Visite a un ami (TERMINE)

Ca faisait deux jours depuis la rencontre avec Daniel et elle n'avait pas voulu paraitre trop pressée de le revoir. Elle avait donc fait l'effort surhumain de laisser passer ses deux jours avant d'oser lui téléphoner. Répondeur... Il devait surement être occupé, c'était peut être une mauvaise idée d'aller le déranger maintenant, non? Haaaa et puis zut! Ilianna attendit le bip sonor du répondeur avant de se décider a lui laisser un message, espérant qu'il l'entendrait.

"Heu... Bonjour Daniel, c'est Ilianna, him.. je me demandais si je pouvais passer vous voir cet après midi... Je finis le travail vers 14h alors je passerais vous voir a la boutique... enfin si ca ne vous gène pas. Au revoir."

Fit-elle avant de raccrocher le téléphone, qu'elle glissa dans sa poche. Soupirant un peu elle se mit en route pour le travail. Elle n'avait toujours pas reçu son vélo et devait y aller a pieds. Mais ca lui faisait du bien de marcher un peu. Elle prenais l'air au moins. Ilianna arriva un peu en avance mais ca ne la génait pas, elle se mit tout de suite au travail! La journée était chargée, les clients pressés comme d'habitude, et certains un peu trop entreprenants a son gout. La jeune fille se faisait d'ailleurs un vrai plaisir de les remettre a leur place, faisant foi d'une bonne répartie quand elle n'était pas tiraillé par sa timidité maladive.

A la fin du service elle discuta quelques temps avec ses collègues du boulot, et prit même quelques cookies et autre gateaux avant de partir. Muni de sa petite carte de visite, avec le nom de la boutique et l'adresse, elle déambula dans les rues, un sac en papier dans une main, les yeux rivé sur la carte qu'elle tenait dans l'autre. Elle se perdit une ou deux fois avant de trouver la bonne rue. Regardant avec précision toutes les boutiques de la rue, elle finit par trouver celle de Daniel. Ilianna resta a regarder quelques temps la vitrine avant de rester plantée comme une idiote devant la porte.

*Si ca se trouve je vais l'ennuyer...*

Songea-t-elle en regardant la porte. Elle poussa un long soupire avant de pousser la porte de la boutique. La petite clochette brisa le silence qui y régnait et Ilianna ferma la porte derrière elle. Elle garda le silence, regardant tout ces objets curieux avant de s'avancer un peu plus dans l'allée principal. Il y avait un beau bazar ca c'est vrai, et un bon coup de ménage ne ferait pas de mal non plus.

"Daniel? ... Vous êtes là? ... C'est Ili..."

Réveil difficile, se faire casser la tête n'est pas dans les habitudes de Daniel. Trouver un nouveau fournisseur quand on cherche dans les bas fonds du pire de ce qu'une société peut produire, on ne tombe pas forcément sur des enfants de cœur. Il avait anticipé les 3 premiers, pas les deux autres. Il devait faire une cible facile, heureusement juste des humains. Comme d'habitude, il s'était défendu. Quelques membres brisés mais le flingue du dernier...ca, il ne l'avait pas vu venir. Il a figé la balle un peu trop tard, juste assez pour pouvoir dévier de son axe mais ce junkie avait tiré en rafale.
Une de balles lui avait entaillé l'arcade et le front : une cicatrice de plus. Une autre lui avait ripé sur le flan droit.
Il ne se souvenait plus vraiment de ce qu'il avait fait ensuite...avait-il réglé le compte du tireur ? rien n'est moins sur, il se souvient avoir couru jusque chez lui, une belle trotte !!
Il avait ouvert la porte, pris ce qui lui restait d'amphétamines et s'était écroulé sur son lit.
Son lit...
Une sensation visqueuse sur les draps, du sang, évidemment, les blessures saignaient pas mal et Daniel connaissait de gros problème pour cicatriser, il le savait, il savait que c'était le prix à payer.
il porta la main à son front en jurant. Peu profond mais une belle balaffre. La douleur était plus vive sur le flan.

Soudain une voix.

Elle ne lui était pas inconnue. Non c'est sur, il y avait quelqu'un dans le local...le local..LA PORTE ! il n'avait pas verrouillé cette fichue porte ! Il cherchait à savoir à qui appartenait la voix, c'était difficile de penser dans ses conditions et la porte de sa chambre était entrouverte également. Se redressant sur son lit il chercha à s'agripper à sa table de chevet et bascula sur le sol provoquant un vacarme épouvantable dans la pièce.

Vacarme qui bien entendu n'échappa pas à son invitée

Avançant timidement entre les brics et brocs qui trainaient de ci de là dans la petite boutique, Ilianna espérait entendre la voix de son ami, ou un bruit qui pourrait lui signifier qu'elle n'était pas toute seule. Enfin non évidemment qu'elle n'était pas seule, il n'aurait pas laissé la porte du magasin ouverte si ca avait été fermée, ni laissé sa boutique sans surveillance non plus. Elle s'arrêta un moment, essayant d'entendre un semblant de bruit mais rien.

"Daniel? ...."

Il est clair qu'elle aurait préféré entendre le son de sa voix plutôt que cet horrible vacarme, provenant du fond de la boutique. Un voleur? Non... quand même pas. Daniel avait peut être des soucis? Dans un bazar pareil ca ne l'étonnerait pas, il devait être en train de retenir plusieurs objets, juché sur une échelle, en équilibre précaire et... hum, imagination trop fertile. Ilianna n'attendit pas plus longtemps de jouer aux devinettes et avanca d'un pas rapide vers la source du bruit.

Une porte entre ouverte.. elle hésita puis finalement la poussa. Elle ouvrit de grands yeux épouvantés devant la scène, plaquant ses mains sur sa bouche pour retenir une exclamation de surprise. Après le coup elle s'agenouilla a côté de Daniel qui était étendu au sol. Soulevant sa tête pour la poser sur ses genoux, terriblement inquiète elle regardait surtout tout ce sang partout. Il était blessé? Mon dieu mais que lui était-il arrivé pour se mettre dans un état pareil?

"Daniel! Mon dieu je... qu'est ce qui s'est passé ici?"

Fit-elle en tentant de regarder la plaie quil avait sur le front et sur le flanc. Assez profonde et sanglante, c'était le moins que l'on puisse dire. Et la jeune fille était terriblement inquiète pour son ami.

"Je... je vais appeller des secours d'accord?"

Ca y est ! Il y était ! Illianna ! Aie , elle n'aurait pas pu choisir un pire moment pour passer...enfin peut être que si car même amoché, au moins, il était clean. Pas trop le choix cette fois ci, il devait jouer franc jeu, après tout, si elle était vraiment son amie, il faudrait qu'elle comprenne que la nature humaine est complexe.
Il agrippa le bras de la jeune fille en grimaçant de douleur.

J'ai fais ...une mauvaise rencontre hier soir..c'est compliqué, je vous expliquerai..SURTOUT pas les secours...blessures par balles, il ..il ne faut pas que quelqu'un comme moi attire l'attention de certaines personnes, je ne veux pas aller à l'hôpital, ce qui risquerait de m'arriver là bas me fait plus peur que..que la douleur

Il se souleva pour montrer d'un signe de tête une petite armoire au dessus de l'évier.

S'il vous plait...fermez la porte de la boutique...et dans l'armoire là bas, il y a des compresses (il soupira : il y avait aussi ses réserves vides de "tranquillisants"). Ca devrait suffire à stopper le saignement.

Il la regarda d'un air véritablement triste et misérable, il se sentait humilié et honteux, comme mis à nu dans une situation qu'il ne maitrisait pas de tout pour une fois

Illianna, je..je suis navré, vous...tu n'aurais pas du me voir comme ça..ce n'est pas ce que je voulais..on ne se connait pas et il y a des choses sur moi que tu ignores..je n'en suis pas fier...on ne sort pas indemne d'un siècle d'errance..pardonnes moi.

Ilianna était paniquée mais elle savait qu'elle devait se montrer forte et prendre les choses en main! Daniel avait besoin d'elle et elle devait se montrer a la hauteur et l'aider du mieux qu'elle le pourrait! Après tout c'était son ami... son premier ami et elle y tenait. Elle l'écouta refuser les secours, elle devrait s'occuper de lui seul. Très bien... ca ne devait pas vraiment changer du fait de s'occuper de son père quand il s'était blessé. Même s'il est vrai que les blessures de Daniel étaient nettement plus graves que celles que son père pouvait se faire.

Elle écouta ce qu'il avait a dire, lui donnant les instructions a suivre, pendant que Ilianna l'aidait a se relever pour finalement le rallonger sur le lit. Elle regarda l'armoire où elle irait fouiller plus tard puis installa confortablement Daniel, lui mettant un oreiller sous la nuque et remis sa couverture sur lui. Une blessure par balle? Mais comment il avait fait pour se recevoir une blessure pareille? Hum... non c'était pas vraiment le moment de poser des questions. Mais ce qui surprit le plus Ilianna se fut d'entendre Danien s'excuser. Elle l'écouta, en silence, avant de sourire paisiblement, caressant doucement la joue de son ami.

"Te pardonner de quoi? D'être toi même? ... C'est un peu trop demander tu ne crois pas?"

Fit-elle en souriant un peu plus, effleurant sa joue du bout des doigts, pour finalement glisser ses doigts dans ses cheveux.

"Mes amis, je les aime tels qu'ils sont, avec leurs qualités mais aussi avec leurs défauts. Moi aussi il y a des choses dont je ne suis pas très fière... alors je peux comprendre... ca ne change pas ce que tu représentes pour moi Daniel. Maintenant restes tranquille, je reviens!"

Fit-elle en se levant, quittant son chevet pour aller fermer la porte de la boutique. Baissant les rideaux et rentrant le store avant de revenir voir Daniel dans la chambre. Elle se dirigea vers l'armoire qu'il lui avait indiqué et farfouilla un peu entre les boites et les flacons pour trouver les compresses. Elle remarqua bien evidemment les nombreuses petits bouteilles vides... mais n'y prêta pas plus attention. Ce n'était pas ses affaires, Daniel était assez grand pour savoir ce qu'il faisait et comment il le faisait. Elle posa les compresses sur la table de chevet, et fila dans l'évier, rempli une bassine d'eau claire et prit une éponge bien propre avant de revenir au chevet de son ami.

Elle se sentit un peu génée en ouvrant la chemise de Daniel pour dévoiler son torse mais elle n'avait pas vraiment le choix. Poussant un peu les couvertures, elle prit l'éponge humide qu'elle passa lentement sur la plaie ensanglantée de son flanc pour la nettoyer. Elle renouvella plusieurs fois l'opération, espérant ne pas lui faire trop mal, se concentrant sur la blessure. Elle s'assura que la blessure était bien propre avant d'y apposer les compresse, souriant faiblement en regardant Daniel.

"Quand je parlais de venir faire le ménage... je ne pensais pas que c'était toi que je devrais nettoyer."

Daniel grimaça lorsque Ilianna soigna ses blessures. Il se sentait gêné mais d'un autre coté , celà faisait une éternité que personne ne s'était occupé de lui de la sorte. Finalement, il était content qu'elle soit passé ce jour et qu'elle l'ai vu ainsi. Il prit une décision étrange et incongrue, cette jeune fille faisait preuve d'une telle gentillesse que dorénavant, à elle, il se montrerait telle qu'il est, sans détours, sans armes ni protections et surtout sans mensonges.

Peut être que j'étais la chose la plus poussiéreuse ici, finalement question de priorité, c'est par moi que tu devais commencer. En tout cas merci. Merci d'être passé et merci d'être là. Tu as dégotté un drôle d'ami ma pauvre, je crois que tu vas déchanter..qu'est-ce que tu veux savoir en premier ? pourquoi je suis dans cet état ou comment j'en suis arrivé là ? C'est légitime, je te cacherai rien dorénavant.

Il se redressa sir son lit en soufflant, il s'obligea à sourire à la jeune fille.

Je crois que j'ai perdu ma superbe depuis notre rencontre dans le parc, n'est-ce pas...Après tout, c'est mieux comme ça...je suis content que tu m'acceptes comme je suis mais encore faut-il que tu saches qui je suis..et ne me dis pas que ca ne t'intéresse pas, je ne le croirai pas.

Ilianna continuait de nettoyer le sang qu'il pouvait y avoir sur sa peau avant de replonger l'éponge dans la bassine. Maintenant il fallait s'occuper de sa blessure a l'arcade et essayer de faire de son mieux pour ne pas lui faire mal. Elle sursauta légèrement en entendant la voix de Daniel, tellement elle était absorbé par sa tache. Elle releva les yeux, souriante comme toujours.

"Si ca m'interesse... evidemment que ca m'interesse, tu es mon ami."

Fit-elle en détournant les yeux pour regarder le sol, un peu perdue ou perturbée allez savoir.

"Ce que je ne veux pas c'est t'obliger a me dire des choses alors que tu n'en as pas envie... Mais... oui j'avoue que j'aimerais bien savoir comment tu as fait pour te retrouver dans un état pareil!"

Fit-elle en fixant la bassine dont l'eau avait prit une légère teinte rosé a cause du sang qu'elle avait nettoyé. Elle releva les yeux vers Danie, toujours en souriant faiblement et passa l'éponge en douceur sur son front, nettoyant la deuxième plaie, plus petite mais il ne fallait jamais négliger une blessure, aussi petite soit-elle!

"Et ne t'en fais pas.. dans le parc ou maintenant, je te vois toujours de la même façon..."

Daniel soupira se forçant à sourire tendit qu'il se détendait dans son lit

Hier soir, je suis descendu dans les quartiers chauds pour trouver...disons..quelque chose d'illicite. J'ai mal joué le coup. Y'avait cinq types dont un armé d'un révolver, j'ai évité ce que j'ai pu, pu tout en mettant hors circuit les 4 autres. Je savais que c'était risqué, j'en ai fait qu'à ma tête et voilà le résultat. Encore une fois, je suis passé tout près. Le problème c'est que je suis très vulnérable aux blessures physiques, c'est un contre coup de mon pouvoir d'après ce que je sais...je cicatrise très mal.

Il regarda Ilianna droit dans les yeux comme si il la voyait pour la première fois. Un regard extrêmement sérieux et d'une franchise indéniable.

Il n'y a pas eu un soir sans que j'ai eu envie de mourir. Je le souhaite comme une fête, Cette pulsion me prend et me tord en deux puis ca passe aussi vite que c'est venu.
Ma femme, ma fiancée plutôt...Marion. Elle s'appelait Marion, c'est..son visage m'obsède. Je suis parti à la guerre trop tôt, c'était un Vendredi, je rentrais du Champ, j'étais parti jaugé la récolte avec mon père et les gendarme sont venu me chercher, le 30 aout 1914. Nous n'avons pas eu le temps..de nous dire..enfin, tu vois..les mots qu'on pourrait dire..je croyais avoir l'éternité devant moi...

Daniel fut prit d'un rire triste, ses yeux s'embrumaient.

Ouais...en fait..je l'avais...Moi oui...Elle portait mon enfant, nous allions nous marier en Septembre. J'ai échappé à la mort lorsque mon pouvoir s'est déclenché..j'ai déserté. de toute façon j'aurai du mourir la bas. Naturellement je suis revenu dans mon village. C'était un village tranquille de la Somme...pas loin du Chemin des Dames. Je n'y ai trouvé que des cendres et des tombes. Il avait était pilonné durant une semaine en vu de l'offensive Allemande. Mon père, ma mère, mes frères et sœurs et..Marion. On appelle ça des "dommages collatéraux".

Il se tourna légèrement pour ouvrir sa table de chevet et en sortit une photographie en noir et blanc, datant probablement de la période qu'il décrivait et montrant une jeune femme brume portant un enfant , un nourrisson, dans ses bras. Au dos de la vieille photographie, quelques mots " Reviens nous vite, nous t'aimons"
Daniel s'allongea portant son bras sur ses yeux pour les cacher


Dernier courrier reçu. Je suis revenu...trop tard. C'était une fille, je ne sais même pas ce qu'elle est devenu, ni son prénom. Marion me disait qu'il me ferait plaisir lorsque je l'apprendrait, ca devait être une surprise.
J'ai lu une bonne parti de tous les ouvrages ici présents, j'ai appris tout ce que j'ai pu, curieux de tout...et j'ai jamais su le prénom de ma fille ni dis je t'aime à personne...bon sang, quelle merde.

Il laissa passer un silence serrant les dents.

Alors je ne dors plus. Dès que je ferme les yeux, les visages reviennent à la charge et toujours les mêmes questions. Il a bien fallu que je trouve une solution pour survivre avec ca.
J'ai tout essayé Illianna, de la drogue douce à la dure... J'ai tout essayé, je n'oublies rien !
Ca fait 80 ans que mon cœur est à vif et qu'il saigne sans s'arrêter. Alors je m'explose la tête aux amphétamines..tout ce qui passe..tout ce qui peut m'amener une seconde de calme...mais mon métabolisme résiste à toutes les drogues, il me faut des doses surhumaines...c'est pour ca que j'étais dans les rues hier et que je cherchais de quoi "fermer les yeux" .
Juste pendant quelques heures....juste...juste un peu ....de quiétude.

La voix se faisait plus tremblante. Daniel gardait son bras sur le haut de son visage mais on devinait les larmes roulant sur la peau.

Ilianna cessa de nettoyer sa plaie dès qu'il commenca a parler. Elle laissa tomber la petite éponge rougit de sang dans la bassine au sol, restant assise sur un coin du lit, les mains soigneusement posées sur ses genoux. Si il y avait bien une chose pour laquelle Ili était douée c'était bien sur le fait d'écouter les gens. Elle ne donnait peut être pas toujours de bons conseils, elle avait souvent du mal a dire ce qu'elle pensait mais écouter ca elle pouvait le faire, pendant des heures, sans juger, juste en écoutant. D'ailleurs elle n'était pas là pour juger qui que se soit..; qui serait-elle pour s'autoriser un tel privilège sur la vie des gens? Personne... Alors, les lèvres closes, le regard serein, elle écoutait.

Au début, Daniel raconta son attaque et elle sentit son coeur se serrer légèrement en l'imaginant se faire attaquer. C'était une chose difficile a accepter pour elle, qu'on fasse du mal a ses amis. Mais encore une fois elle ne dis rien et ne laissa rien paraitre de ses troubles, restant la petite confidente silencieuse qu'elle se devait d'être. Ce qui la rendit plus triste c'est de voir que Daniel tenait aussi peu a sa vie que elle pouvait tenir a la sienne... c'est a dire pas du tout. Elle se souvenait encore du jour où elle avait voulu mettre fin a ses jours... elle y serait arrivée si seulement sa mère n'était pas venue la "sauver".

Elle se fit plus attentive au reste du récit, sentant peu a peu son coeur se serrer, se tordre de douleur, jusqu'a ce qu'elle sente les larmes monter a ses yeux. Perdre quelqu'un de cher, elle connaissait. Elle se souvenait très bien de la douleur que ca pouvait occasionner. Mais perdre toute sa famille, ca c'était une douleur qu'elle n'osait même pas imaginer... Et c'était ce qu'avait endurer Daniel.

Daniel fouilla dans la table de chevet et lui donna une photographie. Ancienne on y voyait pourtant très bien le visage d'une jeune femme et d'un bébé dans ses bras. Elle était belle, c'était irrémédiable. Et son sourire donnait envie de sourire a son tour, elle donnait l'impression légère que tout allait pour le mieux et que les problèmes n'existaient plus. Ilianna porta une main a sa bouche alors que des larmes s'échappaient déjà de ses yeux pour venir courir le long de ses joues. Elle ne chercha pas a les cacher... elle n'en avait pas la force. Gardant la photo entre ses mains, elle laissa Daniel continuer son récit.

Voila donc ce que c'était que tout ces flacons vides dans son armoires a pharmacie... Des drogues. Ilianna reposa la photo sur la table de chevet, baissant les yeux alors que Daniel continuait son récit. Elle donnerait volontiers sa vie contre celle de Marion et de la fille de son ami mais hélas ce qu'on veut n'est pas toujours possible. Et aujourd'hui plus que jamais, Ilianna regrettais de ne pas être capable de soulager les douleurs du jeune homme.

Elle hésita un peu et puis finallement elle se pencha lentement vers lui, posant sa tête sur son épaule en enfouissant son visage dans son cou. Elle fit attention a ne pas toucher sa blessure alors qu'elle posait ses mains sur son torse, continuant de laisser aller ses larmes, cachant son visage. Elle aurait tellement voulu être capable de l'aider, d'apaiser un peu sa peine mais sa douleur était telle qu'elle se sentait bien incapable de quoi que se soit...Tout ce qu'elle pouvait faire... c'était encore de pleurer a sa place, en restant là, avec lui, silencieuse.

Des larmes...des larmes....DES LARMES ! Soudain quelque chose se brisa dans l'âme de Daniel , c'était comme si ces simples larmes innocentes et désintéressées venaient de faire voler en éclat le mur de solitude construit aux fils des années. C'était si simple ? a s'éloigner des autres à ne plus vouloir investir dans les émotions, il s'était vidé comme un être sans coeur. Mais il se mentait, une éternité de messonges ! C'était ca que lui renvoait la photo de sa défunte femme "Nous t'aimons, nous t'aimerons toujours alors RESTES EN VIE " ! une vérité si simple que des larmes venaient de révèler car personne n'avait plus jamais pleurer pour lui depuis Aout 1914.
Une émotion, un raz de marré trop fort à contenir. Il attrapa brusquement la jeune fille et la fit basculer sur le lit la serrant dans ses bras .



Ces larmes...il faut les oublier..je connais des endroits sombres où on se noie dans ses souffrances, je ne veux jamais que tu y ailles, pas toi ! pas tant que je serai de ce monde et je vais rester là car j'ai compris ce qu'on veut de moi. Nous serons là l'un pour l'autre, je veillerai sur toi. Nous n'existons qu'à travers le coeur des autres, voilà la vérité ! c'était si bête ! ...

Il l'embrassa tendrement sur le front.

Je n'ai peut-être vécu si longtemps que pour te rencontrer ...peut être ..oui surement !!! ca ne peut-être que ca ! Ce jour là dans le parc, j'avais décidé de partir en te voyant, mais une voix m'a dit de rester...c'est parce qu'il n'y a pas de hasard. Ce soir là, le destin à hésité avec moi, et lui et moi en fûmes changé à jamais. Nous ne serons plus jamais seuls, c'est certain.

Il la serra contre lui sentant sa chaleur le réchauffer et inonder son ame, celui qui n'avait vécu que d'errance venait de comprendre une des vérités de l'univers qui ne s'apprenait pas dans les livres, on ne vit que parce qu'il y a l'Autre. Daniel avait passé sa vie à penser que plus jamais il n'aurait de visibilité dans son monde mais il s'en était lui même exclus paradoxalement. De simples larmes venaient de faire voler en éclat sa vision des choses. Louis d'abord l'avait mis sur la voix et Illianna sans le savoir venait de le projeter au coeur du monde, tel un enfant qui renaissait. Il se demandait si Ilianna pouvait comprendre son attitude, c'était si soudain, si inattendue et c'était malheureusement impossible à expliquer.

J'ai...j'ai l'impression de m'éveiller d'un long cauchemar..dis moi que je ne rêve pas..c'est bien réel ?

Pleurer ca faisait du bien, mais pleurer pour quelqu'un d'autre ca faisait aussi terriblement de bien, si ce n'est plus. Ilianna laisser les larmes couler sans chercher a les retenir, les sentant rouler lentement sur ses joues avant de venir se perdre dans le cou de Daniel, où elle venait d'enfouir son visage. C'était chaud, rempli d'une odeur qu'elle n'oublierais pas. Un peu tremblante et secouée de quelques sanglots, Ilianna avait fermés les yeux, essayant de penser a autre chose pour se calmer mais elle avait le visage de Marion encré dans sa mémoire et la douleur de Daniel qui lui brulait le coeur.

Elle ne cessa de pleurer qu'en sentant l'étreinte du jeun homme. En quelques secondes elle se retrouva basculée dans le lit, Daniel la serrant dans ses bras. Les yeux grands ouverts, surprise, elle retint de justesse une exclamation de surprise et le laissa faire, sans comprendre. Mais il était clair que Daniel allait un peu mieux maintenant même si tout ce qu'il lui disait en ce moment la rendait plus vulnérable que d'habitude. L'un pour l'autre? Si ca pouvait être vrai ca serait bien. Au moins elle ne se sentirait plus aussi seule ici, dans une ville étrangère où elle ne sait jamais sur qui compter vraiment.

Daniel l'embrasse sur le front et les joues de la jeune fille se teintèrent de rouge, légèrement mais bien visible tout de même. Les yeux rivés sur Daniel, elle finit par se calmer et reprit un regard plus doux et serein. Passant ses bras autour de sa taille en prenant soin de ne pas toucher a sa blessure, Ilianna ferma un instant les yeux. Daniel allait mieux.. alors c'était tout ce qui comptait. Elle était contente de le voir comme ca. Une de ses mains alla caresser ses cheveux, ses doigts s'entortillant dans quelques mèches, pour l'apaiser un peu, pour ne plus qu'il s'inquiète. Elle sourit un peu a sa question, les yeux toujours clos en le gardant contre elle.

"Je suis bien réel moi... et je suis là. Ce n'est pas un rêve.. mais bientot tu pourras rêver de nouveau librement, sans cauchemars."

Fit-elle doucement, presque en murmurant, caressant toujours ses cheveux.

Daniel sentait les caresses d'Illianna, c'était incroyable pour lui de réaliser à quel point il s'était trompé d'attitude. Il pensait que le dégout des autres l'avait rendu solitaire, mais c'est sa solitude qui lui avait donné ce dégout des autres. Quelle déconvenue, il n'y avait pas d'autres mots. C'était un sentiment étrange et qu'il croyait oublié mais il se refusait à mettre un nom dessus. Ce qui comptait pour l'instant c'était ce moment de partage. Il étouffa un rire contre l'épaule de la jeune fille.

Tu viens rendre visite à un ami que tu connais à peine, tu te retrouves enlacé avec lui qui a demi nu dans son propre lit. Ainsi va la vie* Il n'y a rien de mal cependant Illianna, j'ai l'impression qu'on se ressemble en solitude. Il y a longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien, même avec la douleur. Je ne dis pas ca en l'air...je serai à tes cotés à présent, tu ne seras plus seule.

Il se tourna légèrement et passa une main sous son menton tout en la regardant tendrement, de l'autre main, à son tour il jouait avec une de ses mèche de cheveux, la dégageant pour mieux plonger dans son regard.

J'aimerai en savoir plus sur toi..si tu me racontais un peu comment tu en es arrivé là, je ne connais rien de toi finalement, quelque chose me dit qu'on va être très souvent ensemble, alors autant que tu me dises ce que tu juges important de savoir à ton sujet


* en français dans le texte

Ilianna cru qu'elle allait s'endormir comme ca. Un fin sourire aux lèvres elle rouvrit légèrement les yeux en sentant Daniel étouffer un rire. Souriant a son tour en se demandant ce qui pouvait bien le faire rire comme ca, elle rougit un peu plus a ce qu'il lui dit. Enlacer? A demi nu? ... Ha ba oui tiens, elle y avait pas pensé a ca. Enfin elle pensait juste faire un calin a un ami blessé qui n'allait pas bien, mais vu sous un autre angle... Ilianna sourit, un peu génée, le teint rouge pivoine, avant de rire a son tour. C'est vrai que c'était pas banale comme situation.

"Et dire que je t'avais ramené des gâteaux... la prochaine fois ca sera des pansements et du désinfectant."

Fit-elle en souriant toujours avant de regarder Daniel au dessus d'elle. Elle resta silencieuse quelques secondes, caressant toujours ses cheveux.

"Merci d'être là..."

Dit-elle dans un souffle avant avant de sentir la main de Daniel jouer avec ses cheveux. Elle sourit un peu plus, inconsciemment. Elle avait toujours aimé qu'on lui caresse les cheveux, ca avait le don de la calmer, de l'apaiser... et même de l'endormir dans les cas extrèmes. En savoir plus sur elle? Ilianna fit une légère grimace, elle n'avait pas trop envie de dire a Daniel qu'elle avait tenté de se suicider.. et qu'elle y pensait encore de temps a autres. Il avait eu son lot de soucis pour aujourd'hui mais elle lui devait la vérité. Elle poussa un long soupire, se tournant vers lui pour le regarder dans les yeux, continuant de jouer avec ses mèches de cheveux qu'elle entortillait entre ses doigts.

"Je suis née en Australie, maman venait du Brésil, papa est Coréen. On vivait dans une petite maison au bord de la mer, sur la plage. Maman était une grande artiste, elle avait besoin de calme pour trouver l'inspiration, et moi j'avais un grand terrain de jeu. Papa me dit souvent que je savais nager avant de savoir marcher..."

Fit-elle en souriant, ayant toujours su que c'était une de ses bêtises que les parents aimaient dire a leur enfants pour les rendre plus exceptionnels. Son sourire s'effaca un peu.

"Un jour maman est partit en plongée... elle en faisait très souvent alors on ne s'est pas vraiment inquiété avec papa mais.. elle..; n'est jamais revenue."

Fit-elle en déglutissant avec difficulté.

"Les secours ont cherché son corps pendant trois jours sans résultats... mais c'est moi qui l'est retrouvé, a la fin du troisième jour. Son corps avait été rejeté sur la plage...Je crois qu'a ce moment là.. j'ai eu peur que ca m'arrive a moi aussi et.. j'ai arrêter de nager... complètement. Je ne me suis plus jamais approchée de l'eau et .. papa a commencé a boire. Il pleurait beaucoup... et moi je n'ai pas réussit a le consoler..."

Elle laissa un moment de silence. Peut être qu'a l'époque... si elle avait pleuré avec son père, librement, simplement, en se lovant dans ses bras comme aujourd'hui... peut être qu'elle aurait pu éviter tout ca. Mais quand on est plus jeune on y pense pas vraiment a ca... on veut être forte et tenir pour ses proches.

"Je pensais que quoi que je fasse, ca ne servirait a rien et que... que je n'avais plus rien a faire ici si je n'étais même pas capable de consoler mon propre père. Alors... je suis retournée dans l'eau. J'ai nager, nager... nager encore.. jusqu'a ce que je soit trop fatiguée pour le faire... et je me suis laissé couler... J'aurais du mourir... mais bien évidemment ca ne s'est pas passé comme ca."

Fit-elle en souriant en coin, allant se lover un peu plus contre Daniel.

"Quand j'ai reprit conscience j'étais sur la plage... et je n'avait plus de jambes. J'avais une queue de poisson... Je pensais que j'étais malade ou bien qu'on m'avait puni pour avoir voulu faire une telle bêtise, je ne sais pas.. mais... quand j'ai vu mon père, qui m'avait cherché toute la nuit, quand je l'ai vu sourire.. j'étais bien contente d'être revenue vivante, peu importe dans quel état. Enfin il ne savait rien de tout ca, et encore aujourd'hui il ne le sait pas. Il pense que je suis ici pour mes études..."

Elle poussa un long soupire en fermant a demi les yeux.

"Mais parfois... ca m'arrive encore de penser que... ca aurait été beaucoup plus facile de couler.. et de ne jamais remonter. C'est bête hin? ..."

Il l'écouta dans le calme tout en continuant lui caresser les cheveux. Lorsqu'elle eut terminé sur des paroles amères et terribles, il se contenta de déposer un baiser sur son front et de la garder dans ses bras une longue minute avant de lui murmurer.

Ca aurait été plus facile, ma petite sirène*, très facile. Ca fait des mois que chaque fin de nuit, poussé par mes insomnies, je me rend sur un vieux balcon rouillé qui surplombe le métro. A chaque fois qu'il passe, il faut que je trouve la force de ne pas sauter par dessus la rambarde pour me faire écraser. Sauter ou couler, c'est simple, mon ange. Trouver la force de ne pas le faire c'est autre chose. Je serai cette force si tu le désires comme tu seras la mienne. Si on se promet de veiller l'un sur l'autre, j'arrête toutes mes conneries, il me fallait juste un but, c'est tout.

Il se tapit contre son épaule en souriant lui lançant un regard taquin.

Une sirène...c'est tellement jolie ! c'est donc pour ca que tu es si "charmante" ! J'ai énormément étudié les mythologies et pour tout de dire, je suis arrivé à la conclusion que le "gêne mutant" a toujours existé, les créatures fantastiques et les "dieux" aux pouvoirs surhumains ne seraient qu'une vision fabulatrice de mutants d'alors. Les sirènes ont toujours existé, tout comme ce qu'on nome les harpies. J'ai même retrouvé certaines articles mentionnant le cas de "femmes poissons" dans des archives du XVeme siècle en Scandinavie. Tu es différente Illianna, mais surement pas anormale. Un don peut devenir un fardeau, c'est sur ! mais ca ne doit jamais devenir une honte en tout cas.

Daniel jeta un coup d'œil à l'état pitoyable de son appartement et soupira.

Quand je pense que je te reçois dans un bordel pareil ! c'est véritablement honteux !
Si tu veux, tu peux passer la nuit ici avec moi à discuter ou juste ..enfin rester cote à cote..mais si ce n'est pas le cas, je te préviens que tu ne te sauveras pas d'ici avant de m'avoir fait gouter à tes pâtisseries !!

Il donna une pichenette sur le bout du nez d'Illianna en affichant un sourire charmeur.


*En Français dans le texte

Restant lovée dans ses bras, Ilianna était bercée, rassurée même, par le rythme lent mais régulier de sa respiration. Elle devait lutter contre le sommeil pour ne pas sombrer dans les bras de Morphée et rester éveillée. Malgré tout elle gardait les yeux a demi clos, ennivrée par le parfum de Daniel mais se gardant bien d'en faire la remarque. Ce qui la rassura c'était de savoir qu'elle n'était pas la seule a être tenté par la mort... que Daniel aussi devait lutter chaque jours pour ne pas rejoindre sa femme et sa fille, comme Ilianna voudrait rejoindre sa mère. Mais elle avait beau le vouloir, au fond d'elle même quelque chose lui hurlait de ne pas mourir, d'attendre demain.. et le lendemain c'était la même chose. Aujourd'hui elle avait 22 ans et elle ne se souvenait pas d'un jour où elle n'avait pas penser a se jeter du haut d'un pont ou a s'ouvrir les veines sous sa douche...

Mais c'était bel et bien finit tout ca. Elle avait dans ses bras une personne qui deviendrait sa raison de vivre, ou du moins qui lui donnerait suffisament de force pour songer a autre chose que la Mort.. et ca c'était beaucoup. La jeune fille resta silencieuse dans les bras de Daniel, calquant machinalement sa respiration a la sienne en gardant sa tête posé contre son torse. Elle rougit de plus belle en entendant les compliments de Daniel, le regardant un peu avant de dévier le regard. Encore sa timidité qui lui jouait des tours.. décidement ca n'allait pas l'aider ca. Elle sourit un peu, même si elle savait parfaitement qu'elle devait ressembler a une pivoine!

"Au début.. j'avais prit ma mutation pour une maladie... quelque chose que j'aurais attrapé a force de manger trop de poisson. C'est idiot hin? Et c'est seulement après que j'ai compris. Je suis comme je suis, je ne peux pas me changer... mais je veux essayer de rester moi même. Que ce soit en tant que Ilianna... ou Aqualina."

Fit-elle en souriant doucement, avant de voir elle aussi l'état de la chambre de Daniel. Elle se retint de rire un peu avant de ne plus pouvoir se retenir. Éclatant de rire sous la pichenette de son ami, elle lui tira gentiment la langue en retour, se redressant un peu sur le lit. Elle rougit davantage a sa proposition mais elle n'avait pas envie de partir elle non plus...

"Et bien, ca manque d'une présence féminine ici. Ca me donne un apercu de ce a quoi doit ressembler la maison maintenant que je n'y suis plus."

Fit-elle en grimaçant avant de sourire.

"Je... je veux bien rester ici cette nuit... Je ne vais pas laisser mon malade préféré tout seul quand même! Et puis ca me donnera l'occasion hum... de mettre un peu d'ordre dans tout ca!"

Fit-elle en souriant, se penchant sur Daniel pour l'embrasser sur le front.

Daniel se détendit sur son lit avant d'ajouter d'une voix moqueuse.

Mettre de l'ordre dans ma vie ? oulà ? j'espère que tu as l'éternité devant toi, la tache qui t'attend est on ne peut plus monumentale.

Son sourire s'effaça quelque peu, une ombre passa devant son regard. L'éternité ? elle ne l'avait pas. Mais lui, il aurait le temps de la voir vieillir et sans doute mourir, puis à nouveau il lui faudrait affronter la solitude, encore et encore. Il n'avait pas envisager celà. On lui avait donner le soleil sous condition de revenir aux ténèbres. Il n'était qu'en permission de vie. De nouveau ses pensées voulaient le pousser vers des chemins qu'il connaissait par coeur. Il repoussa l'idée comme on chasse une mauvaise pensé. Il se contenta de désigner le frigo tout en commentant.

Il doit bien y avoir quelque chose à boire en duo la dedans, j'ai fait le plein dernièrement car Louis est un gros buveur. Un hôte se doit d'assurer en toute circonstance.

Il saisit en se penchant une télécommande et mit en route sa chaine stéréo. Il sélectionna quelques touches et aussi tôt une voix masculine se fit entendre, intemporelle et dure. Le chant était en français.

C'est du Jacques Brel, un très grand artiste que j'ai vu à Paris durant les années 60. Ca parle de la vie et de ses pièges, de ses joies et de ses peines. Ca parle surtout d'amitié.


Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr, les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr, nos cœurs perdent leurs ailes
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr, le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche, on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que, par amour, ils nous lacèrent
Mais, mais voir un ami pleurer !

Ilianna se leva du lit, s'étira un peu avant d'aller fouiller dans le frigo de Daniel, en profitant au passage pour faire un peu de ménage, mettre dans l'évier les assiettes sales, les couverts qui trainaient sur le plan de travail. Elle passa un rapide coup d'éponge et jeta a la poubelle les quelques emballages qui trainaient avant de prendre le décapsuleur pour ouvrir une bière qu'elle apporta a Daniel. Elle alla ensuite reprendre son petit sac en papier dans lequel il y avait les cookies et les muffins tout frais qu'elle avait rapporté de son travail. Souriante, la jeune fille se sentait toujours mieux quand elle pouvait se rendre utile a quelque chose et il n'y avait rien de mieux pour lui faire plaisir que de la laisser faire.

"J'ai prit ca en partant du travail... mais ce ne sont que des gâteaux. Si tu veux je peux préparer un plat chaud avec ce que tu as dans le frigo si tu as faim?"

Fit-elle en commençant a s'affairer a la vaisselle. Tache ardue si on prenait en compte le nombres d'assiettes. Elle sourit doucement en continuant sa tache, ca lui rappelait son père. Il ne faisait la vaisselle qu'a la fin de la semaine et se retrouvait souvent a manger avec des couverts en plastique et des assiettes en carton le week end, faute de vaisselle propre. Elle dodelina légèrement de la tête en entendant la musique que Daniel avait mit, fredonnant la mélodie qu'elle avait bien vite retenue.

"Tu parles le français?"

Demanda-t-elle, intriguée. Elle avait toujours eu envie d'aller en France mais n'en avait jamais eu l'occasion. Elle y penserait surement bientot mais pour le moment elle avait d'autres choses en tête. La mélodie était belle... ca lui donnait envie de chanter. Haaaa chanter! C'était toute sa vie ca. Un jour peut être qu'elle arriverait a chanter pour Daniel qui sait?

Daniel la regardait aller et venir , sourire en coin. C'était si beau de profiter de ce moment d'intimité, comme si il avait cru cela définitivement perdu. Il se sentait résolument différent depuis qu'Illianna était là, ce changement avait du bon même si il avait du recevoir plusieurs balles pour ca.

Je suis Français, Illy...c'est ma langue natale...j'en parle beaucoup..Italien, Russe, Chinois, Japonnais..mais je pratique le plus couramment le Français et l'anglais.
J'ai un appartement à Paris, non loin du Quartier Latin...j'ai beaucoup investi dans l'immobilier. Ca te dirait de partir en France avec moi pour une petite semaine un de ces jours ? j'ai que quelques coups de fils à passer pour arranger celà.
Dans ma vie, l'argent n'a jamais été ma préoccupation, ni mon problème d'ailleurs...j'ai su faire quelques investissements..judicieux..notamment dans l'Art.
Les peintres...ils ont fait ma fortune, les écrivains aussi...dont certains que j'ai très bien connu...c'est l'avantage de vivre longtemps, on croise des gens que la renommée invite après leur trépas..

Il croisa les bras derrière la tête en écoutant Brel.

J'adore la musique...je ne saurais pas me passer d'elle..c'est une véritable histoire d'Amour depuis toujours...et toi mon ange ? c'est important pour toi ? On dit souvent des Sirènes qu'elles ont une voix envoutante, c'est aussi valable pour toi ?

Il était français!!! Wahou! Ili esquissa un sourire en le regardant du coin de l'oeil, continuant la vaisselle en empilant les assiettes sur le côté pour qu'elles sèchent. Haa la France, qui n'a pas rêvé d'y aller au moins une fois? Ilianna ne faisait pas exception et elle avait souvent demandé a son père de l'y emmener.. Mais évidemment il avait trop de travail et n'avait pas le temps pour voyager. Ilianna n'avait donc jamais foulé le sol français. Elle aurait bien tenté d'y aller a la nage mais une fois là bas elle se serait trouvé perdue, puisqu'elle ne parle pas une mot de la langue.

Elle faillit lacher une assiette quand Daniel lui proposa de l'y emmener et la rattrapa de justesse en poussant un léger soupire de soulagement. Elle lanca un regard pétillant de joie au jeune homme en secouant vivement la tête. Il ne fallait pas le lui proposer deux fois! La France... elle passerait surement son temps a prendre des photos et a regarder les gens dans les rues sans parler mais qu'importe. Le simple de voir tout ca l'emmènerais surement aux portes du Paradis.

"Oui!...Oui j'aimerais bien! Enfin.. je veux pas t'embêter non plus.. Tu ne peux pas laisser ta boutique..."

Fit-elle en terminant la vaisselle avant de couper l'eau. Elle s'essuya les mains et fouilla de nouveau dans le frigo pour en sortir deux ou trois choses qu'elle pouvait utiliser avant de les poser sur le plan de travail, s'affairant a la cuisine. Une vraie petite femme d'interieure hin? Et oui, a la mort de sa mère, Ilianna avait écopé des taches ménagères, son père n'étant vraiment pas doué pour ses choses là.

Elle esquissa un sourire en écoutant Daniel. C'est vrai qu'il avait beaucoup de choses et rencontré beaucoup de gens. Il avait déjà une vie bien remplie par rapport a la jeune fille qui du haut de ses 22 ans avait encore beaucoup de choses a découvrir. Des investissements. Ha oui.. son père aussi en avait fait. C'est comme ca qu'il avait pu acheter la jolie maison sur la plage. Mais pour le reste Ilianna n'en savait pas plus que ca, les choses d'argent ca ne l'interessait pas vraiment.

Elle regarda Daniel du coin de l'oeil quand il lui demanda si elle savait chanter comme les sirènes de la mythologie. Elle rougit violemment sous l'appelation "mon ange" et tenta de faire comme si elle n'avait rien entendu, se concentrant sur la question de son ami. Chanter... c'était sa vie. Elle ne se souvenait pas d'avoir passé une seule journée sans chanter. Même le jour de la disparition de sa mère elle avait chanté sur le ponton comme pour la rappeler a elle. Et ca ne changerais pas, le chant c'était la seule chose qui lui donnait la force de ne pas mourir dans la facilité...

"Je chante oui... mais de là a dire que j'ai la voix d'une sirène je ne sais pas. Papa me dit toujours que quand je chante il se sent bien, que ça l'apaise... et que maintenant que je suis là c'est ma voix qui lui manque le plus."

Fit-elle en souriant, pensant a son père, allongé sur le canapé quand Ilianna lui caressait les cheveux en chantant, jusqu'a ce qu'il s'endorme. Ca faisait partit de ses petits souvenirs qu'elle n'échangerait contre rien au monde. Elle mit un couvercle sur les casseroles et alla rejoindre Daniel en s'asseyant sur le rebord du lit. Le regardant un moment elle finit par dévier le regard, fermant les yeux... avant de laisser sa voix opérer.

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Daniel la couva du regard jusqu'à ce qu'elle vienne s'assoir. tendit qu'elle se déplaçait, il lui répondit au sujet de la France.

Je connais très bien Paris, tu n'auras pas de meilleur guide. Quand à ce magasin, ce n'est qu'une façade : il me coute plus qu'il ne rapporte, c'est juste une couverture pour une normalité de rigueur durant ces temps difficiles. Donc c'est dit, il suffit que tu me dises tes disponibilités et on y va...je prendrais quelques dispositions ici et la bas.

Illianna s'installa près de lui et Daniel lui sourit en retour sans savoir ce qu'elle avait en tête, puis le chant commença. Des sons qui s'égrainent dans l'air et viennent bercer directement l'âme. L'expression de Daniel changea en stupéfaction. Chaque mot le traversait comme une goute d'eau d'une immense cascade de fraicheur venant le purifier de toutes ses noirceurs. Daniel restait là.
Le temps n'existait plus.
Plus rien n'existait dans cette pièce que ce monologue dont il était le spectateur silencieux et privilégié.
La bouche ouverte en un "o" de surprise.
Peu à peu les larmes roulèrent hors de contrôle tendit qu'il la regardait et l'écoutait comme figé dans le temps.
Il est des miracles en ce monde, il le savait à présent. Son métabolisme ralentit peu à peu les battements de son coeur pour se calquer sur le rythme lancinant de la mélodie et peu à peu son pouvoir se manifesta en une sphère vibrante et les englobant tous deux. D'instinct il développa une nouvelle facette de son pouvoir qu'il avait essayé sur Louis auparavant : la communion du temps. Il ne savait pas comment cela fonctionnait au juste mais pendant que consciemment Illianna chantait, le temps s'égraina plus lentement faisant vibrer le son plus longuement, d'âme à âme comme dans un long moment d'éternité. Ce qui pour d'autre aurait duré le temps d'un chant, dura en faite une longue heure de communion et Daniel parvint a faire en sorte qu'illy le sache aussi et qu'elle le ressente aussi.
Ils restèrent là.
Illianna chantait et vibrait de toute son âme dans un chant inédit de sensation même pour elle.
Daniel, bouche bée, les larmes roulant.
Si proche l'un de l'autre, unis dans le temps alterné.
Lorsqu'elle eu terminé, Daniel résorba son pouvoir et toujours complètement sous le choc balbutia.


Tu..Tu n'es pas une sirène..tu es un ange ! c'est l'expérience la plus belle et la plus intense que j'ai vécu..je..non..je ne sais pas quoi dire...

Il secoua la tête pour indiquer qu'il ne pouvait pas continuer à parler.

Une de ses chansons préférée, celle que son père lui demandait souvent de chanter quand il venait de finir un travail long et pénible. Ilianna la connaissait par coeur. Enya, cette artiste bien connue, était la chanteuse préférée de sa défunte mère et Ilianna c'était fait un plaisir d'en apprendre toutes les chansons une a une. La voix de la jeune fille ressemblait un peu a celle de cette chanteuse en plus doux et peut être en moins assuré. Mais ca n'empêchait pas Ilianna de chanter chaque jours.

Elle n'en avait pas honte, au contraire, elle chantait sur demande ou a chaque fois qu'elle en avait l'occasion, elle adorait ca. Si bien que c'était venu tout naturellement pour Daniel, il lui suffisait de fermer les yeux et la mélodie venait toute seule. Elle ne savait plus ce qui pouvait bien se passer autour d'elle et elle s'en moquait. Quand elle chantait elle ne se concentrait que sur sa voix. Elle savait que Daniel était a côté d'elle et ca lui suffisait. Le savoir là, a côté d'elle, a l'écouter... c'était tout ce qui lui importait a ce moment.

Elle sentit pourtant quelque chose dans l'air, comme si des bras invisibles se resserraient sur elle. Mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Et elle entendit sa voix changer petit a petit, comme si elle s'étirait dans le temps, comme si elle se prolongeait encore un peu plus. Ilianna esquissa un léger sourire, elle aimait bien cette sensation. Et quand la chanson prit fin, elle regrettait presque que ce charme retombe. Elle rouvrit lentement ses grands yeux verts pétillants qu'elle reposa sur Daniel. Elle fut surprise de voir les larmes couleur sur les joues du jeune homme et pencha la tête sur le côté.

Elle sourit un peu plus quand il prit la parole. Finalement ca lui avait plus, c'était tout ce qui comptait. Elle vint poser sa main sur la joue de Daniel, souriant toujours, elle essuya du bout des doigts les larmes qui souillaient encore son visage.

"Alors ne dit rien... Si ca t'as plu, c'est tout ce qui compte pour moi..."

Daniel se racla la gorge, un peu gêné.

Si tu continue à m'émouvoir ainsi, tu vas finir par me déshydrater...tu parles d'un exemple que je donne, me voilà à pleurer comme un gosse à qui on a volé son jouet préféré.
Et en plus j'arrive pas à décoller de ce lit à cause de mes blessures. Tu n'as rien de hystérique garde malade de Misery dans le livre de Stephen King au moins, ca m'ennuierai que tu me brises les jambes pour me garder ici !

Il leva un sourcil l'air pensif mais affichant une fois de plus son sourire charmeur.

Tu vas vraiment cuisiner pour moi alors ?? tu as VRAIMENT trouvé de la nourriture dans ce frigo, je ne me souviens même pas l'avoir acheté, je dois te paraitre le pire des hommes..

Il redevint sérieux une seconde et prit la main d'Ilianna dans la sienne.

Merci....je te promets de faire attention de ne pas me retrouver dans une situation analogue à l'avenir. J'ai un peu trop tendance à prendre des risques inconsidérés à mon age, c'est terminé, je ne veux pas prendre le risque de voir s'effacer ton sourire ou de ne plus entendre le son de ta voix.

Ilianna sourit doucement. Elle ne pensait pas que pleurer était une mauvaise chose, même pour un homme. Au contraire, pleurer signifiait qu'on était vivant tout simplement et qu'on était encore capable de ressentir des choses. C'était important pour elle, que les gens ressentent encore la joie, la peine, la haine. Tout les sentiments sont bons a prendre même si certains nous font souffrir. Elle pencha donc légèrement la tête sur le côté, son sourire se faisant plus doux pour lui faire comprendre que ca ne l'ennuyait pas et qu'elle était au moins contente de pouvoir faire naitre des émotions juste avec sa voix.

"Te briser les jambes? En voila une idée! ... Non je vais attendre que tu dormes pour t'étouffer avec ton oreiller, je préfère la méthode douce!"

Fit-elle en éclatant de rire, restant toujours assise a côté de lui sur le lit. Elle regarda en direction du plan de travail, l'eau avait djà bien bouilli, forcément une heure entière était passée pendant qu'elle chantait. Elle soupira un peu, heureusement qu'il n'y avait rien dedans sinon elle aurait du tout refaire. Elle regarda de nouveau Daniel en souriant.

"Gratins de pâtes au fromage... j'irais te faire les courses demain et je pourrais te préparer quelque chose de mieux, mais là c'est un peu tard pour y aller."

Fit-elle en souriant de plus belle, pensant déjà a tout les plats qu'elle pourrait s'amuser a lui préparer. Elle adorait cuisiner, elle le faisait tout les jours pour son père quand elle vivait avec lui. Parfois même son père venait cuisiner avec elle, le temps pour eux de discuter et de rire a coup de bataille de farine. Ce temps là lui manquait mais ce n'était plus une enfant, il était temps de faire sa vie toute seule, comme une grande. Elle revint a la réalité quand elle sentit la main de Daniel saisir la sienne. Frissonant légèrement elle reposa son regard sur lui. Elle tenait énormément a lui et elle ne supporterait pas qu'il lui arrive encore une mésaventure de ce genre... ca la terrifiait de songer qu'elle pourrait de nouveau le retrouver allongé au sol dans une marre de sang... Elle préférait ne même pas y songer.

"Prends soin de toi... Si tu me promet de faire attention a toi alors je garderais le sourire. Perdre de nouveau quelqu'un... je crois que ca me tuerais pour de bon."

Fit-elle en baissant un peu les yeux. Avant de secouer la tête pour ne pas trop y songer. Elle sourit plus sereinement pour ne pas inquiéter Daniel et se leva, allant rajouter de l'eau dans la casserole, laissant le feu bas avant de rajouter les pâtes. Il n'y avait plus qu'a attendre. Elle revint s'assoir a côté de Daniel en souriant... Pour une fois qu'elle avait l'impression d'être utile.

Daniel caressa sa joue et balaya une mèche rebelle dans un geste de tendresse. Il ne se souciait plus de la manière dont un tel geste pourrait être interprété, ca lui paraissait naturel comme si il existait une intimité immédiate entre lui et elle, il ne lui venait même plus à l'esprit qu'ils se connaissaient depuis peu car il lui semblait évident qu'à présent il n'avait "dormi" que pour être réveillé par elle.

Qu'on cuisine réellement quelque chose pour moi sans que je donne de l'argent en échange, c'est déjà merveilleux mais si c'est toi, c'est encore mieux ! Sincèrement ? tu veux venir à Paris avec moi ? Si c'est d'accord dis moi quand et je me ferai un plaisir de te servir de guide.
Je me sens idiot d'être cloué dans ce lit, j'enrage.
Sinon ? comment ca se passe chez Xavier ? Est-ce que tu te sens à l'aise ? as tu fini par trouver ce que tu y étais venu chercher ? Je me souviens que tu craignais d'être seul là bas, finalement, tu t'es fais des amis ?

Ilianna frissonna légèrement en sentant la main de Daniel sur sa joue mais ne s'en plaind pas. D'ailleurs pour être complètement honnête elle aurait eu envie qu'il continue encore. C'était un geste tout simple mais ca la rassurait tout simplement, ca lui faisait comprendre qu'elle comptait un peu aux yeux de quelqu'un, même si ce n'était qu'une façade éphémère ca lui allait.. même si ce geste ne voulait rien dire de plus, ca lui allait. Elle esquissa un léger sourire serein en le regardant avant de baisser le regard, rattrapée par sa timidité maladive.

"Évidemment que je veux venir avec toi... j'ai toujours voulu aller a Paris. Hum... je serais disponible d'ici une petite semaine.. mais ca va peut être faire trop tôt, non?"

Fit-elle en regardant de nouveau Daniel. Fit-elle avant de sourire de nouveau.

"Au moins quand tu es cloué au lit.. tu ne fais pas de bêtises!"

Fit-elle en riant un peu avant de se lever pour aller continuer de préparer a manger, terminant le gratinqu'elle mit dans un plat avant de le mettre au four. Encore quelques minutes de patience et ca serait bon.

"Chez Xavier? Hum...je cherche encore mais je crois que je suis une éternelle insatisfaite. Et pour ce qui est des amis, c'est vite dit mais j'ai rencontré une ou deux personnes, sympathiques. Donc ca va.. même si..."

Fit-elle en baissant un peu la voix.

"Même si je préfère... être... avec toi..."