Imagine ... [libre - 1, 2, 3, pers. ?]

C'est avec une posture droite et les traits du visage un peu tirés, quoi qu'adoucit par un léger sourire de circonstance qu'Amanda vint se présenter à une inauguration à laquelle elle avait été conviée. Un jeune artiste, un sculpteur, sortie de nulle part, complètement inconnu au bataillon avait réussi à exposer l'une de ses oeuvres en plein Central Park pour deux mois entiers. Les mauvaises langues diront que le jeunot avait du être pistonné un max pour pouvoir réussir un tel tour de force. Et Amanda en faisait partie ! Pouvoir exposer dans un tel endroit pour plusieurs mois était généralement réservé aux artistes ayant déjà quelques heures de vole, aux riches, aux grands de ce monde. D'autant plus que le lieu exacte de la mise sur pied de la sculpture en question était juste à côté du fameux Strawberry Field, le mémorial en l'honneur de John Lennon. Au moins, lui, il avait fait ses preuves, avant de se retrouver là ...

Deux ou trois choses avaient motivé la jeune femme a accepté cette invitation, certainement adressée aux personnes ayant des relations plus ou moins directe avec l'art ou la culture. Et espérons, mutantes. La première était certainement le fait que cela se passait en fin de semaine, que celle-ci avait été chargée et qu'Amanda avait besoin de se détendre. La journée avait été chaude, laissant une atmosphère agréable en ce début de soirée. Et le soleil rasant semblait faire ressortir toute la beauté de Central Park. C'était une citadine, mais elle devait avouer que par moment, la grande verte lui manquait un peu.
Sa curiosité. Qui était donc ce jeune artiste ? Quelle était donc cette oeuvre, assez importante pour se retrouver a côté du mémorial du compositeur de « Imagine » ?
Pourtant, cela avait, semble-t-il, une explication puisque dans le bref descriptif de l'oeuvre qu'elle avait reçu, celle-ci avait pour but de symboliser la paix entre humains et mutants. « Imagine all the people, sharing all the world ...? ». Intéressant.

Amanda, du haut de ses talons aiguilles, un peu en retrait, une coupe de champagne à la main que venait de lui proposer un des serveurs engagés pour l'occasion, attendait donc avec une certaine impatience de voir qui était l'artiste et quelle était l'oeuvre, pour l'instant dissimulé sous un large drap blanc.
Le premier fut, après réflexion, tout à fait dans le thème. La jeune femme remarqua avec un certain amusement que l'artiste était la copie conforme de Mr Lennon dans ses années «baba-cool». Cheveux long, barbe hirsute, petite lunette ronde, vêtement large et grosses fleurs. C'était tellement cliché qu'on pouvait se demander si il ne l'avait pas fait exprès. D'autant plus que son comportement tranchait radicalement avec le style qu'il avait adopté. Petit, presque chétif, il semblait très nerveux, s'adressant à ses interlocuteurs sans les regarder dans les yeux. Si la mutante s'était approchée, elle aurait certainement pu le voir suer à grosses gouttes.

Après un discours des plus plat concernant sa sculpture qui reprenait presque mot à mot le petit débriefing qu'elle avait déjà eu, le drap fut enfin enlevé. Moment de silence. Amanda eut tout d'abord quelque difficulté à voir ce que cela pouvait être. Pour enfin réussir à apercevoir des formes à force d'imagination. Une forme humanoïde, plusieurs bras, plusieurs parties du corps faisant pensés à des attributs d'animaux comme des griffes aux bouts des mains - certainement le côté mutation, dans une posture qui se voulait certainement accueillante. Son regard s'attarda un peu plus sur le visage de cette forme. Hallucination ou pas, mais Amanda sembla voir les traits de John ... La jeune femme avait l'impression d'être devant une mauvaise reproduction d'un Picasso, en 3D. Bref, c'était réellement d'un gout douteux.

Mais la foule ne se démonta pas et se mit à applaudir avec entrain en laissant échapper des exclamations que la jeune femme n'arrivait pas à déchiffrer. C'était clair, ce brave homme avait certainement des relations dans le haut de la société. Un fils de ?
Une grosse gorgée de champagne pour faire passer la vision de la sculpture et Amanda fini par s'attacher un peu plus à l'assistance. La foule des invités était encore distincte de celle des badauds qui s'accumulait au fur et à mesure, attiré par cet étrange monument. Où étaient les mutants ? Certes, la mutation n'est pas obligatoirement visible à l'oeil nu, elle en était la preuve. Mais à priori aucun représentant de cette nouvelle race était présent. Où il se faisait drôlement discret. Pour une oeuvre censée représenter la réconciliation humains, mutants, c'était ... ironique..

La foule des invités comme des badauds était hétéroclite. Il était étrange de voir se côtoyer des hommes d'affaires, des artistes, des badauds et les clochards de Central Park qui, bien que restant à l'écart, se rapprochaient un peu timidement du rassemblement. Si par ironie, les mutants n'étaient pas autant présent qu'il aurait fallu, le but de cette inauguration avait, quelque part été atteint. Rassembler des hommes et des femmes, tous différents, venant de monde différent, avec des opinions et des compétences différentes. Beau et effrayant à la fois. Amanda avait devant les yeux, toute la disparité de la société américaine du plus bas au plus haut de l'échelle.

Sa coupe de champagne finie, elle en attrapa aussitôt une autre au passage d'un serveur. Elle se recula un peu plus pour avoir une meilleure vision globale de l'assistance, se mettant ainsi à la frontière entre les invités et les curieux. Elle se retrouva à côté d'un jeune homme d'environ sa taille. Jeune homme qu'elle détailla, ayant surpris des yeux bleus clairs entrain de l'observer. Emmitoufler dans un long manteau auquel il semblait vouloir à tout prix s'accrocher, des cheveux presque blancs, il semblait aussi nerveux que l'homme du jour. Si son visage n'avait pas été aussi doux, il aurait fait presque peur.

Les exclamations s'étant atténuées, le jeune artiste qui venait de se présenter comme étant Duke McGarett demanda aux mutants présent dans l'assistance de venir le rejoindre. Amanda lâcha un rire moqueur et tout à fait audible puisque la foule s'était totalement tue à la suite de cette demande, attendant de voir les monstres de foires se dévoiler. Derrière ces petits airs de gringalets, le jeunot avait un certain culot et peut être aussi un peu de naïveté. Croire que des mutants allaient se présenter spontanément devant une foule d'humain était assez ridicule.

En attendant de voir qui allait être le fou qui allait se mettre au devant de la scène, Amanda se décala sur le côté, triturant ses gants. Elle avait chaud, la dedans. Il lui arrivait de les retirer de temps en temps, pour laisser sa peau respirer un peu. Et dans ses cas là, elle préférait presque inconsciemment mettre un peu de distance entre elle et les autres. Elle commença par découvrir la main gauche, ne voulant pas touché la coupe de ses mains nues. La vie du serveur et les détails du parcours du verre de champagne ne l'intéressait absolument pas.

C'est à la grande surprise d'Amanda qu'une voix s'éleva. Une jeune femme, une vingtaine d'année s'avança. La foule se scindant pour la laisser passer. Tous les yeux étaient braqués sur elle, attendant qu'elle fasse quelque chose, une chose surnaturelle, une chose dont seuls les mutants étaient capables. Un sourire un peu crispé sur le visage, elle déclara très clairement en se positionnant à côté de l'artiste qu'elle était mutante. Amanda la regarda, assez admirative de cette honnêteté. Elle-même, tout à fait incapable de faire la même chose. De peur des représailles, comme une bonne partie de la population mutante. Elle aimait sa vie actuelle et elle ne voulait pas que sa mutation vienne tout gâcher.

Et comme si la jeune femme avait donné l'exemple, deux personnes de plus, venant à la fois de la foule et des invités se présentèrent, Deux hommes l'un ayant une bonne quarantaine d'année et l'autre, bien plus jeune, à peine seize ans. Le père et le fils ?
Ils se regroupèrent tous les quatre devant l'affreuse sculpture. L'artiste, bien plus petit qu'eux les pris bras dessus et bras dessous. A leur contacte, il sembla s'ouvrir un peu plus. Son visage qui exprimait jusqu'ici une certaine anxiété, se dévoila, un large sourire s'y inscrit et ses yeux semblèrent s'illuminer. Peut être même une lueur un peu malsaine. Juste au dessus de lui, un visage pétrifié qui attira une fois de plus le regard d'Amanda et qui au bout de quelque seconde, l'a mis assez mal à l'aise.

Pas le temps de s'interroger sur l'origine de ce sentiment. Amanda se sentie bousculé, un peu trop fort puisqu'elle du se rattraper sur le jeune homme qui était à côté d'elle. Sa main gauche étant restée nues, une série d'image déferla devant ses yeux. Des ailes. De grandes ailes. Des mutants. Une école. Des peurs. Des doutes. De la colère. Stop ! Amanda se recula brutalement pour rompre le contact. Contact bref qui ne lui avait pas permis d'aller loin dans l'histoire de ce jeune mutant. Mais cela lui avait suffit. Son regard un peu ahurit se fixèrent sur lui, tentant de mettre un peu plus de sens sur ce qu'elle avait vu et sentie alors qu'elle remettait de ses mains un peu tremblantes son gant.

Pendant ce temps, l'homme qui se faufilait avec difficulté dans la foule commençait à la faire paniquer, de part son comportement et surtout, par l'inscription au dos de son uniforme. Le BAM ne se déplaçait rarement pour rien. Tout le monde en avait conscience, en particulier l'artiste, qui en voyant l'agent se précipiter vers lui réagit presque au quart de tour. Il prit par le cou le jeune garçon, l'utilisant comme un bouclier. De sa main libre, il pétrifia la jeune femme ainsi que l'homme. Son expression était maintenant aussi effrayante que sa sculpture. Un sourire carnassier sur ses lèvres, un regard empli de folie. Il proférait les pires injures qui lui passaient pas la tête contre les mutants. Sa cible, c'étaient très clairement eux.

La foule fut prise de panique devant l'horrible tournure que prenait les évènements, d'autant plus lorsque l'artiste fut mine de foncer dans le tas, pétrifiant tout ce qu'il pouvait, le jeune garçon en pleure, toujours devant lui.

« Il en veut aux mutants .... Dit-elle de sa voix froide au mutant ailé à côté d'elle, sans quitter des yeux le fou furieux. Ne montre surtout pas tes ailes et vas t'en de là ! »

Amanda allait en faire de même avant qu'une grosse explosion la fit à nouveau chanceler. Un jeune homme, agitait ses mains devant lui, faisant exploser ainsi la table ou verres et petits fours étaient posés, un bout de la sculpture et finissant par faire voler deux trois mottes de terre autour du mutant terroriste qui se stoppa quelques instants. La jeune femme en profita pour se précipité sur l’exploseur et lui tenir les mains.