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| Ashes to Ashes [Ashe lovelace] | |
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Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
Nombre de messages : 1204 Autre(s) identité(s) : Ghinzu
Pouvoirs : alteration du temps
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| Sujet: Ashes to Ashes [Ashe lovelace] Dim 18 Juil 2010 - 22:02 | |
| C'était ici, si proche et si lointain à la fois. Pas assez pour de la nostalgie et trop pour du lieu commun. Là où la clientèle s'ensomeillait près d'un piano laissé solitaire. Les habitués noyaient leurs habitudes, certains cherchaient l'auditoire pour une vie déjà vécue mille fois, d'autres se livraient au silence partageant un moment de rare connivence avec eux même. On y trouvait ce qu'on y apportait, on le laissait derrière comme une parenthèse. Ce bar était mieux que le sommeil : reposant et plus tangible. C'était l'antre des nocturnes ou l'antre de ceux que les pas menaient plus loin que l'esprit. C'était ici qu'à l'aide de sa musique il avait pénétré son univers et que sa route avait fini par déboucher sur la sienne comme une rivière dans un fleuve. Ils se perdaient cependant pour mieux se retrouver voguant toujours vers la mer. Il l'avait voulu et elle l'avait gardé. Les pièges de ses yeux s'engouffrant sur d'autres plus intimes qui l'amenèrent à ses bras et à la promesse d'autres jours à regarder ensemble. C'était ici qu'ils avaient concédé leur promesse aux ombres bavardes. C'est pourquoi il se devait de revenir. Et c'est ce qui lui faisait choisir ce lieu. Il la savait prête, elle l'avait toujours été , c'est lui qui ne savait pas jouer du temps, un comble pour celui qu'on surnommait le Time Tricker. Il s'installa au bar et commanda un bourbon. L'air était chaud et le mettait légèrement mal à l'aise. Il n'avait rien à faire là et il le savait pertinemment mais il avait été "retenu" trop longuement. Juste une nuit après son réveil et il avait enfin échappé à la surveillance des infirmières, c'était trop tôt, il s'en foutait, pour lui c'était bien tard ! Ses pensés étaient fixées sur elle, toujours. Ce n'était pas comme une obsession cependant, simplement le fait qu'il semblait incomplet comme si une partie de son être avait été emporté dans quelque endroit obscur et caché du monde. Son message était explicite, elle était devenu son repère et le fait qu'elle restait si loin du tourbillon d'agitations tourmentant l'Institut était véritablement une bouffée d'oxygène pour lui. Il joua un instant avec son verre d'un air désabusé puis tapota difficilement un message sur son téléphone, une adresse et juste un "je t'attends" de circonstance. Il y avait tant à dire que les préliminaires pouvaient se passer d'enluminures. Il adressa un sourire discret au barman et, verre en main , s'installa au piano. Toujours ce contact quasi animal avec l'instrument et cet oublie de lui même, de la souffrance du corps et des tourments de l'esprit. Une longue mélodie s'éleva dans les airs venant donner au décorum une touche d'intimité supplémentaire. Ce n'était pas un rythme endiablé, ni une supplique lacrymale en offrande aux circonstances. Une sorte d'interlude sans prétention et sans véritable objectif avoué de venir habiller un silence que l'ivresse colorait déjà. Hopes savait gruger avec le Temps, aussi bien en l'étirant comme un Amour trop long croulant sous l'habitude du déjà acquit et des eaux calmes qu'en le précipitant dans une douce frénésie quand sa présence se faisait trop imposante. Ce qui comptait n'était plus dans le présent car en basculant les perspectives vers l'avenir, le voilà plus vieux que son age. l'Avenir restait une notion brumeuse mais envoutante. Mème Anna en son esprit ferma alors son âme pour mieux se laisser envouter par le son du mélomane. Elle est la spectatrice maudite mais privilégiée. Elle connait les couleurs. Les sons. Les codes. Tout ce qui fait Daniel Hopes. Elle sait l'importance de ce moment où la musique le réconforte. Et combien il est essentiel que la rivière regagne le fleuve. | |
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| Sujet: Re: Ashes to Ashes [Ashe lovelace] Jeu 29 Juil 2010 - 23:43 | |
| Il y a ces torts et ces dérives, celles que l'on boit, celles que l'on brûle, celles que l'on saigne sous la plume. La douce caresse ivre morte d'un fil grisâtre, là, juste là où tout pourrait s'arrêter, où tout veut nous fuir - va, coule ton chemin lentement, mais sûrement; va. Il n'y a de musique que les mots dont on voudrait cracher les hymnes. C'est si dissonant parfois.
Le fil rouge zigzaguait sous mes yeux, le fil honteux, mal d'être vif et corrompu jusqu'au tréfonds de son symbole - et là, là dans le noir, tu ne me vois pas - non, je suis l'âme fourbe et rien n'est bon - il n'y a que moi en ce monde feint, à qui veut croire, à qui le peut, je ne suis rien d'autre que la rançon du cœur - viens. Vois sa course folle là entre les lames, suis-le des yeux, mon fil d'Ariane, tout est si vain, j'étouffe de haine...
Je suis si vaine, si vide sans toi. Je veux qu'elle se taise, oublie-moi. Abrège-moi. Libère-moi d'elle.
Le violent bruit de la bouteille tombant de sa main sur le sol tira brusquement la belle dormeuse de son délire distordu. Sa tête lui donna ensuite la même impression que d'être broyée comme une noix, et elle put tout juste hasarder un œil vers le mauvais réveil qui se trouvait tout près. Il était trois heures de l'après midi. L'heure de dormir en somme. Elle referma les yeux et tenta d'oublier l'étau sur ses tempes.
Vrrrr, vrrrr! Nouveau message Daniel - 21:42
" ... "
Les cheveux arrangés en un bordel sans nom, elle parvint à lire les lettres qui se dédoublaient vaguement sur l'écran lumineux, mais mit du temps avant de faire le lien entre le nom de la rue et ce bar dont elle avait toujours ignoré l'adresse exacte. Laissant tomber le téléphone mollement, elle se recroquevilla complètement.
Non.
Non.
Sa voix l'appelait, là, quelque part. Avec peine mais une force nouvelle et inconnue qui lui semblait à peine sienne, elle se leva et traîna son pas de zombi dans la salle de bains. ._.:*:._. Plusieurs fois on l'aborda en lui demandant combien elle prenait. Plusieurs fois elle crut l'entendre mais la seconde suivante, le vrombissement du silence l'enveloppait de nouveau.
Juchée sur ses bottes bardées de boucles elle avançait sans être sûre de toucher le sol, et fixait sa route complètement déconnectée. Elle avait froid dans l'air frais du soir qui jouait avec les ajours de sa robe de dentelle noire dévoilant ses dessous assortis, un simple serre-taille et un fin blouson de cuir ne pouvaient la protéger des flammes glaciales qui la rongeaient à l'intérieur. C'était indéniablement une autre qu'elle qui conduisait son corps. Celle qui l'avait poussée à boire, à se mutiler, à s'habiller comme une prostituée, à se farder les yeux pour en faire deux joyaux pâles perdus dans la suie. Celle qui voulait vomir sa colère, sa rancune sur le Time Tricker, celle qui lui avait fait promettre de ne jamais la laisser tomber sous le moindre prétexte, celle qui avait promis d'avoir assez de force pour être son ombre à chaque instant.
Et la jeune fille perdue sous la glace pleurait son épais mascara comme au pied de la porte de la chambre d'hôpital. De sinistres lignes noires griffaient ses joues blafardes. Ashe Lovelace avait la laideur des âmes du Purgatoire, et elle se présentait au plus fort de cette déchéance de la beauté qu'il lui avait connue.
Quand elle entra dans le bar elle n'entendit même pas qu'il était en train de jouer. Elle ne vit même pas qu'il était là. Elle alla s'installer au bar et commanda un gin au barman qui resta interdit en la voyant. Sans dire un mot, il fit semblant d'aller chercher la boisson et servit d'autres clients, gardant un œil sur le cadavre ambulant qu'il n'osait pas reconnaître, pensant qu'il mettrait les choses au clair plus tard. Il hasarda un regard vers le pianiste, et se souvint de la scène qui s'était déroulée sous ses yeux bienveillants il y avait de cela plusieurs mois. Il le regarda comme on regarderait un vampire, un vrai, de ceux qui vous vident de votre âme-même, de l'essence de ce que vous êtes, de tout ce qui fait de vous un être empli de sens, de sensations, de sentiments. Car lui n'avait pas changé, au regard de la sordide apparition qui avait pris place au bout du bar, les yeux dans le vague, les cheveux ébouriffés par l'air du soir et la cadence de ses pas.
Il revit un fantôme semblable, et pourtant souriant, aimable, qui s'était tenu exactement là où elle était, était-ce il y a un an, un mois, un jour, une heure...? Le visage émacié du jeune homme qui avait été son ami trouvait là son plus noir reflet. Cet homme... Que lui avait-il fait pour qu'elle en arrive là?
Se perdant dans la contemplation du musicien, il rencontra son regard et baissa vite les yeux sur les verres qu'il essuyait. Ici se jouait une triste pièce, une tragédie dont Ashe était l'éternelle suppliciée, mais lui, cette homme aux mains de virtuose, qu'en était-il? Avait-il été l'énième bras du destin perfide qui gravait sur elle, en caressant son visage d'ange, le nom de sa perte?
Il n'avait pas d'autre rôle à jouer que celui de décorateur, et il s'en tiendrait à cela. C'était à eux désormais. A personne d'autre qu'eux. Le rideau se levait à présent, et elle tremblait si fort, exsangue... |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Ashes to Ashes [Ashe lovelace] Ven 30 Juil 2010 - 19:58 | |
| Il était un temps où tout était plus simple. Certain l'appelle le temps de l'insouciance. On a 20 ans et on le porte comme unique arme, cette force irrésistible qui nous fait parfois penser le monde est à porté de main, qu'il suffit d'en saisir tous les arômes pour s'enivrer dans une farandole sans fin. Cette sensation étrange de croire que tous les autres ne sont que des livres qu'on est certains d'avoir lu, et que le monde ne réserve pas vraiment de surprises, il est fait pour nous, pire il n'existe que par ce qu'on y est. Et puis on vieilli. Et puis on apprend. C'est toujours dans la douleur et toujours dans l'erreur. On est humain parce qu'on se trompe, on n'est humain que par ce qu'on peut toujours souffrir. un chanteur disait que la souffrance, c'est très rassurant, ca n'arrive qu'aux vivants. Est-ce que les âmes damnées souffrent, elles qui livrent leur acidité dans les alcôves de la nuit ? Est-ce qu'il y a des états pires que la mort ? Certains aiment à penser que la souffrance les garde en vie. Qu'est ce qui garde au monde un homme fatigué de vivre ? Les autres. Qu'est ce qui peut faire souffrir un tel homme qui a vécu plus que sa vie ? La souffrance de ceux qu'il aime. ___________________________________________
Hopes est était là, perdu dans son long dialogue mélodique. La musique comme unique refuge en une longue mélancolie hémorragique. Il livrait ses mots qui ne voulaient sortir, tous les mots qui nourrissaient ses maux. Seulement, il ne les livrait qu'à lui même. C'est l'instinct qui lui fit lever les yeux vers le bar et lorsqu'il reconnu le fantôme de ce qu'elle avait pu devenir en si peu de temps, sa main loupa la note et le dialogue cessa brutalement sur un accord distordu. Une partie de lui même s'effondra au point que son souffle se brise. Il lui fallut du courage pour forcer son cœur à reprendre sa mécanique cruelle. Ashe. Sa lumière était éteinte renvoyant au rire perfide des chimères du passé. Amélie pointant du doigt sa défaite recommencée. Décidément, il consumait tout ce qui lui était cher. Ses lèvres se serrèrent jusqu'au sang étouffant une brusque envie de hurler . La colère grandit dans ses veines lui faisant battre le cœur à même la bouche. Si il avait eu un quelconque pouvoir télèkynésique, la sale entière aurait pu voler en éclats. Il abandonna sa place, il ne voyait que le champ de ruines qui se présentait à lui, résultat des carnages qu'involontairement il avait provoqué. Il l'avait détruit, corrompu et ensanglanté. Il était mauvais, la pensé lui vint que jamais il n'aurait du rouvrir les yeux sur une pareille défaite. Parvenu non loin d'elle il s'immobilisa et hocha la tête lentement avec un regard douloureux. Il savait, mon dieu, il savait ce que saigner voulait dire. Se détruire ne lui posait plus aucun problème, mais pas elle. Pas elle... Il le fit d'instinct provoquant un spasme dans tout son corps, il déclencha son pouvoir et pour la première fois celui ci se rependit avec une violence inédite figeant quasiment tout le quartier (!) Jamais encore il n'avait été capable d'une telle porté. Immédiatement la douleur lui vrilla le ventre. On a rien sans rien, il n'en avait rien à fiche cependant. La voix était quasi inaudible. Savait-il qu'elle n'entendait rien ?, Sans doute mais c'était secondaire. Les mots devaient sortir et tant pis si ils étaient intemporels. La vérité. C'est que je ne peux pas continuer sans toi..mais je n'avais pas vu combien tu étais malade de moi. Combien je t'avais abimé.. Je n'ai juste pas voulu le voir. J'étais égoïste, je n'ai pensé qu'à moi et à ce que je jugeais par ma suffisance arrogante, bon pour toi à mes yeux. Je croyais que tu jugeais la valeur de ce monde à mon aune. Imbécile ! Je ne t'ai pas laissé briller, j'ai occulté ta lumière, je l'ai écrasé par jalousie, je t'ai empêcher d'inonder ce monde. Et voilà le résultat, ma belle ténébreuse... Je n'ai aucune excuse. J'en mourrai si je n'étais pas si lache.
Mais hors de question que je t'entraine dans ma chute, si je ne dois sauver qu'un personne dans cette putain de vie de merde, ca sera toi ! TU VIVRAS PARCE QUE TU DOIS VIVRE ! TU M'ENTENDS ! IL FAUT QUE TOUT CA AI UN SENS ! CA A DE L'IMPORTANCE POUR MOI ! CA EN A VRAIMENT !
Bordel...si je pouvais arrêter d'aimer..*
Il grimaca brusquement, il avait hurlé si fort que cette fois les points de sutures mis à mal par la déflagration de son pouvoir avaient sauté. Une fleur pourpre sanglante s'étalait à présent sur sa chemise. Il lui jeta un regard presque indifférent et rabattit sa veste pour cacher la blessure. Puis le temps retrouva son court, le déstabilisant un instant. Il s'agrippa au zinc, camouflant son état, n'osant plus la regarder. Le silence se posa comme un invité pesant et étouffant. Il finit par le briser d'une voix qui se voulait plus solide qu'il l'aurait cru. Il faut..que tu reviennes...je ne peux pas continuer sans toi. Te voir comme ca, c'est pire que mourir.. J'ai besoin de toi plus que je ne le montre, je suis un pauvre con..mais si je n'arrive qu'à te détruire...alors, il faut t'éloigner de moi, le plus loin possible. Je suis sorti de mon comas pour toi, je t'en supplies, sors du tien..* En français. | |
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| Sujet: Re: Ashes to Ashes [Ashe lovelace] Jeu 9 Sep 2010 - 17:51 | |
| C'étaient ses pas qui la menaient vers les murs blancs, c'étaient les siens qui la portaient vers le meurtre, c'étaient les siens qui commandaient le sens de sa vie pour en abandonner une autre. Ses yeux ne laissaient rien paraître, eux pourtant si expressifs et qui avaient toujours parlé à sa place, eux qui ne savaient pas mentir. Ils ne mentaient pas. Il n'y avait plus rien ici qu'un corps qui se mouvait pour trouver un déchirement. Il le fallait, de toute façon, qu'aurait-elle pu faire d'autre?
Quand cette écorce vide prit le chemin du retour, elle l'était par deux fois. C'est alors qu'un semblant de conscience revint, après un sommeil censé préserver ce qui resterait d'elle. Et cette conscience forma les mots : " Est-ce que tu l'aurais aimé? " Il lui fallut du temps pour se rendormir.
La porte plus tard se referma sur les courants d'air, ces espaces mouvants qui ne représentaient rien, et Ashe revint du cimetière de ses pensées. Elle se dirigea vers le canapé, se débarrassa de sa veste et de ses chaussures qu'elle balança n'importe où. Après une seconde d'immobilité, elle s'en fut dans sa salle de bain, la nausée lui déchirant la gorge. Mais cette fois c'était fini. Il n'y en aurait plus, elle se le répéta en guise de réconfort comme on dit à une gamine qui vient de voir sa soeur pendue : " Ne t'en fais pas, au moins, elle ne souffrira plus. "
Relevant la tête vers son miroir, le visage ruisselant de gouttes d'eau censées la rafraîchir, elle se résolut à fêter l'événement comme il se devait. Elle porterait sa robe de dentelle noire, sans rien d'autre.
La musique, plus tard, prit sa place dans sa bulle. L'appartement rempli de son prenait des airs de salon macabre où les ombres, qui jamais ne l'avaient quitté, conversaient et dansaient comme à un banquet offert pour elles par leur maîtresse.
Alors, avec elles, Ashe dansa comme elle n'avait jamais dansé.
Seule, furieuse, amoureuse, drapée d'ombre et de chagrin, elle s'abandonna à l'étreinte de la nuit noire, à la morsure de ténèbres sans fond. Ses pieds effleuraient le sol dans un pas de funambule sans attache, éprise d'une cruelle absence, courant comme une furie sur le fil de sa vie, jouant sans cesse avec la mort qui riait de ses virevoltes endiablées. Ses bras fendaient l'air, ses mains brassaient les ondes de sa robe et de sa chevelure, ses ongles déchiraient sa peau. Son souffle saccadé rythmait sa transe extatique, ses yeux perdus dans le brouillard des larmes contemplaient le vide de son être tout entier. Pendant près d'une heure, elle se brisa à la faveur des flammes inertes, à la gloire de la perte immense, à l'envie, au désespoir, se soula d'alcool et de pleurs mêlés pour le pire, réunis sous un ciel opaque et sans fond dans lequel elle perdit toute conscience du fait même d'exister. Car elle ne pouvait même plus se le permettre.
Elle dansa comme elle n'avait jamais dansé. Finit en sang, le cœur meurtri, le corps éreinté. S'effondra en pluie de sanglots amers entrecoupés d'inspirations douloureuses. Disparut dans l'anonymat, libéra toute sa haine et hurla à l'amour, à s'en briser la voix.
Puisse-t-elle être pardonnée d'avoir trop aimé aimer, d'avoir trop voulu contempler Dieu dans son plus simple appareil, d'avoir trop convoité le péché pour et avec lui, et d'en avoir mis fin à un nouveau commencement.
Alors qu'elle sombrait à terre, elle crut entendre une voix. Elle releva alors les yeux vers son atelier, vers le mur qui le surplombait, et y vit l'œuvre sinistre qu'elle n'avait pas encore accomplie. Le murmure lui intima de fermer les yeux. Death, we know, Comes to all of us alive. But all I want is you. All I need is you. Le chavirement familier la prit, et elle se laissa porter par lui. C'était sa voix, elle la reconnaissait. Elle n'avait pas cessé de l'écouter la nuit, lorsque de sombres délires aux couleurs douces-amères venaient la caresser du bout de leurs ailes froissées. Petit à petit, comme on émerge des profondeurs, elle entendit des bribes de phrases qui se bousculaient dans son esprit. Mais c'étaient des mots qui n'allaient pas avec la voix, elle ne comprenait pas ce qu'elle entendait, et son esprit n'acceptait pas ces nouvelles absurdités : il n'en voulait tout simplement pas. Il y avait trop de colère, trop de désespoir, trop de violence dans ce rêve-là. Elle aspirait à une paix qui n'existait pas, et voulut lutter contre cette vague de haine qui l'encerclait de plus en plus. Qu'il arrête, qu'il arrête ! Ses propres pensées lui vrillaient le crâne et tout s'entendait comme s'il n'y avait plus eu une once d'air dans l'espace qui l'entourait, comme si tout était vide, seulement cette voix et elle, et leurs souffrances conjuguées comme un mur au milieu. C'est seulement à cet instant qu'elle reconnut ce vide-là et qu'elle comprit. Alors la voix pleura ses derniers mots et tout se brisa une nouvelle fois. Elle bascula dans le bruit des conversations, des verres, des tables de bois et des amas de tristesse. Une vive douleur lui vrilla la tête et elle étouffa un gémissement de douleur en fermant les yeux, sa main se serrant sur la maigre étoffe qui couvrait le haut de ses cuisses. Du sang coula de son nez, qu'elle ne chercha même pas à essuyer. Et son odeur lui vint comme la vie que l'on insuffle aux noyés. Elle sentit l'étranglement de l'émotion dans sa gorge meurtrie par les excès. Mais elle ne trouva pas le courage de le regarder. Alors elle l'écouta. Plusieurs secondes après qu'il se soit tu, alors que l'écho de ses mots s'évanouissait en elle, elle tenta de prendre la parole qu'il lui laissait. Ce fut plus simple qu'elle l'imaginait, et en fut la première surprise (mais la surprise n'avait plus de saveur dans les profondeurs où elle gisait). " Et si moi aussi je prenais le temps de croire que je peux choisir de dormir à jamais ? " Ce n'est qu'à cet instant, forte de ce dont elle ne se croyait pas capable, qu'elle se décida à lui faire face, à lui montrer ce qu'il avait fait, à l'accuser sans le dire et à cracher ce que la noirceur suintait en son âme depuis qu'il lui avait fait croire qu'elle était condamnée à mort. " Et si je voulais voir d'abord ton visage changer comme si, à ton réveil, on t'avait dit que j'avais choisi de t'attendre autre part, là où l'on reste à jamais, là où je n'aurais plus froid, là où les nuits ne sont plus et où l'on est plus seul, là où l'on n'est plus? Là où j'ai cru que tu irais sans moi. J'y ai envoyé un éclaireur, pour allumer les chandelles et te souhaiter la bienvenue. Je lui ai confié un message, il devait te dire que je te rejoindrais sitôt que tu prendrais place dans ta dernière demeure. Il garde ces mots et sa petite voix pour toi. Il les gardera jusqu'à ce que son père vienne le serrer dans ses bras. La mort m'a tenu compagnie tout le temps que tu restais sur son seuil. Elle venait me voir dans mon salon, elle s'asseyait quelque part et me regardait fabriquer Lucifer pendant que je feignais de vivre encore un peu. J'ai cru qu'elle finirait par s'impatienter et m'emmènerait avec elle, fatiguée de me voir surnager. Mais elle m'a laissée continuer, elle devait trouver ça plus drôle... La mort n'a que ça à faire. " Son regard se perdit dans la contemplation des autres âmes, enfermées dans les chairs brûlées qui se traînaient dans le bar. Et ses lèvres s'étirèrent dans une caricature de sourire. Elle les entendait toutes. C'était une symphonie glauque qui était devenue son nouvel environnement. Elles étaient ses semblables. " Mes heures étaient trop seules, je leur ai donné un compagnon. Il était amoureux de la vie. La vie l'a laissé me porter dans ses bras et puis elle l'a tué. J'avais envie de le laisser revenir et lui offrir mon temps en attendant que la vie me jette, moi aussi. Mon appartement est moins vide mais il ne parle pas beaucoup - en fait, il ne me parle qu'à moi. J'aurais aimé que tu le connaisses vivant, c'est lui qui m'a maintenu la tête hors de l'eau jusqu'à ce que je le retrouve, c'est lui qui m'a donné envie de continuer malgré... malgré la vie. C'est lui qui m'a donné le bonheur de te rencontrer en quelque sorte. Et quand tu m'a trompée en jouant le départ, c'est lui qui m'a consolée. " Elle s'égarait, et en avait conscience bien que la lucidité ne soit plus toujours présente dans son esprit. Elle avait perdu tout rythme de vie, pris tellement de drogues en si peu de temps, s'était tant de fois soulée jusqu'à ne plus pouvoir tenir éveillée, qu'elle avait même oublié comment arrêter tout cela, oublié comment cela était d'en avoir envie. Ses yeux pâles et fatigués se tournèrent une fois de plus vers Daniel. Son Daniel. Elle lui sourit plus largement, un sourire moins grotesque, plus touchant, plus profond. " Est-ce que tu les aurais aimés? ... Remarque, ça n'a de l'importance que pour moi. Au moins, eux ne souffrent plus. " Elle s'approcha de son oreille et murmura pour eux seuls : " Je vous serais infiniment reconnaissante si vous acceptiez de m'accompagner juste une minute... J'aimerais vous prendre en photo. " Suite à quoi, sans plus un regard vers lui, elle s'en alla doucement. |
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| Sujet: Re: Ashes to Ashes [Ashe lovelace] Sam 11 Sep 2010 - 7:28 | |
| On ne parle pas à la folie, on compromise. Parfois, le silence était la meilleur réponse qu'on puisse trouver alors que les questions ne se posent même plus. Daniel la regarda longuement tendit qu'il cherchait encore au fond de son regard dans ses iris étranges et vibrantes d'une lueur emprunte de folies aux visages multiples. Non véritablement, il ne savait que faire. Lorsqu'elle lui adressa un sourire franc et presque humain, ressuscitant un instant le fantôme de celle qu'il avait tant aimé son cœur en sa poitrine sembla se briser d'espoir. Il détourna le regard , toujours appuyer sur le zinc et il accrocha des yeux en redressant la tête celui du tenancier où il ressentit une profonde mélancolie. Il se souvint alors que le "pourquoi" naissait en son esprit qu'il fut jadis un des gardiens des nuits d'excès de la jeune femme. Daniel ne lui sourit pas et dèja au second plan, Ashe Lovelace sortait des lieux. Hopes se contenta de se redresser et de lever une main ensanglantée à hauteur du corps comme pour lui présenter une évidence.
Nous reviendrons tous deux l'ami, un jour ou l'autre, ou nous ne reviendrons plus ni l'un , ni l'autre, mais pas l'un sans l'autre. Je vais faire mon possible...avec le temps qu'il me reste.
Sans en dire plus, il s'éloigna du comptoir et s'engagea dans la rue. Il se tenait toujours le flan, devenant toujours un peu plus pâle et parsemant le trottoir derrière ses pas de fines gouttelettes sanglantes mais elle ne marchait pas vite ce qui lui permettait de la suivre assez facilement.
Curieux spectacle que cette faucheuse menant sa victime.
Une fois de plus, cette situation le renvoya à Amélie Dufresnes sauf que cette fois ci, c'était lui regardait le monde dans ses yeux et Ashe Lovelace, le "Time Tricker". Hopes finissait par se demander une fois de plus le but de ce rebondissement détestable du sort. Mais il est dit que tout se paye, ses choix comme ses erreurs. C'est juste beaucoup plus amer lorsqu'elles étaient commise involontairement.
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