Là où tout fut laissé à la l'abandon [PV Enora]

Il peut se passer tellement de choses dans un court laps de temps. Je m'étais absentée de ma chambre pour une petite dizaine de minutes, occupée à rapporter un livre emprunté à un camarade. Cela avait suffit. Quelqu'un avait eu le temps de passer devant ma chambre et y déposer une feuille de papier pliée en quatre. Lorsque j'ouvris la porte de ma chambre, mon regard se posa su elle. A la fois curieuse et suspicieuse, je m'étais penchée pour la ramasser. Puis, j'avais déplié la feuille et refermé la porte derrière moi. Un sourire illumina mon visage tandis que je découvrais le nom de l'expéditeur. Icare. Comment aurais-je pu oublier le seul ange qu'il m'ait été donné de rencontrer ? Il avait été proche de moi lors d'un de mes passages dans les abysses de mon esprit. Il m'avait aidé à m'en sortir... Et il avait disparu.

Par la présente lettre, j'appris qu'il était de retour à l'institut et qu'il voulait renouer des liens. Je m'assis sur mon lit, un large sourire aux lèvres. Le temps de notre rencontre était révolu, je ne pouvais qu'être d'accord avec cela. Depuis, j'avais évolué et j'imaginais qu'il en allait de même pour lui. Il aborda dans la lettre le sujet Daniel Hopes. Mon cœur se tordit légèrement. Quelques mots plus loin, c'était le nom d'Ernest qui figurait. Ma famille mutante semblait se rejoindre sur un bout de papier tandis que nous étions tous séparés. Puis, le souvenir heureux de ce jour où nous étions allés dîner tous les deux après une échappée par la voie des airs de l'institut. Tout cela avait été tellement agréable...

Et aujourd'hui, il me demandait si j'étais prête à le revoir de nouveau, consolider ce début d'amitié que nous avions créé à l'époque. Je souris. Dans le fond, cet ange m'avait beaucoup manqué. Cependant, une phrase de la lettre piqua ma curiosité. "J'ai beaucoup changé physiquement". En l'espace de quelques mois, voilà qui étai bien étrange... Mais cela ne faisait que me motiver d'avantage pour aller à cette rencontre. Je me saisis de la montre à gousset qui reposait sur ma table de nuit. Je l'ouvris et regardai rapidement l'heure tout en passant mes doigts sur les quelques mots gravés dans le métal brillant. Il me restait suffisamment de temps pour me préparer tout en ayant trop peu pour sortir le grand jeu. Icare aurait donc droit au look naturel quoique légèrement féminin et soigné. En effet,je choisis d'échanger mon Jean pour une jupe plus estival bien que simple et arrivant au dessus du genou. Mon T-Shirt allant particulièrement bien avec, je choisis de le garder. Puis, sans maquillage et sans artifice, je pris mon sac bandoulière en cuir et sortit de ma chambre, retournant sur les traces que j'avais parcouru quelques mois auparavant.

Mon arrivée au restaurant se fit dans la sérénité. Étant fréquemment investit par les mutants, je ne me faisais plus de souci quant à ma nature dans un lieu pareil... Et avec Icare, il allait être difficile de ne pas passer inaperçu. M'adressant à l'accueil, je demandais si un jeune homme blond était arrivé auparavant. On m'indiqua une table un peu éloignée. Je m'y dirigeai avec discrétion. Je fus surprise par la silhouette qui s'offrait à mon regard. Pour moi, ce jeune homme n'était pas Icare. Il ne pouvait pas en être ainsi. Comment pouvait-on subir une telle métamorphose en l'espace de quelques mois ? Certes, en ce qui me concernait, j'avais repris des couleurs et un peu de poids depuis notre dernière rencontre. Mais de là à changer de couleur de cheveux, prendre quelques centimètre et... était-ce bien des plumes blanches que je voyais ? Je m'arrêtai, légèrement en retrait et cherchai le meilleur moyen de me présenter. U moyen qui lui ferait comprendre si c'était bien lui, que j'étais bien moi. L'évidence m'apparut enfin.

"Serais-tu toujours ce même bout de rêve que j'ai rencontré il y a quelques mois ?"

Reprendre un extrait de notre conversation était certainement ce qu'il y avait de mieux faire. Tandis que les mots sortaient de ma bouche, un sourire se dessinait lentement sur mes lèvres.

J'écoutai Icare répondre avec patience à chacune de mes interrogations. Apparement, les effet du venin que dégageait Vermine variait selon la personne. Mais avant tout, il était dangereux. L'image du fauve dans les égouts me déclancha un frisson d'effroi que je tentai tant bien que mal de contrôler. Pour moi, nous avions vécu l'enfer dans ce sinistre lieu, l'enfant rat et moi. Pour lui, l'enfer était arrivé après, le transformant véritablement en machine à tuer dangereuse pour tout le monde y compris lui même. Et je n'avais pas été là pour l'aider. Pour essayer de faire quelque chose. Je m'en voulais affreusement.

L'ange m'apprit ensuite que la folle qui lui avait infligé ses propres tortures n'avait pas été capturée. Personne n'avait rien su. Et la seule personne vers qui le jeune homme s'était tournée était désormais partie dieu sait où. Je lui adressai un regard doux que je voulais compatissant. Je cherchai mes mots pour répondre à mon tour et cloturer ce noir chapitre et passer à quelque chose de plus beau.

"Tous ces événements nous ont tous marqués à différentes échelles. Daniel a vu juste, il vaut mieux que tu n'essaie pas de la retrouver... Si cette barge t'as déjà eu une fois... Elle pourrait recommencer. Quant à Ernest, il se trouve actuellement derrière les barreaux. Il est impliqué dans des affaires liées à la confrérie ce qui est plutôt mauvais signe. Bien qu'il le nie - je grimaçai légèrement - je ne suis pas totalement convaincue qu'il n'en ai pas fait parti..."

Je lâchai un léger soupir. Repenser à tout cela me prouvait que ma bulle colorée dans laquelle j'essayai de vivre n'était vraiment qu'une utopie et que ses parois étaient bien trop transparentes.

Dès que j'en avais l'occasion, je contemplais Icare. Cette nouvelle apparence lui allait bien. Il était beau. Le rêve semblait être devenu réalité. Combien de petites filles rêvent d'un ange sans jamais en voir le bout du nez ? J'avais été l'une de ces petites filles et maintenant, mon rêve semblait exaucé. Cependant, c'était cette beauté troublante qui me génait. J'avais l'impression de redécouvrir l'ami que je m'étais fait quelques mois plus tôt. L'ange sentit mon trouble et dévia la conversation. Je replongeai mon nez dans ma carte avant de sortir avec une mine presque triomphante :

"Hmmm... Je vais prendre un filet de sole ! J'adorais quand ma maman m'en cuisinait... Et une carafe d'eau m'ira très bien avec ça..."

Je lui souris. Le serveur qui ne se trouvait qu'à deux tables de là m'entendis, prit note et prit également la commande d'Icare. Il observa ce dernier longuement avant de tourner les talons et de retourner en cuisine. L'envie de le mitrailler des yeux me démangea mais je préférai laisser couler. Le silence se fit à notre table. Icare ne semblait pas trop quoi savoir dire et il en allait de même pour moi. Nous avions refermé la page noire du moment... Et après cela, que dire de plus ? Cependant, après un instant, il trouva enfin un sujet à aborder. Je sentai que sa question était bancale mais je lui souris de nouveau. Lentement, nous étions en train de briser ces barreaux qui nous avaient trop longtemps enfermés. Puis, la surprise se lut sur mon visage quand il m'annonça son nouveau statut de chanteur.

"Tu chantes ? Vraiment ? J'aimerais beaucoup t'écouter tu sais... Question musique, je suis pas mal larguée donc ce sera avec plaisir que je viendrais te voir..."

Nouveau sourire. Cette idée de sortir un peu plus de mon cocon me plaisait. Puis, après un léger temps de réflexion, je pris une profonde inspiration pour répondre à ses questions.

"Eh bien je dois t'avouer que je n'avais pas vraiment réfléchis à cette question. Pour le moment, je suis le veux de Daniel qui est de m'éloigner des combats et de toute l'agitation liée aux mutants. Il ne souhaite pas me voir là dedans. L'idée m'aurait tentée il y a un moment mais après tout... Ca, je ne sais plus vraiment si c'est fait pour moi. Cependant, la cause mutante a besoin d'être défendue et si ce n'est pas par la force, ce sera avec les mots. C'est dans cette direction que m'oriente Daniel. C'est une autre façon de porter le titre d'Xmen d'après moi mais c'est en faire partie malgré tout. Mais je crois que même si Daniel ou mes parents ont leur mot à dire, c'est à moi de choisir. Je verrais en temps et en heure quelles options s'offrent à moi et j'aviserai selon la situation"

Mon sourire était moins large cette fois. Parler de mon avenir revenait à se tourner vers une page blanche. On ne pouvait jamais savoir de quoi demain serait fait et peut être qu'un jour, malgré tout, je devrais utilier la force à mon tour pour notre propre survie. Je plongeai mon regard vert dans les yeux bleus de l'ange.

"En fait... J'ai peur de ne plus avoir le choix le jour venu car vu comment les gens "normaux" nous traitent actuellement, je préfère ne pas me demander de quoi demain sera fait..."

Tandis que je continuai à picorer avec mesure mon assiette, Icare me parla d'une alternative électronique pour ces mutants ayant une apparence qui sortait de l'ordinaire. Un gadget qui leur permettait de changer d'apparence, leur permettant de se glisser dans la foule sans pour autant attirer des regards fixes et gênants. Je l'approuvais d'un signe de tête bien qu'intérieurement, je me demandai comment on pouvait faire confiance de cette façon à un objet électronique qui est par définition assez capricieux. Souci de batterie, disfonctionnement momentanné... Il y avait beaucoup de choses qui pouvait parraître effrayantes dans l'utilisation d'un tel dispositif. Mais soit. S'il se sentait mieux ainsi, je ne voyais pas pourquoi il me fallait polémiquer là dessus.

L'ange ajouta alors qu'il ne pouvait utiliser ce genre d'outil. Qu'au début, il vivait mal sa mutation mais qu'il avait fini par apprendre à vivre avec. Une phrase, cependant, suffit à me faire rire. "Je pense que ce n'est pas si affreux". A peine l'eut-il prononcé que je partit dans un rire. Il n'aurait pas pu trouver mieux pour m'amuser. Je ne me moquait pas. Je trouvai juste cela assez dôle venant de lui...

"Excuse moi... Je... Enfin, tu ne peux pas être affreux, Jay ! Certes, tu es mutant ! Mais tu es pour beaucoup l'incarnation même d'un ange ! Comment veux-tu qu'on te trouve affreux ? Partout dans les livres, les anges sont tels des bienfaiteurs... Ce serait presque criminel de t'en vouloir pour ça..."

Je lui lâchai alors mon plus beau sourire. Icare ne pouvait pas dire qu'il était affreux à cause de sa mutation. Un ange, c'est un rêve. Savoir que la mutation a rendu ce rêve possible, c'est croire que d'autres suivront. Et alors, grâce à la mutation, les rêves ne pourront que devenir réalité, nous permettant de les croiser et de les toucher littéralement du bout des doigts...

Cependant, la suite de la conversation avait rembrumit l'atmosphère. Se défendre de manière pacifiste n'était pas l'idée première d'un mutant qui souffrait de ce don qu'il n'avait pas demandé. Tandis que je finissais mon assiette, trois lettres me stoppèrent. FLM. Le Front de Libération Mutant. A côté, le BAM, c'était une formalité. Je fixai mon camarade de classe avec des yeux légèrement écarquillés.

"Je.. Oui, je connais ce groupe de mutants... Je me suis retrouvée, par un malheureux concours de circonstances dans l'une de leurs attaques dans le centre de New-York... Et ils ont également attaqué l'Institut... Je ne sais pas trop ce qu'ils recherchent mais... Ca ne présage rien de bon, pour aucun de nous..."

Le sujet dévia alors sur des cases plus personnelles. Cela nous soulagea tous deux. Parler loisirs et relations semblait alors quelque chose qui nous parraissait différent de l'ordinaire. C'est comme ça que je le ressenti du moins. Icare me fit alors remarquer qu'il avait fait quelques études. Rien de bien méchant, mais tout de même. Une licence pouvait toujours aider. Dans le cas de l'ange, après qu'il m'eut parlé de son statut de chanteur, je compris pourquoi il avait choisi l'art. Je lui souris, trouvant ce chemin amusant. Cependant, il n'avait pu profiter de la vie universitaire pleinement à cause de sa mutation. Ne voulant pas retomber dans le sujet, je hocahi la tête, signe de ma compréhension quant à ce détail.

Puis, il aborda à son tour le sujet des amours. Si j'avais été mal à l'aise devant cette question, il l'était tout autant voir même plus. Cependant, lorsqu'il commença à m'en parler, je compris pourquoi cette gêne était si palpable. Oui, Icare faisait tourner les têtes mais pas forcément les bonnes. Un criminel et un fou à lier... Finalement, il vaut peut être mieux parfois rester seul. Alors quand il m'annonça que c'était des hommes, je ne fus même pas surprise. J'étais plus inquiète de la nature de ces étranges personnages que de leur genre.

L'ange rougit et je lui souris légèrement. Je gardai le silence, essayant de ne pas juger avant d'en savoir plus. Il me raconta alors la raison de cette relation avec ce criminel. Il s'étaient aidés mutuellement, comme le faisait un couple. Mais forcément, dès que l'autre avait pu retrouver sa liberté, il s'était envolé à tir d'ailes... Volant presque celles de l'ange. Mon assiette finie, je reposai mes couverts avant de regarder Icare.

"On fait tous des erreurs, mais ce qui est bien... C'est qu'on ne fait jamais les mêmes... En fait, maintenant que tu me dis ça, j'ai presque envie de te tenir à l'écart de tous ces garçons fous... La prochaine fois que tu trouves quelqu'un que tu aimes vraiment... Appelle moi, je vérifirai s'il a un casier judicière ou un dossier médical dans un asile de fous..."

Je lui souris en coin. En fait, j'étais plus inquiète que déçue par le jeune homme. Certes, on ne pouvait pas être fiers de ce qu'il avait fait, lui même reconnaissait ses tords. Mais il n'était pas à blâmer et encore moins à juger. Qui sait, cette histoire aurait pu arriver à n'importe qui d'autres...

"Quant à moi, qui sait... Peut-être qu'un jour, en effet, un prince charmant viendra toquer à ma porte avec un bouquet de roses... Le temps seul pourra répondre à cela. En attendant... Nous allons lutter sur le même terrain alors, que le meilleur gagne !"

Je lui fis un clin d'oeil avant d'adopter une moue qui sous-entendait que je serais sans mercie. Puis, après un léger rire, je finis mon verre d'eau. Je profitai de ce cours répit pour regarder calmement les autres personnes présentes dans le restaurant mais aucun d'entre eux ne m'était famillier. Et aucun d'entre eux ne nous dévisageait. C'était rassurant. Puis, je reposai mes yeux sur Icare qui avait également fini son assiette. Je lui souris de nouveau.

"Tu es d'attaque pour un dessert ? Il servent de très bonnes glaces ici..."

Tandis qu'Icare me répondait, je trouvai surprenant son ton calme et plat pour me dire de tels choses. Pour lui, il n'était pas un ange. Il ne l'avait pas formulé directement mais dire que les anges n'existaient pas revenait à dire qu'il n'en était pas un. Je lui souris légèrement, persuadée du contraire. Après tout ce qu'Icare avait fait pour moi, il ne pouvait qu'être un ange à mes yeux. Et toutes les paroles du monde ne me feraient pas changer d'avis. Puis, il épilogua sur mes propres paroles. Je m'étais trompée. Tout le monde ne le voyait pas comme un ange. Parfois, certains se méprenaient de manière étrange, le mettant à la porte. Pour Icare, la religion ne serait en aucun cas une solution...

Puis, après mes quelques mots quant aux relations de mon ami qui avait préféré se cacher derrière une brochette de saint Jacques, il redressa la tête rapidement. Puis, avec une douceur incroyable, il me dessina une nouvelle description d'un ange. Ce fut à mon tour de rougir. Jamais dans ma vie, quelqu'un m'avait fait un si beau compliment que celui de me comparer à un ange. A vrai dire, la seule fois où j'avais entendu ces termes, c'était de la bouche de Daniel, lors de notre au revoir à l'institut. Mais le contexte était tout autre et je ne savais pas vraiment comment je devais prendre cette nouvelle déclaration. Si Josh ne m'avait pas dit qu'il était gay quelques minutes avant, j'aurais certainement pris cela dans un sens différent. Mais là, il ne s'agissait que d'une amitié sincère.

Mais en quelques mots, de nouveau, Icare changea d'avis sur moi. Comme quoi, une petite blague pouvait détendre l'atmosphère. Ses mots étaient adaptés aux miens et je me mis à rire sans pouvoir m'arrêter. Si je devais effrayer les conquêtes de mon ami, voilà qui ne serait pas pour lui plaire. C'était tellement amusant de plaisanter sur un sujet que beaucoup considéreraient comme tabou... Mais nous ne semblions même pas près à nous arrrêter. La barre monta encore d'un cran lorsqu'Icare lança le défi de draguer le serveur. Au début, je l'observai avec des yeux rond avant de repartir dans un fou rire incontrôlable. Puis, d'un hochement de tête, je lui fis voir mon enthousiasme pour un tel défi.

Je n'avais jamais fait ce genre de chose. Je me contentai toujours d'être simple et appliquée, de ne pas chercher à être comme toutes les autres filles qui veulent plaire pour plaire. Mais avec l'ange, j'étais prête à tout. Pour le meilleur et pour le pire. Il interpella le serveur qui ne fit pas long feu avant de dépasser un certain stade dans la case du mal à l'aise. Je devais me contenir de rire tandis que mon camarade de jeu jouait avec le feu. D'un regard mielleux, il s'adressa au serveur, lui faisant part de sa requête. Puis, d'un habile jeu d'ailes, il se lança dans le pari risqué de glisser ses plumes contre la jambe du jeune homme. Je le regardai faire en me mordant la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire. C'était tellement drôle. Puis, d'une invitation du regard, il m'indiqua que c'était à moi de prendre le relai.

Mon cerveau tournait à plein régime. Que faire d'original pour surpasser le niveau de l'ange ? Je me félicitai alors d'avoir pris soin de venir en jupe à ce déjeuner entre camarades. D'un jeu de jambe moyennement contrôlé, je pris soin de jouer à les croiser, relevant un peu la jupe à chaque mouvement. Le rose me montait légèrement aux joues mais je tachai de ne pas y prêter attention. Le serveur se montrait, lui, de plus en plus gené, tachant de garder ses yeux fixés aux miens même si certains regards le trahissaient. Puis, après avoir refermé la carte, j'agitai celle ci comme un éventail, faisant voler quelques mèches de cheveux. Mes yeux s'allumèrent de cette lueur que je n'utilisai d'habitude que lorsque j'utilisais mes pouvoirs. Puis, battant des cils à plusieurs reprises, la lueur s'éteignit, pouvant laisser au serveur l'impression d'avoir rêvé. Je dus par ailleurs répéter une seconde fois mon choix car la première l'avait induit en erreur. Reprenant nos cartes, il tourna rapidement les talons.

À peine parti, mes yeux croisèrent ceux de Jay et nous répartimes de plus belle dans un fou rire assez bruyant. Je remis mes jambes à leur place et replaçai ma jupe. Puis, entre deux hoquet, les larmes aux yeux, je parvins à sortir ma première phrase.

"Tu as vu sa tête ? Il était complètement perdu ! Et quand tu t'es mis à le toucher avec tes ailes ! J'ai cru qu'il allait sauter à l'autre bout du restaurant !"

Et je répartis dans un rire incontrôlé. Quand enfin je réussis à me calmer, je souris à Icare et lui adressai un regard doux.

"Merci Jay... C'est... C'est la première fois que je ris ainsi depuis bien longtemps et autant te dire que c'est fort appréciable..."