde, en un mois.

- Pas tellement en faite ; je suis plutôt du genre à rester dans mon coin. Mes connaissances qui dépassent le visu sont le professeur de math et la professeure de sport, tous deux X-men, ainsi que deux-trois autres élèves. J’ai plusieurs fois demandé à prendre rendez-vous avec le professeur Xavier, mais il est trop prit. C’est pour cela qu’il ne peut assumer l’enseignement de ses cours, et que j’ai dû venir vers vous.

Amy avait un peu honte ; en un mois, elle ne devait pas avoir rencontré un centième de l’Institut, sa timidité ayant éloignés les autres, qui probablement bien pensant, ne voulaient pas la brusquer. Enfin, c’était une école, avec sa diversité de paysage. C’est par ailleurs ce que répondit Amy lorsque la question lui fut posée :

- Ben en faite, c’est une école comme une autre, avec les bons points et les mauvais points. Cependant, si quelqu’un semble solitaire, généralement les élèves le laisse faire : la plupart ont déjà eut leur lot de problèmes, et savent qu’il vaut mieux éviter de brusquer les choses. De plus, vous ne passerez pas vraiment pour une élève, avec votre habit d’avocate. Vous attirerez sans doute la curiosité, mais je ne pense pas que l’on vienne vous chauffer. Pour ce qui est des clans suprématistes, c’est assez malheureux à voir. En quoi les gènes rendent-ils une personne supérieure à une autre ? C’étaient les nazis qui pensaient cela ; non, personnellement je pense que c’est à une personne de se définir elle-même, non pas à une quelconque génétique.

Amy ne pensait pas que les élèves de l’Institut serraient casse-pied envers l’avocate ; ce n’était pas le genre de la maison, bien qu’il faille de tout pour faire un monde.

Dans les cas extrêmes, Nephilim se devrait d’intervenir ; après tout, si Kjerstin ne ressentait rien, elle ne se transformait pas. En plus, elles devraient arriver vers 15h45, peut-être un peu avant ; la majorité des résidents seraient donc en cours, et elles ne rencontreraient pas des foules. Peut-être mieux peut-être moins bien, Amy n’aurait su le dire.

- Nous sommes une école, nous sommes pacifiques. A l’inverse des personnes que vous avez citées précédemment, nous sommes pour la paix et une cohabitation égalitaire humain/mutant. L’Institution est également un refuge, mais j’espère que vous pourrez le constater vous-même. Comme je vous l’ai dis, je suis plutôt nouvelle, et peu renseignée. En tout cas, l’atmosphère est plutôt sympa.

L’italienne sourit, essayant de faire partager son enthousiasme vis-à-vis de l’Institut. Elle n’avait pas oubliée que Kjerstin ne souhaitait pas se ranger, mais elle pensait que l’honnêteté subjective de son point de vue avait une place dans cette discution.

- Vous vous attendiez à quoi en allant là-bas ?

Son habit d'avocate... En soit, la brune portait des vêtements assez stricts en effet, le style tailleur-jupe longue était en général plus apprécié que des genres plus détendus dans les bureaux... Mais il fallait avouer que dans une école ça ne passerait probablement pas inaperçu. Le principal était en tout cas que personne ne viendrait spécialement chercher les problèmes. Certes, Kya se doutait bien qu'il n'y aurait probablement pas de soucis, mais au fond on ne sait jamais. Il y aurait pu y avoir dieu sait quel mutant avec un pouvoir de force décuplée, servant de "chien de garde" de l'Institut, qui aurait pu lui poser des problèmes.

Au moins, l'Institut avait des personnes s'y connaissant dans la plupart des problèmes rencontrés par les mutants, avec de la chance ce monsieur McCoy aurait plus d'informations ou d'idées qu'elle sur les contraintes et les mécanismes biologiques de son pouvoir. Kjerstin n'avait que des théories, qu'elle ne pouvait pas vraiment confirmer par des examens médicaux ou des analyses, mais visiblement, son cerveau avait un contrôle plus avancé que la normale sur le reste de ses cellules, donc quand un stress intense se manifestait, son cerveau semblait pouvoir ordonner à son corps d'utiliser plus d'énergie, d'une façon ou d'une autre. C'était probablement pour ça qu'elle avait toujours faim après une crise passagère, et qu'elle perdait parfois même plusieurs kilogrammes. Après, elle était loin de tout savoir, et faisait même erreur sur certains points... La vérité était comme toujours bien plus complexe.

Visiblement, la jeune élève n'était pas une grande sociale... Il fallait avouer qu'elle avait l'air timide et loin d'être aussi extravertie que la Suédoise, donc elle n'aurait pas beaucoup d'informations sur les professeurs et élèves. En soit le fonctionnement des cours semblait assez étrange à l'avocate... Visiblement il fallait plus ou moins prendre rendez-vous avec les professeurs, ils n'avaient pas de planning de cours fixes. D'un autre côté avec les activités extra-scolaires de certains des enseignants, les fameux X-men dont parlait Amy, c'était relativement logique.

- A quoi je m'attendais ? répondit Kjerstin quand sa jeune interlocutrice lui posa la question. Je ne sais pas trop je dois avouer, j'aime juste bien savoir où je vais notamment pour éviter un potentiel faux-pas qui pourrait poser problème...

Clairement, il valait mieux éviter de trop faire de vagues, surtout si cela risquait de provoquer des problèmes. Visiblement certains des élèves avaient des cours visant à contrôler leurs pouvoirs, donc cela voulait dire que tous les élèves ne contrôlaient pas leurs pouvoirs... Donc en cas de souci, si l'un d'eux déclenchait par erreur le sien, ce qui déclenchait par erreur celui de Kya, l'escalade vers la catastrophe pouvait être assez rapide. Clairement, le fait qu'ils arrivent à une heure où il y avait cours serait une très bonne chose.

- Que l'atmosphère soit accueillante est en tout cas une bonne chose pour vous, croyez-moi étudier dans des mauvaises conditions c'est la porte ouverte à des difficultés nombreuses. Même si les études ne font pas l'avenir d'une personne, loin de là en fait, parfois les plus talentueux et ceux qui réussissent sont ceux sans diplômes supérieus... Malgré cela en tout cas, ça peut laisser des marques et des souvenirs amers.

Elle en savait quelque chose d'ailleurs, des souvenirs très désagréables dans l'ensemble... Ces deux gamins, les premiers qu'elle avait littéralement exécutés, étaient tellement agressifs et stupides qu'on aurait dit des caricatures sorties tout droit d'un anime japonais où l'héros ou héroïne se fait malmener par des élèves méchants et décrits de façon complètement manichéenne. La brune parut pensive alors qu'elle y réfléchissait, ils étaient un peu du genre de ces deux gamins qui tuent le petit chien dans Elfen Lied... C'était peut-être pour ça qu'elle avait apprécié cet anime, alors qu'elle n'était pas, mais alors pas du tout une consommatrice de ce type de média.

Elle finit par laisser ça de côté, reprenant la route. Elles étaient déjà à mi-chemin, avec un peu de chance la jeune italienne n'aurait pas d'idées pour continuer de la cuisiner...

Une fois de plus, Kjerstin agissait avec prudence : bien qu’elle reconnaissait ne savoir véritablement à quoi s’attendre, elle voulait éviter les problèmes. Cela n’empêcha pas l’avocate de montrer un enthousiasme, bien que modéré, pour le fait que l’école soit agréable : selon ses dires, et probablement son expérience, les mauvais endroits laissaient d’amers marques comme souvenirs.

Alors que Kjerstin restait pensive, Amy la dévisagea ; visiblement, l’avocate était perdue dans ses pensées, comme si l’une des remarques précédentes avait évoqué quelque chose de sa propre histoire, ou l’encourageait à méditer. N’ayant fait qu’un dire qui eut put pousser à telle réflexion et ayant déjà obtenue sa réponse, Nephilim doutait que l’autre réfléchissait à sa propre parole.

Cela semblait plutôt logique que la Berserker aient eut une scolarité difficile : si le moindre stress ou autre enclenchait son don, ce dernier avait dû connaitre une période de suractivité.

- C’est ce qui s’est passé pour vous ?

Vos études n’ont pas due être faciles, vu les conditions d’activations de votre don ; n’avez-vous jamais put apprendre « normalement » ?

Nephilim ne savait pas comment sa dernière phrase pourrait être interprétée. Elle n’avait en rien voulue formuler cela ainsi, car ça lui semblait plutôt maladroit, mais n’avait sur le coup pas trouver d’autres formulations.

Alors qu’un dialogue constructif commençait à s’installer, il aurait été dommage de rompre le tout avec une mauvaise parole ; cependant, Nephilim ne s’en faisait pas trop : son ton n’avait en rien été agressant ou accusateur. Elle était intéressée, comme plus ou moins à chaque chose. Parler de l’Institut avait permit à la jeune italienne de découvrir, enfin le supposait-elle, quelques détails sur le passé de Kjerstin. Ainsi, plutôt que d’y aller par la voix insidieuses et détournées, mais relativement avouée, des questions, elle allait devoir orienter ses propres réponses de manière à pouvoir obtenir en retour des informations. Et galère !

Finalement, alors qu’elle réfléchissait, rassemblant les données en sa possession pour pouvoir répondre à la prochaine question de l’avocate, le silence s’installa, l’interrogation attendue ne venant pas.

- Je sais que je vais être assez ennuyeuse, mais vous ne voulez vraiment pas de dire d’où vous venez ? Kjerstin… Håtjärnen,

ce n’est pas américain comme nom. Vous avez également immigré ici pour des raisons professionnelles ? C’est le pays où il y a le plus d’avocat au monde, il y a surement des raisons. Vous n’avez pas trop à vous plaindre des clients, non ?

Etant repartie sur le sujet sensible des origines, sur lequel Kjerstin l’avait déjà rembarré avec une ingéniosité certaine, Amy avait essayé d’adoucir la demande en dérivant de suite sur le travail, ce qui dépersonnaliserait la question. Nephilim espérait vraiment, aux vues de la fierté que l’avocate avait semblé retirer de ses victoires, que le sujet professionnel serait un terrain où l’avancement était possible. De plus, l’italienne connaissait l’activité de la conductrice, ce qui limitait les réponses imaginatives tirées d’un quelconque jeu peu connu.

On ne savait cependant jamais, ainsi l’élève de l’Institut ressorti son téléphone, prête à faire fonctionner internet en cas de doute.