La nymphe et le sage : Scène II (PV Ernest, DEK et Shooter)

Cérès commençait à se demander si elle n'avait pas tort de toujours chercher à régler les choses de manière diplomate. Lorsqu'elle faisait le bilan de ses actions, sa diplomatie ne l'avait encore en rien payer de retour. Elle s'était retrouvée chargée d'une mission qui la dérangeait on ne peut plus au milieu de ses recherches, elle avait failli se faire infecter par de l'Altérium, avait perdu sa première piste au profit d'un mutant surpuissant et dangereux et maintenant, elle n'avait réussi, avec sa fichue diplomatie, qu'à rendre sa dernière chance de trouver de l'Altérium méfiante comme une nonne dans un bordel. Elle avait donc décidé de mettre toutes les chances de son côté en prévoyant un plan B assez musclé au cas ou le rat bouddhiste refusait de coopérer.

Le côté positif à l'affaire, c'est qu'il y avait toujours quelques paires de gros bras ballant à la Confrérie, prêts à aider une dame de leurs connaissances à la moindre possibilité de baston. En effet, bien décidée à mettre toutes les chances de son côté, Cérès avait usé de ses phéromones pour convaincre deux Confréristes de l'aider dans sa capture de rongeur. Il faut dire qu'elle n'avait pas du insisté beaucoup pour les décider. Le premier des deux répondait à l'Alias de DEK. Cérès ne lui avait jamais adressé la parole avant de "l'engager" pour cette besogne. Tout ce qu'elle savait de lui, c'était qu'il était à la Confrérie bien avant sa propre arrivée et qu'il avait un caractère plutôt solitaire, porté sur l'entrainement aux armes et au combat. Le deuxième sbire répondait à l'Alias de Shooter. Il n'était guère plus social que Dek et son allure martial faisait supposer à Cérès qu'il avait du intégrer l'armée à un moment de sa vie. Il en avait garder de solides habitudes dont un goût prononcé pour les actions directes et les paroles économes. Mais Cérès ne cherchait pas de copines de pyjama-party et les deux confréristes présentaient suffisemment de potentiel et de muscle pour satisfaire ses besoins immédiats.

Ainsi, elle se présenta chez Jeremy White comme convenu le mercredi suivant sa première visite, à 10h précise. Elle descendit de la grande camionnette que Gabriel leur avait déniché elle ne savait où, suivie de près par DEK. Elle se tourna vers Gabriel, la main sur le volant et l'oeil attentif. Il semblait passer la zone au radar. Pourtant, malgré l'heure de pleine matinée, la rue était déserte. Un épais brouillard digne d'un film d'horreur avait recouvert la ville depuis le matin et dissuadait les gens de sortir de chez eux. Tout à leur affaire, les trois Confrères voyaient ce brouillard comme un allié de plus qui servirait leur opération. De plus, le mercredi étant le jour de congé du maître, personne ne faisait de va-et-viens dans le bâtiment asiatisé.

- Sois près à démarrer dès que tu nous verras, DEK et moi.

Elle eut un vague geste vers les fenêtre du quatrième étage de l'espèce de pagode chinoise qui abritait le cabinet de méditation de maître White.

- Il se peut que nous descendions autrement que par les escaliers. Tiens la fenêtre à l'oeil.

Puis elle se tourna vers DEK.

- Tu es prêts?

Le grand mutant revêtu d'un ample pardessus de couleur sombre hocha la tête dans un signe de compréhension. Ils s'étaient mis d'accord sur l'idée que Dek escaladerait la façade grâce à ses tentacules pour venir se poster à hauteur des fenêtres du rat. Ainsi, sur un simple appel de Cérès, il pourrait débouler dans la pièce en brisant les vitres. Sans se faire prier, le mutant se mit à grimper le long du bâtiment avec autant d'aisance qu'on macaque dans un bananier. Cérès quant à elle assura sa grande cape noire autour d'elle, vérifia que sa précieuse besace à graines était attachée à sa ceinture et gravit les escaliers direction le quatrième étage. Une fois sur le palier, elle frappa trois petits coups polis à la porte et entendit le rat approcher. Elle respira un grand coup, un peu comme les acteurs de théâtre avant la grande première. Il fallait emmener le rat, de son plein gré ou non!

Finalement, Gabriel avait fini par être sorti de son ennui. Alors qu’il attendait une réponse de la part des acolytes concernant une mission avec un certain Fléau, il fit la rencontre avec une femme mystérieuse à la peau de couleur pâle et aux reflets verdâtres. Celle-ci se présenta comme étant Cérès, une confrériste tout comme lui, et lui proposa de se joindre à elle pour une mission qui avait immédiatement intéressé l’ancien soldat. Celui-ci devait escorter la demoiselle nature et l’aider à capturer quelqu’un qui devait se révéler précieux pour la Confrérie. Il devait donc lui dénicher un véhicule, et servir de couverture en cas de pépins avec la cible. Etrangement, il n’avait pas vraiment réfléchit en détails à sa proposition et avait accepté directement, comme poussé par un désir soudain d’action.

Suite à cette entrevue, il se rendit directement chez les Pawns, le groupe de mercenaire auquel il appartenait, et échangea quelques billets contre le prêt d’une fourgonnette à l’allure tout à fait banale mais dont les vitres étaient blindées, et la carrosserie renforcée par des plaques de Kevla. Il s’assura aussi d’être parfaitement équipé et vérifia son armement. Cinq tubes d’une centaine de billes d’aciers, un tube d’une vingtaine d’aiguilles de bois, et un autre tube contenant des aiguilles d’aciers. Il avait aussi emporté son couteau de griffe, ainsi que deux grenades fumigènes et une autre, au magnésium au cas où les choses se gâtaient vraiment. Le tout était soigneusement rangé dans les différentes poches de son gilet de type commando urbain. Celui-ci ne faisait pas tâche sur ses vêtements totalement noirs qui sortaient d’un surplus militaire.

Suite à ça, il se rendit rapidement à la confrérie pour récupérer la jeune femme ainsi qu’un homme de grande taille. Celui-ci était inconnu de notre tireur d’élite, il se présenta donc simplement, dans un grognement peu avenant.

-Gabriel Miller, mais tu peux m’appeler Shooter. Montez.

Il prit la route à allure modérée, étant parti assez tôt pour arriver à l’heure sans avoir besoin de se faire remarquer par un excès de vitesse. Le brouillard avait envahi la ville, provoquant en lui d’intenses réflexions. Certes ils seraient plus discrets ainsi, mais sa vision à distance serait diminuée, enfin, il relativisa en se disant que ce n’était surement pas aujourd’hui qu’on allait lui demander de buter un type à un kilomètre de distance.

Il arriva au point de rendez-vous un peu avant l’heure pour permettre à Céres de les briefer et d’être ponctuelle. Elle descendit de la fourgonnette tandis qu’il observait les alentours d’un œil attentif, sa pupille droite s’élargissant exagérément en fonction de ce qu’il regardait. La rue semblait déserte, ce qui le contenta.

- Sois près à démarrer dès que tu nous verras, DEK et moi.

Elle eut un mouvement vers les fenêtres du quatrième.

- Il se peut que nous descendions autrement que par les escaliers. Tiens la fenêtre à l'oeil.

Gabriel répondit par un simple :

-Affirmatif.

Il n’était pas là pour discuter. Il avait eu connaissance de sa mission, le reste était superflu. Elle se tourna vers l’autre mutant, pendant que Gabriel surveillait la scène.

-Alors ?
-Alors rien. Ta Esther Ophraïm semble n’habiter nulle part, en tout cas pas dans cet état. Et je n’ai pas trouvé d’avantage de labo associé à son nom.
-Qu’est-ce que t’en déduis ?
-Rien.
-Comment ça rien ?
-Et bien rien. En quatre jours à peine de recherche, on peut rien en déduire, voilà tout. Et puis, c’est toi le sage, non ?
-Arrête avec ça. Cette histoire me dépasse. Cette femme semble me dire la vérité, tout ce qu’elle a avancé de concret, on l’a vérifié. Mais voilà, c’est un fantôme. Pourquoi ferait-elle preuve d’autant de discrétion ?
-Hé, papa, je te rappelle que t’es ici à New-York. C’est plus l’Allemagne. Des raisons d’être discret, y’en a des milliers.
-Quelle ville de fous ! Donc tu lui ferais confiance ?
-Mais j’en sais rien ! Je la connais même pas ta bonne femme. Tu m’as balancé un nom, je me suis renseigné dessus, point barre. Tout ce que je sais, c’est qu’Ernest est introuvable. Tu tiens peut-être une piste de le retrouver, ne la laisse pas passer. C’est tout ce que je peux te dire.
-Mais elle m’a affirmé qu’elle ignorait où il se trouvait. Et ce fameux Apocalypse reste une énigme tout aussi impénétrable. Elle me demande juste de collaborer avec elle pour son histoire de sérum, qui me dérange dit en passant.
-Rien à foutre du sérum. Si tu veux pas collaborer, tu mens et tu fouille la piste. C’est pourtant pas compliqué !
-Mentir ? A quelqu’un qui est peut-être honnête ?
-Ha ! Mais tu m’énerve à la fin ! Oui, mentir ! C’est ce que tu fais tout les vendredi soir au casino quand tu joue au poker je te signale !
-Mais c’est un jeu, là.
-Bon, écoute papa, on tourne en rond. Je t’ai donné mon avis, t’en fais ce que tu veux. Tout ce que je sais c’est que mon neveu, ton petit fils, semble bel et bien avoir disparu et que ça commence à m’inquiéter.
-…bon, heu… en tout cas merci Mickael. Elle ne devrait plus tarder à présent.
-Tu me tiens au courent, ok ?
-Oui, je n’y manquerais pas.
-Allez, à plus, et fait quand même gaffe. On n’est jamais a l’abri d’une mauvaise surprise.

Jeremy raccrocha son téléphone. Depuis sa première rencontre avec Esther, il n’était pas beaucoup plus avancé. Comme il l’avait prévu, il avait fait appel aux services de son fils, Mickael Willard, Mais les recherches entrepris par ce dernier n’avaient au final rien donné. Impossible d’associé Esther à la Confrérie, ce qui aurait simplifié l’histoire. Impossible de déceler un véritable mensonge de sa part. Cela aurait put être un bon signe, une preuve de sa bonne foie, mais en même temps, des éléments troublants l’entouraient. Le doute, insidieux, persistait. Et encore, il ne s’agissait là que d’essayer de savoir si cette mystérieuse personne était une alliée potentielle ou une ennemie déguisée. Décidément, en cette ville, tout était si compliqué. Le maitre rat devait bien admettre qu’il était un peu dépassé. Il arrivait assez bien à gérer ses propres affaires mais quand il s’agissait de son petit fils, c’était une autre histoire. Il soupira. Le seul aspect de al question qu’il avait put fouiller était celui du sérum, en admettant qu’Esther disait vrai bien sûr. White se tourna vers la fenêtre, plus pensif que jamais. Au dehors, un épais brouillard avait envahi Chinatown. Quel triste décor. Fallait-il y voir un signe ?

Soudain, trois coups à la porte. C’était elle, assurément. Le maitre rat aurait presque préféré qu’elle soit en retard. Mais elle ne l’aurait jamais été assez pour qu’il soit sûr de lui. Toutefois sans hésitation, il se dirigea vers l’entrée de son cabinet. Il ouvrit. Sur le seuil, c’était effectivement Esther. Il la salua plus sobrement, d’une façon plus ordinaire. Le côté oriental, comme par magie, semblait s’être envolé. Aujourd’hui, c’était jour de congé. D’ailleurs l’hybride rongeur portait une tenue citadine élégante et totalement occidentale. Il en paraissait tout de suite moins mystique, moins sage.

-Bonjour ! Et bien entrez. fit-il, aimable.

Il s’écarta de la porte.

-Puis-je vous proposer quelque chose ? Thé, tisane, infusion, café ?

HRP : ô, surprise, je ne m’attendais pas à me retrouver face à 3 Confréristes. Mais c’est très bien ainsi. Vu la situation, je propose pour l’instant de ne pas tenir compte des tours de posts. Tant que Cérès n’a pas donné son signale, tant que Jeremy discute avec elle et ignore la présence des deux autres confréristes, je fais comme si il s’agissait d’un simple RP à 2. (Cela n’empêche pas DEK et/ou Gabriel de poster mais je ne les attends pas.) Sitôt le signal donné (ou tout autre événement qui dévoile la présence de DEK et/ou Gabriel), on bascule en RP à 4 classique.

Cérès fut presque surprise de voir la métamorphose du rat. Vêtu d'un costume de ville de coupe élégante et sobre, il semblait totalement étranger au personnage zen qu'elle avait rencontré quatre jours plus tôt. Même le salut fut une poignée de main polie plutôt que ce grave salut typique des pays du soleil levant. Du coup, son cabinet s'en trouvait presque moins asiatique. Cérès se rendit compte que c'était effectivement le cas, les tapis et tatamis ayant fait place à quelques sièges de bois léger. Apparemment le sage profitait de son jour de congé pour transformer son salon de méditation en livingroom plus spacieux.

Après avoir franchi le seuil et s'être débarrassée de sa grande cape, Cérès s'installa bien droite sur un petit fauteuil bas et répondit à la proposition de boisson du maître.

- Un thé ne serait pas de refus. J'ai une préférence pour le thé au jasmin ou le Lady Grey. Si vous n'en avez pas, faites à votre convenance mais évitez le thé noir s'il-vous plait, je n'apprécie pas du tout cette mixture.

Le maître s'éclipsa derrière un rideau de perles en bois qui devait déboucher sur la cuisine. Cérès s'assura pendant ce temps d'être assez près de la fenêtre pour que DEK puisse l'entendre au cas ou. Bientôt, le rat revint, portant un plateau chargé d'une théière verte et de deux tasses de style japonais. Il versa les deux thés et en tendit une tasse à Cérès.

- Je vous remercie , répondit-elle en prenant la tasse.

Elle huma le thé et en goûta l'infusion. Avec un petit claquement de langue satisfait, elle reposa la tasse en complimentant le rat.

- Votre thé est excellent. Je suppose qu'habiter Chinatown aide à trouver un breuvage de meilleure qualité que n'importe où ailleurs dans New-York.

Elle s'adossa ensuite à son fauteuil et croisa ses mains sur ses genoux. D'un ton décidé, elle poursuivit :

- Si nous en venions au but de ma visite? Avez-vous réfléchi à ce que je vous ai demandé, maître?

Montant dans le véhicule, les yeux clairs d'Alexander ne décrochèrent pas une seconde du postérieur de son équipière lorsque celle-ci y monta la première... Une vue certes agréable, quoique lucide : il fallait mettre les choses au clair avec elle, se servir de substances pour adoucir les humeurs de ses confrères et favoriser leur allégeances c'était pas le top. Pas que c'était michant-vilain ou que ce genre de chose le choquait, il en aurait été capable, juste qu'il n'en était pas fan quand il y était directement la cible... Effectivement, Alex ayant main mise sur les dossiers des confréristes, on ne pouvait rien lui cacher, ce pourquoi il put deviner aisément ce qui lui arrivait une fois mit à jour. Cérès était à surveiller de prêt, si ça lui semblait normal d'agir ainsi qui sait ce qui pourrait lui passer par la tête ? Soit, il grimpa à bord du camion, saluant Gabriel d'un signe de tête, ce dernier dont le profil fut immanquablement consulté, lui aussi. Car si Gabriel eut le temps de leur préparer l'équipement nécessaire au plan, Dek quant à lui eut le temps de s'informer sur son équipe et leur cible : c'était son job. Son deuxième équipier était un ex-patriote écœuré, l'un de ces frères qui ressemblaient tant à Alex, d'une froideur palpable, une sorte de gros ours qu'on ne pouvait qu'adorer en définitive... Le jeune Hofmann se présenta à son tour :

"Alexander. Appelle moi Dek."

Il n'était plus une "star" médiatique, le plan M n'aidait pas à se forger une réputation au sein du département Intelligence, les deux hommes ne se connaissaient surement pas.

Durant tout le trajet Alex n'eut de cesse de fixer le décors qui défilait à travers la vitre. Sur son épaule se tenait tel une gargouille l'une de ses créations, un diablotin aux ailes distordues, rejeton de l'enfer toisant Cérès de ses yeux globuleux d'une façon salace, langue pendue, bavant et haletant comme le ferait un chien mendiant au près de sa mèmère.

Le plan avait ses failles, le groupe manquait de prudence. Selon Alex on ne se présentait pas à un rendez-vous de cette importance pile à l'heure, mais bien quelques heures en avance histoire d'éviter les mauvaises surprises juste au cas où... S'il fallait jouer aux paranos au point de rameuter deux gros bras, autant jouer l’obsession à son paroxysme non ?

Une fois arrivé sur les lieux, descendant du véhicule et prononçant ses ordres, Cérès lui demanda s'il était prêt. Question a laquelle il répondit :

"Tu devrais poser la question à ton contact."

Puis Dek s’exécuta, ses vêtements se déchirent en lambeaux lorsque son exo-squelette apparu, lames et excroissances torturant ses habits de toutes parts. Bon, ok, ils avaient convenu qu'il devrait utiliser ses tentacules pour escalader le mur, chose à laquelle Alex ne fit que sourire... Une unique tentacule naissante zigzagua un temps, s'accroissant et prenant du volume, mais il ne s'en servit pas immédiatement. Au lieu de cela Dek sauta d'un seul bond en direction de la fenêtre, la détente de sa jambe l'élevant jusqu'à l'étage désiré, et ce n'est qu'une fois arrivé à hauteur de celui-ci qu'il éjecta l'une de ses tentacules en direction du toit afin de se servir d'une corniche pour s'y suspendre. Ainsi, Alexander put poser ses pieds délicatement et silencieusement sur le mur, en position de rappel, prêt à agir au signal, et prenant soin de ne pas s'exposer lui ou son ombre à la vue du et des résidents à l'intérieur du bâtiment.
Quant au diablotin, il resta en compagnie de Shooter, grimpant sur son épaule, profitant du lien qu'il entretien avec son créateur pour l'avertir si jamais son équipier avait des ennuis.

-Oui, effectivement, Chinatown a plusieurs petits commerces forts appréciables pour les infusions.

Sans se presser, Jeremy dégusta quelques gorgées de thé au jasmin. Comme il l’avait dit lors de sa première rencontre, il avait aujourd’hui tout son temps. Et du temps, il allait en falloir pour creuser les différents aspects du problème en compagnie de son interlocutrice. Reposant sa tasse, s’appuyant au dossier de sa chaise, il observa un instant Esther avant de reprendre la parole.

-J’y ai effectivement réfléchi. Dans ce que vous m’avez dit vendredi soir, j’en ai tiré deux sujets distincts. D’une part, la situation de mon petit fils et de l’autre, votre sérum.

Petite pause. Il s’exprimait posément, avec douceur mais il affirmait, il n’était pas disposé à remettre en doute sa façon d’aborder les choses.

-Votre sérum, son application, a une portée bien plus large que la seule condition d’Ernest. J’aimerais commencer par parler d’Ernest avant d’aborder le sérum.

Nouvelle pause. Le maitre rat en profita pour vider un peu plus sa tasse.

-N’avez-vous toujours eu aucune nouvelle de mon petit fils ? Ni de cet Apocalypse ? N’avez-vous pas plus de détails à me fournir sur son enlèvement ou son ravisseur ? La moindre information peut être utile. J’ai, dans mes connaissances, des gens qui peuvent entreprendre de sérieuses recherches pour retrouver Ernest.

Aborder le sujet d’Ernest en premier était préférable, plus stratégique. Après, peut-être qu’Esther sera moins bien disposée. Comment savoir ? White la connaissait si peu et il avait toujours tant de mal à la cerner.

Cérès étouffa un juron. Décidément, le rat était plus finaud que ce qu'elle pensait. Il avait clairement fait la part des choses entre d'une part le sort d'Ernest et d'autre part le sérum. Cérès se sentit un peu acculée et décida de répondre le stricte minimum nécessaire.

- Croyez bien que si j'avais eu des nouvelles d'Ernest, vous auriez été le premier averti. Ce n'est malheureusement pas le cas. Je n'ai pas non plus entendu le moindre bruit sur cet Apocalypse. Je n'ai que peu de contact réguliers dans la communauté mutante activiste et Je ne cherche jamais à en savoir trop. Je me contente d'écouter ce qu'on veut bien me rapporter.

Il importait de le rassurer quand à l'innofensivité de Cérès. Ainsi, elle rentra dans le jeu du rat lorsque ce dernier lui proposa l'aide de ses contacts. Il était bien entendu hors de question de rencontrer ces contacts car s'ils avaient assez de moyens pour rechercher Ernest, ils en auraient aussi sûrement pour défendre le rat si jamais la situation tournait mal pour lui.

- Si vos contacts peuvent nous aider, pourquoi pas. Je ne serais pas opposée à leur raconter ce que je sais sur l'enlèvement d'Ernest.

Elle marqua une pause et lança la question qui allait décider du sort de Jeremy White.

- Maintenant que cette question est débattue, qu'en est-il du sérum Mister White? J'admet que comme vous l'avez souligné, son utilisation peut dépasser le simple cas d'Ernest mais il ne s'agit pas du tout ici de l'utiliser à de mauvaises fins. Sans compter qu'il me faudra certainement des semaines, voir même des mois de recherches pour des résultats qui ne seront peut-être pas concluants. Je sais qu'il peut vous être dur de me faire confiance mais il faut me croire. Le temps m'est précieux, à moi comme à Ernest et à d'autres personnes qui souffrent de leur mutation. Je ne vous demande qu'une réponse de trois lettres.

Elle marqua une pause et prit un air un peu désespéré et quémandeur.

- Acceptez-vous de m'aider oui ou non?

Jeremy, éternellement calme, écouta Esther tout en dégustant son thé. La demoiselle ne pourrait visiblement rien lui apprendre de plus sur l’enlèvement de son petit fils. Elle n’était toutefois pas opposée à collaborer. La discussion se dirigea déjà vers le sérum. Il était évidement que la femme y tenait beaucoup. White aurait préféré rester sur le sujet d’Ernest plus longtemps. Il avait encore nombre de questions à poser, certaines s’éloignant quelque peu de la présente affaire mais permettant peut-être de mieux connaitre ce petit fils jamais vu, jamais rencontré. Le maitre rat ne pouvait cependant pas insister. Il se promit juste d’y revenir à la fin.

-Le sérum… la chose est hélas complexe. Difficile de la résumer en un unique mot de trois lettres, commença-t-il par dire.

Il déposa sa tasse, ménagea une brève pause et en profita pour organiser ses idées.

-En notre monde, bien peu de choses sont anodines. Et la génétique ne l’est certainement pas. Comme je vous l’ai dis, j’ai réfléchis à votre proposition. Vos mettez le doigt sur l’un des grands problèmes de notre société. Ce sérum peut, je n’en doute pas, être profitable pour certaines personnes. Mais, voyez-vous, je ne pense pas qu’elles soient si nombreuse que cela. Ho, bien sûr, beaucoup de mutants avoueront avoir des problèmes avec leurs dons. Mais ces problèmes sont, généralement, soit un défaut de maitrise, soit une gêne vis-à-vis de la société. Dans aucun de ces deux cas, le recours à un sérum n’est souhaitable. Des organisations telle que l’Institut de Charles Xavier sont là pour permettre aux mutants de s’assumer et de se maitriser. Et moi-aussi, par mon enseignement, je peux aider en ce sens. Quand au problème avec la société, il faut savoir faire évoluer les mentalités.

Jeremy marqua une nouvelle pause avant de reprendre.

-La différence n’est pas une maladie, c’est une richesse. Mais il y a autre chose qui me dérange avec votre sérum. Avez-vous pensez aux dérives ? Les anti-mutants auraient des raisons de se réjouir si vos travaux aboutissaient. Vu les tensions actuelles entre mutants et humains, le risque est énorme. Imaginez à quel points les structures carcérales pourraient apprécier ce sérum. Imaginez à quel point l’opinion public serait favorable à son usage. Les premiers visés seraient les criminels. On pourrait presque y voir une forme de justice. Mais la brèche serait ouverte. Pensez à la suite, elle peut être effroyable.

Nouvelle pause. Le maitre rat soupira.

-Si l’Altérium a un si grand potentiel, alors j’espère qu’il demeurera inconnu. Votre projet est noble, mais dans son sillage se dessinent tant de risques que je ne peux m’y associer. Je suis navré.

Il aurait put dire non, tout simplement. Mais il voulait exposer ses raisons et surtout pousser la biochimiste à la réflexion.

Cérès écouta le plaidoyer du rat avec à la fois de l'agacement et du soulagement. De l'agacement car il avait bien réfléchi aux conséquences de la mise au point du sérum et donc l'avait presque percée à jour, du soulagement car maintenant, la comédie allait enfin cesser. Elle se leva, fit quelques pas dans la pièce, se rapprochant subtilement de la fenêtre. Elle fit mine de répondre à ses arguments mais son unique but était de suffisamment se rapprocher de la fenêtre pour se faire entendre de DEK.

- Vous oubliez un détail, maître. Vous ne songez pas à différencier les mutants qui ont des difficultés de pouvoir et ceux qui rejettent en bloc ces pouvoirs ainsi que leur condition. Ce sont ces personnes que je tiens à aider car personne, pas même ce doux rêveur de Charles Xavier ne pourra jamais leur apporter une aide satisfaisante. La différence peut être une maladie car il est des cas, monsieur White, où la mutation peut être dangereuse pour le sujet. Il existe des formes de mutation dégénératives qui ne sont en rien une richesse. Ce serait plutôt une tare.

Elle ouvrit la fenêtre dans un geste théâtral, pris une grande inspiration puis se retourna vers le rat.

- Vous avez eu tort de vous préoccuper de ce que pourrait devenir ce sérum. Je crois d'ailleurs que c'est un défaut certain chez vous... Vous pensez trop. Aussi, puisque vous me refusez votre concours de plein gré, vous me voyez contrainte à emprunter une voie disons plus... musclée que la diplomatie.

Elle tourna la tête vers la fenêtre et appella d'une voix forte.

- DEK?!

En un instant, le mutant imposant dans son pardessus déchiré fut dans la pièce, remplissant l'espace de son aura sombre et inquiétante.

- Je vous présente un bon ami à moi. Il va vous servir de garde du corps dans notre dangereuse ville... Puisque bien entendu vous m'allez suivre sans poser de questions jusqu'à une destination que vous n'avez pas besoin de savoir.

Le rat eut un mouvement de recul et une position de défense typique des arts martiaux. Cérès eut un froncement de sourcil sarcastique.

- Ne cherchez pas à résister maître. Vous n'êtes pas de taille face à nous et il serait dommage de mettre à sac un aussi charmant intérieur que le vôtre. Dek pourrait vous servir de bourreau plutôt que d'escorte. Vous y perdriez, croyez-moi!

Elle attendit que l'impressionnant DEK fasse son effet dans l'esprit du rat. Elle le laissa réfléchir à sa réponse.

[H.J.] Par contre je ne sais pas qui de vous deux veux répondre maintenant donc je vous laisse choisir ^^

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