Que de questions[Sven et Magnéto]

Le soleil brillait doucement dans le ciel, un ciel tellement bleu, un ciel tellement pur… Main en dessous de son menton, une jeune demoiselle était en train d’admirer le ciel de sa fenêtre, elle regardait les nuages d’un air absent et tellement rêveur. Elle se posait tellement de question, avait-elle sa place dans la confrérie, elle, pauvre petite mutante sans intérêt ? Un pouvoir ? Oui, elle en avait un, l’invisibilité mais celui-ci servait-il à grand-chose ? Elle en doutait réellement, elle n’en avait pas l’impression. Un soupire s’échappa des lèvres rosée de la demoiselle aux yeux bleus, elle détourna la tête et attrapa sa veste d’un geste lent, elle devait prendre l’air. Elle marchait dans les couloirs, sa veste dans sa main, une démarche calme et assurée mais tellement douce et mystérieuse en même temps. Ses cheveux blonds pendaient sur ses épaules lui donnant cet air rebel et rêveur… Jade était belle, personne ne pouvait dire le contraire, mais elle, elle pensait être comme les autres même étant mutante. Elle se sentait tellement…bête ! Elle arriva dans le hall et poussa les deux portes, elle sortie alors de la confrérie et enfila sa veste en jeans blanche et remit ses cheveux en place. Elle s’arrêta un instant et regarda le ciel, une fois encore… Aucun sourire, juste des questions trottant dans sa tête…. Elle se remit alors à marcher, ses talons claquaient sur le sol.

Voila dix minutes que Jade marchait les yeux perdus dans le vides, elle se sentait réellement seule, peut-être tros seule. Son cœur se serra, son changement avait été radicale, son arrogance était évidente, son assurance aussi. Elle passa devant centre park, elle regarda celui-ci et décida d’entrer à l’intérieur, la pluie se mit à tomber doucement. Le ciel n’était plus si beau, elle leva les yeux vers les nuages gris, un doux sourire apparu sur ses lèvres. Tout le monde allait se mettre à l’abri sauf elle, elle, elle restait la sous les nuages gris comme sa vie ! Elle se remit en marche puis elle se mit à courir, il drachait mais qu’elle importance… La jeune demoiselle arriva alors devant une sorte de plaine de jeu avec des balançoires. Il y avait un petit abri mais elle n’y alla pas, elle se dirigea vers les balançoires. Elle s’assoie sur celle-ci, il pleuvait des cordes mais qu’importe, ses cheveux collés sur elle lui donnaient un air angélique et perdu. Elle se balançait au rythme du vent, elle leva le visage vers les nuages, laissant les gouttes d’eau tombés sur celui-ci avec douceur et élégance… Elle ferma les yeux, elle avait besoin de s’évader, oublier les question qu’elle se posait sur elle et sa place à la confrérie…

Invité

Voilà bien quelques heures que Sven Jorgensen avait quitté l'odieux chauffeur de taxi qui l'avait conduit jusqu'au coeur de New-York depuis l'aéroport J.F. Kennedy. Il savourait l'air frais et vivifiant qui dansait autour de lui, ballerine invisible et omniprésente. Le voyage depuis le Danemark avait été réellement éprouvant. Même s'il connaissait toutes les sensations provoquées par les décollages, les turbulences célestes et les atterrissages, Sven ne pouvait se départir d'une crainte viscérale qui se manifestait chaque fois qu'il prenait l'avion. Cette peut absurde n'était pas étrangère à la passion du "jeune" danois pour les engins volants. En effet, alors qu'il était enfant, imaginait-il qu'il pût un jour exister d'autres moyens de locomotion que la marche ou le cheval ? Nullement. Les progrès logistiques, depuis la locomotive à vapeur jusqu'à la navette spatiale, l'étonnait et le fascinait toujours, éternel enfant qu'il était face aux progrès techniques et technologiques de l'être humain.

Mais lui-même n'était pas un être humain comme les autres. Alors qu'il remontait la Cinquième Avenue, ses pensées se brouillèrent. Un mutant, voilà ce qu'il était depuis l'origine de sa vie, depuis sa naissance. Nulle explication métaphysique n'avait jamais suffi à satisfaire la curiosité de ce jeune chrétien dont la foi n'avait cessé de décroître au fil des années. Plusieurs siècles avaient passé depuis la première manifestation de son pouvoir, et alors que la pluie venait timidement troubler la quiétude des citadins pressés, Sven prenait le temps de repenser à son incroyable parcours, des landes danoises jusqu'au sol goudronné de New-York. S'il avait eu suffisamment de recul, Sven Jorgensen eut remercier le ciel : si toutes ces années avaient de lui ce qu'il était, elles ne lui avaient jamais ouvert la porte du cynisme, de l'ennui ou de la lassitude. Au contraire, Sven s'émerveillait de chaque nouveauté, de chaque découverte. Du plus inisgnifiant des biscuits à la crème aux plus grandioses prouesses médicales, Sven observait avec l'oeil du curieux et l'esprit de l'enfant ces hommes qui, conscients de la rapidité d'une vie humaine, se pressaient d'étudier le monde alentour. Ce boulanger ne craignait-il pas que son pain ne cuise trop ? Ce livreur ne craignait-il pas de crever à l'angle de la septième ? Cet enfant ne craignait-il pas de grandir trop vite ?

Peut-être craignait-il de grandir, tout simplement. Comment ne pas le comprendre ? Les dernières nouvelles ne laissaient rien présager de bon pour l'avenir proche de l'humanité dans son ensemble. Les humains et les mutants se faisaient face, pour le meilleur comme pour le pire. Mais même la solidarité et la fraternité ne pourrait venir à bout de la jalousie, de la peur, ou de l'orgueil. Une guerre allait-elle éclater ? Le jeune Danois verrait-il une nouvelle Saint-Bartélémy ? Faudra-t-il tous les tuer et laisser Dieu reconnaître les siens ? Un sourire déchira le paisible visage de Sven qui riait à présent de la stupidité de ses réflexions. Il se promenait à présent dans Central Park, là où devait le rejoindre son contact à New-York. En effet, il avait décidé de quitter sa paisible retraite de bohême et de reprendre du service. Officiellement, il était là pour une série de concerts. Officieusement, il espérait rencontrer quelques autres mutants, pour discuter avec eux, découvrir d'éventuelles organisations, et songer avec eux à l'avenir de l'espèce humaine au bord d'un schisme dévastateur.

Sans s'en rendre compte, il venait de pénétrer sur une aire de jeux où somnolaient quelques balançoires. Sur l'une d'elle, une jeune demoiselle demeurait pensive. Sven ne voulut pas troubler l'éventuelle introspection de la jeune femme, mais il ne voulait pas non plus rester seul à caresser les pages jaunies du livre de sa mémoire. Egoïstement il se dirigea vers elle, serrant entre ses doigts la poignée de sa lourde valise noire.

"Excusez-moi, mademoiselle ...auriez-vous l'heure, s'il vous plaît ?"

Il avait dit cela naïvement, avec un fort accent danois. Il se retint de se gifler tant la stupidité de sa question le fit rougir.

Invité

Magnéto était un homme discipliné, consciencieux, extrêmement calme, du moins, nombre de ses pairs le croyait ainsi. Sauf qu’ils étaient complètement dupes et assez candides pour croire de pareilles balivernes. Notre cher fondateur de la Confrérie des mauvais mutants avait le cerveau d’un génie scientifique comparable au grand Einstein, cependant, il était un être particulièrement torturé. Voyez vous-même ;
Erik Lehnsherr longeait les murs de son bureau, effleurant de ci de là la paroi dure et froide. Il semblait comme un lion en cage, pris dans un étau infaillible. Pourtant, il faisait le tour de l’arène dans un ordre bien précis. Sa démarche régulière formait un losange qui revenait forcément à son bureau d’où il repartait aussitôt. Il était seul évidemment. Il se focalisait sur ce cercle vicieux tandis que tout à l’intérieur divaguait en plans machiavéliques ou bénéfiques pour sa société. Un spectateur extérieur et présent sur le ring l’aurait cru fou ou bien sorti de l’asile. Mais le vétéran, bien que dérangé en son for intérieur, n’était point fou. Il était raisonnable, un brin calculateur…Mais pas encore sénile, loin de là. Sa matière grise était jeune et vive. Son aspect extérieur pouvait faire dire le contraire. Il avait bien vieilli depuis sa première rencontre avec Charles…Toutefois, son aura était si charismatique, que n’importe quel psy aurait affirmé qu’il n’était pas fou. Juste insomniaque, agacé et impatient, surexcité, frénétique, stressé, anxieux dans les pires moments…mais pas fou. Je me répète ? Ah oui…

Un bruit caractéristique de pas, ou plus précisément de talons, le réveillèrent de sa torpeur lourde et à la limite du délire. Magnéto se demanda qui pouvait bien porter des talons aussi bruyant que même lui entendait du fond de son antre close. Il n’y avait pas trente-six mille solutions : vérifier par soi-même, voire offrir quelques remontrances à quelqu’un, qui sait ?
Attrapant son manteau –il comprit rapidement que la personne sortait du bâtiment –il se dépêcha d’imiter ce qu’elle venait de faire. Le soleil l’éblouit alors qu’il se tenait sur le pas de la porte d’entrée. Il vit une silhouette familière se glisser lentement dans les rues de New York.
Jade ? Notre ami se retint de l’interpeller. Cela ne se faisait pas, mais la filer, non plus ! Diantre !
Prenant finalement une décision en ayant recouvert entièrement ses esprits, Magnéto se dirigea à sa suite. Leurs pas les menèrent à Central Park alors qu’une pluie fine commençait à tomber…

« Comme au premier jour… »
Leur rencontre avait eu lieu ici même, dans ce parc, un jour de pluie.
Ce souvenir se rappela à sa mémoire brusquement. Tous les éléments concordaient…Chaque chose était à sa place. Le mentor de la jeune fille parvint à la suivre sans se faire repérer. Il resta à proximité de l’aire de jeux vidée de ses occupants habituels. De son regard électrique, il l’observa un bref instant de sa cachette qui n’était autre qu’un vieux rocher gigantesque.
Jade Solis rêvassait comme à son habitude. Ce n’était qu’une enfant après tout. Sa mine étrangement fade et sibylline le fit culpabiliser. L’enrôler si jeune alors et…Attends une seconde pépé, elle était seule, désespérée et n’attendait que toi pour être rapatriée ! C’est de sa faute et non de la tienne. Elle s’est jetée tête baissée dans la gueule du loup, tu ne pouvais rien y faire. -Exact.
Le maître du magnétisme soupira en silence, las. D’ailleurs, il se demandait derechef pour quelle raison il l’avait suivit…
Au moment même où il allait se dévoiler, un jeune homme fit son apparition. Erik s’arrêta net. Etait-il…mutant ? En tout cas, il avait tout de suite repéré son côté nordique, l’accent ne trompait pas. Lui-même avait connu pas mal de gens de l’est de l’Europe. Les camps de concentration avaient décidément fait des ravages...Mais cela lui avait permit de faire moult rencontres en fin de compte.
Magnus se demanda si son plan drague & abordage aurait un quelconque effet sur sa pupille, elle qui était si rebelle à présent. Il resta simple assistant de cette scénette. Voyons voir quelle sera la réaction de Jade…Il arborait désormais un sourire énigmatique tandis qu’il gardait un œil curieux et attentif sur les deux jeunes gens.

Jade était la, elle était seule, perdue une fois de plus. Elle était si jeune, elle était si…fragile dans un sens. Elle ne se comprenait pas elle-même, comment voulez-vous qu’elle comprenne le monde ? Elle baissa la tête vers le sol, elle se balançait doucement, regardant l’herbe venir sous ses chaussures, elle se sentait tellement bête dans un sens. Où avait-elle sa place réellement ? Pourquoi était-elle dans la confrérie ? A quoi servait-elle réellement ? Aucune idée, tellement de question qui venait en elle comme toujours… Aurait-elle un jour une vie normale ? Où même, une question tellement stupide…aurait-elle des parents de nouveaux ? Elle n’en pouvait plus de se poser tans de question, pourquoi elle, elle n’avait rien demandé à personne. Elle avait toujours rêvé d’un monde meilleur, d’un monde ou elle aurait sa place même étant mutante ! Peut-être que ce monde n’existait pas, elle serait toujours dans la foule, immobile comme une statue cherchant son chemin du regard sans oser bouger. Jade releva doucement les yeux vers l’horizon, elle n’avait pas entendu Erik la suivre, elle n’entendait pas un jeune homme approcher d’elle. Elle sentait juste la pluie tomber sur ses joues roses de froid, ses mains glissaient sur la corde de la balançoire et ses yeux étaient fixés vers le lointain. Elle entendit alors une voix venir à son oreille, elle leva tout doucement les yeux, mais tellement doucement qu’on aurait cru qu’elle pleurait, qu’on la dérangeait aussi.

Un jeune homme se présentait devant ses yeux, celui-ci avait un fort accent, il ne venait pas d’ici… Elle le regarda calmement, elle se balançait toujours d’un air rêveur, elle le regardait droit dans les yeux. Non, elle n’était pas mal polie mais elle était toujours perdue dans ses pensées au moment même ou elle le regardait, elle prenait doucement conscience qu’on venait de lui parler. Elle entendit le tonner rugir à ce moment la, elle leva alors les yeux vers le ciel sans répondre à la question du jeune homme, elle était perdue à ce moment précis. Puis, elle n’avait pas l’heure non plus, elle n’avait jamais l’heure… Elle préférait se balader tel une âme qui cherche son enveloppe charnelle et ne pas regarder l’heure. Elle, elle aimait regarder les choses de la vie, profiter des éléments qui vivaient sur terre tel la pluie se qu’elle adorait…la nature, le ciel, le vent… Elle regarda alors devant elle d’un air calme, absent comme toujours, elle ouvrit la bouche pour répondre

« Non, je n’ai pas l’heure »

Elle ressenti alors une présence, autre que celle du jeune homme et la sienne. Elle tourna les yeux vers la droite, elle vit alors une ombre pas très loin, cette ombre qu’elle connaissait… Magnéto… Que faisait-il ici ? Elle fixa vers lui calmement, elle continuait de se balancer au rythme du vent, comme si rien d’autre ne la préoccupait… Enfaîte, il y avait tellement de chose qui la chamboulait en ce moment même. Elle c’était jetée dans la gueule du lion alors qu’elle était tros fragile, elle avait du changée radicalement et ce changement tellement rapide n’était pas vraiment bon pour elle. Elle arrêta brusquement de se balancer, elle s’aida de ses pieds pour freiner. Elle tourna les yeux vers le jeune homme, elle demanda alors

« Tu es un mutant ? »

Une question brutale peut-être mais elle pensait que si Magnéto était la c’était pas pour rien et surtout pas pour elle…

Invité

Ce qu'il fallait savoir, à propos de Sven Jorgensen, concernait directement sa mémoire. Elle était infaillible. Elevé dans des conditions de précarité qui relevaient presque de la maltraitance, il avait très tôt appris à organiser ses pensées pour se rappeler des moindres détails de son existence. Ainsi se rappelait-il avec exactitude, entre autres, de tous les endroits qu'il avait visité, et de toutes les personnes qu'il avait pu rencontrer au cours de sa vie curieusement longue. Il se souvenait avec amusement de la frivolité des françaises, toujours en quête d'élégance. Avec amertume, il se rappelait la glaciale beauté des damoiselles russes, plus tranchantes que les stalactites ornant les bulbes de leurs églises. Avec clémence, il se rappelait du sérieux des anglaises, toujours bien assises sur une situation matérielle stable mais pourtant éphémère. Mais s'il se rappelait d'une chose, à propos des américaines, c'est qu'il fallait s'attendre à tout de leur part. Un autre aurait été surpris du comportement pour le moins étrange de la demoiselle qui se balançait avec une indifférence méditative. Mais Sven avait perdu l'habitude de s'étonner ouvertement de tout. Il préférait largement garder pour lui ses états d'âmes. N'est-ce pas ce qu'on nomme la sagesse, d'une certaine manière ?

« Non, je n’ai pas l’heure »

Sven baissa les yeux et crispa sa main sur sa valise. Brutale, sa réponse avait ramené le jeune danois au pathétique de sa propre question. Empreint d'une courtoisie étudiée depuis de longues années, il s'offrit une contenance en passant négligemment sa main libre dans ses cheveux humides. Une douce fraicheur caressa le bout de ses doigts pour se répandre à travers son bras. Il se rappela sa première rencontre avec Helena Vannerkover, une grande comédienne de la Belle-époque. La jeune dame qu'elle était alors avait réagi comme venait juste de le faire la jeune demoiselle qui faisait face au musicien. Les femmes avaient-elles un problème avec le temps, avec les montres ? Un curieux mystère qui demeurait sans réponse, probablement depuis l'invention du cadran solaire !

Un sourire, à nouveau, se coucha sur le visage de Sven, qui ne souhaitait pas paraître impoli ou mal élevé. Il s'apprêtait à s'introduire auprès de la demoiselle quand celle-ci s'exprima sans préavis :

« Tu es un mutant ? »

La question gifla Sven qui ne souriait plus. Ce n'était pas une chose que l'on pouvait entendre dans une conversation de convenances. Ce n'était pas un simple "Et vos parents, comment vont-ils ?". Ni même un curieux "Et votre amant ?". Cette question, Sven ne la redoutait pas mais savait qu'elle était riche de conséquences, bénéfiques ou néfastes. En effet, répondre positivement ou négativement aurait nécessairement des implications en fonction de la nature même de la personne qui posait la question. La demoiselle elle-même était-elle une mutante ? C'était probable. Seul un mutant pouvait sans honte ni crainte interroger ainsi les parfaits inconnus, pour se renseigner. Mais peut-être était-ce la crainte qui dictait cette question à cette jeune humaine troublée, effrayée par les perturbations qui animaient les relations humaines dans leur ensemble ? Prudent, le jeune danois fronça légèrement les sourcils et posa sa valise.

"Une telle question, alors que vous ignorez jusqu'à mon prénom ... Ce n'est pas très ... conventionnel."

Sven plongea ses yeux dans le regard fuyant de la demoiselle. Nul besoin de télépathie pour deviner qu'un trouble agitait ses pensées confuses. Mais n'était-ce pas une ruse destinée à le tromper ? Préférant envisager toutes les possibilités et se fier à la pire, Sven reprit la parole en gratifiant sa voisine d'une large sourire légèrement taquin.

"Je suis un mutant. Mais laissez moi vous poser à mon tour une question ... Comment vous appelez-vous ?"

Invité

Le « Je suis un mutant. » dit avec ce même accent singulier ramena le vieil homme à la réalité et à ce qui se déroulait devant ses yeux. Il avait été en effet plongé dans ses pensées confuses, luttant ardemment contre l’apathie qui le reprenait lentement.
La scène devenait à partir de là vraiment intéressante…pour lui, simple spectateur. Jade renvoya le jeune homme dans ses petits souliers...Erik eut une pensée pour le pauvre étranger. Se faire réduire a quia de cette manière n’avait rien d’agréable. Il effaça son sourire narquois et reprit son air sombre, méphitique et poursuivit son introspection du théâtre vivant. Après la question brutale qu’avait posée Jade, elle ne manqua pas de le remarquer dans son coin obscur. Touché coulé.
Magnéto leva les yeux au ciel. Il savait exactement pourquoi elle avait interrogé l’inconnu. Pour lui…
« Quelle délicate attention, mais ce n’était pas la peine » pensa ce dernier, embarrassé par ce geste loyal. Bon, il devait prendre les choses en main. S’enroulant dans son long manteau noir, il descendit le chemin menant à l’aire de jeux, se sentant pleinement assuré. Il pénétra dans leur champ de vision en peu de temps. Il gagna la balançoire où se trouvait assise la jeune fille, posa une main chaude sur son épaule frêle. Il lui glissa à l’oreille un secret, ou du moins, un petit commentaire :

« Tu n’étais pas obligée de faire ça…pour moi. Je t’ai suivie et je m’en excuse sincèrement. »

Il avait dit pour une fois la vérité. Il était lui-même dans un état de confusion et ne comprenait toujours pas pourquoi il lui avait emboîté le pas. Enfin, il se tourna vers le jeune homme et lui adressa la parole avec une certaine cérémonie. Il aurait voulu lui préciser qu’un gentleman se présentait avant la demoiselle…Bref, passons ce détail anodin pour le maître. Il le regarda dans le blanc des yeux, le surplombant de sa hauteur ; il était âgé mais avait le don de gagner le respect de la jeunesse d’aujourd’hui par ces simples faits :

« Veuillez pardonner mon interruption.
Je suis Magnéto, fondateur de la Confrérie. Je voulais être certain que Jade se portait bien, elle m’avait paru…tourmentée ces derniers temps. »

Il regarda tout d’abord la jeune fille avec chagrin. Elle allait somme toute très mal. Une discussion privée s’imposait, mais pour l’heure…ils avaient d’autres problèmes à régler. « Qui peut bien être cet étranger ? Il vient de loin, pour quelles raisons ? ». Méfiant, Magnéto ne lui accordait aucune confiance pour l’instant. Il restait sur ses gardes. « Un mutant de Xavier ? ». Il en doutait. Pis, il ne recherchait même pas à le recruter tant qu’il ne saurait pas qui il était véritablement.
Le vétéran porta à nouveau son attention vers le jeune homme en tournant sa figure usée vers lui :

« Et vous ? Qui êtes-vous ? Que cherchez-vous à New York ? Peut-être que je peux vous aider d’une quelconque manière… »

Il avait dit cela sans sous-entendu précis, juste pour la forme. Magnéto engageait une conversation de courtoisie…Cela devait paraître plus qu’étrange à sa jeune confrériste. Notre protagoniste comptait bien protéger la jeune fille s’il le fallait…après tout, il s’était contre toute attente attaché à elle plus qu’il ne l’aurait jamais imaginé.

Jade venait donc de répondre assez brutalement au jeune homme, elle n’en avait pas vraiment l’intention mais c’était venu tout seul… Avant, elle ne lui aurait même pas parlé, elle n’en aurait pas trouvé le courage, elle ne l’aurait pas supporté. Après lui avoir répondu qu’elle n’avait pas l’heure, elle lui demanda si il était un mutant, elle n’avait plus vraiment peur des humains, elle les haïssait certes, elle ne pouvait plus les voir en photo. Elle souffrait de tros en pensant à eux, car certes elle avait changée mais au fond d’elle, elle gardait toujours ses souvenirs si douloureux… Elle aurait tellement voulu oublier, perdre la mémoire mais cela ne lui était pas permit, elle devait vivre avec son passé douloureux, avec ses souffrances que personne ne pourrait comprendre. Elle avait donc stoppé sa balançoire, elle avait remarqué Erik, ses yeux c’était posé sur lui comme si ils se posaient sur un être aimé alors qu’elle ne le connaissait que très peut. Peut-être parce qu’il avait fait beaucoup pour elle à ses yeux, il l’avait accepté et tel qu’elle était. Il l’avait fait changé, il lui avait fait ouvrir les yeux sur ce monde chaotique maintenant qu’elle le voyait ainsi. Elle baissa doucement les yeux, elle entendit alors la réponse du jeune homme qui dit que lui poser une question tel n’était pas…super dans un sens alors qu’elle ne connaissait même pas son nom. Un nom…a quoi bon en porter un, cela n’était qu’un nom. Un nom ne représente pas la personne, un nom c’est juste un mot... Elle regarda le jeune homme d’un regard assez fuyant, elle ne le connaissait pas c’est vrai et alors ? Jade avait encore du mal à garder tros longtemps son regard dans celui d’une autre personne, elle l’entendit alors dire qu’il était mutant, elle savait que Magnéto l’avait entendu lui aussi. Ainsi, il savait et elle aussi, mais à elle, sa ne lui servait pas à grand-chose. Malheureusement… Il lui demanda alors son nom, comme elle se nommait, elle leva doucement les yeux vers lui, tel une demoiselle qui n’a plus rien à perdre. On voyait, on sentait qu’elle n’était pas bien dans sa peau à ce moment précis, on sentait que en quelque sens elle était perdue dans un monde qu’elle ne comprenait toujours pas.

« Un nom n’est qu’un mot que l’on peut inventer aisément…un mot que l’on nous donne à notre naissance pour le plaisir de nous le donner. Le mien n’est autre que Jade, mais cela n’est nullement important, le nom ne fait pas la personne »

Elle avait dit cela dans un doux murmure, comme si le son qui dépassait ses lèvres était faible, fade et sans espoir. Il y avait des jours comme sa, mais ses jours chez Jade étaient nombreux même si elle le cachait la plupart du temps. Elle entendit alors des bruits de pas, elle leva les yeux vers sa droite et vit Erik avancer vers eux d’un pas décidé, fière, neutre et tellement élégant comme à son habitude. Parfois, elle se demandait si il pouvait éprouver quelconque sentiment envers les autres, si lui aussi éprouvait la peine, la joie, la solitude, la lassitude… Elle n’en savait rien, elle n’était pas devin elle était juste une fille jeune et perdue, une fille qui savait juste se rendre invisible aux yeux de tous mais don le pouvoir grandissait de jour en jour. Elle gardait ses yeux posés sur Magnéto, un regard absent, comme si elle observait une simple ombre. Elle le vit venir vers elle et posé sa main sur son épaule, elle le vit approcher de son oreille pour lui dire une phrase. Il dit qu’elle n’était pas obligée de faire cela pour lui, qu’il l’avait suivit et qu’il s’en excusait sincèrement, elle sentait qu’il était sincère mais elle baissa simplement les yeux. Elle murmura tout doucement

« Vous n’avez pas à vous excusez, vous n’êtes pas venu pour rien… »

Elle se remit tout doucement à se balancer au rythme du vent qui chantait à son oreille, la pluie avait cessée de marteler la terre mais de gros nuages gris berçaient toujours le ciel. Jade, elle, regardait le ciel calmement écoutant à moitié se que les deux hommes se disaient, elle n’avait rien avoir dans la conversation elle devait laisser faire Magnéto c’était tout se qu’elle devait faire. Elle entendit alors Erik s’excuser pour cette interruption, qu’il voulait s’assurer qu’elle aille bien, qu’elle lui paraissait tourmenter ses temps-ci. Elle leva doucement les yeux vers l’homme, un regard toujours aussi vide d’expression. Généralement ceux-ci étaient remplis de choses, courage, douceur, bonheur, peine, terreur…mais la, non, rien ! Elle baissa de nouveau les yeux et dit

« La tourmente fait partie de la vie de chacun, plus chez un que chez l’autre… »

Elle avait toujours dis cela dans un doux murmure, elle regardait le sol se balançant comme une jeune fille qui n’avait rien d’autre à faire. Elle aurait pourtant pu profiter de la vie, mais à quoi bon, elle n’avait plus personne à qui se raccrocher. Elle aurait tellement voulu parfois, elle aurait voulu avoir une personne pour pleurer sur son épaule, rire avec elle, se serrer dans ses bras, lui confier ses tourmentes. Mais non, elle faisait cela seule, comme elle avait toujours apprit, pourtant, elle ne devait plus s’enfermée dans son silence qui était plus horrible que tout au monde. Magnéto s’adressa alors à Sven, il demanda qui il était et se qu’il venait faire ici, qu’il pourrait peut-être l’aidé en quelque chose. Jade regarda alors l’étranger droit dans les yeux, emprisonnant son regard dans le siens comme elle savait si bien le faire avec les gens. Oui, Jade avait un regard attirant et tout aussi étrange, ce bleu inhabituel, ce regard mystérieux en même. Il n’était pas rare qu’on se perte dans son regard, qu’on y plonge et qu’on aille du mal à revenir dans le monde réel. La jeune demoiselle avait planté son regard dans celui de l’étranger, comme si elle essayait de lire en lui, les yeux en disaient souvent longs sur la personne. Sans même s’en rendre réellement compte, elle avait cesser de se balancer une fois de plus… Elle fini par détourner tout doucement son regard du sien, elle posa ses yeux sur magnéto quelques secondes pour les posés par la suite sur les nuages gris.

Invité

« Un nom n’est qu’un mot que l’on peut inventer aisément…un mot que l’on nous donne à notre naissance pour le plaisir de nous le donner. Le mien n’est autre que Jade, mais cela n’est nullement important, le nom ne fait pas la personne »

Certes, un prénom n'est qu'un mot ... mais c'est un mot qui permet de désigner une personne, de s'en souvenir, de la reconnaître. Ils ne reflètent nullement la personne. Un nom n'a aucune importance pour les inconnus, ni même pour les intimes. Pourtant, n'est-ce pas également le remède à la peur que peut inspirer l'inconnu en lui-même ? Une chaise serait-elle plus effrayante si elle demeurait une chose sans nom, sans "consistance intellectuelle" ? De même, le pseudonyme que l'on se choisit, n'est-il pas tout le contraire de tout ce que le prénom représente ? Tel pseudonyme sera pour celui qui présente telle particularité. Magnéto, par exemple. Quel meilleur pseudonyme pour représenter le maître du Métal ? Mais "Magnéto" n'est-il jamais que cela ? N'est-il pas plus qu'une vulgaire capacité, si spectaculaire soit-elle ? Le prénom ne nous enferme pas dans nos identités, dans nos caractères aussi éphémères que la vague qui parcourt l'océan. Au contraire, le prénom n'est-il pas, dans son innocence et son inutilité, le seuil de la connaissance des uns et des autres, portail s'ouvrant sur les plus intimes jardins secrets ? Qui regarde le portail ne saurait voir les fleurs du jardin ... mais qui emprunte le portail pourra aller en humer le doux parfum.

Sven écoutait la jeune femme avec attention, conscient de la singularité de leur situation. Peu après, un vieil homme s'approcha d'eux. Sven distingua tout de suite le port noble et assuré de cet homme qui n'avait pourtant pas été épargné par l'épreuve du temps, comme en témoignaient les traits marqués de son visage impassible et courtois. Il portait ce qui s'apparentait à une longue cape noire rabattue sur l'épaule, et rappela au jeune danois le souvenir du vieux musicien Iyoris Vendeliart de Cracovie descendant les escaliers de marbre du Palais Garnier fraîchement construit à Paris à la fin du XIXème siècle.

« Veuillez pardonner mon interruption.
Je suis Magnéto, fondateur de la Confrérie. Je voulais être certain que Jade se portait bien, elle m’avait paru…tourmentée ces derniers temps. »

Magnéto ? Quel étrange appellation. Il ne pouvait s'agir que d'un pseudonyme, et comme cet usage était fréquent dans la communauté mutante, Sven en déduisit rapidement que ce vieil homme était lui aussi un mutant. La jeune demoiselle devait donc en être une, et la Confrérire devait être une sorte d'organisation de mutants ... une association vouée à l'entraide ? une institution destinée à offrir aux mutants une visibilité sur la scène politique ? un groupement réactionnaire ? Sven n'en avait aucune idée. Il était venu d'Europe pour chercher des mutants et observer la façon dont ils s'organisaient outre-Atlantique, mais il n'avait jamais réellement réfléchi à ce qu'il allait découvrir. Peut-être était-ce là le moyen opportun d'obtenir des réponses à ses questions ? Ou peut-être pas, car sans doute ce Magnéto, tout poli et courtois qu'il fût, était-il également méfiant et soucieux de protéger ses "confrères" d'éventuels curieux, d'éventuels espions à la solde de ces sociétés d'humains anti-mutants. Il se souvenait du groupe des "Croisés Vengeurs" suèdois, ces extrèmistes religieux qui oeuvraient en Scandinavie à la lutte contre les mutants. Anonymes, ceux-ci ne pouvaient toutefois se défendre contre les membres de ce groupe ultraviolent qui avait infiltré les plus hauts postes des gouvernements. Sven avait oeuvré avec beaucoup de discrètion et de patience pour obtenir la pénalisation des exactions anti-mutants, et même l'expulsion de la scène publique des membres de cette abjecte organisation.

« Et vous ? Qui êtes-vous ? Que cherchez-vous à New York ? Peut-être que je peux vous aider d’une quelconque manière… »

Le ton ne trompait pas l'esprit de Sven, depuis bien longtemps aguerri aux relations humaines. N'avait-il tout appris de l'art de la conversation dans les couloirs luisants et dorés du Château de Versailles ? Il s'inclina poliment devant le vieil homme et répondit calmement, toujours avec ce fort accent danois qui donnait quelques touches nordiques à son timbre et à sa voix.

"Je m'appelle Sven Jorgensen. J'arrive d'Europe, de Danemark. Je suis ici pour une série de concert. Je serai très flatté, ajouta-t-il avec un sourire entendu, si vous aviez entendu parlé de moi. Quoiqu'il en soit, si vous désirez m'aider, peut-être pourriez-vous m'indiquer la direction du Buckingham Hotel ?"

Il marqua une légère pause avant de reprendre, d'une voix plus sérieuse.

"Et peut-être ... puisque l'une des raisons de mon voyage est justement la rencontre et la compréhension d'autres mutants ...Et au regard de la curiosité que vous venez d'éveiller ... pouvez-vous me dire tout ce que les quidam mutants savent à propos de la Confrérie ? Je ne parle pas de m'en révéler les secrets les plus intimes ... mais plutôt de me décrire ce que tout le monde sait ?"

Invité

L’empathie n’était certainement pas la spécialité d’un ennemi numéro un de la société.
En outre, il se surprit à éprouver de la compassion envers la jeune fille qui, le visage mélancolique, regardait à présent les nuages annonciateurs de mauvaises augures. Le temps était bien une chose qu’il n’était pas capable de contrôler aussi aisément que le métal…
« Vous n’êtes pas venu pour rien… ». Le croyait-elle donc si cruel ? Sans doute. Il était à première vue venu pour sa seule compagnie. Quoiqu’il en soit, il était là et ne pouvait reculer, coincé dans une situation qu’il n’avait pas envisagée au préalable. Erik avait en face de lui un mutant, bien, et c’était l’occasion ou jamais d’en apprendre davantage sur les mutants d’Europe. Un si long voyage ne se programmait pas sur un simple coup de tête, un autre but devait motiver le jeune homme.
Magnéto avait volontairement délaissé Jade ces derniers jours pour des affaires qui le préoccupaient davantage, mais aurait-il dû ? Il avait longuement gardé un œil sur ses faits et gestes, son moral, sa capacité à surmonter sa solitude…tout en bloc. Il s’était dit qu’à présent elle avait droit à sa liberté. Mais il s’était trompé lourdement sur son compte. Encore trop jeune pour prendre du recul, elle s’enfermait dans sa carapace résistante à toutes épreuves. Magnéto regrettait ce qu’il s’était passé en elle. Il se sentait fautif en un sens puisqu’aujourd’hui son malaise n’était du qu’à son seul désir de la voir dans ses rangs. De plus, il avait conscience qu’elle s’ennuyait…Peut-être qu’une mission ravirait son goût prononcé pour l’action…Et qu’un peu d’adrénaline dans le sang ne serait pas mauvais pour sa santé mentale comme physique.
Le maître du magnétisme fronça les sourcils dans un geste subtil et délicat quand il entendit le commentaire énoncé par la jeune fille. Il y répondit sobrement :

« Eh bien, sache que quelqu’un se soucie de toi en ce bas monde. Tu n’es pas encore seule sur cette terre hostile, c’est une chance que tu dois saisir aujourd’hui, même si demain est un autre jour. Reprends toi Jade, il n’est pas encore temps de baisser les bras. Je ne suis pas ton père, je n’ai aucun droit sur toi et je regretterais de te faire la morale maintenant…sauf que je vois bien que quelque chose cloche dans ta tête. Je ne suis pas psy non plus alors si tu as des problèmes, tu pourras toujours t’adresser à quelqu’un. Je ne veux au fond que ton bien, loin de moi l'idée de te faire souffrir à t'obliger à rester chez moi... »

Son ton avait un arrière goût cynique mais ferme. Par ce « quelqu’un » il pensait à lui indirectement. Il avait été là du début à la fin, elle ne devait pas lâcher prise. Pas maintenant. Elle ne pouvait pas retourner en arrière vers ses vieux démons…ah il aurait espéré être seul avec elle pour régler cela, mais ils n’étaient justement pas tranquilles, pas encore.
Magnéto se tourna vers Sven Jorgensen, plus déterminé que jamais. Ce patronyme lui disait quelque chose. Il suivait l’actualité régulièrement et il appréciait l’opéra et l’art en général dans toute sa splendeur. Il hocha la tête, faisant signifier à son interlocuteur qu’il le connaissait, au moins de nom. Ensuite il reprit la parole avec une voix au timbre amer, grave mais très engageant finalement :

« L’hôtel que vous cherchez est situé à l’angle de la 57th rue et de la 6th avenue, il est tout près d’ici d’ailleurs. Sortez de Central Park par ce chemin, continuez, ce sera la deuxième rue que vous croiserez… Et pour ce qui est de la Confrérie et de ses intentions ; elle est un refuge pour mutants rejetés par l’homo sapiens. Pour faire court, nous sommes une bande de révolutionnaires cherchant à renverser les gouvernements en place afin d’asseoir un nouveau règne mutant et à assujettir les humains. Charmant n’est-ce pas ? Et en plus, je suis sérieux. »

Il lui lança un regard de connivence comme il savait si bien le faire pour rendre son discours important mais un tantinet absurde en soi. Magnéto avait pris cela sur le ton de la plaisanterie de salon, il ne désirait pas lui faire peur, juste lui résumer sa position et ce qui l'impliquait vraiment pour lui faire comprendre une chose : leur organisation était puissante et était capable des pires choses. Après, à lui de se construire une opinion. Il pouvait le prendre ou non au sérieux. Cela importait peu au vieux mutant.

« Vous l’aurez compris, je ne suis pas une personne saine d’esprit ni une personne très fréquentable. Ma tête a un prix qui ne fait qu’augmenter ces dernières années. D’un point de vue purement subjectif, je suis un être abject et à enfermer dans un asile jusqu’à la fin de ses jours…Mais objectivement, monsieur, j’ai des raisons qui me poussent à faire ce que je fais. J’ai une grande famille à gérer…mon quotidien n’est pas facile, je me terre quelque part, ici ou là, cependant, je défends une cause qui me parait juste, c’est la seule chose qui compte réellement à mes yeux ; notre espèce. »

Erik Lehnsherr s’exprimait avec verve et offrait un point de vue sympathique de sa personne en quelques phrases. Cela n’avait aucune destination exacte. Il s’amusait un peu avec ce discours en quelque sorte. Le Danois ne connaissait rien à ce qui se tramait ici, à New York, autant lui remettre sur un plateau une impression d’ensemble, un petit aperçu de sa personne et surtout lui donner les termes qu’il devrait juger seul. Le pour et le contre, le bien et le mal, même si Magnéto ne se contentait pas d’une vision manichéenne du monde.

Jade regardait doucement le ciel d’un air absent, elle n’avait plus rien avoir dans la conversation, enfin, c’est se qu’elle pensait vraiment… Elle senti quelques gouttes de pluie tombés de nouveaux, elle ferma les yeux et laissa son visage en l’air pour que la pluie tombe dessus. Elle devient alors invisible aisément, elle avait beaucoup plus de facilité et cela devenait totalement normal pour elle. Elle commençait même à rendre des objets invisibles avec elle, des personnes aussi quand elle les touchait et cela pouvait être très efficace mais cela était encore dure pour elle. On vit la balançoire allée d’avant en arrière comme si le vent la poussait simplement, pourtant, Jade redevient visible la tête penchée en arrière, les yeux fermés, profitant d’une légère brise qui vient caresser son doux visage. Elle entendit alors les paroles de Magnéto, elle ouvrit de nouveau les yeux. Elle le regarda calmement, personne ne c’était jamais souciée d’elle dans ce bas monde pourquoi cela changerait-il maintenant ? Voila se qu’elle se disait… Elle n’avait pas envie de quitter la confrérie, loin de la, elle s’y sentait bien mais inutile dans un sens et seule aussi même si elle faisait des rencontres. Drimor, Pyro et d’autres moins sympas que ses deux la. Elle ne le quitta pas des yeux mais ne répondit pas, elle n’en voyait pas l’intérêt.

Baisser les bras ? Elle l’avait fait quand elle avait 5 ans, depuis, elle avait du mal à remonter à la surface. De reprendre confiance en elle, s’attacher aux autres. Bien sûr on aurait pu croire le contraire quelques fois, mais se cacher derrière une arrogance, une force rebelle et parfois un silence n’était pas la meilleur des choses… Renier qui elle était peut-être la plus grosse des erreurs qu’elle avait faites, renier qui elle était au fond d’elle. Elle était la immobile sur sa balançoire, elle écouta Magnéto faire un petit discourt qui la fit légèrement sourire. Elle regardait le sol avec un certain amusement aux paroles de l’homme, le vent vient une nouvelle fois caresser son visage, laissant ses cheveux se soulever légèrement de ses épaules. Elle regarda l’horizon, les feuilles volées dans l’air comme une danse des plus enchanteresse. Elle posa ses yeux sur Sven et dit calmement

« Il est pas si méchant et fou qu’il aimerait le faire croire… »

Elle avait dit cela dans un murmure, encore un murmure comme si elle avait peur de réveiller quelqu’un ou de déranger la nature… Elle se dit alors que de venir dans la conversation était pas super, elle détourna alors une nouvelle fois les yeux pour regarder l’horizon. Elle savait qu’une fois seule avec Erik il voudrait lui parlé, savoir se qui se passait en elle… Mais seule elle savait se qu’elle ressentait, se qu’elle pouvait espérer et se qu’elle avait abandonner.

Invité

Sven écoutait attentivement les paroles du vieillard tout en observant le curieux manège de la jeune femme. Il formait tous les deux une combinaison très étrange : alors que Magnéto paraissait sûr de lui et déterminé, la demoiselle semblait hésitante et mélancolique. Alors qu'elle était en proie à une introspection méditative, lui restait impassible, pétri d'un pragmatisme presque écoeurant. Amusé par ce curieux tableau, Sven pensa alors qu'il avait bien fait de s'arrêter pour demander l'heure à cette demoiselle, et qu'il avait bien fait de rester de marbre alors que les événements prenaient une tournure particulière, et presque imprévisible. Magnéto ne lui apparaissait pas comme une personne impulsive et colèrique. Sven savait qu'il n'avait a priori rien à craindre, quoiqu'il sût également qu'il saurait s'enfuir d'un instant à l'autre, si nécessaire.

« L’hôtel que vous cherchez est situé à l’angle de la 57th rue et de la 6th avenue, il est tout près d’ici d’ailleurs. Sortez de Central Park par ce chemin, continuez, ce sera la deuxième rue que vous croiserez… Et pour ce qui est de la Confrérie et de ses intentions ; elle est un refuge pour mutants rejetés par l’homo sapiens. Pour faire court, nous sommes une bande de révolutionnaires cherchant à renverser les gouvernements en place afin d’asseoir un nouveau règne mutant et à assujettir les humains. Charmant n’est-ce pas ? Et en plus, je suis sérieux. »

Le visage impassible de Sven n'en démordait pas. Il demeurait là, comme figé dans les glaciers éternels de la Sibérie arctique, comme prisonnier des eaux profondes et noires de la mer Baltique. Ses yeux d'un bleu tourbillonnant à la manière d'un furieux maelstrom ne quittaient pas ceux d'un bleu électrique du vieil homme. Pensait-il que le jeune danois s'inquièterait de ses propos ? Pensait-il que, naïf et empreint d'un héroïsme mièvre, Sven s'indignerait des projets criminels et eugéniques du fondateur de la Confrérie ? Peut-être, et Sven ne put répprimer un sourire en coin. Il avait connu bien des humains, et beaucoup d'entre eux avaient eu des idées aussi follement "maléfiques" que celles présentées à l'instant par Magnéto. Quelle leçon Sven avait-il tirée de son expérience auprès de tous ces grands vilains de l'Histoire ? Le bien et le mal n'existait pas, la réalité ne se définit qu'en fonction de nos choix. C'est pour cela qu'il ne s'indigna pas des paroles de Magnéto. Ni ouvertement, ni intérieurement. Sven lui-même ne s'était-il pas comporté, au détour d'un siècle, comme un parfait psychopathe ?

«Vous l’aurez compris, je ne suis pas une personne saine d’esprit ni une personne très fréquentable. Ma tête a un prix qui ne fait qu’augmenter ces dernières années. D’un point de vue purement subjectif, je suis un être abject et à enfermer dans un asile jusqu’à la fin de ses jours…Mais objectivement, monsieur, j’ai des raisons qui me poussent à faire ce que je fais. J’ai une grande famille à gérer…mon quotidien n’est pas facile, je me terre quelque part, ici ou là, cependant, je défends une cause qui me parait juste, c’est la seule chose qui compte réellement à mes yeux ; notre espèce. »

Objectivement, subjectivement ... encore des mots qui n'avaient plus aucune saveur dans l'esprit du jeune danois. Les espagnols avaient objectivement décrété que les amérindiens méritaient leur triste sort. Pourtant, n'est-ce pas subjectivement qu'aujourd'hui, beaucoup sont ceux qui se lamentent sur la fin tragique des empires incas, aztèques et mayas ? Apparamment, Magnéto souhaitait bien faire comprendre à son vis à vis qui se trouvait en face de lui : un vieil homme abject, répugnant de vilénie, et méchant jusqu'à l'os. Mais Sven ne le voyait pas ainsi. Au contraire, Sven éprouvait même une étrange sensation à l'égard du vieil homme, un mélange de compréhension compatissante et de respect pudique. Il oeuvrait pour une cause qu'il croyait juste. N'était-ce pas suffisant pour Sven ? Il avait endossé la lourde armure derrière laquelle tous les mutants trouveraient un refuge sûr et une aide certaine. Le jeune danois n'avait que faire de la justesse objective de son combat, de la réalité d'une "bonne cause". Peut-être parce qu'il naquit dans une époque marquée par la foi et la ferveur, Sven comprenait ceux que d'autres refusaient : croire est souvent plus fort que savoir.

"Les américains ne cesseront jamais de m'étonner. Les mutants européens auraient sans doute beaucoup à apprendre de vous ..."

Méditatif, Sven contemplait toujours Magnéto d'un regard insistant, formulant en lui-même tout un tas d'hypothèse pour essayer de percer le mystère entourant l'aura du vieil homme. Quel sombre périple avait façonné cet homme courageux, déterminé et animé d'une foi peu commune pour la cause qu'il défendait ?
"Je ne souhaitais pas vous importuner, ajouta-t-il autant à l'attention de Magnéto que de la jeune demoiselle au si charmant prénom. Mais il y a bien longtemps que je suis en quête d'autres mutants, et si mes voeux ont été comblé en Europe, je ne peux vous cacher quelle fut ma déception ... C'est du reste la raison qui m'a poussé à revenir en Amérique, après toutes ces années ..."

Invité

Comme cité un peu plus haut, Erik Lehnsherr avait passé une bonne partie de son adolescence dans le camp de concentration d’Auschwitz, avant de devenir le redoutable Magnéto. On ne connaît pas tous les détails concernant sa jeunesse, mais on sait qu’elle n’a pas toujours été de tout repos pour notre célèbre leader. Sa vie retraçait dans les grandes lignes le schéma classique d’une tragédie. Il avait certes connu l’amour et ses merveilles, mais un si bref instant, pendant une lueur bien éphémère…ne laissant qu’une vague réminiscence acquise avec le Temps, qu’une seule image cornée et effacée à moitié. Sa mémoire avait absolument tout bloqué…
Il avait même eu des enfants de cet amour, cependant, avait qu’il n’en prit connaissance, il méprisait déjà la race humaine. Et par conséquent sa bien-aimée. Il renia ses héritiers, enfants d’une mère homo-sapiens, qui n’avaient certainement pas choisis leur géniteur.
« Après toutes ces années… »
Jorgensen avait fait une pause suggestive après ses dernières paroles.
Laissait-il entendre qu’il avait vécu bien plus que…allez, une petite vingtaine d’années ? C’était en effet une possibilité. Pourtant, il pouvait très bien avoir vécu un moment en Amérique.
L’immortalité faisait-il partie de ses spécialités génétiques ? Perplexe, le vétéran entreprit tout de même de lui poser la question, essayant du mieux qu’il pouvait –en fait naturellement –de décrypter l’expression de son visage avenant qui était mi-amusé, mi-sérieux :

« Dites-moi…Depuis quand n’êtes-vous pas revenu aux Etats-Unis ? Que voulez-vous dire par toutes ces années ? On dirait que vous avez beaucoup d’expérience, je me trompe ? »

Pour une fois, il était vraiment désireux d’en apprendre plus sur son interlocuteur mystérieux qu’il commençait à peine à ne plus considérer comme un parfait jeunot.
Le regard brillant du maître du magnétisme passa de Sven à Jade qui, perdue dans l’abysse de ses pensées, n’avait pas dû suivre le fil de la conversation depuis belle lurette !
« Ce mutant est original à tout point de vue…je pourrais l’inviter à venir me rendre visite, cela le distraira. » Nonobstant cette agréable et joyeuse pensée à l’idée d’une prochaine rencontre avec l’étranger, il ne restait pas moins sur ses gardes.
Et puis « penser » n’était pas encore « faire » que je sache.

« J’en ai marre, assez de cette vie de m**** ! » se dit le mutant alcoolique.

« Au Diable l’alcool et ses méfaits ! »

s’écria-t-il en sortant du bar où il avait passé une bonne partie de sa nuit. Cet imbécile de barman lui avait encore refusé un verre car le trentenaire manquait d’argent.

« Et au Diable les petits billets verts ! »

Il était devenu dépendant de cette drogue après le divorce qu’il avait eu avec sa femme qui, découvrant la vérité sur sa vraie nature, avait refusé catégoriquement de lui confier leur enfant, le qualifiant ainsi de dangereux et d’incapable. Depuis, John Foreman errait dans les rues de New York le jour ; la nuit était réservée à la tournée des bars de la ville. Il n’allait plus franchement à son boulot, alors il volait, marchandait…

En passant par Central Park, il surprit les bribes d’une conversation provenant d’une aire de jeux ; sauf que les voix n’avaient rien de gamins surexcités. Elles étaient graves et masculines. L’homme s’arrêta, espionnant la scène. Il essaya de discerner les protagonistes de là où il se trouvait, c’est-à-dire le chemin près d’un immense rocher. Il s’isola d’ailleurs derrière ce dernier. Il eut un sursaut en reconnaissant l’un des deux hommes. Il était un symbole pour la communauté mutante et on en parlait régulièrement dans les médias. Ce mutant était recherché. Il mit enfin un nom au visage charismatique et fier. Magnéto, le fondateur d’une certaine Confrérie de mauvais mutants.
C’était l’occasion rêvée pour ce mec fauché. S’il capturait cet homme, il pourrait sans doute gagner une coquette somme d’argent ! Mais ils étaient trois en réalité. Cependant, la jeune fille sur la balançoire lui parut inoffensive tandis que les deux autres représentaient une toute autre menace pour lui…le dénommé Hermès. Il décida de tenter quand même sa chance. Il pouvait se déplacer à la vitesse du son, soit Mach 1, mais il lui arrivait d’atteindre Mach 2, soit deux fois la vitesse du son. Cela lui donnait un avantage certain. Il patienta encore quelques instants. Les effets inhibiteurs de l’alcool avaient complètement disparu. Un seul but, une seule ambition le concernait encore. Il retira sa veste et son chandail. Ainsi, il ne serait pas gêné par d’encombrants vêtements.
Enfin, il s’élança vers sa cible…

Sa cible n'avait pas bougé. Elle restait là, attendant la réponse du jeune Sven quand soudain un coup qui la frappa à une vitesse phénoménale vint se loger au creux de son ventre, l'interloquant. Un second coup à la tempe toucha Magnéto qui ne s'attendait sûrement pas à une attaque en plein Central Park. Il eut une dernière pensée : « Au réveil, ça va faire très mal… » avant de s'écrouler en silence, aussi digne qu'à son habitude...Le chasseur s'occupa à présent des deux autres...

Jade n’avait pas vraiment fait attention aux paroles des deux hommes qui parlaient ensembles, elle ne faisait plus attention à rien juste au vent dans ses cheveux or ondulants sur ses fines épaules. Elle se balançait calmement depuis le début, ne cherchant pas vraiment à entrer dans la conversation, laissant les deux hommes se parlés car ils avaient sûrement beaucoup à se dire. Puis, elle n’avait rien à dire il fallait l’avouer, deviendrait-elle une nouvelle fois de moins en moins bavarde ? Mauvais signe, très mauvais signe pour elle… Si elle revenait à tomber dans son silence se serait perdu, elle devrait tout recommencer. Certes, elle était moins peureuse mais au fond, elle restait toujours la même petite fille perdue dans ce monde. Oui, un monde qui jamais ne lui avait réellement sourit, un monde qu’elle avait toujours évité de comprendre. Elle avait toute sa vie cherchée à éviter les gens, à ne pas vraiment les comprendre et essayer de simplement se cacher dans la foule des vagues et de l’ignorance. Mais voila, maintenant c’était fini, elle avait reprit sa vie en main et était devenue une autre tros vite sûrement. Cela soulevait beaucoup de question en elle, peut-être aurait-elle du ne pas changer si vite et faire cela par étape ? Trop tard, c’était fait, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Jade se balançait quand elle senti un courrant d’air, elle vit alors Magnéto être propulser en arrière… Elle se stoppa mais directement elle devient une autre, le danger était présent elle devait donc réagir… Elle regarda Sven et dit cette fois sur un ton dure

« On est plus tout seul…A toi de voir si tu te bas ou si tu fuis… »

Elle devient alors invisible et vit un homme un peut plus loin, il disparu rapidement mais elle comprit qui il était. Il arrivait sûrement à courir très vite et donc sa ne serait pas facile de le stopper… Discrètement, elle approcha de Magnéto, apparemment c’était lui sa cible. Elle le vit juste devant Sven et elle courut rapidement mais dans un silence totale, Jade avait toujours été extrêmement discrète se qui était un avantage. Elle attrapa l’homme par la nuque rapidement et le fit valser en arrière, néanmoins, elle se senti rapidement envoyer vers l’avant et son dos percuta le sol. Elle entendit alors

« Où es-tu ? »

Ben oui, quand on est invisible, on ne peut nous voir et cet homme non plus… Puis, question stupide, comme si elle allait lui répondre… N’importe quoi ! Néanmoins, elle tapa sur le jambe de Sven pour dire qu’elle était juste à ses pieds. Son dos lui faisait assez mal du au choc, mais la nuque de l’homme ne devait pas être en super forme non plus. Elle plia une de ses jambes et pria le ciel que sa marche, elle envoya un coup sec dans le genoux de celui-ci et on entendit la rotule de celui-ci craque brusquement.

*Ca va te ralentir crétin*

Elle redevient visible et se redressa, un peut de sang coulait de sa joue mais rien de grave.

Invité

Lorsque Magnéto bascula sur le sol, projeté par une force invisible mais bien réelle, Sven sursauta, les sourcils froncés et les sens en alerte. Sa valise tomba lourdement sur le sol. Que s'était-il passé ? Il lui semblait avoir clairement vu deux coups portés au ventre et sur la tempe du maître du magnétisme. Pourtant, il ne parvenait à en distinguer la provenance, comme si l'agresseur était une personne invisible. Mais n'était-il que cela ? Les coups étaient portés avec trop de puissance pour un simple mutant doté du pouvoir de l'invisibilité. Au contraire, la façon dont les coups avaient été portés et leur précision rappela ses propres capacités au jeune danois. Ainsi, l'odieuse brute était capable de se déplacer plus rapidement que la normale. Mais jusqu'à quel point ? Jusqu'à la vitesse de la lumière ? C'était possible, et cette possibilité ne devait pas être négligée. Jusqu'à ce jour, Sven n'avait jamais connu d'adversaires plus rapides que lui. Ce jour sonnait-il le glas de sa supprématie en matière de vitesse ?

« On est plus tout seul…A toi de voir si tu te bas ou si tu fuis… »

Pour qui le prenait-elle ? Pour un lâche ? Pour un couard ? Il y avait bien longtemps que Sven avait démontré sa détermination et son courage. Naturellement, il aurait pu fuir en trop peu de temps pour que les spectateurs de sa fuite comprissent quoique ce fût. Mais Sven ne comptait pas abandonner le vieil homme et la jeune femme. Il ne doutait pas que ces deux mutants pussent se défendre seuls, même si les débuts de la lutte n'étaient guère encourageants. Mais il ne voulait pas que Magnéto et Jade se trompassent à son sujet. Il préférait être méprisé pour ce qu'il était qu'apprécié pour ce qu'il n'était pas. Jade devint alors invisible, et Sven fit volte face, quêtant du regard tout indice lui permettant de repérer la trace de la vilaine brute. Il n'avait pas encore décelé sa trace lorsque Jade tapa sur sa jambe. Il devina rapidement qu'il s'agissait d'un signal.

Alors que l'agresseur allait s'attaquer au jeune danois, on entendit le bruit caractéristique d'une rotule qui craque. Le mutant émit un hurlement plaintif et recula en vociférant des jurons quelque peu grossiers à l'égard de la jeune femme, qui était redevenue visible. Du sang coulait sur sa joue mais Sven comprit à son air déterminé qu'elle n'avait rien de grave. Il retourna son attention vers le mutant doté d'une grande rapidité. Celui-ci, mu par une rage peu commune, était affaibli par l'état de sa rotule, mais semblait toujours pouvoir faire usage de ses dons étonnants. Sven l'étudia très attentivement et en quelque seconde, il sut de quoi il s'agissait. Le mutant se déplaçait à la vitesse du son, et l'état de sa rotule l'empêchait de faire usage de sa vitesse en continu. Il ne pouvait plus que parcourir des trajectoires rectilignes. Cela ne semblait pas le déranger. Il s'élança vers Sven.

" Trop lent ! s'écria le jeune danois en esquivant le coup qu'il avait eu le temps de voir venir."

En effet, quand on se déplace à la vitesse de la lumière, on a le temps de compter son million sans se soucier du dard d'une abeille prêt à s'abattre sur vous à la vitesse du son. Surpris d'avoir raté sa cible, John Foreman essaya plusieurs fois, toujours sans succès. Lors de sa dernière tentative, Sven s'écarta aussi aisément et gracieusement qu'un cygne prend son vol, et saisit le bras de l'agresseur qu'il retourna en effectuant une clef très célèbre, et très utile. Le mutant alcoolique tenta de se défaire de l'étreinte douloureuse de Sven en tourbillonnant sur lui-même à la vitesse du son, mais il fut étonné de voir que Sven l'accompagnait avec une légèreté déconcertante. Tiraillé par la douleur et la frustration, il s'écria d'une voix rauque empestant à la manière d'une brume particulièrement nauséabonde.

"Mais qu'est-ce que vous me faîtes ?!"

Sven posa sur lui des yeux amusés mais flamboyants avec autant d'éclat que les plus hautes flammes des fournaises infernales. S'il appréciait de jouir d'une supériorité qui mettait ce John Foreman hors d'état de nuire, il détestait par dessus tout l'impolitesse.

"Je vous regarde courir, tout simplement. Il est très impoli d'agresser les honnêtes gens sans même se présenter. Maintenant, excusez-vous !"

Sven jeta un oeil en direction de Jade et de Magnéto, étudiant du regard si ceux-ci se portaient bien. Le vieil homme semblait inconscient, mais la jeune femme avait l'air plutôt en forme, et bien en formes ! Ainsi, elle pouvait se rendre invisible ? Quel don des plus fantastiques et des plus utiles, songeait Sven. Mais il y avait plus important.

"Tout va bien ? dit-il à l'attention de Jade avant de reposer son regard sur Magnéto qu'il espérait voir revenir à lui".

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John Foreman avait oublié ce détail capital. Le gène X. Ce gène qui permettait aux mortels de posséder des pouvoirs extraordinaires. Et les trois individus qu’il attaquait étaient en réalité des mutants, tout comme lui, bien que plus puissants. La fille se rendait invisible, coriace adversaire ! Et l’homme…bah, il ne comprit pas sur l’instant. Il avait pensé les duper avec sa vitesse digne du Dieu messager, cependant, il s’était fait avoir comme un bleu. L’avidité l’avait-il rendu imprudent ? Sûrement, à n’en pas douter. Il essaya en vain de se dégager du blondinet, sans succès apparent.

« Et… »

Le mutant lui coupa la langue, pas littéralement, je vous rassure. Il écouta les paroles du jeunot sans ciller le moins du monde. « Petit con ! » pensa-t-il si fortement que cela devait se lire sur son visage empli de folie furieuse. Lui, s’excuser ? Il le prenait pour qui ? Un simple citoyen ? Un civil peut-être ? Il jugea utile de cesser ses enfantillages. Tenter une quelconque riposte semblait impossible, il se calma. La pression sur son membre ne faisait que s’intensifier dans un crescendo terrifiant.

« Tu veux me casser un bras, c’est ça ? Tiens, prends ça fumier ! »

Mais son coup fut bloqué comme tous les autres. Du vouvoiement, il passait au tutoiement irrévérencieux, tout à fait exécrable. Sven Jorgensen, heureusement, tenait fermement cette canaille ambulante, ce danger public.

Erik revint lentement à lui, bien que complètement sonné par l’assaut soudain et violent. Encore étourdi, il se prit la tête à deux mains tandis qu’il prenait une position assise. L’ennemi ne l’avait pas raté en tout cas. Une migraine virulente lui frappait le crâne sans interruption. « Maudit mutant ! » se dit-il en relevant doucement le visage vers Sven puis vers son agresseur. Ce dernier ne comprenait pas exactement ce qu’il lui arrivait. Magnéto remarqua que le Danois avait maîtrisé l’homme avec une efficacité troublante. Il s’était réveillé lorsque le mutant avait porté un nouveau coup à celui qui le tenait, celui-ci avait intercepté le poing à une vitesse que le maître ne voyait même pas. Etait-il aussi rapide que son fils indigne, Pietro ? Lui en doutait fortement à présent, mais il chassa bien vite ses pensées pour se relever. Il essaya. La vacuité est amère. Son ventre le faisait souffrir et encore plus sa tête…Ses jambes ne lui obéirent pas, il resta donc dans la même position, soupirant. Il n’avait pas l’air si mal en point, quant à Jade, c’était une autre affaire. La petite avait réagit sans attendre, faisant face au danger, c’était bien son genre. Sauf qu’elle se retrouvait allongé par terre tout comme lui, une blessure pas très belle sur sa joue d’ange. La voix du vieil homme s’éleva dans cette petite aire de jeux, reconnaissante :

« Merci à tous les deux…Vous m’avez sauvé de cet ingrat personnage, mais il me semble qu’il ne m’ait pas laissé complètement indemne, alors si vous avez la gentillesse d’aider un vieux bonhomme, éclopé de surcroît…
Ah ! Monsieur Jorgensen, pouvez-vous lui régler son compte une bonne fois pour toute ? Ou au moins le rendre inconscient quelque temps…ça me serait utile. Ses insultes n’arrangent en rien ma migraine. »

Il fit un pâle sourire.
Il avait eu deux gardes du corps, quelle chance ! Seul…peut-être n’aurait-il pas été capable de se défendre. C’était peut-être pour cette raison qu’il gardait des acolytes en qui il avait à peu près confiance à ses côtés…

Invité

« Merci à tous les deux…Vous m’avez sauvé de cet ingrat personnage, mais il me semble qu’il ne m’ait pas laissé complètement indemne, alors si vous avez la gentillesse d’aider un vieux bonhomme, éclopé de surcroît…
Ah ! Monsieur Jorgensen, pouvez-vous lui régler son compte une bonne fois pour toute ? Ou au moins le rendre inconscient quelque temps…ça me serait utile. Ses insultes n’arrangent en rien ma migraine. »

Sven approuva d’un regard le vieil homme qui demeurait au sol, élégant comme jamais. Le jeune danois avait fréquenté bien des individus, et peu étaient capables de conserver panache et dignité en situation d’apparente faiblesse. Erik Magnus Lehnsherr était de ceux-là, toujours irréprochables et paisibles en toute circonstance. Bien sûr, ses colères devaient être terrifiantes, mais également rares. Sven avait appris, avec le temps et l’expérience, à garder son calme quoiqu’il advînt.

Il était loin, le jeune danois hésitant et frêle comme la plus haute feuille de l’arbre malmené par un hiver trop rude. Son regard revint vers l’individu impoli, rustre et primaire qu’il maintenait prisonnier entre ses bras. Le mutant avait abandonné tout espoir de fuite et, résigné, il observait le vieil homme qu’il avait cru pouvoir attraper facilement avec un mépris manifeste, justement exprimé à l’aide d’un éventail très large d’insultes en tout genre. Sven ne put en supporter davantage et l’assomma avec l’aide de sa précieuse valise. Inerte, le corps roula sur le sol.

Dégagé, Sven s’approcha de Magnéto. Jade semblait peiner à maîtriser la douleur émanant de ses blessures. Sven adressa un dernier regard au vandale inconscient.

« Les nuisibles … La force l’emporte peut-être au combat, mais seul le style impressionne la foule … »

Un bruit sourd attira l’attention de Sven Jorgensen qui fit immédiatement volte-face, son regard marivaudant tout autour de lui. Quelle autre menace allait jaillir de l’ombre pour les attaquer, cette fois ? Des fédéraux lancés sur la piste du Maître du Magnétisme depuis la mise à prix de sa tête ? Des mutants partisans d’un de ses adversaires ? Des fanatiques résolument aliénés ? Rien de tout cela : Jade venait de s’effondrer au sol, inconsciente, un mince filet de sang coulant de ses narines.

Sven s’agenouilla à ses côtés et l’inspecta rapidement. Il n’était pas médecin, mais après avoir échangé quelques regards avec Erik Magnus Lehnsherr, il sut que l’état de la charmante et jeune demoiselle n’était pas grave. Très probablement, ce surmenage émotionnel et physique avait eu raison du caractère pourtant bien trempé de la jeune femme. Le jeune danois saisit un petit carré de soie bleue dans l’une des poches intérieures de sa veste et s’en servit pour éponger le fluide vital sur le visage curieusement angélique de Jade Solis.

Où était-elle, à présent qu’elle paraissait endormie ? Probablement dans un monde où rien n’aurait su l’atteindre. Probablement dans un monde où la réalité n’est qu’une illusion, là où rien ne peut troubler la douce quiétude qui nous caresse le cœur … Peut-être rêvait-elle, qui sait ? Sven le souhaitait.

Il rangea le précieux mouchoir et revint vers Magnéto. Il aida le vieil homme à se relever et le fit s’asseoir sur la balançoire. Quelle situation étrangement ubuesque ! Voilà qu’il aurait pu pousser l’escarpolette pour un vieil homme qui aurait crié tel un enfant souhaitant toujours aller plus haut, plus haut que les oiseaux, plus hauts que les nuages, plus hauts … dans les étoiles ! Un sourire se dessina sur les lèvres de Sven, qui rosissaient dans l’après-midi finissant. Ainsi venait d’avoir lieu sa rencontrer avec l’un des chefs du plus gros groupement de mutants américains. Pour une première, quelle première !

Il s’en souviendrait à jamais, et rien ne viendrait écorner ces quelques pages de sa vie. Son voyage trouvait finalement quelque utilité, et il plaisait à Sven d’avoir pu faire bonne impression. Après tout, il représentait une mine d’informations colossales en matière de mouvance mutante européenne, et il le savait. Le négliger serait une erreur, car ce que l’Opinion publique nommait le « problème mutant » était un problème mondial.

Quelques badauds s’approchèrent. Sven, immédiatement sur ses gardes, les observaient avec méfiance mais il dut se rendre rapidement compte que ces quidams n’étaient pas là par hasard. Erik Magnus Lehnsherr semblait même les reconnaître et les accueillir avec une certaine gratitude suffisante. Saisissant sa valise, Sven les laissa s’approcher.

L’un d’eux vérifia l’état de Jade, et avant que le jeune danois eût dit quoique ce fût, il la porta entre ses deux bras. Deux autres s’empressèrent auprès de Magnéto qui chuchotait des ordres que Sven n’entendait pas. Qui étaient-ils, tous ? Des sbires du maître du magnétisme ? Des membres de la Confrérie ? Très certainement. Autrement, pourquoi auraient-ils accourus et obéis pour secourir Magnéto et son auxiliaire féminine ? Ils regardaient Sven avec une méfiance que le jeune danois, très indulgent, crut bon d’excuser. Ils s’apprêtèrent à partir, et Magnéto adressa un ultime regard au « jeune » homme. Sans attendre les premiers mots du vieillard, Sven prit la parole.

« En dépit des circonstances, j’espère que nous nous reverrons. J’ai longtemps parcouru le monde en observateur attentif, mais je crois qu’est venu pour moi le temps de quitter l’arrière du décor. Je ne saurais dire quels sont mes projets ni mes espérances, mais je sais déjà que nous serons amenés à nous revoir. Peut-être même oserais-je vous inviter à l’un de mes concerts ? Prenez ceci. »

Sven tira de sa poche un petit dépliant qu’il tendit à Magnéto.

« Voici le programme pour les semaines à venir. J’espère que vous aimez Mozart ! »

Peu après, Sven ajusta sa veste, serra contre lui sa valise, s’inclina devant le vieil homme, et disparut au détour d’un sentier de Central Park.

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