Main Gagnante, Main Perdante [Pv Claire]

Les volutes de fumée s'élevaient dans la salle, rendant l'atmosphère difficilement supportable et presque irrespirable. On n'y voyait pas grand chose, à peine à quelques mètres devant soi, et l'ambiance était digne des plus grands films hollywoodiens mafieux. Le lieu était plutôt spacieux, bien plus que ce qu'on aurait pu imaginer pour un tel endroit, un bar de jeux clandestin perdu dans les entrailles d'un quartier mal famé de la Grande Pomme. Entre les tables, une haute silhouette effilée avançait, celle d'une femme aux longs cheveux bruns, presque noirs, parsemés de mèches vertes. Grande et plantureuse, toute vêtue de cuir vert et noir, elle avançait d'un pas sûr entre les tables, arrachant des regards aux habitués qui jouaient aux tables proches. Elle savait où elle allait déjà et elle avançait vers le fond de la salle sans accorder un seul regard à ceux qui l'entouraient. La tête haute, le maintien parfait et la démarche assurée, elle se rendait vers le fond de la salle, où une place lui était déjà réservée. Pour les initiés, il s'agissait d'une confrériste à la solde de Magnéto, la dénommée Ampère. Une simple sbire certes, mais active dans les opérations lourdes menées par l'organisation terroriste et qui avait déjà sa tête mise à prix par le gouvernement. Rien que ça, tiens. Sortir était donc une prise de risque pour elle mais dans ce bar clandestin, elle ne risquait rien, les clients et les joueurs n'étaient eux mêmes que des porteurs du gène X et pas forcément très adeptes du gouvernement. Et vu l'affiliation qu'elle avait en tant que confrériste, le traitement de faveur qu'on lui donnait ici était tout simplement naturel...

Elle atteignait enfin sa table. Lentement, elle ôta sa veste et prit place. Quelques années plus tôt...Non même quelques mois plus tôt, la jeune femme n'aurait jamais agi de cette façon là, sure d'elle et si déterminée. Avant de rejoindre la Confrérie, elle était plutôt du genre réservée. Non pas peureuse ni timide, mais sa situation ne lui permettait pas vraiment de faire n'importe quoi. Mécanicienne sans papiers dans un vieux garage miteux de Buenos Aires, où la répression contre les mutants était grande, elle n'avait pas vraiment intérêt de se montrer trop entreprenante et d'ailleurs, elle n'en avait jamais eu les moyens. Sa venue à la Confrérie avait tout changé. Avec le temps, elle avait évolué, aussi bien dans son style que dans sa façon de penser. De ses tenues de mécaniciennes amples et confortables, elle était passée aux vêtements moulants en cuir, prenant cette apparence provocatrice qui attirait indéniablement l'attention. Sans doute fallait-il y voir une grande influence de sa principale mentor, Wanda Maximoff, la fameuse fille du non moins célèbre magnéto, leader incontesté de la Confrérie des mauvais mutants, dont le style était tout à fait à la hauteur de son standing. Ampère avait beaucoup appris à ses côtés et cela se voyait dans son comportement...Elle avait de la classe, ou du moins, elle commençait à en avoir. Et elle n'avait pas peur de ce qui pouvait lui arriver, confiant en ses pouvoirs. Petit plus qui devenait habituel chez elle: ses gants spéciaux qui remontaient jusqu'aux avant-bras et qui dissimulaient habilement les deux armes mortelles qu'elle avait acquis quelques semaines plus tôt, ses deux fameux fouets. Avec le temps qui passait, elle commençait à en avoir un contrôle plus que correct. Déterminée à les maitriser parfaitement, elle passait de longues heures dans la salle d'entrainement à parfaire ses gestes et sa technique. Et nul doute que la sensation de puissance et de sécurité que lui procuraient ses deux bijoux jouait un poids non négligeable dans la confiance qu'elle dégageait d'elle même...La petite Louise avait changé, elle n'était plus la même et elle était devenue la puissante Ampère. Ehem...Bon disons, qu'elle était bien partie pour, quoi....

Assise enfin à la table au dessous du fin tapis vert, Louise observait ses futurs adversaires du soir. Il y avait déjà deux hommes. L'un, grand et brun, à l'apparence banale, ne lui disait absolument rien. L'autre plus petit et maigrichon, mais à l'air nettement moins net, lui était déjà plus familier. Les apparences étaient trompeuses, ce petit homme qui ne paraissait avoir aucune force cachait en réalité des pouvoirs bien puissants et cela se reflétait dans son curriculum de crimes et délits particulièrement fourni...et qui renvoyait celui d'Ampère à l'état d'amatrice et de débutante. La jeune femme, prudente, préférait se tenir sur ses gardes avec lui. Jusqu'à présent, il ne s'était passé aucun incident fâcheux et elle avait même réussi à entabler une certaine conversation avec l'homme en question...Comme quoi, elle pouvait être parfois un minimum sociable parfois.

Il manquait encore des gens apparemment, un ou plusieurs, Louise l'ignorait. Nullement pressée, la jeune mutante se commanda simplement un verre qu'elle se mit à siroter en attendant leurs prochains invités...

Claire était loin d’être une méchante fille fréquentant des établissements louches avec une mauvaise réputation. Oh non. Claire était plutôt une jeune fille sage et ce depuis toujours. D’ailleurs Claire ne sortait jamais du quartier de SoHo après le coucher du soleil et elle ce contenté de faire la bringue avec quelques amis artistes dans le bar du New Born ou elle était aussi serveuse. Néanmoins ce soir la, Marcus l’un de ses amis artistes qui avait un petit peu pousser sur la bouteille avait amené la petite brune jusque dans un quartier assez étrange, vous savez le genre d’endroit on l’on a toujours peur de croiser un noir armé d’un couteau dans une ruelle sombre. D’ailleurs Claire n’était pas très rassurée d’autant plus que la seule personne qui pouvait la protéger avait presque ingurgité deux grammes d’alcools peut-être plus qui sait. Toute fois Claire tenter tant bien que mal de relativiser et elle ce disait que dans un pays comme les USA elle ne finirait pas tuer ou violer aussi facilement et ce même si le taux de criminalité de la ville était loin de prouver le contraire. Et c’est en ce souvenant de ces chiffres assez terrifiants que Claire pénétra dans l’établissement ou Marcus voulait aller. Cet endroit était bien plus grand que dans l’imagination de Claire et plusieurs hommes étaient entassé les un sur les autres, ces hommes ne semblaient pas être tout à fait nette et l’odeur de vieux tabac et de fumé ne rendait pas Claire plus joyeuse. Bien au contraire puisque pour éviter de sentir cette odeur de tabac qu’elle détester tant, Claire fouilla dans sa poche pour sortir un mouchoir et elle le posa sur son nez et sur sa bouche, ce petit geste sembler d’ailleurs déranger ou plutôt intriguer quelques joueurs qui regardèrent la petite brune avec des yeux accusateurs et parfois même assez flippant. Claire qui avait l’habitude d’observer les gens bien dans les yeux ce sentait obliger de détourner le regard ou bien de le baisser pour ne pas donner d’ennuie à son ami ou pire à elle-même car même si elle avait toujours l’habitude de penser aux autres avant de penser à elle-même ce soir la elle n’avait aucune envies de terminer dans une morgue à Manhattan.

Pendant quelques instants Claire ce disait que le mieux pour elle serait de prendre ses jambes et de fuir à toute vitesse pour prendre un Taxi et retourner dans ce bon vieux quartier de SoHo, néanmoins sa conscience lui disait le contraire et elle ne pouvait pas abandonner Marcus au milieu de cet endroit ignoble alors qu’il pouvait à peine marcher correctement. Celui-ci devait jouer une partie de Poker, pas tout à fait nette, mais au vu de son état d’ébriété avancé il avait demandé à Claire de jouer à sa place puisqu’il savait qu’elle était assez douée et assez intelligente pour jouer et être dangereuse au Poker.

*Papa avait bien raison … Trop bon… Trop Con…*

Voila ce que Claire pensait en zig zagant entre les tables et les fauteuils en bois. La belle brunette qui était vêtue d’une veste blanche immaculé et d’un beau slim serré semblait faire tâche au milieu de ce décor qui sembler être tout droit sortit d’un vieux film de gangster, d’ailleurs en regardant tout cela l’européenne ce serait crue en plein milieu de Chicago dans les années 1920 à l’époque ou ce bon vieux Al Capone faisait la loi et ce moquer éperdument de la police et des lois en général. D’ailleurs Claire ce disait qu’elle aurait était vraiment mignonne dans une robe d’époque, mais euh… Revenons à nos moutons car il me semble que les gouts vestimentaires de Claire n’étaient pas vraiment le sujet de cette description. Mais penser à ce genre de chose rassurer le bel oiseau de nuit qui sembler effrayer à juste titre puisque cet endroit avait tout pour être un repaire de coupe gorge et donc de hors la loi. Enfin bref après avoir traverser l’établissement en suivant ce bon vieux Marcus, Claire arriva devant une table qui abritait déjà trois joueurs. Deux hommes et une jeune femme, apparemment Claire ainsi que son guide Marcus étaient les derniers arrivaient. La brunette salua le groupe d’un élégant mouvement de la tête et elle s’excusa rapidement pour son retard avant de poser ses fesses sur une des sièges en vieux bois de chêne.

Une fois assise Claire prit le temps pour observer les gens qui ce trouvaient à la même table qu’elle. Disons que son parcours pour devenir journaliste lui avait donné quelques connaissances en psychologies et elle arrivait facilement à cerner les gens rien qu’en observant leurs visages et connaitre quelqu’un lorsque l’on joue à un jeu basé sur le mensonge et sur le bluffe comme le Poker ça pouvait être très utile, elle regarda discrètement les deux hommes qui étaient déjà assis, puis elle fixa longuement la belle jeune femme aux cheveux noirs et verts qui était assise juste en face d’elle. Aucun doute, elle la connaissant, mais oui ! Cette fille et ce visage quasi angélique venait de Buenos Aire, cette fille qu’elle avait rencontré lors d’un voyage avec son oncle il y a de cela trois ans ! En tous cas elle avait bien changé, à vrai dire Claire n’aurais jamais imaginée que la petite Louise pourrait un jour troquer son ample tenue de mécanicienne pour une tenue de cuir. En voyant ça Claire ne peu s’empêcher d’ouvrir enfin la bouche…

« Louise… »

Dans sa main, le verre de whisky était presque achevé. Le descendre avait été rapide...Et ce ne serait que le premier d'une longue série alcoolisée de la soirée. Peut-être pas durant la partie de poker, il lui fallait garder la tête froide pour ne pas faire d'erreurs stupides, mais nul doute qu'à la fin, Louise sortirait terminer la nuit dans un quelconque bar de la Grosse Pomme. La confrérie n'était pas un hôtel ni une pension...On entrait et on sortait quand on le voulait. Bien, ce n'était pas non plus un moulin aux allées et venues libres mais Ampère n'était pas tenue à un régime militaire strict. Elle faisait son travail, assistait Wanda, participait aux tâches collectives mais n'en demeurait pas moins libre d'occuper son temps libre comme bon lui semblait. Depuis quelques temps, sous l'impulsion de plusieurs de ses compagnons, elle avait appris les secrets de ce célèbre jeu qu'était le poker...Tout un art, il fallait le reconnaitre et Louise était encore loin d'en maitriser toutes les facettes mais à force d'y jouer, elle commençait à devenir toute une pro en la matière. On disait que ce jeu devenait souvent une drogue pour ceux qui en abusaient et d'ailleurs, il était vrai que la demoiselle commençait à y prendre goût et à y jouer régulièrement, un peu trop peut-être, mais elle trouvait cela divertissant et pour l'instant, ne comptait pas laisser tomber...

Après quelques minutes d'attente, deux personnes vinrent rejoindre enfin la table. Du premier, un homme, Ampère n'accorda que très peu d'attention, remarquant seulement qu'il était déjà dans un état d'ébriété avancé. Charmant. Et à ses côtés, une jeune femme qu'elle n'observa que très brièvement. Des traits fins, presque enfantins, des cheveux mi longs de couleur ébène, une peau de porcelaine et des vêtements pour le moins singuliers pour cet endroit clandestin...Plus coutumiers des podiums de défilés de mode ou des célébrités qui se donnaient en spectacle à la télé que des clients mal sapés du coin. A croire qu'elle s'était trompée...L'espace d'un instant, Ampère fut même tentée de lui envoyer une remarque cynique ou tout du moins un commentaire approprié. Mais elle n'en eut pas l'occasion car des lèvres de l'inconnue, son nom s'échappa soudain. Dans la voix, de la surprise et une incrédulité certaine...La même qui s'empara d'Ampère lorsqu'elle entendit son prénom. Hein? Qui était cette fille et comment connaissait-elle son prénom que pratiquement personne n'utilisait? Lentement elle dévisagea l'inconnue, fouillant dans sa mémoire. Cette personne la connaissait et elle...Ce fut à cet instant précis que le déclic se fit dans sa tête. La rencontre avec la jeune femme n'était plus tout récente, antérieure même à son arrivée sur le sol américain....Etonnant pourtant qu'elle ne l'ait pas reconnue à la première, cela remontait à quoi...Deux, trois ans certes, mais Claire Valentine n'avait pas changé. En tout cas, pas en apparence...

« Claire. Eh bien, le monde est un mouchoir...»

Elle observa son interlocutrice avec attention, s'imprégnant de sa présence et du visage presque oublié. Certes, elle avait mille questions à lui poser, mais ne savait pas par où commencer. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour reprendre la parole, l'homme grand et brun inconnu du départ la ramena, sans y être invité, s'adressant directement à la jeune Claire.

« Oh poupée, t'es sûr que tu t'es pas plantée d'endroit pour passer ta soirée. Ici c'est la cour des grands...»

Ni une ni deux, Louise fit volte face, comme si l'électricité l'avait frappée et elle foudroya du regard l'homme...Le comble pour elle, n'est-ce pas?

« Met la en veilleuse et occupe toi de tes cartes capiche? Sinon je te ferai regretter d'être venu dans la cour des grands....»

La réputation d'Ampère la précédait, bien heureusement. Ses exploits dans les rangs de la Confrérie lui conféraient une notoriété certaine qui la protégeait et lui donnait le respect des autres. Notoriété que l'homme semblait connaitre puisqu'il se mit effectivement en veilleuse...Plutôt à contre cœur certes mais il le fit tout de même. Tant pis pour lui, personne n'allait embêter les amis ou les connaissances de Louise...Elle allait y mettre un point d'honneur à faire respecter cela....Enfin rassurée sur le silence du guignol, elle se retourna enfin vers la femme qu'elle connaissait.

« Ca fait un bail dis donc...Je pensais pas te revoir, surtout dans un endroit comme celui-ci...Que deviens-tu?»