Sur sont lit...[Pixy ^^]

A priori, contrairement à Samuele, elle semblait plutôt excitée, curieuse. Elle prit une posture plutôt comique, tendant l’index, et lui demandant quelques légères précisions. Elle venait pourtant de lui dire qu’elle n’en savait rien. Elle n’aimait pas cela, voilà tout ce dont elle était consciente. Certes, jusqu’ici, elle n’en avait fait qu’à sa tête, et avait toujours adoré être le centre d’attention ; là voilà servie. Il aurait pu sembler curieux, voir attendrissant qu’elle puisse se préoccuper de l’état des autres qui entraient en contact avec sa peau. Mais ce n’était pas tout à fait cela, et le croire serrait proche de l’erreur. Finalement, ce n’était sans doute qu’une petite fille qui aimait qu’on s’occupe d’elle, qu’on la câline. Elle avait même secrètement espéré que cette particularité disparaîtrait en s’éloignant de Samuele ; apparemment non. Intérieurement, elle en aurait presque pleuré, si elle n’avait pas eu en face d’elle une espèce d’infirmière en rose bonbon surexcité qui n’avait vraiment pas besoin d’un coup de jus. Ce qui semblait pourtant l’amuser… constata avec terreur Leah. Elle était probablement en face de la masochiste de l’école. Wouh, songea-t-elle ensuite, se hâtant d’en prendre des notes sur son ordinateur en pressant machinalement ses doigts contre ce dernier qui était toujours à son épaule. Infirmière, masochiste, et pure américaine style « rose bonbon & roucoulement ». A vrai dire, elle n’avait jamais vu un tel mélange, et le résultat était pour le moins… surprenant.

« Oui » répondit-elle néanmoins à la première question. « Je n’avais pas ça avant de voir Samuele ».

Oh, il était vrai qu’il était tellement plus simple de dire cela. Après tout, la facilité, n’était-ce pas d’accuser les autres sans se voir soi-même volontairement ? Involontairement ? C’était impossible. Car pour ne pas voir, pour oser nier la vérité, il fallait être malgré tout conscient qu’on refusait quelque chose. Et c’était vrai. Elle avait envie de haïr Samuele et son maudit pouvoir de réveiller les mutations latentes. Il était cependant étrange de savoir qu’elle avait toujours été ainsi… Cyberpathe, avec un pouvoir endormi… Si seulement elle l’avait réalisé plus tôt… Mais non. Les mutations ne sont pas toujours active. C’était tellement curieux en réalité. Et comme si cela ne suffisait pas, Candice en rajouta une couche à propos des douches collectives. Evidemment. Elle ne pourrait plus non aller à la piscine. Ce genre de plaisir si simples, si communs.. et pourtant… Handicapant. Une valise ?

« Heu non » dit-elle, prise de court. « J’ai pas eu le temps, je suis parti tellement vite… Et je pense pas que je pourrai y retourner » ajouta-t-elle, tripotant ses mains d’un air gênée.

Après tout… Lorsqu’on quittait la Confrérie en claquant la porte, il ne fallait pas s’attendre à ce que la porte soit grande ouverte à notre retour. Cela ne marche pas ainsi. Pas de cette manière. Donc logiquement, il était tout à fait censé qu’en partant, elle n’ose plus y revenir surtout si le motif du départ était « divergence d’opinion et prise de conscience ». La plupart des confréristes le pensaient du moins. Ou le penserait. Car rare étaient ceux qui étaient au courant de ce désormais double-jeu. Après tout, il fallait que cette mission soit une réussite : moins il y aura de personnes au courant, mieux ce serait parce que cela limiterait considérable les risques d’une fuite d’informations. De toute manière, elle y retournerait. Tôt ou tard. Ce n’était qu’une question de temps. Le temps d’avoir toutes les informations nécessaires, les points faibles de chacun, définir leur personnalité avec exactitudes. Tout ce qu’elle n’avait pas pu trouver elle-même jusqu’ici.

Une chambre ? Si elle allait à l’hôtel oui…. Mais non… Pas question qu’elle s’éloigne d’ici alors qu’elle avait enfin atteint son but premier. En revanche, la proposition de Candice était nettement plus intéressante. Si elle avait besoin de renseignements hein ? En voilà une bonne idée ! Si en plus, ils pouvaient lui donner d’eux-mêmes des informations, ce serait le paradis. Enfin…. Pas totalement, se dit-elle, rejetant un coup d’œil sur le rose bonbon du pyjama de cette dernière. Disons plutôt que ce serait génial. Grandiose. C’était presqu’amusant et très cocasse de savoir qu’en plus d’héberger un loup, ils lui donneraient tout ce que ce dernier voudrait, bien gentiment. C’était comme un lapin se mettant dos contre terre, présentant son ventre à la gueule de son prédateur.

« Ho et bien… Je n’ai que cette robe alors… » répondit-elle timidement, sous-entendant qu’elle n’avait vraiment rien d’autres à se mettre sous le dos.

Cette jeune fille était une curiosité à elle toute seule : elle allait et venait, sautillait, grignotait, parlait. Le genre de fille survoltée et en particulier épuisante. La vie était curieuse, n'est-ce pas ? Cette Candice qui pouvait guérir avait un tempérament électrique et Leah, qui avait une peau à haute tension était d'apparence plus calme. Deux pouvoirs totalement différents et deux personnalités encore plus opposés. L'une était débordante d'énergie et l'extérioriser sans soucis et l'autre était plus froide, canalisant son énergie à autre chose. Mais la première avait le mérite d'être bien plus généreuse que la seconde. Un de ces pyjamas ? réalisa-t-elle avec horreur, s'imaginant de suite vêtue de rose bonbon avec Candice en train d'essayer de lui faire des couettes. Une vision cauchemardesque... et si peu éloigné de la réalité. Elle était à peu près certaine que cette fille-là en serait largement capable. Une jeune fille à l'air si candide, si sucrée... tellement sucré qu'elle en était dangereuse, se persuada inconsciemment Pixel.

"Heu... c'est pas de refus... " bredouilla-t-elle en guise de réponse, se retenant pour ne pas reculer doucement vers la porte.

Ce qu'était son pouvoir avant d'avoir la peau transformée ? Un pouvoir puissant, bien entendu. Un talent qui lui offrait un certain nombre de privilèges et d'avantages. Elle savait qu'elle pouvait faire tant de choses... Mettre des casiers judiciaires énormes et lourds sur des personnes, fausser des informations administratives, créer ou effacer des données... Certes, elle avait une limite et elle le savait parfaitement. Même avec cette limite pourtant, elle avait un gros potentiel en tant que cyberpathe. Une mutante loin d'être faible sur un certain point... Du moins, en combat, elle n'avait que peu de chances. Son nouveau pouvoir ne l'aiderait guère pour l'instant de plus : elle ne contrôlait rien. N'étant pas suicidaire, elle ne prendrait évidemment pas le risque de rester et tenter d'électrocuter quelqu'un... alors qu'elle aurait plus de chance dans la fuite.

Lâche ? Oui. Elle en était consciente. Lâche, parce qu'elle tenait à sa petite vie... car malgré son caractère, elle ne tiendrait jamais à prendre le risque d'être confronté à certains situations. Et lâche... parce qu'elle savait que sur sa dernière phrase Candice avait raison. Jamais plus elle ne pourrait toucher, embrasser, câliner. Et c'était valable pour tout être vivant. Même un chat ou un chien. La vie, c'est bête des fois.

"En fait... je suis cyberpathe normalement" répondit-elle, le visage assombris par la remarque futile, mais néanmoins blessante de Candice.

A vrai dire, elle était peut-être un peu desesperée finalement. Candice était une pure américaine, avec tout les clichés possible et inimaginable. Pyjama rose, survolté, grignotant des biscuits tardivement le soir. Le genre de personne que jamais Leah n'aurait fréquentée si elle avait eu le choix. Elle l'imaginait tout à fait affalée sur son lit, discutant des heures au téléphone avant de prendre la tête de miss Anderson pour une tête à coiffer. Allons bon, voilà qu'elle ne comprenait ce qu'était que la cyberpathie. C'était pourtant simple à comprendre. Sauf si cette dernière ne voulait pas saisir avec exactitude en quoi consistant cela. En plus, elle ne s'était même pas occupée de proposer un siège à la pauvre Pixel, qui commencait à avoir des fourmis dans les jambes à rester debout, planté au milieu de la chambre. Elle mourrait d'envie de s'asseoir, mais ne tenait pas à être perçue comme une sans-gêne.

"C'est comme la télépathie, sauf que c'est avec des ordinateurs" bredouilla-t-elle, cherchant comme expliquer ça. "En fait... Je peux faire des choses avec les ordinateurs et mon esprit... Enfin comment dire... Je peux faire apparaitre des mots à l'écran par exemple, sans utiliser le clavier ou .... ou.... Je peux créer des virus, des trucs de ce genre."

Certes, elle était bien en-dessous de la réalité. Son pouvoir était nettement plus avancés que cela, mais si elle se mettait à dire qu'elle pouvait modifier le casier judiciaire des gens, ou beaucoup d'autres choses amusantes, elle risquerait d'aiguiser la méfiance des gens plutôt qu'autre chose. Et ce sentiment était bien la dernière chose dont elle aurait besoin pendant sa mission. Néanmoins, la remarque de Cancide était totalement pertinente. Après tout, la faiblesse de Pixel avait toujours été les cages de Faraday. Autrement dit, "des enceintes pour protéger des nuisances électriques". Cela pouvait donc se tenir. Peut-être qu'après tout, sa cyberpathie ne reposait pas sur un pouvoir aussi psychique qu'elle ne l'aurait cru, mais sur une certaine forme d'électricité, réalisa-t-elle, levant une main devant elle pour l'examiner, perplexe. Cette peau électrique n'était donc qu'un pouvoir latent, qui avait toujours été en elle sans se réveiller. C'était réellement une curieuse sensation que de prendre conscience de cela.

"Oui c'est possible.... " répondit-elle songeuse. "Un pouvoir latent qui "dormais". Non merci", ajouta-t-elle lorsque Candice lui présenta son assiette de biscuits, avec un petit sourire de remerciement.

Ils semblaient délicieux, c'était un fait. Mais elle tenait à son postérieur tout de même. Et puis ce n'était plus l'heure de manger.

Une idée, un lien, qui la rendait tellement songeuse.... Il faudrait qu'elle revoit tout ce qu'elle savait finalement. Tout ce temps, elle avait toujours cru détenir les bonnes clés de son pouvoir. Pour se rendre compte que c'était l'inverse : c'est son pouvoir qui la tient. Car après tout, contrôlait-elle autant son pouvoir qu'elle l'avait cru ? Certes, elle pouvait faire tant de choses avec... Sans se rendre compte qu'elle ne le connaissait pas. C'est toujours quasiment instinctif... Et si c'est pour cela qu'elle avait terminé dans le coma ? Parce qu'elle n'avait pas su le comprendre ? Le pire était sans doute qu'elle avait toujours su sa faiblesse, depuis longtemps. Mais jamais, jamais, elle avait pensé à faire le lien entre ceci et sa cyberpathie. Une erreur de sa part, qui lui aurait évité une découverte pareille, peut-être. Si elle n'avait pas été aussi euphorique, aussi.... aussi stupide.

Mais rapidement, elle fut sortie de ses pensées, lorsque Candice saisis un pyjama rose et blanc avec une fraise dessus. Abasourdie, elle crut d'abord à une mauvaise blague. C'était... C'était au-delà de l'américaine en froufrou rose, c'était ... cela lui rappelait les manga. Oui, c'était exactement ça. Un manga avec une demoiselle aux joues roses et aux habits assortis, avec un sourire candide. Il faut croire qu'elle portait bien son prénom, n'est-ce pas ? Une douche ? À cette heure... Oui, oui elle en rêvait. Une bonne douche, un bon matelas, un bon gros dodo... Et se réveiller en pleine forme, comme si elle avait juste fait un mauvais rêve. Hmmm... Ce serait si beau. Machinalement, elle attrapa donc la serviette rose barbie. Berk. À croire qu'elle retomberait en enfance en punition de ses erreurs de "calcul". Markus ? Markus Ford peut-être ? À moins que ce ne soit un autre "Markus" qui ne soit pas dans sa base de données. .... Hep une seconde ! Elle ne serait pas en train de la prendre pour une poupée barbie grandeur nature ? Stop ! Mais non enfin ! Pas ça quoi !

Se résignant, malgré tout, parce qu'elle était un peu crevée de cette soirée - ou juste épuisée mentalement - elle se dirigea vers la salle de bain, après avoir murmuré un "merci". Chouettos. Sa première douche électrisante. Elle en avait toujours eu envie.... Ahem. Ironie, quand tu nous tiens... Avec appréhension, elle examina la salle de bain. Mouais, jolie. Nettement mieux que ce qu'elle avait imaginé en tout cas. Avec lenteur, elle se déshabilla, et fit couler l'eau... Si toutefois, elle n'eut aucun mal, rien de spécial, en entrant dans ce bain, elle se doutait pourtant que quiconque avec ne pourrait y survivre. Et puis ce pyjama... songea-t-elle en l'enfilant... Oh ce pyjama... Qu'elle le haissait, seigneur !!

Mais elle n'avait pas le choix. C'était ça ... ou rien. Mais elle était au moins assurée d'une chose : que cette Candice essaye de la coiffer pour voir.... !! Elle qui n'étais pas certaine d'apprécier le fait qu'on la tripote, son voltage risquerait d'être.... très élevé. Une chose serait certaine : le courant ne pouvait que passer avec elle. Au dépit des autres, sans aucun doute. Néanmoins, un peu angoissée par cette première nuit dans un lieu totalement inconnu, elle se mordit la lèvre, et sortant de la salle de bain, interrogea Candice :

"Heu... pardon mais... Je peux mettre ça où ?" fit-elle, brandissant légerement sa robe blanche.

Brusquement, elle l'enviait. Elle la jalousait, cette fille en rose barbie ou bonbon, qui avait probablement un copain. Si elle avait toujours chéri sa cyberpathie, elle ne voyait pour l'instant aucun avantage à cette peau électrisante. Juste des inconvénients au quotidien. Et puis... Et puis elle ne pourrait plus jamais rien faire vraiment normalement. Imaginez par exemple : elle, accodée à un bar. Elle s'amuse, fait la fête et tout d'un coup, quelques gouttes d'un autre verre tombe sur sa peau. Est-ce que cela passerait inaperçu ? Elle en doutait. Quoique... Elle était de nature curieuse finalement. Elle avait beau être électrique, ses cheveux n'étaient pas affectés.

Obéissante, elle déposa sa robse sur la chaise que Candice lui avait désigné, qui expliquait tout un programme. Avant de lui demander d'où elle venait. Nous étions donc. Il était l'heure de mettre le masque, de mentir, de jouer la comédie. Bah. Elle s'y était longuement préparé, justement pour éviter d'être prise de court. Aussi, se contenta-t-elle de se mordiller la lèvre, affreusement gênée, jouant avec ses mains, affichant un air troublé. Si elle avait pu, elle se serait glissé dans un trou de souris.

"Je vivais à la Confrérie", lâcha-t-elle enfin. Rougissante de honte.

Les quelques mots qu'elle venait de prononcer firent l'effet d'une bombe sur Candice. Inutile d'être télépathe pour le savoir : il suffisait de la voir imiter la carpe. Si jusqu'ici, elle avait été terriblement aimable avec elle, voilà qu'elle la fixait, au point que cela en devenait gênant. La pauvre Leah, les joues roses, ne savait plus où se mettre. Enfin, la jeune Lady parvint à dire quelque chose, balbutiante.

"Oui...." répondit Pixel avec douceur, triturant toujours ses mains, mais néanmoins moins nerveuse. " J'y ai cru, à leurs idéaux, si c'est cela que tu me demandes. J'y ai cru, au "nous sommes le futur et eux le passé". Mais je n'avais pas cru qu'ils seraient aussi violent, tous.... "


Voilà. Ne pas renier ce en quoi elle "avait cru". Faire semblant de jouer la carte du franc jeu. De toute manière, inutile de trop cacher certaines choses n'est-ce pas ? Non seulement elles seraient sans doute découvertes, mais en plus, cela ne ferait sans doute qu'ajouter à la crédibilité de cette dernière. D'ailleurs, Candice ne venait-elle pas de l'appeler "Pixy" ? N'était-ce pas une preuve d'affection malgré tout ? Elle avait le bénéfice du doute, autant ne rien gacher.



"Il s'est passé que.... " hésita Leah. " que... je m'étais trompée." avoua-t-elle, plus gênée que jamais. Il n'était jamais simple de reconnaitre une erreur.

"J'ai cru que nous étions dans le vrai, tous. Que nous étions supérieur, vraiment. Et puis finalement... Ce n'est que violence et.... " expliqua-t-elle, les yeux un peu larmoyant. "Et alors je suis partie. Mais j'ai oublié mes affaires.... Et à présent, ça craint un peu pour moi là-bas... " finit-elle enfin, jouant parfaitement le jeu des larmes et des aveux.