Tibère dans un bar, affalé sur le comptoir comme sur un oreiller, les bras repliés sous sa tête. L’air totalement saoul. Ce n’était pas le cas, et il releva bientôt les yeux comme s’il sortait juste d’un somme. Tibère était las de s’ennuyer seul, et il cherchait de la compagnie. Il regardait les allées et venues des clients, soupirant d’ennui et noyant tout ça dans un joli verre de bourbon. Tibère aimait l’alcool, il aimait boire trop et être ivre, mais même l’ivresse ne lui faisait plus oublier qu’il était tout seul.
Il pensait souvent qu’un jour il rejoindrait la Confrérie, ces mutants terroristes. Il aimait les terroristes, il aimait les attentats, les explosions, la violence, il aimait les idées qu’on impose à un peuple effrayé, il aimait les tyrans. Raisons pour lesquelles, contrairement à tout un chacun, il appréciait les actions de Magnéto. Oh, ce n’était pas une question d’idéologie, il ne pensait pas au but qu’il y avait derrière tout ça : rendre le monde meilleur. C’est toujours le but d’un terroriste, quel qu’il soit, mais Tibère se foutait du monde. Lui, il voulait s’amuser.
Il leva son verre pour se faire resservir et jeta un coup d’œil à la porte qui venait de s’ouvrir sur une ravissante et très jeune fille. Se léchant les lèvres d’un air lubrique, il lui sourit, elle eut l’air mal à l’aise et il s’en désintéressa. Il préféra se tourner vers son voisin et tenter d’engager une conversation :
« Qu’est-ce qu’on s’emmerde dans ce rade, hein ? Merde, on est pourtant à New York, on devrait pas s’ennuyer ! »
Il ponctua ses mots d’un éclat de rire qui fit se retourner certaines personnes attablées, et renifla son verre aux éclats maltés. Il surveillait l’autre du coin de l’œil, attendant une réponse. Il en était venu à un tel point d’ennui qu’il se disait : si ce type me répond pas je le frappe. Ça aurait au moins le mérite de lui donner une occupation.