C’est reposant le parc ! Ou pas… {Apple}

Allez, si nous allions faire un petit tour à New York ? Enfin, pourquoi je demande, vous n’avez pas le choix… Donc voilà, la journée était déjà bien entamée puisqu’on était en milieu d’après-midi. Si quelques nuages blancs cachaient le soleil de temps en temps et qu’un léger vent rafraîchissait l’atmosphère, il devait faire dans les 28°C et les passants profitaient de cette chaleur pour faire les boutiques ou se promener, tout simplement. Pour une si belle journée, quel endroit était plus agréable que Central Park ? Pas la chocolaterie familiale en tout cas selon l’avis d’un certain adolescent.

Ledit adolescent avait quitté la chocolaterie après le déjeuner pour aller se balader dans New York. D’accord, un petit français de quatorze ans et demi qui se balade tout seul en ville, ce n’est pas très conseillé mais il s’en fichait un peu. Lorsqu’il était revenu, sa mère avait beaucoup crié mais elle avait fini par quitter la chocolaterie pour emmener Johnny et William à Central Park. Il les avait accompagnés, tout en gardant bien en tête le fait qu’il n’avait pas envie de surveiller les deux monstres qui lui servaient de demi-frères. Enfin voilà, il s’était retrouvé à Central Park et, après avoir décidé d’un point ainsi que d’une heure de rendez-vous avec sa mère, il s’éclipsa pour s’installer dans un coin du parc.

Le garçon se trouva un banc en face du Reservoir et s’y installa. La martre qui dormait jusqu’à présent sur ses épaules descendit et vint se rouler en boule sur ses genoux. Il se mit à la caresser distraitement tandis que, de sa main droite, il sortit son carnet à dessin ainsi qu’un stylo qu’il plaça sur son oreille. Voir de l’herbe, des arbres et, surtout, un lac devant lui lui rappelait un peu la France, lorsque son père l’emmenait en montagne l’été. Bien sûr, là-bas l’air était bien plus pur mais c’était reposant de ne plus avoir que des gratte-ciel dans sa ligne d’horizon.

Il s’adossa contre le banc et ferma les yeux tout en continuant à caresser la fourrure brune son amie. Il n’y avait pas grand monde dans le coin, le moment était idéal pour faire un petit essai. Seulement, Mara ne serait pas d’accord. Elle n’aimait pas qu’il utilise ses pouvoirs, surtout que c’était elle et non lui qui avait plus de travail. N’y avait-il pas un moyen pour que ses créatures lui obéissent ? Bien sûr, il se voyait mal donner des ordres à Mara mais celle-ci était très calme et peu dangereuse donc il n’en avait pas besoin, surtout qu’elle le comprenait. Non, le problème venait des autres qui avaient tendance à faire ce qu’elles voulaient.

L’apprenti chocolatier rouvrit les yeux et posa son regard mi-bleu mi-vert sur sa camarade. Celle-ci rouvrit les yeux et le regarda de travers. Elle devait deviner ce qu’il avait en tête, elle le connaissait presque par-cœur ! Il sourit, de ce sourire parfaitement infantile et ferma les yeux tandis que les rayons du soleil semblaient faire rayonner ses cheveux blonds foncés. Oui, là, il pouvait faire une expérience, pas comme dans la boutique ! Alors, qui pouvait-il bien appeler ? Tout à coup, un nom lui vint en tête.

-Wanirô… souffla-t-il.

Aussitôt, une silhouette de crocodile apparut à ses pieds. Cette silhouette, d’abord transparente, devint opaque. Au bout de trois secondes, un petit crocodile américain se trouvait juste devant le banc. Ce petit crocodile, qui faisait tout de même un bon mètre de long, avait les écailles entièrement noires et leva la tête pour observer celui qui l’avait appelé. Ce dernier souriait en contemplant son crocodile : c’était marrant, il avait réussi à appeler une créature aussi grosse ! Seulement, il ne sourit pas longtemps…

-Alwin ! s’écria une petite voix sur ses genoux. Tu es complètement inconscient ! Les crocodiles sont super dangereux ! Rappelle-le tout de suite avant qu’il n’y ait des problèmes !

-Mara… Je veux juste savoir si je peux trouver un moyen de le faire obéir ou s’il n’en fait vraiment qu’à sa tête !

-… Idiot… Comment tu veux faire puisqu’il vient de s’enfuir…

L’adolescent fixa sa camarade avec des yeux ronds avant de remarquer que, effectivement, Wanirô venait de se sauver. Zut, il avait du trouver quelque chose, quelqu’un dans le pire des cas, pour jouer ! Sa martre regagna ses épaules tandis qu’il se levait au quart de tour. Il se mit à parcourir le parc en courant, espérant que son reptile n’était pas en train de pourchasser quelqu’un. D’accord, une telle bestiole n’est pas rapide sur terre mais quand même… Lorsqu’il le repéra enfin, il soupira mais la situation était visiblement très mauvaise…

Il me faut vraiment de nouveau vêtement ! Surtout des tenues de sport. Déjà qu'à la base, chez mes parents, je n'en avais pas énormément puisque je mettais toujours les mêmes, mais, là, j'en ai vraiment pas beaucoup ! Je les ai tous déjà mis ! Et, je dois l'avouer, ici, à l'Institut, je suis presque tout le temps en short et tee-shirt. C'est plus confortable, et plus pratique pour quelqu'un qui fait des étirements tous les jours, et dont la plupart du temps c'est pour se détendre. Donc voilà quoi, je dois impérativement m'en acheter. Et le plus vite sera le mieux, je pense.

J'avais donc demandé la permission à Charles Xavier de pouvoir aller faire ses quelques petites courses rapides. Bon, rapide n'est pas le mot, mais c'est ce que j'ai dit. Je lui avais dit que c'était assez urgent car on ne pouvait pas me faire envoyer tous mes vêtements et que, de toute façon, ceux qu'y m'étaient le plus utiles sont déjà tous ici et sales. Il accepta, mais je devais être rentrée avant 20h. Allez savoir pourquoi il m'avait laissé autant de temps pour faire un peu de shoping. Enfin, bref, je l'avais remercié et étais parti me changer rapidement. Oui, j'étais allée le voir en pyjama, et je n'ai pas honte, ni de le faire ni de le dire !

Une fois changée, j'avais enfilé un jean troué avec un tee-shirt blanc propre et mis par dessus un sweat délavé confortable, et coiffée, j'étais allée poser sur le lit à Fing' une petite lettre. Il était la seul personne ici en laquelle j'avais confiance, mais une confiance aveugle quoi ! Je lui avais écris de ne pas s'inquiéter s'il ne me voyait pas de la journée, que je n'avais pas essayé ni même réussi à m'enfuir, que j'étais juste partie en ville pour m'acheter quelques affaires urgentes. Je pourrais faire de même avec Monsieur Thomas Everett, mais... je n'étais pas vraiment complice avec lui. Pas comme avec Fing'. J'ai découvert en lui un meilleur ami, une épaule sur laquelle me reposer, mais surtout un confident qui me comprend.

Ça me fait penser qu'il ne sait rien de tout cela, lui. Je ne lui ai encore rien dit, de comment je le considère. Bah, ça ne serait plus tarder...

Enfin, j'étais en route pour quitter le domaine de l'école pour surdoués, qui est plus celle de mutants. Personne ne me conduisait dans une voiture, j'étais à pied. Ayant pris des basket, je n'avais pas soucis. C'est sur qu'en chaussure à talon, cela n'aurait pas pu être possible ! Enfin, bref. Je marchai sur le bas côté du chemin qui menait à l'extérieur de la propriété. Aucune voiture ne passa à côté de moi, aucune de passa tout court, même ! Seuls le bruit des animaux de la forêt m'accompagnait, ainsi que le bruit de Dame Nature.

Un quart d'heure plus tard, j'étais à l'extérieur, dehors, dans le monde « normale ». Mais, comme je ne savais pas combien de temps il me faudrait pour atteindre la ville, et pas où je devais aller, je réussis à prendre un taxi. Le chauffeur fut sympathique avec moi, et me conduisit en plein centre de New York. Il ne me couta pas cher non plus, ce qui était un bonus ! Il me restait bien assez d'argent pour revenir en taxi et pour m'acheter ce dont j'avais besoin. La classe, quoi ! En plus, il n'avait pas été trop bavard, donc pas de soucis avec lui.

Par contre, lorsque je descendis de son automobile, je commençais à paniquer à la vue de toutes ces personnes autour de moi. Il y en avait trop. Même les voitures étaient nombreuses, et j'angoissais vraiment, d'un coup. J'avais peur de faire une bêtise, de me mettre à... bueuger grave comme il y a peu. Ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière, mon cœur battait de plus en plus vite et mon corps commençait légèrement à mettre de plus en plus léger. Pas bon tout ça, pas bon du tout même !

Soudain, je vis des arbres, derrière un bâtiment. Je m'y dirigeai en marchant très vite, et bousculant quelques personnes au passage sans même y faire attention ! Ils râlèrent, m'insultèrent, mais je m'en fichais et continuais mon chemin. Lorsque je tournai derrière le bâtiment que j'avais ciblé, je vis des grille avec un petit écriteau dessus. Bon, il était pas si petite que ça car je réussi à lire Central Park dessus. Je souris, et courrai pour y entrer. Je failli me faire renverser, mais cela ne me traumatisai pas puisque j'allai être dans quelques secondes enfin à « l'aire libre ». Les insultes me furent de nouveau adressés, je les ignorais de nouveau.

Enfin, j'y étais ! Je partis directement dans la direction des arbres, là où les sentiers n'étaient pas tracés et où personne n'allait pour ne pas être sali. Moi, je m'en fichai, et y allai sans me poser la moindre question. Ici, tout était calme, à peu prêt. Je pouvais respirer convenablement et sans m'inquiéter d'être vue ou non. Je soupirai, soulagée et marchai jusqu'à ce que je sois introuvable et vue de personne.

Je finis par poser mes fesses sur une grosse racine, et poser ma tête sur l'une de mes mains dont le coude prenait appuie sur mon genoux. Comment faire pour acheter ce que je veux si je me mets à paniquer dès la première seconde sans quelqu'un avec moi pour me soutenir moralement ? Pfffff. Je suis bien mal barrée moi ! Et si... Non. D'un, je n'ai pas mon portable sur moi et de deux, Fing' doit encore être en cours et donc pas dispo' à venir ici ! Pfffffffffffffffffffffffffffffff. Je fais comment moi maintenant ? Réfléchis, réfléchis, mais réfléchis bon sang !

Je ne pus réfléchir, car une sorte d'ombre avança lentement vers moi. Intriguée, je levai un sourcil, circonflexe. Qu'es-ce que... Quelle horreur ! Aaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh ! Tout qu'il sort celui là ! Ces machins, c'est pas censé être dans les zoos ?!!!! Il n'a rien à faire ici, et pourtant... Mon dieu, qu'il est effrayant, par la même occasion. Je me levai sur ma racine, plus haute que ce crocodile noir. Pourquoi est-il noir d'ailleurs ? Bonne question ! Toute fois, c'est dangereux, méchant, et je ne me risquerait pas à savoir si c'est de la peinture et s'il est génétiquement ainsi !

Je me mis à crier, sur un ton suraiguë mais pas assez puissant pour que tout le parc soit au courant. Il était pas très fort, certes, mais celui étant des les parages pouvaient parfaitement l'entendre. Soudain, mon pouvoir se mit à déconner, comme la première fois que j'ai rencontré Fing'. Rien n'allait, rien ne va plus ! J'ai oublié de vous avouer un truc : j'ai la phobie des reptiles gros comme lui !

Alwin, légèrement essoufflé d’avoir couru un peu partout dans le parc, s’appuya sur ses genoux pour mieux reprendre son souffle. Pendant qu’il le faisait, il observa la situation. Une fille était debout sur une racine, le crocodile juste devant elle. Visiblement, son reptile venait juste d’arriver parce qu’elle n’avait encore rien fait à part grimper sur sa racine. Il sentit Mara s’agiter sur ses épaules et il n’eut pas besoin de tourner la tête pour sentir le regard assassin de son amie se poser sur lui. Il la sentait tendue : son flanc, qui se trouvait contre sa nuque, était presque raide.

Bon, que faire ? L’adolescent savait que les humains avaient, généralement, peur des crocodiles. Surtout lorsque ceux-ci étaient en liberté, comme c’était le cas avec celui-ci. Bon, Wanirô n’était pas le plus gros crocodile qu’on puisse trouver, au contraire il était même petit puisqu’il n’arrivait pas à créer d’animal plus gros, mais il restait tout de même plutôt impressionnant. Enfin, c’était ce qu’il pensait, puisqu’il n’avait pas peur de ses propres créatures. Il avait beau savoir qu’un crocodile était dangereux, il n’avait pas pu résister à l’envie de l’appeler, lui. Non pas un lézard ou même un oiseau, puisque, depuis quelque temps il pouvait en créer, mais bel et bien ce reptile, très précisément…

Pour en revenir à la question, que devait-il faire ? Rappeler son crocodile, c’était évident, seulement… Il n’était pas sûr qu’un ordre suffise pour le renvoyer. Il n’avait jamais essayé avec une créature aussi grosse, même si sa volonté ne devait guère être plus affirmée que celle d’une autre créature. Mais le problème n’était pas que là : comment agir devant une simple humaine ? Bah oui, en soit il n’avait pas honte de son pouvoir, au contraire, mais il préférait éviter que sa belle-famille n’apprenne sa… particularité. Ils détestaient les mutants et, si possible, il préférait rester dans sa maison et travailler plutôt qu’être envoyé quelque part.

Un cri suraigu le tira de ses pensées. La fille s’était enfin mise à crier et il eut un très léger mouvement de recul. Oups… Il venait enfin de se rendre compte qu’il venait de faire une très grosse bêtise. Il allait esquisser un pas vers elle lorsqu’il remarqua qu’elle disparaissait par à coups. Il se frotta les yeux, pensant tout d’abord avoir un problème de vue, mais il dut bien vite se rendre à l’évidence : celle fille disparaissait réellement ! Bon, un problème était réglé, il s’agissait d’une mutante. Retenant un soupire soulagé, il s’avança tranquillement jusqu’à être à une dizaine de centimètres de la queue du reptile. Bon, c’était le moment où jamais de voir s’il pouvait, ou non, avoir une certaine autorité sur ses bestioles.

-Wanirô, arrête !

Le crocodile, qui faisait claquer ses mâchoires juste en dessous de l’adolescente, s’arrêta un instant pour observer son maître… Avant de recommencer son petit manège. Le blondinet soupira tout en sentant sa camarade soupirer. Bon, le message était clair : il était incapable de faire obéir ses créatures. Il observa la fille qui continuait à disparaître, se demandant si elle allait bien. Il ne connaissait peut-être pas grand chose aux mutants mais il ne pensait pas que devenir invisible une seconde pour redevenir visible sa seconde d’après soit vraiment volontaire. Etait-il sensé dire quelque chose pour la rassurer ? Il voyait mal comment faire, surtout avec le reptile devant elle.

-Ok, ok, j’ai compris, je m’en charge ! soupira Mara. Mais je te préviens Alwin, fais-le vite disparaître ou vous serez deux à avoir des problèmes !

-Je sais, je ne suis pas idiot ! Peux-tu le distraire un moment s’il te plait ?

Sa camarade hocha la tête et descendit de ses épaules, se mettant à courir devant la gueule du reptile. Celui-ci, amusé par cette proie qui s’agitait, se désintéressa totalement de l’adolescente pour essayer d’attraper la martre qui lui filait entre les crocs. Il jeta un nouveau coup d’œil à la jeune fille aux cheveux bonds, qui continuait à disparaître et à réapparaître. Il ne voyait pas quoi faire à part rappeler sa bestiole. Enfin, il aviserait le moment venu, hein ?

L’adolescent ressemblant encore à un enfant adressa un petit sourire qu’il souhaitait rassurant à la demoiselle puis, sans hésitation, s’approcha de son reptile jusqu’à approcher sa main droite. Manque de pot, l’autre fut surpris et, comme tout animal surpris, il fit la première chose qui lui passait par la tête : mordre. La puissante mâchoire se referma sur le bras droit du garçon avant que l’animal, qui savait parfaitement qui était son maître, le relâche aussitôt. Le blessé regarda son bras en sang, incrédule, où quelques traces de crocs étaient nettement visibles. Zut alors, il avait déchiré la manche de son tee-shirt ! Soupirant, il posa sa main sur la tête de l’animal et ferma les yeux.

-Retour !

Aussitôt, l’animal ferma les yeux et commença à s’effacer. Au bout de trois secondes, il avait complètement disparu. Le petit adolescent soupira et tourna son regard bleu-vert vers l’adolescente, sans plus de se préoccuper de son bras bien blessé. Il laissa Mara remonter sur ses épaules mais il ne lui accorda pas un regard lorsqu’elle renifla sa blessure. Il se rapprocha de la fille aux cheveux blonds, qui était tombée à la renverse pendant qu’il regardait ailleurs. Il se mit à se masser légèrement le cou, mal à l’aise devant elle.

-Désolé si tu as eu peur… Je ne pensais pas qu’il s’échapperait dès les premières secondes… Enfin, il n’y a plus aucun danger et il ne pourra pas revenir ! Tu ne t’es pas fait mal en tombant au moins ?

Ce n’était pas l’exacte vérité, seulement son crocodile ne pourrait pas revenir avant le lendemain, à la même heure. Il savait que la situation n’était pas géniale mais il ne savait pas trop quoi faire face à une mutante qui agissait étrangement… Enfin, étrangement pour lui. Par mesure de précaution, il ne dit rien sur ce qu’il pensait du fait qu’elle se mette à disparaître mais il n’en réfléchissait pas moins. Cette fille avait peut-être un problème de contrôle de son pouvoir. Enfin, il lui accorda un de ses petits sourires dont il avait le secret, histoire de la mettre en confiance. Il lui aurait bien tendu la main pour l’aider à se relever, seulement, il n’avait pas pensé à prendre ses gants et, de plus, il n’était pas conseillé de lui tendre la main qui était à présent recouverte de sang sans qu’il ne s’en soit rendu compte. Il la regardant, attendant qu’elle se décide à se relever pour essayer de savoir quoi faire.

Après avoir pousser un cri inhumain, je me suis mise à me tortiller sur la pointe des pieds sur ma racine. Je me collais complètement contre le tronc, derrière moi. J'haletais, et mon pouvoir déconnait une nouvelle fois. Cela me fatiguait de disparaitre, puis d'apparaître, et ainsi de suite. Cela m'épuisait énormément, et plus de me faire flipper un max ! J'avais envie de courir, loin, trèèèèèèèèèès loin. Sauf que j'étais paralysée là, devant la grosse bestiole noire qui n'était qu'un gros reptile de plus d'un mètre de long avec des écailles de couleurs noirs. Je me mis à gindre, puis de gémir, puis à serrer les dents car j'en pouvais plus de mon état, de mon pouvoir fatiguant. Combien de temps réussirais-je à tenir ? J'aurais peut être du me taire moi...

Soudain, un petit garçon arriva, essoufflé, avec une bestiole sur les épaules. Mais c'est quoi ce machin ?! C'est quoi ce bordel ! Me dite pas qu'il est à lui ce croco ! Je le regardai, effrayée. J'aurais aimé lui dire de déguerpir, qu'il valait mieux ne pas rester dans les parages. Sauf que, le petit soucis, c'est que je n'avais plus de langue, ni même le contrôle de moi-même ! Lorsqu'il m'observa attentivement, le petit, je cru qu'il fut... estomaqué, ou simplement étonné, de me voir dans cet état. Quoi, vous n'en voyez pas tous les jours des jeunes filles de 15 ans qui ont le pouvoir d'être invisible ? (–')

- Wanirô, arrête !, ordonna le garçon au crocodile devant moi.

Arrête Wanirô ? Arrête Wanirô ? Mais c'est quoi ce bordel ?! Mais c'est qu'il est bien à lui en plus ! Je fis les gros yeux pendant que lui essayait de se faire obéir de sa bestiole hideuse. Cette dernière lui lança un regard interrogateur, puis se remit à essayer de me mordre, sans qu'il y arrive. Ce qui me fit de nouveau angoisser et paniquer, un cran de plus. Je sursautai sur ma racine, sans en tomber. Pourquoi, bêtement, je ne prenais pas mes jambes à mon cou et me barrais de là ? Ah, oui. Parce que je n'arrive pas à me faire obéir par mes membres, comme le gamin avec son « animal de compagnie ».

Je me plaquai plus encore contre le tronc, pendant que j'étais observée par une bestiole que je n'identifiai pas et un gamin qui n'arrivait pas à se faire obéir par un crocodile noir ! Et le pire, c'est que c'était moi qu'il observait, au lieu de regarder sa bestiole monstrueuse. Comme si, le monstre, ici, c'était moi ! Enlève ta bestiole de là, au lieu de me regarder, abruti !
Puis je le vis chuchoter avec sa drôle de bête. Elle semblait lui répondre, mais, comme je n'en étais pas sure, je fis comme si il la comprenait juste. J'aurais l'air complètement... idiote sinon. Et de toute façon, les animaux, ça ne parle pas !

Ce qui suivit ma parut étrange, sur le coup. Mais, je n'y fis plus attention. Je voulais juste retrouver mon souffle, arrêter de faire une crise d'angoisse dès plus forte. Et rester visible ! Car, ainsi, je use toute mon énergie, donc cela me fatigue. Et cela m'effraye plus encore ! Enfin bref. La petite martre, enfin cela y ressemblait en tout cas, courut sous le nez de l'autre bestiole. Ce dernier sembla intéressé par ce « jeu » et lui courut après. Je regardai faire, sans ce que cela me calme une seule seconde. Je jetai un rapide coup d'œil au gamin, mais à quoi joue t-il ?, et lui m'adressa un sourire qui se voulait... rassurant. Ou amusé.

Je le vis avancé vers l'animal pas du tout adorable. J'eus soudain envie de l'en empêcher mais... C'était son animal, non ? Et puis, de tout manière, je n'arrivai toujours pas à bouger la moindre partie de mon coup qui se trouvait en dessous de ma nuque. Le reste, s'était un coup léger, puis lourd, et ainsi de suite. Je m'essoufflais, haletant bruyamment. Combien de temps tiendrais-je ? Enfin bref. Le petit garçon, qui semblait aussi grand que moi pourtant, se fit brusquement mordre le bras, après s'être accroupis et avoir tendus le bras. J'eus un haut le cœur, et une réaction plus violente encore, c'est mes disparitions qui se faisaient de plus en plus violentes. Ainsi que mes apparitions.

Pourtant, il continua. Comme si sa morsure ne lui faisait absolument rien, qu'il ne la sentait pas le moindre du monde. Je ne compris pas ce qu'il dit, si il dit quelque chose, ce qu'il faisait, il fait quoi maintenant ?, ni pourquoi et encore moins à quoi cela servait. Ensuite, je vis l'animal disparaître, et je me mis à flipper d'autant plus. Comment... Il était pourtant... ARRRRRGGGGG ! Mais comment a t-il réussi à faire ça ?!

Et là, je réussis à bouger. Je reculai, sauf qu'il n'y avait rien derrière mes pieds. Si ce n'est du vide... Je tombais à la renverse. Et finis avec mes chevilles sur la racine, le cul et le bas du dos contre le tapis de feuille et mes coudes qui me redressaient. Je soufflais sur mes cheveux en bataille qui m'étaient tombés sur le visage lors de ma chute. J'avais pas l'air maline ainsi, mais je n'en avais rien à foutre. Bon déjà, mon pouvoir ne faisait plus des siennes. Ce qui est déjà énorme, je trouve. Je me mis à reprendre mon souffle. De l'aire, il me faut de l'aire ! Mon cœur battait bien plus vite qu'en général, comme si j'avais courut le plus long marathon de ma vie !

J'avalais ma salive lorsqu'il se tourna enfin vers moi, pendant que sa martre, elle, grimpait de nouveau jusqu'à ses épaules en s'arrêtant renifler sa blessure pas discrète. Il s'approcha de moi, mais pas de trop non plus. Restant à une distante convenable d'un mètre et demi de moi. Il se mit à se masser la nuque, mal à l'aise, cherchant ses mots puis me sortit :

- Désolé si tu as eu peur… Je ne pensais pas qu’il s’échapperait dès les premières secondes… Enfin, il n’y a plus aucun danger et il ne pourra pas revenir ! Tu ne t’es pas fait mal en tombant au moins ?

Je le regardais fixement, bêtement, pendant un long moment. Je n'avais toujours pas encore remplis mes poumons entièrement, mon pouls était encore trop vif et ma poitrine se soulevait très vite, de façon irrégulière.
Récapitulons. Il s'excusait de m'avoir causé une trousse pas possible, c'est déjà ça. Ensuite, il s'expliqua, racontant qu'il ne pensait pas qu'il s'enfuirait dès les premières secondes. Ne pourrait-il pas parler normale, comme tout le monde ?! Je comprends pas de quoi il me parle... Pfffffffff. Bon, et ensuite, il m'a assuré qu'il n'y avait plus aucun danger, et qu'il ne pourra pas revenir. Qu'il reste là où il est, il ne me manque pas le moindre du monde ! Enfin, il s'inquiéta pour moi, me demandant si je m'étais fait mal en tombant. Heu... Pas vraiment... C'est pas ça qui est le plus douloureux...

- Tu t'inquiète de savoir si j'ai mal au cul ?!, demandai-je, étonnée, sans finir car je ne savais comment expliquer la suite de ma phrase (je viens également de me rendre compte que ce que je viens de dire et complètement absurde !).

Puis, il avança vers moi, plus prêt trop prêt. Sauf que je ne fis rien que le regarder s'approcher, que cela me plaise ou non. Il me souriait bizarrement, pour me faire craquer ?, et je n'avais pas envie de le lui rendre, son sourire. Il me tendit la main, pour m'aider à me relever. Je le regardai, bêtement, sans faire le moindre gestes pour la prendre et me faire aider à remonter sur mes deux pieds. Je n'avais pas assez d'énergie, pas encore, pour rester debout.

- Laisse tomber, j'ai pas assez de force pour tenir debout, lui lançais-je pour qu'il enlève sa main. Au fait, comment t'as fait... ça ?

C'est vrai quoi ! Comment a t-il fait ça ? Serait-il un mutant, lui aussi ?