But I Feel Good [PV ICARE]

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But I Feel Good - Groove Armada

Tibère marchait d’une démarche désinvolte, en balançant les hanches et la tête haute comme pour jauger tout le monde. Du monde, pour l’instant, il n’y en avait pas des masses : la nuit était noire, un peu froide. Il était tout seul. Autour de lui, Central Park. Le silence n’était pas total, une fois qu’on écoutait bien : il y avait encore les clochards et les junkies qui bruissaient dans l’ombre, et Tibère ricana.
En face de lui venait une silhouette étrangement massive. Tibère ralentit le pas pour l’observer, lançant de temps à autre un petit rire narquois. Au bout d’un court moment, la silhouette sembla remarquer sa présence, Tibère se planta les deux pieds dans le sol et éclata d’un rire cruel.

« Qui va là sans saluer son empereur ? »

Et il marcha vers l’autre sans hésiter. Il n’avait pas peur, il n’avait jamais peur de rien ni de personne… Presque jamais. En s’approchant, Tibère vit que la silhouette n’était pas si énorme, plutôt flanquée de deux immenses ailes. Le mec en lui-même était plutôt maigrichon et Tibère s’approcha encore et encore jusqu’à être presque collé à lui. De là, il lui sourit et murmura d’une voix dangereusement onctueuse :

« Salut… On se promène tout seul ? »

Sans laisser le temps au jeune homme de répondre, Tibère éclata d’un rire monumental et se recula d’un bond. C’était bien trop cliché cette phrase, il ne savait même pas pourquoi il avait eu cette attitude.
Sans s’expliquer ni s’excuser, Tibère changea de comportement du tout au tout, sourit d’un air aimable et demanda :

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Comme s’ils se connaissaient depuis toujours.

Profitant de cette belle nuit éclairée par une lune particulièrement brillante, Icare avait décidé de s'entraîner. Sortir dehors n'était pas autorisé mais le jeune homme avait encore peur de voler, étrangement, la nuit semblait l'apaiser... Sans doute le silence régnant! Il avait un peu plus envie de réussir à contrôler ses pouvoirs grâce à Warren et s'entrainait assez souvent maintenant, dans l'espoir que ce dernier le ramène de nouveau en mission, sachant que la première n'avait pas été concluante. Du coup Jay se sentait également coupable de la mort d'Adrian, de plus il voulait aussi aider son aîné à supporter cette perte, tout cela donnait à la fin une équation bien compliquée mais à un seul facteur X... Une seule situation pour répondre à tout à la fois: qu'il devienne meilleur: pour faire plaisir à Warren, lui prouver que celui-ci n'était pas inutile ou un monstre ou encore bien d'autres choses... Et éviter le décès d'un homme lors de sa prochain intervention; que celui-ci serve à quelque chose...

Il avait donc prit son envol depuis la cour de l'école... Depuis plusieurs semaines déjà l'ange roux s'entrainait et ses progrès étaient stupéfiants... Il faut dire que démarrer de rien pouvait aider à éblouir. Son niveau n'était pas excellent mais le jeune homme volait maintenant... Incroyable mais vrai! Bon certes, beaucoup de ses atterrissages étaient encore ratés et certains de ses décollages ne fonctionnaient pas non plus mais à force de travail, le garçon ailé parvenait chaque jour à s'améliorer, sa volonté de fer l'aidait à faire ployer les dernières résistances de son esprit torturé. Tous les matins, bien que ça l'ennuie souvent, il exerçait ses ailes au sol pour les muscler, leur rendre leur flexibilité perdue à force de maltraitances et l'après midi, quelques soient les chutes, Icare essayait de voler de mieux en mieux... C'était difficile sans professeur, car oui Jay voulait faire une surprise à son enseignant. C'était donc ardu, mais imaginatif et volontaire, porté par le désir de faire plaisir plus que de s'aider soi-même -ça c'était encore une autre étape à franchir: travailler pour lui-même...- il trouvait chaque jour quelque nouvelle technique, aidé par son instinct naturel. Combien de fois le garçon avait-il eut envie de se confier à Warren? De le rassurer sur son travail... Mais Icare n'avait pas cédé finalement, il voulait faire la surprise à son aîné et devait tenir jusqu'au bout, quitte à ce que ce dernier le prenne pour un pleurnichard qui s'était renfermé sur lui-même et n'avait rien comprit de la leçon.

Cette nuit serait la dernière, le test ultime... Car Jay voulait voler correctement avant de se présenter devant Warren... Il décolla donc et passa le portail, se dirigeant vers sa cible: central park. La fatigue ne se faisait pas ressentir ce qui était un excellent indicateur de son travail personnel énorme. En revanche, le vent arrivait quand même à le déstabiliser, faute au manque d'expérience et de guide-voulu de sa part pour l'instant, mais du coup le jeune homme ne pouvait pas s'améliorer totalement.- Heureusement le garçon ailé arriva sans encombre à Central Park, il atterrit en serrant les dents, se rappelant des ennuis qu'il avait eu de nombreuses fois auparavant... Pourtant cette fois, ce fut bien sur ses pieds que le jeune homme arriva; tout fier au point d'en oublier son appréhension d'être trouvé là, l'ange roux esquissa quelques pas, ses grandes ailes déployées pour leur permettre de se détendre après ce qui était pour lui, un très long vol... Son plus long jusqu'à aujourd'hui à vrai dire.

Lorsqu'une silhouette s'approcha de lui, le garçon replia ses ailes derrière son dos, prêt à s'enfuir par la voie des cieux... Prenant petit à petit ce genre d'instinct, signe que ses pouvoirs s'ancraient vraiment en lui. L'homme marcha droit à sa rencontre, presque à le coller ce qui fit reculer légèrement le jeune homme... Son rire cruel fit bondir Icare sur place qui plana quelques secondes pour effectuer un "saut" arrière assez long, histoire de s'éloigner de ce fou...

-Mouais... Va te faire voir l'Empereur... La révolution est déjà faite... Vive la démocratie! Et je n'ai aucun compte à te rendre!

Etait-ce un anti mutant? Un taré tout simplement ou une personne saoule? Et si elle était juste... Méchante? Comment savoir? Sa belle nuit semblait définitivement gâché et déjà le jeune homme regrettait sa réponse du tac au tac... Bah au pire si l'autre le cherchait, l'ange roux pourrait toujours s'envoler. Comme quoi avoir apprit tout ça pendant ces semaines de dur labeur était très pratique et devrait lui éviter bien des ennuis. Lorsque l'inconnu s'exprima d'une voix très aimable, le chanteur haussa un sourcil, fort étonné tout à coup de ce changement. L'homme en face de sa personne n'était pas saoul, il parlait distinctement mais ses propos étaient tellement... étranges? Et si tout ceci n'était qu'un genre d'humour? Ou alors il l'avait confondu avec un ami à qui il faisait toujours la blague de l'empereur!!! Oui ce devait être ça...

Sauf que l'ami en question n'avait sûrement pas d'ailes dans le dos et que nuit ou pas, 5 mètres d'envergure plumeuses rousse ça se voyait... Enfin bref, avouons-le, là Icare ne savait pas comment réagir! Gardant simplement la distance avec l'individu, le mutant se contenta de répondre d'un ton neutre-qui prouvait qu'il ne savait pas comment prendre l'homme.-

-Je ne crois pas que ça te regardes... Mais je me promène oui.

Il avait automatiquement adopté le tutoiement puisque l'inconnu se le permettait. Regardant les étoiles, conscient de ne pas aider à faire avancer la conversation, le jeune homme se contentait de rester à quelques mètres de l'inconnu, ses muscles plus ou moins tendu, prêt à reprendre son envol-en espérant bien ne pas se casser la figure sous l'effet du stress.

-Pourquoi? Toi aussi tu te promènes seul à ce que je sache... Et c'est encore pire pour un Empereur... Où est donc ta garde royale? On ne sait jamais après tout.

*Pourquoi est-ce que je rentre dans son jeu moi? Je devrais juste me taire, il se lasserait plus vite que moi. Oh et puis Flûte... Marre de me laisser marcher sur les pieds. Au pire... Je file à l'anglaise et puis voilà...*

Soyons téméraire! Cette nuit était celle de sa réussite et un timbré n'allait sûrement pas lui la gâcher en le faisant fuir la queue entre les pattes...

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Tibère regarda l’autre voleter d’un air un peu narquois, comme s’il tenait cette particularité pour peu de choses. Quoi, encore un mutant, et alors ? Ils se multipliaient ces derniers temps après tout, et lui-même en était un. Même s’il s’en foutait.
Il était passé à deux doigts de très mal prendre la réponse de l’angelot, et en temps normal il se serait jeté sur lui à corps perdu. Quels que soient les pouvoirs de ce type, Tibère avait l’habitude qu’on ne rivalise pas avec la rage qu’il mettait à se battre, et il aurait bien collé une trempe à ce petit insolent. Mais non. Non, passé ce premier mouvement de colère, Tibère ne voulait pas frapper le rouquin. Rapport à ses ailes, et à sa maigreur, et à son petit air un peu perdu. On aurait dit… un personnage biblique. Une sorte d’archange maudit et halluciné, ou alors un petit angelot enfantin tombé du ciel. Tibère aimait les personnes de ce genre, celles qui avaient l’air faites pour vivre différemment des autres. Il en faisait partie aussi.
De toute façon, la façon dont le mutant lui répondit ensuite le calma et le fit sourire. Un sourire plus naturel, plus sympathique, pas un rictus méchant comme juste avant. Et puis, il rentrait dans son jeu… c’était plaisant.

Il écarta les deux bras, très théâtral, et éclata de son gros rire hystérique.

« Je me défends seul ! Qu’un de ces roquets essaye de me faire du mal… s’il réussit, peu importe… Je les méprise ! »

Il fit quelques pas en rond, agitant les mains, une lueur folle sur le visage.

« Je les méprise trop pour que je ressente leurs reproches ou leurs coups. Ce sont tous des bouffons. »

Il continuait de rire entre ses phrases, un rire dédaigneux et insouciant. Il pensait profondément ce qu’il disait là, cette dérision de l’humanité en général, mutants ou pas. Voilà pourquoi il ne rejoignait aucun mouvement. Voilà pourquoi des gens le suivaient parfois dans ses délires, parce qu’il pouvait tout faire sans peur de rien ni personne.
Son rire s’interrompit brusquement et il reprit sa voix onctueuse, dangereuse :

« Et toi petit mutant… A part t’envoler à tire d’aile comme un joli angelot… »

Il avançait lentement, comme fasciné par le personnage, les yeux rivés à lui, passant de ses immenses ailes rousses à son visage fin. Et puis soudain, il se reprit à sourire normalement et décida d’un ton enjoué :

« Restons ensemble, tu veux ? On pourrait se balader… tout ça… »

Oh oui, il voulait rester avec ce petit ange. Fascinant. Il se voyait déjà, entraînant ce fragile jeune homme et lui faisant perdre ses plumes dans d’immenses plans destructeurs, l’aimant comme un petit animal vulnérable, il voyait déjà de saisissants tableaux composés de flammes et de larges ailes déployées… Et il restait là, face à lui, les yeux écarquillés par le délire et le rire aux lèvres.

* Soit il est vraiment fou, soit il imite très bien le malade mental...*

Malheureusement Icare pensait que c'était le premier cas qui caractérisait réellement l'homme. S'apprêtant à fuir, malgré sa belle promesse de tenir tête, l'ange roux s'écartait à chaque fois que l'individu s'approchait, sursautant aussi à son rire hystérique; fermant son visage lorsque l'autre avait un rictus mauvais et levant un sourcil, étonné, légèrement détendu quand Tibère avait un air plus sympathique... C'était comme un jeu de mimiques dans un miroir, les deux garçons semblaient capable de donner toutes formes d'expression à leur visage et ce en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le chef d'orchestre étant bien sûr Tibère.

L'hypothèse "anti-mutant" était à rayer, l'homme n'avait pas l'air d'avoir toute sa tête, mais maintenant demeurait une question: était-il réellement dangereux? Icare n'en savait rien, après tout il en avait l'air mais qui laisserait un fou se promener dans la rue s'il était néfaste? Sans compter que cet empereur de pacotille n'était pas des plus discrets et donc facilement identifiable par les services de police... Après une nouvelle réplique étrange, dangereusement onctueuse le concernant, le jeune homme décida de partir... Mais la dernière phrase de l'inconnu le scotcha au sol. Sans savoir pourquoi, Jay n'avait aucun moyen de répondre ou de faire quoique ce soit. L'autre lui demandait d'aller se promener, passant de ses ailes rousses à son visage androgyne. Il paraissait si amical soudain! Comme si cet homme avait réellement envie de passer du temps avec lui, de faire connaissance, de se lier, alors que Josh passait plutôt inaperçu d'habitude. Soit on le traitait de fillette en s'éloignant; soit on acceptait sa présence en rechignant. Certes il y avait Warren et Daniel mais ces deux personnes étaient des professeurs puis Vermine aussi mais lui était plus jeune et de l'institut... Là c'était quelqu'un d'extérieur qui faisait le premier pas vers lui! C'était flatteur et intriguant quelque part, pourtant Icare hésitait encore...

*Il est fou, ne te fais pas d'illusions, il ne te veux pas de bien... Barre-toi! *

Mais l'ange restait scotché à terre, son autre moitié de conscience qui était pour vivre cette aventure sans tourner le dos et fuir lui souffla que justement, il pourrait partir si ça dégénérait, le tout était de rester dans un endroit bien ouvert pour ne pas se faire avoir et pouvoir quitter la terre ferme en un tour de main.

-D'accord... Mais je ne m'appelle pas Angelot, moi c'est Icare et toi?

Son pseudonyme c'était un peu sa véritable identité maintenant, pas étonnant donc qu'il l'ait dit sans réfléchir, le plus naturellement du monde. Le garçon avait renié son vrai nom, il utilisait difficilement Josh et Jay, seul Icare semblait lui convenir, son patronyme mutant alors qu'il avait du mal avec ce dit phénomène, étrange n'est-il pas? Mais pour l'heure inutile de réfléchir de trop; toujours attentif, un brin méfiant, le jeune homme contempla l'Empereur qui lui faisait face; physiquement il n'avait rien du cliché d'un fou... Sa voix était agréable, nuancée -lorsqu'il était aimable- et sa démarche avait un petit quelque chose d'attirant, d'élégant. Ses paroles aussi!

-Tu n'as pas tort! En étant moins passionné et catégorique, on peut effectivement dire qu'il ne faut pas trop se préoccuper de ce que pensent les autres parfois... Ça dépend, après tout la liberté des uns s'arrête ou celle des autres commence.

Et le voilà reparti à philosopher, on allait arrêter les frais là... Eviter de dévoiler les divers cas dans lesquels il fallait prendre en compte ce que racontaient les autres.

-Enfin bref, mais c'est vrai que c'est une bonne philosophie, mais très difficile à appliquer. Moi j'ai du mal à ne pas être trop sensible à ce que l'on me dit... Les insultes ou d'autres choses comme ça.

L'ange roux se tu, il n'y avait aucune étrangeté à se confier à un inconnu quand c'était un personnage haut en couleur comme cet individu. Avec lui tout lui paraissait naturel, possible. Soit ce dernier allait lui sauter à la gorge et lui faire du mal soit la conversation continuerait! Mais la barrière établie entre deux personnes ne se connaissant pas ne semblait pas admise ici... Peut-être parce que le "fou" avait tutoyé de suite et fait comme s'ils se côtoyaient depuis longtemps? En tout cas le dilemme était vraiment fort pour Icare qui se sentait à la fois fasciné et très inquiet en voyant le caractère de l'homme changer de tout au tout dans la seconde; il essayait de se rassurer en se disant que partir était toujours possible... Le fait était que son interlocuteur semblait fasciné par sa personne, par réverbération; Icare était très intrigué de voir qu'il pouvait intéresser... Lui qui n'avait aucune confiance en lui habituellement semblait capable d'en recouvrer quelques monceaux en voyant quelqu'un le remarquer puis lui proposer de rester ensemble. La solitude était lourde également et l'ange roux voulait aussi se reposer un peu avant de rentrer à l'institut... Attendant la suite des événements, laissant-peut-être à tort- l'inconnu guider la conversation, et sans doute un peu plus aussi...

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Tibère sourit plus largement, montrant les dents en un sourire qui en devenait presque inquiétant, un sourire à la chat du Cheschire, hypnotisant. Il souriait de voir l’autre collé au sol, l’air soudainement très déboussolé. C’est le fait qu’il veuille se balader avec lui qui avait entraîné ça, apparemment. Tibère ne savait pas pourquoi l’angelot était pétrifié, il s’en foutait, il voyait juste l’autre comme s’il était un petit lapin paralysé de terreur devant les phares de sa Cadillac. Mais déjà, l’ange disait son nom. Tibère sauta sur place, battit des mains et poussa un bref cri de joie –YAAW !- en entendant ça, ce nom romain. Ils étaient faits pour s’entendre. Il toucha le bras d’Icare, lui sourit comme à une fille et répondit à voix très basse :

« Ok mon p’tit lapin… Icare… Moi c’est Tibère. »

Et il rit encore. Petit lapin… Au vu de l’image à laquelle il avait associé l’animal, pas sûr que ce surnom soit si mignon que ça, mais après tout Icare n’était pas dans sa tête. Il ne pouvait pas percevoir la nuance de menace qu’il y avait derrière ce « p’tit lapin », et c’était tant mieux. Sûrement qu’il serait parti d’un coup d’ailes, s’il avait pu lire dans ses pensées à quel point Tibère détruisait tout ce qu’il touchait.
Tibère continua de la même voix basse, penché sur Icare :

« Tu vois… deux Romains… Mais moi je suis l’Empereur ! »

Et il se recula en ricanant.

Alors que Icare commentait ses propos, il se mit à marcher en posant la main sur son bras pour qu’il le suive, secoué de rires spasmodiques. Alors comme ça ce petit gars avait du mal avec l’image qu’il donnait aux gens… Il était sensible… Tibère appréciait. Il répondit, emphatique :

« Mais enfin ! Quelle importance ? Si tu les écoutes, c’est que tu ne sais pas qui tu es, ni ce que tu vaux. Quel dommage… »

On pouvait objecter que Tibère non plus ne savait pas ce que valait Icare, mais il avait suffisamment d’assurance pour avoir l’air de le savoir. Un ange, biblique, fragile, tourmenté. Dans son esprit malade, Icare prenait des airs d’apparition, exprès pour lui qui était seul. Et qui, avouons-le, avait toujours pris plaisir à fréquenter de jeunes garçons perdus.

« Les gens, autour de nous, sont tous des lâches et des clowns. Leur parole ne vaut rien. Regarde autour de toi et dis-moi si tu trouves une seule chose admirable dans les foules et les masses. Dis-moi si tu trouves une seule chose qui vaille le coup de te tourmenter. »

Tibère avança la main et toucha les plumes rousses d’Icare, et eut un sourire amer.

« Surtout pour nous autres mutants… Ils ont peur de nous… »

Puis il tomba dans le silence et se contenta de marcher aux côtés du jeune homme, l’air accablé.

Malgré ses sourires parfois inquiétants, Tibère semblait être quelqu'un de prévenant, Jay voilait involontairement la possible réalité: il imaginait simplement que le "fou" ne se rendait pas compte de ses expressions faciales ou que son physique prêtait naturellement à l'inquiétude mais que le mental ne suivait pas. Pourquoi serait-ce ainsi? A lui offrir de douces intentions comme on le faisait avec une demoiselle particulièrement raffinée, à l'appeler "mon petit lapin"-terme mignon mais peut-être un peu familier pour deux inconnus mais bon, passons, ça partait de toute évidence d'une intention louable.- pourquoi le "fou" serait-il à même de devenir méchant ensuite? Il était juste passionné, se croyant réellement empereur alors bien sûr, ses gestes vifs, son emportement passait mal mais quelqu'un s'intéressait enfin à lui et Icare trouvait certaines de ses paroles sensées, surtout en ce qui concernait la plèbe qui les entourait. L'ange roux fut étonné toutefois lorsque Tibère fit le lien entre leurs "origines" romaines; cela voulait dire que son camarade avait quand même une sacrée culture générale! Quoiqu'Icare, son homologue mythologique était avant tout grec, chose qui fit sourire l'ange qui se demanda un instant s'il devait laisser Tibère dans son ignorance et jouer le jeu au risque de le décevoir ou lui l'apprendre. Cependant comme les romains avaient copié la mythologie grecque il était probable que ce personnage aussi ait été transposé... Allez, privilégions le rêve à la science! Ce ne serait pas plus mal... Hormis que leur lien reposait sur un gros mensonge puisqu'évidemment son interlocuteur n'était pas empereur et qu'Icare ne se nommait pas réellement ainsi-dans un sens c'était le cas, mais officiellement non, ce n'était pas son identité première.-

Malgré lui, l'ange roux suivait Tibère sans faire la moindre difficulté, fasciné par ce dernier. Il hocha la tête lorsque ce dernier s'emporta dans un discours contre cette société qui ne valait rien. Le jeune homme avait bien envie d'y croire d'un côté pour se soulager, penser pour une fois, que ce n'était pas lui qui était en tort ou décalé. Ce serait plus facile de se dire que les autres étaient justes indignes de lui et ne plus fournir d'efforts; seulement, cela serait très faux mais aussi vaniteux, chose que Jay n'était pas. Alors il secoua doucement la tête, ne pouvant céder à un si beau "rêve" qui lui faciliterait bien la vie.

-Ben en y réfléchissant... Pas forcément! Je connais des gens très bien, qui essayent toujours d'aider les autres.

Il pensa à Warren, à Daniel puis Vermine qui était également aimable; mais la relation qu'entretenait Icare avec ces trois là était réellement différente, pas comparable. l'enfant rat était un compagnon, un petit frère quelque part et ce malgré sa grande maturité. Warren était son modèle, son professeur, celui qui le poussait à travailler sur lui et sur ses pouvoirs, qui lui faisait vivre des aventures incroyables... Daniel l'érudit l'apaisait, lui parlait d'avant, lui permettant de revivre des histoires du passé et de tirer des leçons. Icare ne se sentait toutefois pas complet malgré ces trois relations équilibrées, comme si son esprit voulait se confronter au monde extérieur, voir ce que l'on pensait de sa personne ailleurs que dans l'institut, quitter la protection pour se frotter au danger et ce malgré sa timidité naturelle. Il faut dire qu'une certaine volonté l'habitait malgré tout et que finalement, ayant prit légèrement confiance avec Warren, le garçon ailé se risquait à explorer les alentours, aussi bien le paysage que les gens l'intéressaient à vrai dire... Icare si renfermé sur lui auparavant faisait ses propres découvertes, celles d'un ado plus jeune que lui normalement, mais à 19 ans, le jeune homme avait passé sa vie en reclu, s'excluant lui-même lorsque ce n'était pas les autres, forcément il avait du retard mais cette découverte de l'extérieur, de l'interaction avec des individus passionnants, fascinants et surtout externes à ses lieux de vie habituelle devaient se faire...

Lorsque Tibère toucha ses ailes rousses, l'ange les ramena contre lui, frissonnant des plumes jusqu'à l'échine, le message des doigts de son interlocuteur passait jusque dans ses terminaisons nerveuses et il finit par réagir en écartant légèrement les demoiselles duveteuses avant de les remettre en place... Visiblement Icare était assez chatouilleux sur ce point, il faut dire que ses ailes étaient une partie entière de lui-même et que c'était donc personnel.

-Hé, s'il te plaît, fait attention... Je... on ne se connait pas quand même, c'est comme si je me mettais tout à coup à te caresser les bras de façon insistante, tu ne trouverais pas cela un peu déplacé toi?

Désireux de rappeler certaines mesures de respect quand même, le jeune homme s'écarta légèrement de Tibère afin que son bras ne soit plus à portée des doigts de "l'empereur". En réalité la main sur son poignet lui avait assez plu comme contact mais pas sur ses ailes, c'était... Spécial!

-Attends, tu as dis... Nous autres? Tu veux dire que toi aussi tu es...

*Malade?*

Non le jeune homme ne devait pas employer ce terme... Warren avait passé des heures à lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas des monstres, aussi Icare ne voulait pas le décevoir en retombant dans son habituelle litanie. Même si son aîné n'était pas présent, Jay devait continuer de travailler sur lui chaque jour, tant physiquement comme cette nuit que mentalement. Alors il fallait s'assumer tout simplement!

-Mutant? Mais... ça ne se voit pas. Enfin je veux dire... Tu n'es pas à l'institut en tout cas et puis, tu as de la chance, physiquement ça ne se remarque pas chez toi. Qu'est-ce que tu fais toi? De la télépathie? Ou Télékinésie c'est ça? C'est ce qu'il y a de plus fréquent...

De bons télépathes ça c'était extrêmement rare mais en général la plupart des mutants avaient un pouvoir lié à ça, les pouvoirs se déclinaient en de nombreuses branches mais globalement les mêmes ressortaient souvent. Icare se prit à se demander si Tibère volait également-sa soeur le faisait sans ailes, son frère aussi...- et à espérer que non; car même fasciné par le physique de l'homme-il était indéniablement attiré quoiqu'il s'en défende.- et son mental, il continuait de s'en méfier d'un côté. Enfin bon Icare avait déjà fait beaucoup de progrès pour s'intéresser à la mutation d'un autre. Curieusement l'envie de cacher des choses à Tibère n'était pas présente, elle lui était même insupportable alors il rajouta...

-Tu sais, au début je n'admettais pas trop non plus, donc je peux comprendre que certains, surtout ceux qui n'ont pas cette... hum... Différence disons soient réfractaires à tout ça. A vrai dire je n'en sais rien, je crois être trop mal placé pour me permettre des réflexions sur ça. En plus mes parents étaient super tolérants...

*Oui mais le père de Julia haïssait les mutants, il a voulu me tuer et elle s'est suicidée en me croyant mort. Il a tué sa propre fille! Selon Warren ce n'est pas de ma faute, mais j'ai reproduis le schémas, moi aussi je détestais les mutants pendant longtemps et encore maintenant, ce n'est pas toujours facile... Quelle ironie du sort! *

Regardant Tibère comme s'il attendait de ce dernier les ordres d'un Empereur qui guide son peuple, le jeune homme semblait espérer des paroles apaisantes ou autre chose qui le fasse sortir du brouillard de confusion dans lequel il était plongé. Remarquant alors l'air accablé de Tibère, l'ange roux ayant à coeur de ne pas laisser ce dernier attristé -il pensait que c'était à cause de l'incompréhension des gens pour la mutation.- lui sourit, passant timidement sa main sur le bras de son interlocuteur, ça le gênait mais cela semblait avoir fait plaisir à cet homme étrange un peu plus tôt, ce dernier avait l'air tactile et ne pas se sentir seul lui ferait peut-être du bien... Ajoutant une dernière phrase, Jay croyant à peine qu'il était en train de vanter les mérites de l'institut qu'il avait tant détesté acheva donc sa réplique sur un ton doux, délicat et amical.

-Tu sais, il y a un institut spécialisé pour les gens comme nous... Ils sont gentils vraiment! J'ai eu du mal à m'y faire mais deux des professeurs au moins sont supers et là-bas c'est tellement la ménagerie entre un hybride gorille, un autre avec des griffes, une miss Météo, un ange aux ailes blanches, des télépathes, un qui jette de la glace pendant les cours et l'autre qui se sert de ses doigts comme briquet... Tu n'as pas à t'en faire, tu seras accepté! En plus c'est gratuit... Logement, nourriture et études!

*Et petit test psychologique parce que moi j'ai toujours des doutes... *

Il avait eut l'air si enthousiaste en sautant de joie, applaudissant et poussant un petit cri à l'énonce de son nom... Et un peu inquiétant par moments aussi; alors soit ce type était quelqu'un de très spontané, ce qui pouvait arriver soit son cerveau avait un léger problème... Peut-être pas très grave ou dangereux mais quand même assez dérangeant mais Jay n'était pas du genre à refuser les gens un peu différents, lui-même n'était pas très clair dans sa tête par moments. Bien sûr c'était moins grave que Tibère mais le jeune homme ne se rendait visiblement pas trop compte du danger auquel il était exposé.

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Tibère eut un soupir excédé et leva les yeux au ciel. « Des gens très bien… qui essayent d’aider les autres… » Pardon mais, être gentil c’est à la portée de tout le monde. C’était d’une banalité… Qu’est-ce qu’il en savait, Icare, de ce qu’étaient des gens très bien ? Selon Tibère, être sympa n’en était pas l’indicateur. Loin de là. Etre grandiose, être orgueilleux, être lucide ou fou, ça… ça oui.
Tibère était un peu agacé. Surtout que juste après, son geste vers les ailes de l’ange passa assez mal, et que l’autre se permit de le rabrouer. Tibère se maîtrisa parce que pour l’heure, cela servait ses intérêts, mais il se crispa violemment et serra les poings sans même s’en rendre compte. Ce petit blanc-bec savait-il bien ce qu’il faisait ? Gosh, il venait d’interdire quelque chose à un empereur. Mais Tibère eut juste le temps de murmurer que non, il ne trouverait pas ça déplacé, dans un murmure qui ressemblait un peu trop à un grondement. Juste le temps, donc, avant que Icare n’intègre que Tibère avait dit « nous les mutants ». Bien sûr, ça lui fit oublier tout de suite l’histoire avec ses ailes, et cette intervention eut le mérite de détendre l’italien.

Il laissa Icare poser la main sur son bras, et lui répondit de bonne grâce :

« Non, moi je crée du feu. Mais je ne maîtrise pas du tout, j’suis presque incapable d’utiliser mon pouvoir. Je m’en fous, d’ailleurs. »

Lui au moins n’avait eu aucun mal à admettre. Icare commençait à l’agacer quelque peu, avec ses airs de mijaurée, mais c’était étrange. D’un côté, oui, il était un peu exaspéré, mais d’un autre côté il se disait que ce petit pourrait aller loin… récupéré par les bonnes mains. Ce serait tellement bon de l’entraîner dans la chute, surtout parce qu’il avait l’air d’un ange. Surtout pour le symbole. Ça ne dérangeait pas Tibère de penser si froidement à la déchéance d’un innocent, provoquée par lui. Ça l’amusait même plutôt.

Malheureusement Icare s’enfonça encore, et Tibère serra les mâchoires.
L’Institut pour les mutants. Et ce petit crétin qui est si reconnaissant, empli de gratitude pour Xavier qui l’accueille, le nourrit, l’instruit… Tss. C’est ce qui s’appelle gâcher du potentiel. Xavier est trop optimiste, il est trop sûr que l’amour peut tout régler, et il est là avec son troupeau de blanches brebis –les mutants-, gardées par des chiens de berger attentifs et fidèles –les X-Men- le tout dans cet espèce de château de luxe. Tibère avait presque envie de suivre Icare pour s’infiltrer dans cette école et la bousculer, si c’était possible. Mais non, à la place il allait faire comprendre la réalité à ce petit gars.
D’un geste fluide, rapide et maîtrisé, Tibère tourna sur lui-même et empoigna l’aile gauche d’Icare. Fermement. Il serrait les doigts sur l'os, au niveau de l’articulation et de manière à la bloquer en appuyant vers le sol. Puis il se pencha vers le jeune homme et lui sourit. Un sourire méchant, foncièrement et indéniablement mauvais, et un regard glacial, un véritable visage de folie furieuse. Il gronda :

« Ce putain d’Institut… Jamais j’irais là-bas. Petit lapin… »

Cette fois, la menace était clairement perceptible dans ce petit surnom innocent.

« Tu ne sais pas, hein ? Tu ne sais pas que dehors, ce n’est pas l’amour qui t’attend… Xavier se trompe. Il vous apprend à aimer des gens qui vous haïssent, et il va vous lâcher dans la nature comme des… des petits angelots innocents. Vous serez dévorés par les chiens ! »

Il éclata d’un rire qui parut engloutir tout autre son, complètement hystérique, et serra encore plus fort l’aile d’Icare.

« Regarde-moi… Il y a de la folie dans le vrai monde, la réalité est moche et violente. Et toi qui me dis que tu es sensible, que tu crois qu’il y a des gens bien… Un petit lapin perdu sur l’autoroute ! »

Tibère avait soudainement changé radicalement, passant de la sympathie à une colère noire. Il avait l’air dément, une main serrée à la casser sur l’aile d’Icare. Pourtant, il n’en était pas encore à perdre tout contrôle de lui-même, et il y avait une sorte de sollicitude dans la façon dont il s’énervait. Comme s’il essayait de faire comprendre à Icare quelque chose d’important pour lui, de si important qu’il s’emportait. Pure manipulation, bien sûr. Ce n'était pas pour Icare qu'il faisait ça, c'était par pur égoïsme, juste pour le bousculer et s'amuser.

-Ah il y en a un aussi comme ça je crois...

Icare n'eut guère le temps de chercher le nom du mutant qui possédait le même pouvoir -ou tout du moins un similaire- que Tibère recommença ses simagrées, et si l'ange roux n'avait pas entendu le refus d'obtempérer concernant les limites concernant le contact, il remarqua que les choses changeaient lorsque l'homme en vint à parler de ce fameux institut, d'ailleurs le gros mot voulait tout dire. Icare recula légèrement sur le coup, étonné et un peu inquiet aussi. Soudain le jeune homme sentit quelque chose se refermer sur lui, il mit un certain temps à comprendre d'où venait le message d'alerte mais finit quand même par se rendre compte que c'était son aile qui était prise en otage... Lorsque son interlocuteur serra plus fort, l'ange roux se redressa de toute sa hauteur, cherchant à déployer ses ailes avec toute la violence dont il était capable. Au contraire de sa silhouette fragile, celles-ci étaient assez puissantes, ainsi porté par un élan donné par 5 mètres d'envergure, peut-être que le fou lâcherait...

*Tu le savais mais tu n'es pas parti... Seul un fou peut s'intéresser à toi en dehors de l'institut... Pourquoi es-tu resté? Parce que ce malade mental flattait ton égo? Imbécile!*

-La folie dans ce monde existe en effet, je veux bien te croire... Elle t'habite tout entier! Quant à la réalité difficile, que connais-tu de ma vie? De mon histoire? Rien... Et moi je te dis que je suis déjà au courant et que je n'ai aucunement besoin des leçons d'un inconnu, d'un taré comme toi!

Icare se redressa une nouvelle fois, étendant ses ailes pour essayer de faire glisser la main de son articulation. Dans l'action le jeune homme ne ressentait même plus ce qui se passait à ce niveau; il lui semblait tantôt que Tibère avait lâché, tantôt qu'il était encore accroché [HJ: pour que tu décides] mais au fond? Quelle importance? Icare ne se sentait étrangement pas trop menacé... Il pouvait voler lui et maîtrisait encore mieux ses pouvoirs que "l'Empereur" qui créait le feu mais savait à peine se servir de son don... A moins que ce ne soit un énième message? En tout cas l'ange roux se sentait étrangement assez fort pour combattre si nécessaire; un peu comme si, inconsciemment il s'était attendu à une telle mise en situation. Après tout, ne se méfiait-il pas de Tibère depuis le début malgré son intérêt pour sa personne?

A vrai dire, la colère d'être traité ainsi le portait, l'empêchant de céder, contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre venant d'une "faible" personne comme lui. Non, Icare avait une certaine force intérieure que l'on ne soupçonnait pas et qui s'exprimait maintenant. Utilisant son pouvoir d'amplification et de démultiplication de voix, le jeune homme l'aggrava suffisamment pour faire mal aux oreilles de Tibère - à moins que celui-ci n'ait des tympans très solides- atteignant des décibels supportables encore mais très inhabituelles pour les cordes vocales de l'homme, on sortait du normal en ce qui concernait la force du son; quant à la démultiplication, Jay s'en servit, en arc de cercle, derrière eux, des voix semblant sorties d'outre-tombe (ou pourquoi pas des cieux? Comme si d'autres anges sommaient le fou de laisser celui qui était l'un des leurs?) mais douces et gracieuses, presque divines firent écho dans la ruelle sombre.

-Laisse-moi!

Et partout autour d'eux, comme si cinq ou six personnes étaient là, cachées, la voix démultiplier d'Icare répondit en disant "laisse-le" avant de s'éteindre; ce bref interlude était quand même assez impressionnant et inhabituel! Restait à savoir si l'Empereur l'avait été lui-impressionné- et que cela suffirait à le faire lâcher prise... Sinon Jay se débrouillerait bien; ce n'était pas le poids de l'homme -si celui-ci faisait moins de 70 kilos environ, chose pour laquelle l'ange roux priait.- qui allait le déranger pour partir, enfin, la position involontairement adoptée le gênait là, il était légèrement courbé, accompagnant le mouvement de son aile puissante pourtant bousculée pour être mise à terre mais comptait bien en se relevant brutalement et en les ouvrant sur toute leur envergure, se débarrasser du gêneur ou tout du moins s'envoler avec sur quelques mètres avant de le lâcher d'en haut. Icare était si furieux -comme s'il se sentait trahi, bizarrement- qu'il se sentait facilement capable d'un tel acte. L'Empereur continuait de l'effrayer et il en tremblait des cheveux aux plumes mais combattait courageusement sa crainte pour se jeter corps et âme dans la résistance.

-Les manchots empereurs-fit-il en jouant volontairement sur l'appellation des pingouins (si l'autre l'appelait petit lapin ou Angelot, pourquoi lui ne pourrait pas lui trouver une comparaison également?), s'excusant mentalement envers eux pour cette comparaison peu flatteuse. Quoique si l'on sortait du contexte animal Tibère avait bel et bien un charme royal, quelque chose d'aussi fascinant qu'eux dans le monde animal.- ne volent pas... Si tu ne veux pas faire ton baptême de l'air je te conseille de me lâcher. A l'institut, je n'apprends pas qu'à aimer crois-moi...

Une sourde colère passa dans ses yeux verts. Si seulement il avait accepté de travailler ses dons plus tôt! Il n'empêche qu'Icare avait en revanche toujours suivi les cours d'arts martiaux avec intérêt et assiduité car sa fragile silhouette lui attirait souvent des ennuis. Jusque là c'était un peu inutile mais Tibère ne semblait pas insurmontable contrairement à cette masse de roches géantes. Oui à l'institut Xavier ainsi qu'à l'école de la vie même si ça avait été plus long chez lui, Icare apprenait à se battre. Une odeur âcre s'éleva dans l'air, décuplant sa volonté de combattre... Son aile droite, alors qu'il s'était redressé s'était mise à saigner... C'était très léger et peu douloureux, d'ici une minute cette blessure aurait disparu sous les yeux de Tibère, mais quand même... L'odeur et la couleur du sang sur celle du feu restait saisissante, même pour Icare habitué, il faut dire que le contexte s'y prêtait.

Invité

Heureusement pour Icare, Tibère avait lâché prise au moment où il dit n’avoir pas besoin de ses leçons. Par réflexe, dans un brouillard de rage, l’Empereur fit un geste pour briser net l’aile de l’ange, mais il ne put réussir. Les plumes lui glissaient des mains, il avait été surpris par la puissance de ces ailes. Oh, ce n’était pas le fait qu’Icare l’aie traité de taré qui le mettait en colère, c’était plutôt sa manière de rejeter ses reproches. Sans même y réfléchir ! Bien sûr, dans sa démence Tibère ne se rendait pas bien compte qu’il n’avait pas le meilleur comportement pour une discussion éclairée : en tant qu’Empereur, il pensait plutôt que ce petit gars devait l’écouter tout simplement, comme un ordre.
Il ouvrit la bouche pour vomir des insultes, ou peut-être éclater de rire, qui sait ? C’est la voix de l’autre qui l’interrompit. D’où sortait un son pareil ? Tibère se refusait à admettre que c’était Icare qui criait, il avait l’impression que sa tête tremblait comme ce jour où il était allé voir Prodigy en concert. Bref. Et voilà qu’il divaguait, maintenant. Tibère éclata de rire, et aussi dingue que ça puisse paraître, il eut l’impression que ses gloussements couvraient jusqu’à la voix de Icare, mais il délirait peut-être. Il était là, à ricaner comme un malade, et il se jeta sur l’angelot pour reprendre son aile en main. La situation était de nouveau bloquée, puisqu’il s’agrippait très fermement. La suite des évènements faillit le faire lâcher : il se sentit empli d’une terreur toute religieuse en entendant… des voix… des voix venues de plus loin, plusieurs voix divines qui lui demandaient de le laisser tranquille… L’italien fut secoué d’un frisson de frayeur et se demanda s’il ne devait pas fuir… C’est cette pensée qui le tira de sa torpeur : Tibère l’Empereur, fuir ? Jamais ! La colère le reprit, l’éperonna, et il hurla le plus fort possible une flopée d’insultes blasphématoires pour faire fuir les anges. Il ne réfléchissait plus, il était accroché à l’aile amochée d’Icare, gueulait des saletés et était dans une colère folle.

Icare se remit à parler, ce qui eut pour effet de calmer Tibère. Mais c’est qu’il était plein de ressources ce petit… Le moment semblait venu de calmer le jeu. Son orgueil l’empêchait pourtant de lâcher prise et de s’avouer vaincu, alors la situation semblait bloquée. Une main toujours serrée sur l’aile d’Icare, Tibère se pencha, posa son autre main sur la nuque du jeune homme et approcha son visage. Ses gestes étaient soudain empreints de douceur, presque sensuels.

« Allons… Du calme… Tu ne veux pas écouter ce que je dis ? Tu as plus de ressources que ce que je croyais… »

Il lâcha l’aile, mais ne bougea pas son autre main. Toute colère avait disparu de son regard, remplacée par une lueur doucereuse. Tibère avait maintenant des airs d’amant, ce qui était indéniablement troublant étant donné qu’une de ses mains était couverte du sang d’Icare. Et il était là, à couver l’autre du regard, à lui sourire comme une fille en ricanant par instants.

« Te fâche pas… C’était juste pour jouer. Mais tu sais te défendre… Tu m’intéresses beaucoup, tu sais ? Juste comme ça. Je sais que tu as de la valeur, spirituellement parlant bien entendu. Je sais qu’ensemble, on pourrait… faire… de grandes choses. »

Il avait ralenti le débit sur la dernière phrase, histoire de faire traîner le malentendu auquel on ne pourrait s’empêcher de penser en entendant sa voix douce et caressante.
Il ne savait même pas pourquoi au juste il faisait ça. Pourquoi il s’amusait à chambouler ce jeune garçon. Il n’avait même pas besoin de raisons, de toute façon, parce qu’il était l’Empereur.

Le jeune homme se jeta violemment en arrière lorsque Tibère l'accrocha de nouveau, l'insultant et le blessant! Ne se laissant pas faire, l'ange roux n'hésita pas à redresser ses 5 mètres d'envergure une nouvelle fois, dans l'idée de faire du mal à son adversaire en obligeant ce dernier à suivre le mouvement somme toute assez puissant. Il avait peur de Tobère mais la colère l'emportait, elle l'aidait même à tenir bon, voir désirer cette étreinte des plus violentes. Lorsque le fou se calma après bien des cris, il devint doux comme un agneau... Presque comme un courtisan. Icare sourit d'un air fier, il était vainqueur pour une fois! Les voix avaient dû effrayer le fou, sans nul doute, sa réaction correspondant à ce moment précis et son comportement, le peu de caractère dévoilé sur sa foi en son titre d'Empereur laissait supposer qu'il croyait au divin... Jay n'avait donc plus qu'à jouer sur ça! Étrangement, pour une fois la bagarre le grisait, il voulait dominer, et sa peur s'en allait petit à petit. Que pouvait son ennemi contre sa personne? Lui faire du mal bien entendu mais Icare s'était mutilé lui-même si souvent que la douleur serait tout au plus pareille... Rien à perdre donc, tout à gagner, une vengeance sur cet être apparemment charmant mais malade au plus profond de lui. Mine de rien, Josh se sentait déçu et vexé aussi d'avoir intéressé un taré, et même de l'avoir cru fascinant. Maintenant c'était la relation entamée qui l'était, peu habituelle pour Icare qui semblait avoir le dessus et voulait pousser le "vice" plus loin. Présentant son aile ensanglantée à Tibère, adoptant une voix douce et profonde, comme venue d'ailleurs -utilisant pour la travailler son expérience de chanteur ainsi que son pouvoir, mais seulement un peu, le savoir-faire était plus important dans ce cas ci.- il répondit simplement à la remarque de son interlocuteur.

-Plus encore que tu n'imagines... -Et sous les yeux de l'opportun, les plumes froissées se remirent délicatement en place, demeurant rougies mais d'un sang qui ne semblait pas être le sien puisque la blessure avait petit à petit disparu. Sa synchronisation avec ses paroles avait été parfaite... La régénération n'en serait normalement que plus impressionnante.- comme tu peux le voir... Mais dis-moi donc, que voudrais-tu que l'on fasse tous les deux? Je peux très bien me passer de toi il me semble... Essaye de me prouver le contraire!

Icare se fit provocateur à son tour. Cet homme avait le don de faire ressortir l'adulte qui avait envie de s'éveiller en lui, il devenait petit à petit assez sûr de lui pour jouer avec Tibère, entrer dans son jeu sans regretter quoique ce soit, prêt à se battre plutôt que fuir. Quelque chose s'était construit dans l'âme de l'ange roux en voyant le fou se calmer, ce n'était peut-être qu'une façade, et sans doute qu'Icare avait beaucoup à craindre de cet individu mais qu'importe! Il voulait se démarquer, se défouler, cesser de se faire marcher sur les pieds. Sa timidité envolée, Icare se permettait tout ce qu'il ne se permettrait pas avec cet homme, justement car leur relation était déjà très spéciale... Et que leurs "liens" se définissaient car l'ange en était persuadé, suite à cette rencontre il y aurait! Là encore le jeune homme se trompait peut-être mais tant pis... Jouer les types qui embauchent-et pas n'importe qui- flattait son égo malmené. Tenir en "admiration" ou tout du moins en respect un taré, le forcer à le reconnaître comme étant le plus fort mais également intéressant, intriguant le captivait. La fascination que semblait éprouver Tibère pour lui. A vrai dire Icare ne savait pas vraiment ce que pensait son interlocuteur de lui, peut-être le prenait-il pour un imbécile? Un type qui fait pitié? Ou une sorte d'archange? Mais qu'importe! Lui était prêt à se battre, ou s'amuser... Vraiment, il n'était pas reconnaissable, surtout en répondant aux avances à double tranchant de Tibère. Jay ne s'était jamais posé de questions sur ses préférences mais celles-ci semblaient assez évidente, il répondait à tous les clichés du garçon efféminé, sauf aujourd'hui où ses airs princiers lui donnaient une allure d'ange des glaces voir du feu... Vu ses ailes rousses et son aptitude soudaine à la douce et charnelle provocation; il n'hésita en effet pas à répondre à la caresse sur le bras de son comparse, essuyant son propre sang qui entachaient les doigts de ce dernier. Physiquement au moins, c'était certain, Tibère l'attirait, mentalement aussi mais Icare cette fois restait bien hors de portée-ou essayait tout du moins.- décidant de ne plus se laisser "toucher" par les propos de ce pauvre hère... Mais réussirait-il, ça c'était une autre histoire...

-Alors... A quelles choses aspirent un Empereur sans royaume votre majesté?

Demanda l'ange en souriant avec une certaine sensualité, donnant à son visage un air d'être inaccessible peu vue auparavant, presque non... Totalement provocatrice en fait. On aurait dit que Tibère avait le moyen de l'enflammer intérieurement, de le faire sortir de sa coquille totalement. Ce qui était dangereux c'est qu'il se laissait entrainer dans un domaine où il s'en sortait certes avec brio mais ne possédait pas non plus une grande expérience. Laissant la main de l'autre posée sur sa nuque, il décala simplement celle qui était sur son aile, sur sa hanche... Se demandant dans un éclair de lucidité ce qu'il faisait avant de replonger dans sa semi folie et totale provocation en dégageant sa main pour la passer sur la poitrine de Tibère, c'était un jeu... Un jeu entre deux inconnus flirtant avec les interdits de la bienséance car ils semblaient chercher à se séduire sans se connaître, sans être passé par la phase de l'amitié ou de l'apprentissage de l'autre habituellement lent et long... Mais qui dit que ces deux là en avaient besoin? C'était juste histoire de jouer un instant dans leur vie... Un simple grain de poussière dans une forteresse de sable mais ce grain là semblait composer la base même du château... Amusement? Provocation ou fascination? Voir un peu des trois sans doutes... Sans aller plus loin, Icare attendait désormais les gestes et réponses de son interlocuteur, en pleine effervescence quant à la découverte de ses capacités à se défendre dans ce monde extérieur si dangereux. C'était grisant!

Invité

Tibère eut un sourire pour lui-même, un sourire qu’Icare dut prendre pour lui parce qu’il le regardait droit dans les yeux. Un sourire carnassier, méchant, foncièrement mauvais. C’était un sourire de triomphe. Il l’avait eu. Et même si l’autre croyait mener la danse, Tibère ne faisait que montrer ce qu’il voulait. Combien de fois il avait attiré dans ses filets empoisonnés de jeunes garçons perdus, de cette façon ! Il se laissa faire, laissa sa main sur la hanche de l’ange et se serra encore un peu plus contre le corps maigre. Au combat, Icare était le plus fort : il pouvait voler, apparemment se régénérer, et il avait cette voix multipliée… Tibère, bien sûr, ne pensait pas qu’en cas de vrai combat il serait vaincu : il ne pensait jamais qu’il pourrait être vaincu. Mais il était sûr que faire preuve de subtilité serait une meilleure idée.
Donc, Tibère se rapprocha du jeune homme avec un regard de coquette, les yeux rapidement baissés. Il faisait plutôt bien la fille, talent étonnant de sa part d’ailleurs.

Icare, pris au jeu, lui demandait ce qu’il voulait faire. Tibère eut un petit soupir absolument charmant et répondit dans un murmure :

« Mais… conquérir un empire, allons ! »

Sans pouvoir se contrôler, il éclata d’un rire monumental et serra soudain Icare entre ses bras, fort, avant de se reculer d’un bond. Il attrapa la main du jeune homme et l’attira vers lui. Par où commencer ? Tibère était soudain en proie à l’excitation la plus folle, il riait sans s’arrêter et avait envie de courir partout. Il commençait à ressentir une certaine affection pour Icare, dûe au fait qu’il avait finalement réussi à le calmer et à l’attirer. Une affection égoïste, en quelque sorte. Il passa la main dans les cheveux d’Icare, presque avec tendresse, en vérité avec l’envie de lui en arracher quelques-uns juste pour lui faire mal. Il était trop tôt.
Au lieu de ça, il continua :

« Pas maintenant… pas tout de suite. C’est une entreprise de longue haleine, et difficile. »

Il faut préciser que dans ce moment précis, Tibère était absolument sérieux. Conquérir un empire… un empire de tyran. Son empire. Oh oui, tout ce qu’il y a de plus sérieux.

« Tu me suis ? »

Erreur. Tibère pesta mentalement. Il n’aurait pas du dire ça, parce que cette phrase trahissait qu’il pensait toujours mener le jeu. Plus qu’à espérer que l’autre ne fasse pas vraiment attention. Pour l’aider un peu à passer outre cette phrase, Tibère se serra plus fort contre Icare, clairement séducteur, et eut un rire ronronnant comme un chat. Il était content d’avoir rencontré ce garçon. Il fallait qu’il reste. Juste le temps de l’entraîner dans la tornade qu’était sa vie, juste ça avant de l’abandonner quand il ferait preuve de faiblesse.

(désolée j'ai un peu galéré, faut dire qu'il est chaud à jouer ce perso haha)

[HJ: aucun souci! Justement j'admire comme tu le joues... Dis moi si quelque chose te déplais dans mes rps en tout cas! N'hésite pas ]

Conquérir un empire, allons bon! Icare n'avait jamais eu cette prétention là. Une guitare, un coin de la cheminée lui suffisaient pour exprimer ses sentiments, être heureux... Mais l'idée venant de Tibère avait l'air plutôt amusante, un peu inquiétante ça c'était sûr mais pourquoi pas? Après tout n'était-ce pas lui qui contrôlait la situation? Jay se sentait plus fort que l'homme et celui-ci avait l'air pendu à ses lèvres. Bien sûr, le jeune garçon ignorait que son interlocuteur était en train de le piéger, pour lui il avait juste affaire à un taré certes intelligent mais tellement obnubilé par ses idées incongrues que ses capacités restaient limitées; qu'il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Le sourire au bout des lèvres, l'ange roux désireux de se rendre plus mystérieux encore n'hésita guère quant à la réponse, semblant gentiment rabrouer un petit garçon qui n'avait rien comprit à la technique à utiliser...

-Conquérir l'Empire est trop fastidieux, conquiert l'Empereur et alors, tout le royaume sera à toi sans avoir à combattre l'armée qui le protège. Ce serait bête d'abîmer ses prochaines troupes, pas vrai?

Amusé, le jeune homme se laissa entrainer dans l'étrange danse de son interlocuteur, suivant ses mouvements joyeux, accroché à sa main. Jay se servait de toutes ses capacités à l'éloquence, cherchant la bonne réponse comme l'on cherche les paroles d'une chanson ni queue ni tête qui aura pourtant du succès grâce à sa répartie mystérieuse au goût poétique. Se laissant enlacer, inconsciemment flatter de séduire ainsi quelqu'un; même après la mort de Julia et de Samuel-ça faisait si longtemps! Icare semblait décidé à ne pas les oublier mais à sortir de son deuil enfin... Mais qui sait si c'était réellement un déclic ou simplement Tibère qui engendrait cela? Peut-être qu'en son absence, Jay redeviendrait le petit garçon fragile et doux qu'il était sensé être.- il avait envie de sentir quelqu'un contre sa peau. Julia avait été son premier amour mais celui-ci avait été platonique, spirituel, ce qui ne retirait rien à sa force mais qui cachait une des facettes de la tendresse. Physiquement, Icare était sans doute trop jeune ou simplement inapte à aimer les femmes... Elle était belle à contempler mais jamais le garçon ne l'aurait mis dans son lit; pour ces deux raisons ou pour une troisième qui était le respect sans limite qu'avait voué Josh à la jeune femme, il l'avait aimé comme une âme soeur, une déesse au temps de l'amour courtois où le chevalier ne pouvait toucher à la dame inaccessible. Samuel avait été son ami, officiellement parlant... Ils n'avaient pas eu le temps d'explorer d'autres sentiments naissant en leur poitrine comme le désir car ce dernier était mort au cours de sa première mission en temps que X-Men... Restait Tibère, mais que penser de lui? Au pire ne pas penser... Se laisser submerger par la vague de plaisir intense que lui apportait ce jeu dangereux!

La peur à chaque ricanement hystérique ressurgissait mais qu'importe, Icare était prit dans les filets de cet homme aux paroles violentes mais aux gestes doux qui ne lui faisaient ressentir que du pur bonheur, une sorte d'extase de l'instant provoqué par une drogue que l'on sait absolument néfaste mais que l'on aime justement pour ça, pour le risque à prendre... Quitte ou double, tout irait bien ou mal.

-Mais j'avoue que de conquérir un empire est d'un banal affligeant... Et d'un ennui mortel! Diriger ne me plairais pas tant, avec tous les problèmes d'intendance que ça implique, non merci... Et je crois que tu devras t'atteler à ta tâche seul.

Icare croyait que Tibère ne parlait pas sérieusement, que dans sa folie il jouait juste avec lui, mais ne l'intégrait pas dans ses plans. Se dégager comme il voulait de l'étreinte de cet homme lui semblait facile, aussi malgré ses dires ne retira-t-il pas... Non... Il n 'allait quand même pas gâcher sa première fois avec un inconnu aussi néfaste quand même, mais, celui ci était séduisant avouons le et jouer faisait plaisir à Jay qui n'avait pas vraiment de piquant pour alimenter sa vie. Débutant dans cet art de la provocation et de la domination cependant, le jeune homme ne remarqua pas le double sens qu'impliquait le "tu me suis? " le message était trop subtil pour ça, impossible de saisir quand il avait les preuves en main que c'était l'autre qui dirigeait tout; ne s'en inquiétant donc pas, Josh se contenta de secouer doucement la tête de droite à gauche.

-Je suis bien ici, et je ne suis personne d'autre que moi.

Acheva l'ange roux qui montrait petit à petit sa forte personnalité cachée par une grande souffrance et un manque de confiance en soi immense habituellement. Ses yeux d'émeraude se posèrent sur l'inconnu et il se détacha finalement, ça allait peut-être un petit peu trop loin pour lui dans le jeu là... Le contact physique avec un bel homme comme Tibère d'accord, mais de là, à se laisser aller à l'embrasser comme c'était parti, pas question! Icare ne voulait pas passer pour une "fille" facile, en plus il n'avait aucune idée d'où il en était sur ce point et ne voulait rien précipiter. De même que son explication avec Tibère tout à l'heure tenait encore et que le garçon ailé se réservait le droit de considérer un contact tactile comme étant déplacé. Après tout aussi fascinantes étaient ses ailes, celles-ci lui appartenaient et donc, pas question de les laisser à portée de doigts de n'importe qui, tout comme son corps qui n'était pas fait pour être tripatouillé de partout. Le jeu devait cesser un moment pour l'instant, c'était lui qui décidait après tout! Cette conversation décalée était quelque chose de suffisant à gérer, on verrait pour le reste...

-Et puisque tu ne comptes pas t'atteler à cette tâche de suite comme tu le dis si bien... Qu'envisage-tu de faire?

Demanda finalement Icare aussi joueur que curieux et un peu inquiet aussi, se doutant que l'autre le comprendrait sûrement dans son menu d'activité du soir... Enfin bon, encore une fois le jeune homme se pensait plus fort que Tibère, c'était la première fois qu'il se sentait supérieur et cela risquait de lui être fatal mais qu'importe, l'ange roux faisait ses expériences, il en tirerait les leçons ensuite... S'il survivait bien entendu! Après tout on ne peut pas être parfait et le pauvre Jay confortait cette maxime, tombant petit à petit dans le panneau de Tibère qui avait su le retenir.

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