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| Le jouet qui parle [Libre] | |
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Auteur | Message |
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Soul Neutre Epsilon
Nombre de messages : 131 Age : 39 Pouvoirs : Esprit / Incarnation de la matière / emprise élémentaire sur la matière
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| Sujet: Le jouet qui parle [Libre] Lun 28 Mar 2011 - 13:50 | |
| -Maman ! Je veux Mortel Combat ! Rien à foutre des peluches ! brayait Gerald.
Gerald Williamson, 9 ans, tirait comme un dément sur le bras de sa pauvre mère. Avait-il déjà oublié que la raison de sa présence dans le magasin était l’anniversaire de sa petite sœur ? Oui, assurément. A la maison, il avait joué le rôle du grand frère généreux en prétextant vouloir offrir à sa merveilleuse serrette, avec qui il se disputait plus que de raison, un cadeau. Il avait même émit la très hypothétique possibilité de payer le dit cadeau avec son propre argent de poche. Incroyable ! Mais c’état trop beau pour être vrai. Une fois sur place, le masque était tombé. Le capricieux garçon n’était là que pour lui et lui seul. Mme Williamson n’en était pas vraiment surprise. Mais elle n’était pas pour autant décidée à céder aux exigences de son enfant. Elle le tenait avec fermeté et sur son visage se lisait une farouche détermination. L’assistante sociale lui avait dit d’être forte, elle le serait !
-Gérald, moins fort ! Tout le monde nous regarde ! -Les peluches c’est pour les enfants ! Je suis grand ! Je veux Mortel Combat ! répliquait le petit, plus fort encore. -Gérald, on est là pour ta sœur et ta sœur ne veut pas de jeu vidéo. -Mais elle est bête ! Les filles ça pige rien. Moi je… -Gérald, si tu continue, je te mets une fessée devant tout le monde, comme quand tu étais petit !
Quoi ?! Horreur !!! Jamais elle n’oserait ! C’était du bluff ! Voilà ce que se dit l’insupportable mioche qui jugea tout de même préférable de se taire. On n’était jamais assez prudent. En guise de représailles, il adopta un air boudeur quasi-comique tant il était marqué. Lui et sa mère traversèrent les rayonnages. Celui consacré aux jeux vidéos apparu avant de disparaitre, au grand désespoir de Gérald. Ce n’était que partie remise, il en était certain. Alors que résonnait dans les hautparleurs de la grande-surface une pub promotionnelle sur la lessive, ce fut au tour des peluches et autres poupées d’apparaitre. La grimace du garçon, déjà caricaturale, passa à un stade supérieur. C’était presque de l’art !
-Bon. A ton avis, qu’est-ce qui ferais plaisir à Pricillia ? demanda, d’une voix douce, Mme Williamson.
Elle entretenait l’espoir fou que son fils montrerait au moins un semblant d’intérêt à ce qu’il était sensé faire au départ.
-M’en fou, marmonna le petit monstre.
La mère soupira mais elle poursuivit son combat perdu d’avance. Elle multiplia les remarques alors qu’elle observait un à un chaque jouet.
-Ho, regarde le lapin ! Il est joli ! -Il est nul. -Et le chaton, il est trognon ! -Nul. -Ho, une princesse… -Nulle. -Un poney arc-en-ciel ! Elle aime les poneys ! -Nul.
Mince. Qu’avait dit l’assistante sociale pour régler ce genre de situation, déjà ? Ha, oui ! Il fallait éviter la confrontation directe et privilégier la ruse. Mme Williamson réfléchie un instant avant de reprendre.
-C’est dommage. Si tu ne m’aide pas, on n’aura pas le temps d’aller voir ton Mortel machin chose après…
Héhé, victoire ! Gérald ne put réprimer son sourire. Il savait bien qu’en fin de compte il obtiendrait ce qu’il désirait. Maintenant, il n’avait plus qu’à être « gentil » quelques minutes et l’affaire serait dans la poche. Manifestant le besoin de s’éloigner de sa mère, afin de chercher plus efficacement, il put parcourir par lui-même le rayonnage. Instinctivement, son regard ne s’attarda que sur les jouets qui n’étaient pas destinés aux filles. C’était tout à fait normal, selon lui, d’offrir à sa sœur quelque chose qu’il aurait plaisir à lui voler. Un ours en peluche, à l’air rebelle, faillit bien être son choix mais il avait l’impardonnable défaut d’avoir l’intérieur des pattes roses. Et le rose était une couleur prohibée. Alors l’enfant continua sa marche, s’éloignant toujours d’avantage de sa mère qui, elle, comparait un trio de poneys. Alors il apparut aux yeux du garçon, cette autre peluche : un chiot à la truffe démesurée et aux longues oreilles tombantes. Il avait le poil beige et ses yeux en bouton étaient d’un joli vert. Sa queue, toute petite n’était guère plus qu’une boule. Le personnage, anthropomorphique, était habillé d’une sorte de chapeau chinois en tissus bleu et d’un pull assorti. Gérald considéra le jouet quelques secondes. Il chercha bien : pas de rose en vu, c’était déjà bien. Après une dernière hésitation, car au fond la peluche ne lui plaisait pas vraiment, son impatience d’aller achever son jeu de baston l’emporta. Il prit le chiot et s’exclama.
-Maman, j’ai trouvé ! -Bon choix.
Stupéfait, le petit Willamson se figea sur place. Ce n’était pas sa mère qui venait de lui répondre. La voix, étrange, semblait masculine et aussi très proche de lui. Qui venait de parler ? Il se retourna, il regarda autour de lui : personne à proximité. Sa mère, plus loin, se redressait.
-Tu as trouvé, Gérald ? demanda-t-elle. -Heu… oui…
Le petit se reprit. Son imagination avait dut lui jouer un tour. Il exhiba le chiot afin que sa mère puisse le voir. Et là, horreur ! La peluche avait tourné sa grosse tête. Il fixait de ses yeux vides l’enfant.
-Moi, c’est Pinocchio. Et toi ? fit le chiot de cette voix effrayante.
Le gamin ne dit rien, ne fit rien. Le regard exorbité, il était devenu une statue. Mais une statue qui peu à peu, tremblait comme une feuille. Mme Williamson, sans comprendre ce qui se passait, car elle était trop loin pour entendre le chiot, s’était tout de même rendu compte que quelque chose n’allait pas. Elle s’approchait à grands pas.
-Gerald, qu’est-ce qu’il y a ? -Tu es devenu muet, Gérald ? reprit la peluche.
L’hurlement qui suivit s’entendit dans tout le magasin. Presque tous les clients sursautèrent. Quoi ? Que se passait-il ? Un meurtre ? Un attentat ? Gerald jeta le chiot et partit en courant, totalement paniqué. Plus que tout, c’était le timbre irréel de la voix qui l’avait terrorisé. A présent, il n’avait plus qu’une idée en tête : sortir du magasin. Mortel Combat attendrait un peu. Sa mère, qui ne comprenait toujours pas, lui courait après.
-Gérald, attend ! Gérald, qu’est-ce qu’il y a ?!
Impossible de ne rien avoir remarqué. Quelque chose s’état passé. Mais quoi ? Le chiot, tombé au pied du rayonnage, s’était relevé. Maladroitement, il fit un pas en avant, puis un autre. On aurait dit un automate. Il récupéra son chapeau chinois et le replaça sur sa tête. Pour l’instant, personne ne l’avait vu, personne n’avait rien remarqué. La peluche vivante mesurait à peine quelques dizaines de centimètres.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Lun 28 Mar 2011 - 21:31 | |
| ---Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger. Dans les deux cas, ces expressions sont pour moi parfaitement fausses. En premier lieu parce que cela fait quatre ans que ma langue n'a plus le moyen de rien goûter, ensuite parce que je peux survivre sans me sustenter. Toutefois, actionner tous ces muscles sans l'aide d'aucune énergie extérieure est largement pénible et fatigant, et comme souffrir plus que de raison ne m'a jamais rien dit, je suis actuellement en route vers un supermarché de New York. Du moins, je l'espère. D'abord courageuse araignée s'étant glissée par la vitre entrouverte d'une camionnette frappée sur ses flancs du logo de la grande chaîne de distribution, j'ai ensuite adopté la plus modeste forme d'un porte-clés en polymère, à l'effigie d'un éléphant bleu. Sourire niais, sourcils (vous avez bien lu) joyeusement haussés, trompe s'arrosant avec candeur le haut du crâne, le tout humblement casé dans la boîte à gants. J'ai déjà fait mieux, mais ça relève tout de même d'une certaine virtuosité. Voyager ainsi est moins grisant qu'en volant, mais tellement plus reposant que ce détail s'oublie vite. Dans mon petit cagibi éclairé par un seul mince rayon de soleil, j'ai le temps de penser à certaines choses, comme le pourquoi du rouleau de papier hygiénique parfum menthe, juste à côté, et de la faim dans le monde, mais ce dernier point n'est pas d'un grand intérêt.
---Le véhicule marque enfin l'arrêt sur le parking; le camionneur prenant le temps de se garer, le porte-clés gagne des ailes membraneuses et une face de grosse mouche bien juteuse, pour s'enfuir par l'endroit même d'où il était entré. Le bâtiment qui se dresse devant moi n'est pas de la petite épicerie; je suis presque nerveux à l'idée d'y entrer. C'est la première fois que je fais mes courses pour moi seul depuis quinze ans, après tout. Un peu plus loin, le drosophile se révèle être une jeune femme rousse impeccable, cheveux coiffés en chignon serré, le regard sévère derrière des lunettes carrées, style gouvernante britannique, en moins âgée. De mes deux longues gambettes féminines chaussées en leur extrémité de fins mocassins noirs (j'ai rapidement renoncé aux talons, question d'équilibre), je pénètre dans l'endroit, offrant une expression particulièrement agressive à un quarantenaire qui me dévisage. Peut-être a-t-il entrevu ma métamorphose du coin de l'œil, ou est-il simplement attiré par les formes de ma nouvelle forme; toujours est-il qu'il ne tente ni de crier au monstre ni de m'aborder. Tout va bien. J'ai encore assez peu d'expérience dans ce genre d'exercice pour craindre des maladresses de discrétion. Le dur tribut d'une existence rangée.
---A chaque jour son problème, et j'ai peut-être trouvé celui d'aujourd'hui. En effet, je me perds rapidement entre tous les rayons du lieu immense et totalement inconnu. Je tourne en rond, véritablement. Je suis tellement assaillit de toute part par les publicités que je finis par me demander ce que je suis venu acheter. Je soupèse la boîte carrée d'un jeu vidéo, si ça se trouve, ça me donnera des idées. Et puis, plus de 500 créatures à attraper, ça donne vraiment envie. Les gens me regardent de travers, à croire qu'ils n'ont jamais vu de nurse en uniforme hésiter entre le nouvel opus de Pokémon et Left4dead : The Sacrifice. Confus, j'embarque la première cartouche, sans penser une seconde que je n'ai aucune console à disposition. La lessive Gluttoning©, l'essayer c'est l'adopter, elle lave toutes les tâches, et elle est vraiment bien... Après tout, c'est peut-être vrai. Je suis attiré par l'écran lumineux, peut-être des séquelles de mon récent état d'insecte.
---Je suis sorti de ma transe par les cris d'un gosse, un méprisable gros gosse d'une dizaine d'années, comme j'en avais trois à la maison... Il a de la chance que, malgré mon égarement, toute cette propagande, bien qu'honteuse, m'ait mis de bonne humeur. Après tout, je suis entouré de tous les meilleurs produits du monde, ceux qui peuvent régler tous mes soucis, il ne faut pas que je l'oublie. Alors quoi, son hurlement semble manifester la terreur. Je m'oriente au son, il n'est pas bien loin, mais je ne suis, comble de la malchance, encore une fois pas très habile. A la place, je me retrouve face à face avec une peluche avançant maladroitement sur deux pattes. Original, le robot plein de poils. Néanmoins, quelque chose, je ne sais pas trop quoi, me dérange dans son apparence. Une sorte d'impression que cet objet est malsain, comme dans un film d'épouvante. Je fais confiance à mon instinct, il est infaillible. Un petit tour sur moi-même, et je suis Emily Freeman, vendeuse, comme l'indique très précisément la petite carte piquée, apparue soudainement sur mon veston.
----Qu'est-ce que tu fais là, toi ? » je lance, d'une voix aux premiers accents très masculins, recalculant au dernier moment mes cordes vocales.
---Laissant à terre le jeu vidéo déjà oublié, je m'approche à grands pas dynamiques de la petite peluche mécanisée et la saisie par les aisselles, comme si j'allais la ranger sur son rayon. Il y a vraiment des enfants peureux. Le pauvre sot à dû l'activer sans s'en rendre compte, et terrifié par le mouvement soudain, s'enfuir en courant. A moins que ce ne soit ce chapeau conique lui donnant un air un peu torve... L'homme est peureux de nature, ce n'est pas nouveau, héritage de la survie, je suppose.
Dernière édition par Félix Quesero le Dim 10 Avr 2011 - 22:10, édité 3 fois | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Mar 29 Mar 2011 - 8:30 | |
| Cela faisait à peine deux jours, oui à peine, que Karl fréquentait cette grande-surface. D’abord tel le spectre qu’il était, puis dans la « peau » de cette peluche, il avait observé les gens, écouté leurs conversations, réfléchi à leur motivation. Il était fasciné de voir tant de monde se presser pour acheter des choses qui, bien souvent, ne leur étaient pas vraiment utile. Ces messages matraqués à grands coups de hautparleurs, de pancartes, d’affiches, d’écrans, d’étiquettes, de logos, avaient-ils tant de pouvoir que cela ? Suffisait-il de s’exprimer par de belles paroles ou de jolies images pour être cru et obéi ? Ces slogans ravageurs aux rimes faciles mais efficaces étaient-il des formules magiques à même d’écarter la raison ? Tant de questions, si peu de réponses. Hodgkin, comme à son habitude, baignait au milieu de ses hypothèses. Des semaines entières il aurait put rester là, assis sur ce rayon, à espionner les Hommes.
Cette nuit, alors que l’établissement s’était endormi, que ses allées vides étaient tombées dans l’obscurité, Pinocchio s’était autorisé une balade. Son corps de mousse et de tissus s’avérait être si peu pratique qu’il en fut irrité. Mais il n’en avait pas changé pour autant. Supportant son incroyable maladresse, se disant qu’en se confrontant à la médiocrité de cette enveloppe charnelle il n’apprécierait que d’avantages les pantins de Bachir, il avait fait le tour du vaste lieu. Il avait aussi joué à caches-caches avec les quelques vigiles. Il en tira bien peu de satisfaction et ce fut donc avec un enthousiasme certain qu’il accueillit la réouverture. Evidement, il s’était empressé de reprendre sa place. Ce matin, son voisin de gauche sur le rayon, un drôle de koala avec sa feuille de feutrine, avait été emporté par une fillette. Puis ce fut au tour de son voisin de droite, un sympathique lapin dévorant dans l’immobilité une grosse carotte, de se faire la malle dans la main d’une mère pressée. Le chiot, alors, s’était sentit un peu seul. On le regardait bien sûr mais il n’avait pas l’air de plaire. Etait-il trop cher ? Profitant d’un instant de tranquillité, Karl avait attrapé son étiquette, pendu à son cou, afin de la lire. Il coûtait 3.57 $. Il apprit par la même occasion qu’il avait été fabriqué en Chine. Qu’en était-il des autres jouets situés à proximité ? Voilà la peluche investit d’une nouvelle mission : observer chaque étiquette sans être repéré. Neuf étiquettes déchiffrées plus tard, ce qui représentait à peu près une heure, arriva Gerald. Enfin, Karl fut choisit ! Bon, d’accord, il se disait que l’absence du koala et du lapin, beaucoup plus charismatiques, expliquaient le choix du gros garçon mais peu importait. Pinocchio fut si heureux à la perspective d’être acheté qu’il ne put s’empêcher de le dire.
La suite, vous la connaissez. Hodgkin, surprit, n’avait pas bien comprit la terreur du bambin. Nombreux étaient les jouets qui pouvaient parler. Certes, ils étaient tous condamné à répéter un nombre très limité de phrases mais était-ce vraiment une raison ? Pas le temps de plus réfléchir à cette énigme car déjà une vendeuse s’avançait avec la ferme attention de remettre le jouet à sa place. Notons au passage que Karl n’avait pas vu la métamorphose de la dite vendeuse. Alors qu’il était saisi, il aperçut un détail curieux : la demoiselle avait abandonné une boite de jeu vidéo au sol. Elle n’était pas si méticuleuse qu’elle voulait le faire croire avec cet empressement à vouloir le ranger. Et s’il parlait, est-ce qu’elle aurait peur, elle aussi ?
Le chiot, dont on sentait à la mollesse de son corps qu’il n’était en rien mécanisé, tourna à nouveau sa grosse tête afin d’apercevoir l’étiquette indiquant le nom de la jeune femme. Ceci fait, il éleva ses yeux verts en direction du visage de la vendeuse et s’exprima en ces termes.
-Emily Freeman, vous avez fait tomber Pockeymon. A mon humble avis, ce jeu mérite autant que moi d’être remis à sa place.
La gueule du chiot était restée inerte, pas un mouvement de babines. Le jouet n’était pas conçu pour que puisse bouger sa bouche. La voix semblait sortir de l’objet. On la devinait masculine mais elle paraissait déformée ou plutôt doublée comme si un écho répétait tout avec une fraction de seconde de retard.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Mar 29 Mar 2011 - 20:49 | |
| ----Ny'ein ?
---Bigre. Je sursaute et en perd tout mon charisme en une question sans grande élégance, limite vulgaire. Les cils de la vendeuse battent l'air avec frénésie comme s'ils avaient voulu concurrencer à eux seuls la climatisation de la grande surface. Elle se retient de laisser également choir le jouet entre ses mains sur le sol. Je sens presque l'adrénaline se décharger dans mes veines, et mon cœur brusquement accélérer, même si je n'ai rien de tout ça. Rangeant en quatrième vitesse l'événement dans la case ''inexpliqué'', je préfère me concentrer de façon tout à fait idiote sur la phrase sortie de la bouche de l'étrange peluche. Les questions de première urgence résolues (parmi elles, est-ce qu'il conviendrait de s'en aller à tire d'ailes), je me laisse un peu de temps pour réfléchir. Il faut aussi dire que l'épouvantail comportemental qu'est la réaction du gamin joue aussi, je n'ai aucune envie d'agir comme lui. Je suis quelqu'un de particulièrement courageux, moi. D'une voix totalement neutre, effacée, absente, songeuse, j'articule lentement :
----Hm, c'est juste.
---Je me retourne et, tenant l'ourson par le bout d'un bras, ramasse le jeu vidéo à terre. Je regarde ce dernier encore plus sottement qu'il y a quelques minutes, avec l'air très intéressé, comme s'il y avait dans le message promotionnel au dos un quelconque élément absolument passionnant, dont l'importance était plus grande que tout le reste. Je calme mon pouls virtuel. Je passe en revue toutes les explications qui me viennent à l'esprit. Je sais qu'aujourd'hui, la science fait des choses merveilleuses, mais enregistrer ainsi les événements, de lire une étiquette et de construire une phrase d'une telle logique me semble bien au-dessus des possibilités d'une babiole qui doit valoir quoi ? Deux dollars, tout au plus. Il y a du mutant là-dedans, c'est certain. Mais le responsable est-il directement le doudou oriental, ou se contente-t-il simplement de l'animer, caché parfaitement sournoisement quelque part dans la foule ? Je détaille les potentiels suspects tout autour de moi d'un regard mauvais. Il n'y a qu'un moyen de le savoir. Enfin non, il y en a plusieurs, plein, même, mais un seul qui assure presque dans tous les cas une absolue franchise de la part du concerné tout en étant incomparablement rapide.
----Cet article paraît défectueux. » je prononce, de mon plus odieux naturel, me dérobant à la vue des quelques curieux.
---Les deux marchandises fermement tenues, je me dirige en une poignée de secondes vers un coin un peu moins fréquenté, pas loin du rayon des chaussures, où le premier miroir plongeant me donne une étrange perspective sur ma propre image, et celle de mon petit sujet d'étude. Le cycle sans fin du reflet : je me vois, donc je demeure ainsi naturellement, donc je me vois... Il est beaucoup plus facile pour moi de réfléchir dans cette situation. La vendeuse cale la boîte pokémon sous son épaule et dégaine une minuscule épingle qu'elle semblait conserver dans la poche de sa veste, bien qu'elle fut absolument vide un instant avant.
----Tu es quoi ? Une chose, un machin, un truc ? Une poupée vaudou, un remake de Chucky, version chapeautée, peut-être ? » sur un ton mielleux.
---La surprise n'est toujours pas passée, et je n'ai pas retrouvé l'intégralité de mes compétences oratoires; c'est dommage, parce que j'en aurais bien eu besoin. D'habitude, c'est plutôt moi qui surprend, intimide et effraie les gens, l'inversion de la situation rend mon attitude assez imprévisible. Faute de ligne de conduite, je me contente d'incarner la parfaite mégère méprisante et totalement incrédule, une once de sadisme bien placé en plus. J'approche lentement la pointe vers le jouet, sans un commentaire. Je passe une langue fine entre mes lèvres tout aussi effilées. Je guette sa réaction, et soupire. Je fais finalement glisser l'aiguille dans la paume de ma main, où elle disparaît, façon tour de magicien. Je n'ai pas le cœur à faire du mal à un objet qui semble aussi inoffensif, et puis, c'est faible de menacer plus faible que soit. Passée la première frustration d'être moi-même le dindon de la farce, j'oublie mes envies de vengeances et juge la situation assez cocasse et laisse la curiosité m'envahir. Je fais par contre délicatement descendre le jeu vidéo sur le parquet. Je suis vachement sympa, mais je ne me laisse pas dicter ma conduite par un ours en peluche. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Mer 30 Mar 2011 - 7:00 | |
| La réaction d’Emily Freeman ne fut pas celle de Gerald, fort heureusement. Certes, elle avait été surprise. Son sursaut et ses mots en témoignaient. Mais elle se reprit. Silencieux, Karl l’observait, curieux de la suite des événements. La vendeuse lui répondit par l’affirmative. Puis, elle prétexta un défaut sur l’article afin de se soustraire au public et de s’isoler. Parlait-elle du jeu, qu’elle avait récupéré, ou de la peluche ? Suis-je défectueux, se plut à se demander Hodgkin. Maintenant relativement tranquille, la mégère qui se voulait peu aimable, questionna puis menaça. Mais l’outil de sa menace, une minuscule épingle, fini par disparaitre au sens propre du terme dans sa main. Ce détail n’échappa pas à Pinocchio. Il supposa un tour de passe-passe mais déjà il voulait en avoir le cœur net.
« Tu es quoi ? », telle était la question qu’on lui posait, une question plus que connue, plus que visitée. Des heures, des jours, des mois de réflexions sur le sujet, tout ça pour ne trouver aucune véritable réponse. Bien sûr, si on restait terre à terre, il était mutant. Le Dr Welfolt l’affirmait. L’homme de science avait isolé le gène X de Karl et lui avait expliqué comment, vraisemblablement, il agissait. Une division de la psyché et de son réceptacle corporel ajouté à des dons nés de la persuasion, voilà la recette. Pourtant, Hodgkin ne s’était jamais senti mutant. Ce fameux gène X, c’était son corps qui le possédait, c’était lui le mutant. Mais voilà, cela faisait 15 ans qu’il avait quitté cette enveloppe qui, de surcroit, il était incapable de réintégrer. Qu’était-il alors ? Un instant, le chiot en peluche tourna la tête vers le miroir et observa son image. Il ne l’appréciait pas. Il avait déjà incarné beaucoup mieux. Cela ne le poussa pas à se replonger dans ses réflexions existentielles. Ce qui l’intéressait pour l’instant, ce n’était pas sa propre personne, c’était elle, la vendeuse. Il tourna la tête dans sa direction et, puisqu’il fallait bien répondre quelque chose, il dit :
-Je suis moi.
Pour lui, le sujet était clos. Et si Emilie n’était pas satisfaite, elle n’avait qu’à lire l’étiquette, tout y était indiqué : prix, matières, provenance… Maintenant, il pouvait en revenir à l’épingle.
-Où est l’épingle ? Est-ce un tour de magie ? Remontrez-moi. Je veux voir. Je veux comprendre.
Il ordonnait presque, lui, petit jouet de son état. Pendant ce temps, la boite Pokeymon était retournée au sol. Il avait à peine remarqué mais de toute façon, il s’en fichait.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 3 Avr 2011 - 0:02 | |
| ---Les possibilités de tours à jouer et de calembours fantasques m'écrasent presque. C'est parti pour le grand spectacle. A part qu'il ne faut pas que je le montre trop. Je dois faire comme si discuter avec une peluche est depuis toujours dans mes habitudes, comme si je maîtrise parfaitement la plus complexe de mes métamorphoses (alors qu'elles ne sont pas du tout aisées à contrôler, mais allez faire comprendre la difficulté de la chose aux gens). Avec la plus grande négligence possible, je jette mon bras gauche sur le côté, et fais émerger une trentaine d'aiguilles semblables à la première, c'est-à-dire très simples. La forêt de pointes semble prendre racine au bout de mes doigts, implantée avec une droiture et un régulier tout bonnement parfaits. J'agite un peu ma main de haut en bas, devant sa truffe, histoire de bien mettre mon artifice en évidence. Un sourire de satisfaction passe sur la bouche de la gouvernante rousse.
----Laquelle ? Je crois que je pourrais la confondre. Un problème épineux, pas vrai ? »
---Prends ça Chucky ! Tu veux jouer à l'intrigant avec tes réponses sans queue ni tête ! Mais ce que tu ne sais pas encore, c'est que dans cette épreuve là, je récolte systématiquement la médaille d'or ! Et tu n'as rien vu. Avec un gracieux mouvement de poignet, je fais se rétracter sans un bruit les épingles, dans une parodie de griffes félines. Enfin, je suis bien obligé de reconnaître que c'est un adversaire plus qu'honorable, il ne lui manque pas grand-chose pour arriver à mon niveau. Des répliques plus cinglantes, avec de grosses pépites de cynisme à l'intérieur ; ou alors, il lui faudrait plus creuser l'aspect film d'horreur. Sa voix est largement convaincante pour ce rôle, et je pourrais sérieusement envisager de lui enseigner une ou deux techniques personnelles pousser quelques cris particulièrement abominables. Quoiqu'à bien y réfléchir...
----Elles sont où tes cordes vocales, garç... chose. »
---Je tâte son cou d'un index à l'ongle acéré et bien manucuré sans rien sentir de plus. Il n'y a pas la moindre trace de muscle, d'os, ou même d'un quelconque cartilage : que de la mousse, désespérément molle. Pour ma part, j'ai au moins la politesse d'avoir ce genre d'organe. Sa volonté de tirer une conclusion logique de tout ça, paraît bien plus puissante que la mienne, qui est pourtant loin d'être inexistante. Un choix cornélien s'offre à moi : lui en révéler un peu plus en espérant qu'il en fasse de même, ou le faire cruellement mariner dans son incertitude. Si nous avions été dans un lieu moins fréquenté, je me serais transformé en une vague copie d'ourson chinois, pour rebondir sur son ''je suis moi'' absurde, et le faire douter, peut-être. Néanmoins, la parenthèse d'ordre physiologique tournée, je prends à nouveau compte des exigences de monsieur. Je fais durer la situation avec un certain plaisir.
----Il n'y a rien à comprendre chez-moi, mais je pense que c'est encore pire dans ton cas. » je grogne, sceptique, et un peu sec, c'est voulu : « On ne me la fait pas à moi. Tu es un marionnettiste psychique, ou quelque chose dans le ton, c'est ça ? Plutôt un enfant, ou un vieillard ? Une petite fille avec des couettes ? Un gros à lunettes ? Ta principale activité, c'est d'effrayer les mômes ? Je dis pas, c'est amusant, mais pas très glorieux. » Mes yeux grandissent de plusieurs centimètres pour atteindre les proportions inhumaines, pendant que je mime l'apparition soudaine de l'évidence. « ÔooÔ-ou alors tu es juste un pauvre gars qui a été transformé en pantin, ça serait vraiment pas de bol. » | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Lun 4 Avr 2011 - 9:32 | |
| Fascinent… Karl, subjugué par la démonstration de la vendeuse, suivait de son regard inerte chaque geste de celle-ci. Comment s’y prenait-elle ? Comme il l’avait dit, il tenait à comprendre, il tenait à savoir. Alors qu’Hodgkin, de part son apparence, pouvait sembler très fantaisiste, sa réflexion, elle, était au contraire très terre à terre. Selon lui, tout devait suivre une certaine logique. La nature n’était-elle pas ainsi faite ? Il bannissait la magie, le mystique, le religieux… en un mot : l’inexplicable. Car l’inexplicable n’était que le fait de l’ignorance. Alors évidement, quand la femme prétendit qu’il n’y avait rien à comprendre chez elle, Pinocchio ne put s’empêcher de manifester son désaccord.
-Oseriez-vous me dire que vous avez vous-même renoncé à vous comprendre ? On sentait un reproche dans ses mots. Pourtant, pour une première approche, vous n’avez pas l’air si compliqué que ça. Vous êtes soit la meilleure des prestidigitatrices, soit une mutante.
Bien sûr, Karl n’abordait là qu’un aspect strictement pratique. Dès qu’on s’engouffrait dans les méandres de l’être, de la psychologie, di caractère, comprendre devenait une tâche éprouvante. Le corps, d’après lui, était toujours plus simple à expliquer que l’âme. C’est bien pourquoi l’âme devait être supérieure au corps et ça tombait bien puisqu’Hodgkin avait dut abandonner son enveloppe charnelle et qu’il ne lui restait que sa psyché.
Suivirent ensuite les questions et suggestions de la vendeuse. Elle avait été un peu décevante, maintenant elle se rattrapait car elle était très loin d’être dénuée de curiosité. Peut-être avait-elle renoncé à se comprendre mais elle désirait comprendre les autres ou, en tout cas, son interlocuteur du moment. Pinocchio, pour assouvir sa propre curiosité, devait bien faire quelques concessions et dévoiler un peu de sa propre personne. De toute façon, qu’avait-il à cacher ? Si peu.
-Un pauvre gars transformé en pantin ? reprit-il, dubitatif. Non, assurément. Votre précédente supposition était plus juste. Un marionnettiste psychique, cela me qualifie plutôt bien en fait. Mais ne cherchez pas le dit marionnettiste, vous ne le trouverez pas. Il n’est pas vraiment en ce monde.
Le jouet marqua une brève pose avant de reprendre sur son même ton étrange.
-Je suis là pour comprendre, pas pour effrayer qui que ce soit. Sinon croyez bien que je me serais manifesté sous une autre forme et que j’aurais tenu un autre discours. Il m’est aisé de jouer Chucky. Imperceptiblement, cela devenait menace. Maintenant, madame Freeman, permettez-moi de comprendre ce que vous êtes sans quoi je devrais trouver par d’autres moyens.
La sympathie n’avait jamais été le point fort de Karl Hodgkin. Même s’il cherchait à apprendre des autres, il ne les confierait pas vraiment. Seuls ses rares amis, ces personnes d’exception qui avaient su prendre une place dans son existence, avaient à ses yeux une importance. Plus inquiétant encore, même s’il avait philosophé sur la vie des semaines entières, cela restait pour lui quelque chose d’abstrait. De ce fait, tuer était une action presque aussi banale que d’ouvrir une porte. Selon lui, l’importance à accorder à une action dépendait de ses conséquences et force est de constater que tuer, parfois, n’avait pas de réelle conséquence. Qui se soucie d’un ivrogne noyé ? Qui se soucie d’une vendeuse décédée ?
HRP : je tiens à préciser que rien ne t’empêches de tailler en pièces la peluche si cela t’amuse. Si tu me "tue", je peux te retrouver plus tard sous une autre forme. On peut avoir recours aux ellipses.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Jeu 7 Avr 2011 - 21:01 | |
| ----Ah non, je ne me bats pas contre plus petit que moi, foutriquet ! Mais si tu es si tes envies d'en découdre sont si incontrôlables, je dois pouvoir te trouver quelque chose à ta taille ! »
---Qu'on tente de me contrôler par des menaces physiques, voilà l'une des choses que je déteste le plus au monde. Le seul truc qui me rend encore plus pénible doit-être de me dire de la boucler, et ce de manière impolie. Là, il m'invite plutôt à parler, bon. Évidemment, ça ne s'applique qu'à moi, je n'ai pas beaucoup de remords à voir les autres contraints de cette façon. Il a néanmoins de la chance de ne pas être trop grossier, et de me manifester une sorte de respect, au fond. S'il souhaite vraiment me comprendre, il est possible qu'il y parvienne, mais je suis disposé à lui rendre la tâche particulièrement agaçante, bien qu'accessible. C'est peut-être sa verve habituelle, être un jouet doit laisser pas mal de temps pour réfléchir au langage après tout. Alors je vais considérer qu'entre gentleman, on peut s'effrayer un peu, même si ce n'est pas de manière très subtile. C'est un cas intéressant, je n'ai pas envie de le laisser filer facilement. Quoique si je suis correctement son explication, il n'est pas vraiment là, et sans doute pourrait-il s'éclipser d'un moment à l'autre. Il n'a pas l'air de trop tenir à cette enveloppe, puisqu'il parle d'en changer. Toutefois, si ça se trouve, il ne peut rien faire tant que je ne l'ai pas réduit en pluie de confettis. Le blesser est donc risqué.
----Olà, ça c'est ce que j’appelle comprendre. Je ne m'en étais jamais rendu compte ! Vous m'aidez à mieux m'appréhender moi-même, vraiment. »
---Je vais pourtant tenir mes promesses, cette phrase n'était là que pour meubler. Je passe ma main, qui se remet à peine de son acupuncture, dans mon dos. Mes sourcils se froncent, ce n'est pas un exercice facile, et je ne sais pas exactement à quoi ça va ressembler. Mes yeux sont toujours dans le bon sens, rivés sur Chucky, mais mon champs de vision est à présent derrière moi, focalisé sur les prémices de ma création. Je ne pense plus à mes membres inférieurs, qui restent paralysés, bien droits et m'assurant une stabilité sur le sol. Enfin, mon œuvre fait jour, le bras dont elle est le prolongement direct pivotant à nouveau en face de mon troublant interlocuteur. Il s’agit d'ailleurs d'une peluche anthropomorphique, dans le même genre que le chien, mais la courte trompe qui lui tombe devant la bouche le fait ressembler à une sorte de tapir au pelage d'un brun sombre. Il est vêtu de haut en bas d'une toge jaune et pourpre, rappelant celle des moines bouddhistes, et son front est peint d'un tilak, petite tâche frontale portée par les saints hindous ; belle ironie. L'élément le plus étrange de son costume est probablement les deux gants de boxe rouge vif qui lui font office de paluches. Le tout est hautement improbable.
----Allez la baigneuse pour gamine, viens te frotter contre moi si t'en as dans le rembourrage ! »
---La voix est horriblement aiguë et stridente, résonnant comme le couinement d'un rat agonisant. Oui, c'est bel et bien des petites lèvres du jouet, soudain entrouvertes, qu'elle est sortie, et je peux vous assurer qu'il n'y a pourtant pas beaucoup de place pour insérer tout l'outillage là-dedans. L'ongulé en mousse n'a pourtant pas encore tiré sa dernière carte, car il décoche rapidement un petit coup de poing nerveux à son rival, que du reste je tiens toujours par la patte. Je sens que j'attire l'attention de deux jeunes adolescents, qui croient probablement à un petit spectacle de marionnettiste/ventriloque improvisé. C'est vrai qu'on pourrait penser les membres de ma peluche articulés par quelques doigts habiles, en tous cas, ils s'approchent de la scène. Je suis effectivement promis à devenir une attraction, mais pas pour l'individu ciblé. Je juge la situation de plus en plus dangereuse, pour plusieurs raisons, et notamment le fait que je n'ai pas pensé à évaluer les pouvoirs de Chucky avant de le provoquer. Il est possible que tous les articles du magasin me retombent dessus, si ce n'est le magasin tout court. Soyons sûr de nous, faisons omission de ce qui pourrait arriver à la paire de gosses, et toi le tapir, ne relâche pas ta garde. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Ven 8 Avr 2011 - 12:48 | |
| Ha ça, c’était fascinent ! Faire jaillir des épingles était déjà une jolie démonstration, mais matérialiser cette peluche, ce « moine tapir boxer », était un véritable tour de force d’un tout autre niveau ! Qui plus est, le tapir bougeant ; qui plus est, le tapir parlait ! La prestidigitation pouvait-elle permettre ce genre de merveilles ? Karl en doutait. Il avait à faire à une mutante, se disait-il. Mais dans ce cas, quel était exactement la nature du pouvoir de cette dernière ? Un don de métamorphose ? Il fixait son adversaire la peluche en silence et sans riposter au coup reçu. De toute façon, il aurait été bien incapable de tenir tête au boxeur avec une enveloppe charnelle si pathétique. Dieu que ces jouets lui déplaisait ! Leur réalisation primaire et leur médiocre aspect en faisait des objets insignifiants. Rien à voir avec les pantins de Bachir si artistiques ou ceux de Welfolt, si terribles. En ce magasin, désormais, seule Emily Freeman revêtait un intérêt. Elle parlait bien et ménageait ses mises en scène. Etait-elle issue du monde du spectacle ? Comment vivait-elle sa déférence avec le commun des mortels ? Tant de questions…
Or, l’instant était mal choisi pour les poser. Elle et lui attirait l’attention. Pour ne pas provoquer un vent de panique, il fallait sans doute se plier à certaines concessions, jouer le jeu en quelque sorte. Seulement voilà, Hodgkin n’en avait pas envi. Les cris de Gerald lui avaient suffit pour raviver son mépris envers les ignorants. Il ne les ferait par rire, ni pleurer, ni avoir peur, ni quoi que ce soit d’autre. Il allait tout simplement se passer de leur désagréable compagnie. Un instant, sa tête de chiot avait fixé les importuns mais elle revint très vite sur Freeman.
-Je vous tire mon chapeau, fit-il calmement.
Il joignit le geste à la parole. Avec une grande maladresse, il souleva avec sa patte libre son chapeau chinois bleu. La pièce de tissu lui échappa et gagna le carrelage en tourbillonnant dans l’air avec légèreté. Tant pis. Il reprit sans y faire attention.
-Nombreux sont les mutants qu’il m’ait été donné d’observer, rares sont ceux qui ont réellement attisé ma curiosité. Je pense que nous gagnerions l’un l’autre à mieux nous connaitre. Toute fois, le moment ne s’y prête pas. On nous regarde, on nous écoute. J’en ai assez de ce magasin. Je m’en vais. Si vous êtes aussi curieux que je le suis, cherchez-moi cette nuit dans le hangar attenant cette grande surface. Maintenant, madame Freeman, vous pouvez ranger cette peluche de chiot. Elle ne parlera plus.
Sur ce, Pinocchio focalisa ses pensées sur le fait qu’il était un fantôme. Il sentit alors le néant l’envahir. Il perdit toutes sensations, toutes emprises sur le monde matériel. Il n’entendait et ne voyait plus par l’intermédiaire de la peluche redevenue simple jouet. Il était de nouveau libre, âme solitaire dans l’immatérielle prison de l’inconsistance. Il ne s’éloigna pas pour autant. Il resta là à observer. Qu’allait donc faire la vendeuse ? Celle-ci ne pouvait rien avoir remarqué de ce qui venait de se passer. Le chiot inerte, pendant à sa main, était égal à lui-même.
HRP : mon personnage ne va observer que quelques minutes avant de partir. A toi de voir si tu fais l’ellipse, si tu narres ton arrivé dans le hangar (si bien sûr tu t’y rends) ou si tu préfères me laisser faire.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 10 Avr 2011 - 21:59 | |
| ---La vendeuse éclate d'un soudain et violent rire cristallin, sortant comme d'une transe. Les premiers spectateurs s'échangent des regards mi-surpris mi-amusés. Avec la peluche canine qu'elle tient toujours en main, elle essuie une inexistante larme au coin de son œil, puis ramasse à la fois le jeu vidéo et le chapeau. Par de petites foulées sèches mais gambadantes, claquant sur le carrelage, elle laisse tous ses admirateurs en plan. Elle leur adresse un quart de sourire, mais pas un seul regard. Elle passe par le rayon jouet, où elle installe le chiot sur un emplacement libre ; elle replace soigneusement la coiffe sur sa tête inanimée. Pokémon ne bénéficie pas de la même attention, il est posé quelque part à côté, dans un endroit inapproprié. La femme s'en éloigne, le badge qui indique sa profession et son nom diminue peu à peu et se décolore, puis disparaît tout simplement, annexé par l'habit. Le tapir a droit à un voyage sous le veston, dont il ne revient jamais, ayant sans doute trouvé nombre de fourmis à ingérer. Elle paraît réfléchir et tourne les talons. Elle erre quelques minutes de plus avant de trouver les conserves. En s'assurant que cette fois personne ne l'observe, elle ouvre plusieurs boîtes de haricots et les avale successivement. Sans plus de manières, elle jette les emballages à proximité et sort de la grande surface. Enfin, elle peut voir le ciel et respirer.
---Mais j'ai assez idéalisé le dehors, qui en réalité ne m'a jamais beaucoup plus attiré que le dedans. Je croise les bras, légèrement frustré. Le départ de l'étrange esprit qui habitait la peluche s'est révélé trop précipité pour que je fasse semblant d'hésiter. Quelle guigne. Je vais y aller, c'est certain. Je juge les chances que ce soit un piège relativement faibles, et je suis parfaitement confiant en ma capacité à filer entre leurs pattes si c'est le cas. Les pattes de qui, ça reste à définir. Ne soyons pas défaitiste d'avance, je me sens même prêt à les réduire en miettes si c'est nécessaire, pas de quartier. Il me reste à savoir ce que je vais faire jusqu'à ce soir. Il me reste plusieurs heures, et je déteste perdre mon temps. Lassé du passage des clients entrant et sortant du parking, je me rabats dans un coin et entreprend de me changer en un chouette corbeau au plumage noir. Le contraste avec son bec jaune vif apparaît déjà dans mon esprit... Je m'arrête in-extremis, me rappelant subitement que je viens de manger, et que tout ce glorieux cassoulet ne tiendrait pas dans un estomac d'oiseau. Je risque, si ce n'est l'explosion, de perdre mes stocks de nourriture. Sans compter que je doute de la qualité de mes manœuvres avec un tel poids supplémentaire.
---La séance de vol est donc remise à plus tard. Je suis perplexe. Certains événements à venir ont tendance à accaparer toute une attention, rendant ardu de faire quoi que ce soit d'autre. Je reste pendant une bonne demi-heure assis sur un plot, à regarder les passants dans un exercice qui consiste à penser le plus de mesquineries possible sur un individu choisi au hasard en un temps réduit. Je commence ensuite à tenter de recruter pour la secte de Basaïba, guidant les gens sur la voie de l'illumination par immersion céphalique dans un micro-onde. Un bonhomme en costume, queue de cheval et barbe brune, épaules style armoire à glace, me fait relativement gentiment comprendre à coup d'accent latin que je devrais aller prêcher ailleurs. Je n'insiste pas trop, car le moment approche à grands pas, et bien que plaisante, une confrontation risquerait de me faire rater mon rendez-vous.
---L'obscurité tombée, j'hésite sur la forme à prendre, mais je décide finalement de rester la même gouvernante rousse, malgré une envie de changement qui revient. Il ne faudrait pas que la pauvre âme égarée se cache d'une personne qu'elle croirait étrangère à sa petite rencontre privée. Décidément, l'idée me plaît. Connaître des loufoques d'ici et là, pour former une sorte de club, serait sûrement une activité distrayante. Je fais tout de même une petite concession, peignant le visage de cette Emily fantasmée d'une couche blanche et grise, rehaussant ses pommettes; et mettant en valeur ses yeux par un maquillage bleu marine très forcé tout le long des ses arcades sourcilières et descendant même sur l'arête du nez. On pourrait croire que c'est jour de carnaval, mais cette excentricité me sied. D'ailleurs, il est nuit et pas jour, ça règle la question. J'ouvre à grand renfort de pince apparue au bout de mon bras, une petite porte à l'arrière de l'entrepôt, destinée au personnel, je suppose. Peu d'humains sont réellement capables de comprendre ma situation sur plan psychologique (excellente, n'est-il pas, mais je dois avouer, un peu soumise à des activités hors normes) et ceux qui en ont le plus de chance sont ceux qui ne le sont plus vraiment. Ce marionnettiste, aussi singulier qu'il soit, pourrait être un ami réconfortant... Qu'est-ce que je raconte ?! Je n'ai aucun désir d'être analysé ! Je me rends ici uniquement parce que je trouve ce bougre drôle. Je resterai mystérieux quoiqu'il arrive ! Je suis très doué pour ça, très doué. Je n'ai pas trop décrit le hangar, ni les actions effectuées dans celles-ci, au cas où tu aurais eu une idée particulière. Sinon, tu peux considérer que Félix fait le tour le l'entrepôt pour attendre ton personnage. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Lun 11 Avr 2011 - 20:45 | |
| Un déclique métallique… une serrure qu’on force… une poignée qui tourne… des gonds qui grincent… Etait-ce là Emily Freeman qui venait ? Paisible, inerte, Karl continua d’attendre. Cela faisait déjà plus de deux heures qu’il était sur place, autant dire un rien de temps selon lui. C’était par les égouts qu’il était entré. Allez savoir pourquoi une plaque donnait accès à ce vaste dédale souterrain en plain milieu de l’entrepôt. Peut-être ce dernier avait-il été battit là où il n’aurait pas dut, peut-être était-ce au contraire normal, voulu. Ce que savait Hodgkin, c’était que le passage existait, voilà tout. Il se serait certainement demandé pourquoi s’il n’avait eu à l’esprit des affaires plus importantes.
Cette demoiselle Freeman allait-elle pouvoir l’aider sur le chemin de la réflexion ? Comprendre les autres permettait parfois de se comprendre soi-même. En quête de réponses existentielles, Pinocchio espérait au moins un minimum du rendez-vous. Elle changeait de forme, elle l’intéressait. Viendrait-elle ? C’était la première des questions. Qu’était-elle ? C’était la plus importante des interrogations.
Dans le hangar, les ténèbres régnaient presque sans partage. A peine pouvait-on distinguer les casses soigneusement entreposées en longues rangées. L’endroit était grand. Les sons y résonnaient. L’écho y était inquiétant. Pas âme qui vive, évidement. Personne pour observer l’étrange rencontre qui allait se dérouler. Au dehors, un vent léger poussait sa complainte. On l’entendait glisser sur les buildings. Quelle ambiance réussie ! Quand le hasard y mettait du sien, tout allait si bien.
Emily s’avançait. Karl suivait ses pas à l’oreille. Quand il jugea que sa supposée invitée était allé assez loin, le pantin s’ébranla. Dans le relatif mais pesant silence, on entendit clairement les articulations métalliques se mouvoir. Le sinistre murmure de la froide matière fut accompagné par celui du cuir qui se déplie. Pinocchio était debout. Du haut de ses un mètre vingt, il était une silhouette perchée sur une caisse. Ses yeux s’allumèrent au sens propre du terme ; deux lueurs ronde et move dans le noir. Deux ampoules expliquait cet artifice mais l’ouvrage était de qualité et ce n’était de ce fait pas évident de le remarquer, surtout si l’imagination y mettait son grain de sel. Les petites lumières malsaines dessinèrent les contours d’un chapeau aux larges bords et d’un manteau long. Le costume paraissait noir. Pour parfaire le tableau, quelque chose s’était mit à luire : une lame sortant en partie du manteau resté ouvert. A n’en pas douter, quiconque d’ordinaire aurait vu pareille apparition aurait fuit sans demander son reste. Et encore, les détails n’apparaissaient pas dans l’ombre trop épaisse.
Lestement, Karl bondit sur une nouvelle caisse, plus proche d’Emily. Il bougeait bien, il bougeait vite. Son manteau avait claqué dans l’air derrière lui. Quel contraste avec le chiot en peluche si maladroit ! Hodgkin pausa son artificiel regard sur celle qui lui faisait face à quelques mètres de distance. C’était bien elle, madame Freeman. Il remarqua le maquillage. Pour l’instant, ce ne fut qu’un constat. Bientôt il se demanderait pourquoi. En attendait, il était ravi qu’elle soit venue. Au moins, elle était cureuse, un bon début.
-On me nome Pinocchio.
La voix, comme précédemment, semblait doublée, reprise en échos, irréelle. Seulement, à présent, elle était froide, grinçante, comme l’acier que constituait le macabre pantin. Le monstre poursuivit.
-Il y a dans mon existence, que je ne peux assurément pas qualifier de vie, deux hommes, deux mutants, deux extrémités qui jalonnent mes réflexions. Je pense qu’on peut qualifier l’un de ces individus comme altruiste. Celui-ci me fait de beaux corps, de véritables petites merveilles de finition et esthétique. L’autre individu est vraisemblablement dominé par une passion, ce qui la rendu impitoyable. Celui-ci me fait des corps terribles, affreux, des corps de cauchemar pour effrayer les ignorants. Mais je les aimes bien eux aussi.
Pour illustrer ses paroles, Karl frotta l’une contre l’autre ses deux lames car en fait, il en avait deux.
-Le bien et le mal, pourrait-on dire. Encore que cela me dérange. En tout cas, j’aime à croire que je suis entre les deux : observateur impartial qui parfois s’habille de rêve, parfois de haine. Voilà, plus ou moins, ce que je suis, madame Freeman.
Encore une fois, Pinocchio bondit. Cette fois, il fit une véritable démonstration d’agilité en venant se percher à proximité de son interlocutrice, toujours sur une caisse. Un bond magistral de légèreté et de précision ; une réception parfaite. Il dominait la femme du haut de sa pille. Il jouait son rôle incombant à son costume.
-Et vous, Emily, qui êtes-vous ? Que cherchez-vous en ce bas monde ? Que cherchez-vous dans ce hangar ?
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 24 Avr 2011 - 1:05 | |
| ---Un bruit plus que désagréable atteint mes oreilles. Je plisse le nez : du métal qui s'entrechoque en une musique irritante, de quoi dégoûter. Une ambiance de film d'horreur -décidément il est doué- qu'on croirait être personnalisée rien que pour moi. Ça ressemble vraiment à un mauvais rêve, et pour le coup, ça me mouche un peu. J'ai soudain un mauvais pressentiment, qui se justifie quand s'extrait de l'ombre la nouvelle apparence de mon futur interlocuteur. Il a beau être habillé façon inspecteur Gadget, je ne rate pas la gadjeto-lame coulissant avec un bruit feutré écœurant. Heureusement, il est improbable qu'une telle structure soit entièrement constituée de fer. C'est probablement un alliage, de l'acier, sûrement. Voilà une excellente habitude qu'ont pris les industriels, de diluer cette infâme matière avec du carbone. Je dois quand même rester vigilant, s'il n'est pas aussi nocif qu'un métal pur, le produit de ce type de fusion reste juste assez pervers pour me causer des dégâts définitifs.
----Après Chucky, Terminator. Chouette. » je murmure doucement, en apercevant les deux points lumineux se découpant dans l'obscurité.
---Alors que la créature fait l’étalage de sa mobilité, Emily Freeman reste droite et immobile, les mains jointes sur son ventre, comme une figurine. Seule sa tête bouge, suivant précisément et sèchement les mouvements bondissants. Çà me semble être la meilleure manière de ne rien laisser surgir d'une quelconque crainte. Qu'il tente de me bondir dessus, et je devrais en cet instant pouvoir me mouvoir avec assez d'agilité pour reculer sans dommage. Je ne connais pas ses intentions, et je commence à en douter, quand il continue à se rapprocher sans dire un mot. Il finit quand même par me glisser son nom, non sans avoir bien pris son temps. Il y a comme quelque chose de malsain dans sa voix. Tu m'étonnes, sans cordes vocales, c'est forcement contre-nature... Pinocchio, tu parles d'un surnom. Comment est-on censé croire un traître mot de ce qu'il dit avec un tel pseudonyme ?
---Qu'elle soit réelle ou non, son histoire est intéressante, ou tout du moins distrayante. Et puis, je n'ai pas vu son nez s'allonger, c'est plutôt bon signe. Mon visage figé en une expression neutre ne laisse rien transparaître de mes émotions, froid. Je me dis qu'il doit avoir une vie bien triste, dans mon référentiel habituel, c'est-à-dire en me prenant pour seule origine. Pourtant, il doit s'amuser bien plus que la moyenne humaine, dans tous ces corps d'emprunt qu'il prétend pouvoir emprunter. Il reste plutôt contraint, surtout de part son pauvre réseau social. Il n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'amis. Un teigneux et un bienheureux, à ce que j'ai compris. C'est aussi mon cas, mais moi, c'est par choix. Ça n'a absolument rien du tout à voir du tout.
----Difficile à dire. Emily, aujourd'hui, ça m'inspire plutôt. Je suis la cadette d'une famille de petits commerçants, dans le Massachusetts. Depuis, j'ai fais des études, et maintenant, je vends des jeux vidéos à des fils à papa en manque de reconnaissance. »
---Le début ressemble à la biographie de ma femme, dont j'ai aussi repris le prénom. Je laisse fondre mon apparence en un homme brun bouclé, à la peau mate et au genre hispanique, les yeux globuleux, le visage à la limite de la laideur. Il est extrêmement chétif, ses habits n'ont presque pas changé, mais ils se sont resserrés ; il porte sur la figure le même maquillage. La quarantaine un peu accentuée, sa silhouette fine menace de se perdre dans les ombres. Il s’agit en fait de l'allure que j'aurais probablement si je n'avais pas eu la chance d'être mutant. C'est une sacrée prise de risque, mais c'est la seule idée de j'ai sous la main. Tout en parlant, je hoche la tête de haut en bas, sans véritable raison.
----Félix, fils d'un artiste raté, et je suis avec la plus grande exactitude les pas de mon père, qui s'est suicidé quelques années auparavant. Depuis j'ai fais la guerre, et maintenant, je suis marié à Emily. »
---Une nouvelle transformation, plus difficile que la précédente, où j'essaie de reproduire grossièrement l'assemblage, le manteau et le chapeau qui constituent le corps de mon interlocuteur, en moins luisant, les ampoules en moins. Rien n'est parfait, n'est-ce pas ? De toute façon, le manque de luminosité rend les changements entre chaque forme difficiles à observer, même entre un humain et un humanoïde simplifié.
----Pinocchio. Je suis lié à plusieurs personnes. Mon histoire reste-elle encore à écrire ? »
---Je m'arrête sur cette question. Je n'ai pas bien plus de matière à réinvestir, ni d'inspiration pour en inventer. Et puis, ça laisse une sorte d'interrogation, mi-poétique mi-philosophique, ça rajoute du cachet. Je retrouve à tâtons l'apparence de la vendeuse, en tout point semblable à celle qui se tenait là quelques secondes avant. Il y aurait sans doute un lot de personnes qui croiraient avoir rêvé. De nos jours, les gens sont très forts pour imbriquer le rationnel là où il n'y en a pas. J'articule évasivement :
----Si tu veux t'épargner l'apprentissage de tous mes noms, tu peux m'appeler Djinn. »
---Je suis très généreux, mais ça me faisait tout de même du mal de le laisser trop sur sa faim. Je suis probablement crédule, néanmoins, j'ai l'impression qu'il s'est confié à moi. Je me demande ce que j'ai pu faire pour attirer sa sympathie. Il doit avoir un sens de l'humour bien développé.
----Ce monde est peut-être bas, mais c'est le mien, n'en déplaise à son excellence. Je suis le seul maître de mon destin. Je suis parfaitement libre. » Je fais une large courbette, très vive. S'il y a une chose dont je suis fier, c'est de mon absence de contraintes. Je réfléchie quelques secondes, puis je reprends, le pointant du doigt, bras tendu : « Si tu veux être comme moi, commence par créer tes propres corps. Ça résoudra ton problème. Personne ne sera jamais plus proche de toi que toi-même. »
---Après cette tirade solennelle, il est capital de détendre l'ambiance. Enfin, de me détendre, c'est déjà ça.
----Mais le travail du gentil est bien. J'attends de voir les corps impressionnants. »
---Finalement, un petit sourire de défi apparaît sur le coin de ma bouche. Le colosse de métal est impressionnant, et joue à la perfection son rôle, alors je dois être à la hauteur du mien. D'ailleurs il l'a bien dit, il ne sert qu'à faire peur aux ignorants. Et il est hors de question que j'en sois un. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 24 Avr 2011 - 8:58 | |
| Voilà Karl satisfait. Il avait eu bon flair d’attirer à lui ce mutant. Il avait perçu en ce Djinn, car c’est ainsi qu’il s’était surnommé, une étrange façon d’être. Et ce qui est étrange, ce qui sort de fade annalité, est forcément intéressant. Il écouta, immobile, silencieux… il ne perdit pas un mot. Il cherchait à saisir la nature de son interlocuteur et sa façon de voir les choses. Mais à travers celui-ci, il pensait à lui-même, se comparait, s’évaluait. La quête identitaire d’Hodgkin n’était pas prête de prendre fin. Il était vrai qu’il avait tendance à être ce qu’on lui demandait d’être. Un certain réflexe lui faisait aussi jouer le rôle de son apparence du moment. Etait-il en train de s’oublier ? Pouvait-il se construire lui-même ? A quoi ressemblerait SON pantin ? Il revint tout d’un coup quelques mois en arrière. Il était là, assis, face à ce jeu de construction. Il assemblait un mannequin et une fois fait, il l’avait incarné. L’exercice lui avait beaucoup plu mais il n’avait rien créé, il s’était contenter de suivre la notice. Il devrait donc essayer. Ce serait une expérience sans doute très instructive. Il demanderait à Bachir de l’aider. Quoi que non, il devrait tout faire tout seul. Comment ? Il ne savait pas. Il trouverait.
Quand Pinocchio reprit la parole, il illustra une fois de plus à quel point il restait terre à terre. Il était alors revenu au moment présent, revenu à son analyse.
-Pour l’expression du gène X, je dirais… métamorphe. Pour l’aspect psychologique, j’hésite entre acteur et schizophrène. Mais acteur semble plus probable. Vous avez endossé trois rôles mais je n’ai senti qu’une personne. J’aime votre façon de mettre les choses en scène. Ce sens du spectacle vous confère ce petit quelque chose qui vous met à part, exception faite de votre condition mutante. Sur certains aspects, nous nous ressemblons, sur d’autres, nous nous opposants. Comme à chaque fois où j’obtiens la réponse à mes interrogations, de nouvelles, plus nombreuses, font leur apparition. Loin de moi l’idée de vous assaillir de questions. Je n’en formulerais qu’une seule. Au contraire de moi, vous pouvez être ce que vous désirez. Mais avez-vous une… véritable apparence ?
La question posé, Karl se remit en mouvement. D’un bond, il passa par-dessus Djinn pour se percher sur une nouvelle pile de caisses. D’un nouveau bond, il regagna le sol, non loin de la porte. Son manteau claquant derrière lui, il y avait dans sa mouvance de quoi glacer le sang. -Faisons une ballade, voulez-vous ? Adoptez l’apparence qui vous plaira et gardez-là pendant tout le trajet. Je préférerais que vous essayez de vous accorder avec la mienne, pas forcément en employant la similitude, mais libre à vous d’opter pour le contraste. Demain, même heure, nous ferons une autre ballade. J’aurais alors une autre apparence, plus… gentille. Vous aussi, vous devrez changer, c’est important. Je pense qu’on va bien s’amuser. Acceptez-vous ?
Karl, d’un pas lent, se dirigeait déjà vers la porte. Si son compagnon ne l’ouvrait pas à sa place, il la défoncerait à coups de lames. Fort et précis, ce serait l’affaire d’une petite dizaine de secondes tout au plus.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Ven 29 Avr 2011 - 2:40 | |
| ---C'est certain, je ne devrais pas céder à si viles flatteries. Heureusement pour mon humeur pourtant qu'il en ait répandu tant en quelques phrases, après m'avoir décrit de manière si froide. J'en redemanderais presque. Serait-il resté sur un plan tout à fait concret que son analyse en aurait été agaçante. Enfin, s'il y a une personne a laquelle je dois m'en prendre, il s’agit, de moi, pour une fois. J'en ai sans doute trop dis, et une grande part de mon mystère n'est plus. Il me reste à faire comme si ma personne était encore très vaste. Créer du rêve, c'est tout ce que je m’impose de faire. Et il m'en donne rapidement l'occasion avec sa question. J'y réfléchis brièvement d'un point de vue objectif. Une véritable forme ? Ça dépend ce qu'il entend par là. Je lui ai déjà révélé l'apparence qui serait sans doute la mienne, sans mon gène mutant. Il n'en sait rien, tant pis pour lui. Mais il y a également celle avec laquelle j'ai vécu pendant plus de deux décennies, que je considérais comme mienne jusqu'à peu. J'en suis las, elle ne représente plus rien ! Enfin, la dernière, c'est sans doute d'elle qu'il parle, n'est pas particulièrement belle à voir pour l'ignare. Je suis constitué de la glaise de Dieu dans sa forme la plus pure, ce qui fait naturellement de moi un être divin... Dieu de moi-même, au moins. Gardez-vous de rire, mécréants, ça n'est pas donné à tout le monde ! Capable de se muer en n’importe-quoi, y compris en vide, et de toujours revenir à son état initial ! Une belle aberration pour ces ballots de scientifiques !
----Il n'y a que des apparences plus ou moins véritables. »
---Voilà une réplique dont je suis plutôt fier, sur le moment, je suis parvenu à rester vague tout en imitant à nouveau un contenu abstrait. Il y a probablement quelque chose de profond là dedans, mais je ne vois pas encore quoi. Le fait que je réponde quand même à peu près dans le sujet reste une preuve d'intérêt. Et pourtant, ce n'est pas l'envie de rajouter un non-sens qui me manque. Un bon vieux ''Écoute ton cœur et tu sauras'' sorti de nulle part, ça fait toujours son effet. Malgré tout, mon raisonnement est assez biaisé pour me plaire, et je pense qu'il lui plaira également. Il semble que nous ayons des objectifs proches. Placer le divertissement avant le reste constitue déjà un bon point. Nous sommes faits pour nous entendre.
----Un marionnettiste psychiatre et un métamorphe, acteur éventuellement, schizophrène même, de nuit au milieu de ce ravissant cadre qu'est le parking du Wallmart. J'ai toujours adoré les virées romantiques ! »
---Je suis venu jusqu'ici, alors autant jouer à son petit jeu. Une randonnée nocturne, si ça l'amuse. D'ailleurs, ça m'amuse aussi. Je n'ai aucune raison de me le refuser, j'ai de l'énergie à revendre ! Une apparence assortie ne tarde pas à poindre. Un bel animal turpide au pelage hérissé aussi cuivré que la chevelure de cette Emily. Se tenant sur deux pattes, il ressemble à une sorte de singe. J'ai d'abord commencé par le faire plus grand, mais sans le surplomb que lui procurait la caisse, Pinocchio ne paraît plus tout à fait aussi imposant, à la limite du nabot en armure. Je culmine donc à un mètre quarante, mais ma posture largement courbée m'en fait perdre presque dix. J'ai porté une attention toute particulière sur les dents, pointues et nombreuses, garnissant une gueule aux babines noires, faciles à retrousser. Cet être entre le tamarin bipède et le chimpanzé n'a rien du sympathique de ces deux là, de minuscules yeux enfoncés dans une imposante arcade sourcilière. Une version de l'avatar du génie égyptien Babi, une entité connue pour vivre dans les entrailles. Quelqu'un de très propre sur lui. Pour faire bonne mesure, je lui procure un manteau et un chapeau semblables à celui du terminator nain. Mon allure simiesque cache mine de rien une musculature digne de ce nom, des jambes promptes aux bonds soudains et des griffes aux moulinets meurtriers. Il est une arme mécanique, j'en suis une biologique.
---Le primate rajuste un couvre-chef qui n'a pourtant aucune chance de tomber (c'est un exercice compliqué que je n'ai pas le temps de détailler) puis parcourt en une poignée de secondes la distance qui le sépare du pantin d'acier. Il croise les bras et se redresse, comme s'il réfléchissait, bien qu'il n'en soit rien. La porte métallique ne lui plaît pas trop. Dans l'idéal, il n'aimerait pas trop abîmer ses jolis doigts sur l'entrée ingrate. Il laisse ainsi, avec l'expression amusée d'un singe, son compagnon démonter l'ouvrage de ses appendices plus adaptés. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Sam 30 Avr 2011 - 8:45 | |
| Satisfait que Djinn le suive en cette initiative, Pinocchio observa un instant la nouvelle apparence de son compagnon à la lueur de ses yeux à ampoules. Quel curieux duo ils allaient faire ! Ce serait parfait, oui parfait. L’expérience ne manquera pas d’être édifiante du moment que suffisamment de paires d’yeux citadines y participent. Karl, ensuite, employa ses efforts pour ouvrir la porte à sa façon. Ce fut à la fois rapide, violent et gracieux. Etrange mélange qui en disait long sur les aptitudes physiques du froid pantin. Après son bond et le grincement de l’acier mordant l’acier, la poignée et la serrure trépassèrent. Alors que les pièces de métal tombaient au sol, un dernier coup de lame s’abattait entre le panneau et le mur. Une belle farandole d’étincelles accompagna ce geste. Hodgkin se réceptionna au sol avec style puis, nonchalamment, il poussa du pied la porte privée de tous moyen de fermeture. Elle pivota sur ses gonds dans un nouveau grincement. Le parking apparu.
Les voitures s’alignaient, immobiles, silencieuses. La lueur orangée des lampadaires jouait sur leur carrosserie, multipliant les reflets, tordant les ombres. Le vent continuait de pousser sa complainte entre les buildings. A ceci s’ajoutait la rumeur de la proche circulation Newyorkaise. Jamais la ville ne s’endormait vraiment. Le ciel, vide d’étoile, lourd de nuages, planait sur la scène telle une menace. L’ambiance s’avérait très réussie, tout autant que celle du hangar.
Karl, drapé dans son manteau noir, s’avança de quelques pas. Un regard à droite, un regard à gauche, il aperçu des phares allumés, quelques rangées de voitures plus loin. Il tendit l’oreille et perçu le ronronnement d’un moteur au point mort. Qui donc pouvait attendre là et cette heure tardive ? Faisant signe à Djinn de le suivre, Pinocchio se dirigea vers le véhicule d’un pas aussi réglé qu’une horloge. Bien vite, il arriva à proximité de cette voiture quelconque qui pourtant ne lui sembla pas étrangère. Les traces de balles le capot lui rappelaient même des souvenirs vieux d’à peine quelques jours. La vitre électrique, côté conducteur, s’abaissa. Le visage disgracieux d’un type au regard de fouine, au front dégarni, à la fine moustache et au nez presque crochu passa par la vitre.
-Pinocchio ! s’exclama le quinquagénaire de sa voix nasillarde. Tu t’ais fais un nouvel ami ?
Hodgkin alla jusqu’à la portière. Il n’était pas surpris. Il avait dit où il se rendait lorsqu’il avait emprunté son terrifiant corps. Quand il répondit, toute fois, on sentit son agacement.
-Je n’ai de compte à rendre qu’au docteur. -Et bien justement, je l’ai au téléphone.
L’homme esquissa un sourire nerveux. S’entretenir avec Welfolt était toujours une expérience éprouvante. Il tendit par la fenêtre son téléphone portable. Karl, afin de se libérer une main, lâcha sur le bitume l’une de ses faucilles, puis il s’empara de l’appareil.
-Docteur ? … … … … … Bien Docteur. Avec tout l’acharnement qui conviendra.
Le pantin raccrocha et retendit le téléphone à l’homme. Celui-ci fit « non » de la tête.
-Garde-le. Ça m’évitera de te courir après au moins cette nuit. Dis à ton pote de se casser, on y va. -Non. Il va venir. La ballade continue. -Quelle balade ? -Ne cherche pas à comprendre.
Hodgkin rangea le téléphone dans une poche intérieur de son manteau, puis il récupéra sa faucille avant de se tourner vers Djinn.
-Soyons monstrueux cette nuit puisque la balade le désire. Viens.
Le pantin, déjà, reculait vers la portière arrière de la voiture. L’homme remonta sa vitre mais ont put quand même entendre sa dernière réplique.
-Tous des cinglés ces mutants.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Sam 7 Mai 2011 - 2:17 | |
| ----Tu as deux amis, mais au moins un ennemi. Ça pique, un peu, les balles... »
---Le singe passa le dos de sa patte à quelques millimètres du capot -sans le toucher, pas de sacrifice inutile- et constate, comme fasciné, les impacts. Le pire, ou le mieux, c'est selon, est qu'il n'y a pratiquement aucune ironie dans ses paroles. De toutes les armes qu'on ait inventées sur cette bonne vieille terre, le pistolet n'est sûrement pas celle qui me fasse le plus peur... Et se sentir en sécurité est toujours agréable quand un criminel mal luné pointe un dérisoire pistolet sur vous, persuadé de sa supériorité. Non, décidément, si je devais avoir peur, je craindrais plutôt la voiture elle-même, tant qu'à faire. C'est un peu plus dur à encaisser, les déluges de voitures. En tous cas, je suis bien content que Pinocchio est trouvé matière à nous amuser. Lui ne semble pas si guilleret que cela, sans doute avait-il tout prévu depuis le début. A défaut d'être une méthode honnête, c'en est une plutôt élégante pour demander à un non moins illustre inconnu de jouer les portes-flingues. Je juge et j'apprécie le style : la trame est bien construite, advienne que pourra.
---Au départ, j'ignore majestueusement le taupidé rabougri enfoui dans son véhicule, puis, je le regarde avec nonchalance mais insistance, dans le but qu'il en fasse de même. Le pantin de métal est occupé au téléphone pendant que le singe roux, derrière lui, explore ses conduits nasaux avec fort peu d'élégance. Il surenchérit ensuite dans le dégoûtant simiesque, allant jusqu'à tendre sa langue démesurée vers son museau, en une ou deux arabesques, pour s'assurer qu'il ne reste plus rien. Je reprends une allure tout à fait normale, si l'on peut dire, dès que l'attention de mon compagnon se reporte sur moi. Je me redresse même, presque au garde-à-vous, à la mention du mot monstrueux. Je teste une petite session de regards noirs vers le chauffeur, qui manifeste le désir de me voir décamper et note ceux qui me semblent les plus convaincants.
---Voyons, que peut-on faire avec acharnement ? Ça n'est pas très dur à comprendre, évidemment, surtout avec les explications que j'ai eues il y a quelques minutes. Les faucilles de Pinocchio ne sont bien sûr pas là pour faire jolie. Nous voilà en plein dans sa face sombre, tout pour donner des frissons aux petits enfants sages, ou non. La véritable question est...
----Quiqu'on va s'découper, mon pote ? »
---Adaptation sociale, c'est ce qui détermine les dominants. Ce ne sont pas les plus forts, juste les plus prompts à changer pour plaire aux autres. Si la théorie était vraie, je serais sûrement l'un des individus les plus puissants du monde. Ainsi, je m’assortis au vocabulaire de son associer -de manière décalée, plus besoin de le préciser- et à ses projets... En effet, je n'ai jamais trop saisi l'amusement qu'on pouvait éprouver à tuer quelqu'un. Moi qui suis pourtant ouvert d'esprit, c'est bien extraordinaire. Mais je ne suis pas un monstre, je ne vais pas lui gâcher son plaisir. Alors je me glisse avec lui, et fait semblant d'être d'accord. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Sam 7 Mai 2011 - 21:26 | |
| -S’découper ? reprit Karl en s’installant à l’arrière de la voiture. Il ne va pas se découper tout seul. Il va falloir l’aider.
Il n’avait pas saisit que le « s’ » était uniquement le fait d’un jeu de langage et l’avait donc prit au pied de la lettre. Il poursuivit sa réflexion alors que le véhicule s’ébranlait.
-Mais ce serait intéressant de le pousser à se découper lui-même. Parvenir un tel tour de force représente un défi digne de ce nom et, c’est l’essentiel, serait très instructif sur la nature humaine. La peur, la persuasion, le chantage, quelle méthode serait la plus indiquée ? Hélas, je crins que nous ne puissions nous prêter à cette expérience, aussi prometteuse soit-elle. Voyez-vous, Djinn, le docteur s’intéresse peu à la méthode. Seul importe pour lui le résultat. -Humm… Pinocchio, en parlant du docteur justement, qu’est-ce que je vais lui dire ? intervint le chauffeur qui faisait de son mieux pour cacher son appréhension. -A quel sujet ? fit le pantin avec agacement. -Ben… tu sais bien. Je suis sensé ne conduire que toi. Je ne voudrais pas que ça me retombe dessus cette histoire. -Ne t’en fais pas, répondit Hodgkin d’une façon qui inciterait le contraire. Je m’occupe de tout. Le docteur sera informé en temps et en heure. -Si tu le dis…
Assez silencieusement, et c’est bien cela qui rendit l’action du pantin si terrifiante, il se leva se son siège et se glissa vers l’avent de sorte à approcher son métastasique visage des oreilles du chauffeurs. Quand il reprit la parole, ce fut dans un souffle tout bonnement glacial. Jouait-il encore la comédie ? Etait-il encore dans le rôle de son costume ? En tout cas, il offrait à son simiesque compagnon un peu plus de sa monstruosité.
-Mais si jamais j’apprends que tu as parlé avant que je ne le fasse, je n’apprécierais pas.
Il illustra sa menace par un geste des plus explicites. La pointe d’une de ses faucilles vint se balader sur la joue de l’humain. Ce dernier, plus fébrile que jamais, imprima sans le vouloir une trajectoire zigzagante à sa voiture. On entendit un coup de clackson, un crissement de pneus, un autre automobiliste avait eu peur. Pour un peu, Pinocchio provoquait un accident.
-Y’a pas de souci, hein, lâcha le chauffeur d’une voix blanche tout en reprenant le contrôle de son véhicule.
Karl revint s’assoir. Pendant le reste du trajet, ni lui, ni l’homme, n’ajouta un mot. L’ambiance était pesante. L’automobile s’enfonça dans les rues malles éclairées du Bronx et fini par s’immobiliser face à un immeuble à l’aspect défraichi.
-Bon, on y est. Dit le conducteur qui ne cachait pas son soulagement. Comme d’habitude, je ne t’attends pas Pinocchio. -Tout est comme d’habitude. -Au fait, c’est au cinquième ; appartement 56. -Autre chose ? -Heu… non.
Le pantin ouvrit la portière et bondit sur le trottoir. Il attendit que Djinn l’ait rejoint avant de refermer la portière. La voiture redémarra presque aussitôt et disparu au coin de la rue. Karl fit signe à son compagnon de le suivre et s’enfonça dans une ruelle particulièrement obscure qui longeait l’édifice. Ici, l’humidité se sentait plus qu’ailleurs. Elle devait remonter d’un soupirail ou bien émaner d’une tuyauterie en piteux état. Après s’être assuré qu’il n’y avait personne d’autre dans cette ruelle, Hodgkin s’exprima de nouveau.
-Notre cible est un adolescent, un humain qui, d’après le docteur, n’est doué qu’à pianoter sur un clavier d’ordinateur. Ce sera facile, sans doute trop pour revêtir un semblant d’intérêt. Mais c’est ainsi, c’est la balade. On doit procéder de façon macabre simplement pour offrir aux médiats un peu de matière. Elimination et mise en scène poste-mortem, voilà les consignes, elles aussi trop simples, trop banales. Attends-moi. Je vais voir ce qu’il en est là-haut.
Sur ce, le pantin s’effondra sur le sol comme si, tout d’un coup, la force qui l’animait venait de s’évanouir. C’était effectivement le cas. Pinocchio venait de sortir de son corps pour aller espionner en toute quiétude sous sa forme spectrale. Cinq grosses minutes s’écoulèrent avant que le pantin d’acier ne ressuscite. Il se redressa et reprit.
-Il ne dort pas. Il est seul en train de parler au téléphone. On peut atteindre son appartement par cette fenêtre. Il désigna une fenêtre du cinquième étage donnant sur la ruelle. J’aimerais qu’on se partage les tâches. Je tue et tu fais la mise en scène, ou l’inverse. Que préfères-tu ?
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 15 Mai 2011 - 22:28 | |
| ---C'était manifeste, Pinnocchio était plus doué pour effrayer que pour amuser. Néanmoins, sa dernière boutade était assez bien vue, dans le genre raisonnement stupide poussé jusqu'au bout. La comédie était réalisée avec tant de sérieux qu'on aurait crû qu'il était banal d'évoquer l'intérêt de pousser une personne au suicide. Mais pour cela, il aurait fallu absolument tout ignorer des mœurs. Et même un extra-terrestre de passage ne se serait pas retrouvé si haut dans la méconnaissance. Le singe s'en amuse, allant jusqu'à lentement frapper l'une contre l'autre ses paumes noires et saillantes, dans une atterrante imitation d'un applaudissement. L'idée reste intéressante, vue sous un certain angle. Une telle méthode ne serait sans doute pas tout à fait inutile, mais atteindre ce stade de désespoir est beaucoup trop aléatoire pour être fiable. A l'heure actuelle, je me plaîs très bien dans mon rôle de robin des bois du sphincter.
---Quant à prétendre à être du bon côté, comme le vertueux bandit de Sherwood, c'est une autre histoire. S'infiltrer, au milieu de la nuit, pour abattre de sang froid un adolescent, apparemment sans défense, et ce sans motif et sans chef d'accusation déclaré, ce n'est pas ce qu'on pouvait appeler une action altruiste. Je n'ai jamais aimé prendre le rôle du gentil... mais il s’agit quand même là de s'aligner franchement chez les méchants. Bon, de un, pas vu pas pris, toutefois, ça ne me satisfait pas. De deux, Pinnocchio est plus intéressant pour moi que ce gosse, et plus en mesure de me nuire qu'un technicien crevé. De trois, dans tous les cas, me sauver sans me compromettre me semble difficile, et il est tard, l'exercice intellectuel n'est plus trop dans mes priorités. J'attends intrigué que monsieur le marionnettiste aille je ne sais où, sans doute animer une autre de ses poupées affreuses.
---La créature métallique ne paraît plus bouger. Une vraie coquille vide. Fascinant. Je consens même à la tâter du bout de mon index, m'attendant à tout moment à la voir se relever. Je fais quelques grimaces à l'armure, comme si j'avais là moindre chance de la faire rire. Puis, au bout d'une dizaine de scondes de contemplation active, je commence à m'ennuyer. Elle n'est pas des plus drôles, comme ça. Je regarde autour de moi, et je repère par hasard un gros tuyau d'arrivée d'eau à l'air malade. Ma première idée était de le détourner, pour faire comprendre à un Pinnocchio trempé que les composés métalliques étaient quelque chose de bien mauvais goût. Ma deuxième, de fouiller dans les poubelles pour trouver des objets intéressants. Enfin, la troisième fut celle qui me réconcilia avec moi-même.
---Ni une ni deux, l’orang-outan mutant accroche le mur, pour se faufiler dans une fenêtre ouverte du deuxième. Il se retrouve dans une petite buanderie. Bien que ce ne soit pas l'envie qui m'en manque, je me refuse de rester à contempler le charmant hublot de la machine à laver. Je ne sais pas du tout de combien de temps je dispose. Passant le seuil entrouvert, je me retrouve dans un petit couloir. Le verrou sur l'une des portes me renseigne sur sa qualité de sortie. Gentiment, je fais coulisser le loquet, et je pénètre dans les espaces communs bordant la cage d'escalier. De là, je repère une vitre, et derrière la vitre...
---Un gros bouton rouge. Faisant comme s'il n'y avait pas de petit marteau assorti pour briser le verre, je le fais de la seule force de mes gros doigts. Une sonnerie stridente retentit dans tout le bâtiment, alors que les sprinkleurs s'affairent déjà à tremper le sol qui n'a rien demandé. Modèle de sécurité purement américaine. Je jubile, et sans plus d'attente, je me rue vers l'appartement, la buanderie, la fenêtre, alors que j'entends déjà les exclamations paniquées, à travers les cloisons. Je redescends en quatrième vitesse, manquant de me faire mal. Dernière partie de mon plan, sur le chemin, je mute pour me transformer en une sorte de singe en plastique, parfaitement imperméable, et je me dandine, histoire de faire chuter les gouttelettes qui auraient pu me trahir. Je reprends mon apparence, et je souffle. Si le gosse est sauvé par le chaos et l'abondance de personnes qui vont être amenées à emprunter les mêmes voies d'évacuation, je ne l'aurais pas volé. Du grand génie, tout moi. Je sens que mes réserves d'énergie ont déjà pas mal fondues. La perspective d'un bon cassoulet recommence à me faire saliver.
---Bien peu de temps ensuite, Pinnocchio semble reprendre possession de sa machinerie. Je l'observe avec stoïcisme et lâche avec détachement :
----En tous cas, t'as bien fait de ne pas y aller avec ton terminator, tu serais ressorti tout trempé. Une belle armure comme ça, ça aurait été trop bête. Vraiment, choisi le plastique la prochaine fois, tu verras, c'est beaucoup plus agréable. Tu penses que docdoc sera compréhensif ? » Il est probable que tu sois dans la nécessité de couper un peu ta dernière réponse, toutes mes excuses... | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Lun 16 Mai 2011 - 20:07 | |
| -Le plastique ? Je n’aime pas le plastique. Il ne me confère pas des sensations aussi… franches que le bois ou le métal.
Karl avait parfaitement entendu l’alarme mais il ne semblait pas s’en soucier plus que ça. De toute façon, le voir paniquer ou même se précipiter était pratiquement du domaine de l’impossible. Calmement, il poursuivit sa discussion avec son simiesque compagnon.
-Mais n’est crainte. Ce pantin est à l’épreuve de l’eau et de bien d’autres choses aussi. Le docteur est prévoyait. Le cahier des charges à l’origine de corps qu’il me procure est très exigent. Je pense que je peux m’en féliciter. Le docteur me veut incassable en quelque sorte.
Enfin, Pinocchio daigna refaire face à l’immeuble d’où sortait des expressions affolées et des bruits de pas plus qu’hâtifs. Dans une poignée de secondes, c’était certains, les premiers habitants allaient mettre ne nez dehors.
-Je ne sais pas ce qui a provoqué l’alarme mais elle tombe à point nommé. Elle va rendre notre balade plus attrayante. Je m’en voulais un peu de l’entacher par une activité ennuyeuse. Jouons Djinn. Je présume que notre cible est en mouvement, je ne sais plus vraiment où. Et c’est là tout l’intérêt. Le premier qui la trouve et qui l’élimine à gagné. Allons-y maintenant.
Sur ce, le terrifiant Hodgkin, fermement décidé à remporter ce défi car sinon l’expérience du moment n’aurait pas d’intérêt, s’agrippa à la façade de l’édifice. Il n’était peut-être pas un singe mais son agilité diabolique alliée à ses faucilles bien pratiques lui permettaient de grimper avec une aisance stupéfiante. Il allait atteindre le cinquième étage en à peine quelques secondes.
***
-Je ne sais pas Deby, je crois que j’ai fais une grosse connerie. Elle me fait flipper cette femme. Putain, j’en dors plus la nuit ! -Du calme Tim. Coupe les ponts avec elle et ce sera de l’histoire ancienne. Tu sais le faire ça, ce ne sera pas la première fois que tu largues quelqu’un. -Quoi ? Mais t’es folle ? On parle de Morgane Ray là ! Si j’avais su, je serais jamais allé vers elle. -Sut quoi, Tim ? Tu ne savais déjà pas tout quand t’as fais affaire avec miss Ray, en admettant que c’est bien elle bien sûr ?
Timothy marqua une pause dans sa conversation téléphonique. Machinalement, il jeta un coup d’œil à son ordinateur. D’un click, il vérifia s’il n’avait pas reçu de mail puis il reprit.
-Y’a une différence entre lire des trucs sur le net et avoir la personne en face de soi, Deby. -Mais merde à la fin. Qu’est-ce qui a merdé ? Y’a à peine un mois tu m’appelais tout fier de toi en me disant que tu allais gagner une montagne de pognon grâce à Miss Ray et là tu fais dans ton froc. -Ben… j’crois que j’ai fais une gaffe… j’ai surveillé des trucs pour elle, je l’ai pas bien fait… -Et que-ce que tu veux que je te dise de plus ? -J’voulais…
L’adolescent s’interrompit tout en sursautant. L’alarme à incendie venait de se déclencher. Il poussa un juron. Il avait un mauvais pressentiment. Enfin, pour être honnête, depuis son erreur, il avait ce pressentiment. Devait-il sortir ? Y avait-il vraiment le feu ?
-C’est quoi ce bruit, Tim ? -L’alarme à incendie… je, je vais voir ce qu’il y a.
Timothy quitta son salon, gagna la porte d’entrée de son appartement, déverrouilla et glissa un regard dans la cage d’escalier. Pas de fumée, pas de flamme…
-Bon, Deby, j’aime pas ça, je peux passer la nuit chez toi ? -Tu deviens vraiment parano Tim. -S’te plais ! J’déconne pas, je flippe. -Bon… ok, j’t’attends. -T’es un ange.
L’adolescent mit fin à l’appel et alla se préparer en quatrième vitesse.
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Mer 25 Mai 2011 - 17:06 | |
| ---Au moins, Pinnocchio ne semble pas avoir l'esprit de soupçon. Ou alors, il n'a rien à faire de ma part de responsabilité là-dedans. C'était la dernière chose que je pensais lui faire en déclenchant l'alarme : plaisir. Il paraît chercher le divertissement et ne se soucier du reste qu'un minimum, voire pas du tout. Un peu comme moi, au fond. Troublant. Si l'on excepte quelques problèmes d'ordre mineur -le fait qu'il soit délégué pour éviscérer les gens, par exemple- il est de loin le partenaire de jeu le plus singulier et le plus amusant que j'ai eu ces vingts dernières années. Même si ce n'est pas tout à fait mon registre. Jouer double-jeu, ça me met de bonne humeur. Et ça ne fait que s'ajouter à la satisfaction d'un plan bien exécuté. Un plan qui, au final, n'aura peut-être servi qu'à faire gagner une ou deux minutes à un adolescent anonyme. Tellement anonyme d'ailleurs que je ne connais pas son visage. Bigre, voilà qui s'annonce difficile. Le singe roux rattrape, non sans mal, le pantin, avec dans sa manière d'escalader un petit quelque chose de dansant. Je ne suis pas du genre à me plaindre.
----Vilain petit garçon, partir avec un avantage pareil ! »
Combien de gosses vivent dans un appartement comme celui-ci ? Locaux qui feraient peur à un prisonnier de Guantanamo (bon, j'exagère un peu, il n'y a pas de sacs en toile, à première vue) loués pour trois bouchées de pain, la seule chose que peut se payer un étudiant aux revenus modestes dans New York. Il doit y en avoir des dizaines. Je sais qu'il est seul, et qu'il transporte éventuellement du matériel informatique, et un téléphone portable. La belle affaire. C'est parfaitement frustrant, mais je ne compte pas m'abaisser à demander plus de précision. Pinnocchio triche, soit, je prends moi aussi quelques libertés avec les règles qu'il m'a imposées.
---Sans attendre d'éventuelle réponse à une question qu'il n'a pas posée, le singe se lâche et se lance du quatrième, d'où il tombe les bras battant étrangement l'air, comme s'il essayait de... voler. Quelques centimètres avant le sol, un gros oiseau roux, dans le genre vautour, remonte presque à la verticale. Il garde un cousinage évident avec son simiesque prédécesseur, les mêmes petits yeux enfoncés et perfides, la même teinte mandarine, mais la bouche effrayante a été remplacée par un bec succulemment crochu, la tête a rétrécie et est attaquée par la calvitie, sans parler des ailes. Si ce n'est plus la forme qu'il m'a demandée de garder, qu'importe, je me sens léger, et c'est un fait, je le suis près de trois fois plus.
---Pourtant, mes serres légèrement disproportionnées doivent être capables de soulever au moins quatre-vingts kilos, si je mets le paquet, ou quelque chose qui y ressemble. Le régime alimentaire de l'adolescent risque bien de jouer dans sa survie. Enfin, l'attendre dehors, ce serait de toute façon admettre qu'il sera capable de descendre les quatre étages avant que Terminator le descende. Sarah Connor y serait parvenu, et lui aurait même fait un pied de nez ; pour lui, ça risque d'être une autre histoire. C'est pour ça que je fais quelques cercles agités autour de l'immeuble, guettant par les quelques fenêtres hautes des couloirs ce qui pourrait ressembler à un jeune informaticien. Je regrette de ne pas avoir pensé à regarder le plan d'évacuation. Je commence par le troisième niveau, où un couple de petits vieux descendent péniblement les marches, tellement lentement qu'on aurait pu croire qu'ils n'étaient pas même pressés. Je les encourage du regard, quand bien même ils ne me repèrent pas. Ils sont presque bousculés par un homme -hélas d'au moins dix ans trop vieux- qui dévale par contre l'escalier à une vitesse fulgurante. Il est suivi de plusieurs autres personnes ne correspondant pas à la description, qui ne prennent pas non plus le temps de s'attarder sur les ancêtres. Je conclus à l'absence de risibles petits cris terrifiés -pour l'instant, ce sont plutôt des murmures d’appréhension, et des gémissements, par ci par là- qu'il n'y a pas encore eu de meurtre dans le coin. Avec la consigne habituelle de ne pas prendre l’ascenseur, si ascenseur il y a, j'ai toutes mes chances de voir passer ma ''cible'' par cet endroit. Reste à savoir dans quel état.
---Son cou grisâtre tordu, tel le dos du singe, vers l'avant, le charognard se pose sur le rebord de la fenêtre, où personne ne fait attention à lui. Son perfide bec patiente jusqu'au moment où il fera se briser le verre et bondira sur le premier adolescent solitaire venu.
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| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Ven 27 Mai 2011 - 8:11 | |
| L’alarme, stridente, continuait de rugir dans l’immeuble rendu humide par les lances à incendies ; Il n’en paraissait que plus sinistre. Déjà qu’il était vétuste ; déjà que Timothy appréhendait l’avenir… L’adolescent, avec un hâte maladive, rassemblait ses affaires. Rien à foutre des consignes de sécurité. D’ailleurs, à coup sûr, il n’y avait pas le feu. C’était encore un petit enfoiré qui s’était amusé. Ce ne serait que la troisième fois cette année… Les pompiers allaient finir par ne plus se déplacer et le jour J, le jour où il y aurait vraiment quelque chose, tout partirait en fumée. Ah, l’informaticien les détestait ces connards immatures. Fébrilement, il referma son sac de sport, enfila son blouson et hissa le sac sur son épaule. Plus vite il serait chez Deby, mieux ce sera. D’un pas pressé, il éteignit la lumière et se dirigea vers la porte d’entrée qu’il déverrouilla. Alors qu’il la franchissait, un bruit de verre brisé arriva jusqu’à ses oreilles. Ça venait de son appartement, c’était sûr… Et merde ! Ce pourrait-il que ses craintes soient justifiées ? Ce pourrait-il que Miss Roy comme disait Deby désire l’éliminer ? Ou peut-être n’était-ce qu’un simple voleur. Dans ce cas, qu’il se serve, l’adolescent flippait trop pour se préoccuper du matériel. Sans chercher à savoir quelle était vraiment la raison de l’effroyable son, il se jeta dans la cage d’escalier en claquant la porte derrière lui. Pas le temps de la fermer à clef…
Il était presque le dernier à quitter l’obscur endroit ruisselant d’eau. Il commençait à peine à dévaler les marches quatre à quatre quand il perçu un autre bruit, plus terrible encore que le précédent : un cliquetis métallique, un pas rapide. Le jeune homme était à mi-chemin entre le quatrième et le cinquième étage lorsqu’on ouvrit à la volée la porte de son appartement. Un frisson glacial traversa l’échine de Timothy. Il voulu aller encore plus vite mais il en perdit l’équilibre. Alors que l’escalier marquait un virage à 90 degrés, lui se prit le mur heureusement sans trop de bobo. Il s’était protégé en un dernier réflexe de son bras. Il poussa tout de même un cri étouffé. A présent, il percevait une sorte de sifflement, non un glissement. Quelque chose glissait sur la rampe de l’escalier. Cette chose venait vers lui à une vitesse folle. Il risqua un regard dans son dos. Il vit les yeux moves, ces deux petits éclairs de lumière malfaisante cernés d’ombre. Il vit les lames luire dans la pénombre, guillotines miniatures qui ne pouvaient réclamer que sa vie. Timothy resta sans voix face à son propre trépas. Pourtant, il ne s’y résigna pas.
Que ce soit voulu ou le fait de la terreur, il se baissa. Il sentit un courent d’air, il entendit le choc de l’acier contre le béton. Comme il l’avait craint, la chose avait bondit sur lui. Il sentit ce petit corps froid heurter sa tête, son épaule, son torse. Quelques-uns de ses cheveux volaient. La lame avait frôlé son crâne. Ne cherchant plus à réfléchir, obéissant simplement à son instinct de survie plutôt bien développé, il cogna l’assassin, il voulait fuir son contact. Il frappa si fort qu’il se fit mal. Mais il jeta la chose dans les escaliers. Dans un fracas de métal, elle roula dans les marches jusqu’aux quatrième. Le jeune homme, lui, se relevait. Il devinait qu’il en faudrait plus pour s défaire de ce monstre. Puisqu’il ne pouvait plus descendre, il remonta l’escalier jusqu’au cinquième, jusqu’au sixième s’il le faut, même sur le toit. En bas, une voix cauchemardesque s’élevait. Elle ricanait, elle lui disait de courir. On aurait dit un film d’horreur… Déjà l’assassin mécanique reprenait sa traque, implacable. Il ne fallait pas espérer de pitié de sa part, lui qui s’amusait beaucoup à être monstrueux.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Ven 3 Juin 2011 - 0:02 | |
| ---Un pas, canne, deux pas, canne, trois pas... Combien y a-t-il de marches jusqu'en bas, déjà ? Si l'incendie était réel, le monde aurait été débarrassé de deux petits vieux. Il est probable qu'ils n'auraient même pas été pleurés par leurs petits-fils. Les pauvres. Je suis en pleine consternation quand un fracas métallique me rappelle pourquoi je suis en train d'observer le désespérant trajet d'un couple d'ancêtres. Je commençais à devenir morbide : il était temps. Le genre de bruit qui ressemble pertinemment à celui que fait un pantin d'acier entrant en collision avec le sol à une vitesse modérée. Inutile de chercher plus longtemps dans l'annuaire des poupées horribles et meurtrières : soit Terminator a fortuitement trébuché, soit il s’agit du bruit d'une lutte dans laquelle il aurait été projeté. L'infortuné ne doit pas être bien lourd. Je ravale un sarcasme qui aurait pu me valoir du retard, pour une fois, j'ai mieux à faire de mon bec que de l'ouvrir. La fenêtre réduite à quelques éclats tintinnabulant, le majestueux oiseau du désert prend s'élance... dans le vaste espace central de la cage d'escalier.
---Comme décors épique, j'ai déjà expérimenté mieux, mais il s’agit de la voie la plus courte pour rejoindre mes chouettes amis, plusieurs étages au-dessus. Bien que ce ne soit pas non plus un vol très artistique, je gagne un temps fabuleux à partir en ligne droite pour aller directement vers le plafond. Je vois un gosse qui remonte en sens inverse, ça ne peut-être que lui. Il est déjà essoufflé, mais continue à courir malgré tout. Bel effort. Pinnochio est un étage en-dessous et ne semble pas se soumettre à la politesse qui voudrait qu'il ralentisse son allure pour m'éviter d'avoir à agir dans la précipitation. J'observe les issues qui s'offrent à moi. Premièrement, je pourrais redescendre brusquement avec le gamin entre les serres, néanmoins, avec ce poids supplémentaire, même moi ne parviendrait pas à atterrir correctement, tout en allant assez vite pour ne pas tenter Terminator de nous sauter dessus, bien sûr. Étrangement, je n'ai pas particulièrement envie de m'écraser, et je crois que l'adolescent encore moins. Deuxièmement, il y a une trappe assez large, au sommet d'une échelle d'environ un mètre cinquante. C'est un peu gros pour une trappe de désenfumage, elle doit mener au toit, un terrain où l'avantage est mien encore plus qu'ailleurs.
---En me voyant m'approcher avec une célérité impressionnante et une grâce éblouissante, ma cible a un mouvement d'arrêt, et hésite un instant à repartir dans l'autre sens. Moins d'une seconde qui me suffit à l'attraper dans mes griffes accueillantes, par les épaules. Tout aurait été tellement facile s'il n'était pas si idiot, mais les fais sont là : il est en train de tenter de se dégager, criblant mon postérieur aviaire de quelques coups cruels. Je songe à l’assommer contre un mur, histoire de le rendre plus docile, puis je choisis la méthode douce, faute de cloison à mon goût.
----Y'a un potes à toi en bas qui t'attend pour te faire un câlin bien serré. Tu préfères quoi ? »
---Il se calme un peu, sans doute surpris par le fait qu'un vautour puisse parler ; moi, je me prépare au choc frontal avec le système de verrouillage de la trappe. Finalement, ce ne sont que trois ou quatre kilos de plaque grise que mon crâne chauve repousse vers le haut sans difficulté notable. Difficile de dire si le fait qu'elle soit ouverte provient de l'alerte incendie, d'enfants espiègles, ou tout simplement de l'absence d'un système de fermeture. Ce n'est pas exactement le genre de choses qu'on vérifie dans ces cas là. La situation se corse un peu quand une de mes ailes tape dans l'ouverture, plus petite que je l'avais estimée. Outre la douleur très relative, l'avarie me fait surtout perdre mon cap, m'obligeant à brièvement voler en rase-motte. Quant à mon fardeau, il traîne un peu sur le sol, ce qui n'a pas l'air de lui faire plaisir. Il manque d'ailleurs de heurter une antenne parabolique qui passait pas là. Enfin, je vire de bord et reprend de l'altitude.
---Ah, si j'avais une main et un nez, je ferais volontiers un pied de nez à Pinnocchio en contrebas. Je dois hélas me contenter d'un regard particulièrement présomptueux. Un regard qui vous serine encore que votre bave, vil crapaud, n'atteindra pas le prodigieux plumage du formidable torgos de Nubie.
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| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Ven 3 Juin 2011 - 21:06 | |
| Djinn était décidément quelqu’un d’exception. Il s’opposait tant à la banalité que cela forçait le respect. Avec lui, tout paraissait plus intéressant. Pour preuve : la tâche ennuyeuse qu’était cet assassina se muait en un jeu palpitant. Oui, Hodgkin passait un bon moment en compagnie du métamorphe. Au fond, la victoire lui importait peu. S’il cherchait à l’atteindre avec acharnement, c’était pour respecter le concept, nourrir l’intérêt. Du moment que l’adolescent trépassait et que son travail était achevé, il était satisfait. Le reste n’était que de savoureux bonus.
Alors que Pinocchio pensait tenir sa victoire, alors que la distance entre lui et sa cible fondait comme neige au soleil, son opposant ailé le doubla. Plutôt que de mettre à mort sur l’instant Timothy, Djinn préféra s’emparer de lui et fondre sur la trappe menant au toit. Il la franchit avec quelques difficultés. Trois secondes plus tard, Karl passait cette même trappe. Le voilà à l’air libre, dominé par un ciel obscur sans lune, sans étoile. L’épaisse couverture nuageuse n’était pas décidé à se déchirer. Et le vent, plus fort à cette altitude, n’était pas décidé à faiblir. Le pantin d’acier comprit en voyant l’oiseau prendre un peu de hauteur qu’il ne pourrait plus l’atteindre. Alors il était inutile de se précipiter. En marchant, Karl s’approcha de Djinn et, par la même occasion, du bord de l’immeuble. Son regard lumineux était braqué sur celui de l’humain suspendu par les épaules. Ce dernier, ne se débattait plus vraiment. S’il tombait, la chute ferait mal à plus de dix étages de hauteurs. Ceci-dit, l’immeuble était très loin d’être le plus grand de la zone. Il était au contraire l’un des plus petits si bien que cette impression d’être cerné par des murs de bétons n’était pas totalement dissipé.
-Tu as triché, Djinn, commença Hodgkin de sa calme voix de métal. Tu devais garder la même apparence pendant toute la balade. Mais j’imagine que tricher fait parti du jeu. De plus, tu as eu le bon goût de conserver un certain air de famille avec celui que tu étais avant ce défi.
Voilà Karl au bord du vide. Le vent faisait légèrement claquer son manteau de cuir derrière lui. Cela participait à la peur qu’il dégageait. L’adolescent, peu rassuré à cause de son baptême de l’air, l’était tout de même plus que s’il s’était encore trouvé sur le toit. Deby n’allait pas le croire quand il allait tout lui raconter. Enfin, il espérait qu’il en aurait l’occasion. Rien n’était moins sûr. Tout en rangeant ses faucilles à sa ceinture, Hodgkin abaissa les yeux. En contrebas, la route paraissait déjà petite. On entendait la rumeur des voix ainsi que celle de l’alarme. Tout cela était en parti couvert par la complainte du vent.
-Qu’attends-tu pour le laisser choir ? La victoire est presque tienne, Djinn.
Le pantin releva les yeux vers sa cible. Il croisa son regard. Il constata sa peur, son i préhension. Lui-même restait de marbre face à cela. Alors même qu’il parlait, sa main était allé s’enfoncer dans une poche intérieur de sa veste. Elle en ressortit avec un petit objet sphérique.
-Mais bon, puisque tu n’as pas encore gagné, je n’ai pas encore perdu.
Sur ce, il exerça une légère pression sur le bouton de l’objet. Ce dernier émit un « bip » strident et régulier, un son qui n’annonçait rien de bon. Karl lança ce qui s’apparentait à une grenade avec une force stupéfiante. Bien sûr, il aurait put rater Timothy mais le hasard, et une bonne dose de précision aussi, en décidèrent autrement. L’explosif alla se loger en plain dans la bouche du malheureux qui avait eu l’idée, certes naturelle mais regrettable, de crier. L’instant d’après, la détonation marqua la fin de son existence. Au moins, il mourut sur le coup. L’explosion fut assez puissante pour réduire sa tête et le haut de son torse en un puzzle macabre. Des débris d’os, des morceaux de chair incandescents , des filaments de cervelles… ce fut une effroyable pluie morbide qui se déversa en partie sur Djinn. Et Hodgkin, toujours aussi calme, faisait mine de s’applaudir lui-même.
-Paix à son âme. A ton avis, faut-il encore mutiler son corps pour satisfaire les journalistes ou cela suffira ?
Le pire, c’était qu’il posait vraiment la question et sans arrière pensée particulièrement malsaine. Il cherchait juste à savoir s’il avait bien rempli sa mission.
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| | | Félix Quesero Neutre Beta
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Dim 12 Juin 2011 - 19:28 | |
| ---Mettons-nous bien d'accord. L'abbé Pierre est juste un nom dans la rubrique nécrologie du Times. Je ne suis pas un être sensible. Je ne suis pas un être gentil. Je ne suis pas un être qui se considère facilement concerné par les malheurs d'autrui, en somme. Sauf peut-être quand les tripes crâniennes de l'autrui viennent gentiment éclabousser ma substance qui n'en demandait pas tant, coupant dans un même temps mes exultations victorieuses. Quelle malheureuse cruauté du sort. Moi qui me voyait déjà narguer avec outrecuidance mon confrère d'acier, je me retrouve à secouer frénétiquement mes serres roussies par l'explosion, n'ayant qu'une vague idée de l'élégance en cet instant. Je reforme sans trop y penser les quelques parties trop endommagées. Je souffle un coup. Ma personne va mieux. Je n'aime pas beaucoup ce genre de surprise. C'est vexant. Et puis ce n'est pas une manière honnête de gagner.
----Plus mutilé que ça, c'est plus identifiable. » je caquette, renfrogné, en gobant machinalement un impertinent morceau de chair qui menace de me glisser sur la figure.
---Je me change les idées en reprenant ma forme de singe et je toussote à cause de la viande qui n'a pas suivi le trajet voulu pendant la métamorphose. Je crois que c'est aussi bien si je cesse de songer à mon échec. J'ai vu tout ce qu'on y gagne à avoir de bonnes intentions : un odieux manque de chance. Tant pis pour le gosse, après tout, il était trop gros. Malgré qu'il s'en amuse d'une façon plutôt agaçante, j'ai du mal à en vouloir à Pinnochio. J'ai l'impression qu'il sait à peine ce qu'il fait. Ça n'excuse pas tout, je me vengerai en temps voulu. Les humiliations passent et moi je compte bien rester. Je me console en posant des questions d'une fraternité douteuse, plus pour la rhétorique qu'autre chose. Je ne suis plus vraiment d'humeur à faire des blagues. Mieux vaut s'éloigner un peu du sujet.
----Tu me rappelle pour quoi tu fais dans le petit boulot, déjà ? Pas que ce soit déplaisant, mais il doit y avoir des choses plus amusantes à faire, comme. Hm. »
---Pour tout dire, c'est assez difficile de trouver un loisir sain à un détonateur sur pattes dont le premier amusement semble être la chasse à l'homme. La visualisation analytique de films muets du cinéma britannique des années 1910 ou l'étude de quelques œuvres choisies de la littérature française en version originale auraient peut-être un certain succès et l'occuperaient sûrement pendant un bon bout de temps. Mais je lui ferai part de l'excellence de mes idées plus tard.
----Qu'est-ce que tu dirais de bouger de cette jolie toiture avant que les pompiers aient la bonne idée de venir voir ce qui s'y passe ? Une explosion ça s'entend de loin, quoique celle-là était un peu étouffée par je ne sais quoi. »
---Sans attendre, le singe prend son élan et se propulse sur la façade d'un immeuble presque adjacent, plus élevé que celui sur lequel il se trouvait. Il entreprend de gravir les quelques étages qui le séparent encore de son sommet. En chemin, il se demande où il lui sera possible de prendre un bain, le sang collant à sa fourrure comme l'élégance à son déplacement. | |
| | | Soul Neutre Epsilon
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| Sujet: Re: Le jouet qui parle [Libre] Mar 14 Juin 2011 - 8:09 | |
| Le corps du malheureux Timothy avait basculé dans le vide. A l’issue d’une funeste chute, il alla s’écraser sur la route en contrebas. Déjà, on entendait des cris horrifiés, déjà certains levaient les yeux au ciel, vers le sommet de l’immeuble, pour y chercher la cause de ce drame. Les râlements d’avoir été sorti du lit par une exécrable alarme s’effacèrent au profit d’échanges inquiets. Certains voulaient appeler la police, d’autres se juraient de déménager, d’antres encore dressaient hypothèses sur hypothèses. Pinocchio, éternellement curieux de mesurer l’ampleur de ses actes, s’autorisa plusieurs minutes d’écoute attentive. Djinn l’avait distancé. Il se décida enfin à le rattraper, jugeant que cette affaire était définitivement close.
Prenant de l’élan, il bondit sur la façade du bâtiment en face. Son corps d’une lourdeur certaine malgré sa petite taille faillit lui faire suivre le même trajet que le cadavre. Le saut en longueur était décidément à éviter. Il parvint toutefois à s’agripper à la paroi de l’édifice non sans un joli fracas d’acier qui attira l’attention des personnes dans la rue. On le pointa du doigt, on s’exclama… ce n’était pas un problème. Hodgkin avait le droit de se montrer. C’était même une bonne chose qu’on associe son image à un maximum d’horreur. Beaucoup plus à l’aise pour grimper que bondir, le pantin métallique gravit rapidement les étages et atteignit le toit où il rejoignit Djinn. Ici, plus personne ne les voyaient mais il faudrait s’éloigner d’avantage bien sûr.
-Celui que je sert à de grandes visions, de grands projets, commença Pinocchio non pas pour se justifier mais simplement pour expliquer et peut-être, qui sait, recueillir un avis intéressant. Il n’a de cesse de vouloir faire avancer la science. Il dit être désireux de léguer quelque chose d’unique, d’inoubliable à ce monde. De l’avis général, c’est un dangereux dément. Pour moi, c’est un passionné. Quoi qu’il en soit, il ne tolère aucune entrave. La loi, la morale, l’étique, sont des entraves. Je travaille pour lui car je le trouve intéressant. Il a un tel désir d’aller de l’avent, il n’est vraiment pas… commun. Certes, il me confie souvent de basses besognes mais peu m’importe. Je fais ce pour quoi je suis doué.
Karl, d’un pas tranquille, se dirigeait vers l’extrémité opposée du toit. Après une brève pause, il reprit.
-Djinn, ce monde me dépasse. Jadis, j’en faisais parti mais j’ai oublié. On me dit mutant mais je n’arrive pas à m’associer à eux. Je ne dors pas, je ne mange pas, je ne respire pas, je n’ai même plus ma propre image… ais-je tout de même tort de me croire différent ?
Il refit face à son compagnon pour poursuivre.
-A sa façon, le docteur m’aide à comprendre ce que j’ai oublié. Je sais qu’il est partial et qu’il cherche à s’attirer mon entière adhésion à ses projets. Mais sa vision des choses demeure très instructive.
Il oubliait de dire le principal : il servait Welfolt car il n’avait pas le choix. Cet énorme détail le gênait.
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