Si tu viens à moi… (Louis Mac Cavaugh)

Trônant magnifiquement au 55th street Manatthan, la Synagogue Centrale de New-York s’élevait au milieu des buildings, telle la gardienne immortelle de la foi judaïque. La superbe bâtisse ne manquait jamais d’attirer la curiosité des promeneurs qui, l’espace de quelques secondes, demeurait admiratifs devant ses majestueuses tourelles de pierre ou la Rosas aux couleurs chatoyantes ornée d’une superbe Etoile de David. Les avis des uns et des autres étaient très partagés et si vous preniez le temps de les interroger sur le sujet vous auriez certainement entendu une foule de différents témoignages. Pour certains, elle était le symbole d’une communauté influente au sein des Etats-Unis alors que pour d’autres, elle était le lieu de recueillement de bons nombres de connaissances et d’amis. Une autre catégorie de la population, plus intolérante voire même antisémite, voyait ce lieu comme une plaie dont les New-Yorkais devraient se débarrasser au plus vite.

Comme vous aurez pu le constater par vous-même, les opinions des New-Yorkais étaient aussi différentes au sujet des juifs que les relations qu’ils entretenaient avec eux. Quant était-il des principaux intéressés ? Et bien, les juifs étaient tout simplement heureux de posséder en leur terre, un lieu qui leur permettait chaque jour de chabbat de se rapprocher au plus près de leur Dieu et de célébrer en communauté leur joie de se retrouver au travers de leurs chants et de leurs prières. Mais pour que chaque célébrations soit un succès, il fallait qu’un Rabbin ainsi que ses collaborateurs se chargent toutes les semaines de l’organisation du la prière du Chabbat.

C’ est dans ce but que le jeune Rabbin sans paroisse David Haller s’était présenté à la synagogue en ce vendredi matin. Fidèle disciple du Rabbi Rubinstein, David se faisait un plaisir de répondre à chaque fois à ses appels de détresse. Au moment de rentrer dans la synagogue, il observa avec amour les murs colorés du bâtiment ainsi que les plafonds d’un bleu profond sur lequel étaient peint de multiples étoiles, charmantes façon de rappeler aux juifs que leurs ancêtres loin de leur Temple détruits par des siècles de haine célébraient leurs cérémonies religieuses é la belle étoile.

Quelques paroissiens se trouvaient déjà dans la Synagogue de très bon matin. Ils adressaient tour à tour des supplications, des remerciements ou simplement des témoignages d’amour au Très-Haut qui ne pouvait qu’être touché par cette Foi sans cesse présente dans le cœur de ses créatures. David salua tour à tour ces croyants qu’il connaissait et porta son attention sur un jeune homme qu’il n’avait jamais vu jusqu’ici. Le pauvre garçon semblait être perdu, ne sachant que faire. David s’approcha alors de lui et lui posa une question.

- Bonjour Monsieur ! Vous semblez être perdu, est-ce la première fois que vous venez dans cette Paroisse ?

Invité

Vendredi 7h30 du matin, une demi-heure avant le début du euh… de la réunion qui se déroule apparemment tous les lundis et vendredis à 8h selon l’affichette à l’entrée. La synagogue commence à se remplir et le testeur de Louis est aux abonnés absents, il a un retard de 30min.

Habitué aux activités nocturnes, ce dernier a du mal à tenir debout. Il a à peine dormi deux heures et ses derniers clients de plaisirs physiques lui ont fait prendre moult substances indéfinissables.

Assis dans le fond de la synagogue, il essaie de reprendre ses esprits. Ce $*{#& de testeur lui a posé un lapin alors que le chimiste s’est déplacé malgré son état. Il passe sa main sur son front et finit par s’y appuyer. Il regarde autour de lui. Quelle idée de donner rendez-vous dans une synagogue. Il n’y entend rien en religion. Mais quelle journée de @&$£% l’attend encore?

Soudain, une main se pose sur son épaule.
Bonjour Monsieur ! Vous semblez être perdu, est-ce la première fois que vous venez dans cette Paroisse ?

Je… euh… oui, j’attendais quelqu’un mais je crois que la personne ne viendra pas. J’avoue que…

Les substances cumulées au manque de sommeil ont raison de sa physiologie, son corps le lâche. Louis tombe inconscient dans les bras du premier venu.

Lorsqu’il s’était approché du jeune homme, David avait déjà remarqué que le jeune homme semblait être fatigué. A présent, il en avait la certitude. Son interlocuteur avait un visage livide et se tenait à peine sur son banc. Il ignorait à quoi ce jeune homme avait bien pu consacrer sa soirée mais il était clair qu’il n’avait pas beaucoup dormi.

La seule chose qu’il apprit sur lui avant qu’il ne s’évanouisse était qu’il attendait quelqu’un. Très étrange, quelle personne pouvait-elle bien donner rendez-vous dans une Paroisse ? Ce n’était guère un lieu qui prêtait à la conversation mais plutôt à la prière et à la réflexion.

Soudainement le jeune homme sombra dans l’inconscience et David eut tôt fait de réagir. Se plaçant à ses côtés, il l’allongea sur son banc en surélevant légèrement ses jambes. David espérait que cela lui suffirait à se réveiller mais prit quand même soin de prendre quelques précautions. David se releva alors de son banc et se dirigea vers l’un de ses paroissiens dont il savait qu’il souffrait d’évanouissement fréquents et lui emprunta un petit flacon de sel.

Comme l’évanouissement du jeune homme n’avait pas passé inaperçu, la plupart des juifs de tournèrent inquiet dans sa direction et la plupart d’entre s’en approchèrent n peu plus. David qui se tenait encore près du jeune homme sentit soudainement une présence qui l’accompagnait. Ce n’était qu’un bruissement, un simple murmure derrière lui mais David sentait que quelque chose accompagnait son esprit… Ce pourrait-il que ce jeune homme soit un mutant ?

Invité

Margareth: Louis?
Louis: ...
Margareth: Et bien bravo.

Margareth sent son corps être manipulé. Elle préfère attendre un peu, son frère intérieur va peut-être revenir. Soudain, des sels lui agressent le nez. Il y a une limite à la patience, frère ou pas. Margareth prend le contrôle du corps et tente de se relever sur ses coudes.

Pardonnez-moi, je me suis sentie mal.

Un froncement de sourcil vient perturber son visage. Par habitude, elle utilise le féminin.
En attendant, son imbécile de frère a encore exagéré la nuit dernière. Impossible d'utiliser les boosters pour le moment, il lui manque trop de sucre et d'énergie. Elle se relève péniblement mais au moment où elle est presque debout, Louis se réveille, switchant automatiquement les deux systèmes nerveux et donnant le contrôle du corps à la personnalité masculine. Pris de court dans un corps titubant, ce dernier reperd l'équilibre mais arrive à s'accrocher aux dossiers.

Louis: Je te laisse, je me sens mal.
Margareth: Hey!

De nouveau aux commandes, le (la) malade fait un tour d'horizon rapide du regard: les personnes présentes la dévisagent, mi-inquiets mi-curieux.

Je crois qu'il vaut mieux que je retourne chez moi. Veuillez excusez le dérangement.

D'un pas plus souple et moins marqué que celui de son frère, Margareth se dirige vers la sortie, aussi honteuse que perdue dans un endroit qu'elle ne connaît pas.

Ce qui jusqu’ici n’était qu’un murmure pour David se changea soudainement une voix humaines. Le jeune mutant parvenait maintenant à entendre les paroles de la jeune fille qui apparemment hantait l’esprit de celui qu’elle appelait Louis. Cette découverte ne surpris guère David. Qui, après tout, pouvait-il comprendre ce phénomène mieux que lui ? L’esprit de Margareth cohabitait avec Louis tout comme Jack Wayne, Cindy et Fanya cohabitait avec David.

Lorsque Louis tenta de se relever, David qui se tenait assis à ses côtés resta à l’observer un moment. Il comprit que Margareth pouvait, à la différence de ses personnalités, contrôlait son corps. Apparemment, elle ne désirait pas lui faire de mal, mais David préférait demeurer prudent. Il ne fallait pas que Margareth ou Louis se lève trop tôt, au risque de s’évanouir à nouveau. David posa donc une main chaleureuse sur l’épaule de Louis et déclara.

- Restez calme mon ami ! Vous vous êtes évanoui, il vaut mieux que vous patientez quelques minutes avant de vous relever.

Ne prenant pas garde aux conseils de David, Margareth ou Louis de peur du spectacle qu’ils étaient en train d’offrir aux fidèles rassemblés tentèrent de relever leur enveloppe charnelle. Il se releva donc et David regarda inquiet Louis se diriger vers la porte d’entrée. Muni d’un profond esprit d’humanité et, il faut bien l’admettre, piqué par la curiosité, David se releva et s’approcha de lui.

- Non attendez jeune homme. Vous ne nous dérangez nullement. Pardonnez-nous si nous vous avons quelque peu effrayé. Sachez que vous êtes le bienvenu parmi nous et que vous pouvez restez tant qu’il vous plaira. Mais peut être auriez-vous besoin d’un petit remontant. Je dispose d’une demi-heure de congé avant les premières célébrations. Que diriez-vous de prendre un verre, vous êtes mon invité.

Invité

Que dire? Je n'ai pas l'habitude de parler aux gens... Louis étant toujours aux commandes de notre corps, c'est lui qui parle et agit pour nous. Il m'arrive de pouvoir maîtriser notre corps quand il est endormi mais ça reste des exceptions. Je ne suis pas habituée à interagir avec les gens, encore moins dans une synagogue. Cependant, cet homme a l'air aimable. Et si j'essayais de parler plus de cinq secondes aujourd'hui?

Merci. Excusez-moi pour le dérangement.

Les événements connaissent parfois des tournures amusantes. Je suppose que ça fait le charme de l'existence. Habituée à me laisser conduire par mon frère, c'est la première fois que je présente des excuses à quelqu'un. C'est drôle. Presque amusant. J'aimerais essayer d'autres répliques. Laquelle ai-je envie de tester pour le moment? Ah oui, la curiosité.

Les célébrations? Vous êtes donc Rabbin?

Hu! Je m'amuse de plus en plus. Il a vraiment l'air gentil. Je crois que j'ai trouvé la personne idéale pour tester la communication. Alors voyons, que ferait un être humain normal en pareilles circonstances? Oh c'est vrai! Les présentations. L'évidence se confond souvent avec oubli.

Je m'appelle Louis.

Arf. J'ai l'impression de mentir quand je dis ça. Mais je ne peux tout de même pas donner Margareth.... je passerai pour un trans. Quoique... finalement.... pour le moment... c'est vrai que j'en suis une. Soit, passons à autre chose.

Euh j'attendais quelqu'un, une personne de votre paroisse. Vous auriez de l'alcool?

Je suis super heureuse. Je devrais plus souvent demander à Louis d'avoir des syncopes!

Le phénomène qui se produisait devant David ne manquait pas d’attiser sa curiosité. Louis qui se tenait devant lui avait beau remuer des lèvres et bouger, ce n’était pas lui qui contrôlait son corps. Il pouvait entendre clairement la voix de la jeune femme et son esprit possédait totalement le jeune homme. Quelle étrange situation ! Pourtant, le jeune rabbin ne put s’empêcher de sourire. Jamais encore l’idée de rencontrer un autre mutant aux pouvoirs si semblables aux siens ne lui avait traversé l’esprit. Il se sentait soudainement libéré, comme s’il était en présence d’un ange déchu qui comprendrais et peut être même partageais sa peine. Dans un sourire, David répondit à sa première remarque.

- Je vous en prie Monsieur, vous n’avez aucune raison de vous excusez. Vous m’avez causé une belle frayeur et je suis bien aise de voir que vous vous portez mieux.

David avait beau être satisfait du jeu auquel il se prêtait, il n’était pas certain que le jeune homme se portait réellement mieux. Pourtant, l’esprit parasite de l’inconnu, contrairement à Cyndi, Fanya et Jack, ne semblait pas lui vouloir du mal. C’était déjà une bonne chose en soi… David espérait seulement que Cyndi ne se manifesterait pas à cet instant. Lorsque son hôte se présenta à lui David lui sourit et lui tendit la main.

- Enchanté de faire votre connaissance Louis. Je me nomme David Haller et comme vous avez déjà eu l’occasion de le constater je suis rabbin… ou pour être exact une jeune séminariste en quête de sagesse judaïque.

C'est à cet instant précis que l’esprit de Cyndi se manifesta. David ne lui avait pourtant rien demandé mais l’adolescente, intriguée par sa camarade ayant trouvé refuge dans l’esprit de Louis. Décidant soudainement de répondre à la place de son hôte, elle poussa un petit rire étouffé et répondit.

- Très bien en ce cas Louis, nous attendrons votre ami autour d’un verre de vin des plus exquis. Nous aurons alors l’occasion de faire plus ample connaissance… Quel est le nom de votre ami ? Peut être pourrais-je vous renseigner.

Invité

- Très bien en ce cas Louis, nous attendrons votre ami autour d’un verre de vin des plus exquis. Nous aurons alors l’occasion de faire plus ample connaissance… [...]

Combien de temps me suis-je voilé la face? En entendant ces mots, un vent de froid traverse mon dos. Mes viscères disparaissent dans un vide que je ne connaissais pas. Habituée à survivre dans un corps qui suit les ordres de Louis, j'ai subi. Mon existence a été à l'image de ma naissance: inexistante.

- [...]Quel est le nom de votre ami ? Peut être pourrais-je vous renseigner.

Je ne suis pas habituée à vivre. Je n'arrive pas à maintenir un masque d'impassibilité comme Louis le fait. Quoique chez lui ce soit plus un réflexe conditionné qu'une défense voulue. Je me sens mal. Pas de syncope ou de fatigue, mais parce que je suis en train de réaliser une fraction de ce que j'ai raté pendant toutes ces années. Je voudrais fuir. Non. Je ne suis jamais vivante, je ne peux pas fuir la première fois où je deviens tangible.

Merci. Adda Samuel.

Dans une conscience brumeuse, je le suis et nous nous asseyons à cette table sur laquelle je dépose mes coudes pour prendre mon visage entre mes mains. C'est atroce. Heureux les innocents, dit-on. C'est vrai. Tant que j'ignorais, je ne pouvais regretter. A défaut de fuir, je peux au moins essayer de discuter comme le ferait un homme normal, non?

Euh... et c'est sympa, être rabbin? Ca doit être lourd de devoir écouter toutes les conneries que font les gens...

Parce que pour moi ça devient lourd. J'en ai assez des erreurs et de la conduite de Louis. Il gâche sa vie et la mienne par la même occasion. J'aime mon frère. Je l'adore. De facto, il est mon univers. Et malgré cette domination de Louis sur notre corps, c'est moi qui lui sert de sœur réconfortante et de mère aimante. Mais j'ai de plus en plus de mal à supporter son manque abyssal de valeurs humaines.

David écouta avec attention les propos de Louis. Il ne pouvait lui échapper que le jeune homme ne se sentait pas à son aise. La personnalité qui hantait le jeune homme n’avais semble-t-il pas l’habitude de se retrouver en une telle situation. Diriger le corps de son hôte lui était un exercice bien difficile et ses mouvements se faisaient des plus maladroits. David aurait bien souhaité lui venir en aide. S’informer auprès de lui sur le curieux phénomène de hantise qui le pourchassait. Mais pas ici, pas maintenant. La mutation de David n’était pas restée un secret pour ses paroissiens très longtemps. Mais il n’était pas question que le rabbin révèle la véritable nature de son interlocuteur, ne serait-ce que par respect envers lui.

Il réfléchit alors quelques instants su le nom que Louis lui avait donné tantôt. Ce nom semblait vaguement rappeler quelque chose à David. Dans un ton des plus interrogateurs, il lui posa ainsi cette question.

- Adda Samuel… N’était-il pas choristes dans le chœur de notre paroisse ? Si tel est le cas, cela fait bien longtemps que nous ne l’avons revu… Je suppose que son travail doit l’accabler de responsabilités bien lourdes à porter, ce qui expliquerait ces longues absences… Toutefois, cela me ferais très plaisir de le revoir.

David avait prononcé cette phrase de façon somme toute bien naïve. Il ignorait tout de la profession exercée par Adda Samuel. C’était un homme discret et peut porter sur les relations humaines. Néanmoins, tant que cet homme ne rejoindrait pas son ami, il était hors de question que David le laisse seul dans cet état. Avec délicatesse, David se releva et aida Louis à traverser la synagogue jusqu’à une pièce attenante. C’était une superbe salle où les chantres, rabbins et autre employés de la paroisse venait se changer avant les célébrations. David aida le jeune homme à se rasseoir avant de se diriger vers le vaisselier. Quelques bouteilles trônaient majestueusement sur le comptoir et David se saisit de l’une d’elles et servit un verre à son hôte.

- Certes la fonction de rabbin n'est pas un travail très facile. Il est souvent bien difficile de supporter les épreuves et la misère humaine... Toutefois savoir apporter un quelconque réconfort aux personnes désemparées est une bien belle récompence... Pour moi, il n'existe rien de plus beau que de consacrer sa vie à Dieu.

Un moment à peine après avoir prit place, Cindy se manifesta. Si David refusait de l’interroger à la synagogue, il ne verrait certes pas d’inconvénients à ce qu’elle le fasse ici.

- Depuis quand exactement souffrez-vous de ces migraines ? Quelle drôle d’esprit s’est-il emparé du votre pour vous faire ainsi souffrir.

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