Lucky. [Mewen Haten]

J'avais laissé la panique m'envahir. c'était mauvais, ca ne devait plus m'arriver. Je croyais que je ne voulais plus combattre mais je me trompais une fois de plus sur moi même. Comme quoi, on croit se connaitre et on se goure de A à Z. J'avais fait en sorte que la peur glisse sur moi pendant 2 bonnes minutes avant d'émerger à nouveau et de me reprendre.
C'est à ce moment que mon téléphone sonna. La voix de Newen était lucide et froide , pleine de ce professionnalisme que j'admirais et que j'avais deviné sous son masque de méfiances. Elle savait ce qu'elle faisait et ca, je vous avoues que c'était plus que flippant pour moi, c'était tripant ! J'ai écouté ses trente secondes sans interrompre, elle me redonnait ce calme qui était le mien, comme une sorte de mentor que je n'avais jamais eu.
J'avais mes ordres.
Je savais quoi faire.

Un coup d'œil vers l'entrée de la rue, plus de gyrophares que de néons ! Bordel ! c'était l'anarchie. Mon regard accrocha non loin en face une ruelle transversale et ses escaliers de secours en fer forgé.
(2 minutes).
Je bloque ma respiration et matérialise le "truc". Il faudra que je lui trouve un nom. Mon œil tombe sur un camion de pompier en contrebas, pas trop de monde autour, tant pis qu'ils aillent se faire foutre. J'arme et je "tire". Je donne à mes projectiles une trajectoire incurvée jusqu'à ce qu'un réussisse à percuter le réservoir d'essence.
La déflagration est violente et assourdissante. Assez de hurlements et de panique pour que je traverse bien à l'abri des regards la route et que je me hisse de l'autre coté sur les escaliers.
Arrivée à un pallier tendit que les flammes dansent au bas de la rue à 300 mètres de là, je téléphone et tout en continuant ma course, je laisse sonner trois fois.

La vue depuis le toit est impressionnante, c'est un état de siège en bas ! Certains flics commencent enfin à remonter la rue vers l'endroit où je me planquais, je crois que j'ai fais encore plus de morts..j'en sais rien et pour tout dire, je me carre complètement.

J'avise un autre toit du coté opposé au carnage.
J'ai jamais été doué en saut en hauteur, mais c'est ma peau que je joue aujourd'hui, tout est différent. Un peu d'élan et...

Je manque de me vautrer magistralement, les pieds dans le vide, je me retient à un parapet. Quelle merde !
Je me hisse en grognant, mon épaule me fait un mal de chien.
Pas de temps à perdre, j'entends d'autres sirènes, des renforts.
Je décroche le téléphone et laisse le second appel.

Le deuxième saut est plus réussit, puis un troisième ponctué d'une troisième appel. C'est le métier qui rentre faut croire ! Je prends quelques secondes pour regarder depuis la corniche vers l'est. Deux colonnes rougeâtres s'élèvent dans la nuit. Au loin, celle de l'appartement de caitlyn et Byron, plus près celle du camion qui j'ai fait sauter, ce spectacle est hallucinant, qu'est ce que je suis devenu, Bordel !.
Un bruit dans la nuit et j'ai juste le temps de me plaquer contre un relaie d'antenne. Les hélicoptères de la police municipale ! Oui ca, j'avais zappé cette probabilité. Ils commencent à quadriller les lieux, c'est la procédure, enfin je veux dire, je ne pense pas qu'ils me recherchent déjà. Quoi qu'il en soit, la cavale est finie : c'est trop dangereux de rester sur les toits. J'avise le bloc qui héberge la porte de sortie de l'immeuble sur le toit.

Quatre coups de pied violant fracasse la porte de l'escalier de service et je m'y engouffre n'oubliant pas de passer mon quatrième appel. Je bifurque dans le couloir sordide du dernier étage, un hôtel de passe. Faut pas descendre plus bas au risque de me couper toute isue de secours vers le haut si y'a du grabuge.

Ca fait plus de 20 minutes, elle trouvera un moyen, ca j'en suis certain. Mewen me trouvera.
Je m'arrête devant le numéro 696. Je frappe...tambourine serait plus à propos.



Room service !!!!

Un silence puis une voix chargée d'alcool.

Fous le camp ! tarlouze !!

J'ai pas le temps de me montrer charmant. J'arme et je défonce la poignée et une partie de la porte au passage. Le mec, un gros porc adipeux en peignoir, vocifère comme un putois qu'on égorge. Je fonce et referme à la volée la porte avant de l'étaler d'un magistral coup de boule. Il s'affale sur son pieux et renversant sa table de nuit. J'ai de la chance le bordel est largement couvert par une télé qui hurle à chambre de droite et des cris de jouissance trop haut perchés pour être sincères chambre de gauche !

Je me passe la main dans les cheveux en lâchant un juron.
5 eme coup de téléphone.

On est bon.

Direction salle de bain pour laver mon visage, et foutre de l'eau sur ces brulures qui m'exaspèrent.

Son calme m'effrayait presque. Je venais d'exploser un type devant elle et ses vêtements étaient légèrement éclaboussé de sang mais elle, elle ne vacillait pas. Je réalisais alors que je venais d'entrer de plein pied dans son monde. La banalité de sa réaction face à la violence était bien plus significative que des mots ou des actes. Mewen était dangereuse, réellement dangereuse et sa dangerosité me renvoyait inexorablement à la mienne.
Raisonner comme elle, c'était le truc.
Aller à l'efficience sans se fermer l'esprit aux méthodes extrêmes.
Je sentais une force inédite courir dans ma veines, comme si une partie de moi même venait de mourir ce soir et une autre partie venait de se révéler à moi même. Des gens étaient morts...et après ? Ca changeait quoi à la face du monde, queudalle.
Nous n'étions que des accidents en devenir, de la viande pour les vers, on courrait plus ou moins vite vers la tombe, c'était juste une question de vitesse.
Je me levais d'un bond sans adresser un regard de plus au macchabée.


On bouge.
On peut pas sortir par le haut à cause des hélicos..on doit se retaper le bas..et si on passe par la réception, faudra la "nettoyer" si tu tiens à ton anonymat..
Ou alors...

Il me vint une idée malgré le fait que mes paroles sur le "nettoyage" m'hallucinaient totalement, le fait de tuer , gratuitement, me semblait déjà dénué de toute morale, j'avais basculé, je m'en rendais compte à présent.
J'ouvris la fenêtre en grand et jetais un rapide coup d'oeil avant de me tourner vers Mewen.


Mewen...y'a un balcon ..et de là on peut chopper l'escalier de secours en fer, on peut se barrer par là..ca te tente ou t'as peur du vide ?

Mewen réfléchit, nettoyer l'accueil prendrait trop de temps et attirerait l'attention donc ce n'était pas une solution, surtout qu'elle n'était pas armée. Elle avait en effet confiance en ses pouvoirs pour porter une arme. Elle jeta un coup d'oeil aux six étages qui se trouvaient en dessous. Atteindre l'échelle de secours ne serait pas une mince affaire et elle n'avait pas intérêt à se louper, mais valait mieux le tenter que de risquer de mourir en nettoyant l'accueil.

"Je débranche mes appareils et on passe par la fenêtre. Nettoyer l'accueil nous prendrait trop de temps et nous ferait remarqué à tout coup. Puis qui sait il y a peut être un mutant en bas."

Dit elle en débranchant ses appareils, le plus compliqué sera d'atteindre l'échelle avec son ordi portable sous le coude. "De plus les humains ne sont pas tous inutiles, certains sont très pratiques" Elle regarda ses vêtements et ceux de Kyle tachetés de sang, il faudrait qu'ils se changent avant de franchir les barrages "Il va aussi falloir trouvé des vêtements propres, nous ne passeront jamais les barrages dans cet état." L'hôtel était minable, mais il y avait certainement une lingerie.

Je gardais le regard fixé sur l'escalier en contre bas.
C'était faisable, un saut qui demandait de la maitrise mais assez périlleux tout de même, on risquait fort de se casser connement la gueule.

J'ai rien contre les humains, j'en ai après les cons...j'adopte une philosophie plus radicale ce soir, on ne m'emmerdera plus, celui qui se met en travers de mon chemin, il en assumera les conséquences..
Attends...je crois que..

Sur l'immeuble mitoyen de l'hôtel je venais de repérer un reste d'escalier similaire à celui que nous tentions d'atteindre, il n'allait pas jusqu'en bas, mais la plateforme pour peu qu'on baisse le mécanisme permettait d'arriver à mi chemin entre le balcon et l'escalier de sortie. Je pris appuis sur le fer forgé de la balustrade et je matérialisais à nouveau mon arme. Je fixais un point très précis mais je tenais en joue un autre endroit, le temps de mémoriser la fameuse cible et je "déclenchais" la mise à feu. Peu de bruit cette fois ci.
La "balle "partit à l'opposé et du regard je parvins à la ramener vers l'immeuble pour frapper le point que je visais.
Le cran de sécurité lacha dans un bruit sec suivait du son caractéristique du dépliage de l'échelle et de la plateforme qui se plaça sur notre droite entre le balcon et l'escalier.
J'adressais une petite mimique charmante à Mewen.

Plus simple...ca m'évitera de te voir pousser des ailes, bel ange..

Sans attendre sa réponse j'escaladais la rambarde et sautais en contrebas sur la plateforme qui bougea légèrement sous mon poids je m'agrippais sur le rebord d'une corniche pour assurer la stabilité et de ma position je lui lançais.

Saute, je te rattrape.

J'écartais le bras gauche prêt à la réceptionner.

Elle frissonna dans mes bras.
Tain !
L'idée me traversa l'esprit que c'était le contexte de notre corps à corps mais avec le recul je trouve ca complètement con même si cette furtive idée m'aurait plu énormément. Mewen , paradoxalement aux vues des emmerdes qui me descendaient sur le coin de la tronche, n'avait jamais était aussi désirable que ce jour là et moi j'étais quoi ? Un oisillon livré à la nuit, un rookie un peu paumé dans un univers qu'il ne connaissait pas, en gros et l'expression était on ne peu mieux tomber à pic : une connerie de chien dans un foutu jeu de quilles.
Non, il y avait un truc qui clochait, elle qui calculait tout d'habitude paraissait à présent pressée d'en finir comme si elle avait l'armée des mille diables au derche. Je n'ai pas cherché à comprendre, les questions étaient un luxe que nous n'avions certainement pas le temps de nous offrir dans la présente situation. Nous avons dévalés les escaliers au plus vite et une fois parvenu sur la terre ferme je me suis tourné vers mon guide avec un regard interrogateur où les mots étaient inutiles, j'attendais qu'elle dicte ses ordres.

Je l'ai regardé longuement.
C'est sur que je ne comprenais pas comment j'avais pu me tirer de là sans encombre. Je pensais véritablement que j'allais clamsé ce soir et à vrai dire, je n'y avais pas véritablement pensé au début. A quoi je pouvais bien ressembler avec ma tronche en Bacon grillé et mes cernes qui me donnaient l'air d'un évadé d'un hôpital psychiatrique. La route était encore longue, droit devant finalement ! Et mon ambassadrice m'offrait une sortie en beauté et l'occasion de faire quelque chose de nouveau, quelque chose d'autre. On doit tous choisir un jour ou on doit tout simplement faire le choix de ne pas en faire. L'air était chaud ce soir, ca me ra pellait un peu la Californie, ca me rappelait ma sœur.
Bordel, j'aurai été partout où son souvenir n'était pas.



On va où tu veux....c'est pas comme si j'avais un truc à faire à présent....alors traçons la route et basta.


Ouais

Traçons la route.

Basta.