Thoughts Behind The Scene (Libre)

Lorsqu'il franchit la porte coulissante de la terrasse, Hopes prit garde que personne ne l'ai suivi au dehors. La fin du cours avait sonné, il avait su habilement donner le change mais à présent il n'en pouvait plus. Quelque jours depuis sa sortie de l'hôpital et il avait insisté pour s'immerger le plus rapidement possible dans le monde des taches à réaliser à l'Institut. Comme souligné précédemment, il donnait le change donc, peut être que Charles n'était pas dupe mais pour le reste du monde, c'était une évidence que le professeur était revenu au mieux de sa forme. Hopes gardait ses démons pour lui, il revivait régulièrement la scène où la lame lui avait perforée le ventre même si les mots que Anne lui avait murmuré dans son comas et sa présence en son esprit avaient été effacé. Il savait cependant que quelque chose d'important avait été révélé lors de ce moment mais cela lui échappait encore.

Ce qui ne lui échappait pas, c'était l'aspect vain et surfait de toute chose. Pour ainsi dire, les gens et ce monde lui semblaient étranger quoiqu'il en dise. Il se surprenait de nouveau à vivre par automatismes avec des regrets douloureux de s'être éveillé de son coma. Louis demeurait à nouveau introuvable et Ashe, furieuse à juste raison, avait pris certaines distances que le Time tricker respectait. A vrai dire, cette impression de coquille vide ne le quittait plus.

Il refusait de se l'avouer mais cet épisode l'avait affecté psychologiquement, de cynique il était passé à l'amertume. Sa violence cependant était retombée et même pire puisqu'il était incapable de regarder sa propre lame sans éprouver quelques frissons. Il songeait parfois à quitter l'Institut et laisser tout cela derrière lui une bonne fois pour toute.
Une ile au loin, sans personne, sans espoirs et rien d'autre que siroter une boisson fraiche en regardant ce monde s'effondrer sur lui même.
Baisser les bras et arrêter de ne vivre que d'espoirs déçus.
C'était facile, c'était humain et Hopes savait depuis toujours que les mutants étaient humains.

Il grimaça en s'accoudant à la rambarde, sa blessure au flanc lui tirait et brulait les chairs, c'était vif et encore trop jeune pour se faire oublier.
Il sortit son paquet de Black Devil et s'alluma une cigarette tout en se perdant dans la contemplation des heures matinales du parc.

Hopes vivait en fantôme.
Son charme et son mystère s'était consumé dans les vapeurs de ces dernières rencontres mouvementées.
Il se jugeait définitivement "mauvais". Très loin de l'image de "L'homme bien" que véhiculait son ami David Haller ou du leader charismatique que Ororo incarnait.
"monsieur l'intendant", comme certains des jeunes le nommaient, l'un des chronopates les plus puissants du monde devenait Monsieur Cellophane ! C'était ce qu'il voulait mais parfois son désir de non solitude le rattrapait malgré son envie de se constituer une "famille" de cœur.

Un jour tout ca aura un sens.

il aimait se répèter cela.
La vérité c'est qu'il n'en voyait aucun.

Ce matin, Morgan s’était levé sous les coups de butoir d’une douleur au biceps gauche. Douleur d’autant plus lancinante qu’elle n’avait pas de cause concrète : il n’avait plus de biceps gauche, et ce depuis bientôt 6 mois. On appelait ça une « douleur fantôme » … il ne savait pas trop comment ça fonctionnait, mais ce qui était sûr c’est que c’était impossible à calmer, il fallait juste patienter. Morgan se releva d’un bras et s’assis sur le bord du lit, savourant le vivifiant contact de ses pieds sur le carrelage frais. Il passa sa main droite dans ses cheveux et regarda son portable (gracieusement offert par l’Institut). Il était 10 heures. Déjà, de son épaule gauche, de petites particules d’apparence liquide s’amoncelaient, flottant autour de son moignon d’épaule, pour commencer à former son bras. L’énergie dorée qui le composée, translucide, laissait courir sur le sol des volutes de lumière passant à travers elle depuis la fenêtre derrière lui. Il les contempla, à demi éveillé, et remercia encore une fois sa mutation de faire disparaître son bras d’énergie (sa « prothèse plasmique » comme il l’appelait parfois) lorsqu’il s’endormait. Ce bras possédait une force parfois dérangeante, il aurait put faire pas mal de dégâts d’autant que son sommeil était agité. Il dormait mieux quand même, mais pas encore suffisamment bien pour ne pas retourner les draps ou parfois tomber du lit. Il lui arrivait parfois de se réveiller en sursaut sous les assauts d’un cauchemar. La dernière fois, il avait tenté de se relever des deux bras sous l’impact du réflexe, mais son handicap lui avait fait perdre l’équilibre et si il n’avait pas eu son bouclier automatique, il aurait put s’assommer sur la table de nuit … ces instants étaient pour lui humiliant, qu’il y ait ou non des personnes pour y assister.
Il se dirigea vers un coin de sa chambre où trônait une bouilloire et des tasses, du café et du thé. Il aimait prendre son petit-déjeuner, ou plutôt, il aimait le prendre nu, sans se soucier de s’habiller avant. Et c’était impossible dans les salles communes de l’Institut remplis de jeunes personnes. Tout en faisant bouillir l’eau du sombre breuvage qui devait lui donner l’énergie de démarrer la journée, il fouilla dans sa caisse et sortit un disque vinyle de Patty Smith, une de ses nombreuses « rapines » de sa période DJ-barman en Australie. Qu’elle était loin cette période. Le froufrou de l’aiguille sur le disque noir laissa place à des coups secs, puis l’instrument se mit à promulguer les douceurs et les virulences de la chanteuse autodidacte. Il engloutit son café et commença ses exercices du matin dés que son bras ce fut complètement formé, des étirements et parfois du yoga, qu’il avait commencé il y a peu. Ces exercices lui permettaient non seulement de garder la forme qu’exigeaient ses obligations martiales de X-man, mais elle lui donnait aussi une meilleure coordination avec son bras d’énergie et soulageait quelques temps ses douleurs fantômes.

Alors que les accords de guitare emplissait sa chambre, il se tenait en arbre droit appuyé sur son bras d’énergie seul, le corps droit et rectiligne, dans un équilibre encore vacillant. Il était ironique de voir que sa situation actuelle ne reposait désormais plus que sur ce cet appendice d’énergie. Depuis que sa mutation était devenu visible, et d’autant plus depuis qu’il avait une prime sur sa tête, il ne pouvait plus sortir ni ne pouvait plus réellement avoir de vie sinon dans les ruelles sombres et les bas-fonds de la clandestinité. Le seule endroit où il se révélait accepté était l’Institut, et de vieux sentiments refaisait surface, affluant de la période où il avait vécu dans les diverses squat à mutant de Sidney.

Il n’avait trouvé une utilité qu’avant-hier. Une utilité autre que son rôle de guerrier X-man : celui de professeur. L’intendant de l’Institut, Daniel Hopes, lui avait confié une jeune femme à laquelle il semblait être attaché. Il lui avait demandé de lui apprendre un petit peu à contrôler ses pouvoirs, vu qu’ils avaient des dons similaires.
Et contre toute-attente, Morgan avait adoré ça. Il avait put faire faire d’énormes progrès à la jeune fille, et à lui-même par la même occasion. Aujourd’hui, il devait rendre compte de ces progrès à Daniel. Et intérieurement, il avait le secret espoir de pouvoir lui demander d’être plus que le chaperon d’une journée pour la jeune fille … il voulait être utile aux gens, pouvoir se targuer de mériter sa place à l’Institut même si il ne gagne pas son argent de lui-même. Car à ses yeux, il n’était rien d’autre qu’un parasite assisté de l’Institut, tout juste utile en mission et recevant son argent de poche de ses employeurs officieux, sans être capable de mener la moindre action constructive pour les autres ou pour lui-même. Il ne savait pas si l’intention de Daniel avait été de justement lui en donnait une … mais en tout cas, il avait bien fait.

*
* *

Celui qui se faisait appeler Paladin par les média et ses collègues était assis dans son vieux fauteuil de cuir écaillé (qu’il avait réussis à récupérer avant qu’il ne soit jeté car « trop vieux » …). Il lisait tranquillement un énième bouquin que lui avait filé Vega. Des livres, il en lisait bien plus qu’avant. Des fois, il avait l’impression d’être devenu vieux à 24 ans, ce qui était un comble.
Il venait de marquer sa page, et sentant les élèves se disperser en bas avec la fin du cours, se leva pour rejoindre Ghinzu qu’il avait senti se déplacer vers la terrasse. Il avait adopté un simple t-shirt vert pomme sur un pauvre jean délavé et décousu aux talons, et n’avait pas pris la peine de mettre de chaussure. Il sortit et arpenta rapidement les couloirs jusqu’à arriver à la terrasse, dont il ouvrit les portes pour se retrouver derrière l’intendant. C’était étrange de se retrouver face à un type si vieux sans l’être … lui aussi revenait de loin se disait Morgan, qui était vaguement au courant des dernières actualités. Il n’avait pas rencontré Daniel un grand nombre de fois. Leurs rapports n’étaient pas particulièrement proches, bien qu’aucune animosité n’en soit à la base. Au contraire, Morgan pensait qu’il s’agissait d’une personne sympathique. Mais pour l’instant, il n’avait pas eu le temps de s’attarder sur des sujets qui ne traitait pas de pension, argent, accueil, travail ou autre logistique.

Hmpf, salut Daniel. Dit Morgan en se passant la main dans les cheveux, geste récurent en période de gène. Tu te souviens peut-être pas, c’était aujourd’hui qu’on devait discuter d’Enora … du cours que j’lui ai donné … je sais pas si elle t’en a parlé ou pas … mais tu devais me faire un petit bilan.

Il fut surpris d'entendre une voix derrière lui et rapidement comme un élève prit en flagrant délit se débarrassa de son mégot de cigarette en toussotant légèrement. Morgan Strold, plus connu sous le nom de Paladin. Il était sans doute l'un des élèves les plus prometteurs de l'Institut même si il se dégageait de certains rapport qu'il avait lu une tendance certaine à se sous valoriser et un manque manifeste de confiance en soi.
Le Professeur songeait déjà à l'approcher dans le but de constituer son équipe d'intervention et déjà plusieurs fois il avait évoqué son nom à Charles lors de certaines de leurs discussions.
Rien ne pressait pour l'heure et comme Enora s'était ouverte à lui concernant son désir d'approfondir le contrôle de son pouvoir, c'est tut naturellement qu'il avait songé à Morgan pour superviser son entrainement.

Oh ! Morgan ! Excuses moi, je pensais que c'était prévu pour demain, je suis un peu distrait ces derniers temps, il faudrait que je songe à acheter un genre de...heu..agenda électronique.
Enfin , certes...

Il se tourna et pris appuis sur la balustrade pour faire face à son vis à vis. Il lui adressa un sourire discret dans le but d'évacuer toutes les sombres pensées qui obscurcissaient alors sa raison.

Non , elle ne m'en a pas encore parlé, ca me parait parfait pour faire le point. Ca te dirait d'aller chercher un café et revenir ici pour discuter en toute quiétude ? Je n'ai pas envie d'affronter la multitude de la cafétéria en ce moment...

Sans âge ... à chaque fois que Morgan se retrouvait directement confronté à cette homme, et à la détection de ses dons, il avait cette impression d'être face à une statue qui bouge, respire et ressent ... aucune ride visible, mais dans les yeux du vieux jeune homme, des fissures transparaissait, et le sourire qu'il lui avait discrètement affiché lors de sa prise d'appuis sur la balustrade n'était pas assez rayonnant pour ne pas remarquer que le coma l'avait changé ... Morgan savait ce que c'était. Il n’avait pas était longtemps dans un état végétatif, mais suffisamment pour changer définitivement ou presque. Il se demandait si, comme lui, Daniel avait le besoin de changer les choses, d’agir, de ne plus être spectateur … après tout, leurs cas étaient assez similaires : ils avaient parcourus un chemin entre vie et mort à cause de la personne qui était à cet instant la plus chère à leur cœur. Morgan par la faute de son amant, qui avait trahis son amour et ses pouvoirs face à des adversaires de la mutanité … et d’après le peu qu’il en savait, Daniel s’était fait poignarder par sa propre arme, et ce par une personne qui lui était chère. Morgan n’en savait pas plus et n’en avait pas besoin.

Bon, en tout cas, Enora n’avait apparemment pas évoqué leur séance. Morgan s’en trouva un peu chagriné, mais qu’importe. Daniel était tout de même prés à lui parler, même si selon toute apparence ceci lui était sortit de la tête. Morgan se dit que son enthousiasme devait paraître bien ridicule et disproportionné …

J’ai déjà pris un café ce matin mais un de plus ne me fera pas grand mal. Je vais nous chercher ça.

Il fit un petit signe de tête et rendit son sourire à son interlocuteur, en plus chaleureux peut-être. Morgan était quelqu’un de naturellement chaleureux au demeurant. Il pouvait s’avérer implacable en d’autres situation, mais n’en perdait pas moins une certains forme de stabilité rassurante pour ses alliés. Il s’était lui-même toujours vu comme une base, quelqu’un sur qui on pouvait s’appuyer, et depuis qu’il étudiait ses pouvoirs, il avait pris une confiance d’autant plus grande en cette conviction … au point qu’il lui semblait naturelle qu’il soit avant tout un soutien.
Il parcourut rapidement les couloirs jusqu’à la cafeteria, empruntant des raccourcis, se fiant à son sens de la détection pour éviter les troupes d’élèves dans lesquelles on peut s’embourber facilement … à ce niveau là, il avait plus de chance que Gambit ou Cyclope, qui, quand ils croisaient un groupe de jeunes filles, la fleur de l’âge piqué dans leurs chevelures soignées et la niaiserie en bandoulière, se retrouvaient entouré d’un océan de rire et de regards passablement admiratif. Il avait cette « chance » d’être moins reconnue pour son charisme que connue pour sa sexualité, qui faisait bouder les adolescentes. D’autant qu’au chapitre « physique de rêve », le bras translucide n’était pas encore dans les canons de beauté …
Il arriva bien vite à la cafétéria, mais les machines à café étaient occupées par des monticules d’élèves bruyants, et l’hystérie collective qui sied à ce genre de lieu lui fit l’effet d’une bourrasque répulsive. Il se dirigea donc vers sa chambre, où il restait suffisamment de café pour deux tasses. Il en attrapa deux, des mugs où était représenté une carte de l’Australie et l’autre l’opéra de Sidney. Des petits souvenirs beauf, mais Daniel n’en aurait surement cure, il n’avait donc pas honte de cette petite touche de patriotisme … après avoir réchauffé le café au micro-onde, il le mit dans un thermos et repartit voir Daniel. En arrivant il servit la tasse « carte d’Australie » et la tendit à l’intendant avec une cuillère et un carré de sucre, au cas où. Il se servit lui-même, sucra, touilla énergiquement et avala une petite gorgée.

La cafétéria était beaucoup trop remplie, j’ai préféré en prendre dans ma chambre, j’espère que vous le trouverez pas trop dégueulasse j’ai tendance à le faire moins corsé que les français. Au moins c’est pas du café soluble …

Il esquissa un sourire de connivence puis, d’un geste discret de sa main d’énergie, forma une sorte de bulle d’énergie dans laquelle il s’assit, la bulle flottant à quelques centimètres du sol amortissant son poids en prenant une forme rebondis.

Bon … si elle ne vous a rien dit je vais commencer. Les résultats sont excellents. Enora est une jeune fille vive, intelligente, douée et volontaire. Elle pourrait devenir un très bonne atout pour l’Institut, et la séance a été je l’avoue un moment très agréable. Pour elle tout d’abord. Elle a réussit à quasiment maîtriser l’apparition de son bouclier en situation de danger. Ce n’est presque plus un réflexe, elle a compris le risque qu’il y avait à utiliser son pouvoir par pure réaction instinctive, sans lui apposer un contrôle précis. Je pense sincèrement qu’elle a compris, et avec d’autres cours elle pourrait très vite avoir les bases de la maîtrise, et s’attaquer ensuite à des potentiels latent demandant plus de virtuosité …

Il but une autre gorgée et lança un regard qui essayait de jauger l’intendant, afin de savoir si il pouvait continuer comme il le désirait … après tout, il n’avait pas de bouclier contre les mots, et les refus sont douloureux.

Je vous avoue que même si il n’en a pas été question … j’aimerais qu’il y ait d’autres cours. Je ne veux pas me plaindre, mais depuis quelques temps, notamment avec cette foutue prime sur ma tête, je me sens un peu inutile. Je ne soupçonnais pas qu’enseigner la maîtrise des pouvoirs me plairait autant, mais je me suis rendu compte que c’était bien plus que ça. J’ai l’impression d’être fait pour ça. C’est un peu présomptueux, mais j’ai du moi-même forcé mes dons au maximum pour en arriver où je suis, je sais ce que c’est de passer de l’incontrôlable au contrôle … et ma capacité à détecter les potentiels latents et les capacités méconnus d’un pouvoirs m’ont été plus qu’utile dans mon cours à Enora, et pour tout dire … je crois que j’en ai besoin.

Il se rendit soudain compte qu’il avait fait une véritable plaidoirie et qu’il s’était emporté … super comme première impression en tant que demandeur d’emplois. Noyé sous l’embarras, il se noya sous le café, buvant deux grande lampée avant de jeter vers son implacable intendant un regard timide mais où pouvait se déceler, pour l’œil aguerris, un soupçon d’espoir et même un zeste de malice …

Hopes se perdit d'abord dans la contemplation de l'inscription sur la tasse. L'Australie... Évidemment et inexorablement ses pensées se tournèrent vers celle qui aurait pu devenir sa femme. Ilianna sil'Han. Que devenait-elle à présent dans son pays si lointain ? Quel gâchis que tout cela. L'idée qu'il finissait par détruire tout ce qu'il touchait lui caressa l'esprit comme une fatalité au gout de vérité amère et douloureuse. Il fit un gros effort pour ne pas s'assombrir et se focalisa sur les dires de Morgan.

Un sourire énigmatique naquit sur ses lèvres. A force d'observations, Daniel était passé expert dans l'exercice de décryptage des attitudes humaines. Paladin 'n échappait pas à la fine analyse et ses sentiments se lisaient clairement sur son visage.
C'est pourquoi le Professeur se décida de rompre le silence par une légère remarque amusée.

Serait-ce un coup double ?
Il est dit qu'on avance avec plus d'aisance dans son cheminement intérieur uniquement lorsqu'on se fixe un but. il semblerait, Morgan, que c'était de cela dont il s'agissait depuis le départ.


Sur le ton de la confidence.

Je consacre moi aussi toute mon énergie et mes pensées à un seul but. Faire en sorte que l'idéal de Charles s'accomplisse méme si je devais m'y bruler les ailes et m'y consumer, je m'y accrocherai corps et âme. Durant une longue période, j'ai été spectateur de ce monde, une sorte de relique ancienne d'un autre age. Ce temps est révolu. J'agis car il faut agir. Mon but me permet de rester dans ce temps et sans doute souffrais-tu d'un sentiment analogue, l'impression que tu pourrais faire des choses mais qu'on ne t'en laissait pas l'opportunité. On se trompait tous deux : ces opportunités, c'était à nous même de les saisir depuis le départ. Soyons le monde, n'attendons plus qu'il vienne à nous.

Il but une gorgé de café.

Avant de te répondre, deux choses. La première , somme toute assez personnel. Enora n'est pas n'importe qui pour moi, un lien très fort m'attache à elle. Je tiens à elle autant que j'aurai pu tenir à ma propre fille, j'aimerai que rien de facheux ne lui arrive et je m'évertuerai toujours à l'éloigner des carnages...cependant, tu dois avoir sentit comme moi que sa force ne réside pas dans soon pouvoir mais dans son charisme, son éloquence et sa jeunesse. J'aimerai qu'elle étudie pour intégrer les hautes sphères des institutions de notre société. J'aimerai qu'aux yeux du monde, elle incarne, elle et d'autres, la jeunesse mutante vivant en parfaite intégration et défendant nos droits. Je suis certain qu'elle a l'étoffe pour incarner le rêve de Charles.
C'est pourquoi je la pousserais dans cette voie si elle la choisit.
Cela m'ennuierait de la voir devenir une X Men risquant sa vie dans des combats...je crois que sa place est ailleurs.
Ca me froisse qu'elle s'entraine, mais c'est sans doute un mal nécessaire et je te remercie sincèrement de t'occuper d'elle comme tu le fais.
Deuxièmement, ce n'est pas à moi de décider qui est en mesure d'assurer ce genre de cours, je ne suis que l'Intendant...C'est aux leaders comme Scott ou Ororo de décider avec l'aval de Charles.
Cependant....

Il marqua une pause comme si il cherchait à remettre ses idées en ordre.

Si Enora est d'accord, je n'ai pas d'objections à ce que tu continues à l'éprouver...et si tu m'y autorises, j'aimerai que tu en fasses de même pour certains autres élèves auxquels je m'intéresse particulièrement. J'ai un projet en discussion avec Charles, ce projet passe par la constitution d'une nouvelle équipe et je cherche à la former.

Saches que j'appuierai personnellement une demande auprès des principaux concernés pour que tu deviennes officiellement instructeur.

Morgan sut très vite qu’il se retrouvait face à quelque chose de plus gros que ce qu’il avait pu imaginer. Au fur et à mesure que les paroles de Daniel franchissait ses lèvres, l’air semblai moins chaleureux, le ciel moins bleu, une ombre, comme un nuage, avait discrètement passé sur eux un sombre lavis grisâtre. Son goût était semblable au secret, et il était suffisant pour lui faire oublier la chaleur de son siège d’énergie. Le fait n’avait pas échappé à Morgan que Daniel avait été poignardé par « sa propre lame », et il n’était plus étonnant qu’il posséda pareil outils. Il s’agissait d’un homme à la personnalité affutée, vif sur un bord mais plat de l’autre, enveloppé d’un fourreau doucereux. Pas de malice, juste de l’intelligence, du tact et de la prudence, mais il était facile de se laisser glissé sur le côté émoussé de la lame pour se rendre compte trop tard que son tranchant avait parcourus un chemin conséquent jusqu’à vos entrailles. En outre, on sentait en premier lieu qu’une longue expérience avait aiguisé le sens de l’observation de Daniel, et l’avais pourvu d’une sévère connaissance du genre humain, le mélange des deux lui permettant de tirer des conclusions sur vous qui se trouvaient, souvent, très proche du réel. Morgan était un homme d’instinct dans les rapports sociaux, bien qu’il prônât la réflexion dans les rapports de force il se laissait toujours guider par son intuition lors de sa première rencontre avec une personne. C’est de ce feeling qu’il avait tiré la conclusion que la discussion avec le Time Tricker s’enfonçait bien loin sous les lignes de flottaisons, en outre par le ton de confession employé très brièvement, mais aussi par le fait que certaines partie du discours amenaient à des non-dits bien plus intéressants.

Ainsi donc la confession se devait de commencer sur un rapport de connivence entre deux rescapés d’un même péril. Dénué d’une volonté malicieuse de manipuler par la similitude, ce qui eut été insultant, il s’agissait là d’une sincère recherche de solidarité. Morgan pourtant ne put s’empêcher de dénoter, alors même qu’il était touché par la confidence, que leur vision des choses divergeait sur un point essentiel : là où Paladin privilégié la manière, la stratégie, le sens de l’acte, Daniel lui préférait le but, la fin, la victoire, bien que celui-ci leur soit commun. Pensant par devers-lui que les différences de ce type pouvait être complémentaire, et ne sachant pas de quoi il retourner concrètement quand Daniel parlait de se « brûler les ailes », Paladin patienta.

La suite en apparence revint à des sentiers moins ombragés, mais néanmoins sinueux. Là encore, Morgan ne se sentis pas tout à fait en accord avec Daniel, mais ce sans en sentir la moindre animosité car il y avait une sorte de latence féconde à ces divergences. Et si aux yeux de l’Intendant, Enora était sa fille, aux yeux de Paladin elle aurait put être la sœur qu’il n’avait, à sa connaissance, jamais eu. Et plus que protecteur, il se voyait comme celui qui devait montrer l’exemple, ce qui plaçait l’un deux dans le rôle du tuteur, l’autre du professeur, l’interaction devenant nécessaire. Daniel voulait épargner un grand nombre de chose à Enora, là où Morgan pensait que l’expérience pouvait aider à se forger un avis pur. Encore une fois cependant il préféra se taire, il n’était pas là pour discuter de « l’éducation » de la jeune fille mais de son enseignement.
Enfin, rebondissant sur leur point commun aux cheveux blonds, Daniel esquissa plus précisément le point critique auquel, Paladin le sentait, il avait voulu les mener. La concrétisation d’une action, un groupe. A l’en entendre parler il était clair que ce groupe n’avait pas l’officialité des X-men, et Paladin faisait déjà partie de ce même groupe dans lequel il espérait bien s’illustrer et laver son honneur aux yeux du monde. Cependant, une forme de curiosité sauvage l’enjoignait à aller plus loin, ainsi qu’un malin ego qui lui ordonnait, discrètement, de se mêler d’affaire ne le regardant pas pour y diffuser éthique et morale …

En ce qui concerne Enora, je pense que nous sommes sur la même longueur d’onde. Même si je pense que cela pourrait … « enrichir » sa connaissance du monde, je ne la crois pas faite pour les champs de bataille. S’il faut faire preuve de compassion, il faut aussi savoir être intraitable. Je pense qu’elle ne saurait pas jouer sur cette équilibre, et resterait soit trop tendre, soit se perdrait dans une violence qu’elle n’aurait pas la force d’endiguer. C’est une jeune fille faites pour répandre l’espoir et la joie … j’ai l’air un peu pompeux, mais c’est réellement ce que j’en pense. Je la rapprocherais plus de Kurkaru que de moi … un être innocent, et qui doit le rester autant que possible … quand à ton autre sujet …

Il prit une dernière gorgée de sa tasse et joua avec en la contemplant, comme pour mieux l’aider à agencer ses propos.

Pour commencer, je tiens à être clair : la manière compte plus pour moi que le résultat. C’est une sorte de résultat en soi à mes yeux. Je suis évidemment prés à entraîner d’autres élèves, et une équipe s’il le faut, mais mon équipe de cœur reste et restera les X-men … je ne sais pas exactement ce que tu comptes faire avec cette équipe, je suis heureux de pouvoir apporter mon aide, mais sache que mon soucis de la méthode sera toujours prioritaire sur la détermination que tu sembles donner à l’aboutissement. Cependant, je t’l’ai déjà dit, je me cherche une utilité … raconte moi, en quoi consisterez ce groupe …

C'est avec un sourire légèrement intrigant que le Professeur accueillit le discours du jeune mutant. Morgan manifestait un esprit vif et sans détours. Il livrait ses pensées d'une manière parfaitement maitrisée et claire. Il était certain qu'il serait, s'il ne l'était déjà, un des éléments fondamental de l'Institut. C'était un leader en devenir et les faiblesses qu'il laissait filtrer à la surface d'un océan de calme et de force tranquille n'enlevait en rien à son potentiel palpable que Hopes devinait en lui. Il serait fait pour instruire et pour guider.

Concernant Enora, je partage ton point de vue c'est pourquoi je la laisse juger seule de ce qui est bon pour elle, mais tu as raison sur le fait que nous ne serons pas toujours là pour l'aider, ce monde est dangereux : qui sait quelle genre de rencontre elle pourrait faire, je ne peux que lui apprendre la tactique et l'escrime, jouer du couteau est ma spécialité..mais je vois mal notre chere tête de pioche blonde un couteau à la main, autre part que dans une cuisine...bien entendu.

Il se laissa aller à un rire discret puis son expression se fit plus pensive.


Morgan...
Laisse moi te présenter les choses comme je les vois.
Ce monde, qu'on le veuille ou non, qu'on minimise les faits où qu'on les empire, est au bord d'un clash. Il suffit d'un faible pourcentage d'humains anti mutant pour pouvoir faire bouger le gros d'une population indifférente. Un avis se forge vite lorsqu'on écoute les extrêmes. Déjà le gouvernement réagit..Ororo et moi avons été approché par un agent d'une nouvelle cellule Gouvernementale : le Bureau des Affaires Mutantes. Chaque mutant, pacifique ou extrémiste sera sous leur regard inquisiteur. C'est la première étape de ce qu'on le nomme un fichage, et rapidement tu verras que le sujet sera d'actualité. Cette attitude va accentuer la discrimination à notre égard et faire le jeu du ségrégationnisme. Les X men sont à présent sous le feu d'un projecteur double : celui de l'opinion publique, manipulable, et celui du gouvernement.
D'un autre coté, Magnéto aura les coudés franches, les X men seront obligé de faire TRES attention a leur faits et gestes...tu vois le problème ?
Il nous faut une autre équipe...plus "underground", officieuse vis à vis des dires de l'Institut. Une équipe de spécialistes prête à l'intervention rapide, discrète et efficace..même si pour cela il faudra flirter avec l'illégalité.
J'ai bien dit l'illégalité, pas la morale.
Nous ne pouvons pas devenir des criminels sans fois ni lois ! Pas question de violences gratuites, meurtres ou attentats. Mais là où les X Men risqueraient d'y laisser médiatiquement ou ethiquement des plumes, c'est là que cette force occulte devrait frapper.

Un petit vent s’était levé. En fait, cela faisait un petit moment, mais on ne prête attention à certains détails que quand ils nous évoquent quelque chose … hors, le vent se prêtait parfaitement à la scène qui était entrain de se jouer. Il était du genre de ce qui fait trembler les feuilles les plus frêles avant de faire craquer leur branche, et on pouvait généralement le sentir comme annonciateur, car il venait parfois plus fort après un passage doux, ou bien n’était que le prophète inconscient de l’orage. Et ceux sur qui il avait porté ses souffles n’avaient plus qu’à se préparer.
Les paroles de Daniel venaient de loin. Elles évoquaient de vastes sujets, des dangers lointains, dans le temps et dans l’espace. Des nuages noirs, comme fait de suie, et qu’on ne peut percer d’un regard pour voir ce qui se cache au-delà de si menaçant et terrible qu’il préfère ramper derrière un voile que de se montrer à ceux qui pourraient lui barrer la route … elles parlaient de ces choses lointaines dont on ne fait que sentir l’odeur, portée par les relents de tempêtes, et qui ont odeur de charogne …
Ses paroles étaient un souffle continu qui oscillait, encore une fois, sur le fil d’une lame. D’un côté noir de sang, tranchant, plein de haine, messager de peurs et de souffrances à venir … de l’autre, luisant, petite luciole d’espoir qui se reflète sur le métal. Morgan entendait bien le message : quand on affronte une lame, il faut avoir la sienne pour pouvoir contrer la menace. Qu’importe d’avoir recours à la froideur et à la régularité morbide d’un objet de métal, si ce même métal était le seul élément suffisamment solide pour se défendre … Morgan entendait cela, et plus, Paladin le comprenait … il savait qu’il serait toujours et avant tout un bouclier, flambeau de l’héroïsme des premiers jours, celui qui sert l’éthique et brille dans l’œil du citoyen, celui qui fait chavirer la foule à son bord et la mène à lui tel un porte-drapeau … il était cependant purement illusoire de penser que cette seule mission était suffisante. Les X-men avaient ce rôle, mais il s’agissait bel et bien d’un « rôle », de personnages, d’acteurs … leur mésaventure avec le Maire en était la preuve : qui étaient les héros dans cette histoire ? Les seuls héros sont ceux qui obtiennent la victoire, et la victoire a parfois besoin du coup de pouce de certaines personnes dont les peuples n’entendent jamais parlé …
Si la lame a deux tranchants pour être efficace, le public de doit voir comme victorieux que l’immaculé …

Je te comprends Daniel. Je peux même dire que je t’appuis.

Il marqua une petite pause.

Je sais que la voie que je suis avec les X-men est utopique si elle reste en l’état, si fixe et si intransigeante … les X-men sont plus des statues que des guerriers … ils sont fort, ils sont même peut-être trop fort, ce qui effraie surement une grande partie de l’opinion publique … mais surtout, leur statues pourraient se briser à tout instant si leur image étaient encore entachée comme sur le Pont. Les X-men doivent intervenir essentiellement pour défendre la population quelle que soit son origine, du moment que le danger est trop grand pour les forces de l’ordre. Mais nous ne pouvons pas avoir d’action publique qui pourrait passer pour … politiquement intéressée, ou provenant d’un égoïsme personnel … nous sommes beaucoup trop dépendant de l’image qu’on a de nous pour pouvoir tout nous permettre, c’est paradoxale, mais j’ai compris très vite que le but de Xavier et les méthode ne pourraient aller très loin de concert. Je n’avais pas d’alternative, et je préférais ne pas y penser …

Il marqua de nouveau une pause et s’affala dans son fauteuil d’énergie jusqu’à être pratiquement couché, laissant s’échapper un long soupir. Il relâchait un peu la pression qu’il avait sur les épaules, cette angoisse sourde et inconsciente de perdre une part de lui-même en collant parfaitement à l’idéal de Xavier … mais aussi cette rigidité quand à dévier de cette idéal … Daniel venait de lui fournir une alternative : être deux. Etre aux yeux du monde le porte-étendard d’une cause juste, et pour certains de ses alliés, être aussi celui qui sait frapper fort et détruire sans pitié les dangers les plus retors et les plus vils.
Son soupir exprimait enfin une troisième chose … il allait devoir mentir au monde entier, et se faire à cette idée … l’honnêteté n’est parfois pas aussi étouffante que son adversaire le plus vieux.

Je te suis.

il se releva.

Je gérerais si tu le veux bien l’entrainement, et pourrais vous assister sur les missions qui demanderont ma présence … suis-je la première personne à qui tu en parles ? As-tu d’autres personnes que tu voudrais mettre dans le secret ? si tu cherches quelqu’un pour ta recherche en ressources humaines, tu dois savoir que j’ai du fait de mes pouvoirs l’un des plus grand annuaire de mutant du monde …

Daniel ne s'était pas trompé, il se tourna, le regard nostalgique pour se perdre à nouveau dans le paysage du parc de l'institut. Non il ne s'était pas trompé, il savait parfaitement à qui il devait s'adresser en premier lieu. Son sourire se fit plus énigmatique bien que son vis à vis ne puisse le voir. Morgan...qu'aurait-il dit si il avait su que de tous les potentiels recrues, c'est lui que le professeur avait retenu depuis le départ pour former l'âme de ce groupe ? il n'y avait pas de hasard avec Hopes, jamais. Cette rencontre était prévue, seule la date, l'heure et le lieu était laissé à discrétion. Tel Xavier avait cyclope pour guider et encadrer les X men, lui aurait Paladin. Ce qu'ils faisaient aujourd'hui était lourd de conséquence aussi il ne tergiverserait plus.

Amara Aquila est une amie intime, elle sait plus ou moins ce que je fais..Ororo est au courant aussi mais n'approuve pas...comme la plupart des X Men. Beaubier est injoignable, je suis certain que l'idée lui aurait plus. Charles..sait tout, nous en avons discuté longuement et à maintes reprises. Il était opposé au début, mais devant mon argumentation, il s'est décidé à fermer les yeux. Cependant et c'est compréhensible, il nous refuse un appuis officiel. Il met aussi la condition que je devienne effectivement un X Men à part entière, ce que je ferais.
Aux yeux de l'Institut et du monde cette équipe sera une équipe fantôme. Elle n'existera pas et le secret sera de mise, nous serons seuls, toi et moi a devoir rendre des comptes. C'est pourquoi nous serons obligé de marcher sur des œufs en permanence.
L'appui logistique, je m'en charge, ca ne pose aucun problème, j'ai des moyens assez conséquent et une entreprise de renseignements à ma disposition..et j'ai le meilleur radar à mutants au monde.

Il lui adressa un bref sourire avant de tourner à nouveau la tête.

Non cherchons des talents...pas des individualités...j'ai assisté personnellement à un combat des X men, c'était une foire d'Ego, ils n'arrivaient pas à travailler en équipe...je ne veux pas revoir ce gâchis. Je compte sur toi pour ca.
Ils doivent comprendre, qu'ils font un tout.
Je pense à 4 ou 5 membres réguliers..il nous faut un "discret", un "fonceur" , un "destructeur" , un "protecteur"...des talents complémentaires si tu vois ce que je veux dire...Toi et moi, on est des protecteurs par notre pouvoir. Chacun doit savoir ce que l'autre peut faire, et ce qu'il ne peut pas faire..pour pallier au cas où.
J'ai repéré un fonceur...l'homme rubis..Scott Hart, je te charge de l'approcher...pour le "discret" j'ai mon idée..surtout garde à l'esprit la règle : on pense "en groupe", il nous faut des talents, surtout pas des héros.
Si tu veux me faire part de candidatures, ou de points de détails...je serai bien entendu à l'écoute.
Une chose encore...
Pas de secrets entre nous.
Si on n'arrive pas à se faire confiance, on finira par se tirer dans les pattes.