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Sujet: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Lun 3 Mai 2010 - 11:08
Derrières ses lunettes teintées, il guettait. Sortir en solo dans les bas fonds de la ville était devenu une activité plus que rare pour Le Professeur Hopes. L'effervescence nocturne finissait par lui manquer. c'est juste cet instant étrange où on finit par s'inventer entre minuit et cinq heures du matin. Daniel en avait toujours besoin comme un papillon de nuit à besoin de sa lumière. Il aimait frotter ses ailes à l'anonymat des désespérances. On est véritablement seul avec soi même que lorsqu'on est plongé dans une foule. De foule pas question ce soir là. juste quelques traine- misères qui ont échoué leur galère dans ce piano bar un peu cheap. Hopes avait opté pour une tenue passe partout, loin de son élégance habituelle. Il savait que les élèves de l'institut ne s'aventuraient pas dans ce lieu. il l'avait choisi pour ca. En parfait habitué il lança un salut au barman et commanda un bourbon. Il buvait rarement, sauf dans ces soirs là où le spleen lui collait à l'âme comme un vieux chewing-gum- oublié. Rien de plus classique que de venir noyer son vague à l'âme ici sauf que le Professeur n'était pas là pour ca. Il réceptionna son verre, salua le barman d'un ton familier et entendu et se dirigea vers l'estrade dans une indifférence mutuelle avec un public clairsemé. Il s'installa devant le piano laissant d'abord courir ses doigts d'une façon quasi sensuelle. Il s'installa et en douceur prit ses marques. Un accord pus deux et enfin un véritable exercice de style. Accélération, allegro...Ce morceau sans titre était juste un préambule sorte de pompes sonores a effectuer avant le début des hostilités. Il attendait. Il attendait que la musique le rattrape et l'enveloppe avant de "ressentir" ce qu'il nommait parfois le "feeling". Il commenca par des compositions Jazzy qui avait enflammé en une autre époque les lieux oubliés du Club 51 de la capitale française. Les années 30 et leur folie..chaque note refaisait surgir un visage du passé et les fantômes dansaient une sarabande étrange et nostalgique à travers les méandres de ses souvenirs. Toujours plus vite, cette fois ci, il était dedans. Son génie réveillait quelques endormis qui peu à peu levaient la tête hors de leur misère. La virtuosité de Daniel avait peu d'égal dans cette ville mais il la tenait toujours dans l'ombre. Les débris d'une vie poussiéreuse ne devaient pas être exposés au soleil. Il fermait les yeux et lorsqu'il les rouvrit au dernier instant de sa mesure, il vit une jeune fille aux cheveux noirs au bar. étrangement il ne pensa rien. L'osmose avec la musique était trop forte, il n'était pas encore "revenu" de son voyage et se prit à sourire légèrement. Il la regarda longuement et se décida à une étrange expérience. Sans regarder se mains il commença tout en plissant les yeux à chercher à capter l'essence "photographique" de cette scène. Il chercha alors à la retranscrire en émotion musicale, c'était un exercice d'artiste assez intense. Il trouva rapidement les notes accordant ses sens entre eux. Sa muse anonyme lui permit de s'évader plus loin.
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Lun 3 Mai 2010 - 15:36
Ashe lâcha son pinceau dans un "floc" aqueux avant de se débarrasser de la chemise masculine dix fois trop grande qui lui tenait lieu de bleu de travail, souvenir d'un oublié à qui elle ne la rendrait jamais, faute de nom. Il était temps pour elle de retrouver un semblant de vie sociale.
La nuit était tombée depuis un certain temps sur New York et pourtant, jamais la ville n'était si éblouissante qu'en ces heures-là, où la rue chantait le spleen et exhalait la vieille vinasse. Lumière était faite sur la réalité, chaque soir, quand les ombres dansaient devant ses yeux de givre. La rue dans laquelle donnait son appartement n'était pas la mieux famée, mais elle l'aimait. Elle aimait voir la chatte grise et ses petits venir piailler à sa fenêtre après un voyage acrobatique, elle aimait voir cette fille blonde partir faire son boulot de strip-teaseuse, elle aimait voir son voisin gentil mais pochtron chercher sa clé à quatre pattes... Elle aimait se faire mal à contempler la vie autour d'elle, celle qui l'inspirait, celle qui réveillait la sympathie en elle, ces choses qu'elle n'aurait jamais dû voir comme des possibilités d'avenir. Elle ignorait pourquoi.
Et cette nuit elle s'était décidée à sortir, pour une fois, car après huit essais de toiles qui n'aboutissaient à rien qui lui plût, force était de constater qu'il n'y avait plus rien à sucer comme moelle de sa dernière immersion dans le monde réel. Il lui fallait du change.
Elle jeta donc la chemise tachée de peinture sur son canapé, terminant le chemin jusqu'à sa chambre en fort petite tenue - si elle avait pu, mais elle aimait trop voir l'extérieur par ses fenêtres, elle aurait également enlevé le bas : peindre nue lui semblait stimulant parfois; mais cette fois-ci ça n'avait rien changé. Écartant les multiples voiles noirs qu'elle avait disposés en guise de mur pour séparer sa chambre de son espace de travail, elle s'habilla rapidement, et ressortit vêtue d'un jeans bleu et d'un t-shirt noir sous un hoodie noir. Après vingt bonnes minutes perdues à chercher ses Docs et son blouson en cuir, elle sortit en prenant soin de tout éteindre et de fermer à triple tour.
Les rues étaient étranges cette nuit-là. Pas dans leurs couleurs ou dans leurs formes, ni dans leurs effluves ou dans leur moiteur, non, c'était autre chose. Il y avait là comme un parfum de solitude infinie soudain troublée par l'inhabituel. Quelque chose avait changé dans cette rue-ci ou celle-là, mais elle n'était pas en mesure de déterminer quoi. Il y avait trop à appréhender, elle était trop fragile et trop perdue. Le vent avait tourné pour elle et la chance du renouveau était la dernière de ses cartes. Elle se sentait comme dans l'œil d'un cyclone, lumineux et glacial, il fallait qu'elle s'y love pour ne plus connaître l'hybris du destin. Ce soir, donc, pas d'environnement connu, pas de sourires amis, pas de paroles convenues. Pas de profondeur dans les liens. Elle ne voulait rencontrer que des visages sans lendemain, mais sentait pour une raison qui lui échappait qu'elle se fourvoyait. Un simple pressentiment.
Ce n'est pas ce qui l'empêcha de contrevenir à ses plans, et elle ôta les oreillettes de son lecteur portable pour entrer au bar d'où émanait les notes racées d'un piano qu'on caresse en virtuose. Ce bar elle n'y était pas arrivée en errant au hasard des rues. En fait c'était là qu'elle était venue la dernière fois qu'elle était sortie en ville en compagnie son frère. Un homme que le barman connaissait, et qui avait présenté sa petite soeur à un ami comme il l'avait fait avec tant d'autres, pour ne pas la laisser en pâture aux chiens de caniveau, l'introduire dans un monde qu'il espérait sûr, où elle aurait du soutien en son nom. Consciente qu'on ne demandait pas de l'aide aux autres uniquement parce qu'on avait une connaissance plus ou moins proche en commun, Ashe entretenait ce que son aîné avait semé pour elle, et ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici. Mais bien souvent, c'était pour méditer seule, et quand quelqu'un d'autre que le barman lui adressait la parole, elle ne laissait pas la conversation s'éterniser, préférant s'excuser poliment et s'en retourner à ses pénates.
Ce n'était donc pas la première fois qu'elle voyait cet homme assis devant son piano, ce n'était pas la première fois qu'elle le regardait un moment sans rien dire, en tentant seulement de capter ne serait-ce qu'une bribe de cette conversation obscure qu'il était capable de tenir avec la clavier et les cordes. Ashe était sensible aux hommes et à la musique, mais plus encore à l'immatérialité de ces deux éléments réunis. La résonance des âmes perdues, sans doute, le laïus commun à tous ceux qui se noient sans refus dans leur art pour reprendre leur souffle éteint à l'essence même de ce qu'ils sont, pour se ressourcer dans les profondeurs de leurs rêves. La jeune femme lisait tout cela dans l'air ambiant, dans la mélodie, dans les gestes, dans l'expression de ceux qui écoutaient avec les frissons de leur peau la beauté chromatique que le pianiste distillait de ses mains au sein-même de leur cœur.
Certes non, ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici, ni la première fois qu'elle s'émouvait de son talent. Mais c'était la première fois qu'elle percevait son regard.
Et instantanément elle comprit qu'il y avait dans ces yeux-là une immensité de sagesse, c'étaient-là des yeux qui avaient tout vu, tout vu sauf elle, elle sans envergure, elle sans importance.
Cette rencontre atypique fut autant ce qui la poussa à partir dès maintenant que ce qui l'en empêcha. Elle le fixa encore, alors que la mélodie changeait sans qu'il la quitte des yeux. Elle se sentait dépouillée de tous ses atours, de tous ses faux-semblants, de tous ses artifices, ses béquilles, ses fils d'Ariane, livrée nue et à cœur ouvert à ces deux puits d'éternité qui la maintenaient suspendue dans l'instant. Elle soutint son regard plus par avidité de le connaître par cœur que par défi. Elle voulait l'apprendre, le comprendre, être capable à son retour chez elle d'imaginer encore ce regard sur elle et s'en souvenir avec une précision parfaite, lui donner une seconde vie sur le papier, et, peut-être, le jour où elle en aurait besoin, lui donner un semblant d'âme en lui insufflant son pouvoir. Ce soir, elle ne partirait donc pas sans lui, sans cette image complète de lui qu'elle chassait désormais comme un fauve chasse une proie joueuse, bien plus forte et noble que lui.
Spoiler:
Si ça ne va pas assez loin dans le déroulement, vu que je me suis arrêtée au même moment que toi, on voit ça via MP ou CB, je rallongerai un chouïa. ^^
Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Lun 3 Mai 2010 - 19:25
Elle versa son verre d'absinthe avec une délicatesse particulière précipitant un nuage opaque dans le récipient translucide. Ses babines de chat dessinaient une parenthèse étrange, sensuelle et superbement esthétique. Au dehors la pluie battait le pavé dans un rythme soutenu tendit que la brume venait bercer les habitations et recouvrir d'un halo malsain les réverbères dont la lumière hasardeuse rassurait encore quelques imprudents pressés de retrouver la chaleur du foyer. Ses yeux étaient deux pièges étranges dont il était difficile de s'évader. Si on échappait à ce Scylla, le Charybde de son sourire n'était pas loin. Ses longs cheveux couleurs de jais retombaient parfois en cascade diabolique sur son front. Notre Dame sonnait les heures pour rappeler aux humains que le temps passé inexorablement. La Guerre restait sur toutes les lèvres en cette année 1923 pas sur celles d'Amélie qui s'humecta du Nectar des Muses.
Daniel....quelque fois, je me demande à quoi tu aspires..tu restes des heures les yeux perdu dans le vague. Vis tu seulement ici avec nous ?
Ici, ailleurs...quelle importance...tu sais que je vis car il faut vivre, je regarde le vide ma chère, je cherche quelque chose qui pourrait m'obliger à ouvrir les yeux..véritablement.
Amélie lui adressa un regard torve puis légèrement joueur.
Ne pourrais-je être cela ?
Daniel la regarda se forçant à sourire, un sourire de complaisance qui se serait traduit en sarcasme dans son esprit en proie à une autodestruction incontrôlable..
qui sait ? c'est peut-être une question de temps, ma Petite Peintre, mais je pense que nous ne le vivons pas à la même échelle.
Laisse moi en gravir plus vite que toi les barreaux..je te rattraperais dans cette vie...
Elle vida cul sec son verre tendit qu'une ombre passa dans ses yeux.
Où dans une autre..
Daniel lui accorda un regard mauvais.
Une vie suffira largement..merci.
Moi...je crois en l'immortalité de l'âme si nos chemins se séparent..je trouverais peut-être la force de forcer les portes de l'oubli, qui sait ce qui nous attend ?
Moi je le sais...un peu d'ivresse..et beaucoup d'ennui.
Le rire d'Amélie s'éleva dans le café tendit que Daniel, perplexe, plongea son regard dans son verre.
Le pianiste revint sur terre et se heurta au regard de la jeune fille. Le choc fut d'une violence assez marquée pour terminer qu'il achève sa mesure sur une fausse note. Une légère ride de contrariété marqua ses traits mais pour rien au monde il ne voulait quitter des yeux celle qui venait de lui ouvrir les voies d'un souvenir enfouis au plus profond de sa mémoire. Il refusait de croire au hasard, comme toujours. Le vieux voyageur laissa échapper un soupire et parvint à s'arracher à la contemplation de ce piège extraordinaire. Il se leva en faisant fit des applaudissements et traversa la salle, l'esprit encore embrumé par son osmose musicale et cette présence troublante. Il posa son verre sur le zinc et se massa les tempes en proie à une fatigue accrue. Étrange soirée que celle ci. Il sentait toujours son regard dans le sien comme hypnotique. Hopes se méfiait de tous et de tout, 116 rendait prudent. Il caressa sous sa veste le manche de sa lame dans un geste inconscient. Au bout d'un long moment, il ne pouvait plus tenir. Il se redressa et traversa la distance qui le séparait de la jeune fille. Il lui fit face et s'immobilisa. La dextérité verbale du professeur n'était pas usurpée mais cette fois ci, les mots étaient inutiles. Il la regardait et elle le regardait. Un langage étrange et incompréhensible. Il suffisait qu'il la "voit" pour l'apprendre. Une fragilité extrême, une souffrance, une fêlure, une artiste...tout était là, gravés dans ses pupilles. Il n'avait jamais croisé une telle expressivité dans le regard de quelqu'un, en fait il ne l'avait croisé qu'une fois en 1922...et il savait comment Amélie avait terminé. Les mêmes ténèbres planaient sur elle, sans doutes les mêmes prémisses de la folie. Talent et folie vont toujours de pairs comme des amants maudits. Ses lèvres se décelèrent enfin pour laisser échapper quelques mots.
Je crois que je vous ai vu comme vous m'avez vu..c'est un instant rare mademoiselle, je voulais juste que vous le sachiez.
Il s'inclina respectueusement et fit mine de s'en aller.
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Lun 3 Mai 2010 - 21:19
C'était un plongeon sans fin dans un vide éclatant, un voyage au milieu des souvenirs indéchiffrables, d'un passé tissé de brume, d'une vie de sublime errance parmi les cendres. Jamais elle n'avait croisé un regard comme celui-là. Dans ces sphères étincelantes, des milliers de miroirs brisés... Les débris de l'absence...
Fausse note. Ashe sursauta violemment et donna un coup à son voisin de comptoir qui se retourna vivement, avec l'air furax du type qu'on dérange à un moment crucial. Mais certainement était-elle celle qui avait ressenti le choc le plus dur dans le public.
" Excusez-moi. " bredouilla-t-elle maladroitement, le regard fuyant, cherchant son verre de rhum.
C'est seulement à ce moment que, haletante, elle prit conscience du fait que son pouls avait subi douloureusement ces quelques minutes d'extase révélatrice. Elle plaqua sa main droite sur sa gorge, sentant le sang pulser avec une brutalité qu'elle ne lui connaissait pas, et recroquevilla son poing sur le tissus couvrant sa poitrine. Son cœur battait avec frénésie, et la douleur l'empoignait. Jamais elle n'avait croisé un regard comme celui-là...
Elle avala cul-sec le fond de son verre, et fit signe au barman de lui en remettre un. C'est avec un regard désapprobateur qu'il le fit.
" Doucement, Ashe... - J'te règle tout... la semaine prochaine. - J'parle pas d'ça. "
Elle ignora la remarque. Certes, elle avait pris une cuite désastreuse dans ce même bar le soir de la mort d'Anthony, mais généraliser cette seule occurrence était infondé, elle ne buvait presque pas - comme si elle avait les moyens de se passer du choix entre vivre sa passion et se saouler... Qu'importait de toute façon. Son esprit était déjà loin alors qu'elle se remettait de sa chute en avalant une pleine gorgée d'alcool. Son rythme cardiaque s'apaisait difficilement mais elle ne se sentait plus au bord de l'évanouissement, c'était déjà ça.
Elle se détestait parfois, pour cette sensibilité bien trop accrue, pour ce fragile équilibre physique comme émotionnel que la passion mettait en péril, pour tout ce qui faisait d'elle un pantin suspendu à la vie par les fils tranchants de réactions qu'il ne lui appartenait même pas de contrôler. Et dire que son seul remède, c'était la passion elle-même...
Sa tête bourdonnait des pulsations du sang qu'elle écoutait encore comme un contre-charme pour s'extraire du réel, de ce qui l'entourait, seule chose qu'elle était capable de faire - mais il lui fallait se calmer avant tout. Elle ne comprenait même pas pourquoi, après quelques minutes, elle se sentait toujours chavirée par l'expérience inattendue autant que transcendante qu'elle venait de vivre. L'était-ce au point de la percuter si profondément? Qu'avait-on encore brisé en elle, quelle limite avait-elle encore transgressée en dépit de sa volonté?
Elle ferma les yeux, longuement. Elle n'avait même pas remarqué la présence du magicien à quelques pas de là, et ce n'est que lorsqu'elle pensa pouvoir affronter de nouveau l'ambiance troublée de la salle qu'elle souleva de nouveau ses paupières fardées d'une ombre opaque, pour éprouver de nouveau l'irrésistible attraction de l'être subjuguant qui s'approchait sans même qu'elle ait voulu lui offrir la pâleur de ses prunelles une seconde fois. Là encore elle ne sut comment s'en détourner. C'était une entité si pure, si claire, si captivante... Qu'y avait-il en eux qui les enchaînât si puissamment? Qu'était-ce, cette indubitable lien, cette entrave au cours normal des événements qui lui coupait le souffle et immobilisait son sang? Un ange passa, si ce n'était lui, et sa tentative de se dérober à la domination écrasante de ses propres compulsions se solda par un échec cuisant lorsque, ne pouvant détourner son regard du sien, elle fut irrémédiablement ramenée à la contemplation des yeux d'argent qui la scrutaient en retour. Elle n'avait pas le pouvoir de voir en lui, elle pouvait seulement s'abandonner à son travail de mémorisation, mais ces miroirs lui parlaient trop et les puissances semblaient contraires : c'était son âme qui se livrait seule et sans détours, cette âme qu'il embrassait d'une œillade et lui rendait épuisée de tout secret, avant de prendre enfin la parole pour eux deux.
" Je crois que je vous ai vu comme vous m'avez vu... C'est un instant rare mademoiselle, je voulais juste que vous le sachiez. "
Il s'inclina et initia un départ, mais chaque pas qu'il faisait entraînait plus fort la jeune femme à sa suite. Elle arracha un maigre billet de son porte monnaie anorexique et le bloqua sous son verre avant de filer à la suite de l'inconnu.
" Excusez-moi! l'interpela-t-elle avec ce foutu accent anglais. S'il vous plaît... "
Que voulait-elle au juste? Lui exprimer l'inexprimable, capturer l'impalpable? Espérait-elle l'obliger à stopper le temps encore une fois, l'aider à toucher du bout des doigts sa propre mort? Était-ce cela qu'elle avait vu dans les deux flammes jumelles qui brûlaient encore comme si elles lui faisaient face au creux de sa mémoire?
Elle le rattrapa, mais resta muette encore un bref instant.
" S'il vous plaît, je... Je sais pas trop comment vous dire ça mais... Je vous serais infiniment reconnaissante si vous acceptiez de m'accompagner une minute, juste une! il faut que j... "
La peur du ridicule, encore et toujours, celle qui vous bloque quand vous vous évertuez à être sincère autant avec l'autre qu'avec vous-même, celle qui vous blâme quand vous en dévoilez trop.
" J'aimerais vous prendre en photo. "
Sa main posée sur la bras du pianiste s'affaissa en même temps qu'elle se rendit compte de sa place.
" ... Je vous en prie. "
Le désordre de sensations qui l'assaillait n'avait d'égal que celui qui déformait son langage et l'ordre de ses idées. Elle aurait voulu le féliciter, lui dire combien elle avait aimé l'écouter jouer, combien elle aurait aimé avoir le temps de le connaître davantage, mais c'était comme si tout cela était balayé d'un revers de main par un dieu étrange, forgeron du temps dans ce qu'il a de plus fugace.
Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Mar 4 Mai 2010 - 17:56
Hopes était déstabilisé, ce souvenir lui laissait un goût véritablement amer car il en appelait d'autres beaucoup plus malheureux. Rien d'autre qu'une bulle de souffrance évadée de l'océan d'un temps où il ne restait que des images en noir et blanc de ce que la vie connaissait de folie d'alors. Le cœur d'un homme et une terre aride, même si on y sème le sel, les ronces du regrets viennent ensommeiller l'espoir. La souffrance ne s'arrêter véritablement jamais : on n'oubliait rien, on s'habituait ; C'est tout. Alors qu'il amorçait une fuite plus qu'un départ, une voix vint interrompre le fil de ses brumeuses pensées.
" S'il vous plaît, je... Je sais pas trop comment vous dire ça mais... Je vous serais infiniment reconnaissante si vous acceptiez de m'accompagner une minute, juste une! il faut que j... "
Accent anglais, sans doute Londonien, Daniel le connaissait par cœur pour l'avoir apprécié de très nombreuses années. Ses yeux avaient un peu rendu les armes mais son expression mélange subtil de fragilité, de souffrance et de mystère restaient plus qu'enivrant. Elle avait une sorte de fragilité à fleur de peau qui forçait la curiosité. Même le timbre de sa voix trahissait cette conduite périlleuse entre la ligne de la douleur et celle de la vie. C'était un enfant de Thanatos et d'Eros les deux pulsions qui se livrent combat dans la nature humaine et dont l'âme reste le champ de bataille privilégié. Hopes écoutait de plus en plus captivé par le comportement de la jeune fille.
" J'aimerais vous prendre en photo. "
Il pensa d'abord à James à qui il avait refusé cette même faveur quelques mois plus tôt. Il en conclut rapidement qu'il ne s'agissait pas de celà. C'était autre chose de plus intime qu'elle lui demandait. C'était un dialogue d'ame à ame. Il le savait car c'est exactement de la même façon qu'il avait rencontré Amélie Duchesnes dans ce qui semblait être une autre vie. Il commençait à comprendre qu'on vivait de hasards en allongeant le pas mais qu'il était de ces rencontres éternelles qui pouvaient perdurer et transpercer les brumes de la mort. Ces moments sont rares entre le berceau et la feuille de marbre. Il sentit sa main sur son bras et n'esquissa aucun geste pour se dégager, au contraire : elle refermait comme jadis un piège sur lui.
" ... Je vous en prie. "
Il connaissait déjà la réponse avant la supplique.
Je ne sais pas...vous accorder mon temps, oui...certainement. A une condition seulement.
Il se pencha légèrement vers elle, la fixant avec une expression douloureuse et pleine d'une lassitude non feinte.
Répondez seulement à une question.. Y'a t-il autre chose qu'un peu d'ivresse et beaucoup d'ennui dans mon regard où ai-je changé ? Qu'avez-vous vu ?
Les mots étaient sortis brutes et sans fards. L'expression même du trouble qui l'assaillait.
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Mar 4 Mai 2010 - 20:04
C'était un incessant retour à la même question, chaque fois qu'elle échangeait une miette de sa vie avec quelqu'un, il y avait cette interrogation qui flottait dans son esprit fermé. Et là, qu'est-ce que tu ressens?
Nul n'était besoin d'y répondre par des mots. Elle fut poignardée par ce que ses yeux lui confièrent, avant qu'il ne lui révèle la "condition" à laquelle elle avait déjà accepté de répondre favorablement, avant même de l'entendre, par le simple fait de ne lui concéder aucune approche qui ne fut réciproque, en ne lui refusant pas l'approche physique qu'il initiait depuis tout à l'heure. Que n'aurait-elle fait pour obtenir un véritable oui de sa part, à cet instant?
" Répondez seulement à une question... Y'a t-il autre chose qu'un peu d'ivresse et beaucoup d'ennui dans mon regard où ai-je changé ? Qu'avez-vous vu ? "
Les muets ne peuvent les dire, mais ils peuvent exprimer par des gestes les réponses que formulent leurs envies... Elle entrouvrit les lèvres comme pour parler à son tour, mais le magnétisme si fort de son étrange interlocuteur privilégia autre chose, et elle éleva avec hésitation sa main vers le visage venu à sa rencontre.
See the stone set in your eyes, see the thorn twist in your side...
" Je ne peux pas vous répondre. Je regrette " , souffla-t-elle finalement.
Ses doigts fins se résignèrent avant de goûter les traits de l'ange, alors qu'elle explicitait, dans une nouvelle phrase et dans ses yeux de givre à l'éclat miroité par ses cheveux bleus, ce qu'elle venait de signifier.
" Peut-on, en pleine rue, parler si intimement de soi à un inconnu? Si vous pensez comme moi, je n'attends que votre accord pour vous montrer le chemin. Dans le cas contraire... je ne reviendrai plus ici. "
Ce n'était en rien du chantage. Seulement la vérité. Il lui serait absolument impossible de revenir en ce lieu désormais, si elle ne captait pas le nectar de cette nuit qui avait donné un sens à ses heures, jusqu'au lever du jour. Son lendemain dépendait de lui, dans quelque mesure que ce soit. Peu importait qu'il ne passe que quelques minutes de plus avec elle, elle tenait juste à lui offrir une clé qu'il choisirait d'utiliser ou non. Et peut-être verrait-il un peu de lui dans ce qu'elle lui montrerait.
Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Mar 4 Mai 2010 - 21:16
C'était trop tard. Trop tard pour ranger les décors et remettre dans les placards les spectres du passé. Bien trop tard pour échapper aux ténèbres qui penchaient leurs bras sur la froideur de la nuit. Daniel ne voulait plus penser, il était au delà de sa logique, au delà de ce qu'il pouvait prêcher ou tenter de se convaincre. Se connaissait-il si mal que le mal le connaissait ? Il savait que son éthique en prendrait un coup, il savait qu'il y avait un million de bonnes raisons de la laisser ici et de tourner les talons. Mais il la laissa poser sa main sur son visage sans s'en émouvoir. Il ne ressentait de toute façon plus rien en cet instant. Rien d'autre qu'une vague de négativité que cette inconnue avait remué en lui. Il y avait une histoire derrière chaque geste, chacun de nos pas se faisait dans la brume de choix que d'autre prenaient sans nous consulter. Hopes le savait depuis déjà. Tout le ramenait à Amélie et a cette vengeance qui avait mis presque 100 ans à s'accomplir en ce soir de solitude. Il savait ce qu'il avait fait et sans doute dans son ame de criminel repentit ou en devenir, elle était le poids le plus lourd.
Have you come here for forgiveness. Have you come to raise the dead. Have you come here to play Jesus.To the lepers in your head
Il desserra les lèvres, son regard ne pouvant s'échapper du sien. Cette situation était surréaliste. Pourtant sa curiosité le poussait à comprendre les tenants et les aboutissants de tout cela. Jamais il n'a été dit que Daniel Hopes dit le "time tricker" défenseur de la cause mutante et professeur à l'Institut Charles Xavier, fiancé à une jeune fille australienne était un homme bien. Daniel Hopes n'était qu'un homme qui souffrait de maux que personne ne pouvait comprendre et face auxquels il était complètement seul. Personne ne pouvait apprivoiser ses ténèbres grandissantes et sa violence désespérée. Personne n'avait su le voir, même pas sa compagne, ...a part Amélie et, il en était persuadé à présent, cette jeune fille enivrante.
Je vous ai attendu très longtemps...tellement longtemps que j'ai oublié de mourir. Je vous suivrai.
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace] Mar 4 Mai 2010 - 22:15
Ashe ne fit que sourire. Elle n'avait rien de plus à ajouter.
C'était sans doute un peu la satisfaction d'avoir trouvé quelqu'un qui lui parle, qui lui réponde, qui la comprenne. Celle aussi, de façon plus ténue, d'être parvenue à saisir cet être singulier, ce spécimen inconnu et sans semblable, car elle en était certaine, il était unique autant qu'il était beau, une beauté hors de tous les sentiers idéaux connus, traversés par les fantômes d'une pensée vieille et fatiguée de trop se prostituer aux quatre vents.
Elle lui sourit comme on sourit aux rayons du soleil naissant, à l'aube qui vous tire d'un trop sombre sommeil, d'une trop fade rêverie. Eos, Eros, deux noms si proches et qui lui paraissaient si seyants pour son compagnon de naufrage.
Les derniers mots de celui-ci sonnaient comme un abandon, et elle ne sut comment son corps avant son âme pouvait y trouver de l'attrait, mais c'était le cas pourtant. Elle n'avait pas choisi de sourire. Elle était toujours sa captive, prise au piège de ses yeux flamboyants, et pourtant elle sentait que c'était de cette captivité qu'elle tirait un pouvoir nouveau, un délicieux pouvoir... Elle entama la marche vers son refuge, l'esquisse du plaisir prenant doucement sa place en filigrane là où il n'y avait encore que stupeur et émerveillement.
La suite promettait d'être unique en son genre...
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Sujet: Re: Like Spinning Plates nn(Pv Ashes Lovelace]