Toutes les rencontres se font par hasard. [David Haller]

A une heure avancée de l’après-midi, après les cours du dernier jour de la semaine Alice se reposait sur la terrasse. Elle aimait le calme qui régnait en ce lieu ainsi que la nature qui l’entourait. Après le parc, la terrasse était surement son endroit préféré dans l’institut. A cette heure-ci, les élèves étaient surement déjà sortis se promenaient dans toute la vie. Pourquoi Alice ne se joignait pas à eux ? « New York est beaucoup trop bruyant pour moi », était une excuse qu’elle sortait très souvent avec le traditionnel « je suis fatiguée ».

Donc après avoir assisté sagement à tous ces cours, Alice se retrouvait assise sur les marches de la terrasse à lire ‘‘Hamlet’’ de Shakespeare comme à son habitude. C’était sa pièce de théâtre préférée et depuis qu’elle l’avait découverte Alice ne s’en détachait plus. Les personnages là touchaient au plus profond de son être. Elle ressentait la tristesse d’une façon spéciale depuis la mort de ses parents dans cet accident tragique. Pourtant, cet accident d’avion était survenu il y a plus de cinq ans mais la douleur restait toujours la même.

Depuis son arrivée à l’institut, il y a trois mois, Alice avait rencontré des individus exceptionnels comme par exemple le fils de Wolverine qui l’avait sauvé de la mort, Angel ou encore Art Floinn, son plus cher ami. De nombreux évènements plus étranges les uns que les autres étaient survenus dans la vie d’Alice. Elle avait pris une balle pour protéger un individu inconnu, acceptait une arme à feu pour se protéger et était menacée par un adolescent affolé dans la salle de bain entre autres.

La jeune femme aurait cru que sa vie ne pouvait pas être pire que chez sa tante à Lancaster. Là-bas, elle n’était pas libre de ses mouvements. Les désirs de sa sœur étaient des ordres et sa tante n’aurait pas contredit sa petite protégée. Alice se sentait seule et elle désespérait de pouvoir enfin les quitter. Une fois son pouvoir découvert, elle ne pouvait plus vivre chez sa tante. La vieille femme était une anti-mutant qui n’aurait jamais accepté de vivre sous le même toit qu’une mutante une semaine de plus. Alice s’était donc retrouvée à la rue assez rapidement.

Son destin avait beau la pousser vers New York Alice voulait et elle aurait tout fait pour retourner vivre à La Nouvelle-Orléans, sa ville natale. Mais s’était impossible pour l’instant puisque Alice n’a pas encore atteint la majorité. La demoiselle s’était pourtant promis d’y retourner une fois sa « liberté » retrouvée mais aucune occasion ne s’était présentée et sans personne pour l’accompagner elle ne pouvait pas y séjourner. Alice allait devoir attendre encore trois ans avant de pouvoir revoir la chère maison de ses parents…

Assis depuis déjà quelques heures sur la terrasse, je profitais de ce magnifique soleil estival pour peaufiner quelques peu mon sermon. Pour la plupart des élèves et des professeurs de l’Institut ce jour était synonyme de joie et de réjouissance. La seule pensée de profiter du week-end à venir les transportait de bonheur. Pour moi ce jour béni possédait une toute autre signification. C’était la veille du shabbat et la plupart de mes fidèles me rejoindrait à la synagogue pour remercier notre créateur pour tous les bienfaits qu’il nous avait accordé durant cette semaine de dur labeur. La seule perspective de retrouver tous mes amis ce soir même m’emplissais d’une joie inégalable. Je prêchais dans ma propre synagogue depuis le mois de mars précédent et je ressentais toujours une grande fierté à l’idée de servir et de transmettre la parole de Dieu. Compte tenu de mon passé sulfureux c’était un grand privilège qui m’étais accordé. L’espoir de pouvoir un jour trouver la rédemption que je désirais tant.

Toute ma vie avait été rythmée par ces terribles personnalités qui hantaient mon esprit. Je ne savais jamais quand ni de quelle manière elles se manifesteraient, mais je savais qu’elles n’attendaient qu’une simple erreur de ma part afin de se réveiller. Je le savais à présent, ce n’était plus qu’une question de jour avant que mon cauchemar ne se reproduise. Combien de personnes avaient-elles déjà été mises en danger par ma faute ? Combien d’esprits avais-je absorbés jusqu’à aujourd’hui ? Les images qu’elles prenaient un plaisir immense à me transmettre me faisaient énormément souffrir. Je revoyais chaque nuit le visage des membres de ma famille, de mes meilleurs amis souffrant le martyr par la faute de ces âmes parasite. Par MA faute en fin de compte, puisque je ne me montrais pas assez fort pour leur résister, puisque je les laissais me manipuler à leur guise. Est-ce qu’un jour enfin je parviendrais à trouver le repos de mon âme sur cette Terre ?

L’apparition d’une jeune demoiselle sur la terrasse me sortit avec lenteur de mes réflexions. Elle ne faisait pas partie de mes connaissances et il me semblait je jamais avoir croisé sa route auparavant. Je ne savais pas encore de quoi il s’agissait mais quelque chose me plaisait en elle. Loin de ressembler à ses jeunes demoiselles parées de toutes sortes d’artifices, elle était habillée avec simplicité et semblait ne pas être âgée de plus de 16 ans. Mais peut être n’était-ce là qu’une fausse impression de ma part. Elle s’assit calmement et silencieusement et débuta la lecture d’un ouvrage alors que je ne pouvais pas la quitter des yeux. Rencontrer de nouvelles personnes était toujours un réel plaisir pour moi, d’autant plus lorsque ces jeunes ignoraient tout de la personnalité destructrice de Légion. Elles me permettaient l’espace d’un instant de devenir une nouvelle personne et d’y prendre un véritable plaisir. Me levant d’un geste, je déposais mes écrits et me dirigeai vers elle. Je débutais alors une conversation espérant qu’elle me répondrait avec plaisir.

- Vous me surprenez Mademoiselle. La plupart de nos étudiants sont dores et déjà parti en ville s’amuser et profiter de leur début de week-end. N’appréciez-vous donc pas la trépidante ville de New-York?

Concentrée par sa lecture, Alice n’avait pas remarqué l’homme adulte qui se trouvait déjà sur la terrasse. Lorsqu’il lui adressait la parole elle sursautait, faisant tomber son livre par terre. Il fit remarquer que les autres étudiants étaient partis s’amuser en ville mais pas elle. Alice n’était pas ce genre de personne, elle ne s’amusait pas sans raison. Et à vrai dire, rien de très joyeux ne c’était produit dans les quelques jours qui venaient de passer.

« Je regrette… Je ne vous avais pas vu. »

Alice ne pouvait pas s’empêcher de se méfier de lui. Son attitude était toujours distante, au début, dans les nouvelles rencontres avec des adultes. Manifestement il devait être un mutant pour se retrouver à l’institut. Mais pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Surement… Elle hésitait un instant puis elle répondit à sa question en le regardant plus attentivement.

« Je n’ai pas vraiment choisi de vivre ici vous savez… Je ne vais pas m’attarder longtemps parmi vous, enfin j’espère. On ne peut pas dire que je n’aime pas New York mais ce n’est pas ma ville préférée. »

Le visage de l’homme ne lui paraissait pas dangereux mais on lui disait toujours de ne se méfier des inconnus. C’est vrai ! Après tout elle ne le connaissait pas. Il ne s’était même pas présenté en venant lui parler. Alice le dévisageait sans ménagement. Il y avait une certaine tristesse dans son regard. Même s’il tentait de la cacher, elle la remarquait très bien. Un sourire triste se dessinait sur le visage d’Alice. Elle aurait bien aimé être dans un rêve avec lui pour savoir d’où lui venait cette tristesse mais malheureusement ce n’était pas le cas. Et puis jamais elle n’aurait osé lui poser la question de peur d’être rejeté.

« Je m’appelle Alice et j’ai un don, comme vous je suppose sinon vous ne seriez pas là. »

La jeune demoiselle n’insisterait pas pour savoir quel était la nature de son ou de ses pouvoirs. S’il voulait lui dire, il le ferait mais s’il ne le souhaitait pas, Alice ne le harcèlerait pas pour savoir. Après tout certain mutant détestait parler de ça, elle pouvait comprendre. Certaines personnes n’avaient pas la chance d’avoir un pouvoir discret. Ce n’était pas le cas d’Alice. C’était vrai que parfois elle regrettait de ne pas pouvoir utiliser son pouvoir plus souvent dans la journée par exemple mais elle s’en était accommodée. Au moins elle n’aurait pas de soucis pour le cacher, ce n’était pas plus mal. Alice n’était pas vraiment discrète alors si elle avait eu un pouvoir visible, cela aurait été un problème de le dissimuler aux humains. Enfin, elle aurait peut-être trouvé un moyen de ne pas le montrer mais rien n’était moins sûr.

Bref, Alice continuait à examiner le visage de l’homme inconnu. A part ses yeux bleus légèrement tristes, rien ne l’inquiétait. Il était jeune, plus un adolescent mais il devait avoir moins de trente ans. Un homme athlétique qui ne semblait pas marié, aucune alliance n’entourait l’annulaire de sa main gauche. Peut-être qu’il ne la portait pas… Aucune importance, Alice ne comptait pas se marier avec lui.

« Et vous alors ? Pourquoi ne pas être sorti vous amusez en ville ? »

Mes quelques paroles prononcées, je la regardais avec surprise la jeune femme faire tomber son livre. Je me confondis alors en excuse, rougissant légèrement devant mon interruption. Peut être n’aurais-je pas dû l’interrompre dans ses lectures. Je me confondis dès lors en excuse, espérant qu’elle ne m’en voudrait pas.

- Vous n’avez aucune raison de vous excusez Mademoiselle, c’est à moi de le faire. Après tout je me suis présenté à vous de manière quelque peu brutale. J’espère cependant que mon interruption ne vous dérange pas.

Les premières paroles de la demoiselle me remplir d’amertume. Je regrettais de la voir concevoir la vie à l’Institut comme une punition et non pas une bénédiction. Mais en y réfléchissant, elle ne devait pas être la seule. Les adolescents qui franchissait les porte du manoir étaient peut être consentante, mais elles devaient également quittait la famille et les amis auxquels elles étaient restée attachées.

- Il est normal que vous puissiez avoir le mal du pays. Ce n’est pas facile de devoir quitter son lieu de naissance pour venir vivre en terre inconnue. New-York n’est pas votre ville préférée ? Je dois bien admettre que vous n’êtes pas la seule dans ce cas. Je la trouve bien trop bruyante à mon goût, toutefois beaucoup de juifs vivent ici et je suis heureux d’être parmi les miens. Quelle est donc votre ville préférée ?

La jeune Alice se présenta alors et aborda un sujet on ne peut plus délicat. Je n’aimais pas particulièrement parler de mon pouvoir. Il était trop dangereux, trop incontrôlable et je craignais que les gens se détournent de moi et fuient. Je tâchais donc d’éviter le sujet par une pirouette et lui donnait cette réponse.

- Enchanté de faire votre connaissance Alice. Je me nomme David et tout comme vous je suis un mutant. Mais mon pouvoir n’est pas la seule raison qui m’a poussé à m’installer ici. Je suis le fils de Charles Xavier et comme je ne l’ai pas connu durant mon enfance, je pensais que mon emménagement me permettrait en quelque sorte de rattraper le temps perdu. Depuis combien de temps êtes-vous arrivée au manoir ? Je ne vous avais encore jamais aperçue avant aujourd’hui.

Revenue à ma question de départ, elle s’interrogea sur les raisons qui m’avaient poussé à rester ici. Dans un sourire, je repensais alors au travail qui m’attendait. La cérémonie du Shabbat, mes paroissiens, les quelques moments que je passerais avec eux après mon travail.

- A vous répondre franchement, je n’ai pas eu le loisir de m’attarder en ville. Cela va peut être vous semblez étrange mais il se trouve que je suis rabbin. Les célébrations hebdomadaires religieuses ont lieu entre le vendredi soir et le samedi. C’est la raison pour laquelle je ne puis me libérer.

Le jeune homme affirmait que New York n’était pas non plus sa ville préférée. L’argument était le même, il trouvait la ville trop bruyante. Puis il expliquait que de nombreux juifs habitaient ici et donc il aimait se sentir entouré des siens. Il était donc juif ? En plus d’être mutant, ça ne devait pas être facile à vivre. Le jeune homme questionnait de nouveau Alice. Il lui demandait qu’elle était sa ville préférée.

« Ma ville préférée ? Hum… Je dirais La Nouvelle-Orléans. C’est là-bas que je suis née et que j’ai vécue un bon bout de temps. »

Alors, il se présentait. David lui allait très bien. Alice fit immédiatement le rapprochement avec l’étoile de David, un symbole très fort pour les juifs mais elle ne dit rien. Il dit une chose beaucoup trop surprenante pour relever sur son prénom : il était le fils de Charles Xavier. La jeune fille ignorait que ce grand homme avait eu des enfants. Apparemment, il ne l’avait pas connue durant son enfance. Dommage, l’enfance est un moment très important pour la construction d’un enfant. Il n’avait donc pas eu de père, ou du moins son père biologique, pendant son développement. Devenir adulte sans un parent doit être dure.

C’est alors qu’il changeait de sujet. Il voulait savoir depuis combien de temps elle était installée à l’institut. Si elle se souvenait bien, elle était arrivée en avril 2011 donc ça faisait presque cinq mois qu’elle vivait parmi eux. Comment n’avait-il pas pu la voir dans les couloirs ? Enfin, ce n’était pas comme si elle faisait tout pour se faire remarquer…

« Je suis arrivée dans le mois d’avril… Ca fait bientôt cinq mois que je suis là. Ca fait bizarre que vous ne m’aillez pas vu avant. Oh et puis je ne savais pas que le professeur Xavier avait un fils. »

David était rabbin en plus ! Il l’a surprener de plus en plus. Elle avait tout de même un peu de mal à le croire. Quel homme de son âge voudrait devenir rabbin ? Bizarre. Visiblement cet homme était spécial. Et puis, il évitait habilement le sujet de son pouvoir. Encore un mutant complexé par son don de la nature ? Alice trouvait ça un peu stupide d’être aussi méfiant et de ne pas vouloir en parler. Après tout, ils étaient mutants tous les deux, elle pouvait donc le comprendre. Mais enfin, elle n’insisterait pas pour ne pas l’importuner. Ca le regarder. Ce n’était pas encore son problème.

« Je vois… C’est dommage pour un homme aussi charmant de ne pas courtiser des jolies femmes. Enfin, je ne sais pas si un rabbin a le droit. »

La discussion échappait doucement au contrôle d’Alice. Le sujet partait sur des choses qu’elle préférait ne pas aborder. Espérant que David change de sujet aussi habilement que tout à l’heure, elle se tut.

Si elle devait vraiment expliquer pourquoi elle aimait La Nouvelle-Orléans il lui faudrait de nombreuses heures. Alice avait tellement de choses à raconter sur cette ville, la ville qui l’a vu naitre. Durant son enfance qui s’est déroulée en partie là-bas, elle a vécu tellement d’évènements marquant. Rien que d’y repenser cela là mettait en joie. Des souvenirs pleins la tête mais elle ne voulait pas les exposer à un inconnu. Même si, c’est vrai, elle pouvait normalement lui faire confiance puisqu’il venait de l’Institut mais elle n’y arrivait pas. Il y avait quelque chose de mystérieux dans son regard et elle voulait savoir de quoi il s’agissait.

« Oui, La Nouvelle-Orléans est bien la ville où je suis née il y a 18 ans déjà. J’ai tellement de souvenir là-bas que je n’aurais pas assez d’heures dans cette journée pour vous raconter mon attachement à cette ville. »

Non, elle ne l’obligerait pas à lui raconter ce qu’il préférait garder secret mais c’est vrai qu’elle aurait appréciée en savoir plus sur lui. La jeune mutante avait déjà une extrême confiance en Warren Worthington. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Mais peut-être que David était une autre personne avec qui elle pouvait parler et surtout en qui elle pouvait avoir confiance. Pour en avoir la certitude il faudrait attendre des mois. Ce qui rendait la situation étrange c’était qu’il ne veille pas parler de lui plus que cela. Pourquoi ne pas évoquer ses origines ou même encore son pouvoir ? Croyait-il qu’Alice allait le regarder différemment après ou bien qu’elle allait avoir peur ? Elle se devait de lui demander.

« Pourquoi est-ce que vous êtes aussi méfiant envers moi ? C’est assez injuste vous ne trouvez pas ? Je vous parle de moi depuis tout à l’heure et vous ne répondez pas même pas à mes questions. »

Disait-elle en souriant tristement. Elle ne voulait pas le faire culpabiliser, non juste qu’il se dévoile un peu plus. Même s’il ne lui donnait pas les véritables réponses. Puis, doucement elle se mit à réfléchir. Sachant que les pouvoirs de Charles Xavier était des pouvoirs tels que : télépathie, télékinésie,… il se pourrait que les pouvoirs de son fils soit un peu du même genre. Ce n’était qu’une supposition. A vrai dire elle n’avait aucune idée de l’hérédité ou non du gène X étant donné que ses parents étaient des humains totalement normaux. Sa sœur ne faisait pas non plus partie de la grande famille des mutants.

Il parlait maintenant de l’institut en général. Elle n’avait pas vraiment de problèmes, enfin pas des problèmes très graves en tout cas. Il est vrai que les camarades n’étaient pas tous aussi aimable qu’elle l’aurait voulu mais ce n’était pas un problème important. Et puis qu’est-ce qu’il pouvait faire pour l’aider dans ce cas ? Rien. Il ne pouvait surement pas changer ce que penser les autres d’elle. Quant au renfermement des professeurs vis-à-vis de leurs élèves il ne devait surement rien pouvoir faire non plus. Seul des hommes issus de l’extérieur -sauf Warren Worthington- semblait s’intéresser un minimum à sa petite personne. L’institut ne correspondait pas à ce qu’elle recherchait. Ils ne l’avaient pas accueilli à bras ouvert comme elle l’aurait espéré.

« Franchement je n’aime pas vivre ici. C’est seulement par nécessité que je reste parmi vous. Personne ne m’a vraiment accueilli comme je l’aurais souhaité. Il n’y a qu’une personne qui est amicale avec moi à l’institut. Les autres personnes qui s’intéressent un minimum à moi sont extérieures à ce lieu. Je sais bien que la moitié d’entre elles sont des mauvaises personnes mais à vrai dire je m’en fiche complètement… »

Alice se mit à sourire au jeune homme. Ca se voyait dans son regard qu’il ne lui voulait aucun mal. Même si on lui avait raconté qu’il était dangereux et qu’il avait tué, elle ne l’aurait pas cru, ou du moins elle aurait eu beaucoup de mal. Comment aurait-elle pu croire une telle chose alors qu’il faisait tout pour qu’elle soit bien ? Ce n’était pas possible. Ce doux visage ne pouvait pas avoir été tordu par la haine au point de désirer tuer. Evidemment, elle savait que parfois les hommes étaient imprévisibles mais à ce moment précis, elle voulait croire en la bonté de son interlocuteur. Même s’il était surement comme les autres, elle pensait que David n’oserait pas lui faire du mal. Pourquoi ferait-il cela ?

Alors comme ça, il était né en Israël… Elle n’aurait jamais cru que Charles Xavier, apparemment le père de David, soit allé dans ce pays. Étant donné qu’il était handicapé, la jeune mutante avait du mal à l’imaginer en compagnie d’une femme. C’était ridicule de se poser ce genre de question alors que David ne devait pas mentir sur son paternel. Il était évident que les handicapés pouvaient avoir des enfants même si c’était surement plus dur que pour les autres. Alice détournait le regard comme pour dissiper cette idée de son esprit. Après tout, ça ne la regardait pas ce genre de choses. La jeune femme venait s’asseoir prêt de lui pour déposer délicatement sa main sur son bras avant de prendre à son tour la parole.

« Ce n’est pas grave, je comprends que le sujet des pouvoirs soit difficile. Je m’excuse de l’avoir abordé avant autant de simplicité. C’est juste que vu que mon pouvoir n’est pas vraiment dangereux je n’imagine jamais que ceux des autres peuvent être difficiles à gérer »

Alice espérait maintenant que ce geste ne soit pas mal vu parce qu’il ne signifiait rien. Il s’agissait plus d’un geste d’affection que d’autre chose. Malheureusement, elle n’avait aucun moyen de savoir comment il allait réagir, il fallait juste attendre. Elle espérait sincèrement qu’une amitié allait naitre entre eux pour qu’il puisse lui parler, sans inquiétude, de tout et de rien. Il était évident que ce ne serait pas dans l’immédiat mais elle était impatiente de le connaitre davantage. Et puis ses pouvoirs ne pouvaient pas être si terrible, si ? De toute façon, même si c’était le cas, Alice ne s’éloignerait probablement pas de lui. Il ne lui ferait pas de mal intentionnellement, elle en était persuadée.

Après cette réflexion, il se mit à poser des questions concernant encore une fois son intégration. Il n’y avait pourtant pas grand-chose à dire à ce sujet : tout ce qu’elle voulait en venant ici s’était être enfin libéré de l’emprise néfaste de sa tante. Evidemment, elle ne lui dirait pas ça. Cela ne concernait que sa famille et elle. Et puis d’abord que pouvait-il y changer ? Les autres ne l’acceptaient pas parmi eux, il n’allait pas les forcer tout de même. Bien que son père soit le créateur de cet institut, il ne devait pas avoir de pouvoir sur ces nombreux membres. Elle se reculait pour observer les oiseaux dans le ciel. Une expression de tristesse se dessinait sur son visage.

« Vous voyez ces oiseaux qui volent gaiement dans le ciel ? Ils sont libres… Et bien moi pendant cinq ans je ne l’étais pas. Je pensais qu’en m’installant ici je serais libre et que les autres mutants me soutiendraient. Vous comprenez ? A New York, mes seuls amis sont de grandes personnes ou alors de rares étudiants qui ont quitté l’institut. Il faut croire que personne ne peut changer cela… »