Une situation mal barrée... [Terminé]

Invité

Trois semaines ! Voila trois semaines qu'Andrew s'était découvert cette chose en lui, trois longues semaines où il avait tenté de maîtriser la bête qui l'habitait. Mais il fallait croire que le métier de dompteur demandait du travail, car Andrew n'était pas parvenu à grand chose pour le moment...

Son pouvoir de métamorphose était une véritable plaie depuis le début. Il avait été obligé de vivre caché afin d'éviter tout incident visuel, sortant seulement de nuit pour voler afin de survivre. Il ne se contentait que du strict minimum, le vol n'étant pas vraiment dans ses principes... Malheureusement, sans le sou et dans une situation quelque peu délicate, il n'avait pas d'autres choix pour le moment...

Ce qu'il comptait bien changer au plus vite ! Il avait envoyé une lettre une semaine plus tôt à l'Institut Charles Xavier afin de demander à rencontrer l'un de ses représentants. Il avait préféré une rencontre dans un bar plutôt qu'y aller en personne, ne souhait pas trop se montrer en public là-bas. Après tout, il n'était pas encore sûr qu'il s'agissait là de la bonne solution et préférait donc une rencontre plus discrète qui lui permettrait de savoir s'il pourrait trouver ce qu'il cherchait en ce lieu. Et puis dans ce bar paumé, si un incident arrivait, il y aurait moins de témoins, contrairement à une sorte d'école bourrées d'élèves.

En effet, le bar qu'il avait choisi était à la limite du délabrement. Situé dans une sombre impasse peu empruntée, l'intérieur du bâtiment était tout aussi vide, aussi bien en individus qu'en meubles ou encore en animation, que la ruelle elle-même. A cette heure tardive de l'après-midi, seuls quelques habitués étaient présents. Pas plus de cinq sûrement en plus du propriétaire bien qu'il soit déjà dix neuf heures, heure propice à la fréquentation des bars habituellement. Quant à l'intérieur en lui-même, les meubles étaient vieux et abîmés, certains murs affichaient de sérieuses fissures, les fenêtres étaient opaques de crasse et la porte coinçait quand on l'ouvrait. Bref, un charmant petit endroit pour une rencontre discrète !

Andrew se trouvait dans un coin peu éclairé de la petite salle. Il était parvenu à prendre son ancien physique d'humain un peu avant d'entrer dans le bar. C'était l'une des seules apparences qu'il arrivait à prendre sans trop de difficultés, certainement parce qu'il y avait été habitué pendant près de vingt ans. Il pouvait la garder quelques heures seulement pour le moment, d'où sa décision de se métamorphoser au dernier moment. Cela devrait suffire pour la discussion qui n'allait probablement plus tarder.

En plus de son apparence habituelle, Andrew s'était paré de lunettes de soleil noires et d'un bonnet, comme convenu. A cette période de l'année bien peu prenaient des bonnets, de même qu'à cette heure tardive bien peu mettaient encore leurs lunettes de soleil.
Il espérait ainsi attirer l'attention d'une personne précise sans attirer celle des autres, cette même personne sachant normalement comment il serait habillé puisqu'il l'avait précisé dans la lettre.

Il espérait juste que le courrier était bien arrivé et qu'on allait lui répondre. En effet, l'échange avait été à sens unique, Andrew ayant envoyé une lettre sans offrir la possibilité au destinataire d'y répondre. Comment le pourrait-il d'ailleurs ? Où envoyer une réponse alors qu'Andrew n'avait plus de toit ?

Ainsi, il avait précisé dans sa lettre une date et heure précises, de même que le lieu et la façon dont il serait habillé pour qu'il soit reconnu. Il avait choisi un jour tombant une semaine après l'envoi de ladite lettre afin d'être certain qu'elle soit bien arrivée et traitée d'ici là.

L'objet de son courrier quand à lui était un peu plus vague. Il ne comptait pas révéler tout de suite qu'il était mutant, préférant avant tout s'assurer qu'il trouverait bien l'aide espérée à l'Institut. Demander de l'aide, et donc perdre son indépendance, n'était déjà pas dans ses habitudes, alors autant le faire uniquement avec des personnes qui pourraient y répondre à coup sûr afin que cette pénible tâche ne soit subie qu'une seule fois.

Ainsi, il avait simplement précisé qu'il tenait à rencontrer un responsable car l'une de ses connaissances était un mutant ayant besoin d'aide mais pour lequel il ne pouvait pas lui-même lui en offrir, tout ceci le dépassant. Quelque part, c'était un mensonge sans être un. Après tout, il était l'une de ses propres connaissances si l'on pouvait dire, et il était aussi un mutant dont sa situation le dépassait et ne pouvait s'en sortir seul.

Il comptait donc se faire passer pour un humain cherchant de l'aide pour un "ami mutant" sans prévenir ce dernier de ses agissements. Ce genre d'aide discrètes afin de ne pas offenser le concerné était courant habituellement, peut-être était-ce le cas aussi dans le monde des mutants ? Bien sûr, il savait que son petit subterfuge pouvait ne pas fonctionner. Il devrait alors trouver des alternatives rapidement, n'ayant pas vraiment prévu cette hypothèse.

Il était maintenant dix neuf heures dix, son invité ne devrait plus tarder. Encore fallait-il qu'on réponde à sa demande bien sûr... Il se donnerait jusqu'à vingt heures avant d'abandonner ce projet.

Il avait l'habitude des endroits les plus déglingués que pouvaient vomir les rues des bas quartiers. En entrant il balaya du regard les lieux à la recherche de ce qui l'amenait ici. Il détonnait véritablement dans l'endroit avec son costume anglais et son élégance raffinée. déjà quelques regards s'étaient détournés de leurs misères habituelles pour s'intéresser à la singularité du nouvel arrivant. Il soutint un regard une longue minute avec une expression neutre mais un regard particulièrement mauvais. Son réflexe de prédateur s'était exacerbé depuis qu'il s'était enfin "complété" avec l'aide de Ashe Lovelace. Un mélange inédit de douceur et de brutalité, de ténèbres et de lumière. Il changeait comme les temps changeaient au dehors rendant les gens capables du pire. Dans son regard on lisait à présent clairement cette alchimie. Un regard qui en disait long sur les menaces qu'il pouvait mettre à exécution. Les éveillés retournèrent à leurs enivrements, le regard les ayant dompté.
Hopes n'eut pas recours à son don inné de l'observation, il était évident que le fameux personnage se tenant à l'écart était celui qu'il devait rencontrer. Il cherchait incroyablement à passer inaperçu avec une tenue inadéquate et à l'endroit et à la saison. Une demande expresse de Xavier. Cette tâche rentrait dans ses attributions même s'il était rare qu'il les exerce hors de la juridiction de l'Institut.
Pour faire bonne figure il commanda à l'infâme tôlier un Bourbon avant de faire glicer sur le zinc la monnaie d'un geste calculé et franc. Il s'empara du verre et réduisit l'espace qui le séparait de l'inconnu.
Il le fixa quelques seconde d'un air froid mais non condescendant. Jugeant qu'il avait laissé assez de temps aux bienséances, il tira la chaise et s'installa sans un mot. il s'empara de son étuis à lunettes dans la poche de son veston tout en effleurant au passage le manche en nacre de sa mortelle alliée.
Il finit par planter son regard bleuté où dansaient à présent des ombres étranges et inquiétantes dans celui de son vis à vis en soufflant dans un murmure sans appel.

Professeur Hopes, émissaire de l'Institut Xavier.

Invité

Enfin, un nouveau venu fit son apparition dans le bar. A sa simple vu, Andrew se douta qu'il devait s'agir de celui qu'il attendait. Il se démarquait franchement du reste, ayant une allure totalement différente, bien plus classe et propre sur lui. Il ne pouvait décemment pas s'agir d'un habitué du bar, mais forcément de quelqu'un qui était venu chercher quelque chose de particulier. Et le jeune mutant espérait bien qu'il s'agisse de lui !

Andrew n'était pas le seul à l'avoir remarqué. A dire vrai, tous les regards s'étaient rapidement tourné vers l'inconnu lorsqu'il avait franchi la porte qui coinçait et qui avait déjà attiré l'attention. Mais contrairement à d'habitude, les regards s'étaient éternisés cette fois-ci, curieux de l'apparence pleine de contrastes de cet homme.

Les gens présents dans le petit espace clos dévisagèrent pendant quelques secondes l'étranger, qui leur retournait un regard menaçant. Bien vite, chacun d'eux ne peut le soutenir plus longtemps et détournèrent les yeux pour retourner à leurs occupations. Nul doute qu'ils continueraient tout de même de l'épier du coin de l'oeil, et sûrement Andrew par la suite lorsqu'ils verraient qu'ils seront ensemble. Ce qui n'arrangeait pas particulièrement le jeune homme à vrai dire...

L'homme ne vint pas immédiatement vers lui, et la réciproque fut vraie elle aussi. Mais dans son cas, Andrew ne comptait pas vraiment faire le premier pas, ne serait-ce parce qu'il n'était pas sûr à cent pour cent qu'il s'agissait de son homme. S'il avait donné une description physique de sa personne dans la lettre après tout, c'était bien pour qu'on le reconnaisse et vienne l'aborder, et non pas l'inverse.

Il attendit donc patiemment tout en surveillant du coin de l'oeil ce que faisait l'homme, ses lunettes de soleil noires dissimulant son regard, de même que diminuant quelque peu sa vision il devait bien l'avouer. Cela ne l'empêcha pas de remarquer qu'il commanda à boire au patron, puis qu'il finit par s'approcher de lui peu à peu.
Alors Andrew tourna la tête vers lui, ses doutes se réduisant comme une peau de chagrin. Il releva alors le regard de l'homme, qui se voulait assez... froid, même s'il n'y lisait aucun mépris.

Et bien, cela commençait plutôt mal... Si cet Institut était aussi peu accueillant qu'on ne pouvait le penser à cet instant, ce n'était sûrement pas ce qu'il recherchait ! Enfin, Andrew était très bien placé pour savoir qu'on ne pouvait pas juger quelqu'un sur l'apparence, aussi était-il prêt à aller plus en avant afin de se décider.

Finalement, l'homme s'installa en face de lui sans même lui demander la permission. C'était la preuve qu'il était bien celui qu'il attendait, même s'il n'en doutait déjà plus vraiment. Il ne tarda d'ailleurs pas à se présenter pour lui confirmer définitivement qu'il était bien de l'Institut.

Ainsi il s'appelait Hopes et était professeur. Professeur ? Il s'agissait donc bien d'une école en plus d'un refuge. Andrew se demanda ce qu'on pouvait bien enseigner à cet Institut. Y trouvait-on les matières traditionnelles des écoles humaines, ou privilégiait-on plutôt des matières plus "mutantes". Il n'y avait pas à douter qu'il devait y avoir de cette seconde hypothèse, c'était même là le but d'Andrew. Après, quant à savoir si on y dispensait également des choses plus classiques...
Andrew ne tarderait peut-être plus à le savoir de toute façon ! Pour le moment, la réponse lui importait peu, seul ce qui concernait les mutants lui importait.

Avant de prendre la parole, Andrew ôta ses lunettes et son bonnet. Les premières obscurcissait trop sa vue tandis que le second lui tenait un peu chaud au crane. Et comme ils n'étaient maintenant plus d'aucune utilité, à quoi bon les garder plus longtemps ? Il put ainsi plonger son regard très neutre dans celui de l'homme qui était en face de lui. Quoi qu'aujourd'hui, comme depuis trois semaines déjà, à son indifférence se mêlait une légère inquiétude, comme s'il avait des soucis. Il faisait cependant son possible pour la dissimuler et garder au mieux son regard habituel.

"Et je suis Andrew, celui qui vous a contacté."

Comme à son habitude, sa voix se voulait bizarre. Très faible, elle était un étrange murmure mélangeant douceur et distance, offrant un contraste peu commun.
Il hésita un bref instant, laissant un léger silence de quelques secondes s'installer, avant de reprendre.

"Et bien... je ne sais pas trop par où commencer. Je ne connais pas bien votre... univers. Il avait hésité sur le mot à utiliser, étant désormais le sien aussi maintenant. Qu'avez-vous besoin de savoir sur mon ami pour lui apporter hospitalité et aide ?"

Andrew n'avait pas réellement prévu ce dialogue. Il avait voulu mais avait hésité sur bien trop de choses pour se prévoir quelque chose de précis. Il avait alors décidé de faire ça à l'instinct, selon la façon dont la situation évoluerait.
Pour le moment, il préférait poser cette question, qui lui permettrait de savoir quoi dire sur lui. Ainsi, il espérait éviter la situation inverse où ce serait à lui de révéler ce qu'il souhait, au risque alors d'en dire plus que nécessaire.

Hopes observait avec une patience mesurée son interlocuteur. Une fois de plus ses tics de langage et l’expression de son corps était plus révélateur qu’on aurait pu le croire. Daniel avait le don de l’observation ce qui put vite le conforter sur son opinion. Le discours de l’individu lui arracha un demi-sourire entendu. Tout cela n’était qu’un jeu de dupe. Probablement qu’il parlait en son propre nom, sinon pourquoi prendre de tels précautions pour conserver l’anonymat et passer incognito dans le bouge le plus reculé du monde, si ce n’est pas pour se préserver soi-même.
C’est sans doute ce mal-être palpable qui motivait le pauvre homme à un piètre mensonge. Il était autant gêné qu’on pouvait l’être. Le professeur se demanda avec malice de quelle manière son gène avait pu l’affecter pour qu’il manifeste une telle défiance envers le monde extérieur ?

"Et je suis Andrew, celui qui vous a contacté."

Sa voix avait quelque chose de surnaturelle, elle portait déjà en son sein une contradiction étonnante. Elle était étonnante comme exsangue et dénuée d'émotion tout en restant relativement cordiale.

"Et bien... je ne sais pas trop par où commencer. Je ne connais pas bien votre... univers. Qu'avez-vous besoin de savoir sur mon ami pour lui apporter hospitalité et aide ?"

Un sourire amusé étira les traits du visage du Time tricker.Pas de moquerie cependant, juste la teneur du propos qui somme toute était assez déconcertant aux vues des déductions qu'il opérait au sujet de son "mystérieux" interlocuteur.

- Votre ami à du faire une erreur, nous n'avons rien d'un service d'aide à la personne ou d'un club de villégiature au soleil. Je n'ai rien d'un vrp et aucune soupe à vous vendre concernant une quelconque recette miracle, Monsieur Andrew...
Vous ignorez alors l'adage "dis moi ce que tu veux, je te dirais ce que tu es". Nous n'avons rien besoin de savoir de plus de ce que nous savons déjà...il est mutant, tout comme je le suis...et après ?
L'Institut peut être qualifié de refuge, certes, mais pas de squatte.
Il y a déjà une règle commune à tous...pas de faux semblant, pas de mensonge et l'acceptation.
Votre ami peut avoir du mal à vivre sa condition, c'est un fait. Mais ce n'est en aucun cas un "problème" entre nos murs. Nous sommes ici pour les aider à vivre le mieux possible leur différence pour eux et pour l'intransigeance du monde au dehors.
Mais une des premières règles reste avant tout...votre "ami" est-il prêt lui même à s'accepter différent ?
Nous ne forçons personne et nous n'attendons rien en retour.
Comprenez vous, Andrew ?

Il ne l'avait pas quitté du regard, l'accrochant de ses iris froides ou dansaient toujours un obscur poison. Son ton était ferme mais franc, le Professeur Hopes ne mâchait pas ses mots, il donnait toujours la priorité au libre arbitre, un des rares axiomes de son existence qui ne changerait jamais.

Invité

A peine eut-il terminé sa dernière phrase que le visage de l'homme se para d'un sourire étrange. Ses significations pouvaient être nombreuses, et Andrew n'était pas tout à fait certain de celle à lui donner pour le coup. Se moquait-il ? En quoi la situation était-elle amusante ? D'un autre côté, Andrew était plutôt bien placé pour savoir qu'on pouvait s'amuser de tout, et que la moquerie n'était pas toujours de mise (jamais dans son cas même à dire vrai).

Bref, qu'importe le sourire. Le plus important était ce qui suivait, tout ce que lui dit ce dénommé Hopes. Cela commençait plutôt "sèchement", le professeur remettant en cause ses propos concernant l'aide qu'on pouvait lui apporter et aussi un toit. Soit ses intentions avaient été mal interprétées, soit cet homme était du genre à souvent parler ainsi pour qu'aucun malentendu ne s'installe et que tout soit bien clair.

Vu la suite, Andrew opta plutôt pour la seconde hypothèse puisque Hopes précisa qu'on pouvait qualifier l'Institut de refuge mais pas de squat. C'était exactement ce qu'avait voulu dire Andrew, n'ayant nullement l'intention de se laisser héberger sans retour. Tout marchait toujours ainsi avec lui, donnant donnant. De plus, il n'appréciait pas particulièrement non plus avoir une dette envers quelqu'un. Alors se faire héberger gratuitement... sûrement pas !

Afin de justifier ses propos, le professeur lui expliqua brièvement quelques règles de l'établissement, ou plus exactement trois principes : pas de mensonges ou faux semblants ainsi que l'acceptation. Pour le premier et le dernier, cela ne devrait pas poser trop de problème, la situation actuelle n'étant qu'une couverture provisoire. En revanche pour les faux semblants, avec son nouveau pouvoir... Andrew en laissa presque échapper un petit sourire tellement la remarque lui parut tout particulièrement destinée.

Enfin, le plus intéressant dirait Andrew, Hopes lui confia qu'il savait que cette condition pouvait être difficile à vivre. Il ajouta que ce n'était pas un problème dans les murs de l'Institut, sorte de barrière avec le reste du monde.
Cependant, il lui posa alors une "colle" : son ami, ou plutôt lui, était-il prêt à s'accepter lui-même ? Andrew n'en était pas tout à fait sûr encore... Mais s'il était là aujourd'hui, c'était en partie pour répondre à cette question aussi.

En clair, la réponse de cet homme lui plaisait en partie mais lui déplaisait également sur d'autres aspects. D'un côté, il semblerait que ses attentes puissent être atteintes à l'Institut, mais d'un autre côté, ce premier contact n'était pas tout à fait comme il l'imaginait. Il avait pensé un accueil plus... chaleureux en quelque sorte. Enfin, se fier aux apparences n'était jamais bon, autant aller plus en avant et répondre à sa question.

Voire à lui faire un aveu. Déjà parce qu'il allait bien devoir le faire un jour, ensuite parce que vu son insistance sur le mot "ami", Andrew ne serait pas surpris d'apprendre que Hopes avait deviné la vérité à son sujet.

"Oui, je comprends. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai voulu tester l'Institut, il était évident que j'aurais une réponse satisfaisante à ce que je recherchais. J'espère juste que la pratique est identique ou la théorie."

En clair, les belles paroles faisaient toujours plaisir, mais lorsqu'elles étaient une réalité c'était encore mieux !
Andrew n'hésitait plus vraiment, il pouvait sûrement dire la vérité maintenant. De toute façon, qu'est-ce que ça lui coûterait ? Au pire si ça devait mal se passer, il fuirait encore et passerait à autre chose. Qui ne tente rien n'a rien. Et n'ayant rien à perdre...

Il se prépara donc pour révéler ce qu'il était, mais en préservant toujours cette voix basse, dont il diminuait presque encore un peu plus l'intensité afin que personne d'autre n'entende, au point que même le concerné risquait de ne rien entendre s'il continuait. Mais bon, comme il s'en doutait, déjà des regards les épiaient, formant un duo inhabituel et curieux. Andrew était toujours du genre à tout observer autour de lui, et le manque de discrétion de ces hommes ne fut pas bien difficile ni long à constater.

"Vous devez vous en doutez, c'est de moi dont il s'agit en réalité. Je suis un mutant...
Et pour tout vous dire, je ne suis pas certain encore de m'accepter tel que je suis. Je veux dire... ok, ça peut sûrement être sympa d'avoir des pouvoirs, encore faudrait-il que je les maîtrise et non que ce soit eux qui me contrôle. Sans parler d'autres petits inconvénients...
Mais bon, qu'importe ce que j'en pense de toute façon, je suis bien obligé de faire avec n'est-ce pas ?"

Une question qui n'en était pas vraiment une. Il l'avait dite avec une certaine ironie, juste pour préciser qu'il n'avait guère le choix. D'un autre côté s'il l'avait eu, y aurait-il vraiment renoncé pour garder sa vie d'avant ? En y pensant bien, elle n'était pas bien intéressante elle non plus... Finalement, un peu de nouveauté pourrait lui faire le plus grand bien, du moins lorsque la situation sera un peu plus sous contrôle.

Son regard se fit moins dur et il apposa ses coudes sur la table joignant ses mains sous son menton dans une pose beaucoup plus décontractée. Il avait vu juste et le faite que je jeune mutant sorte enfin du bois dans lequel il avait trouvé refuge lui plaisait énormément. C'était sans doute un signe que Andrew peut être pouvait enfin trouver une ébauche d'issue dans l'acceptation de cette nature qui le rongeait et le faisait douter. Il esquissa un sourire léger et le ton de sa voix se voulait plus doux.

Affronter ce qui vous parait être un problème avec l'aide de ses pairs est toujours plus facile que le faire seul. Je n'ai pas de solution miracle à toutes les mutations, certaines sont lourdes, d'autres légères. Je les vois comme autant de miracle de la nature comme une logique dans l'évolution : rien de plus.
imaginez la surprise des membres de la tribus d'homo erectus qui vit le premier d'entre eux se redresser pour humer l'air. Pour le peut que la socialisation fut de mise il aurait été taxé de "monstre" ce que nous ne sommes pas.
Il nous faudra apprendre à vivre de nos différences pour nous et pour les autres.

Il s'accorda une pause regardant à la dérobade autour de lui puis esquissant un sourire plus large, il reporta son attention sur le jeune homme.

Ils nous détestent c'est certain et s'ils en venaient à se laisser emporter par la peur, ils pourraient bien en venir à nous étriper mais pourtant...Pourtant il me suffirait d'un battement de cil pour les massacrer tous et sans doute sans un effort. C'est en mon pouvoir et peut être aussi en le votre. Pourtant nous ne devons rien n'en faire car si nous cédons, nous ne contrôlerons plus cette haine galopante. Certain dirait qu'il nous faut comprendre pour ensuite apprendre afin de changer..Je dirai juste que nous pouvons d'emblée faire l'économie de la compréhension : la peur..ce n'est rien d'autre que cela. Ils carburent à la trouille comme certain carburent à la came...

Il changea de posture pour sortir de sa poche un paquet de Black devils dont il tira une cigarette couleur ébène qu'il alluma d'un geste vif à l'aide d'un zippo argenté. Il cracha la bouffée embrumant l'air d'une odeur étrange de vanille avant d'ajouter.

Voilà pour agrémenter leur ire...j'espère que la fumée ne vous dérange pas, j'opte pour une odeur parfumée et moins acre pour la bienséance de mes interlocuteurs..j'ai repris depuis peu mais ce n'est certes pas ca qui me tuera...il y a peut de chance.

Il planta un regard déstabilisateur dans celui de son vis à vis

Nous pouvons vous aider Andrew..je veux dire réellement on vous jugera sur ce que vous êtes véritablement et pas sur ce que vous paraissez ni sur ce que vous faites d'extraordinaire..

Invité

Le ton de l'homme changea aussitôt. Il se voulait bien plus doux, comme si la réponse d'Andrew était tout de ce qu'il attendait.
Toutefois, le jeune homme n'était pas totalement d'accord avec ce qu'il lui dit par la suite. Aussi se contenta-t-il d'hocher la tête plutôt que de répondre quoi que ce soit.

Jusqu'à aujourd'hui, Andrew avait toujours affronté seul ses problèmes et il s'en était très bien tiré ainsi. Certes, aujourd'hui il éprouvait quelques difficultés, mais rien n'indiquait pour autant que l'appui d'autres mutants serait la bonne solution. Peut-être ne lui seront-ils d'aucun secours et qu'il devrait encore s'en sortir par lui-même d'une façon ou d'une autre.

De même, il n'était qu'à moitié d'accord avec sa dernière phrase. Apprendre à vivre avec ses différences, ça il n'aurait pas d'autres choix et était prêt à l'accepter mais seulement pour lui. En ce qui concernait les autres... Il ne voyait pas pourquoi il devrait faire l'effort de se faire accepter par quiconque. Ce n'avait jamais vraiment été le cas jusqu'à aujourd'hui, alors maintenant qu'il était un mutant, c'était encore moins envisageable. Peut-être auprès des "siens" au pire, si jamais ils ne le rejetaient pas pour ce qu'il était en lui par la suite comme on l'avait toujours fait. Il verrait bien... Mais c'était là l'un des plus gros problèmes actuels il devait l'avouer. Se faire accepter quelque part et pour ce qu'il était et pour être un mutant. Ca n'allait pas être chose facile !

Hopes prit une pause pour regarder autour d'eux. Il avait certainement remarqué lui aussi qu'ils étaient légèrement le centre de l'attention. Andrew n'avait peut-être pas choisi le meilleur endroit finalement, ou alors c'était le moins pire...

Il lui fit ensuite part de ce qu'il pourrait leur faire s'ils devenaient menaçants, l'incluant éventuellement. Pour le coup, Andrew voyait mal comment il pourrait être dangereux pour eux simplement en prenant une autre apparence... Le pouvoir de Hopes devait certainement être bien plus puissant que le sien pour qu'il tienne un tel discours.
Il lui précisa également qu'il ne fallait pas céder à la tentation. A ce niveau là, pas de risques. Andrew était rarement tenté par quoi que ce soit, et le crime ne faisait pas vraiment partie de ses principes. Et puis comme il venait de le penser quelques secondes plus tôt, son pouvoir était loin d'être offensif de toute façon.

Toutefois, Hopes n'aurait peut-être pas dû lui rappeler à quel point ils étaient observés. Andrew tentait déjà depuis tout à l'heure de penser à autre chose et de se concentrer sur le maintien de son physique actuel. A dire vrai, il commençait même à fatiguer un peu. Il allait devoir finir cette conversation au plus vite ou tout du moins la reporter à l'extérieur à l'abri de tout regard.

Pour penser à autre chose, Andrew se concentra sur la cigarette que l'homme venait de prendre avant qu'il ne le regarde droit dans les yeux. Autant il n'était pas particulièrement fan de tout ce qui touchait au tabac habituellement, autant il s'en moquait éperdument dans le cas présent.

"Ne vous inquiétez pas pour moi, la fumée ne me gênera pas pour cette fois. De toute façon ce bar empeste la cigarette, au moins les vôtres ont une meilleure odeur. Soutenant le regard de son interlocuteur, Andrew continua. Tout ce que vous m'avez dit me semble correct, je n'en attendais pas moins en venant vous rencontrer. J'ai toutefois une petite question à vous poser concernant ce que vous m'avez dit à la fin. Et si ce que je suis réellement, mis à part tout ce qui concerne ma mutation, ne plaît pas... que se passera-t-il ?
Je veux dire, on dit que l'on peut juger un homme sur ses actes, mais à eux seuls ils ne suffisent pourtant pas à en connaître ses motivations. Comment peut-on prétendre connaître quelqu'un sur cette simple base sans chercher plus loin... ? Tout n'est que préjugés. Je me demandais donc s'il en était de même à l'Institut, car je crains alors que je n'y sois pas le bienvenue si tel était le cas."

Etrange qu'Andrew en dise autant, généralement il ne s'exprimait que très peu sur lui. D'un autre côté, c'était la première fois qu'il tentait de se faire intégrer quelque part. Allait-il donc vraiment de pas en révéler un minimum sur lui avant toute chose ? S'il agissait ainsi, il risquait bien d'avoir fait tout ceci pour rien et se voir encore rejeté une fois arrivé là-bas. Non, autant mettre les choses au clair dès le début et seulement après tenter d'aller plus loin si malgré tout il était le bienvenue.

Daniel écrasa un petit rire sarcastique à la suite des propos tenus par le jeune homme. Sans en expliquer l'origine, il se contenta d'attiser du coin des lèvres sa cigarette. Il cracha sa fumée en penchant légèrement la tête. Il répondit d'une voix un peu froide mais marquant une réelle intransigeance.

Laissez donc les préjugés aux autres.
Qu'est- ce qui vous gène à l'Institut ? Le regard des autres ou votre propre regard sur eux ?
Ils sont bien assez empêtrés dans leur propres problème de "contrôle" de pouvoir, d'acceptation de ce qu'ils sont pour venir porter ombrage à leurs camarades d'infortunes !
Ce que je peux vous assurer, c'est que le fait d'être un mutant ne pose aucun problème là bas, vous pourriez vous transformer en arachnide géant devant moi que ca ne me ferait pas plus d'effet qu'une légère surprise.
Ensuite si vous me parlez de problème d'acceptation de ce que vous êtes "réellement" au delà du gène mutant, je vous répondrai que vous me faites perdre mon temps.
Je n'ai que faire de pleurnichard en quête de reconnaissance sociale ou identitaire...
Je ne passe pas pour être le plus tendre de l'Institut, certains auront votre oreille mais pas moi.
Si vous avez un problème psychologique, allez voir un psy...New York en est remplit.

Provoquant et cassant. Tel était Daniel Hopes lorsque les propos l'agaçaient, il était mandaté pour rassurer et guider les jeunes mutants sur l'acceptation de leur mutation, pas pour écouter leurs suppliques identitaires. Cette partie du travail dépassait largement les compétences du professeur et sa relation houleuse avec Ashe Lovelace avait accentué son manque de tact et de psychologie. Il voulait que les choses soient claires et ailles vites.
Il vida son verre et le reposa sur le comptoir à la recherche de son porte feuille pour acquitter de sa dette et partir.

Andrew...considérez ce que je vous ai dit sur l'Institut et sr les possibilités que vous offre un tel endroit...vous pourriez y faire des rencontres extraordinaires..mais si vous cherchez l'acceptation de ce que vous êtes en dedans, il faudra aussi que vous fassiez l'effort de vous ouvrir aux autres : on a rien sans rien, mon vieux...

Invité

Andrew avait semble-t-il touché une corde sensible. La douceur que l'homme avait pu avoir quelques secondes plus tôt disparut bien rapidement, laissant à nouveau place à un certain froid. A dire vrai, c'était même pire qu'au début. Cette fois-ci, il se voulait particulièrement cassant. Malheureusement pour lui, les paroles n'avaient généralement aucun effet sur Andrew, et un petit sourire narquois vint rapidement orner ses lèvres.

Le plus "drôle" dans sa petite tirade, si l'on pouvait dire, fut le passage pendant lequel il le qualifia de pleurnichard en quête de reconnaissance. On s'était souvent trompé sur son compte, mais alors à ce point là... Ses mots étaient finalement totalement contradictoires alors qu'il disait ne se baser sur aucun préjugé. Pour Andrew, il venait de faire tout l'inverse en le jugeant aussi rapidement.

Il ne put donc s'empêcher de lui répondre d'ailleurs, par principe bien sûr. Cependant, il venait de perdre toute envie de se confier plus et reprit aussitôt son éternelle attitude distante et fermée. Lui aussi avait horreur des "calimeros", et il semblerait qu'on vienne pourtant de le prendre pour l'un d'eux. Qu'on le compare à ce genre d'individus était presque insultant en plus d'être ridicule.
Il n'y avait donc aucune plaintes dans ses propos, juste de la constatation voire un peu d'amusement.

"Qu'importe mes motivations et ce que je suis. Ce que l'on pense de moi m'est égal. Je n'aurais pas besoin de m'ouvrir si je peux avoir ce que je cherches, et ça semble être possible ainsi. Alors ne vous inquiétez pas pour ma reconnaissance, je m'en sortirais très bien sans."

Encore fallait-il qu'il accepte d'aller à l'Institut, ce dont il doutait de plus en plus vu son "représentant". Enfin, il n'avait pas pour habitude de juger aussi vite lui, peut-être juste n'était-il pas dans son meilleur jour et qu'avec le temps, il y verrait plus clairement. Au pire autant tenter l'expérience, ça ne coûterait rien de toute façon.

Mais pour le moment, il était temps de clore cette conversation. Aussi joua-t-il au même jeu que Hopes et fit mine de l'analyser à son tour. Oui, ça risquait d'être mal perçu pour un premier contact, surtout d'un futur élève envers un professeur. Mais tant pis, Andrew n'était pas du genre perturbateur et ces situations étaient rares, laissant généralement couler les choses. Il savait que ça ne se reproduirait pas de si tôt.

"Vous méprisez les psychologues n'est-ce pas ? Je parie que c'est en partie parce qu'ils se basent sur des préjugés. Je partage votre avis alors, mais vous devriez faire attention à ne pas devenir comme eux : vous semblez juger bien vite. Ne confondez pas simples questions et recherche identitaire. Il peut y avoir une différence énorme entre se renseigner et s'inquiéter pour soi.
Vous n'avez pas d'oreille à prêter, et tout le monde n'a pas quelque chose à dire. Il peut arriver que l'on ait déjà tout ce qu'il nous faut.
Tout est parfait donc non ? Ce point de la discussion n'a pas plus besoin d'être approfondi je pense. Contentons-nous de..."

Andrew disait souvent "on" au lieu de "je", aimant utiliser l'indéfini. Il avait pris l'habitude de parler en général, tout ce qu'il disait ne le concernant ainsi pas toujours et quand tel était le cas, rien ne l'affirmait pour autant. Parfaite façon de parler, parfois de soi parfois non, sans jamais réellement se révéler.

Andrew s'était toutefois interrompu avant la fin de sa phrase. La raison était simple : cette situation avait tout de même réussi à lui faire perdre légèrement le contrôle de son pouvoir, qu'il contenait maintenant depuis un peu trop longtemps. Cela se manifesta d'abord avec des changements partiels de peau.

Celle qui était présente jusqu'à maintenant, légèrement matte, se transformait étrangement. C'était un peu comme quand l'image de la télévision sautait. Sa peau faisait pareil pour laisser place à une couleur bien plus sombre : celle de son nouveau physique naturel depuis qu'il était devenu mutant.

Laissant presque échapper un juron, Andrew se saisit aussitôt de son bras, premier endroit où le phénomène se manifesta, comme pour le dissimuler. Mais il était déjà trop tard, il le savait. Rapidement, le reste suivrait et plus rien ne serait contrôlable. Il allait bientôt apparaître sous sa véritable forme.

La discussion était donc finie, qu'ils le veuillent ou non. Si l'homme voulait s'expliquer un peu plus sur ses derniers propos, ils seraient obligés de remettre ceci à plus tard. Andrew n'aimait pas quitter une conversation de cette façon là, mais pour une fois il ferait une exception, tant pis s'il devait paraître pour lâche.

"Désolé, je dois vous laisser."

Il devait juste trouver un moyen de partir discrètement avant qu'on ne le voit. Mais déjà des regards étaient tournés vers lui, son attitude attirant l'attention. Certains avaient même déjà dû voir quelques changements vu leurs yeux...

Ne pensant plus qu'à fuir, Andrew perdit finalement totalement le contrôle. En quelques secondes, il se métamorphosa en une magnifique panthère noire sous tous les regards, avant de sauter au travers de la grande vitre qui donnait sur la sombre ruelle. Le verre avait volé en éclat sous le puissant impact de l'animal, mais ce dernier avait sûrement été sonné voire blessé par une telle fuite. Une hypothèse qui pouvait se confirmer à la vue d'un peu de sang parmi les morceaux de verres.

Dehors, il n'était déjà plus visible, ayant disparu dans l'obscurité de la nuit. Peut-être même n'était-il déjà plus sous cette forme de félin, voire même plus au sol...

Andrew avait montré ses griffes.
C'était au delà que ce que Hopes avait pu espérer en poussant ses limites à l'extrême. Certes, il s'était montré impatient et rude, mais il l'avait fait à dessein. Non pas que l'attitude du jeune mutant ne l'agaçait pas fortement, c'était un fait, mais surtout qu'il voulait être sur de son caractère derrière cette façade froide et lisse.
Les manifestations de son pouvoir ne passèrent pas inaperçues , et surtout pas aux yeux du professeur qui esquissa un léger sourire.
Andrew avait le profil d'un potentiel membre de l'escouade fantôme, un de ceux qu'il cherchait activement pour mettre au point son projet personnel. Restait à comprendre et analyser l'étendu de son pouvoir.
Il se contenta d'élargir son sourire naissant et le laissa s'enfuir sans même l'accompagner du regard.
Il s'en remit comme à l'accoutumé au libre arbitre. Il avait vu ce qu'il voulait voir et donné les informations qui devaient être données.
Le jeune mutant suivrait sa voix, cela ne le regardait plus.
Il resta pensif un instant avant d'entendre une voix derrière son dos.

hé !...j'aime pas les mutos....

Daniel laissa échapper un soupir de contrariété. L'instant d'après il était sur lui.
D'un geste vif il lui fit fasse et l'agrippant par l'épaule, il le fit pivoté sur le coté tendit que sa main droite trouvait sa lame avec une vélocité presque instinctive.
C'était une sorte de gros Biker imbécile dont le tord était sans doute d'abord de mésestimer totalement l'adversaire et ensuite de se croire immortel.
Emporté par l'élan de la prise du Time Tricker il s'affala vers la table, renversant le verre du professeur qui percuta le sol dans un fracas strident.
A peine ressentit l'effet du placage sur le bois que déjà une douleur lui vrilla la main droite.
Daniel l'avait clouée à la table d'un coup puissant à travers le bois, enfonçant la lame jusqu'à la garde.
Il voulu hurler et porter la main libre à l'arme mais le professeur lui écrasa le bras gauche à l'aide de sa jambe repliée, faisant pression sur lui.
Il se contenta alors de regarder sa proie en commentant bien fort.

Les mutos sont imprévisibles...surtout quand on les cherche.

Il foudroya les autres convives d'un regard glacial ou dansait les flammes de l'excitation du combat. Et tendit le bras droit vers eux tout en maintenant captif le biker.

Alors ca serait quoi à votre avis, le pouvoir du mutos ? Il lance des boules de feu, il se transforme en homme requin de 2m de haut ? Il contrôle la foudre, Ou il vous tue d'un regard...Il y a un milliard de façon différente de creuver...réfléchissez-y un peu...

Personne ne bougea, tous avec une la même expression de terreur sur le visage. Hopes soutint leur regard l'un après l'autre.
Puis d'un geste précis désengagea sa lame, geste qui fit hurler de douleur sa victime. Il se pencha vers lui et avec une voix lente et terrible lui rendit son verdict.

Rappelle toi...ce soir et les autres jours...que tu ne dois a vie, qu'à la clémence d'un mutos. Ne va jamais jouer avec ceux qui misent plus haut que toi, tu y perdrais plus que ta chemise.

Il rengaina son arme et traversa la salle calmement jusqu'à la porte de sortie. Avant de sortir il se tourna pour les regarder une dernière fois.

Si vous aviez été plus humains et moi moins...vous seriez tous mort. Nous nous nourissons mutuellement de nos peurs respectives...je sors d'ici vivant et pourtant...aucune manifestation de pouvoirs surnaturel : qui vous a battu dés lors ? Un humain comme vous...rien de plus.
Fin de la leçon, messieurs.

Il referma la porte s'engageant dans la rue. Il fit quelque pas en direction de l'entrée du métro et stoppa sa course pour s'allumer une cigarette.
Cet échange avait au moins eu l'avantage de lui calmer les nerfs.
L'heure n'était pas tardive, il se décida pour une visite chez Ashe. Elle savait mieux que personne repousser ses ténèbres.

Invité

A peine Andrew avait-il traversé la vitre, s'étant légèrement ouvert à la tête au passage, et avait-il posé ses griffes sur le sol pavé qu'une nouvelle métamorphose s'opéra. Cette fois-ci, il reprit tout simplement son apparence naturelle, trop fatigué et inexpérimenté pour tenter quoi que ce soit d'autre ni pour préserver celle qu'il avait sur le moment. Sans compter qu'il était déjà surpris de l'apparence qu'il venait de prendre. Il ne savait pas encore jusqu'à cet instant qu'il pouvait prendre une forme animale.

Son physique était suffisamment sombre pour que dans l'obscurité actuelle, personne ne le remarque vraiment sans y prêter d'attention particulière. Tant mieux, il n'avait pas besoin de ça en plus !
Toutefois, afin d'être encore plus dissimulé à d'éventuels regards, Andrew agit instinctivement et alla grimper le long du mur du bar même qu'il venait de quitter précipitamment pour finir sur le toit relativement bas du bâtiment en question.

Se trouvant presque au-dessus de la porte d'entrée, le jeune homme profita de ce moment de répit pour vérifier qu'il allait bien. Portant la main droite à son crâne en feu, il sentit la chaleur liquide du sang qui coulait. Regardant rapidement la quantité de sang sur sa main et constatant que le flot ne semblait pas très important, il en conclut que la blessure devait être assez minime. Il s'en occuperait plus tard.

Pour le moment, il reporta son attention à l'intérieur du bar. Cela ne put donc se faire qu'à l'oreille d'où il était, aussi ne put-il pas observer le spectacle mais seulement se l'imaginer. Mais vu le peu de bruits distincts qu'il arrivait à identifier, le résultat n'était pas très concluant.
En revanche, il entendit assez bien les paroles d'un homme, probablement Hopes dont il lui semblait reconnaître la voix.

Il entendit entre autres le mot "mutos". Etait-ce donc ainsi qu'ils étaient désignés, c'était ça le mot péjoratif pour les qualifier ? Ils n'avaient pas cherché bien loin, ils auraient sûrement pu faire mieux...
Sans prêter plus d'attention à ce détail, Andrew se concentra plutôt sur le reste. Il releva surtout les dernières paroles où le professeur fit la morale aux occupants du bar, celle-là même qui précéda sa sortie. Il devait bien avouer que pour le coup, sa sortie avait été plutôt classe, sans compter que les propos étaient plutôt justes.
Cet homme devait sûrement apprécier tout particulièrement la psychologie humaine. Il aurait été professeur de philosophie que cela n'aurait nullement surpris Andrew.

Le voyant s'éloigner un peu avant d'allumer une nouvelle cigarette, le jeune homme se dit que c'était peut-être le moment de renouer un rapide contact avant de se séparer, et sûrement de se retrouver à l'Institut. Commençant à courir sur le toit où il se trouvait en direction de l'homme, il sauta rapidement sur le toit d'un camion légèrement en contrebas avant de descendre de celui-ci par le capot et de sauter à nouveau pour cette fois-ci atterrir quelques pas devant le professeur.

Malgré son apparence actuelle, Andrew pouvait être reconnaissable si l'on était attentif, son physique de mutant ayant vaguement gardé les traits de son physique humain. Et puis pour l'occasion, il avait sa blessure au front due à l'incident d'un peu plus tôt. Le regardant de son étrange regard orangé, Andrew prit la parole le premier.

"Excusez-moi pour tout à l'heure. Je suis prêt à aller à l'Institut. Nous nous reverrons certainement là-bas."

Bref et rapide, mais que dire d'autre ? Toute la question de cette rencontre était de savoir si Andrew était prêt à tenter l'aventure ou non. Et pour le moment, il n'y voyait pas d'inconvénients. Il semblerait donc que l'Institut allait bientôt compter un nouveau membre !

Daniel eut un mouvement léger, sorte de réflexe qui précédait sa mise en place de son champ de distorsion temporel né de son pouvoir. Il reconnut finalement assez rapidement la forme humanoïde devant lui.
Sans manifester plus d'étonnement passé le bref effet de surprise, il se contenta se sortir son étui de sa poche de veste et de chausser ses lunettes. Il grimaça cependant en se rendant compte que des taches de sangs maculées ses doigts et les carreaux de ses verres. Le sang de l'importun du bar avait aussi entaché ses manches de veste et son pantalon. Il esquissa un rictus de contrariété en écoutant son vis-à-vis.

"Excusez-moi pour tout à l'heure. Je suis prêt à aller à l'Institut. Nous nous reverrons certainement là-bas."

Ainsi il s'était décidé ? Le libre arbitre avait été respecté jusqu'au bout. Le professeur se contenta d'esquisser un demi sourire avant d'apporter une réponse d'une voix apaisante.

L'important dans la vie et d'agir en accord avec sa conscience. Vous trouverez un jour ce que vous cherchez réellement et si l'Institut peut vous y aider, j'en suis heureux.

Il planta ses mains dans les poches et s'avança vers lui lentement il finit par le dépasser et sans se retourner ajouta quelques mots.

Ne trainez pas trop sous cette forme, nous autres nous exposons à bien des dangers lorsque notre nature est en pleine lumière...
Au plaisir Andrew.

Ses pas l'entrainèrent vers un ailleurs laissant le jeune mutant derrière lui.

» Hold-up et prise d'otage.. [Libre]
» S.H.O.P.I.N.G [TERMINE]