Une tournée bien arrosée (PV Tabitha + Éventuels intéressés)

Le soleil en avait eu plus qu'assez de jouer avec le jour et s'était éclipsé pour laisser la noirceur lunaire déguiser le monde en noir. Les éclats de la lune daignaient parfois éclairer les visages de ses admirateurs discrets en de beaux portraits blancs dont les yeux sont masqués par des ombres effrayantes. Une danse de figures cadavériques se serait faite siffler s'il y avait eu des spectateurs pour la regarder, mais personne parmi la faible population traversant cette rue n'osait regarder les autres en face, de craint ou d'effroi, qui pouvait le dire ? Ce quartier d'apparence inanimé se laissait entraîner d'une musique douce accompagné d'un chœur bovin pleurant de volupté avant de sentir la poigne terrifiante de l'homme leur couper la gorge et déverser leur sang pour des motifs religieux stupides et insensés mais puisque c'était lié à une tradition d'origines soi-disant ancestrales, personne n'y faisait réellement attention, car la seule chose qui importait était le steak dans l'assiette, puis dans l'estomac, ils fermaient tous aisément les yeux sur les provenances de la viande, leurs conditions de coupe, leur traitements et tout le bazar qui allait de pair avec ceci. Ils étaient contents tant qu'ils ne souffraient pas d'intoxication alimentaire, et que le kilo de viande fasse deux repas.
Mais dans ce quartier pour le moins barbare subsistait un semblant de vie, une étincelle d'animation qui égayait les têtes des participants. Le Colorado, un nom qui a dû demander une énorme quantité de travail et de recherches pour le trouver, était le nom d'un de ces bars qui n'étaient fréquentés que par les habitués, qui voyaient rarement la lumière du jour tant l'aspect quelque peu morbide de ce lieu rendait les consommateurs presque dépressifs et les poussait ainsi à dépenser leur argent dans l'alcool vendu légèrement au-dessus des prix autorisés par l'état. Se trouvait là un ramassis d'alcooliques rendus débiles dans leur façon d'utiliser leur propre langue et plus encore dans leurs propos outrageux, scandaleux et tous les adjectifs aussi mélioratifs que l'on pouvait trouver. Ce repaire de druides de la chopine, maîtres du goulot ou peu importe les noms qui qualifiaient leur maîtrise de l'alcool et de la bouteille, duquel se dégageait une odeur forte imprégnée de mélanges d'alcools et de résidus dont l'origine se voit mieux d'être cachée avait toutefois attiré par-là, d'une manière ou d'une autre, le clown tout droit venu du vieux continent.

Qui était-il, qu'allait-il faire ? Tant de questions qui auraient leur réponse dans quelques temps, mais qui se devaient d'abord d'attendre le bon moment pour dévoiler leur solution. Waylon poussa délicatement la porte du bar, en manquant juste de faire sauter les gonds de la porte ce qui braqua soudainement les regards sur lui. Un silence de mort passa mais il n'en fit rien et se dirigea sans broncher au comptoir, une valise à la main, d'apparence de mauvaise facture et sans valeur mais qui possédait toutefois un système de fermeture sophistiqué, ce n'était certes pas des verrous exigeant une empreinte tactile, mais ce n'était pas loin. Les yeux à moitié paumés des habitués de ce rade scrutaient pendant quelques temps la valise plus que la personne qui la tenait mais finirent par détourner leur attention pour se concentrer à nouveau sur la seule chose qui leur permettait de se faire du bien, l'alcool. Waylon observa très rapidement le type de personnes qui s'oubliaient ici, en majorité il y avait des hommes mais quelques femmes avaient emmené leur… joli minois par ici, en admettant qu'il faille avoir des goûts pour les robots-mixeurs et surtout leurs résultats. De plus elles n'étaient plus toutes jeunes, sauf peut-être une ou deux, mais Waylon n'était pas venu pour aller séduire les fumelles.
Waylon était relativement bien habillé, pas chic certes, mais dans des styles appréciables pour un anglais typique. Il manquait le monocle et la tasse de thé et il serait passé pour l'archétype britannique le plus parfait pour un préjugé, ce qu'il voulait tout de même éviter, il était recherché en Angleterre, et il était fort probable qu'il le soit ici aussi. Il n'avait pas de montres rolex top-tendance ou de ray-ban à X centaines de dollars, il avait autre chose à faire de son argent et arriver dans un bar des plus communs voire pire en étant habillé chic, cela ne manquerait pas de paraître suspect et surtout de lui attirer des ennuis. Avec ses cheveux bien coiffé et son chapeau en moins il se fondait tout de même aisément dans la foule, bien que la population de ce taudis semblait adopter le look des motards, ou un simulacre exprimant un fétichisme pour ces choses-là.
Waylon s'installa au comptoir, l'air sérieux, lança un coup d'œil sur le type à côté de lui, il avait ingéré une dose trop forte et visiblement le barman ne semblait pas préoccupé de son état, tant qu'il payait, il le gardait, il donnait l'impression d'en avoir rien à cirer des règlementations, d'ailleurs, tout le bar était crade dans l'ensemble. Il demanda deux verres de whysky, et sous le regard interrogateur et méprisant de celui qui se trouvait devant la caisse il ajouta : « C'est pour ta sœur ! Mais bien sûr que j'attends quelqu'un ! » Ce qui était naturellement absolument faux, il comptait boire les deux verres seul, enfin pour le moment, à moins qu'il soit généreux et l'offrir au premier venu, mais c'était étonnant, il eût fallu que cette personne le mérite.

Et voilà, les festivités commençaient avant même qu'il ait pu boire son premier verre. À peine avait-il attrapé le premier verre de whisky fraîchement servi que celui-ci lui explosa dans les mains, sous le regard ébahi du serveur et du client. Waylon, malgré la forte estime de soi qu'il pouvait avoir en ce moment, savait que ce n'était pourtant pas sa force brute qui lui avait permis de faire éclater le verre ainsi, il y avait autre chose, de plus… surnaturel. Il regarda l'étendue des dégâts, des débris de verre un peu partout sur le comptoir et sur ses vêtements, certains avaient râpé sa main au point d'en faire sortir quelques filets de sang, mais il s'inquiétait surtout de ses vêtements, qui n'avaient pas la moindre égratignure certes, mais ils étaient totalement enduits d'alcool, et il allait éprouver quelques petites difficultés pour se faire passer pour un ivrogne alcoolique et sans domicile fixe avec des vêtements typiquement anglais comme ceux-ci.
Il attrapa le second verre en se demandant si celui-ci n'allait pas exploser également, mas il s'avéra que non. Il but une gorgée assez imposante pour lui réveiller la trachée et l'estomac, et il simula d'ores et déjà un état enivré pour renverser son verre sur le côté, mais pour éviter qu'il ne se brise il le retint avec le pied. Il se pencha pour finalement récupérer le verre sous le tabouret d'une femme au manteau rouge, qu'il avait très vite repérée comme étant une auteur présumée de cet incident, étant donné qu'elle ne s'était pas privée de sourire en voyant ce fiasco. Sortant une terrifiante arme de sa poche après avoir fait semblant de tomber, cette arme terrible au pouvoir monstrueux de dévisser tout ce qui pouvait être dévissé, il utilisa le tourne-vis pour enlever les vis qui supportaient cette femme, mais très rapidement bien sûr, et lorsqu'il remonta enfin sur son tabouret, il frappa en masquant le caractère volontaire de la situation pour décrocher les pieds et faire ainsi tomber cette femme.
Il saisit alors de nouveau son verre et but une autre gorgée, avant de dire au barman : « Vous devriez faire régulariser votre équipement, entre les verres qui explosent et les tabourets qui s'effondrent. » Il toisa cette femme du regard, elle n'était visiblement pas d'ici, tout comme lui d'ailleurs, ou alors elle faisait semblant mais pourquoi donc ? Serait-il tombé sur une personne avec la même caractéristique que lui ? C'était très peu probable cependant. Il la regardai se relever sous les yeux hilares de ceux qui étaient encore suffisamment conscients pour ne pas faire la cour à leur boisson fétiche, ce qu'il pouvait y avoir comme cas sociaux dans ce bar miteux. Cela allait être particulièrement difficile de faire bouger tout ce monde-là, et pourtant il était tout de même persuadé qu'avec quelques mots bien placés il pouvait en faire réagir certains, et une bagarre de plus dans un bar pourri. Mais il ne voulait pas de cela pour le moment, peut-être plus tard il n'en était même pas encore sûr, et ne savait surtout pas si sa tête allait agir ainsi.

Il releva sa valise et la posa sur le tabouret où il était au préalable assis, mais plutôt qu'une valise disons que cela ressemblait plus à une grande mallette mais avec deux systèmes d'ouverture et une sorte de cache circulaire sur un côté. Bien évidemment, le luxe apparent de cette mallette allait susciter l'intérêt de certaines personnes, pourquoi pas la femme qui était pour lui responsable de l'explosion du verre. Il prit soin ensuite d'aller essayer de nettoyer ses vêtements aux toilettes, même s'il ne comptait pas trop sur la propreté du savon, qu'il ne trouva même pas d'ailleurs, ce n'était là qu'un ramassis de vomi et d'odeurs nauséabondes en tous genre. Et à la vue de certains habitués des toilettes on se demandait lesquels étaient les plus dégueulasses, les résidus de vomi ou leurs auteurs ? Il détroussa certains inconscients de leurs biens monétaires, après tout ils étaient voués à moisir dans les bars alors il ne faisait que provoquer leur décadence plus rapidement, c'était tout.
Lorsqu'il revient dans la salle de consommation, qui faisait aussi salle de vie et de mort si on voulait, et ne s'empêcha pas de remarquer que quelqu'un tentait de voir le contenu de la mallette. Waylon retint un fou-rire car il savait pertinemment ce qu'il y avait comme contenu. Effectivement, lorsque le type enfonça la première serrure, la moins fiable d'ailleurs car l'autre il ne pourrait jamais la forcer sans avoir la seule clé farfelue existante pour celle-ci, et Waylon éclata de rire lorsque la mallette s'ouvrit subitement sans crier gare avec un grand *BOOM* visuel et non sonore, il ne voulais pas faire sauter le bar, surtout s'il était à l'intérieur, mais cela choqua tellement cette homme qui avait tenté d'observer le fond de sa mallette qu'il en était tombé inconscient, mort ou non, il n'en savait rien, il était bien trop occupé à se tordre de rire. En fait, si l'autre était forcément mort puisque de la mallette s'était dégagé en même temps un très léger gaz très mortel très volatile ce qui fait qu'au bout de quelques secondes il avait asphyxier sa victime et s'était dissipé dans l'air.
Waylon s'approcha de lui, et le traîna jusque dans les toilettes, sous les yeux inquiets des passants. Il l'avait emmené dans une cabine qu'il avait pris soin de fermer en forçant un peu. Puis il ajouta en revenant auprès de la dame en rouge : « Il devrait domir un moment, je vous conseille de ne pas aller le déranger, quand il commencera à rejeter ce qu'il a bu, ça ne fera pas bon ménage du tout, soyez-en assurés ! » Puis il éclata de nouveau de rire, tant il se demandait comment il avait pu formuler une phrase aussi syntaxiquement correcte, alors qu'il savait surtout que c'était totalement faux. Cette personne était morte, il avait lui-même concocté le piège pour quiconque chercherait à fouiller ses effets personnels. Une autre victime à ajouter à la liste déjà grande, mais les gens ne le verraient que plus tard, quand ils se demanderont pourquoi il ne sort pas. Mais là, Waylon serait déjà loin.

Waylon commençait à sérieusement avoir mal aux côtes à force de rire par rapport à sa petite blagounette meurtrière qui n'avait même pas éveillé un seul soupçon dans ce bar minable où il avait traîné sa carcasse de trentenaire. En fait si, le barman lui il le regardait méchamment, signe que s'il foutait encore une seule fois le bordel dans son établissement, il le ferait valser à travers la porte, le menaçant de mille et une manière de lui faire regretter si jamais il remettait les pieds ici. Mais Waylon ne se laissait pas intimider, et regardai l'hôte avec autant d'intérêt qu'à regarder le Jerry Springer Show. Tout dans le jeu de scène, mais aucune fondation réelle, il ne manquait plus que ce type lui fasse une morale qui n'avait rien à voir avec l'actualité de la salle et il lui aurait trouvé son surnom. Mais Waylon n'eut pas la patience d'attendre que l'autre se décide à aligner deux phrases sensées, aussi il se retourna et fit une inspection visuelle, dans l'espoir que cela puisse le désespérer suffisamment pour arrêter enfin de rire et de se tordre les côtes.
Tiens, un couple de danseurs, c'était étonnant de voir ça, surtout vu l'ambiance. Ils devaient être eux aussi complètement ivres pour s'imaginer qu'il y a une musique qui tourne dans ce bar, quoique si il y avait réellement de la musique, elle était juste quelque peu masquée par les bruits indescriptibles des poivrots gémissant, meuglant ou quoi que pût être encore le bruit d'animal à quoi on aurait pu éventuellement comparer cela. Mais le bruit était peut-être sans doute couvert par les renvois gastriques qu'un autre faisait, mais quant à savoir quoi de son vomi ou de son visage était le plus dégoûtant, la question risquait de provoquer une polémique. Mais il y a aussi des gens silencieux dans cette salle, comme cette dévergondée qui, si elle ne exhibait ouvertement, ne passait pas inaperçue même cachée derrière une table. Sans doute s'entraînait-elle déjà pour expérimenter les sensations qu'elle aura une fois que les vers commenceront à la bouffer. Mais il n'en avait que faire, il cherchait surtout quoi faire pour s'occuper personnellement de ces moins que rien.
Mais il avait quelques difficultés à trouver une occupation pour le moment, il venait de tuer une personne, ça avait été très drôle certes, mais il n'était pas persuadé ni convaincu qu'une autre victime serait aussi drôle, d'autant plus qu'il serait beaucoup moins crédible à cause du petit incident tout juste arrivé. La surprise viendrait plus tard… peut-être. Il se retourna face au barman alors, lui par contre il ne voulait pas le rater, c'était certain, tôt ou tard il allait en prendre plein la figure, mais ce dernier épiait ses moindres faits et gestes, cela n'allait pas être évident à le piéger, d'autant plus que Waylon n'avait pour l'heure aucune idée de comment il se paierait sa tête, que ce soit des mots, des gestes, ou quoi que ce soit d'autre. Mais au pire, il aurait sa surprise plus tard, s'il avait l'occasion de faire ce qu'il avait prévu de faire, donc s'il n'était pas réduit dans ses possibilités d'action par quelqu'un, sans doute celle qui était assise à côté de lui et dont il se méfiait car il se doutait que c'était elle la coupable dans l'explosion du verre.

D'ailleurs celle-ci ne sembla pas avoir réagi le moins du monde lorsque l'homme s'était effondré sur le sol, et même après d'ailleurs, puisqu'elle répondit en désignant ce type avec dédain, un souillon avait-elle dit. Soit ce n'était pas un mauvais adjectif, mais ce terme devrait plutôt convenir à cette femme qui semblait se faire plaisir toute seule et sans alcool, car pourquoi venir dans un bar pour de telles pratiques si ce n'était pas pour tenter d'accrocher quelqu'un ? Mais à cette phrase il ne répondit pas, il n'en voyait pas l'intérêt, et elle avait dit qu'il ne fallait pas lui en parler, alors il la prenait au mot, même si cela n'était simplement qu'une expression figée marquant l'exaspération, si ce n'était plus comme pouvait l'être la désespérance. En tous les cas Waylon ne sentait souvent comme ça en voyant le type de personne comme ces habitués du bar pourri, ou pourris en fonction de la chose désignée. Tout était possible sur les mots, juste une question de connaissances.
Toutefois la seconde remarque lui perça le cœur, depuis quand ses habits étaient ridicules ? Elle s'imaginait mieux elle avec son pull rouge totalement indécent ? Enfin si elle était dans ce bar, elle ne devait donc pas valoir mieux que les autres d'ici, même si son intelligence semblait être à une barre légèrement au-dessus, peut-être un cran seulement. Et quant à la fin de sa seconde phrase, il se mit à réfléchir, un cirque, et pourquoi pas après tout ? Cette idée ne l'avait jamais traversé, enfin si mais il ne s'en souvenait pas, et elle avait quelque logique, peut-être pourrait-il se déguiser en fauve tigré ? Oui cette remarque à elle seule contient toutes les indications pouvant évaluer l'estime qu'il avait pour cette femme qui ne se privait pas de montrer ce que son corps lui avait donné, à moins qu'elle ait elle-même volontairement modifié celui-ci, ce qui pouvait être probable vu l'envergure de sa poitrine.
Il ne la dévisagea cependant pas très longtemps, et prit toutefois plus de temps à fixer son visage. Il n'aimait pas les traits durs de son visage, heureusement pour elle qu'elle avait juste de quoi attirer les hommes, mais pour les garder plus d'une nuit, elle devait avoir bien du courage. Mais en gardant un minimum de distinction, il poursuivit en accentuant fortement les dernières syllabes de la première phrases : « Mes habits sont le propre d'une civilisation qui avait bien plus de valeurs que la caste que vous représentez, madame. Ils témoignent de la galanterie et des bonnes manières inculquées aux fils de la bonne société ! » Certains alcooliques derrière lui voulurent le huer face aux derniers mots mais il les reprit aussi sec : « La ferme sales raclures sinon je fais de la bouillie avec vos os ! » Étonnement personne ne voulut répondre à cela, mais dans le cas où cela aurait fini de la sorte, il avait de quoi se défendre, et n'hésiterais pas à le faire s'il y avait besoin. Ce sujet lui tenait beaucoup trop à cœur pour qu'il laisse des gens s'en moquer. Puis il regarda à nouveau cette femme droit dans les yeux : « Et si je faisais partie d'un cirque, je jouerais le dresseur et vous le fauve sauvage mâle lubrique ? » C'était une provocation très ouverte assurément, mais pas au point de déclencher une bagarre, tout du moins il ne l'espérait pas trop, car s'il s'en tenait à ce qu'il venait de dire, il était gentleman et donc ne levait jamais la main sur une femme.

C'en était totalement fini du plaisir que pouvait chercher Waylon à trouver ici, il ne s'amusait plus, il ne voulait plus rester ici. Il était certes reconnu comme étant un fou, et il ne se le cachait pas lui-même en temps normal, à moins d'en être à un stade où sa mémoire l'abandonne à son triste sort et qu'il ne se souvienne plus de son séjour inconfortable et regrettable à l'asile, mais dans ses instants de lucidité à peu près réelles, bien que ce soit difficile de réellement dire que cela est vrai en considérant l'homme qu'il était auparavant, il n'aimais guère que l'on parle avant autant de mépris de la société de laquelle il était né, celle qui contenait de vraies valeurs de politesse, de respect des femmes. Malheureusement la femme n'avait pas entièrement tort, sa société d'antan n'avait pas réglé tous les fléaux du monde, mais elle était qui elle pour dire ça ? De nos jours il n'y a guère mieux dans cette société américaine décadente, moins de respect, ou alors une image corrompue et maltraitée du respect.
Mais elle l'avait surtout profondément blessé en lui disant qu'il ferait mieux de retourner à l'asile, qu'il était loin d'être guéri et qu'il ne méritait à proprement parler que d'y retourner. Il manqua de peu d'entrer dans une colère noire qui lui aurait fait oublier temporairement les valeurs en lesquelles il croyait fermement, pour le moment, c'est à dire celles par lesquelles un homme n'a nullement le droit de lever la main sur une femme, une jeune fille ou une enfant peu importe, mais même lever la main tout court sur autrui. Parallèlement il avait envie de se faire taper dessus jusqu'à ce que la grande faucheuse vienne le chercher et l'emmène loin de ces pourritures qui souillent la terre, détruisent l'être humain et pervertissent les bonnes âmes dont il était certain que la population n'en manquait pourtant pas. Lui-même ne se considérait pas dans ce lot, son esprit avait été frappé par la folie, et il le savait bien, ou du moins il s'en doutait, qu'il n'avait pas toujours été cette personne qui respecte tout un chacun…
Mais sur cet état de fait il se releva sans dire un mot, réajusta le col de son manteau qu'il boutonna ensuite, déposa sa valise sur le comptoir, paya la note tout de même, car il voulait quand même payer le type qui l'avait fait cracher pour les deux verres alors que l'un avait explosé sous son nez. Mais ce n'était pas grave, d'un point de vue financier ça n'allait pas poser le moindre souci dans sa fortune familiale, en espérant cependant que sa mère n'ait pas décidé de le lui renier mais aux dernières nouvelles, malgré son état psychologique plus qu'instable, elle ne voulait pas abandonner son enfant, même âgé de 33 ans. Une valeur familiale que Waylon n'avait étrangement jamais renié, il n'avait jamais joué celui qui était en froid avec ses parents ou qu'il faisait passer pour des victimes d'un tragique accident. Il regarda rapidement la femme qui l'avait incendié mais refusa même de lui répondre, elle ne le regardait même plus de toute manière.

Il prit la direction de la sortie, sous des regards inquisiteurs vu que l'attention de ces poivrots avait été suscitée par le discours de cette catin, mais surtout par le fait qu'il avait laissé sa valise sur le comptoir, et comme poussés par la cupidité, aucun d'eux ne l'en avertit, sans doute avaient-ils tous envie de découvrir le contenu de celle-ci, ou alors c'était juste pour lui causer du tort gratuitement et sans se mouiller. Mais Waylon ne fit même pas attention aux regards posés sur lui, il réfléchissait à autre chose, quelque chose à faire enfin plus exactement à dire. Il enfouit ses mains dans ses poches et sentit quelque chose de bizarre, quelque chose dont il ignorait que cela se trouve là, autant que l'objet pour le déclencher, enfin bref. Il ouvrit la porte et se retourna dans l'encadrement de celle-ci, et dit : « J'imagine que parmi vous il y a des fans de football [américain], alors j'espère que vous êtes pas encore assez bourrés pour rattraper les balles ! »
Sur ce, il tira de sa poche les pétards que l'on surnomme habituellement mitraillette, les alluma et les balança dans ce bar miteux. Elles explosèrent au bout de quelques secondes, trois ou quatre peut-être, mais celles-ci étaient inoffensives, elles avaient appartenu à un enfant très certainement. Il resta derrière la porte cependant, comptant jusqu'à dix environ, le temps que les pétards finissent d'instaurer la peur chez tous ces ratés, et lorsqu'il arriva à dix, il appuya sur le bouton d'une télécommande, qui activa alors le mécanisme situé dans la valise. Il avait posé celle-ci debout, de manière à ce qu'un socle vienne la soulever en dessous de quelques centimètres et permettre un mouvement circulaire sur le pied, une protection du même genre que celle sur les objectifs des appareils photos sauta et la valise se mit à cracher des balles de mitraillettes. Il ne savait pas s'il y allait y avoir des blessés ou non, il s'en fichait royalement, l'important était le message à savoir que l'alcool tue, mais cela ne serait pas interprété de la sorte, et il ne savais pas non plus si la femme aux pouvoirs mystérieux empêcherait cette « catastrophe », mais il ne s'en souciait même pas, il était parti et c'était bien là la seule chose qui comptait avait que des forces de l'ordre ne rappliquent.