Very Bad Day [libre]

Encore une des ces journées pourries qui continueront aussi mal qu'elles ont commencé jusqu’à ce que quelqu'un pète un plomb et tue quelqu'un. Eredan rentra d'un pas diligent dans la salle de Détente. il se retint de claquer la porte.
Pas pour se détendre, ça c'était sur. Quatre heures. QUATRE HEURES A FAIRE LA QUEUE dans une administration grise, moche et pour une raison stupide de dossier non complété qui s'était avéré, après avoir vu trois services différents, parfaitement en règle! Il y avait tout les documents, mais l'un ayant été agrafé a un autre par mégarde, personne avait pensé a vérifier... Bougre d'abrutis de vache laitière de pédocules nacrés!
C'eut été trop demandé d'avoir un peu de jugeote, d'initiative?
Autant Eredan n'avait normalement rien contre les administrations, autant là, il aurait préféré s'adresser à un melon cru que d'avoir affaire a cette énergumène de vieille godiche insipide et sa voix croassante qui lui avait annoncé qu'il allait FALLOIR REVENIR dans deux semaines pour recevoir, ENFIN des documents qui auraient pu, selon toute logique, ÊTRE ENVOYÉS PAR LA POSTE!

Mais NOOOOOON, fulmina t-il, se servant un café avec aussi peu de délicatesse qu'un Elephant fasciste dans un magasin de porcelaine tenu par un indien. Reposant la cafetière, enfin, la laissant tomber vaguement dans sa position initiale, en un effort incroyable de ne pas la jeter par terre, il alla s'assoir, ruminant ses sombres pensées.

ET CETTE IGNOBLE CROTTE dans laquelle il avait glissé comme un abruti fini sur le trottoir en revenant?! Cet enfoiré de possesseur de chien de satan aurait pas pu, en faisant un tout petit effort, pousser son chien de trois foutus décimètres pour aller le foutre dans le caniveau?!
Ou encore mieux! Sous les roues d'un quatre quatre!

Parce que Parlons-en, des quatre quatre! Eredan détestait ces saletés de montagnes de féraille bruyantes, obséquieuses et ostentatoires, qui lui pourissaient autant les yeux que les oreilles sur une base quotidienne. Et les types qui conduisent ces trucs capables d'écraser un lion sans broncher, c'est pas pour faire des safaris!
Et il n'avait pas un problème intrinsèque avec les 4x4 juste parce qu'il conduisait une renault 106, soit une voiture capable d'être écrasée en entière par UNE SEULE roue d'un de ces monstres... Et lui avec!

Il fulminait. Et plus il fulminait, plus il s'énervait. Et plus il s'énervait, plus il ressassait les événements malheureux qui étaient venus s'empiler sur sa journée foireuse, irritante et ignoble. Et cela formait un cercle vicieux.
Ce n'était pas a proprement parler de la colère, ou de la rage, mais simplement une irritation qui aurait dépassée toutes les limites du possible. Il était énervé, rien de plus rien de moins. Et au fond de lui, il savait que rien de tout cela n'avait la moindre gravité, le moindre impact sur sa vie. Et c'était précisément ça, qui l'énervait. Cette sensation de vacuité stupide l'irritait au plus haut point. Cette idée de devoir pointer dans une administration de l'état pour demander un papier, de ne rien avoir de mieux a faire de ses journées que de s'énerver sur les conducteurs de 4x4 et les chiens d'abrutis...

Il soupira, toujours la mâchoire crispée par cette irritation infâme qui le minait.
Et soudain, il réalisa.
Il n'était pas seul.
C'était la salle de détente.
Celle ou on est sensée se détendre.
Mais dans la salle, plus personne ne se détendait.

Oups.
C'était peut-être un peu tard pour couper son pouvoir. Il soupira en se tenant la tête, réalisant qu'il l'avait laisse "allumé" tout ce temps. Et, se retournant, il se concentra un bon coup pour couper son pouvoir du mieux qu'il le pouvait. Mais tous ceux qui l'entouraient partageaient déjà très sûrement son état d'esprit.
Et merde.

Encore une des ces journées pourries qui continueront aussi mal qu'elles ont commencé jusqu’à ce que quelqu'un pète un plomb et tue quelqu'un.
Et, bien sûr, comme l'univers entier était contre lui, il fit tomber son café.
Sur la personne la plus proche.

"Et crotte de flute de saleté de figolu.... désolé..."

Si seulement ça avait pu être aussi simple que de juste dire pardon. Pour être franc, a cette instant précis, Eredan ne s'attendait a rien de moins qu'une claque spectaculaire. Alors il serra les dents.
C'était pas comme si c'était la première fois que ça arrivait.

La journée avait plutôt bien commencé, Nicolas avait suivi ses cours avec le maximum d'attention dont il était capable. Il sortait du cours d'astrophysique auquel il n'avait pas compris grand chose, mais il avait une masse de notes impressionnantes et une bibliographie conséquente. Mais rien ne valait un moment de détente après un tel cours. Rien ne servait de ressasser son cours maintenant, il n'y comprendrait encore rien. Il était donc assis devant la télé à regarder les informations lorsqu'il ne sait pourquoi l'ambiance commença à se détériorer. Nicolas commençait à s'énerver tout seul, chose rare, si il en est. Et le comble c'est qu'il n'y avait aucune raison apparente à son énervement. Il se leva donc pour se calmer et un jeune homme qu'il n'avait jamais vu auparavant lui renversa son café dessus. Il fulminait, mais n'étant pas du genre violent il ne leva pas la main sur le jeune homme, mais il lui dit sèchement.

"Vous ne pourriez pas faire attention non ?"

Dit il en fouillant nerveusement une de ses poches alors que la faim grandissait pour trouver une barre de céréales.

Eredan leva un sourcil.
Juste un. Ce n'était pas le meilleur signe du monde. Un mélange de doute et de méfiance, plongée dans un peu d'irritation. Pas de claque, c'était déjà pas mal. Mais Eredan n'était pas le meilleur diplomate avec les tons secs.

"Vous ne pourriez pas faire attention non ?"

Il déglutit en attendant la suite, et puis rien. Une chance inouïe. Mais Eredan avait beau essayer de se calmer en son âme et conscience, il restait agité et nerveux. Lorsqu'il prit la parole, ce fut de la façon la plus flegmatique qu'il ne le pouvait, tentant de ne pas laisser trop de sarcasme transparaitre.

"Si je pourrais mais là j'avais une envie folle de renverser mon café sur quelqu'un.... Enfin...Désolé."

Il se dirigea vers la table de la cafetière et posa son verre, l'échangeant contre un rouleau d'essuie-tout qu'il envoya a sa victime malheureuse. Mais quelque part, cette confrontation l'avait un peu désamorcé dans son énervement en cycle automatique. Il restait b:lasé, négatif et pas franchement folasse, mais au moins, il avait autre chose a penser.

Et puis il alla se resservir une tasse en lorgnant sur l'objet de sa maladresse. Cette tasse, objet de satan, qui lui avait échappée.

"En même temps faut pas être très malin pour acheter des tasses aussi instables. et pas moyen de foutre ses doigts bien dans l'anse... Si je trouve celui qu'a conçu ça je le pends par les oreilles. T'en veux un, pour me faire pardonner?"

On pouvait dénoter plus qu'un brin de mauvaise foi dans sa voix, mais il faisait un effort pour continuer a se calmer. Si il continuait a s'énerver, tout seul, dans son coin, cela risquait de poser problème, et de finir d'accumuler les couilles dans cette journée pathético pathétique. Alors, mieux valait faire un effort.

» What if... [Libre]
» C'est la fin?[Libre]
» "All We Are, All We Are... [Libre]