La chasse au GROS GROS rat (Vermine)

Le 4x4 était garé devant l'entrée des égoûts, la porte arrière ouverte, prête à accueillir le "colis". Adossée au véhicule, Mei finissait sa cigarette. Cette mission se déroulerait dans les égoûts où elle n'était sensée rencontrer personne, et la mission d'aujourd'hui n'était pas vraiment secrète. C'est pour ça que Mei avait pu mettre son treillis de l'armée chinoise au lieu de la combinaison noire réservée aux missions d'infiltration top secrètes. Non, ce que Mei s'apprêtait à faire s'apparentait plus à de la dératisation.
Son supérieur l'avait contactée comme d'habitude au moyen du téléphone satellite qu'elle cachait chez elle. Selon les médias, et quelques rapports envoyés par d'autres agents de terrain, ils avaient entendu parler de Ernest Lenoir. C'était un gamin de douze ans, un mutant, à l'apparence d'un gros rat, dont le corps sécrétait un poison qui déréglait les pouvoirs des mutants. Bien sûr, pour un pays qui exterminait chaque jours des mutants parfois dangereux, c'était une aubaine. La mission de Mei consistait donc à entrer dans sa tanière et à le capturer. Elle était toujours équipée de son pistolet hypodermique chargé avec les seringues de somnifère spécial mutants. Avec ça, elle allait devoir l'endormir, puis le traîner jusqu'à la sortie où elle devrait l'enfermer dans le container qu'on lui avait fourni et ensuite filer à l'aéroport où elle devrait s'adresser à un employé corrompu pour l'envoyer en express à un laboratoire d'armement à Shangai.
Tirant une bouffée de tabac, elle jeta encore un oeil au container posé par terre, grand ouvert, devant la porte du 4x4. C'était une grosse boîte métallique blindée perçée d'aérations, aux dimentions d'un cercueil d'enfant. Le mutant était sensé dormir pendant tout le voyage avec la dose contenue dans les seringues, ça valait mieux pour lui.
La cigarette finie, Mei jeta son mégot, chaussa ses lunettes de vision nocturne et entra dans les égoûts. Elle courut jusqu'à ce que l'entrée soit loin, puis elle ralentit pour se déplacer silencieusement. D'après les renseignements gracieusement offerts par les locaux qui voulaient voir disparaître le rat, l'antre de la bête n'était plus très loin.
Mei stoppa net en entendant du bruit. Elle se plaqua contre un mur et s'approcha de la source du bruit. Oui, il y avait de la vie par-là. Dégainant son Beretta, elle continua de s'approcher sans faire le moindre bruit et jeta un oeil au coin.

Mei approcha silencieusement, avec la grâce d'un félin. Elle vit l'antre de l'enfant-rat. C'était sale. Il y avait beaucoup de livres déposés un peu partout, ainsi que divers objets en plus ou moins mauvais état. Le mutant était là, au milieu de tout ce désordre, assis dans un coin, occupé à lire un livre éclairé par une lampe-torche. à vrai dire, ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Elle pensait qu'un mutant vivant dans les égouts serait en quelque sorte revenu à l'état sauvage. Mais qu'il lise un livre sans images prouvait au moins qu'il était doté d'une intelligence. Cependant, il était nu, et vraiment sale. Mei avait l'impression de voir courir les parasites dans sa fourrure grise. Les scientifiques qui s'occuperaient de lui allaient devoir sérieusement le désinfecter.
L'espionne s'approcha encore. L'enfant était si absorbé par sa lecture qu'il ne la remarquait pas. Pourtant, elle était tout près. Lentement, elle leva son Beretta et le pointa sur Vermine. Elle tira, une fléchette jaillit du canon, dans un bruit étouffé par le silencieux, et alla se planter dans l'épaule du rat.

Ernest tourna une nouvelle fois la page. Il se dit que le personnage du Seigneur des Annaux qui lui correspondait le mieux, physiquement tout du moins, était Gollum. Avide de savoir la suite, il allait reprendre sans attendre sa lecture quand tout d’un coup il perçut, non loin de lui, un petit bruit étouffé. Aussitôt après, quelque chose le piqua à l’épaule. Tout en poussant un petit cri de surprise, il sursauta si fort qu’il en lâcha l’ouvrage. Mais que diable se passait-il ? Vif comme l’éclaire, il porta sa main là où il avait été piqué et se tourna en direction du bruit. Il découvrit en même temps la fléchette et la femme habillée en militaire. Sur l’instant, toujours stupéfait, il ne sut que penser. Il resta immobile, fixant l’intruse. Puis, tout d’un coup, il comprit tout. Il était en danger, cette dame voulait l’enlever. Peut-être était-elle associée aux mercenaires qui l’avaient déjà attaqué après la séance d’autographe d’Howard Wedness. La fléchette était soporifique. Déjà, il ne sentait plus son épaule. L’engourdissement se rependait dans son corps comme une vague de froid. Bon sang, que faire ? Le jeune mutant se dit que c’était déjà trop tard, que dans une poigné de secondes il serait inconscient. Il se trompait…

Vermine ne savait de sa mutation que ce qu’il pouvait constater. Quand il mordait les gens, des choses aussi curieuses que variées se produisaient. Quand il buvait de l’alcool, il n’en ressentait presque pas les effets. A présent, il découvrit qu’il était tout aussi résistant à une fléchette soporifique qu’à une bouteille de Whisky. Alors qu’il croyait que l’engourdissement allait le submerger, le faire tomber, il commença à se dissiper. L’Altérium, remarquable substance, entrait en action et protégeait son organisme. Finalement, tout n’était peut-être pas perdu. L’esprit de l’enfant-rat était tout aussi rapide que ses gestes, ce que son apparence sauvage ne laissait pas du tout supposer. Il réalisa qu’il bénéficiait sans doute de l’effet de surprise et qu’il serait bon d’en profiter. Mais comment ? Ernest était très loin d’être à l’aise pendant les scènes d’action, il l’avait déjà montré en paniquant lors de la fusillade devant la librairie. Il échafauda tout de même un plan. La femme, face à lui, s’attendait à ce qu’il s’écroule. Elle se dirait alors qu’elle n’avait plus rien à craindre. Elle s’approcherait pour le ligoter ou l’emporter. Ce serait à ce moment là d’agir, de la mordre et d’espérer que les effets seraient suffisamment importants pour permettre la fuite. En attendant, Vermine joua la comédie. Avec assez de réalise, il fit comme s’il lutait contre un soudain sommeil et essaya en vain de retirer la fléchette. Puis il vacilla et s’affala au sol, les yeux clos. A peine une quinzaine de secondes s’était écoulée depuis le tir de Mei Wong.

Toute son attention, désormais, se focalisait sur ce qu’il entendait. Il n’aurait pas le droit à l’erreur. N’est pas peur, se dit-il, ce n’est pas le moment.

HRP : dans ta prochaine réponse, tu peux faire agir mon personnage. Il cherche à te mordre dès qu’il en a l’occasion. Si tu es blessée par cette attaque surprise, les effets de l’Altérium ne se manifestent pas tout de suite. Il faut au moins attendre plusieurs minutes ce qui te laisse amplement le temps de réagir normalement.

Mei ressentit une satisfaction brève mais intense en voyant le rat s'écrouler. Rien de sadique, la même satisfaction que celle qu'éprouvait une femme de ménage en entandant le "slurp" d'un mouton de poussière qui disparaît dans le tuyau de son aspirateur. Elle attendit encore quelques secondes pour être sûre que le somnifère faisait bien effet, puis elle prit la bestiole et la hissa sur son épaule. Elle grimaça à cause de la fourrure poisseuse et pleine de saletés. Il faudrait qu'elle mette son uniforme au pressing une fois la mission terminée. Elle marcha jusqu'à la sortie du tunnel en portant le corps inerte.
Elle pensa un peu à ce que deviendrait l'enfant-rat une fois envoyée à Shangai. On le désinfecterait sérieusement avant de l'enfermer dans une cellule aseptisée. Il serait surveillé en permanence par le biais d'une glace sans teint et de plusieurs caméras de surveillance. Les seuls contacts humains qu'il aurait seraient des hommes en combinaisons NBC qui ne le toucheraient qu'à travers d'épais gants en caoutchouc. Les scientifiques feraient beaucoup d'expériences sur lui. Ils lui feraient des prélèvements de sang, de salive, d'urine, de sueur, de peau, de poils, et de tout ce qu'il pouvait contenir. Puis on le laisserait un peu tranquille pour faire des recherches sur les prélèvements. Puis une fois l'altérium synthétisé et maîtrisé, on n'aurait plus besoin du rat. On le gazerait alors pour ensuite incinérer sa dépouille. Mei trouvait tout cela bien triste, mais le changement dû à son amnésie lui avait enlevé beaucoup de choses, y compris sa capacité à ressentir des remors.
Une fois sortie du tunnel, elle marcha jusqu'au "cercueil". Mais au moment où elle s'apprêtait à déposer le petit corps dedans, elle ressentit une violente douleur dans le cou.

"RHAAAAAAAH !!!"

Mei jeta l'enfant-rat par terre et porta la main à son cou. Quand elle la retira, son gant de cuir était plein de sang. Le mutant l'avait mordue. Perdant soudain tout son sang-froid, elle attrappa le rat par le collet et lui laboura le visage à coups de poings. Puis elle le lâcha, jeta par terre ses lunettes de vision nocturne et s'approcha du rétroviseur de la voiture pour voir l'étendue des dégâts. La blessure avait l'air impressionnante, mais elle n'était pas bien profonde, ce n'était pas avec ça que Mei se viderait de son sang. Par contre, ce qui l'inquiétait le plus, c'était l'altérium. D'après ce qu'on lui avait dit, cette substance était présente en grandes quantité dans la salive de Vermine et pouvait avoir des effets très variés. On lui avait dit que ça n'avait des effets spectaculaires que sur les mutants, que les humains ne risquaient pas grand-chose. mais était-ce vrai ? On ne savait pas grand-chose là dessus.
L'espionne prit une serviette dans la boîte à gants du 4x4 et épongea le sang qui coulait de son cou en petites rigoles jusqu'entre ses seins. Visiblement, le somnifère n'avait aucun effet sur le rat. Elle balança donc le Beretta hypodermique sur la banquette arrière et glissa à sa place dans son holster son QSZ-92, qui lui tirait de vraies balles. Se le mutant faisait encore des siennes, elle lui tirerait une balle dans la rotule, ça devrait lui ôter l'envie de fuir pour le reste de sa vie. Elle revint auprès du mutant qui, sonné par les coups, n'avait pu s'enfuir. Elle l'attrappa par les poignets et le traîna jusqu'à la boîte.

HRP: Ok, les effets viendront lors de mon prochain post.

Mei était tout près de la boîte quand la créature lui échappa, envoyant valser le "cercueil". Elle joua des pieds et des mains pour tenter de le maîtriser à nouveau, et surtout en essayant de ne pas se faire mordre à nouveau. Ce n'était pas aisé car la bestiole avait beau ne pas être forte, elle se débattait comme un diable. Quand la chinoise parvenait à attrapper au vol un de ses poignets, le temps d'attrapper l'autre elle devait lâcher le premier pour éviter les dents de rongeurs qui claquaient près de sa main. Dans la lutte, elle dût enlever ses gants d'intervention pour avoir plus de prise dans la fourrure grasse. Elle finit par réussir à le coincer contre une roue du 4x4 et lui expédia dans l'estomac un coup de rangers qui le calma. Elle voulut en profiter pour l'attrapper, mais eut un étourdissement.
Elle dégaina son pistolet et le pointa sur le rat. Une bonne balle dans la jambe l'aiderait à se tenir tranquille le temps qu'elle récupère. Mais Mei remarqua soudain que le dos de sa main qui tenait l'arme était couvert de poils oranges et noirs.

"Qu'est-ce que... ?!"

Elle retourna l'arme dans tous les sens pour regarder sa main, sans cesser de l'agiter dangereusement devant le visage de Vermine. Ses ongles étaient devenus noirs, durs et pointus, comme des griffes. Ses doigts et sa paume étaient occupés par des coussinets roses. Elle retroussa sa manche et vit qu'un duvet orange rayé poussait sur son avant-bras, et par la même occasion que sa main gauche subissait le même sort.

"Nom de... !"

Surprise, elle lâcha son pistolet qui atterit dans la poussière devant Vermine. Cédant à une brusque panique, l'espionne arracha son gilet pare-balles et ouvrit le haut de sa vareuse. Du poil blanc envahissait sa poitrine. Elle ne pouvait pas le voir, mais son visage aussi changeait. Son nez s'écrasait en s'élargissant, devenant une truffe rose. Sa lèvre supérieure se divisait en deux. Ses dents devenaient des crocs impressionnants. Ses yeux viraient au jaune d'or. De longues moustaches semblables à du fil de nylon poussèrent sur ses joues. Ses oreilles devenaient grandes et rondes et grimpaient sur le sommet de sa tête en se couvrant de poils. Elle grandissait, aussi. Ses vêtements devenaient étroits.
En proie à une véritable peur, elle atrappa vermine par les épaules, le souleva de terre et se mit à le secouer comme un prunier.

"Qu'est-ce que tu m'as fait ?! Hein ? QU'EST-CE QUE TU M'AS FAIT ?!!"

Pour elle, ce ne pouvait être qu'un effet de l'altérium. Mais comment cette substance pouvait-elle avoir de tels effets sur un être humain ?

Le souffle coupé, Vermine sentait qu’il n’était plus vraiment en mesure de résister. Une main grippée au pneu, une autre pressée contre sa poitrine endolorie, il fixait son agresseur avec rage et peur alors que ce dernier dégainait son arme. Soudain, le soulagement le gagna. Il venait d’apercevoir les poils sur la main de la femme. Enfin, sa morsure faisait effet, enfin l’occasion de fuir allait se présenter. L’inconnue remarqua elle-aussi l’anomalie. Elle fut surprise puis commença à paniquer. Ernest ne put réprimer un petit rire moqueur. Elle l’avait bien cherché. Le pistolet fut lâché et tomba devant lui. Un instant, il observa l’objet métallique. Il tendit ensuite la main pour s’en saisir. Il venait de le faire quand Mei Wong l’attrapa par les épaules et le souleva sans ménagement. Le pistolet lui échappa de la main et retourna au sol. Hé merde, se dit-il. Le voilà maintenant secoué et interrogé.

-Tu n’as que ce que tu mérite ! répliqua-t-il avec férocité.

Puis il se contorsionna pour mordre à plaine dents l’avant bras de la femme qui se métamorphosait. Celle-ci du le lâcher. Vermine atterrit lestement par terre, récupéra le pistolet, et s’élança en direction des égouts. Ce qu’allait devenir son agresseur, ça ne l’intéressait pas. Il en avait de toute façon assez vu pour supposer que l’inconnue resterait dangereuse. Il devait retourner à sa « tanière », remballer ses affaires et quitter cet endroit pour s’établir ailleurs. Hélais, il ne courrait pas aussi vite qu’il ne l’aurait voulu. Il était fatigué par sa lute. A cause du coup de pieds qu’il avait donné à la boite, il boitait. A cause de l’arme qu’il avait volée, il ne pouvait pas courir à quatre pattes. Mais il préféra ne pas se débarrasser de ce moyen de défense. Il n’avait encore jamais tiré de sa vie mais ce ne devait pas être très sorcier. Dans les films, c’était très banal.

Ainsi, à son rythme, l’enfant-rat retourna dans l’obscurité des égouts…

HRP : la seconde morsure n’a pas d’effet particulier. Tant que tu es sous l’effet de l’Altérium, tu ne peux pas subir un autre effet.

La métamorphose de Mei dura encore quelques secondes. Elle ne s'en doutait pas, mais en fait, l'altérium avait eu pour effet de déclencher son pouvoir de façon impromptue. ça lui faisait mal, comme quand on s'étire pour la première fois après avoir passé plusieurs jours recroquevillé dans une boîte. Elle n'avait pas utilisé son pouvoir depuis des années et manquait cruellement d'habitude, sans compter qu'ayant tout oublié de ça, elle se demandait ce qu'il lui arrivait.
Enfin, sa transformation se termina lorsqu'elle dût baisser sa ceinture pour laisser passer sa queue par dessus. Elle était à présent une tigresse anthropomorphique. Ses vêtements étaient en loques et ses rangers avaient éclaté. Elle se regarda dans un rétroviseur de la voiture.

"Noooon !"

Elle poussa un rugissement et rejoignit les égouts en courant à quatre pattes. Plus besoin de lunettes de vision nocturne, elle y voyait à présent très bien dans le noir. Elle ne pensait plus qu'à une chose : attrapper ce rat ! Elle sentait son odeur de crasse, elle pourrait le traquer à l'autre bout du monde. Et bien sûr, une tigresse-garou courant à quatre pattes allant plus vite qu'un enfant-rat blessé, elle ne mit pas longtemps à le rattrapper. Elle lui sauta dessus et le renversa. Ils roulèrent tous les deux par terre. Puis Mei se redressa et s'avança vers Vermine avec l'intention évidente de le dévorer.

HRP: tu peux tirer si tu as toujours le flingue (bien sûr, Mei ne mourra pas). Ensuite, libre à toi de la planter là ou d'essayer de la sauver.

Au lieu d’avoir à faire à une simple humaine, Vermine était maintenant face à un colossal hybride félin. Ha, mais quelle « merveilleuse » amélioration ! Non contant d’être un gringalet, son pouvoir se retournait contre lui. Pitoyable… Si ça continuait ainsi, il n’allait pas faire long feu. Ernest ne put que se rappeler son altercation avec Carlos. Là encore, il avait transformé, enfin croyait avoir transformé, un homme en animal et avait faillit devenir son repas. L’enfant-rat fixait la bête qui, dans l’obscurité, n’était guère plus qu’une ombre aux yeux luisants. Il était au sol. Dans sa main crispée, il y avait le pistolet qu’il était heureusement parvenu à garder pendant sa chute. La bête avançait, lui reculait en rampant. Non, il ne devait pas paniquer mais déjà il tremblait. Il brandit l’arme à bout de bras. Ce truc était lourd, plus lourd qu’il ne l’aurait pensé. Il visa et pressa la gâchette. La détonation résonna dans le conduit et fut ensuite reprise en échos. A cause du recule, Ernest avait faillit lâcher le pistolet. D’accord, être un tireur d’élite était plus dur que dans les films néanmoins, ce n’était pas le moment d’y songer. La bête était toujours indemne. Il fallait la blesser ou l’abattre. Sans cela, la fuite était impossible.

-Crève pé***se ! vociféra-t-il d’une voix défaillante.

Il tira, encore et encore. Le vacarme l’assourdissait et il avait mal aux avant-bras. Sa pathétique précision était sans doute comique mais la cible était tout de même assez proche et elle continuait de s’approcher.

-Bordel mais meurt ! hurla-t-il encore.

Tuer… un mot si terrible, si lourd de conséquences. On ne tuait pas dans la réalité comme dans un film mais la peur du garçon l’empêchait d’y songer. Il essayait juste de ne pas mourir. Les douilles encore chaudes, dans de petits bruits métalliques, tombaient au sol. L’une d’elles rencontra la cuisse du rat qui poussa une sorte de couinement terrifié. Il était assis et ne pouvait plus reculer car son dos avait rencontré un mur. Il ne pensait plus qu’à vider son chargeur jusqu’à ce que la bête s’effondre.

HRP : à toi de voir si tu es touché ou non.

Mei levait en l'air une patte prête à arracher la tête de vermine quand celui-ci tira. La balle ricocha contre un mur pour aller se perdre dans le noir. La détonation surprit la chinoise, qui s'arrêta net. Le rat tira encore et encore, jusqu'à ce que les dix balles du chargeur soient parties. Mei posa ses mains sur son ventre et les retira pleine de sang. Trois balles l'avaient atteinte au ventre, l'une d'elle l'avait transperçée de part en part.
Lentement, la bête s'écroula par terre, les yeux exorbités, la respiration saccadée. Mei vit passer devant ses yeux des images. Elle se voyait enfant, adolecente, mutante, entourée d'amis. Elle revoyait sa vie, la vie d'avant son accident. Elle se souvenait même du "PAF" sonore qui avait retenti quand le pneu de sa voiture avait éclaté, le crissement des autres pneus et son combat avec le volant pour essayer désespérément de maintenir sa trajectoire. Des larmes lui vinrent aux yeux. Dommage qu'elle puisse profiter si peu de temps de sa mémoire retrouvée.
Elle posa sa tête sur le sol de ciment. Elle se mit alors à retrécir. Lentement, son corps s'amincit, ses poils disparurent, elle commença à redevenir humain. Elle se sentit sombrer dans l'inconscience. Au moins mourrait-elle en tant que Mei Wong, et pas comme le robot-soldat qu'elle avait été. Elle jeta encore un regard à Vermine avant de fermer les yeux. Finalement elle ne lui en voulait pas. Il n'avait fait que se défendre.

"Sǔnhài yǐjīng zàochéng..."

HRP : désolé pour le retard. A moins que tu ne relances l’histoire, ce post est mon dernier.

Plusieurs fois encore, Vermine pressa la gâchette. L’arme émettait un petit déclique métallique, preuve que le chargeur était vide. Ce ne fut qu’après une petite dizaine de tentatives qu’enfin le gamin abaissa le pistolet. Face à lui, à ses pieds, le monstre s’était affaissé et reprenait apparence humaine. Il avait deviné dans l’obscurité les blessures qu’il lui avait infligées. Allait-elle mourir ? Lentement, Ernest se releva. Il dut s’y prendre à plusieurs reprises car la peur avait rendu ses jambes moles. Il remarqua aussi une vague odeur d’urine. Il avait dut abandonner quelques goutes au plus fort de ses craintes. Une fois redressé, il observa, le cœur encor battant, la silhouette inerte. D’une main tremblante, il se toucha la poitrine. Du sang s’y trouvait… ce n’était sans doute pas le sien, il le savait. Son propre sans, il le sentait dans sa gueule légèrement blessée. Ce n’était pas grand-chose mais cela ajoutait à l’horreur de la situation. Tout d’un coup, conscient de ce qu’il avait fait, il jeta l’arme à feu dans l’eau qui s’écoulait non loin. Puis il tourna les talons et s’enfuit sans demander son reste. Aussi vite que possible, il se précipita dans sa « tanière », rangea pêlemêle ses affaires dans son sac à dos, hissa ce dernier sur son dos et quitta cette partie des égouts. Dans sa tête, il revoyait toujours Mei Wong, allongée. Elle l’avait attaqué, il n’avait fait que se défendre, c’était ce qu’il se disait sans cesse. Mais il craignait d’être un assassin. La vie était précieuse. Les livres, très largement, s’accordaient à le dire. Peut-être aurait-il put éviter ça. Il aurait dut… Maintenant, il n’y avait plus qu’à espérer que quelqu’un ai entendu les coups de feu et porte secours à la blessée si c’était encore temps. Quand Vermine décida de s’arrêter, après une pénible heure de marche, la première chose qu’il fit fut de se laver. Le sang coagulé sur sa fourrure lui était insupportable. Tout était allé si vite…

Mei s'éveilla un peu plus tard. Ses blessures, quoiqu'importantes, avaient cessé de saigner. Elle sourit en constatant qu'elle n'était pas morte. Elle essaya de se lever, mais n'y parvint pas. Elle regarda autour d'elle. Elle était toujours dans les égouts, sauf que maintenant qu'elle était redevenue humaine et qu'elle n'avait plus ses lunettes de vision nocturne, elle n'y voyait rien. Pourtant il faudrait bien qu'elle sorte de là si elle ne voulait pas mourir de faim. Elle fut tenter de crier, mais se souvint que c'était le genre de chose à ne pas faire. Elle ne ferait que se fatiguer, et qui sait ce qu'il pouvait y avoir dans des égouts. Dans le fond, Vermine devait être la chose la plus adorable qu'elle pouvait rencontrer ici.
La chinoise se mit à ramper à l'aveuglette, s'écorchant les coudes et les genoux, grelottant dans ses vêtements déchirés. Au bout d'un moment, elle aperçut une lueur à un angle du couloir. Après de maints efforts, elle arriva à la source. Elle était revenue à l'antre de l'enfant-rat, la lampe-torche était toujours allumée. Elle eut un vague sourire et alla s'installer sur le truc qui devait servir de lit au jeune mutant. Il fallait qu'elle se soigne. Elle ouvrit une bouteille de vodka et en versa le contenu sur ses blessures pour désinfecter. Puis, avec son couteau, elle entreprit de s'extraire les deux balles qui restaient. Ayant perdu sa machinalité et son sang-froid professionnel, elle trembla et salopa le travail. Finalement, elle réussit à extraire les balles, mais cela déclencha une nouvelle hémorragie, qu'elle ne put stopper qu'en bourrant les plaies avec des morceaux de sa vareuse.
Se sentant un peu mieux, elle décida d'attendre là d'être en état de marcher. Alors elle retournerait au 4x4 et appellerait un de ses complices pour qu'il vienne l'aider. Pour mener sa mission à bien, elle avait dû nouer certains liens avec des membres des triades chinoises. Les mafieux auraient sans doute un médecin capable de la rafistoler discrètement. Regardant autour d'elle, elle vit l'étendue de la collection de livres de Vermine. Intéressant. Il y en avait même qu'elle avait déjà lus quand elle était jeune, dans leur version chinoise. Elle mit la main sur l'un d'eux, l'ouvrit et le feuilleta.

"Le seigneur des anneaux ? Tiens, j'ai vu les films mais je n'ai jamais lu les livres."

Mainenant qu'elle y pensait c'est vrai que depuis son accident elle n'avait jamais vu un film, jamais lu un livre mis à part les manuels qu'elle avait dû apprendre au cours de son instruction. Elle aurait décidément beaucoup de temps à ratrapper si elle survivait à cette nuit.

(HRP) On continue ? Steuplais !

-Et merde ! J’ai oublié la serviette !

Enfin, disons plutôt la loque de torchant servant de serviette. Dans sa fuite, Vermine n’avait emporté que le strict minimum, ce qui pouvait tenir dans son sac à dos et qui avait le plus d’impotence. Pour se sécher après son bain prématuré dans les eaux croupis, il courut en rond dans les conduits. Cela eut également le bénéfice de lui vider un peu l’esprit. Essoufflé, il finit par s’assoir à côté de son sac. Son pelage était encore humide mais peu importait. L’enfant soupira. Ne voulant pas repenser à ce qui s’était passé, il préféra se lamenter sur son sort. Déjà qu’il n’avait pas beaucoup de choses à lui, voilà qu’il en abandonnait les trois quarts dans un hâtif déménagement. Mes livres, ma lampe, mes bouteilles, songea-t-il. En cet instant, il aurait voulu se souler pour oublier mais comment faire sans alcool ? Quelle galère ! Il était pourtant simple d’arranger la situation. Il suffisait de revenir dans sa tanière et de transférer en plusieurs voyages toutes ses possessions en un autre endroit. Le garçon hésita. Ce pouvait être dangereux.

-Et si y’a quelqu’un qui m’attend, je fais quoi ? Ernest réfléchissait à voix haute. Il était toujours troublé, cela l’aidait à reprendre pied dans la réalité. J’peux me défendre. J’ai un couteau et mes dents… et puis, pourquoi y’aurait quelqu’un ? La folle était sans doute seule. J’ai vu personne d’autre en tout cas.

Après encore quelques minutes d’indécision, l’enfant-rat finit par trancher. Il devait retourner à sa tanière ou au moins essayer. Il se releva et sortit de son sac à dos un poignard à longue lame. Cette arme, il l’avait trouvé abandonnée dans une ruelle. S’il l’avait gardé, c’était d’avantage pour l’esthétique du bel objet, plutôt que dans la perspective de s’en servir. Or, là, c’était bien pour se protéger qu’il s’en munissait. Reprenant ensuite son sac à dos, il fit en sens inverse le trajet qui l’avait conduit ici. Il avait encore un peu mal au pied mais ça allait en s’arrangeant.

Vermine se mordit la lèvre quand il constata que quelqu’un se trouvait chez lui. Puis il se maudit d’avoir prit ce choix quand il reconnu la femme qui l’avait agressé. Toute fois, au fond de lui, il ressentit un indéniable soulagement. Finalement, il n’avait tué personne. Mais que faire maintenant ? L’inconnue était en piteux état mais elle pouvait toujours être dangereuse. Elle savait se battre. Le jeune mutant était à l’écart, tapit dans l’ombre. Il observait le soldat à l’uniforme en loque depuis son obscure cachette. En s’approchant, il avait bien évidement été prudent. Il s’était efforcé de ne pas faire de bruit. Difficile donc de déceler sa présence. Il attendit, immobile, silencieux, le poignard dans la main…

HRP : tu peux te sentir observer. C’est, à mon avis, le seul moyen que tu as de déceler la présence de Vermine.

Ce livre était intéressant. Il faisait appel à l'imagination et la fantaisie dont Mei n'avait pas été capable pendant 15 ans. malheureusement, la chinoise fut interrompue dans sa lecture par l'impression d'être épiée. En fait, elle sentit surtout Vermine à l'odeur. Non pas qu'il soit si odorant, mais de sa métamorphose lui était restée la capacité d'analyser sons et odeurs avec plus d'efficacité qu'un humain normal. Elle se douta bien que ce devait être l'enfant-rat qui revenait chez lui. Et la voilà qui était là comme un cheveux sur la soupe. Elle ne voulait pas l'effrayer, elle ne voulait pas qu'il doive abandonner son logis, aussi précaire soit-il. Toute agessivité à son égar avait disparu chez l'espionne.

"Attends ! Ne pars pas ! Je ne vais pas te faire de mal ! J'ai...j'ai changé..."

Comment lui expliquer que le bourreau qui l'avait copieusement frappé pour tenter de le mettre dans une boîte avait disparu à jamais et qu'à sa place se tenait une femme nouvelle ?

"De toutes façons je ne suis pas en état de me battre. Ne t'inquiète pas, je ne compte pas rester. Juste le temps de reprendre des forces."

Exposer ses faiblesses allait à l'encontre de tout raisonnement tactique, mais c'était le seul moyen qu'elle avait pour tenter de gagner la confiance de Vermine. Elle lui était reconnaissante de l'avoir rendue à elle-même (bien qu'elle eut préféré que ça se fasse de manière moins violente).

Elle avait changé, disait-elle. Ha, la belle blague ! Vermine n’en croyait pas un mot. Elle en avait juste prit plain la gueule et maintenant elle tentait de ruser puisque l’usage de la force avait échoué. Non sans appréhension, le jeune mutant s’approcha. Il s’immobilisa à l’extrémité du halo de lumière diffuse provenant de la lampe torche. Son regard sanglant brillait dans l’obscurité, tout comme la lame de son poignard. Sa silhouette, certes petite, avait quelque chose d’effrayant.

-C’est pas moi qui va partir, c’est toi ! lança-t-il avec agressivité.

Il était soulagé de ne pas avoir tué la femme mais ce n’était pas pour autant qu’il allait lui pardonner ce qu’elle avait fait. Il tapota son arme, pour illustrer ses propos menaçants, et poursuivit.

-Ouais, tu te casse et vite ! A cinq-cents mètres, y’a une bouche d’égouts. Tu l’empruntes et t’es dans la rue. Là tu trouveras de l’aide, pas ici !

On ne pourrait pas l’accuser d’être méchant, il donnait un véritable conseil. De plus, il fallait bien avouer que la blaisée avait bien plus de chances de guérison en allant à l’hôpital qu’en restant en ce lieu insalubre. Ici, elle risquait des infections, des maladies, de sérieuses complications… Ernest fit un pas en avant, continuant de tapoter son arme. A le voir ainsi, on pouvait le croire capable de l’utiliser. Ce n’était pas forcément faux.

L'enfant-rat ne semblait pas très heureux de trouver Mei dans son terrier, et d'une certaine façon c'était légitime. Mais Mei ne pouvait pas bouger, bien qu'elle fut heureuse de lui obéir.

"Du calme. Laisse-moi me reposer un peu, s'il te plaît. Je ne suis pas en état de marcher, à moins que tu ne sois prêt à me porter sur ton dos, je doute d'arriver jusqu'à la sortie. Mais je te répète que tu n'as plus rien à craindre de moi. Je ne suis pas armée et de toutes façons je n'ai plus la moindre envie de t'attrapper. d'ailleurs, je m'en veux d'avoir essayé."

Elle gémit, ses blessures la lançaient toujours.

"Tu sais ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Je me suis rappellée les 20 premières années de ma vie, que j'avais oubliées à cause d'une amnésie. Je ne savais même plus que j'étais une mutante, c'est l'altérium qui m'a réveillée. Je sais que ça paraît bizarre, mais c'est la vérité."

(HRP) Désolée si c'est un peu court, mais comme j'ai dû recommencer 3 fois de suite à cause d'un bug, j'ai dû abréger pour ne pas m'arracher trop les cheveux.

-Hé, j’en ai rien à foutre de ta vie ! rétorqua sèchement Vermine, poursuivant ainsi sa logique d’opposition. Quand on fait des conneries, on en assume les conséquences ! rajoutât-il en s’inspirant d’une réplique de film.

Il était en position de force et il en profitait. Il n’avait aucune raison d’accorder quoi que ce soit à cette personne qu’il considérait toujours comme adversaire doublée d’une menteuse. Il était ici chez lui, il voulait retrouver sa tranquillité, c’était aussi simple que ça. Il pourrait ainsi déménager en toute discrétion.

Mais si les mots ne suffisaient pas ; si la femme refusait de bouger ; allait-il aller jusqu’à la chasser ? Il en avait envie, c’était certain. Ce serait une juste vengeance. Mais entre le vouloir et le faire, il y avait une frontière. Ernest, lentement, se déplaçait en fixant d’un regard mauvais la blessée. Il titillait toujours son poignard, plus machinalement à présent qu’autre chose. Son sac à dos émettait de petits bruits à cause de ses mouvements. Cela ajoutait un peu à la tension du moment. Le garçon-rat réfléchissait. Qu’allait-il faire ? Continuer de parler, de menacer ? Il pensait tout de même à ce que lui avait dit l’intruse. Même s’il n’y prêtait guère d’attention, un mot attisa sa curiosité. Il avait des questions à poser, réalisa-t-il. La première d’entre-elles était de savoir si la militaire était seule. Mais elle répondrait à coup sûr que oui et il ne la croirait pas. A cette idée, Vermine dressa l’oreille, cherchant à percevoir des bruits suspects dans les environs. Rien… Il reprit donc le cours de ses réflexions. Enfin, il s’immobilisa et s’exprima de nouveau sur le même ton inamical.

-Dis-moi juste ce que tu m’voulais ?! C’était pour quoi cette boite ? Et puis c’est quoi l’Altérium ?

Mei toussa.

*Merde ! Pourvu que je ne sois pas touchée au poumon.*

"Dis-moi juste ce que tu m’voulais ?! C’était pour quoi cette boite ? Et puis c’est quoi l’Altérium ?"

Elle regarda le bout des ses pieds nus, un peu honteuse.

"Personnellement je ne te voulais rien. Je ne devrais pas te le dire, mais à quoi bon ? Je suis une espionne au service de la Chine. Et ma mission, aujourd'hui, était de te capturer. Je devais t'endormir et t'enfermer dans la boîte pour t'envoyer à Shangai, dans un laboratoire où on aurait étudié l'altérium pour en faire une arme contre les mutants. L'altérium, c'est la substance que sévrète ton corps. Tu ne le savais pas ? Tu as dû te rendre compte que tes morsures avaient des effets plutôt étranges...comme j'ai pu le constater moi-même. Cette substance a des effets encore plus étonnants sur les mutants, d'où l'idée d'en faire une arme. Car tout le monde sait que le gouvernement chinois prône l'extermination des mutants. Et c'est notament à cause de ça que je ne suis pas sûre de devoir encore obéir aux ordres. Je ne me fais pas d'illusions, si mes chefs apprenaient que je suis une mutante, je finirais sûrement en descente de lit chez un général."

Elle resta un peu silencieuse, reprenant son souffle. Elle regarda autour d'elle.

"C'est...c'est coquet, chez toi."

-Ha bon, tu trouve ?

La dernière remarque de celle qui se révélait être une espionne chinoise avait marqué une brève pause dans les réflexions du garçon. Il jeta un coup d’œil à son repère et se demanda en quoi il était coquet. Le mobilier se résumait à deux petites étagères en piteux état trouvées à la décharge et à un lit moisit. Certes, les livres étaient rangés avec soin mais bon… Ernest n’avait pas oublié à quoi ressemblait sa chambre dans le manoir familiale en Suisse. Cette pièce là aurait put être qualifiée de coquète. Ses pensées revinrent bien vite aux paroles de la femme. Ainsi, c’était l’Altérium la cause des étranges effets de ses morsure ; et la Chine voulait le chopper pour exploiter cette substance. Cette histoire avait quelque chose d’invraisemblable. Comment la Chine ou n’importe quel autre pays pouvait connaitre sa mutation alors que personne jusqu’à présent ne l’avait étudié ? L’enfant-rat ignorait qu’il n’était pas le seul à porter l’Altérium. Sa mère ne lui avait rien dit sur le « fardeaux des Willard ». Toujours était-il que le jeune mutant ne savait qu’en conclure. Mensonge ou réalité ? Ce qu’il pouvait juste constater c’était qu’on avait bel et bien tenté de le capturer.

-Tu as une vilaine toux, reprit-il. Tu peux pas rester là. J’ai pas envie d’avoir un cadavre sur mon lit demain.

Il méditerait plus tard. Pour l’instant, il devait aider la blaisée. L’aide ? Oui, mais pas forcément par altruisme. Bien sûr, comme déjà dit, il était heureux de ne pas l’avoir tué et la perspective d’assister à son décès des suites de ses blessures ne l’enchantait guère. Mais il voulait également se débarrasser d’elle afin de retrouver au plus vite sa tranquillité, ainsi que s’arranger pour qu’elle lui soit reconnaissante pour, peut-être, pouvoir lui poser d’autres questions dans le futur. Bref, il allait l’aider. C’était calculé mais ce n’était pas de sa faute s’il avait un QI qui lui permettait de penser à toute vitesse.

-Tu va t’éloigner d’ici, je t’aiderais s’il le faut. Quand on sera à proximité de la bouche d’égout, j’attirerais quelqu’un. Et cette personne appellera les secours. Si tout ce passe bien, dans moins d’une heure t’es à l’hôpital. Ok ?

"Oh, non, ça devrait aller. Je te l'ai dit, il faut juste que je reprenne des forces."

Elle tira de sa poche un paquet de cigarette et voulut s'en allumer une, mais elle se rendit compte qu'elle n'aimait plus ça. Elle finit par jeter le paquet dans un coin sombre. Elle avait décidément bien changé pendant son amnésie.

"Non, mieux vaut éviter d'attirer l'attention. Si quelqu'un appelle les secours j'irais à l'hôpital, et on se demandera comment j'ai pu recevoir des balles. Pas de témoins, pas d'enquête. Il vaudrait mieux que tu m'amènes à la voiture. Mon portable est resté dedans, avec je pourrais appeller certains contacts que j'ai dans les triades chinoises. Ils auront bien un médecin de gang qui pourra me rafistoler discrètement."

Elle se redressa et, s'aidant du mur, réussit enfin à se mettre debout, les jambes tremblantes.

"Bon. Si tu me soutiens ça devrait aller. j'ai juste un peu l'impression que mes tripes font sortir de mon bide, mais ça devrait coler. Une chance que tu ne m'aies pas touché à la jambe."

Vermine resta un instant pensif avant de répondre.

-Comment veux-tu que je te soutienne ? T’as vu ma taille ? Tu ferais plus d’efforts à te courber en deux pour t’appuyer sur moi plutôt que de simplement te servir du mur.

L’espionne avait refusé sa proposition mais il comprenait ses arguments. Quand à lui, il n’avait rien contre le fait de l’emmener à sa voiture avec, toute fois, quelques précautions. Il n’avait toujours pas l’assurance que la femme soit seule. Bien sûr, depuis le temps, si elle avait un complice, celui-ci se serait déjà surement manifesté, mais on n’était jamais assez prudent. Le semi-rat alla jusqu’à la lampe torche et s’en empara.

-Je vais éclairer la route.

Constatant que la lampe montrait quelques signes de faiblesse, il alla chercher de nouvelles pilles dans l’une des étagères.

-En restant derrière toi, ajouta-t-il une fois le rapide changement effectué.

Il lui faisait comprendre qu’il était très loin de lui faire confiance. Il voulait la garder à l’œil. Il tenait encore son poignard et gardait toujours un minimum de distance avec la mutante.

-Allez, en route. Tu passes devant, tu y va à ton rythme. On n’est pas pressé. Et pendant le trajet, on parle pas. Y’a des gars moins sympathique que moi dans les égouts. C’est pas le moment de les attirer. Pigé ?

Il s’avança, désignant déjà de sa lampe le conduit par lequel il fallait partir pour rejoindre le véhicule. Ernest avait une très bonne mémoire et un excellant sens de l’orientation. Dans ce dédale, c’était indispensable. Aucune chance qu’il se perde.

L'enfant-rat ne pouvait pas porter l'espionne, c'était compréhensible. Le plus difficile serait encore pour elle de ne pas s'écrouler en chemin. Enfin, en regardant autour d'elle, elle finit par trouver une barre métallique qui pourrait lui servir de béquille. Par contre, elle appréciait moyennement de devoir marcher dos à Vermine. Elle n'aimait pas tourner le dos à quelqu'un qui était armé, surtout en état de faiblesse, mais pas le choix.

"La confiance règne, c'est le bonheur..." murmura-t-elle en avançant péniblement.

Elle n'allait pas bien vite, avec sa béquille, et chaque pas la faisait grimacer. Au bout de quelques minutes elle s'arrêta pour s'asseoir contre un mur, essouflée.

"Attends, pouce. J'ai perdu pas mal de sang, faut que je me repose un peu."

Elle souffla.

"ça fait combien de temps que tu vis dans les égoûts ?"

-Depuis un certain temps, rétorqua tout d’abord sèchement Vermine.

Conscient qu’il était sans doute trop agressif, il se reprit et répondit alors réellement.

-Depuis que je suis un rat, ça fait quelques mois.

A son tour, il s’assit. Il posa la lampe sur ses genoux et, histoire de faire quelque chose, il se mit à examiner son poignard. C’était un bel objet qui valait sans doute assez cher. Le manche était finement sculpté dans un bois précieux et la lame étincelait à la lumière de la torche. Qui donc l’avait perdu, se redemanda l’enfant qui s’était posé cette question au moins une centaine de fois. Mais peu importait. C’était maintenant l’un de ses plus beaux trésors avec la montre à gousset de monsieur Hopes.

Le temps passa, lentement, pesant. Le jeune mutant n’avait rien fait pour entretenir la conversation. Il ne cherchait pas à sympathiser. Au fond de lui, il avait encore peur que tout ceci ne soit qu’une ruse. Plus le temps passait, plus ça devenait improbable mais le doute était là. Ce n’était pas la première fois qu’on cherchait à l’attraper. Les gars de la première fois, justement, étaient-ils au service de la Chine il devait savoir. Subitement, il reprit la parole.

-Y’a quelques semaines, alors que j’étais en ville, un fourgon rouge a débarqué. Y’avait cinq où six types à l’intérieur, armés jusqu’aux dents. Ils venaient pour moi. C’était aussi la Chine qui les a envoyés ? C’est pour l’Altérium ?

HRP : c’était le C.R.I.M., aucun rapport avec la Chine. Mais ton personnage n’en sait rien.

"Ah. Et ça te fait quel âge ? Quatorze ? Qunize ans ? C'est un peu jeune pour vivre seul dans les égoûts. Je dis pas que tu devrais aller dans un orphelinat, je sais que c'est l'horreur, surtout pour quelqu'un comme toi. Y'a pas quelqu'un qui pourrait t'héberger dans un endroit plus convenable ?"

Mei savait que les mutations affectant l'apparence étaient les plus difficiles à vivre. Et pour cause, quand elle était dans le régiment d'extermination des mutants en Chine, les mutants affichant physiquement leur mutanité étaient les premiers à tomber entre les mains de son groupe.

"Un groupe ? Un fourgon rouge ? Non. Jamais entendu parler. En tout cas ils ne faisaient certainement pas partie des services secrets chinois. Je ne suis pas le seul agent sur place, mais en tout cas je suis la seule qu'on a chargé de ce genre de mission pour le moment. Je te l'ai dit : le tuyau sur toi et l'altérium ne nous a été refilé qu'il y a quelques jours par des gens qui t'en veulent à mort."

Elle serra les dents et se releva en s'appuyant au mur.

"Bon, on va essayer d'arriver à la voiture sans s'arrêter."