Le jour d'après

P.P. : Le Hall d’entrée (Bal)


Lénore était assise sur le bord de la piscine, les pieds dans l’eau jusqu’aux cheville. Pourtant, et malgré le temps radieux, elle n’était pas d’humeur à s’amuser. Ce qui s’était passé durant le bal continuait à la travailler, et elle ne comprenait toujours pas ce qui s’était passé, et surtout pourquoi. Quelle était la raison de ses élèves d’un institut qui semblait ressembler à celui de Xavier, de venir semer la destruction ? Ce n’était que le matin d’après qu’elle avait entendu qu’un élève avait été tué. Lénore n’avait d’abord pas pu y croire. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer ainsi ?

Mais quel était le problème de ces élèves ?! – Lénore aurait aimé comprendre, mais elle n’osait pas aller le demander à ses professeurs, et encore mois aux autres élèves qui, pour certains avaient l’air aussi secoués qu’elle. Vers qui pouvait-elle se tourner pour espérer comprendre ce qui se passait ? Si Lénore réfléchissait, elle en arrivait à la conclusion qu’elle aurait du poser la question à ceux qui étaient venus pour leur nuire, comme le gamin qui avait semé le trouble dans le hall d’entrée ou ce type ailé qu’elle avait, dans sa grande naïveté, pris pour un ange.

Etait-elle à sa place dans cet institut ? – Lénore commençait à en douter, surtout après ce qui s’était passé durant le bal. Et dire que son seul souci au début de cette soirée avait été le fait qu’elle n’avait pas trouvé de cavalier…

Reprise depuis le Bal


Roween avait passé une nuit agitée. Cette histoire d’attaque lui avait donné un peu de fil à retondre. Elle était restée des heures en-dehors de son corps, parcourant tout l’institut à la recherche de Confréristes à tourmenter et à chasser à l’aide de grands coups de pieds au cul spectraux. Malheureusement, le départ du Fléau avait entrainé une retraite générale de la part des Confréristes, si bien qu’elle n’avait rien eu de mieux à faire que de réintégrer son corps, resté dans l’immense vaisselier de la salle à manger. Le retour à son enveloppe matérielle après une absence d’une nuit s’était avéré difficile et surtout fatigant. De plus, elle avait mal dormi, sans cesse réveillée par ce qu’elle avait cru être des bruits de combats.
De plus, elle avait une dent contre les X-men, qui avaient laissé les élèves seules lorsque ceux-ci avaient du faire face au Fléau. Eh oui…à part celle qui se faisait appeler Malicia et la femme de glace qui était arrivé lorsqu’il était déjà presque trop tard, pas de trace des X-Men…par contre, ils étaient là lorsqu’il s’agissait d’octroyer de bons conseils, bien entendu…

Roween était donc d’humeur massacrante lorsqu’elle parcourait les couloirs après un frugal petit déjeuné. Partout, des visages tendus, fatigués et nerveux lui faisaient face. Visiblement, l’attaque n’était pas restée sans conséquences, et lorsque Roween entendit des rumeurs comme quoi il y avait eu un mort, elle ne voulu pas en savoir plus et partit se réfugier dehors.

En ouvrant la porte qui menait à la terrasse, elle vit que quelqu’un était déjà installé au bord de la piscine, place qu’elle convoitait. Roween grinça des dents et voulu déjà faire demi tour lorsqu’elle reconnu les cheveux très blonds de Lénore.
Parmi tous les élèves, Lénore était celle qui dérangeait le moins Roween, surtout qu’elle avait réussi à traîner la petite fille timide hors de l’institut afin de faire la fête, et même si cette journée ne se prêtait pas vraiment à en remettre une couche, peut-être que l’humeur morose se dissiperait plus vite à deux.
Sans prendre la peine de manifester sa présence, Roween s’arrêta juste à côté de la petite blonde, retira sas chaussures et s’installa juste à côté d’elle, avant de tremper ses pieds dans la piscine.
« Longue nuit, n’est-ce pas ? », commença-t-elle avec un sourire sans joie. « Ou étais-tu la nuit dernière ? Tu as pu botter les fesses à l’un de ces types ? »

Une fois de plus, Roween avait déstabilisé la petite blonde. Elle n’avait pas besoin de la faire parler pour le savoir, car les grands yeux étonnés parlaient pour eux.
« Je…je…non…j’ai…frappé personne », murmura Lénore et Roween n’avait pas le moindre doute que cela fusse le cas. Elle n’imaginait pas la pauvre petite Lénore attraper une hache et fracasser le crâne de l’un des attaquants – même si la scène aurait eu quelque chose de comique et digne d’un film d’épouvante, l’un de ces films dans lesquelles la blonde de service bottait le cul aux méchants.

Lénore retira son gant et plongea la main dans la piscine, alors que Roween se mit à agiter les pieds dans l’eau. Elle sentait que quelque chose semblait travailler Lénore, mais elle ne pouvait pas vraiment dire ce que c’était. Lénore fut celle qui révéla la raison de son front plissé : elle ne comprenait pas. Mais…elle ne comprenait pas QUOI, au juste ? – Il y avait des tarés dans ce monde, c’était ainsi.

„Que veux-tu que je t’explique, au juste?“, demanda Roween sans comprendre. „Ces petits mecs de la Confrérie ne nous aiment pas, c’est évident, ne me demande pas pourquoi, mais ils ne nous aiment vraiment pas, et ce qui c’est passé hier soir était sans doute une visite de courtoisie un peu particulière.“Roween haussa les épaules, posa les mains derrière elle et releva le visage vers le soleil qui était entrain de se lever timidement au-dessus des grands arbres du parc.
„Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’ai trouvé ça assez amusant…si je résume, je me suis bien éclatée…D’ailleurs, on avait pas vraiment le choix de faire autrement, vu que nos chers X-Men n’ont pas jugés utiles de venir nous donner un petit coup de main.“

Roween baissa la tête et regarda à nouveau le visage décomposé de Lénore. „Allez, ne fais pas cette tête-là! Tu vas bien, je vais bien, c’est une bonne raison de se réjouis, non?“

Visiblement, décoincer la blondinette découlait du miracle. Elle affichait cet air délicieusement décomposé, au bord du scandale, tandis que Roween ne voyait absolument pas pourquoi elle se prendrait la tête avec les évènements de la nuit dernière. Après tout, elle s’en était bien sortie et oui, elle s’était - par la même occasion - royalement amusée. Dommage pour les victimes…et tant pis pour elles. Entre temps, Roween avait compris que, malgré les beaux meubles et les tapis moelleux, il régnait dans cet endroit autant la loi de la jungle que dans les rues de New York. Conclusion logique : soit du bouffes, soit du te fais bouffer, et Roween aimait appartenir à la première catégorie, ayant appartenu à le seconde suffisament longtemps.

Lénore ne répondit rien et, finalement, elle se leva et s’apprêta à partir. Sans savoir vraiment pourquoi, Roween tendis la main et attrapa la blondinette par le bras. Bizarrement, elle n’avait pas envie de la laisser partir comme ça, mais voulait lui expliquer que tout n’était qu’une question d’attitude et, si elle voulait survivre ici, il fallait qu'elle change la sienne aussi rapidement que possible.
„Hey, une seconde! Ne te mets pas dans cet état pou ça! Allez, pose tes petits fesses et respire à fond, tu verra, y’a pas de quoi péter un plomb.“

Lénore allait se détourner lorsqu’elle sentit que quelque chose la retenait. La main de Roween s’était refermée sur son avant bras et sa camarade lui disait une fois de plus – à sa manière – de ne pas prendre toute cette affaire trop au sérieux et de reprendre place au bord de la piscine afin d’y écouter sa version des faits.

Normalement, Lénore se serait rassise, aurait regardé la surface de l’eau tout en écoutant ce que Roween avait à lui dire. Mais pas cette fois. Pas après la nuit qu’elle venait de passer et encore moins après le discours carrément je-m’en-foutiste de sa camarade. Cette fois, Lénore se sentait poussée à bout. Elle savait bien que tout cela résulterait dans un dialogue de sourd et que les deux opinions étaient bien trop différentes pour espérer trouver un terrain d’entente. Et d’ailleurs, elle n’était pas sure de vouloir en entendre plus. Elle voulait juste trouver un endroit où elle serait tranquille, où elle pourrait être seule…et loin de tout ça.

« Laisse-moi tranquille ! », dit-elle sans reconnaitre sa propre voix et attrapa la main de Roween de la sienne afin de la faire lâcher. A cet instant, ce fut comme un courant électrique qui lui parcouru tout le corps et la dernière chose qu’elle vit avant que tout autour d’elle ne disparaisse était son gant droit, abandonné négligemment au bord de la piscine.


Elle était légère, ne touchait plus terre. Pas d’obstacle, pas de contrainte, il n’y avait qu’elle et sa victime. Cette garce courait, tandis qu’elle-même prenait son temps. Là – un vase – elle l’attrapa et le lança avec un cri sur sa victime. Le vase s’écrasa juste derrière son ennemie, qui poussait à son tour des cris perçants et manqua de tomber, car le tapis avait pris vie et commencait à faire des vagues.

Lénore partit d’un éclat de rire et fonça derrière sa victime qui s’était mise à gravir les escaliers. Consciente de son avantage, elle traversa tout simplement le plancher et coupa ainsi la route à cette garce, qui se remit à crier comme une truie alors que deux tableaux et un porte-parapluie volaient à sa rencontre. La lumière s’allumait et s’éteignait à une vitesse folle tandis que la fille en détresse reculait et – tout échappatoire étant coupé – découvrit la trappe qui menait au toit.

Lénore décida de lui laisser le temps de monter tranquillement et de se demander si la chose qui était après elle la suivait – avant de se lancer à la poursuite de cette garce qui l’avait terrorisée des années durant. Elle apparut sur le toit et la vit courir quelques mètres devant. Bien…elle allait maintenant passer à la vitesse supérieure.
Lénore détacha une tuile et la lança. Un nouveau cri. *Alors, c’est comment ?*, songea Lénore en détachant une nouvelle tuile. Elle la lança. Elle n’avait pas visé, pas vraiment du moins…et pourtant, elle toucha la fille en plein de sur l’arrière du crâne. Lénore crut rêver lorsqu’e l’autre s’arrêta net, je mit à tanguer et fut entrainé vers l’avant, puis disparu dans le vite. Durant ce qu’elle ressentait comme une éternité, Lénore fut incapable de bouger, ni même de comprendre ce qu’elle venait de voir.
Jusqu’à….

Cette fois, c’est Lénore qui aurait voulu crier, mais elle ne pouvait pas. Non…ce n’était pas possible…tout cela n’était qu’un cauchemar et elle allait se réveiller. Sans y croire, elle fit enfin un pas en avant, puis un autre. Le vide se rapprochait inlassablement et elle allait voir…

Lénore mit un genou à terre et se pencha par-dessus le toit. La en bas, il y avait…




OCC: En attendant ton retour, j'ai fat le premier pas. Pour la scène de vision, j'ai prepris ce que j'ai trouvé dans ta présentation. Si il y a quelque chose à changer, fais-le moi savoir et, bien entendu, je corrigerai! A bientôt!

HJ : NOOOOON, laisse comme ça, ça déchire ! Par contre, Roween risque de ne pas trop apprécier…


Cette fois, Roween se demandait si elle n’avait pas été trop loin, car pour la première fois, Lénore affichait une réelle résistance, plus encore que lorsqu’elles avaient trompé le système de sécurité d’un grand magasin afin d’y faire leurs emplettes en toute tranquillité. La main gracile de Lénore se referma sur son avant-bras et se mis à tirer, mais avant que Roween puisse lui dire quoi que ce soit, quelque chose d’incroyable se produisit : elle n’était plus au bord de la piscine devant l’institut et même le soleil chaud de cette matinée avait disparu. D’un seul coup, il faisait sombre et elle avançait dans un couloir à une vitesse folle, à la poursuite de quelqu’un. Surprise, Roween mit quelques secondes à comprendre qu’elle connaissait ce couloir, cette semi-obscurité et toute la situation dans laquelle elle se trouvait.
Une fille courait au devant d’elle, tandis que Roween lui lançait des objets, traversait les murs et coupait court à toute tentative de fuite.

Tout cela ressemblait furieusement à un film qu’elle revoyait une seconde fois, avec les émotions en plus. Tout était à nouveau là : sa colère, sa haine et la volonté de faire du mal à cette garce qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs des années durant. Pourtant, Roween sentait également une présence toute autour d’elle, une présence qui n’avait pas été là la première fois. Elle n’était pas seule.

Lorsqu’elle parvint sur le toit, Roween savait comment cet épisode allait se terminer, et elle ne voulait pas le revivre une seconde fois. De plus, elle ne voulait pas que Lénore sache. *Arrête ça !*, hurla-t-elle à Lénore, de toutes ces forces, mais elle ne parvenait pas à se détacher d’elle. Cette sorcière la tenait prisonnière de son pouvoir qui n’était, ma fois, pas si inoffensif que ça.

Lorsqu’elle se vit prendre la seconde tuile, celle qui allait atteindre sa cible, Roween fit un nouvel effort pour se débarrasser de l’emprise de Lénore – peine perdue. La tuile s’envola, frappa sa victime qui tomba du toit. Une nouvelle fois, Roween sentit la panique l’envahir, puis se revit faire un pas, puis un autre, avant de se pencher dans le vide. Elle savait ce qu’elle allait voir, mais elle ne voulait pas à nouveau y assister.
*Sors…de…ma…tête !*, hurla Roween et, cette fois, elle se sentit capable de bouger. De tout son être, elle s’arracha à l’emprise de Lénore et parvint enfin à se libérer physiquement de cette main qui l’enserrait. Le contact était rompu.

L’instant d’après, Roween se trouvait à nouveau au bord de la piscine. Le front en sueur et le souffle court, elle avait l’impression de s’éveiller d’un cauchemar particulièrement réaliste – du genre avec son et lumière. Avait-elle crié ? – Elle ne le savait pas, mais en une seconde, elle s’était levée.
„Qu’est-ce que tu as fais?!“, hurla-t-elle, en s’empêchant à la dernière minute d’attraper Lénore par les épaules. Cette fille était dangereuse et, surtout, elle avait vu des choses…des choses qui ne lui appartenaient pas, qui appartenaient qu’à elle, Roween, et à personne d’autre. „Tu n’as pas le droit de faire ça, PAS LE DROIT, TU SAISIS?“ Roween aurait voulu frapper cette sorcière, mais elle avait aucune envie de revivre ce qu’elle venait de traverser. Ainsi, il ne lui restait qu’une seule option, décidément très inhabituelle : la fuite.

„Ne t’approches plus de moi“, murmura-t-elle soudain sur un ton de menace avant de se détourner et de repartir en direction de la porte.

Lénore sentait Roween se débattre, et elle aurait donné cher pour pouvoir enfin la lâcher et effacer les deux dernières minutes de sa vie. Elle avait pensé pouvoir contrôler son pouvoir…elle s’était trompée. Ce pouvoir maudit était toujours là et se réveillait quand bon lui semblait, lui rendait la vie amère et lui faisait faire du mal autour d’elle.

Pourtant, il y avait autre chose qui lui faisait peur : son pouvoir en était une, mais ce que Lénore venait de voir en était une autre. Oh, elle avait su dès le début que Roween n’était pas vraiment une petite fille sage, encore moins une Vierge Marie, et que sa mère n’aurait sans doute pas apprécié de voir sa fille se faire des amies dans ce genre. Roween bravait les interdits, volait, sortait le soir et faisait ce que bon lui semblait, mais tout cela, Lénore s’en était plus ou moins accommodé…mais cette fois…

…Cette fois, elle avait vu Roween tuer quelqu’un et là, ce n’était plus un jeu.

D’ailleurs, Roween semblait l’avoir compris elle aussi, car si les regards pouvaient tuer, Lénore était certaine qu’elle serait morte sur le coup sous le regard presque rougeoyant de celle qui avait presque été une amie.
„Qu’est-ce que tu as fais?!“, hurla-t-elle soudain, ce qui fit reculer Lénore car, cette fois, elle vit de la rage dans les yeux de Roween. Elle allait la frapper, Lénore en était sûre, et pourtant, Roween s’en empêcha. Lénore savait bien que sa camarade n’avait pas agi par simple bonté de coeur, mais parce qu’elle avait peur de la toucher. Or, sans pouvoir la frapper, les mots de Roween l’atteignirent comme des coups en plein visage.

„Tu n’as pas le droit de faire ça, PAS LE DROIT, TU SAISIS?“, hurla-t-elle encore plus fort et, lorsque Lénore pensait voir un coup arriver, Roween recula.
„Ne t’approches plus de moi“, murmura-t-elle soudain sur un ton glacial avant de se détourner et de repartir vers la porte.

Lénore vit les secondes passer : une seconde, puis deux, puis trois…puis elle se sentit avancer, d’abord en marchant, puis en courant. Maintenant, elle n’était plus elle-même, car la timide Lénore d’avant se serait sans doute effondrée pour pleurer, mais voila qu’elle courait après la seule amie qu’elle avait dans ce centre. Elle ne voulait pas perdre Roween, même si celle-ci avait fait beaucoup, beaucoup de mal.
Il fallait qu’elle lui parle – maintenant – ou alors, elle n’en serait plus jamais capable.

« Attends ! Roween ! S’il-te-plait ! Ne pars pas ! »Lénore appelait son amie, entra dans le hall et courut après elle, sans pour autant oser la rattraper, encore moins la toucher.
« S’il-te-plait, attends ! Je ne voulais pas…On…on peut en parler…Roween, JE T’EN PRIE ! »
Lénore avait les larmes aux yeux. Peut importe les actes horribles que son amie avait commis…Lénore ne voulait pas la perdre. Du moins, pas sans en avoir parlé.

Roween fulminait. Elle n’avait pas envie de parler à cette sorcière, et encore moins de lui rendre des comptes sur ce qu’elle avait pu voir dans son esprit. Toutes ces choses lui appartenaient et Lénore n’avait rien à faire dans sa tête. De quel droit avait-elle pris la liberté d’aller fouiner dans ses secrets ?! Elle n’avait pas le droit de lui faire une telle chose, elle qui avait pris en pitié cette petite chose craintive…et voila comment Lénore la remerciait !

« Attends ! Roween ! S’il-te-plait ! Ne pars pas ! »
Roween entendait la voix de Lénore derrière elle, mais elle ne voulait pas s’arrêter. Elle monta l’escalier quatre à quatre, dans le seul but de mettre de la distance entre elle et cette sorcière.
Les pas de Lénore raisonnaient derrière elle et finirent par s’arrêter. Avait-elle enfin décidé d’abandonner, de la laisser tranquille et de lui foutre enfin la paix ?
« S’il-te-plait, attends ! Je ne voulais pas…On…on peut en parler…Roween, JE T’EN PRIE ! »

…En parler ?! EN PARLER ?! Mais de quoi Lénore voulait-elle bien parler ? Roween savait qu’il n’y avait plus rien à rajouter. Lénore avait vu des choses qui ne la regardaient pas, des choses qui appartenaient à Roween seule et elle ne semblaient pas comprendre que Roween voulait être tranquille.

Roween s’immobilisa. Il y avait eu quelque chose dans la voix de Lénore, presque une supplication. Toujours énervée, Roween s’immobilisa sur les marches et se retourna vivement.
„Quoi? Qu’est-ce que tu veux?“ Elle était fâchée et n’avait aucune envie de parler à cette fille. „De quoi veux-tu parler?! Je n’ai rien à te dire! Tu n’avais pas le droit de faire ça !“

Sans doute que Lénore n’avait pas fait exprès…après tout, elle lui avait déjà parlé de son pouvoir et en particulier de son aspect incontrôlable et chaotique. Non, elle n’avait certainement pas fait exprès…mais, de cela, Roween s’en foutait.

Lénore avait peur. Peur de voir Roween partir une fois pour toutes, peur de ne plus pouvoir parler à celle qu’elle considérait comme quelque chose approchant d’une amie. La brunette continuait à monter les escaliers, plus vite que Lénore, qui peinait à la suivre et hésitait d’ailleurs à le faire. Elle ne voulait pas voir Roween partir, mais elle avait également peur de cette fille. Ce qu’elle venait de voir avait été horrible et ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle s’était retrouvée dans la peau de sa camarade l’était encore plus. Roween avait ressenti du plaisir, un plaisir froid et mauvais que Lénore sentait encore courir dans ses veines…et qui lui faisait peur. Et pourtant, elle ne voulait pas voir Roween disparaître, du moins pas sans lui avoir parlé et tenté de comprendre pourquoi elle avait fait ce qu’elle avait fait.

Finalement, au grand soulagement de Lénore, Roween s’arrêta et alla même jusqu’à se retourner vers elle. Elle avait l’air fâchée…tellement fâchée.
„Quoi? Qu’est-ce que tu veux?“, demanda-t-elle avec froideur, si bien que Lénore ne savait pas quoi répondre à ça. „De quoi veux-tu parler?! Je n’ai rien à te dire! Tu n’avais pas le droit de faire ça!“

Lénore avala sa salive. Elle savait qu’elle jouait gros. Si elle disait quelque chose de travers maintenant, Roween n’allait plus jamais adresser la parole. Et pourtant…elle ne voulait pas éviter le sujet qui fâchait, mais il fallait qu’elle commence par quelque chose…s’excuser, par exemple.
« Je sais…je sais…mais…je…je…je n’ai pas fais exprès, je te le jure ! Je suis vraiment désolée, Roween, je…je ne…je ne voulais pas ! »
Lénore savait qu’elle devait des excuses à Roween, mais elle voulait également des explications. Cette fois, elle n’allait pas céder, car si elle n’obtenait pas d’explications de la part de celle qu’elle avait considérée comme sa seule alliée, elle ne pourrait plus jamais lui parler de la même façon.

« Roween…je ne voulais pas, je te promets. Je suis désolée…mais…ce que tu as fais…s’il-te-plait, dis-moi pourquoi…je t’en prie. »

Ey, désolée, ma belle ! J’ai eu la bonne idée de me casser une main…pfffff…plus jamais d’échelle ! Maintenant, c’est enfin bon ! Yes ! Plus de plâtre ! Si tu es toujours motive…me voila !


Cette fille était pathétique. Vraiment pathétique. Elle tremblait, pleurait, bégayait. Si la situation avait été différente, Roween s’en serait amusée. Malheureusement, la situation était telle qu’elle était et cette fille savait maintenant des choses sur elle. Lénore s’excusait, encore et encore, tandis que Roween gardait le silence. Elle n’avait pas envie d’écouter toutes les excuses bidon de la blondinette. Lénore n’avait pas eu le droit de faire ça, et encore plus que la révélation de son côté obscur, c’était l’intrusion dans ses souvenirs qui dérangeait le plus Roween.

« Roween…je ne voulais pas, je te promets », assura-t-elle encore une fois. « Je suis désolée…mais…ce que tu as fais…s’il-te-plait, dis-moi pourquoi…je t’en prie. »
Eh bien, elle avait du culot, la blondinette. Maintenant, non contente de s’introduire dans les souvenirs des autres, elle voulait en savoir plus et, malgré toute sa timidité, Lénore ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire.

Lentement, plus que la colère, c’était l’ennui qui commençait à gagner Roween. Lénore savait – c’était fâcheux mais, après tout, cette petite chose ne saurait surement pas quoi faire de cette information. D’ailleurs, Roween ne voyait pas vraiment en quoi elle avait besoin de s’inquiéter. Oh, et puis merde…si Mademoiselle la Sainte voulait des réponses, Roween allait les lui fournir, et avoir enfin la paix. Par contre, elle se jura de ne plus embarquer Lénore dans ses virées nocturnes, car elle était plus dangereuse qu’elle n’y paraissait. De plus, Roween n’avait aucune envie d’un nouveau petit trip dans son passé.

„Bon, tu veux savoir ce qui s’est passé?“, commença Roween, qui se retourna enfin complètement vers Lénore et haussa les épaules. „Cette pétasse me pourrissait la vie, je lui ai fait un peu peur, elle est tombée…bou-hou. Fin de l’histoire. Alors, satisfaite ?“

OCC : Aïe…ma pauvre ! Si je suis motive ?! Mais OUI ! C’est chouette que tu sois de retour !


Lénore savait que sa camarade devait être au bord de la crise de nerfs – et, en somme, elle ne pouvait pas vraiment l’en blâmer. Elle savait bien qu’elle n’avait pas eu le droit d’aller se balader dans les souvenirs de Roween, mais elle n’avait pas eu le choix. Elle n’avait jamais eu le choix. Si elle l’avait eu, Lénore se serait débarrassé de son pouvoir une bonne fois pour toutes et aurait eu – qui sait – une vie normale avec un quotidien normal, des amis normaux et une relation plus saine avec sa mère.

Maintenant, il ne lui restait que Roween, et Lénore venait de froisser celle qui avait été sa seule amie dans cette grande bâtisse avec tous ces gens étranges. Si Roween refusait de lui parler maintenant, que lui resterait-elle ? Vers qui pouvait-elle se tourner ?

Heureusement, Roween s’était arrêtée et semblait presque disposée à l’écouter…ou, mieux encore, à lui parler.
„Bon, tu veux savoir ce qui s’est passé?“, commença Roween d’un ton heureusement plus calme, se retourna enfin complètement avec un haussement des épaules presque détendu. „Cette pétasse me pourrissait la vie, je lui ai fait un peu peur, elle est tombée…bou-hou. Fin de l’histoire. Alors, satisfaite?“

Non. Lénore n’était pas satisfaite. Mais, au moins, Roween lui avait parlé. Par contre, cette réponse la faisait frémir : comment son amie pouvait-elle parler de la sorte, avec un détachement si prononcé, comme si elle venait de lui parler du temps qu’il faisait dehors ? Lénore savait que c’était peut-être sa dernière chance de garder Roween comme amie et que, maintenant, le temps était venu de fermer sa bouche et de baisser les yeux une nouvelle fois afin d’éviter tout litige (après tout, elle avait l’entrainement), mais les frissons qui lui parcouraient l’échine la poussèrent à faire éclater son incompréhension et son horreur.
« Mais…Roween…tu ne comprends pas…tombée ou pas…tu as tué un humain ! »

((Après retour de mail de Lénore, on a décidé de continuer! Yes !!)))


Il fallait user de mots simples. Après tout, Lénore était blonde ((désolée, mais c’était trop tentant !^^)), il fallait donc y aller doucement. En plus, c’était une blonde perturbée, ce qui n’arrangeait pas vraiment les choses. Roween ne comprenait pas vraiment l’utilité de lui expliquer, mais elle avait le mauvais pressentiment que la blondinette ne lâcherait pas l’affaire si elle ne disait pas les choses clairement une bonne fois pour toutes.

Lénore n’avait visiblement toujours pas compris, car elle continuait à la regarder avec des yeux immenses, comme si elle voyait sa camarade pour la première fois. Roween, quand à elle, commençait à prendre patience et, lorsqu’elle jouait déjà avec l’idée de lui tourner le dos une fois pour toutes et de monter les escaliers, Lénore parla enfin:
« Mais…Roween…tu ne comprends pas…tombée ou pas…tu as tué un humain ! »

Lentement, Roween arqua un sourcil et regarda la petite blonde avec incompréhension. Elle ressemblait à une poupée apeurée. Finalement, elle haussa les épaules et leva les yeux au plafond.
„Mais non, ma belle…c’est toi qui ne comprend pas. Ca m’est égal. Et maintenant, l’incident est clos. Donc, maintenant, tu me lâches…“
Roween afficha son fameux sourire plein de dents, se détourna et continua de monter les marches, toujours deux par deux, pour disparaître au détour d’un couloir.


--> Vers la salle de détente