Россия. [Colossus + Libre]

Les pensées se bousculent dans ma tête. La découverte de ma sœur, encore vivante alors que je pensais que toute ma famille était morte depuis des années remet en question absolument tout. Ma haine pour l'espèce humaine, mon ralliement à la Confrérie. Bien que Gravinof soit responsable de la mort des autres membres de ma fratrie et de mon ascendance, le fait qu'il reste encore ma chère et tendre sœur étouffe un peu le feu qui anime mon âme et qui me pousse à tout détruire pour venger les miens.

Elle est là, et bien là. Cela ne peut pas être un leurre. Si Gravinof prenait ce risque et que cela échoue, il mettrait sa vie en jeu. Et il n'est pas courageux à ce point, loin de là. La phrase du tireur d'élite qui m'accompagne me tire un peu de mon état figé. Il faut prendre une décision rapidement. Mais il ne faut pas que Gravinof comprenne ce que nous allons mettre en place dans moins de dix secondes.

Pour l'instant, bien que la situation soit tendue, il y a une chance pour que nous nous en sortions. Tous les trois. Car oui, il faut que celle à cause de qui j'en suis là s'en sorte aussi, puisque c'est grâce à elle que j'ai pu retrouver mon flocon de neige.
J'ai un peu bourlinguer en tant qu'Acolyte. J'ai appris ainsi plusieurs langues. En tant que mercenaire, ou nommez-la comme vous le souhaitez, il est fort probable que celle qui me couvre depuis le début de cette aventure pleine de surprises parle aussi d'autres langues. Je sais que Gravinof est une pure bille et a besoin d'interprètes. Mais ils gisent tous au sol, au rez-de-chaussée.

Espérons que cela marche... Une langue éloignée du Russe...
Je tente n'importe laquelle et en mélange même deux, une pour chacune de mes phrases.

"Tues-le. Je te protège."

Je me redresse et me place entre les hommes de Gravinof et cette brune qui va tuer, je l'espère, cet être ignoble! Mais je ne suis certain de rien... Elle bossait pour lui tout de même... Peut-être accorde-t-elle plus de valeur à son contrat qu'à une "banale" histoire de vengeance. Je souhaite aussi qu'elle ne se rate pas...

Il n’aura fallut que quelques secondes avant que le confrériste me parle dans une autre langue que la sienne et que je comprenne ce qu’il en était. Il se relève alors devant moi, afin de faire bouclier et je ne manque alors pas une seconde pour tirer d’abord dans la main de Gravinoff ce qui la fit exploser avant qu’il n’appuie sur la gâchette et avec l‘autre arme que je tiens dans la main droite je tire alors une dernière balle dans sa tête. Au même moment, bien sur, les hommes de Gravinoff nous tirent dessus mais en vain puisque l’armure de Piotr nous protège tout les deux.

Je profite de mon bouclier vivant pour éliminer les hommes qui sont encore debout en vidant mon chargeur. Une fois que le calme revient, je recharge mes chargeurs et en pointe un vers la fille car il ne faut pas oublier que la tête de Piotr est mise à prix et qu’il me paraît normal que je le livre aux autorités avec les moyens du bord. La jeune femme aux cheveux blonds se trouve être encore effrayée et ne cesse de pleurer. Son visage s’est vu recouvert de quelques gouttes de sang qui doivent provenir de Gravinoff au moment ou je lui ai tiré dessus. Je tourne alors autour de Piotr afin qu’il puisse me regarder tout en pointant encore mon arme en direction de la jeune femme.

- « Tu savais comment cela allait se finir n’est-ce pas? Mais dis moi, qui est cette jeune femme? »
Il est évident que lorsqu’on a quelqu’un comme Piotr Rasputin sous la main on ne le laisse pas filer aussi facilement, du moins quand on en a la possibilité.

Elle l'a fait. Elle les a tous éliminé. J'ai pu la protéger le temps que tout se passe comme je l'espérais. S'en suit alors quelque chose que je n'avais pas envisagé: la tireuse pointe une arme en direction de ma sœur. Mon sang ne fait qu'un tour.

- Si jamais tu blesses ma sœur, il te faudra plus que de la chance pour échapper à ce que je te réserve...

Mes vêtements sont troués. J'ai du sang sur les mains, et pas qu'un peu. Je n'ai tué personne, mais avec ma force, j'ai brisé des os qui ont perforé la peau de mes assaillants.
Ma réaction n'est pas rationnelle. Je le sais. Il faut que je me calme. Je retourne à ma forme humaine en prenant une longue inspiration. J'espère que cela suffira à prouver ma bonne foi. Je m'adresse alors à ma chère sœur.

- Tout va bien?

La pauvre, les choses ne peuvent pas aller bien... Elle vient de passer des années séquestrée par un malade... Je suis la dernière pensée agréable à quoi elle a pu se raccrocher. Elle est en larmes.
Je regarde alors celle qui a le dernier membre de ma famille dans sa ligne de mire.

- Que comptes-tu faire?

Je pointe toujours mon arme en direction de cette fille, cela ne me fait ni chaud ni froid, qu’elle meurt ou pas cela ne changera pas les choses pour moi. En vérité je ne sais même pas qui elle est, il ne m’a toujours pas répondu et c’est aussi ce qui me dérange. Je ne comprend toujours pas pourquoi quelqu’un comme Colossus se retrouve dans les rangs de la Confrérie. Toute cette colère qu’il garde en lui… il pourrait tout aussi bien s’en servir du bon coté.

- « Tu n’as jamais pensé avoir choisi le mauvais camp? Tu ne t‘es jamais dit que tu avais fait les mauvais choix? »

Colossus reprend sa forme humaine mais cela ne suffit pas vraiment à me convaincre. J’admire d’abord le russe car le voir changer de forme reste toujours un spectacle ensuite, je change de cible et pointe mon arme vers lui. Je n’ai plus qu’une seule envie c’est de rentrer à l’Institut et d’oublier cette mission qui aura été, on peut le dire, un fiasco total. Il n’y a plus aucun bruit sauf celui de la blonde qui ne cesse de renifler. Je ne sais pas ce que ces gens lui ont fait, ni depuis combien de temps ils la gardaient prisonnières mais ce sont les aléas de la vie.

Je prend une grande inspiration pour soupirer assez audible ment et baisser mon arme. Je tourne alors les talons en haussant les épaules. Qu’il s’en aille, mais si je le croise encore une fois et qu’il s’avère être toujours dans le mauvais camp, je lui colle une balle dans la tête.

- « Tu peux encore changer ça. »

Je décide de prendre les escaliers pour remonter à l'étage car le trou qu'à fait Colossus dans le sol ne me permet pas de remonter aussi facilement que d'y descendre. Il fait toujours aussi froid, il neige toujours autant, me voilà en marche vers ce qui s'avère être chez moi.

Elle nous laisse. Tandis qu'elle s'éloigne, je recouvre ma forme métallique. C'est ainsi que ma chère sœur me reconnaitra le mieux. Car j'ai un peu changé ces dernières années. Je réponds tout de même à celle qui nous a aidé ce soir, tout en allant prendre ma sœur dans mes bras.

- Maintenant que j'ai retrouvé cet être qui compte plus que tout pour moi, dès mon retour en Amérique, je contacte l'institut du Professeur Xavier...

La maniaque de la gâchette est désormais hors de vue. Peut-être même ne m'a-t-elle pas entendu.
Cela m'ennuie. Possible que je ne la revois plus jamais. Et je n'ai même pas pu la remercier. Car c'est en me fourrant dans ce beau merdier que nous avons pu...

Enfin bref, les choses vont changer. Je ne peux plus condamner la race humaine, l'être qui compte le plus pour moi en fait partie. Je dois protéger ces hommes, ces femmes, quelles que soient leurs opinions. La rédemption. J'espère que je pourrai la trouver auprès de Charles Xavier, l'ancien allié de mon Chef... Mon ancien chef, il est important de rectifier.

Je porte ma sœur, et nous quittons le bâtiment. Je ne sais pas par où est partie l'autre dont je ne connais toujours pas le nom. Mais bon, nous suivons dès à présent notre propre chemin, nous, les derniers Rasputin.