X-men, le jeu de Rôle
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 Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]

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Lilian D'Eyncourt
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Lilian D'Eyncourt


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MessageSujet: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeMer 12 Oct 2011 - 17:54

Il n'était pas venu pour se perdre dans cette exposition qui puait l'arnaque artistique et le champagne bon marché. Des cernes légères glissaient sous ses yeux. Après la nuit qu'il venait de passer, il ne désirait rien d'autre qu'une journée paisible, entièrement consacrée à la contemplation. Le corps las et vide, l'esprit éteint, il venait chercher la flamme de vie qui se confondait à la peinture. Il y avait, parmi les toiles mornes, des œuvres qui happaient le regard, et ne vous lâchaient pas sans avoir fait battre dans votre cœur un millier de lendemains différents. Chaque regard s'ouvrait sur un nouveau monde, mais celui qui se tenait devant ses pauvres yeux semblait ravagé par les gribouillages impitoyables d’un enfant de trois ans. Le portrait sépia d’un jeune soldat massacré par un feutre rose aurait pu prêter à sourire s’il ne se trouvait pas dans l’une des galeries les plus cotée de New-York. Mis sous verre comme un objet éminemment précieux, il s’accompagnait de deux étiquettes. La première, carré ridicule, portait un titre obscur « AB13 ». Il n’y avait évidemment aucune explication à cela. Donner un nom éloquent à pareille œuvre risquait de mettre en doute sa profondeur. La deuxième étiquette, plus longue, alignait les zéros. Une pastille rouge indiquait qu’un nouveau riche avait déjà réservé cette merveille, dans l’espoir, sans doute, d’acquérir une véritable pièce de collection. Il fallait en profiter avant que les artistes ne deviennent trop chers, disaient-ils toujours. Mais ces types-là cédaient la place à d’autres avant d’atteindre les sommets de la gloire…

- Ah, je vois que vous avez l’œil Monsieur D’Eyncourt, cette pièce est l’une de mes préférées !

L’artiste, un jeune homme sorti des beaux-arts avec cette allure extravagante mais proprette qu’imposait le milieu s’était rué sur lui. Il l’avait coincé de la même manière quelques dix minutes plus tôt en le reconnaissant dans la galerie d’art moderne « Comment, vous n’êtes pas au vernissage ? Qui suis-je ? Vous ne connaissez pas mon nom ? Venez donc dans la salle des expositions. J’aime beaucoup votre revue vous savez ? Je suis sûr que mon travail pourra vous intéresser ! ». Lilian avait pensé qu’un regard aurait suffi à le décourager. Mais la prétention rendait aveugle. L’artiste de pacotille évoluait dans un monde où personne ne pouvait être contre lui. La main familière qu’il avait posée sur son dos pour le pousser vers ses horribles créations, se ferma sur son épaule. Le serin continua sur sa lancée. Il lui chantait il ne savait quel air à propos de son chef-d’œuvre et Lilian n’avait d’yeux que pour l’horripilante monture bleu électrique de ses lunettes. Il ne savait pas très bien ce qui le retenait de les lui faire avaler de force, avec toutes les breloques ridicules qui pendaient à son poignet. Pourtant, il garda son calme. La diplomatie l’exigeait. Comme toujours lorsqu’un sujet ne l’intéressait pas, il se contenta de la dernière phrase :
- Alors, qu’en dites-vous ? J’exposerai bientôt à la Nouvelle-Orléans vous savez, vous pourriez écrire quelque chose, ça serait un bon sujet.
Mais la plaisanterie avait assez durée. L’incise d’un sourire se découpa sur son visage. Il tendit sa coupe de champagne à peine entamée au jeune homme.
- Pouvez-vous tenir mon verre un instant ? demanda-t-il aimablement.
L’artiste obtempéra, le regard brillant, et il sortit un calepin et un stylo bille de sa sacoche.
- Voyons… que pourrais-je écrire sur vous…
Ses yeux allaient du pédant au tableau. Il laissa une minute passer, tandis que l’autre attendait, suspendu à la mine de son crayon. Il l’appuya finalement sur le papier et sa main fila à une vitesse désordonnée. Lorsqu’il tendit la feuille à l’artiste, on put y admirer un superbe gribouillage.
- Je vous laisse déchiffrer par vous-même…, susurra-t-il en songeant qu’il n’avait finalement pas tout à fait perdu son temps.
Il avait l’habitude de rabrouer les artistes qui l’ennuyaient avec un impitoyable mépris qu’il prenait soin de renouveler à chaque fois. Lorsque le vague à l’âme le prendrait, il n’oublierait pas de se remémorer cet instant pour retrouver le sourire. Resté bête, le jeune homme le regarda partir, un verre dans une main, une feuille dans l’autre.

Lilian quitta la pièce d’un pas vif. Il n’était pas question d’être retenu par une autre personnalité. Comment aurait-il pu avoir une discussion sérieuse si tôt ? Il n’était que dix heures après tout, il avait vu le jour se lever et il songeait qu’il serait peut-être temps de prendre du repos… Mais il avait un rendez-vous important à treize heures. En fait, il ne comptait plus les nuits passées à faire il ne savait quoi depuis le début du mois. D’aucun diraient qu’il avait sombré dans une mauvaise période. Il oubliait ce qu’il faisait, parce que ce qu’il vivait était agréable sur le moment et ne méritait pas d’être mémorisé. Où était-il aux premières heures du jour ? Il se souvenait vaguement d’un bel appartement inconnu. Il y avait sur le mur des photographies sinistres en noir et blanc, des cartes à jouer constellées de cendres sur une table basse, des bouteilles de vin qui s’ouvraient, d’habitude, aux grandes occasions. Deux personnes parlaient encore d’une voix éteinte sur le canapé. Elles lui avaient souri lorsqu’il avait quitté la chambre pour utiliser la salle de bain du propriétaire… De la propriétaire, rectifia-t-il en se représentant une étagère garnie de maquillage. Il avait partagé une cigarette avec les deux survivants du salon, puis il était parti, sans regarder le nom de la rue ni la station de métro. Les souvenirs se confondaient déjà à ceux de la semaine précédente. Encore une soirée où il ne s’était rien passé.

Il retrouva la galerie dont le maître des gribouillages l’avait tiré. L’homme s’était-il égaré pour errer parmi des peintures qui, de toute évidence, n’intéressaient pas son art ? Lilian se demandait encore quel malheureux concours de circonstance avait pu produire cette rencontre. Il songea un instant à rédiger un dossier lapidaire sur cette sotte invention qu’était l’art conceptuel, puis il délaissa ses basses velléités de vengeance pour admirer une fois de plus la collection d’Edward Hopper. Cet artiste-là, au moins, peignait avec son âme. Il y avait de la vie, de la chaleur, dans ces toiles où se mêlaient ténèbres, lumières et couleurs. Les tableaux étaient comme des fenêtres qui s’ouvraient sur des paysages, des intérieurs à l’air tiède et doux. Aucune œuvre ne suspendait mieux le temps que celles d’Hopper. Elles étaient à la fois rassurantes et angoissantes, surtout lorsque des personnages se mêlaient à la scène. Immobiles, et sans visage, on les trouvait figé à jamais dans une position d’attente. Plus il les observait, plus il lui semblait que ces êtres n’étaient qu’un souvenir gardé par une pièce vide ou un lieu désert, qu’ils avaient été là, à attendre, aux heures orangées et sombre du crépuscule, ou dans la lumière pâle de l’aube. Ces tableaux, il aurait pu les habiter. Mais, son regard heurta une toile noire et grise, plantée au milieu des œuvres colorées. La représentation floue et sans lumière d’un homme torse nu sur un lit, tourné vers une porte close, dans une chambre anonyme.

Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Edward-hopper

Voilà, songea-t-il avec ironie, l’image qui resterait de ses dernières nuits. Etait-ce bien ce qu’il était venu chercher ? Cette réponse désespérante d’un artiste défunt qui semblait se moquer de son destin ? Il sourit à lui-même, comme pour dévier la pique qui frôlait son cœur et il se laissa tomber dans une banquette face aux œuvres. Avant treize heures, il n’avait pas envie de bouger. Il glissa un écouteur dans une oreille [Musique] et attendit à son tour, avec un regard vague qu’on aurait pu distinguer sur les personnages d’Hopper, s’ils avaient seulement un visage.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 20 Jan 2012 - 22:56, édité 3 fois
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Dr Fryderyk Pryzbylewski
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeSam 15 Oct 2011 - 15:53

J’avais annulé tous mes rendez-vous de la matinée. Le soir précédant, lorsque j’ai analyse mon horaire, j’ai un total dégoût. Ces patients étaient pour être d’un inintérêt déconcertant. Des cas classiques de dépression, des troubles alimentaire et des troupes compulsif… Un ennui effrayant pour n’importe qui. Aucun d’eux n’avait la moindre chance de me faire décrocher mon Nobel… Je les avais annulé sans même me soucier de leur sort. J’en avais rien à ciré de leur vie. À la longue, il me demanderait peut-être de les référencer à un collègue. Le problème était pourtant que le plus part de ses clients étaient là pour le prestige d’être traité par le célèbre Dr Pryzbylewski.

Dans un petit feuillet artistique, j’avais remarqué l’annonce d’une petite galerie qui communiquait l’ouverture d’une nouvelle exposition. Il s’agit principalement de nouveaux artistes, mais ce qui attira mon attention était la présence de plusieurs œuvres d’Edward Hopper. Je courrais les galeries artistiques, mais peu d’artiste m’avait aussi charmé que celui-ci. Il était malheureusement mort depuis des décennies, mais ses œuvres restaient si vivants pour moi. Avec un peu de change, un historient en art pourrait sûrement complété ce que je connaît déjà de lui.

J’arrivai donc tôt dans la matinée dans cette salle. Cette salle d’exposition manquait réellement de profondeur artistique. Le décor était composé de tous les clichés pompeux à la mode. La salle manquait vraiment de cet esprit créatif qui devrait normalement être l’essence même de ces lieux. Les artistes étaient habillés de leurs plus beaux habits et tentait inévitablement de mettre en valeur leurs œuvres. Avec un peu de chance, ils pourraient vendre une toile ou deux et avoir de quoi se nourrir pour quelques mois. Le cas contraire les obligeraient a retrouvé un boulot lamentable dans un usine du coin… La vie des artistes est dure. Ceci n’empêche pourtant pas des tonnes de jeunes gens ambitieux de tenter leur chance malgré l’absence flagrant de capacité créative.

Je me déplaçais parmi la foule et à mon style vestimentaire, on devinait allègrement que je n’étais pas un exposant mais un acheteur. Le champagne bon marché coulait malgré leur matinale et je ne me gênais pas pour prendre ma dose. Les canapés au saumon étaient franchement trop traditionnels pour attirer mon attention. Un simple regard à une toile me permettait de juger les artistes et rapidement je fis le tour de la salle principale. J’avais ignoré mécaniquement et d’une façon quasi hautaine les demandes de discutions des différent peintres. J’avais été attristement surpris par le fait que les toiles de Hopper n’avaient pas été assez mit en évidence.

C’est finalement dans une autre pièces que je trouva l’œuvre en question. Un tableau simplement composé de noir et de gris, mais pourtant d’une originalité effrayante. En un clin d’œil, je compris toute la profondeur et le malheur de l’artiste. Sans même regarder la signature, je reconnaissais la marque de mon artiste. Son âme teintait d’une façon unique chaque scène immortalisée. La pièce d’exposition était malheureusement quasiment vide et trop peu des visiteurs l’ignoraient préférant resté sous les projecteurs de la salle principale. La douleur dans ma jambe était vive et je préférai m’asseoir sur l’énorme banc circulaire au centre de la pièce pour continuer d’admirer l’œuvre. Le personnage de la toile avait quelque chose de terriblement humain et psychologique. À chaque instant, j’espérais voir sortir de l’ombre l’artiste que j’aurais sans retenu bombardé de questions. Malheureusement la mort a souvent les derniers mots à nos questions. Je sentait par contre son énergie, enfin je rêvais sûrement et les quelques flûtes de champagne enfilé trop rapidement avant le déjeuné ne devait pas être étranger à tout cela.

Après quelques minutes a contemplé seul l’œuvre, un jeune homme viens brisé ma solitude. Son look débraillé me fit croire qu’il pouvait être un autre artiste exposant. Rapidement, il remarqua que la qualité de la toile que je regardais. Je me permis donc de l’aborder pour savoir se qu’il ressentait en regardant cette scène.

-C’est un œuvre d’Edward Hopper… Elle est particulièrement intéressante car le peintre à réussit à transposé d’un façon omni présence son angoisse…

Je continuai en énumérant quelques caractéristiques qui démarquaient cette œuvre des autres présentes avant de laisser la place à ce jeune homme.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeMer 19 Oct 2011 - 19:46

La musique comme la peinture lui donnaient, dans ces instants, l'impression poignante d'accéder à une existence supérieure, entre vie et mort, là où le cœur pouvait battre hors du corps. Le post-punk léger d'Echo and the Bunnymen s'engouffrait dans une fissure qui appelait à la fois le sourire et les larmes. Il aimait cette contradiction. Les créations qui s’enfonçaient dans les ténèbres passaient à côté de la véritable cruauté. Ce monde était beau. Hopper n'avait pas cherché à le noircir. Mais cette beauté était faite d'éclats fragiles, de nostalgie, puis de poussière. Elle s'échappait dès qu'on pensait l'atteindre. L'extase promise s'éloignait si tôt qu'on l'effleurait. En ouvrant les yeux sur le tableau d'ombres bleutées, Lilian se demanda si le peintre avait voulu exprimer son impuissance face à ce temps qui faisait le sujet et le malheur de son œuvre. L'homme de la chambre pouvait raconter une centaine d'histoire différente, mais, si on réduisait la scène à une valeur plus symbolique, elle représentait avant tout un homme face au vide. La nuit avait effacé les couleurs, l'espace clos réduisait les possibles, sa presque nudité accentuait son abandon. Le visage tourné niait son identité, parce qu'il avait finalement autant de visage qu'il existait d'hommes. Devant lui, une porte fermée ne demandait qu'à s'ouvrir. Tout serait sans doute bien plus heureux s'il trouvait la force de se lever et de pousser la poignée. Lilian s'appropriait peut-être le tableau à sa manière, mais il songeait désormais à toutes les portes qui, de la même façon, le laissaient à l'étroit dans sa propre existence. Depuis combien d'années avait-il cessé d'avancer ? Peu lui importait finalement. S'il y avait du bonheur derrière la porte, il ne resterait pas. Ce sentiment était comme une maladie positive. On l'attrapait pour quelques semaines, puis on guérissait, on retournait dans la chambre close. C'était, du moins, ce qu'il avait toujours ressenti et son humeur du jour était particulièrement sinistre puisqu'il manquait de sommeil. Seule la drogue le tenait, il le savait. La nervosité le gardait éveillé, il était trop fatigué pour dormir.

Alors que la chanson entamait les notes descendantes pour passer au titre suivant, un homme s'approcha de lui. Lilian s'en étonna intérieurement. Ce matin, les visiteurs du musée faisaient des gorges chaudes de l'art contemporain. La galerie moderne était peu fréquentée, si ce n'était pas les bobos new-yorkais à moitié éméchés qui s'offraient une balade bruyante avant de revenir vers les artistes qu'ils pouvaient toucher et flatter. Craignant de se faire ennuyer par quelqu'un qui convoitait une place dans la rubrique « art » de son magazine, il lui tourna un regard parfaitement neutre. C'était un homme d'un certain âge, au charisme bien appuyé, et aux prunelles perçantes. Sentant qu'il était d'une autre intelligence que le freluquet dont il venait de se séparer, Lilian le jugea avec une profonde réserve. Des gens comme lui ne vous abordaient jamais sans dessein. De plus, son visage lui disait vaguement quelque chose. L'avait-il déjà rencontré quelque part ? Il retira l'un de ses écouteurs sans couper pour autant la musique. Malgré son statut, Lilian conservait des attitudes d'adolescent rétif. Plus désinvolte qu'impoli, il adaptait les règles de la bienséance au gré de ses caprices. Mais chaque attitude était toujours très calculée.

L'inconnu n'avait visiblement rien de précis à lui dire. Il usa d'une méthode somme toute très classique pour aborder un inconnu dans un musée : en épiloguant de manière quelque peu péremptoire sur le tableau qu'il contemplait. Son analyse n'apportait rien de nouveau à ses observations et Lilian s'arrêta sur sa tenue. Il était sans doute censé être aussi bien mis pour son rendez-vous de treize heures... Or il portait toujours les vêtements de la veille, un jean noir légèrement laqué, une chemise aux fines rayures rouges et noires, des gants de soie blanche. Ses cheveux étaient encore humides. De quoi avait-il l'air sinon d'un jeune artiste qui est passé sans véritable transition de la boîte de nuit au vernissage ? L'homme essayait peut-être de le sonder à ce titre. Cette idée l'amusa, même s'il trouvait son analyse picturale relativement inutile. Il aurait pu le remercier en lui tendant de la monnaie en guise de pourboire, comme cela lui était déjà arrivé dans une situation semblable, mais quelque chose retint cette effronterie. Il y avait dans ce nouveau personnage un il-ne-savait-quoi qui l'éloignait des visiteurs pompeux que l'on pouvait croiser dans les musées, des types qui expliquaient chaque œuvre n'importe comment en parlant le plus fort possible pour attirer les chalands. Il semblait que, loin de s'écouter simplement pérorer, l'homme attendait une réelle réaction de sa part. Lilian se redressa dans son siège et coupa enfin son i-phone.

– La plupart des œuvres d'Hopper suivent une tradition impressionniste, dit-il sur le ton de la conversation. Je dirais simplement que celle-ci est plus intime et saisit davantage un sentiment qu'un instant. Si la porte vers laquelle l'homme est tourné peut s'ouvrir, alors l'angoisse est passagère. Dans l'autre cas, ce tableau est d'un pessimisme terrible, ne trouvez-vous pas ?

Un sourire railleur glissa sur ses lèvres. Cette discussion semblait tout à fait insignifiante, d’un ennui pareil à celles qui chargeaient la galerie contemporaine, mais devant une œuvre bien plus profonde. Mais, ceux qui ne venaient pas réciter un article de commentateur, savaient ce que ce genre d’échange impliquait. Le regard que l’on portait sur une peinture était souvent – disait-on – le reflet d’un état d’esprit présent. Il n’avait rien à apprendre de son interlocuteur, du moins, cette rencontre ne l’intéressait pas dans l’immédiat. Tout ce qu’il voulait, c’était lui trouver des intentions plus précises. Par déformation professionnelle, il ajouta :

- Il me semble qu’il résume assez bien le travail de cet artiste. Sans leurs couleurs, les autres tableaux laisseraient probablement le même genre d’impression… - Il marqua une pause, comme s’il hésitait quant à la suite à donner à cette analyse et renonça finalement à aller plus loin. - Mais pour avoir une opinion détaillée sur une œuvre, il me semble que vous vous soyez trompé de salle.

La lueur espiègle de son regard prouvait qu’il ne pensait pas avoir affaire à un invité de marque du vernissage. A force de fréquenter ces événements comme critique d’art aussi admiré que redouté – les artistes aimaient généralement sa plume corrosive sans imaginer qu’elle pût se retourner contre eux – il connaissait le profil des habitués sur le bout des doigts. Il semblait que d’autres visiteurs s’étaient égarés, comme lui, au milieu de cette écœurante mascarade.
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Icare
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeJeu 10 Nov 2011 - 14:52

Josh ne savait pas vraiment ce qu'il faisait ici avouons le. On lui avait donné cette carte d'invitation, peut-être Kaleb ou même un artiste contre la promesse d'aller voir sa galerie en premier qui sait? Le jeune homme ne s'en souvenait guère, il avait même oublié l'existence du petit papier et venait juste de le retrouver alors qu'il vidait ses poches pour laver son manteau. Le jeune homme haussa les épaules, après tout il n'avait rien d'autre à faire alors autant profiter pour s'ouvrir à d'autres formes d'art que la musique qu'il chérissait tant. Terminant de nettoyer son long manteau, le mutant fit ensuite une douche puis choisit un jean simple avec un tee-shirt sobre également mais bien coupé, histoire de ne pas être refusé à l'entrée parce qu'il était mal vêtu. Ensuite le jeune homme reprit son manteau et le posa ses épaules redevenues frêles après que la plupart des changements génétiques effectués par Gretchen Krauze furent annihilé. Icare se dépêcha après avoir démêlé ses cheveux d'un blond très clair de se rendre au vernissage, à pied cette fois.

Jay n'avait plus l'habitude de circuler ainsi et le flot des gens qui passent le surprit, il se sentait balloté de toutes parts. Toutefois, gardant courage Josh parvint à faire bloc de son corps peu endurant mais leste et svelte. Arrivant à l'entrée il craignit qu'on ne lui demande d'enlever son manteau mais ce ne fut heureusement pas le cas. Peut-être que le gardien était moins vigileant ou s'en fichait simplement, après tout ils n'étaient pas dans le palais de la reine d'Angleterre bien qu'il y ait quelques oeuvres importantes ici... Ou alors l'homme avait tout simplement comprit qu'Icare avait une chose à cacher, une mutation par exemple? Bref, rien de passionnant, le principal fut que Jay passa la porte et se retrouva rapidement bercé par la musique et les images qui accompagnaient le son. Bien que naturellement plus tenté par les notes qui sortaient des baffes, le jeune homme essaya de se concentrer sur les tableaux. Il voyait de jolies choses mais ne s'y connaissait guère. Certes il avait une maîtrise d'art mais presque exclusivement en musique, il avait fait un équivalent du conservatoire chez lui disons, en un peu moins prestigieux aussi bien sûr.

Restant collé sur les tableaux représentant des scènes d'amour et fuyant les scènes bibliques où voletaient de grassouillets chérubins et de gracieux anges, Icare finit par débarquer dans une salle quasiment vide, il reconnut le type qui l'avait abordé pendant une soirée-concert, et ce exactement de la même façon que le vampire qui avait essayé de le dévorer; c'était ce qui expliquait que le jeune homme ait fuit derechef malgré les propositions tentantes, le parallèle était trop facile à faire et la panique l'avait alors gagné. Le mutant se sentit toutefois plus à l'aise car il y avait un garçon entre lui et le docteur Fryderyck-il n'avait pas retenu le nom d'origine étrangère-et se contenta donc de saluer son "soupirant" d'un simple signe de tête; de même pour l'inconnu qu'il laissa ensuite vaquer à ses occupations. Josh qui s'ennuyait un peu malgré la beauté des lieux s'approcha d'un tableau qui fit de suite écho en lui; les couleurs, la pose, l'expression, tout cela le touchait énormément sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.

Le jeune homme s'approcha pour lire les inscriptions, prenant garde à ne pas gêner ses deux compères dont il surprit plus ou moins la conversation sans le vouloir. était-ce son imagination et l'éloignement ou est-ce que l'inconnu fut sarcastique l'espace d'un instant? Quoiqu'il en soit, il avait l'air de s'y connaître en peinture. Le mutant s'efforça de ne pas écouter la suite par politesse; il s'assit sur un banc pour mieux regarder l'oeuvre d'Hopper-selon le papier et les paroles du jeune érudit.- puis se prit à rêver un peu; imaginant quelle musique irait bien pour accompagner cette scène. Pendant ce temps, ne semblant pas apprécier l'air sardonique de son compagnon de conversation ou ayant autre chose à faire, voir ne supportant pas être dans la même salle que celui qui l'avait éconduit, le docteur s'en fut. Icare crut même le voir lui jeter un coup d'oeil désapprobateur/interrogateur mais c'était sans doute le fruit de son imagination. Seule désormais avec l'inconnu dans la salle, le jeune homme se contenta de lui adresser un bref sourire avant de tourner les yeux vers le tableau. Même pour lui qui ne s'y connaissait pas cette peinture avait beaucoup de valeur. Les mots n'avaient pas leur place ici, tout du moins, pas pour l'instant et ce n'était pas lui qui allait briser le silence. Ce n'était pas de l'irrespect en réalité, bien au contraire!
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeJeu 8 Déc 2011 - 16:03

Loin, dans la salle des expositions, les conversations se synthétisaient en un ronflement tranquille. Il y avait une vie, un monde, à quelques pas de lui, dans l’inaccessible. Ces visages qu’il ne voyait pas, ces syllabes qu’il ne comprenait pas, lui donnaient soudain envie de retourner au néant. Ses paupières étaient lourdes. Il avait l’impression d’une pensée qui tournait sans s’arrêter, à une vitesse folle et il ne saisissait plus rien. Ses réflexions étaient comme un paysage en accéléré, des images confuses qui devenaient floues à force de s’enchaîner. Hélas, la pagaille régnait dans sa tête. Il ne suffirait pas de fermer les yeux pour que cela cesse. Arrêter de penser ? Oui, mais il n’y arrivait pas. Soudain, les pensées semblaient prisonnières de son corps et, si quelqu’un était arrivé pour lui fendre le crâne, il l’aurait laissé faire avec le sentiment de voir intervenir une sorte de sauveur. Voulait-il parler de peinture ? Assurément, non. Mais, tant qu’elle était sollicitée, sa raison ne flanchait jamais. C’était là le plus grand drame de son intelligence. L’homme qui venait de l’aborder aurait pu le pousser vers un débat philosophique, appuyé de références savantes, qu’il l’aurait suivi. Ou, du moins, il avait les capacités de le faire, tant que le sujet retenait son attention… Après sa petite explication sur Hopper, il bailla, une main posée devant sa bouche, et songea que cet individu ne lui ferait pas perdre son temps longtemps. Sa dernière pique l’avait quelque peu déstabilisé semblait-il. Il était vrai qu’en peu de mots, Lilian avait résumé son long discours, et cela avec une pertinence nettement plus élevée. L’insolence brillait dans ses yeux épuisés. Ce n’était pas un combat intellectuel qui l’effrayait. Ce musée-là, il le connaissait par cœur. Et, même s’il ne « savait pas » il s’arrangeait pour faire croire le contraire. Tous jouaient à ce petit jeu dans ce milieu. C’était à cela qu’on vous jugeait. L’ignorance était un vice impardonnable. Il valait mieux dire des sottises en élevant la voix, comme le faisaient les petits groupes éméchés qui, de temps à autre, venaient rompre la tranquillité de la galerie en s’attroupant autour d’un tableau.

En attendant la réponse de son « nouvel ami », Lilian observa discrètement le jeune homme qui, quelques instants plus tôt, avait jeté un regard au milieu de la discussion. Les deux personnages avaient l’air de se connaître. Il n’y avait rien d’étonnant à cela dans la mesure où, un vernissage rassemblait toujours les mêmes cercles artistiques mais, quelque chose le troublait. Ils n’appartenaient pas à cette communauté. En tout cas, il émanait de ce garçon une douceur, une sensibilité qui lui plaisait beaucoup. Il alliait à cela un visage fin et une taille étroite. Que fallait-il de plus ? Sa tenue sobre, décontractée, loin de l’extravagance des autres artistes, accentuait une fragilité naturelle qui n’appelait rien d’autre que les caresses. Oui, Lilian aimait ce genre d’homme-là. Le genre artiste, à fleur de peau, du côté de la poésie, et non de la démonstration égocentrique. Tant qu’à rester éveillé, c’était avec lui qu’il voulait une discussion. Il revint sur son interlocuteur. Son cas, qui l’avait tout d’abord intrigué, l’ennuyait. Il était évident qu’il ne s’attendait pas à recevoir un tel répondant et qu’il ne pourrait mener à bien la conversation qu’il avait lui-même engagée. La suite s’en tînt à peu de choses. Finalement, Lilian parvint à le décourager suffisamment pour le faire partir. Et, pour une fois, il n’avait même pas eu besoin d’être « méchant ». La présence silencieuse du bel inconnu avait peut être joué un rôle dans cette histoire. Il est vrai qu’il dégageait un-il-ne-savait-quoi de particulier, aussi gênant qu’attirant.



Il s’était posé près de lui, s’autorisant à lui adresser un sourire maintenant que le quinquagénaire était parti. Lilian lui retourna sa malice habituelle puis, comme absorbés, leurs regards convergèrent sur le tableau gris d’Hopper. Il semblait que cette peinture parlait pour eux, que tout ce qu’ils auraient pu se dire était là. Etrange comme soudain, lui qui avait toujours un bon mot à lancer, se retrouvait muet face à une personne qu’il avait pourtant envie d’aborder. Mais tout était là. Les chansons défilaient paresseusement dans son écouteur. Il n’avait pas remis le second, il crépitait sur sa poitrine. Les musiques allaient du post-punk à la cold wave, partagées entre les années 80 et 90, des époques qu’il n’avait pas connues, ou dont il gardait un très mauvais souvenir, mais qui lui inspiraient malgré tout de la nostalgie. Si les musiques pouvaient illustrer chaque décennie, toutes ressembleraient à une sorte de paradis perdu. Alors qu’en réalité, le monde poursuivait sa lente agonie. Et ce n’était pas parce que Marc Almond chantait sur ce merveilleux album qu’était Enchanted en 1990 qu’il avait été heureux cette année-là. Tout d’abord, il était beaucoup trop jeune pour l’apprécier. Ensuite, il n’avait plus de parents, personne pour l’adopter, juste une femme qui l’élevait parce que c’était son métier, elle était payée pour ça. L’explication suffisait-elle ? Et pourquoi Marc Almond d’ailleurs ? Parce que sa musique pouvait faire éclore et faner une rose en même temps, donner envie de pleurer comme de voler, mais, en restant pourtant toujours du côté du beau, de la lune qui jette un rayon pâle mais tellement doux sur les ténèbres. La fatigue le rendait décidément bien mélancolique. S’il ne faisait pas quelque chose très vite, il allait finir par s’endormir, là, sur le banc du musée. Les épaves de la bonne société avaient un caniveau autrement plus distingué pour décuver. Cette pensée lui arracha un vague sourire. Les envolées enchantées de la musique lui donnaient envie de se lever, de commettre il ne savait quel acte absurde et profondément exultant. Alors, soudain, il posa son téléphone sur le banc et le mit sur les haut-parleurs. Ce petit bijou de technologie avait une puissance insoupçonnée. Les océans de ses prunelles étincelaient à nouveau tandis qu’il les coulait vers le jeune homme blond. Les notes avaient attiré son attention, évidemment, imposer sa musique dans un musée était parfaitement déplacé, mais, ça ne l’était pas autant que ce qu’il lui demanda :

- Quelle danse verriez-vous pour cette musique ?

Il se leva et lui tendit une main avec un naturel, un sans-gêne, déconcertant. C'était pourtant simple, il avait l'habitude de faire les choses d'une telle manière qu'on ne pouvait rien lui refuser. Un autre point l’intriguait par ailleurs chez ce jeune homme : le blouson. Il ne lui allait pas vraiment, trop large, trop long, pour un garçon comme lui.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Mar 3 Jan 2012 - 23:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeDim 18 Déc 2011 - 16:34

-Vous dansiez, j'en suis fort aise. Et bien chantez maintenant

Répondit simplement Icare en inversant volontairement les deux verbes ddes derniers mots du poème de Jean de La Fontaine, un français. Souriant d'un air amusé, la tête légèrement inclinée, le jeune homme se leva du banc où il s'était assis, dépliant ses jambes que son long manteau recouvraient juste avant puis il vint se placer devant l'inconnu, semblant réfléchir à ses questions avant de confirmer finalement ce que ses précédentes paroles avaient laissées sous entendre.

-Je vous avoue honnêtement mais à regrets que je ne sais pas danser hélas, ma vie s'arrête à l'expression de la voix.

Ce qui faisait que le jeune chanteur savait parfaitement reconnaître la qualité, et présentement le style lui plaisait beaucoup même si ce n'était pas celui qu'il écoutait habituellement. Justement un peu de changement ne lui ferait pas de mal tiens. Tout comme le changement de lieu. Ce jeune homme était cocasse et en tant qu'artiste dans l'âme, comment Josh pourrait le rabrouer? Il avait personnellement du mal avec la peinture: l'art du silence, lui qui évoluait dans les sphères de ces bars toujours alimentés en sons diverses, tantôt bons, tantôt moins bons. Décidément Kaleb avait bien fait de lui donner cette carte de visite. Icare adorait la musique, plus encore quand, à l'égale d'une espionne, elle s'infiltrait dans des endroits où elle n'avait pas lieu d'être ou alors de manière si discrète, si fade... Une répétition en boucle de petites notes timides et sans intérêt comme celles que crachotaient les hauts parleurs du musée.

-Guidez-moi donc...

Proposa Icare qui de ce fait ne refusait pas l'invitation malgré sa méconnaissance en la matière. Il avait forcément le rythme dans la peau étant un chanteur né doublé d'un bon joueur de guitare mais il est vrai que jamais le jeune homme n'avait apprit à danser à deux. Peut-être que ce garçon en face de lui avait simplement posé la question de manière théorique, peut-être n'avait-il aucune intention de l'entraîner dans une valse mais ça amusait Josh d'évoquer cette possibilité, de la provoquer. Au pire ils seraient virés du musée mais franchement le mutant ailé en avait connu d'autres et ça l'amusait tellement plus que ces rencontres fades pendant lesquelles on le complimentait avant de lui proposer de boire un verre ensemble. Bizarrement oui, cette situation le rendait plus confiant envers son interlocuteur que si ce dernier l'avait abordé d'une manière clichée et banale. Comme s'ils étaient sur la même longueur d'onde.

Pour rester dans l'optique de la rencontre surréaliste dont tout le monde rêvait sans oser la provoquer, le jeune homme ne se présenta pas ni ne demanda le nom de son vis-à-vis. ça aurait été gâcher la magie de cet affranchissement des règles. Finalement Icare remarqua que l'inconnu avait vraiment envie de danser quand ce dernier lui tendit sa main. Amusé, le chanteur répondit, glissant ses doigts fins entre ceux du garçon aux yeux d'océan. Il le trouvait charmant et charmeur mais plus encore que son visage, c'était son aptitude à faire des choses si déplacées avec tant de naturel qui le rendaient attrayants. Oh pas attrayant de manière bassement physique, ce serait trop bête de retomber dans le cliché maintenant et de cette façon si naïve, si stupide. Non c'était autre chose, comme rencontrer une muse délurée, un extraterrestre, quelqu'un qui n'avait pas besoin du gêne X pour avoir un pouvoir extraordinaire.

La musique prêtait aux deux sentiments: pleurer de joie ou de peine, c'était tout une subtilité très difficile à obtenir, Icare lui même n'y parvenait pas vraiment, restant plus ostensiblement dans un registre ou un autre malgré ses efforts pour demeurer ambigu. Cet homme Marc Almond était un professionnel aussi, tandis que lui débutait simplement dans le milieu. Se laissant porter par le son et invitant son compagnon de fortune à aller jusqu'au bout, le blouson suivant ses mouvements, l'ange esquissa un pas de plus pour se rapprocher de l'homme, lui tendant son autre main. Les rôles semblaient inversés désormais bien qu'on lise sur le visage d'Icare plus de timidité, et plus de gêne que l'autre ne semblait en avoir eu, lui donnant la main avec tant de naturel. En effet malgré lui l'angelot semblait hésiter un peu, pas vraiment habitué à ce genre de fantaisies même si l'on voyait qu'il ne demandait qu'à apprendre.
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeDim 8 Jan 2012 - 18:01

Il était complètement fou. Mais ses pensées couraient trop vite, il fallait les occuper avant de les laisser s’échapper. Après une nuit comme celle qu’il venait de passer, rien n’avait l’air déraisonnable. Pourquoi les gens devaient-ils toujours se comporter d’une manière attendue ? Ils jouaient les originaux dans les musées et s’imitaient les uns les autres, avec leurs petites excentricités calculées qui impressionnaient le chaland dans la rue. Ce n’était même pas de bon goût. Qui, par exemple, avait défini un jour qu’une femme atteignait les sommets de la subversion avec une coupe au carré, une frange et des lunettes démesurément grandes ? Elles étaient nombreuses à pérorer d’un air supérieur derrière les murs de la galerie. Pourtant, il suffisait de les lancer sur un sujet subtilement déplacé pour voir qu’en aucun cas elles ne s’autorisaient à voir le monde différemment. Elles répétaient des discours surfait avec le sentiment de développer une réflexion éminemment personnelle. Sa performance aurait leur désapprobation. Il sentait déjà peser sur lui le regard gêné de ceux qui avaient noté la présence d’une musique inhabituelle. Ça ne l’inquiétait pas. La moitié de la salle le connaissait au moins de réputation. En agissant de la sorte, il ne ferait que confirmer les rumeurs les plus folles qui se murmuraient à son sujet. Il avait veillé, lui aussi, à entretenir une image de marque. On aimait parler de ses extravagances, l’inviter dans des soirées et le présenter comme un jeune homme délicieusement consternant. Une danse au milieu d’un vernissage ne serait qu’une anecdote de plus. Ils le laisseraient faire, parce qu’il leur offrait une histoire à raconter. S’ils parlaient de cet événement, l’exposition prendrait une dimension tout à fait fascinante pour ceux qui n’y étaient pas. Voilà ce qu’ils se diraient.

Les propos de son partenaire réussirent à le déstabiliser un vague instant. Il saisissait la référence à une fable de La Fontaine, évidemment, mais, mis à part le rapport avec la danse, il ne voyait pas très bien où cette affaire devait le mener. Sans doute nulle part. Il n’y avait rien d’autre qu’un jeu de mot spontané et Lilian lui rendit son sourire ironique. S’il ne refusait pas, tout allait bien. Le jeune homme se leva souplement et lui confia qu’il ignorait tout de la danse. Qu’entendait-il par « expression de la voix » ? Des énigmes se glissaient dans son étrange façon de s’exprimer. Lilian pouvait supposer qu’il évoquait le chant, mais il n’en avait pas la certitude absolue. L’idée le séduisait cependant. Il le voyait sur la scène d’un opéra, dans un rôle de jeune premier tourmenté par quelques affres amoureux. L’imagination le porta. Ils se rejoignaient sur le parquet lustré d’un magnifique palais et ouvraient la scène d’une rencontre fatale, de celles qui menaient aux passions dans l’acte deux, et se finissaient par un trépas sublime… Ne serait-ce pas merveilleux ? Il pouvait y croire, c’était un mensonge. Les contes avaient une fin, la vie avait la mort.

Ses doigts gantés de soie rencontrèrent ceux du jeune homme. Il regrettait de ne pas profiter d’un contact plus franc avec sa peau. Les mains avaient autant de choses à se dire que les prunelles, lorsqu’on arrivait à décrypter le langage de leurs pulsations.

- Qui sait encore danser de nos jours.., souffla-t-il. Les jeunes gens n’ont plus besoin d’une valse pour se rapprocher. Mais rien ne vaut, parfois, un plaisir désuet.

Il coula une main dans son dos et sentit un volume en plus, comme il pouvait s’en douter. Ce manteau dissimulait probablement un petit souci de la génétique. Il ne fit aucune remarque. Les mutants qui souffraient de particularités trop visibles avaient tendance à devenir fuyants dès qu’ils se sentaient démasqués, et Lilian avait l’intention de garder celui-ci près de lui… Un sourire sur les lèvres, les prunelles ancrées dans les siennes, il l’invita à poser son autre main sur son épaule. La valse était une danse qu’il connaissait pour l’avoir apprise au cours de son enfance. Son éducation s’était faite selon un modèle très strict qui devait le préparer à briller dans n’importe quelle réception mondaine. En réalité, il s’agissait surtout d’une affectation des bonnes familles anglaises. Les seules fois où on l’avait vu pratiquer la valse se passaient de commentaires. Elles ressemblaient, à peu de choses près, à la scène du musée, et se déroulaient dans des endroits tout aussi inappropriés, mais avec de l’alcool en plus.

- Laissez-vous aller… Il n’y a rien d’autre que des chiffres à fredonner pour passer au pas suivant…


Et il donna un chiffre pour chaque pas qu’il exécutait en faisant attention à ce que son partenaire puisse le suivre. Puis, il se tut, et, doucement, le jeune homme se montra plus à l’aise et il l’entraina dans des tours plus larges, plus envolés, jusqu’à la fin de la chanson. Il semblait que le conseil qu’il lui avait donné avait fonctionné. Après tout, la danse pouvait très bien n’être qu’une question de chant, même si Lilian n’avait jamais rien vu d’autre qu’un schéma à respecter. Il suffisait de répéter les pas, à une cadence régulière, il était impossible de se tromper tant que la mesure était acquise. Mais, alors que tout allait pour le mieux, le titre changea pour quelque chose de plus vif, dédié à Valsav Nijinski, danseur virtuose qui avait ébloui la première moitié du XXe siècle. Tout en entraînant l’inconnu dans une danse faite de rapprochements et d’éloignements brutaux, il songeait à ce qu’il pourrait raconter pour rompre le silence. Il avait heureusement toujours une petite histoire sous la manche. Alors que sa poitrine heurtait doucement la sienne, il lança soudain :

- Je repense à vos dernières paroles et je trouve l’histoire de cette chanson plutôt amusante. Marc Almond l’a écrit en hommage à celui qui fût, dit-on, le plus grand danseur du vingtième siècle. Son rêve était de devenir danseur, mais il n’en avait pas le talent. – D’un geste de la main, il le fit tourner sur lui-même, puis il reprit, le regard pétillant. - C’est pour cela, d’une certaine façon, qu’il s’est réfugié dans le chant.

Restait à voir si ces mots pourraient trouver un écho en lui. Lilian avait toujours considéré qu’il n’était pas nécessaire de poser des questions aux autres pour les inciter à éclaircir les points obscurs de leur existence. Il fallait simplement les toucher au bon endroit.
La musique était sur le point de s’achever, et quelques personnes, verre à la main, avaient quitté le vernissage pour les observer à une distance raisonnable. Personne n’avait encore osé faire le moindre commentaire mais les sourires étaient absents. Outre l’incongruité de la scène, il y avait une sorte de malaise général dans le fait que ce couple réunissait deux hommes. Son partenaire assumait-il comme lui ces penchants qu’il avait devinés ? En tout cas, Lilian adorait bousculer les règles de la bienséance, et le faire d’une manière qu’on ne pouvait clairement lui reprocher.
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeMer 11 Jan 2012 - 21:31

Qui sait encore danser de notre époque? Quel âge avait cet homme? Icare se crispa légèrement, la façon de parler de son partenaire ressemblait beaucoup à celle du vampire. Etait-il l'un de ceux qui vous charme de part son originalité et son raffinement pour mieux vous voler votre jeunesse? Josh décida cependant de ne pas se désunir de l'inconnu, ils étaient devant trop de monde pour que même le plus vicieux des mutants voleur de sang ne se risque à quelque chose. Si Lilian lui proposait de se rendre seul avec lui dans une pièce ou chez lui, là l'ange refuserait. Cette histoire lui rappelait beaucoup le Violoniste, pourtant le mutant demeurait là, dans les bras de l'homme, dansant avec une certaine maladresse en ce qui concernait la technique mais restant souple et leste quand il s'agissait d'improviser. Peut-être était-ce une façon à lui de faire face au danger? De narguer son passé pour le convaincre de ne pas revenir le hanter? Jay ne voulait plus être le petit garçon effrayé qui fuyait les nouvelles rencontres après ses mésaventures. De toutes manières c'était son lot quotidien ou presque d'avoir des ennuis, alors il fallait choisir... Vivre au risque d'en rencontrer encore plus ou se terrer en priant le ciel de ne pas lui tomber sur la tête.

La musique l'entrainait, il avait envie de continuer cette étrange danse, bien que le regard des gens posé sur le "couple" le rendait légèrement nerveux, pareillement en ce qui concernait la main de son partenaire qui pressa ses épaules. Jay sentit ses plumes réagir au contact, à travers le tissu, elles frissonnèrent un peu et il fut certain que si cette pression était ressentie par ses ailes, le contraire était également possible! Pourtant l'inconnu ne dit rien, ne fit rien qui laissait croire qu'il avait deviné que quelque chose d'étrange, de mou par endroit et dur comme des os ailleurs se logeait ici. Quelle sorte d'abomination pouvait cacher ce gosse au visage d'ange? Des ailes pardi! Mais qui pouvait se douter de l'accomplissement de ce stéréotype total? De cette moquerie envers les croyants? Personne sans doute, et pourtant l'inconnu ne fuyait pas ni n'avait l'air dégoûté.

Lorsque ce dernier parla, Icare perdit le compte de ses pas et fit une légère embardée. Ses genoux ployés pour une des figures avaient fait tomber le manteau plus bas, Jay marcha dessus et glissa légèrement, se rattrapant heureusement à son camarade et se redressant avec souplesse. Heureusement la chute n'avait pas été assez sévère pour que, par réflexe, il agite ses ailes pour se rattraper, arrachant dès lors le manteau sans pitié.

-Ce doit être aussi pour cette raison que je chante.

Souffla doucement le mutant en guise de réponse malicieuse à son partenaire. On pouvait en effet remarquer que si Icare avait le rythme et la souplesse nécessaire à la danse, il avait du mal à suivre la technique. La discipline nécessaire ne lui était pas acquise et dès qu'il se déconcentrait soit pour écouter l'inconnu, soit pour chercher la profondeur des paroles, il se perdait, agitant mécaniquement ses jambes comme pour tenter de se rattraper avant de retrouver enfin cette légèreté qui caractérisait un être de l'air fait pour marcher sur les nuages.

-Et... Où vous a-t-on enseigné ce plaisir désuet? Qui fut votre maître?

Demanda doucement Josh, se retrouvant avec surprise à jouer avec les hommes et les femmes qui les regardaient, pour la plupart des vieux, outrés que l'on songe à danser dans un tel lieu, et surtout qu'il s'agisse de deux garçons. D'habitude Josh était discret, il aimait se fondre dans la masse mais cette fois, comme une envie de vengeance trottait en lui; le blondinet voulait choquer sans que ce soit trop grave non plus, après tout Kaleb lui avait donné cette invitation, il s'agissait de rester digne de lui. Ce dernier saurait que Icare ne faisait que s'amuser avec cet inconnu et puis après tout, tant que rien n'était détruit, que personne n'était blessé et que sa dignité restait entière, Jay n'avait pas de compte à lui rendre, il fallait juste respecter les limites.

-Et... Pourquoi avoir choisi une exposition et non un dancing pour exprimer votre art sans tous ces regards désapprobateurs? Dans ces lieux où la musique est reine, les spectateurs seraient plus agréables et les danseurs bien meilleurs non?

Josh sourit amicalement, passant ses bras autour du cou de son compagnon. Il avait désormais la position de la "danseuse", alors que Lilian prenait naturellement le rôle de l'homme dans leur "couple". Leur désobéissance aux règles de la société outrait les bonnes gens, ceux-ci ne pouvaient cependant rien dire car aucun des deux garçons n'était agressif. La musique n'était pas non plus assez forte pour qu'ils se fassent virer... Ou plutôt si mais après tout, ils animaient le lieu, lui donnant un publicité assez sympathique et amusante, cassant avec l'ennui que l'on prêtait aux expositions. Qui sait si de nouveaux clients ne viendraient pas aux expositions dans l'espoir de voir deux personnes insolites se lancer dans une danse improviser? L'étrange attirait une nouvelle gamme de clients en général. Pour l'instant leur activité, manquant d'agressivité faisait plutôt hommage aux lieux à vrai dire.

Un couple de vieux excentriques se mit soudainement en piste sous les regards ébahis. Se souriant et s'enlaçant comme un jeune couple ils prirent le pas imposé par leur seule imagination. Deux gamines de 8 ans environ se lancèrent aussi finalement, riant. Les visages se détendirent! Quand les enfants s'y mettaient, cela provoquait toujours beaucoup d'attendrissement, comme si la chose perdait son côté provocateur voir "pervers" pour prendre une image amusante, innocente et douce. Jay fit un petit signe de tête à son partenaire pour lui montrer un couple d'adolescent qui venait aussi d'entrer en piste. Renversant la tête en arrière, rassuré désormais qu'il avait oublié le vampire, il se mit à rire aux éclats. Un rire cristallin et pur, situé entre l'enfance et l'âge adulte.
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeSam 14 Jan 2012 - 0:58

Le sang du jeune homme circulait trop rapidement, soudain. Il sentait son flux à travers sa main. Quelque chose avait changé, le rythme cardiaque s'était emballé. Etait-ce de la gêne ? Non, un excès d'émotion ne provoquait pas tant de crispation. Il entrevoyait plutôt de la peur, mais il était bien incapable d'en définir l'origine. Certaines personnes s'éloignaient instinctivement de lui. Ils trouvaient, disaient-ils, qu'il émanait de lui une aura oppressante. Parfois, il réveillait des blessures mal refermées. Son attitude rappelait celle d'un autre. On se le représentait alors sous les traits d'un inconnu qui avait détruit une vie. Les gens lui révélaient l'existence d'un nombre incroyable de clones, et il n'en rencontrait jamais aucun. Ou plutôt, si, des personnes d'abord méfiantes, dont il avait fini par gagner la confiance, lui avaient un jour montré les démons qui hantaient leur passé. Lorsqu'ils le connaissaient mieux, ils avouaient leur erreur. C'était vaguement rassurant. Oui, vraiment, il était ravi d'apprendre qu'on ne le considérait finalement pas comme un psychopathe frustré capable de poursuivre une personne qui a échappé à son contrôle au bout du monde pour la détruire, avant de recommencer avec une autre. Il était peut-être tordu et destructeur, mais, dans ce cas, il tenait plus du parasite que du nuisible. Lilian n'avait aucun mal à l'admettre en lui. Il n'était qu'un égocentrique négatif, complètement centré sur lui-même, et fasciné par l'horreur de ce qu'il voyait. Pour être mauvais, il fallait s'aimer dans le fond. L'amour-propre lui faisait défaut. Le salut de ses semblables ne tenait qu'à cela. Il ne s'estimait pas assez pour être véritablement cruel. Le regard des autres était trop indispensable à sa survie. Un jour, peut-être qu'il saurait dépasser ce stade.

Puis, la course du sang s'apaisa. Lilian ne put s'empêcher de le comparer à un petit animal qui tremble au creux de votre paume avant de comprendre que rien ne lui arrivera. Ce profil était celui d'une victime. Dans une situation semblable, quelqu'un, par le passé, lui avait fait du mal. Il tirait toutes ces déductions à froid, en misant seulement sur un temps d'acclimatation. La musique les aidait aussi. Elle était trop heureuse pour fixer l'idée du danger. En dernier recours, il y avait les mots. Son partenaire demeurait silencieux, mais il savait qu'il l'écoutait avec attention. La petite histoire à propos de la chanson de Marc Almond capta son attention trop longtemps. Il s'abandonna à une sorte de rêverie, perdit le rythme et s'empêtra dans son manteau. Sa « couverture » manqua de tomber et Lilian en profita pour le resserrer contre lui, afin de retenir la chute du vêtement tout en profitant d'un garçon à la maladresse aussi adorable. Il chantait, disait-il ? Une fois de plus, il avait deviné juste. Le sourire aux lèvres, il murmura en retour :

- J'espère avoir l'honneur de vous entendre un jour...

Ce fut au tour du jeune homme de lui poser une question... Plusieurs même. Sa langue se déliait soudain et il semblait ne plus vouloir s'arrêter. En général, Lilian détestait se faire assaillir de questions. Lorsqu'un individu l'ennuyait de cette façon, il ne répondait qu'à la dernière, et cela de manière très succincte, s'il n'était pas assez mal disposé pour l'ignorer ou l'envoyer paître. Là, son sentiment était différent. Il était heureux de le voir en confiance. Cette rencontre le laissait doucement rêveur. Il pouvait le dire, il était charmé, touché au cœur comme cela lui arrivait de temps à autre. Sa sensibilité ne résistait pas à une naïveté aussi délicate.

- Je ne suis pas un danseur mon ami, dit-il d'une voix suave. Je ne connais rien d'autre que des règles accessibles à tous après quelques heures d'entraînement. Et si vous voulez tout savoir, je ne dois cette connaissance qu'à une éducation anglaise hérité du siècle dernier... Les traditions ont parfois la vie longue vous savez... Mais ici, j'exerce pleinement mon art, puisque j'ai préféré me spécialiser dans la provocation.

Les spectateurs avaient fini par les envier. Tous s'ennuyaient en réalité, coincés dans leur rôle étriqués d'amateurs d'art bon chic bon genre, tandis que les deux jeunes hommes avaient l'air de s'amuser. Ils furent rejoint par un couple de personnages âgées qui leur envoya un clin d'oeil complice, puis, deux petites filles mirent fin au trouble en tournoyant avec eux. Ce n'était pas vraiment la provocation rêvée, mais les gens finissaient par y trouver leur bonheur, l'exposition prenait une dimension tout à fait inédite et c'était tout aussi bien. D'autres personnes s'étaient mises à danser timidement entre elles sans quitter leur place. Son partenaire semblait enchanté. Il lui désigna deux adolescent et se mit à rire d'une manière... Il n'aurait su dire quel était le bruit d'une pluie de cristal sur de l'eau claire, mais il avait la vive certitude que cette image surréaliste venait de trouver sa plus belle expression. Les mouvements irraisonnés ne lui arrivaient jamais. Pourtant, sur le moment, il dût se faire violence pour résister à l'envie de l'enlacer, et lui voler le plus tendre des baisers. Cette impression, il la connaissait assez bien. Il l'éprouvait de temps à autre, de manière très fugace, car il était incapable de s'attacher vraiment, mais l'amour le frôlait parfois quelques heures. Il n'expliquait pas cette étrange manifestation. On disait que c'était une sensation rare et durable. Pour lui, c'était tout l'inverse, une beauté éphémère.
Or, la beauté même de l'instant fut rompue par une bousculade malveillante. Un homme, un journaliste véreux qu'il avait déjà eu le déplaisir de rencontrer dans d'autres expositions, heurta son partenaire en dansant et feignit de se raccrocher à lui pour arracher son manteau. Deux ailes immenses, semblables à celles d'un ange apparurent alors. Lilian s'écarta rapidement pour éviter de recevoir un coup mais le journaliste n'eut pas la même chance. La fête cessa d'un coup. Tout cela était évidemment trop beau pour durer. Les gens commençaient à pousser des exclamations choquées, scandalisées, ou terrifiées. Le fauteur de troubles s'était quand à lui effondré par terre sous le choc et semblait passablement sonné. Encore à terre, il s'exclama :

- Ce monstre m'a attaqué !! Qui a laissé entrer un tel danger public ?!


Oh oui, il se souvenaient très bien de ce personnage à présent. Mr Johnson, un chien de garde des partis conservateurs anti-mutants. Bien sûr, il avait déjà eu affaire à lui... Ou, plutôt, Mélo se faisait un plaisir d'altérer ses réflexions à chaque fois qu'il le rencontrait. Pour commencer, il fallait le faire taire. Au lieu d'aider le mutant, il s'agenouilla près de lui, comme si son état le préoccupait sincèrement et posa ses mains sur ses épaules.

- Toujours là pour vous rendre ridicule Mr Johnson ! Railla-t-il malgré la gravité de la situation. Je vais finir par croire que c'est une constante à laquelle vous vous tenez à chaque fois que j'ai l'immense déplaisir de me trouver dans le même lieu que vous.
- Lâchez-moi D'Eyncourt !
Vociféra le journaliste, soudain très remonté, en essayant de se dégager. Vous ! C'est vous qui l'avez amené, je le dis depuis le début que vous êtes un de leur sympathisant, je ne vous oublierai pas dans mon papier, je vous jure que... que...
- Allons allons, vous n'êtes pas dans votre état normal, ne vous agitez pas ainsi, vous ne ferez qu'agraver votre cas...
- C'est vrai je... j'ai la tête qui me tourne... mes yeux ! Mes yeux !


Il le lâcha tandis qu'il sombrait dans un délire quelque peu hypocondriaque. Après tout, il ne lui avait retiré que vingt centilitres de sang, rien qui pût le rendre aveugle, mais la quantité était bien suffisante pour lui empêcher de faire du grabuge. Il se redressa donc au milieu de la confusion et jeta un regard vers le mutant en détresse.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 20 Jan 2012 - 16:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeMer 18 Jan 2012 - 23:11

"Qui sait?" disait le regard d'Icare, joueur. Il savait que les chanteurs attiraient et s'en amusait. Peut-être que Lilian se demandait quel était son style, la tonalité de sa voix, quels bars il fréquentait. Ce serait drôle de voir son visage surpris en lui apprenant qu'il se sentait parfaitement à l'aise dans les endroits les plus mal fréquentés, lui la gueule d'ange aux manières parfois féminines. Une sorte de trêve s'était signé entre lui et les caïds de la rue qui aimaient ressentir un peu de douceur dans ce monde de brutes. Juste pour son caractère égal, sa gentillesse et son côté angelot tombé des cieux après un bon coup de pied dans le derrière, Jay avait séduit les bas fonds. A croire qu'il plaisait aux mauvais garçons. D'abord Vortex qui était criminel, Kaleb qui avait beaucoup d'ennuis avec des genre de mafieux, son petit coin de paradis perché dans un quartier très mal famé et Lilian? Lilian qu'en était-il? Ce jeune homme était différent c'était certain, mais était-il aussi dur que pouvaient l'être ceux que le mutant ailé avait su attirer?

La provocation... L'art des mauvais garçons par excellence, voilà qui répondait aux questionnements d'Icare. Mais il restait à trouver à quelle échelle en était rendu son partenaire de danse improvisé. Etait-il le typique "Bad Boy" trop gentil pour faire du mal à une mouche? Un tendre provocateur ou une brute assoiffée de sang derrière son allure de dandy? Vortex n'était que tendresse pour Jay, son amoureux mais il avait déjà tué, Kaleb pareillement, les principaux gangs que Josh fréquentait dans les quartiers où il faisait son nid de manière éphémères n'en parlons même pas. La douceur était passagère, elle n'existait que pour lui à certains moments. Il l'attirait, donnait envie aux gens de quitter leur colère, mais là encore tout n'était qu'éphémère... Vortex l'avait laissé sans pitié après s'en être sorti, Kaleb retrouvait des phases de violence contre l'humanité et les gens des quartiers continuaient leurs tueries quand les chansons d'Icare s'éteignaient. Lilian serait-il doux le temps d'une chanson avant de retourner à des provocations plus dangereuses?

Jay n'y songeait pas, il avait apprit à ne pas juger, même si sa nature était d'être profondément bon, il avait compris que ceux qui se plaisaient à se dire innocents étaient parfois les pires. Josh préférait fréquenter de dangereux criminels qui s'avouaient comme tels que ceux qui cachaient un pistolet sous leur soutane de curé. Que pouvait-il faire? Dénoncer tous les malfrats qu'il connaissait et qui l'accueillaient toujours à bras ouverts avec le peu de choses qu'ils avaient quand les biens pensant le chassaient de chez eux? Lui le porteur de trêves ne saurait agir de la sorte, il attirait peut-être les mauvais garçons mais les mauvais garçons l'attiraient également... C'était un fait!

Le mutant ailé laissa un soupir s'échapper de ses lèvres, il glissa légèrement sa tête contre l'épaule de son comparse, relâchant ses muscles après que ce dernier l'eut rattrapé. Il se sentait bien ainsi, même si ce n'était qu'une nouvelle rencontre éphémère. Icare avait apprit à vivre l'instant, à ne plus demander l'éternité... Même s'il se mettait avec Kaleb et lui serait fidèle, jamais plus l'ange n'ordonnerait qu'on l'aime à jamais. Ce genre de promesses ne saurait être tenue. Il fallait apprécier la chanson, celle ci existait pendant deux ou trois minutes puis chacun devait retourner à ses occupations, honnêtes ou pas. Ainsi était la vie. Chacun devait choisir son destin puis accepter les différences le temps de la rencontre. Cela faisait-il de Jay un monstre? Peut-être... Peut-être pas, qui était-il après tout pour juger que telle ou telle personne était digne d'une pureté qu'il ne possédait probablement même pas.

Soudain la musique fut interrompue; bien avant la fin de son cri de douceur. Un glissement, un bruit de froissement, une douleur aiguë. Avec son manteau, quelques plumes arrachées volèrent en éclat. Par automatisme le mutant déploya ses demoiselles duveteuses sur leurs 5 mètres d'envergure, envoyant valser l'agresseur. Ces ailes qu'il avait tant haï, qu'il avait martyrisé avaient encore le désir de le protéger apparemment. Promptes, réparées par la régénération, elles s'étendaient, vigoureuses et magnifiques devant la salle, encombrantes aussi malheureusement...

Le garçon dont il ne connaissait toujours pas le nom s'était jeté sur l'inconnu, il semblait vouloir le calmer. Ce dernier, sans doute à cause de l'émotion disait avoir mal à la tête et aux yeux après s'être évertué à accuser Eyncourt. Eyncourt oui, voilà, l'ange connaissait le nom -à défaut du prénom.-du mystérieux danseur, mais dans quelles circonstances! Se retournant, l'ange rangea sa paire d'ailes, reculant vers le mur alors que le tableau qui les avait réuni vacillait encore, hésitant à tomber après le coup de vent que les ailes puissantes avaient entrainé dans un battement frénétique. Josh voulait aider son partenaire mais il remarqua qu'avec ses ailes, ici, il ne pouvait que blesser... Des enfants s'approchant trop, voir des personnes âgés. Les gens après s'être éloignés à cause de la frayeur s'approchaient comme pour l’étouffer, le lapider du regard. Comme son camarade semblait avoir la situation en main, Icare le laissa là. Apparemment il n'avait rien à craindre puisque les deux gardiens du musée qui avaient été appelé se dirigeaient uniquement vers lui et non vers le danseur.

Josh était dans l'incapacité de porter secours à son camarade, et de toutes manières, même s'il avait pu, ça aurait été le rendre suspect d'être réellement ce dont l'accusait le journaliste, soit un sympathisant des mutants. Mieux valait agir comme s'il ne le connaissait pas, ce n'était pas de la lâcheté mais de la logique. Icare, entouré par des personnes hostiles sauta lestement en arrière, il se posta sur le rebord de la fenêtre assez large et l'ouvrit à tâtons. Prenant le risque de tourner le dos à la foule compacte et aux vigiles le jeune homme garda ses ailes pliées à cause du manque de place et se lança dans le vide. Il chuta sur plusieurs mètres avant d'étendre complètement ses ailes et de remonter à hauteur de la fenêtre. éloigné de ses agresseurs ne pouvant plus l'atteindre, certains l'insultant, d'autres le contemplant sans rien dire, Icare lança un adieu discret avec les yeux à son partenaire sans savoir si ce dernier avait capté son regard avant de se tourner, ses longs cheveux blancs suivant le mouvement avant qu'il ne quitte l'endroit, aidé par un courant d'air.

Quelques battements suffirent à ce qu'il se transforme en une petite silhouette semblable à celle d'un oiseau au loin. Le ciel immense l'avait déjà dévoré tandis qu'il se dirigeait droit vers le soleil semblait-il... Donnant peut-être l'occasion à son partenaire d'un instant l'occasion de lui offrir un pseudonyme qu'il avait déjà.

...Icare... A une variation près, ce n'était pas ses ailes qui brûlaient mais son coeur.

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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T]   Tôt, un jeudi matin, 10h30... [T] Icon_minitimeVen 20 Jan 2012 - 18:28

Une plume blanche effleura son nez et il ouvrit sa paume pour la recueillir en son creux. Etait-elle semblable à celles de ces anges dont parlait l'Ancien Testament ? Elle était plus souple qu'une plume d'oie, trop grande pour appartenir à un cygne. L'étrange oiseau qui l'avait perdu effrayait toute l'assemblée. Ah... Les miracles du vieux continent étaient bien terminés. Les mutants ne faisaient plus rêver. Il songea alors, au milieu de la confusion, que leurs ennemis les plus vifs étaient ceux qui croyaient à des légendes conçues autour du gène x. Etaient-ils assez aveugles pour ne pas comprendre que Jésus avait joué de pouvoirs similaires pour mettre en œuvre la plus grande manipulation du monde ? Les mutants n'avaient rien de divin, sur ce point, ils avaient raison, mais ils étaient probablement la cause de toutes les croyances qui avaient traversé les peuples. Lilian avait trouvé au quatre coins du globe des légendes qui témoignaient de l'existence d'autres êtres comme lui. Ils étaient les sorciers, les démons et les divinités d'une époque qui pouvait expliquer les phénomènes magiques par la science. Et ce qui s'explique par un développement scientifique cesse d'appartenir à la religion. Que resterait-il à la Bible si les fidèles reconnaissaient l'existence des mutants ? Lilian ne doutait pas qu'ils trouveraient une explications stupides pour continuer à croire à la véracité absolue des Textes. Il y avait après tout un noyau dur qui s'obstinait à nier les découvertes de Darwin. En un sens, il comprenait leur déception. Il avait essayé de s'accrocher à la religion catholique au début. Ou, plutôt, on lui avait assez raconté d'histoires pour lui faire croire de jolies choses, comme le fait que même s'il se sentait seul et orphelin, Dieu était toujours là pour veiller sur lui. C'était rassurant. Dans un monde aussi fade et étriqué que celui-là, il aurait voulu continuer à croire à un ailleurs plus grand. Mais, si même les anges était des mutants, il n'y avait décidément plus rien à attendre des Cieux. Et sur terre... Il comprenait l'ébahissement des populations qui avaient croisé des hommes ailés. C'était un spectacle poignant, dont il ne pouvait malheureusement profiter.

Songeant qu'il aurait été doux de découvrir cette mutation d'une autre manière, Lilian se mit à haïr profondément Johnson. Cet imbécile avait tout fait rater. A présent, les gens s'agitaient, la sécurité arrivait, et voilà que son ange filait sans lui laisser aucune chance d'au revoir. Les accusations du journaliste et sa place publique ne l'autorisait pas à retourner vers la « créature ». Il se contenta d'observer, en soutenant un personnage qu'il détestait pour signifier que la scène ne le concernait absolument pas. Le mutant trouva le moyen de s'enfuir tout seul. Il en était soulagé. Il aurait été très contrarié si la situation avait dégénérer au point de l'obliger à utiliser ses pouvoirs ou, à l'inverse, à préserver son image en ignorant lâchement sa détresse.
La salle s'emplissait d'un brouhaha terrible et il retourna à son banc, comme si rien ne pouvait le troubler. A travers la fenêtre, l'ange revint pour lui adresser un dernier regard et il passa la plume qu'il avait gardé sur le bord de ses lèvres. Il ne le voyait donc pas comme un ennemi, c'était bien. Mais, tandis qu'il s'amusait avec un fragment du mutant, Johnson revint à la charge.

- Encore l'une de vos relations suspectes !
S'exclama-t-il d'un air grandiloquent.
Lilian arqua un sourcil méprisant sur lui.
- Il y a une chose que je vais devoir vous apprendre à regret Mr Johnson... Une personne vous humilie un jour n'est pas suspecte, elle est simplement pleine de bon sens. Je sais bien que cette qualité vous échappe et doit par conséquent représenter pour vous une sorte de don mystique, mais veuillez ne pas pratiquer la calomnie sur mes amis intimes, cela pourrait vous coûter très cher... Par ailleurs, je ne connaissais pas ce jeune homme depuis plus de trente minutes. Je dois dire que je le trouvais fort charmant mais parler de lui comme d'une « relation » me semble quelque peu précipité.
Johnson grimaça, il savait qu'il était inutile de s'engager dans une discussion lorsque Lilian D'Eyncourt ouvrait aussi violemment les hostilités. Il n'avait ni son art du verbe, ni sa répartie, et, la dernière fois qu'il s'y était essayé, une salle toute entière avait fini par rire de lui. Les quelques personnes attentives à l'échange faisaient d'ailleurs glisser sur lui des regards moqueurs.
- Je sais que rien ne vous empêchera de produire un article médiocre maintenant que vous tenez l'exclusivité d'un scandale, ajouta-t-il d'une voix tranquille en se redressant. Faites donc, mais si vous allez trop loin, si vous vous amusez à me citer, attendez-vous à mal le vivre.

Ces mots dits, il quitta la salle. Il ne pensait pas que Johnson aurait le cran de le citer après cette mise en garde. Tous ceux qui le connaissaient savaient qu'il n'était pas le genre d'individu qu'on attaquait impunément. Il pouvait préserver son intégrité. Hélas, un papier médisant ferait la Une des journaux dès ce soir, et il était impossible d'arrêter cette diabolique machinerie. Au fond, malgré sa neutralité apparente, tout cela le révoltait. Il leva un regard au ciel en quittant le musée, mais son amant fugace s'était évaporé dans le lointain.
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